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mardi 13 août 2024

C'ÉTAIT UN PETIT JARDIN... (II)



C'EST UN PETIT JARDIN...

C'était, c'est un petit jardin 
Toujours au pied des pins
Gardant ses petits riens
Qui font tant qu'on y tient...
Salades et romarin, 
Citrons, kumcat, golden,
Pêches, abricots, raisins,
De Monet presque, le bassin
Aux nymphéas et carassins...  
 

C'est un petit jardin
Fidèle au ru du coin
Busé par des humains
Toujours briques et parpaings...  
 

 

 
Sûr, du Dutronc, Jacques pour son petit jardin condamné à être bétonné... de 1972 et surtout pas “ remastered ” comme ils disent... Et comment ne pas avoir une pensée pour Françoise Hardy ?  



 
En attendant, à l'amitié car un jardin tout comme un livre amènent à l'amitié, à l'ami des partages du cœur... au nom des années qui jalonnent, de ce qui ne fait que passer à commencer par ce jardin de juin où je crains d'aller voir tant le soleil accable et qu'avec le changement, l'orage du 14 juillet et le ciel gris du 15 août sont à archiver pour les générations futures.   




 

jeudi 29 février 2024

Mon cher Jo...

 Mon cher Jo, ne dis rien sur le 26 février dernier, pas plus que sur tout qui a pesé ces dernières années, j'aime trop l'été avec toi quand nous partions, dans le matin encore frais, pêcher à Aude, à bicyclette. Et oui, en même temps que Montand sauf que lui préférait taquiner Paulette et nous le poisson, avec la bande en aval du pont ou en amont, seuls tous deux, en toute amitié. De ta main sur mon bras, tu m'arrêtes... mais oui, tu fais bien de rappeler mais je n'ai pas oublié qu'on a eu taquiné les filles à Saint-Pierre... l'été, la plage aux amourettes, le monde, les touristes, les bals avec de sacrés orchestres dont René Coll (1941-2009). 

Que n'a-t-on pas fait ensemble ? Tu me plumais à la belote, tu étais mon champion en course à pied... dire que nous avions notre circuit personnel... Braconniers on a eu caché le canon “ cassé ”de nos Diana dans une manche d'hiver, afin de sortir du village... Ah ! les feuilles de mûrier pour les vers à soie, c'était avec toi aussi ! 

Avant que l'âge ne nous pousse dans la vie, disons, sociale, quand, le dimanche soir vers une heure du matin, tu me confiais la Simca 1000 en fin de perme pour que je t'accompagne au train de nuit vers Laval où tu étais bidasse... Puis il y a eu la douane, Vallorcine, Douvaine... Bien sûr, je me sens prétentieux de revivre ces pages d'avant, nos antécédents amicaux voués à muter, à muer pour cause de prénuptialité lorsque la nature intime à chacun de chercher sa chacune, sa complémentarité. Tu t'es marié à l'automne 73 ; depuis Lyon j'ai pu vous rejoindre à Mâcon, mais seul, venant d'être à nouveau papa de notre second, Olivier, le 27 sept, à Narbonne. 

C'est la vie, comme on dit commodément, pour éluder, ne pas s'étendre sur ces raisons idiotes qui font que cela se distend entre les êtres. Fermez le ban ! Vous avez eu beaucoup d'enfants (que des filles, je crois...), vous vous êtes installés dans la Drôme, tu continuais de courir, tu aimais jardiner et tout ce qui m'aura échappé, par ma faute, sûrement, parce que le temps nous pousse fort et trop vite... 

Depuis mardi, la vie ne tourne plus aussi rond ; pourtant, on dirait que oui concernant les occupations du quotidien sauf que tu fais irruption, tu les bouscules, sans avertir, donnant aux heures qui passent, un goût amer. Dans le film qui repasse, impossible encore de prendre du recul... ce doit être pour cette raison que ma pensée tente de compenser en s'accrochant aux vertes années, aux bons souvenirs... le bruit ambiant, la plaie ouverte de l'autoroute ne gâchaient rien ; dans la descente, le vent de la course nous donnait froid ; dans la plaine, les prés, la petite chapelle de Liesse restait sereine ; juste avant le pont, à gauche, nous remontions la rivière rive droite, vers le jardin de Cadène, l'horte d'Andréa, Maribole ; jusqu'à notre coin, après quelques rangs de vigne, sous les peupliers blancs, dans un taillis de guigniers à l'ombre, qui donnaient encore quelques fruits, malgré l'arrière-saison... les oiseaux, l'eau verte, lancer en visant la proximité du tronc qui dépasse, gage de succès, mouliner en paix sans trop parler, sans élever la voix, pleins de la candeur qu'offre l'amitié... heureux nous étions...  

Et ce matin tu es de retour au village. Les amandiers fleuris annoncent le printemps mais un Cerç établi pénètre : il avertit que l'hiver est encore là. Tu t'en fous sûrement ; tu vas sous nos vieux cyprès si dignes et vénérables... Avec tous ceux déjà partis, tu nous laisses un aigre-doux difficile à déglutir... je ne t'accompagne que de loin... 

Poutous mon Jo, mon vieux copain, toi du pays où l'on laisse ses os... 

José David (1949-2024). 


samedi 1 juillet 2017

LES MUSCLES... QUE C'EST BON AVEC LE VIN BLANC ! / apéritif Méditerranée

" Viens, on ira aux tenilles (1) ! "

Tu as porté un vin blanc. Personne sur la plage, seulement le tracteur qui ratisse méthodiquement. Tu me dis qu'on est les premiers à fouler la virginité retrouvée du sable ! Belle jambe de bois que cela nous fait car à neuf heures donc sept au soleil, pas question de quitter le pull ! Et en prime ce vent du diable ! Et la mer qui s'est bien refroidie ! Les canicules de juin semblent loin... On se mouille jusqu'aux cuisses manière de teniller un mètre ici, un mètre plus loin, mais ces satanées vagues qui appellent le marin nous mouillent jusqu'aux parties sensibles de nos anatomies ! Et puis rien sinon des graviers, des coquilles mortes !

" Viens va, allons acheter des moules !" que tu me fais ! 
Pas besoin de le dire deux fois ! 

Moules crues, moules cuites... c'est que c'est bon les muscles (2) avec le vin blanc ! 
Un vin blanc à retenir... Quelque chose ce vin pourtant bio mais au goût de vin ! Fort mais par ce temps frais, même s'il monte bien à la tête ! 

" Bourreau tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine ! " aurait dit Danton sur l'échafaud ! 
  


    
Peuple, je te montre son cadavre, il en vaut la peine ! Il nous a même fait chanter "Fanchon quoique bonne chrétienne fut baptisée avec du vin..." Et cette bouteille, bien pleine, bien faite, au cul bien marqué, la rendant plus belle encore, même vide ! 
    


Alain, nous retournerons aux tenilles parce que les muscles, c'est bon avec le vin blanc ! 

(1) "telline" rapport aux estrangers (ou "haricot de mer"). 
(2) les moules en occitan ; "Li bèu muscle !" crie la muscleièro, la marchande de moules de Marseille.

mardi 18 avril 2017

UNE SAINT LOUP BIEN ARROSÉE ! / Fleury en Languedoc


Lundi de Pâques. Si à Coursan on fait « Pâquette(s) », à Fleury, comme dans bien d’autres localités de l’Aude, on fête Saint Loup. L’occasion de faire un grand pique-nique avec l’omelette ou les œufs de Pâques à l’honneur. Les familles, les groupes de jeunes s’égaient dans la garrigue, les prés, la plage ou les pins au bout de la barre de Périmont.

Saint-Pierre a tant changé depuis ces années 60. Au bout de l’échine pelée de Périmont il ne reste que quelques pins. La garrigue à kermès s’est couverte de maisons (on disait « villas » du temps où le mot marquait une certaine fortune) et de résidences. Le transformateur au bout n’existe plus. Il pointait au-dessus d’une grotte donnant, plus bas, sur une grande salle souterraine et un lac en miroir. Le courant servait à pomper l’eau que des prophètes doublés de techniciens promettaient depuis longtemps aux estivants de Saint-Pierre-la-Mer.
 

Cette fois, les copains sont venus, Georges de Narbonne, Antoine d’Ouveillan. Quant à Joël, il devait être auprès des siens, chez ses grands-parents, à Trouillas (j’ai pensé à lui, un peu troublé, avant hier, parce qu’une émission sur les amandes nous a montré un chocolatier de renom, apprenti pâtissier parce qu’il ne faisait rien à l’école, et qui replante des amandiers, si ému de la portée de son geste (1)).
 


Qu’est-ce qu’on a bien pu manger ? Je crois bien que l’amitié, le plaisir d’être ensemble ont constitué l’essentiel du menu. Le ciel est bien dégagé. C’est une belle journée, ensoleillée malgré un Cers un peu frais. Le printemps certes, mais pas un temps à se baigner. La plage est toute encombrée de ces bois flottés que l’Aude a charriés. Et concernant des jeunes qui spontanément, déconnent, qui a eu l’idée de génie ? Ce qui est sûr est que l’enthousiasme a été général ! Dans une vitalité tout à fait à l’opposé du tableau offert par les morts-vivants des rescapés de la Méduse, un radeau est assemblé : une corde, quelques mailles d’un filet déchiré, un bidon en fer à l’origine plein d’huile d’olive, un baril, un tonneau à fourrer sous une structure que les flots ont échoué, providence de robinsons, sur le sable. Mise à l’eau. Recherche d’une fragile stabilité à l’aide de perches tordues. Deux naufragés partent chercher du secours ; le troisième, resté sur la grève, agite les bras. Au début, des salutations, des encouragements puis les cris disent bien qu’il faut revenir, que le vent emporte l’esquif vers le large alors que les deux navigateurs rient à qui mieux mieux quand l’équilibre menace de les envoyer à l’eau. Bien obligés pourtant, de quitter le navire ! Antoine sans plus hésiter une fois le danger compris, Georges, plus cabochard après avoir néanmoins essayé de faire demi-tour, en jouant de sa partègue.
Déjà nos fiers marins n’avaient plus pied ! Eux partis fringants pour des courses lointaines s’en retournent rigolards de ce slip kangourou pur coton mais pendouillant, trempé, jusqu’aux genoux et qu’il faut retenir d’une main ! Et pour finir la journée à s’en taper le ventre, mes deux lascars m’envoyèrent aussi à la baille ! Nous nous sommes séchés en regardant le radeau jouer à cache-cache avant de disparaître dans le bleu foncé du Golfe du Lion. 
Merci Saint-Loup, saint patron des franches rigolades.             

(1) "Les amandes d'ici ont, en effet, une saveur incomparable pour le professionnel, mais leur approvisionnement reste complexe tant la production est minime et la filière peu ou pas organisée. Pour le chocolatier, "on n'a jamais trouvé une amande espagnole ou californienne du niveau de la française". Pour ses recettes, il recherche "un goût parfaitement stable" et c'est une variété spécifique qui le lui donne. Il s'agit de la Feragnès, réputée pour sa grosse amande au goût fin et sucré... /...
... Faire l'acquisition de culture d'amandiers est un acte militant, "un engagement indispensable à l'heure où cette filière à tendance à disparaître de France"... 
http://www.lindependant.fr/2014/08/06/des-amandiers-a-croquer-pour-le-chocolatier-patrick-roger,1915330.php 


samedi 4 février 2017

ON Y ARRIVE, ENCORE UN EFFORT ! / Messager des jours meilleurs...





Petit air frais sur la route. Plutôt prendre le vélo, parce que, chez Jean-Pierre... Trop peu d’exercice, trop de bide, et ce coteau qui essouffle. En haut, ça va mieux même s’il fait chaud sous les habits d’hiver. Oh ! un amandier mais ce n’est pas le moment de lambiner, parce que, chez Jean-Pierre... les photos, nous verrons au retour. 


La table est déjà mise. Une anisette pour se remettre... Lui prend un porto...
Ils étaient au Perthus, hier... Ah ! je me souviens de ces marchands de vins liquoreux dans des boutiques avec deux ou trois rangs de tonneaux empilés, qui vous le vendent au litre... Ils ont trouvé du ris de veau aussi...

Des toasts avec une pommade de champignons au cumin accompagnés de chardonnay.
S’il a fait gris ces jours-ci, la pluie manque toujours. Et ces nuages sur le Somail, c’est le Cers (1) qui va laver le ciel, le soleil va revenir...

L'entrée à présent, encore une crème brune de psalliotes sur des noix de saint-jacques avec, en surface, ce que je prends pour une fleur incarnat, des oeufs de lump en fait...
Et cette saison des pluies qui ne veut pas venir à Mayotte... 

Jean-Pierre débouche un La Livinière, un Minervois...
Vous avez-vu ? Fillon... c’est vrai que le temps des apparatchiks de la politique, omnipotents et enrichis est dépassé...

Un Sainte-Eulalie, 2011... Avec un civet de cerf, bien noir, bien tendre (il devait pas avoir de grands bois), on dirait pas qu’il titre 14 degrés...
Oh, à Mayotte, aussi français qu’ici, ils savent comment confisquer la démocratie et profiter des rentes de situation qui s’offrent aux deux grosses écuries de l’alternance monopolistique, sans parler des outsiders... c’est que les places sont bonnes...

- Et ce fromage ?
- Un saint-Marcellin... on en prend quand on passe par là-bas... Tu ne prends que ça ?..
- Les amandiers ? Juste après la croix de Saint Géniès, celui tout de suite à droite fleurit toujours quinze jours avant les autres !..  


Fameux à réjouir un Anglais, ce porto brun et épais, de douze ans d’âge. Francine s’occupe des crèmes catalanes. Elle part avec un rétroviseur de mobylette on dirait... pardon, le fer pour caraméliser.
- Méfie-toi que même à vélo, ils peuvent te sucrer le permis !
- Sur nos chemins vicinaux ? Ils ont autre chose à faire avec la période que nous subissons; Vous avez vu ? ce terroriste qui, avec des machettes, a attaqué des militaires au Louvre ?

Plutôt que de partir papillonner les amandiers en fleur, le maître de maison part ramasser des ceps arrachés... idéales ces souches pour la cheminée et la braise aussi, si parfumée... Parce que chez Jean-Pierre...

 
(1) le Cers qui se renforce dans le couloir suivi par l’Aude, entre la Montagne Noire et les Corbières, pourrait être considéré comme le "petit frère" du Mistral, attiré, comme lui, par des basses pressions au large du Golfe du Lion. Bien que le nom « Cers », un des plus vieux noms de vents de France, nous vienne des Romains, nos chers présentateurs météo et peut-être les ingénieurs météorologues persistent à l’appeler "tramontane" !   

vendredi 6 janvier 2017

TITIN DE TOUS LES REFRAINS ! / De l'importance des surnoms !

André, c’est ce petit garçon assis en tailleur sur une table du casino disparu de Saint-Pierre-la-Mer (1). En short, il porte un marcel tricolore. Juste à côté, sur des chaises bistrot pliantes dans une version tube, plus solides apparemment que celles, plus classiques, en fer plat, ses parents, des couples proches, des amis, une bonne quinzaine de personnes, une joyeuse assemblée qui boit de la limonade et de la bière. Peut-être panachent-ils ? On distingue le col blanc dans les verres à pied ; on reconnaît les bouchons à levier en céramique avec le joint de caoutchouc. Sur la photo ne manquent que la couleur, les rires, les éclats de voix, et pourquoi pas quelques airs à la mode avec, de temps à autre, le pschitt d’une bouteille se mêlant à la conversation, accompagné de ce tintement caractéristique de la céramique sur le verre, en préambule au plaisir.
 

Des chaussures en toile, des bretelles, des pantalons larges, un béret,
Une cravate, un chapeau de paille, des robes tabliers, un ceinturon
Des manches courtes, des moustaches, des serre-têtes, des chignons...
Un inventaire moins inspiré que celui de Boris Vian dans sa Complainte du Progrès même si j’ai essayé d’en respecter la mélodie. Pardon, pardon de changer d’époque sans raison : la scène à la terrasse du casino est de 1938 et non de 1954. Il flotte une atmosphère de congés payés, de cette douce insouciance refusant de voir les signes annonciateurs d’une Europe au bord du suicide.
C’est la vogue des opérettes marseillaises synonymes de douceur de vivre au soleil du Midi. Ça chante le cabanon, le pastis, la pétanque, les pescadous, la bouillabaisse, la Canebière et le pays qui manque quand on monte à Paris. Ainsi Vincent Scotto qui a mis le Midi en musique, évoque-t-il la nostalgie des pins, des cigales dans sa Venise Provençale, Martigues, la ville entre l’étang de Berre et le golfe de Fos (sans les pétroliers en rade ?). Dans ses personnages figure aussi Titin des Martigues, joué par Henri Alibert...       

Sûr que « Le Tango Merveilleux » et « Ma Chiquita » devaient passer souvent à la T.S.F. car, à cause de cette opérette (filmée aussi en 1938), le petit garçon qui joue ou gesticule avec un objet allongé, une boîte ou un éventail emprunté aux femmes qui le couvent, sur une table du casino fut surnommé Titin.
Pas plus tard qu’hier, André, maintenant octogénaire, m’a repris quand j’ai dit «Tintin » (2) tout en avouant ne rien savoir sur l’origine de son surnom. C’est son aîné et complice d’alors, mon père, maintenant nonagénaire, au premier plan avec le béret et les chaussures de toile, qui a levé le voile en trois mots seulement : « Titin des Martigues » !

(1) Outre l’édification des blockhaus, l’immersion de chevaux de frise, le creusement de canaux antichars,  les champs de mines, la destruction du casino et des villas d’avant-guerre caractérisait le dispositif de défense allemand contre un éventuel débarquement allié (guerre 39 - 45).
Encore une chanson où seul le mouvement de la mer est en contradiction :
«... Tu cherches des morceaux d'hier pépère
Dans des gravats d'avant guerre
L'Casino c'est qu'un tas d'pierres.../
... La mer est déjà repartie
Le vieux casino démoli, c'est fini
Pépère t'aurais pas comme une vieille nostalgie...» A. Souchon.
 Y'a de la rumba dans l'air, Titin... ça change du lac des cygnes... je sais et puis, ton smoking à toi n’est pas de travers, comme chez Souchon...
(2) en grand ordonnateur mais non sans logique, s’agissant du prénom Augustin (sauf erreur de ma part), le hasard a attribué ce même surnom "Titin" au boulanger dont la maison se trouve dans ce même quartier (la rue Neuve, juste au-dessus de la rue des Barris d’André). D’où ma méprise...  

En complément :
1. à écouter https://wn.com/titin_des_martigues_1937
2 & 3. à consulter http://www.imdb.com/title/tt0194452/combined
https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9rette_marseillaise

A papa qui se bat contre un avc avec toute sa tête, à André l’ami lointain toujours présent.
 
Photo de famille : la terrasse du premier étage (accès par un escalier monumental)... merci à qui voudra bien envoyer une photo du casino, assez monumental pour une station balnéaire plus fournie en campement disparates sur la plage qu'en hôtels et villas en dur...

lundi 29 août 2016

ITINÉRAIRE D’UN ENFANT GÂTÉ / le collier de jasmin

Déchirement. À nouveau reprendre la route, partir. Partir... c’est mourir un peu ou réaliser qu’on est vivant ? Cette fois, plus que d’habitude peut-être, pour apprivoiser la tristesse, mieux vaut se projeter en avant, vers la gare, au devant du nez profilé du TGV, jusqu’au bon terminal et le seuil de la porte d’embarquement. Une fois parti, il faut bien aboutir quelque part, arriver si possible puis reposer, laisser retomber sa soupe originelle pour que son consommé redevienne clair, que l’impression de shaker cesse. Alors je me dis que plutôt que de me laisser aller aux états d‘âme, j’aurais dû faire plus attention au gamin qui a voyagé en savates et oublié sa veste. Puis le compte à rebours retrouve ses jours, le jour ses heures, son soleil et sa nuit. La vie continue. Le présent se remet en place et tâche de cautionner son devenir. Mais tout reste fragile : il vaut mieux pour l’instant laisser en sommeil les mots départ, séparation, absence... Et voilà qu’il arrive lui, migrant dans l’autre sens, pour que l’arrachement, le déracinement remontent à fleur de peau pour la terre et les cœurs laissés derrière. Tôt ce matin, il a chargé les valises puis la femme et les gosses. Il n’a pas vu mes au-revoir. Peu importe, il sait. Nous sommes frères. 


Pourquoi le bleu de la baie est-il troublé par ce ton terreux, comme en saison des pluies ? Est-ce déjà la forte houle du Grand Sud annoncée ? Est-ce l’alizé qui pousse ses bataillons de nuages ? Est-ce moi qui m’éteins sans les reflets dansants de ma Méditerranée ? Le soleil joue à cache-cache, aimable de ne pas imposer sa lumière crue : il me ménage en attendant que j’aille mieux, que j’encaisse, que j’accepte, entre autres, qu’il est aussi celui qui fait chanter mon Golfe clair, unique, du Lion, exclusif comme lui. 



Et elle, qui, après le collier de jasmin (1), a privilégié l'ail rose de Lautrec, les salades de tomates, et les a même préparées farcies ? Mon Languedoc, mon village, ma plage de Saint-Pierre sont-ils loin ou à fleur ? 



C’est à peine si j’ose avouer, écrivant cela, que j’écoute "Až Budeš Mojí", un tango... tchèque, murmurant amoureusement et en duo "Quand tu seras mienne...". Sans approfondir ces sentiments à vif, quel pastis entre le Midi, la France d’Europe, celle de Mayotte et maintenant la Tchécoslovaquie d’avant la partition et même de la République (« za Rakouska », de l’époque de l’Autriche, je crois, qu’ils disaient), qui vient me tirer la manche !  
Mon frère de misère, sa femme et ses gosses doivent être à l’aéroport, troisième ou quatrième « ouf » après le réveil, la circulation forcément chargée, la barge surchargée, le trajet jusqu’à l’aéroport... si semblables aux nôtres, à Fleury, à Béziers, à Montpellier, à Roissy enfin.
Une misère toute relative néanmoins même si je me demande si c’est préférable d’être de quelque part ou de porter plus d’un terroir à sa semelle. Nous ne sommes que des migrants, un havre nous attend, dans un sens ou dans l'autre, contrairement aux errants et aux émigrés qui ne reviendront plus (3).
En le voyant lever le camp, et parce que les chansons arrivent à dire si bien les choses que la pudeur nous tend à taire, je cherchais celle de « Partir Revenir » avant de me souvenir que c’est « Itinéraire d’un Enfant Gâté », toujours de Lelouch avec Belmondo. « Qui me dira...», l’air principal. Sublime même si l’amour y est plus décliné comme à recevoir qu’à donner :

«... Qui me dira, les mots d'amour qui font si bien, du mal ?
Qui me tiendra, quand tu iras décrocher toutes les étoiles ?
Qui me voudra, avec le nez rouge et le cœur, en larmes?
Qui m'aimera, quand je n'serai plus que la moitié d'un. ..... ?
La, la, la la... »

https://www.youtube.com/watch?v=mlMAnQn4uHM

Il y en a un, aussi, qui a toujours su rester modeste quant au pouvoir de ses chansons. Il l’a si bien chanté, l’exil, dans son itinéraire d’enfant gâté même s’il n’a pas eu la chance, son chemin s’arrêtant à 42 ans, d’enrichir ce thème des variations que peuvent apporter les années. Derrière le Portugais émigré ou le pauvre que la terre natale n’a pas voulu nourrir, il y a aussi Joe Dassin et son « Village du bout du Monde » est celui de tous les déracinés.

« Le vent s’engouffre dans ma valise et sur ma route il y a des trous.
J’ai vu tant de rues, j’ai vu tant d’églises mais les plus belles étaient chez nous.
Mon village est loin, à l’autre bout du monde et ma maison n’est plus qu’une chanson... /...
... Des Caraïbes aux Philippines, j’ai traîné ma carcasse un peu partout
Mais les chemins qui mènent à nos collines avaient des pierres douces à mes pieds nus... /...
... Pas de discours et plus de larmes, venez mes frères, me dire adieu. »

(1969)
https://www.youtube.com/watch?v=_JYhq_wMkOg  

(1) les colliers de fleurs en bienvenue se font rares à Mayotte. C’est beaucoup de travail... Nous concernant, cela relève exclusivement de l’amour... Et la Pénélope d’Ulysse ?
(2) de Václav Vačkář (1881-1954), compositeur et chef d’orchestre dont mon grand-père Jan aimait tant la musique... 
(3) une scène me revient souvent, me laissant foudroyé à jamais. Dans un Liban dévasté, le petit va partir, le grand-père reste. Ils ne se reverront plus. Ils le savent : 
" ... Je te quitte, dit l'enfant retenant ses larmes. 
- Tu m'emportes, dit le vieux... "  
L'enfant multiple, Andrée Chedid, Flammarion, 1989.

vendredi 8 juillet 2016

LES CORBIÈRES VII / Le VERDOUBLE de Nougaro !


« On l'appelle le Verdouble
La rivière qui déroule
Ses méandres sur les pierres
La rivière des hautes Corbières... »


Les muses ont toujours été généreuses avec Nougaro. Elles n’avaient pas besoin d’un cadre aussi beau que celui des Corbières pour s’épancher. Il n’empêche, entre grandeur et mystères, parmi tous les petits pays sertis dans un désordre de reliefs trop pluriels et regroupés, pour la commodité, en tant que "massif", Nougaro a installé ses pénates et ses muses à Paziols dans l'Aude.
Le village se blottit au fond d’une cuvette rutilante de vignobles qui donnent des vins rubis de carignan et grenache, ambrés de maccabeu ou muscat. Acagnardé au pied de l’imposant Tauch, un peu protégé des rafales du Cers qui, en compensation dispense un soleil généreux, le bassin respire une vraie douceur de vivre. Les fontaines, les Verdouble, grand et petit, apportent une fraîcheur tenant du miracle sous ces paysages grecs... Attention pourtant aux humeurs changeantes sinon coléreuses de la Méditerranée : des Pyrénées au Mézenc, la bordure montagneuse reçoit en automne des précipitations en quantité et l’eau vive des Corbières peut faire peur (1).

« Il scintille le Verdouble
Mais le cours de son argent
Ni les dollars ni les roubles
Ne te le paieront comptant... »


Certes Claude mais il en a coûté des misères, le gentil Verdouble.
1999 reste dans les mémoires mais en 1987 à Padern, à la confluence du Torgan, la crue est montée plus haut. En 1962 et 1970, à Paziols l’eau a atteint des niveaux comparables et 1940 l’a vue à peine en dessous tandis qu’à Padern, le pont après le Torgan était emporté. En 1920, à Paziols, l'inondation, un mètre encore plus haut, a envahi le village et la mairie. (2) 

Sinon, comment refuser le positif et la vision poétique, mythique même de la rivière ? La sinistrose est hors sujet, et puis elle n’a jamais empêché les sinistres...

«... Pas la peine que tu te mouilles
À percer ses coffres-forts
C'est dans l'œil de ses grenouilles (3)
Que sont ses pépites d'or... »


Restons au bord de l'eau, là où l'eau court encore vers des gorges. L’ondin, gardien des eaux, participe de cette magie partagée. Pépites d’or, argent, mixite émeraude... Entre autres trésors, Claude Nougaro a gardé plus que des "cailloux blancs" :

«... Dans les gorges du Verdouble
Sur un lit de cailloux blancs
J'ai composé ces vers doubles
Que j'espère ressemblants... »


Nougaro, échanson des nectars bacchiques, porteur d’eau des sources sacrées veillées par Divona, nous enchante de ses derniers vers d’une simplicité miroitante :

«... Si aux eaux de mon Verdouble
Tu préfères l'océan
C'est facile, tu les ouble...
Tu les oublies simplement. »


Toujours gosse, je les poursuis, les rivières des Corbières, hautes ou non, derrière toi, Nougaro, NougarOc plus que jamais !.. Depuis gosse... pour côtoyer les muses qui se sont penchées sur ton berceau !
Mais ce que je peux en dire... Autant écouter et réécouter Claude qui court en nous avec l'eau du Verdouble. 

http://www.dailymotion.com/video/xok33_claude-nougaro-riviere-des-corbiere_music

(1) Attention aussi aux orages violents de l’été.
(2) http://www.aude.gouv.fr/IMG/pdf/note_de_presentation_cle77e45e.pdf
(3) un gragnot, uno gragnoto, grenouille quel que soit son sexe en français, surnom des habitants de Paziols... (Mistral le notait dans le Trésor du Félibrige).

Photos autorisées Commons wikimedia 
1 village de Paziols auteur Frachet (2009). 
2 grenouille verte auteur Holger Gröschl (2003).  

jeudi 7 juillet 2016

OC, OC, NougarOC ! / Fleury d'Aude en Languedoc


La vie, par instants, s’éclaire d’une vive flambée mais c’est sous la cendre qu’elle couve longtemps son lot d’amour, quelques flammèches en témoignent, des fois. Sauf que ça ne se fait pas de se consumer en public, si, chez ces gens-là, « J’aime » c’est épancher son flot ! Et affirmer ses sentiments, en assumer la vigueur serait une preuve de faiblesse.

"Notre cœur est un trésor, videz-le d'un coup, vous êtes ruinés. Nous ne pardonnons pas plus à un sentiment de s'être montré tout entier qu'à un homme de ne pas avoir un sou à lui."
Honoré de Balzac --Le Père Goriot (1835)

Grillé, carbonisé ! Plutôt s’accepter dans le paradoxe, pleinement frêle et fort, yin et yang, braise qui s’éteindrait de ne pas déclarer ses flammes, de ne plus partager un feu avec d’autres entretenu.

Parmi les tisons qui sommeillent, entre âme et contre-cœur, il y a Nougaro. Nous parlions d’Occitanie à cause des turpitudes politiques, du jacobinisme exacerbé, macro sinon hydrocéphale... je ne sais plus et puis on boit du vin, dans le Sud, macarèl ! Avec Nougaro, l’accent, « il est loin mon pays, Toulouse », chantent l’Occitanie et si personne n’a oublié Nougayork, Nougaroc aussi nous prend aux tripes. 



Claude, c’est l’écho de la voix de papa, l’écho d’un pays qui aimerait vivre et respirer sans que tout ne soit dicté et imposé d’en haut. Claude, jongleur de mots dans la langue de tous, raison de plus pour ne plus tolérer la ségrégation visible d’un iceberg de racisme lampant contre le parler des ancêtres, dont ceux de 14, contre notre langue d’Oc (1). 



Claude est venu à moi, j’avais onze sinon douze ans, un jour que je me sentais libéré, passé le porche au classicisme imposant du collège municipal mixte de Pézenas, de l’emprise d’Henri IV, Vidal de la Blache et surtout des professeurs plus pressants et austères. Comme délivré de l’ascendance du Commandeur, m’adonnant aux rêveries aussi futiles qu’oisives de mon âge, je rentrais à la Buvette des Rosiers par le square du Poilu. Entre la mairie et le Cours Jean Jaurès, un quartier populaire de petites rues, d’habitations modestes et collées, à l’opposé des hôtels particuliers si prisés mais plus loin. Une mémoire facétieuse m’a longtemps fait fredonner « ...sous ton balcon, comme Roméo, ô ô, Marie-Christine...», alors que Nougaro était juste papa de Cécile, sa fille...
Monté à Paris, sésame incontournable puisque la province ne reste ouverte qu’à pas grand chose, Claude Nougaro, reste enraciné dans le Sud, « solide comme un roc ». Occi... occitan, son cœur reste entre Toulouse et les Hautes Corbières, en l’occurrence... 

(1) mise à l’honneur notamment par un autre Claudi, Marti de son nom occitan.    


    

jeudi 16 juin 2016

FRANÇOIS CAVANNA ET L’AMOUR DES LANGUES / mémoire de l'Europe

FRANÇOIS CAVANNA ET L’AMOUR DES LANGUES



François Cavanna, LES RUSSKOFFS, pages 154 à 157, édition Livre de Poche 1981, extraits :

« ... J’en profite pour travailler mon russe. Et aussi mon allemand. J’ai découvert que j’aime ça les langues. Surtout le russe. J’ai toujours sur moi des petits calepins que je me fais avec des prospectus de la Graetz A-G cousus ensemble. Avant la guerre la firme fabriquait des lampes à vapeur d’essence, marque « Petromax », ils en vendaient dans le monde entier (1)... /... le verso est blanc, c’est chouette.
Je note tout avec mon bout de crayon, j’arrête pas de poser des questions... /...
... Je suis pour la première fois de ma vie confronté à des langues à déclinaisons. Dépaysement brutal. Je demande : « pourquoi tu dis des fois "rabotou", des fois "rabotié", des fois «"raboti"», des fois «"rabota"», des fois «"rabotami"», et des fois encore de bien d’autres façons... /...
... la seule Russe qui parle un peu français, la grande Klavdia, m’avait dit : nominatif, accusatif, génitif, datif, instrumental, prépositionnel, vocatif. J’étais bien avancé. Rebuffet qui a été au lycée m’a expliqué... /... C’est là que j’ai compris la différence entre l’instruction primaire, même «supérieure» et l’instruction secondaire. Tu te rends compte ? Pendant qu’on t’apprend «complément d’objet direct», à eux, au lycée, on leur apprend «accusatif». A toi, on t’apprend «sujet», à eux «nominatif» !.. /... Voilà qu’il y a une grammaire pour les riches et une grammaire pour les pauvres, dis donc !
Enfin, bon, le russe, je m’en suis vite aperçu, est aux autres langues ce que les échecs sont à la pétanque. Comment des moujiks arrivent-ils à se dépatouiller là-dedans, et même à faire des choses drôlement subtiles, le russe est la langue des nuances infinies, va savoir ! Mais quelle récompense ! Quel éblouissement ! Dès les premiers pas, c’est la forêt enchantée, les rubis et les émeraudes, les eaux jaillissantes, le pays des merveilles, les fleurs magiques qui lèvent sous tes pas... L’extraordinaire richesse des sons dont est capable le gosier russe, la fabuleuse architecture de sa grammaire, byzantine d’aspect, magnifiquement précise et souple à l’usage... Oui. je tombe facilement dans le lyrisme quand je parle du russe. c’est que ça a été le coup de foudre ! J’aime le français, passionnément, c’est ma seule vraie langue, ma maternelle, elle m’est chaude et douce, depuis ma dixième année, elle n’a plus de coins noirs pour moi, je m’en sers comme de mes propres mains, j’en fais ce que je veux. l’italien, que je comprends un peu, que j’apprendrai un jour, je ne le connais qu’à travers le «dialetto» de papa, je pressens un parler doux et sonore, à la grammaire jumelle de la nôtre, un jeu d’enfant pour un Français. J’ai fait de l’anglais à l’école, j’étais même bon, maintenant je m’attaque à l’allemand, c’est une langue formidable, restée toute proche du parler des grands barbares roux casseurs de villes en marbre blanc, si je n’avais pas connu le russe au même moment, j’en serais tombé amoureux, je le suis, d’ailleurs, mais la souveraine fascination du russe surpasse tout, balaie tout... /...
... Il y a une autre raison, bien sûr. Sans doute la plus puissante : le russe est la langue de Maria !.. /...
... Les babas entre elles parlent plutôt ukrainien. C’est très proche, c’est un dialecte russe, mais enfin il y a des différences. «khleb» le pain devient «khlib» en ukrainien; «Ougol» le charbon devient «vouhil»... /...
... En une semaine j’ai su l’alphabet cyrillique. Je lis et j’écris maintenant couramment. ça aussi ça fait partie du jeu, cette écriture irritante pour un non-initié... /...
... Je traîne partout mes calepins crasseux. je repasse les listes de déclinaisons aux chiottes, et puis je me les récite en bossant, en marchant, avant de m’endormir... »



FACULTATIF VOIRE SUPERFLU CE DÉCRYPTAGE SUBJECTIF :
François Cavanna (1923-2014) appartient à ces auteurs plus témoins de leur temps que prosateurs ex nihilo... On dit qu’il écrit comme on parle, sans réaliser la complication et le travail en regard.
Dans LES RUSSKOFFS, il prend de la distance et n’a que peu d’indulgence pour les peuples, confrontés à l’Europe des dictatures et des démocraties molles, trop manipulables, changeants, lâches, capables du pire à partir du moment où ils sont menés par des bergers trop mielleux pour être honnêtes, trop au fait de l’emballement, plus négatif que bon, des foules.
En lisant Cavanna, on se convainc que les peuples savent forcer des germes aussi mauvais qu’endormis ; ils cultivent la haine, une exécration qui a culminé lorsqu’un d’eux a voulu en effacer un autre de la surface de la Terre.  
Mais cela n’empêche pas l’auteur de faire passer aussi la sociabilité aimante de ces mêmes peuples, le vivre ensemble propre à chacun d’eux, les particularités qui en font des communautés uniques, autant d’intimités différentes, qu’une langue seule sait si bien traduire pour peu qu’on ose frapper à la porte.
Cavanna, sous ses airs bourrus et provocateurs, aime les langues parce qu’il aime des semblables. Il va toujours vers eux : c’est une de ses facettes positives, cachée sous un vernis "grande gueule". Et quand l’amour pour Maria, une déportée du travail ukrainienne,  s’en mêle, dans le crépuscule du Berlin hitlérien, dans le chaos et les brassages tragiques, sa fougue pour les langues de notre chère Europe (2) sonne telle une grande espérance.
Soixante-dix ans après, malgré la paix globalement sauvegardée, qui ne piétine pas d’impatience face à l’inertie, à l’immobilisme trop facilement consenti ? A l’heure où une politique détestable veut imposer une langue venue d’ailleurs, dès le cours préparatoire, à l’heure où une certaine opposition, oublieuse des guerres induites par la testostérone nationaliste, ne prône qu’un repli derrière les frontières, pourquoi ne pas recevoir la déclaration d’amour de François Cavanna pour nos langues en tant qu’aiguillon vers une Europe où l’humanisme prévaudrait sur le cynisme d’une économie ouverte, ouverte surtout à l’exploitation des êtres, à l’addiction consumériste, au pillage généralisé ?
En ce début de millénaire qui voudrait faire porter aux langues une symbolique économique, politique, religieuse, sans parler de l’espéranto que Cavanna promut un temps pour contrer l’hégémonie de l’anglais (son côté électron libre), il est urgent pour les peuples d’imposer ses idéaux au cynisme mondialisé.  


(1) Les petits pêcheurs de Mayotte, malheureusement de moins en moins nombreux chaque année, la ressource se trouvant légalement pillée par des flottes venues d’Europe, partent encore avec les « Pétromax », petites lumières ça et là sur le lagon...
(2) Pour moi... jusqu’à l’Oural et le piémont sud du Caucase sans oublier l’intégration des Balkans !

photos autorisées :
1. Commons wikimedia Cavanna signant "Mignonne, allons voir si la rose" auteur Oscar J. Marianez.
2. Cavanna STO fév 1943 Bundesarchiv_Bild_183-2002-0225-500,_Paris,_Werbung_für_Arbeit_in_Deutschland
3. Cavanna STO juillet 1942Bundesarchiv_Bild_183-H26364,_Paris,_Anwerbung_französischer_Arbeiter

vendredi 27 mai 2016

CHERCHER LE PRÉSENT DANS LE PASSÉ : OUVEILLAN / Fleury d'Aude en Languedoc.

Trausse, Lapalme, Sallèles, Vinassan, Salles, Gruissan, Cuxac, Coursan, autant de villages sans lesquels nous ne serions pas ce que nous sommes. A la suite, sur cette liste, de celles qu’on établit pour de joyeuses retrouvailles, j’avais des notes sur Ouveillan, bien fournies, s’ajoutant aux chers souvenirs des condisciples de lycée et surtout liées à une amitié plus forte que les kilomètres à vélo nous séparant... même si lui avait une mobylette... bleue, à en croire la fragilité des souvenirs. 


Nous braconnions alors sans complexe et surtout par provocation, à jouer les croquants dans les pinèdes de ces châteaux et grandes fermes bourgeoises, en plein jour, à une heure et dans des circonstances n’incitant heureusement pas au zèle des gardes. Pire encore quand, la carabine en avant, nous arpentions l’étang en contrebas du village, de la route, des chemins, à la vue de tous ! Loin des escapades furtives et nocturnes d’un Raboliot, nous étions seulement dans l’extravagance des excès existentiels. Surtout pas liée à Sartre qui nous barbait autant que la prof de philo coco ! Non, une extravagance toute rabelaisienne (1) plutôt, de gros rires, comme quand Georges puis Antoine, trop pris par l’excitation d’un gibier tentant mais lointain, tombèrent tour à tour dans une cave* remplie d’une eau froide comme peut l’être novembre en Languedoc, dans les bourrasques d’un Cers* pénétrant venu des montagnes ! Sauf qu’ils m’auraient bien jeté aussi derrière les sénils*, mes copains rigolos, par égalitarisme !
Tel le piégeur flânant l’air de rien sur le théâtre de ses forfaits passés, j’aime repasser par Ouveillan dans un sens ou dans l’autre. L’été dernier, par la Minervoise, puis le carrefour de la Croisade, un jour que la  ramure élancée des platanes balançait sous les coups du Cers justement... Je veux parler des feuillages à terme condamnés par le chancre doré (2) tueur des pauvres arbres. Les gros nids d’agasse* d’autrefois ont aussi disparu... Te souviens-tu Antoine, de ta peur, cette fois-là, à trop jouer au pendule, si haut, pour quelques œufs à piller ? 


En bas du village, la cave coopérative et son architecture superbe (3), tout à l’honneur du raisin et de 1936, année du Front Populaire (prenez vite une photo car elles sont effacées un jour, comme à Vinassan, à Lespignan...). En redescendant vers Cuxac et la plaine de l’Aude, en surplomb de l’étang, feu la distillerie-coopérative d’un temps où la vigne et le vin quotidien rythmaient la vie. Entre la cave et l’alambic, parce que la vanité n’est pas leur fort, on cherche longtemps le monument aux morts. 


Village du midi, assoupi en cette mi-août, désert à l’heure de la sieste, qui veut nous laisser croire que tout à l’heure les gens partiront arroser les jardins, pour profiter au retour, de l’air moins chaud sur le devant de porte, manière de bader* le mouvement des éclats de voix et des boules sur les bancs de la place... Le Sud qui s’offrait en traversant la localité vers l’impasse Camarade (4), en récupérant des efforts liés à la dernière côte (en venant de Cuxac, celle de la distillerie).   
  
Enfin le monument aux morts, pour la paix, de ceux stigmatisés alors par les "braves gens" (4) remontés par les va-t-en-guerre. On le doit à René Iché (5), un enfant du pays, né à Sallèles-d’Aude, à quelques kilomètres à peine et d’Ouveillan par sa mère (il y est inhumé). Il est mal indiqué, la verdure le cache, c’est difficile de le cadrer... Dommage pour un village par ailleurs connu pour ses vendanges du cœur (au profit des Restos du même nom lancés par Coluche). 





Sur la route de Cuxac, à gauche, l’embranchement vers Fontcalvy, une grange fortifiée. Les vieilles pierres en imposent, au milieu des vignes il est vrai. Dans les ruines réhabilitées, l’été, un festival, des spectacles et un repas, pour ceux qui veulent, en bas, dans l’ancienne bergerie... N’espérez pas faire ripaille comme les moines d’antan... ceux-là donnaient plutôt dans l’ascétisme, la rigueur et le travail, règle de Cîteaux oblige. Sans remonter au XIIIe siècle et parce que nous n’étions que des chenapans aux cheveux longs, vers l’an de grâce 1968, nos jeux ne dérangeaient que les vols de corneilles qui logeaient là et la terre et les détritus comblaient presque le bercail des moutons. Maintenant, ils peuvent monter le son et multiplier les projecteurs : fini les troupeaux et plus de corneilles (comme dans la garrigue d’ailleurs). 


A Joël des PO, Georges de Narbonne et Antoine d’Ouveillan, à nos folles années 68-70 ! 
(à suivre)

(1) Ah ! Monsieur Rabéjac qui nous enseignait le XVIème siècle en littérature !
(2) champignon mortel qui serait arrivé d’Amérique avec les caisse de munitions en 1944. Il existerait comme un vaccin porteur d'espoir et testé à Sallèles...
(3) Architecte Gaston Ladousse qui fit aussi celles de Vinassan (1937) et de Trausse (1937), pour parler de cette période.
(4) Nino Ferrer ne chantait pas encore le Sud (1975) mais Jean Ferrat en remontrait déjà au camarade (1969) et Brassens était bien le seul à défendre l’anticonformisme pacifiste. 
(5) René Iché (1897-1954), Croix de Guerre 1914-1918, Médaille de la Résistance. Devenu sculpteur contre l’avis de ses proches, Iché vit son œuvre Forfaiture enlevée pour "indécence" (1923).
«Laissez-moi vous dire...» écrivait-il au préfet de police «... que votre décision, si inattendue pour moi, m’a beaucoup ému. certes, je ne prétends pas avoir fait un chef-d’œuvre et si mon intention fut mal interprétée, c’est peut-être que mon talent ne fut pas à la hauteur de mon ambition. Quoiqu’il en soit, j’ose affirmer que j’ai poursuivi, en sculptant Forfaiture, un but hautement moral. J’ai voulu traduire dans la matière plastique, la douleur et l’angoisse d’une trahison, la trahison de l’instinct génésique, le reniement de la vie elle-même vis à vis de la continuité de la vie : le drame affreux que la loi poursuit car il constitue un véritable crime de lèse-humanité.
«L’illustre maître Bourdelle, qui a bien voulu m’éclairer de ses conseils, m’a répondu que ce sujet, s’il avait été inspiré par le sixième commandement à un imagier de cathédrale, aurait très bien pu trouver sa place dans la pénombre d’une haute ogive. je m’en tiens là et j’accepte de retirer ma statue. Il me suffit de pouvoir affirmer en toute conscience que je l’ai méditée et exécutée sincèrement et que, pas un instant, je n’ai pensé ni visé au scandale mais à un vérisme significatif conforme à l’éthique la plus naturelle.»
Son projet de monument aux morts pour le village de Canet-d’Aude, fut aussi refusé pour «pacifisme» sinon pour excès d’humanité ! 

glossaire :
* l’agassa (o) = la pie.
* bader = fixer, reluquer, afficher sa curiosité sans retenue.
*cave = fossé.
*Cers = plus vieux nom de vent en France, honoré par les Romains parce qu’il chassait les miasmes, malheureusement assimilé par parisianisme à une tramontane par trop générique ! Pour être plus généralistes, nous disons aussi (et certainement à tort) "vent du nord" !
*sénils = roseaux dont on fait le chaume. 

photos autorisées : 
1. Commons wikimedia / Ouveillan aut Map data (C) OpenStreetMap contributors CC-BY-SA
2. Commons wikimedia / Canal_du_Midi near Colombiers 2011 aut Michiel1972 
3. La cave coopérative, personnelle août 2015. 
4, 5, 6. Le Monument aux morts, personnelles août 2015.  
7. Commons wikimedia / grange cistercienne Fontcalvy aut ArnoLagrange. 
8. Commons wikimedia / Ouveillan, Grange cistercienne Fontcalvy aut Rauenstein.

mardi 3 mai 2016

CAVALCADES ET CORSOS FLEURIS / Fleury d'Aude en Languedoc



Si certaines villes maintiennent la tradition de leur carnaval, Limoux et ses fécos par exemple ou ces villages où se danse et se chante encore le buffoli, sous le ciel de Fleury, les masques et les cavalcades ne reviennent que par périodes. Il fut un temps pourtant où une cavalcade réputée attirait même un public régional. C’est ce que nous explique François Dedieu, dans son chapitre « Premiers sourires du printemps » (1) : 
  
«... mais ses grandes dates se situent, pour l’après 1945, en 47, 48, 49 où nous avons tenu la dragée haute à Narbonne et à Béziers. Paulette Jean, plus tard épouse Grasseau, Josette Bousquet, fille d’Emilienne et Jules dit Camille, et d’autres qui m’échappent (je n’étais pas là, et la mémoire de tatie Marcelle nous serait précieuse), en furent les reines ou dauphines. Le Comité des Fêtes, récemment créé, voyait ses membres circuler en calèche : Léonce Andrieu, Louis Robert, Georges Chavardés en particulier. Les chevaux (les tracteurs ne vinrent que plus tard) étaient alors en tenue de parade, leurs sabots noircis au cirage. Les nombreux chars composaient une vraie cavalcade. Je te signale toutefois que le départ a toujours été donné « à la gare », c’est-à-dire à la Cave Coopérative, et que la « rue de la gare » devenue « Avenue de Salles » constituait une portion importante du défilé... /...

... Au sujet du carnaval de Fleury, je retrouve plusieurs lettres :

6 février 1948. .../... nous préparons une cavalcade pour le 7 mars... /... Louis Robert est toujours président, il y a déjà 7 à 8 chars inscrits... /... nous en ferons un, nous voulions faire les Saintes-Maries-de-la-mer mais les Cabanes le font. Peyrel en ont commencé un mais on ne sait pas ce que c’est. dimanche c’est la cavalcade de Narbonne et le 23 celle de Coursan...

Deuxième lettre :

«... Dimanche la cavalcade s’est très bien passée ; il y avait de nombreux chars : d’abord une barque qui a eu le premier prix (6000 F) avec des corsaires portant des foulards rouges, puis le chapeau mexicain, c’était un grand chapeau beige et doré avec des danseurs et danseuses sur son rebord : Paul Sagné, Norbert Hérail, Paulette Jean, S. Rascol, J. Pradines, etc... Félix Peyrel jouait des rumbas sur son accordéon et le char était garni de palmiers ; puis il y avait les sultanes : J. Berthuel, J. Sala, J. Bousquet, G. LOpez, Suzanne Sirven, et Claude Pech était assis dans un coin et jouait de la clarinette ; de l’autre côté, il y avait deux petits nègres habillés avec du raphia et qui jouaient du tambourin. Les sultanes étaient assises sur des poufs en cuir. J. Berthuel était allongée sur un divan recouvert d’une peau de panthère (c’est Mr Fabre de la distillerie qui avait tout prêté). Ce char était très bien, surtout les costumes qui étaient très riches, en satin blanc, bleu et bordeaux, avec le turban et les mules assortis. Elles ont eu le 2e prix, avec le chapeau... » (à suivre)  

(1) Caboujolette / 2008. 

diapositives avril 1969 François Dedieu.

dimanche 3 avril 2016

AMITIÉ, AMOUR, TOUJOURS ET A JAMAIS ! / Fleury d'Aude en Languedoc.

« Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. » Le Château de ma Mère. Marcel Pagnol. 


Une joie, fulminante, celle des retrouvailles inattendues avec André Pédrola, 87 ans alors, un ancien de la rue Trémolières. Grâce à Coursan (Lulu Auret dit Pilule), entre le Canada, Fleury et la Réunion, sur moins de deux ans, une cataracte de mots à rendre jalouses les Chutes du Niagara, les tempêtes du Grec et les cyclones de l'Indien réunis : des échanges qui ont rempli des pages et des pages de bienveillance, de souci de l’autre, d’amour, pour le dire en un mot !
L’inévitable et inoubliable chagrin qui s'ensuivit ne saurait être sans l’attachement qui en fut la cause.
 
Les cerisiers fleurissent au village, pour Pâques déjà.
Entre quelques pieds de muscat, entre la maison d’André et la nôtre, celui de mon grand-père éblouissait le voisinage. Aujourd’hui, demeure le symbole, fragile certes mais aussi fulgurant qu’infini, de ce qu’une amitié vraie peut porter et ça, il faut absolument le dire aux enfants ! 


Au début des années 50, avec son Renault 3 tonnes, "cabine avancée" André est parti travailler à la centrale du Villaret. Il raconte :
«... Le printemps venu, un ouvrier du coin qui travaillait avec nous m'a dit , je connais un gars du Villaret qui a une petite maison à louer.
Je suis allé la voir le soir même, un peu déçu de trouver une toute petite masure en très mauvais état. Encore plus déçu lorsqu'il m'a dit que son ami demandait 10 000 f par mois :
« Voyons as-tu vu les réparations ? »
Réponse si tu veux faire des réparations libre à toi, mais à tes frais. Il a ajouté demain je dois le faire voir à un autre potentiel locataire.
Je voulais tellement avoir les miens avec moi, que j'ai accepté de me faire arnaquer. Et je savais par qui, n'ayant jamais rencontré le soi-disant propriétaire. Tous les copains m'ont aidé à faire ces travaux à peu de frais, récupérant les matériaux sur le chantier.
À Pâques je suis descendu dans le Midi pour récupérer les êtres les plus chéris au monde. En arrivant dans notre nouveau univers, j'avais peur que ma douce moitié trouve le logis minable. Elle m'a dit : c'est le plus beau parce que c'est le nôtre.
Il ne payait pas de mine avec sa porte et ses volets verts, collée contre le petit bistrot de Basile. Sis sur la rue la plus haute de ce petit village, peuplé d'une centaine de mineurs. Au dernier tournant pour accéder à la rue, il y avait une petite ferme. Le fermier me permettait de stationner mon auto dans sa cour. Lorsque je lui avais demandé combien ça me coûterait, il m'avait répondu : entre voisins il faut bien s'entraider. C'était vraiment un bon gars accommodant, tous les enfants du village venaient jouer dans sa cour.
Ma petit Dany avait trouvé un petit copain, le plus jeune fils du fermier, qui avait 7 où 8 ans. Notre fille l'accompagnait pour garder les vaches , dans le pré juste au-dessus de la maison. Simone allait leur porter le goûter vers les 15h . Le petit Jean-François avait trouvé , dans cette cour, le terrain de jeu idéal. Avec ses nouveaux compagnons de jeu, ils fouillaient dans tous les coins. Un jour Simone a vu un schtroumf sortir de la cour , il s'était renversé un pot de peinture bleue sur la tête.
Pauvre maman , malgré des heures de shampooinage et de lavage à la brosse, le fouineur a gardé son ventre bleu plusieurs jours...»
André Pédrola (1923 - 2012).  

C'étaient ses bons vœux de Pâques 2010. 


 Photos 1. André, François (papa) et Marcel du pays de Sault sur le rocher à Saint-Pierre (1940).
2. le «petit train» de la Mure (wagons d’anthracite pure à 95 % !) / commons wikimedia / auteur Trams aux fils 2010.
3. André et Simone (déc 2010)

lundi 14 mars 2016

C’ÉTAIT MON COPAIN. Musique Gilbert Bécaud / Paroles Louis Amade. 1953 (33 T, face B, n° 1)

C’ÉTAIT MON COPAIN. Musique Gilbert Bécaud / Paroles Louis Amade. 1953 (33 T, face B, n° 1) 
 
J'avais un seul ami
Et on me l'a tué
Il était plus que lui
Il était un peu moi
Je crois qu'en le tuant
On m'a aussi tué
Et je pleure la nuit
Mais on ne le sait pas

C'était mon copain
C'était mon ami
Pauvre vieux copain
De mon humble pays
Je revois son visage
Au regard généreux
Nous avions le même âge
Et nous étions heureux

Ami, mon pauvre ami
Reverrai-je jamais
Ton sourire gentil
Parmi l'immensité ?

C'était mon copain
C'était mon ami
J'écoute la ballade
De la Mort, de la Vie
Le vent de la frontière
Veut consoler mes pleurs
Mais l'eau de la rivière
A d'étranges couleurs

Cependant dans les bois
Un mystérieux concert
M'a dit qu'il faut garder
L'espoir à tout jamais
Car ceux qui ont bâti
Ensemble un univers
Se retrouveront tous
Puisqu'ils l'ont mérité

O mon vieux camarade
Mon copain, mon ami
Parmi les terres froides
Je te parle la nuit
Et ton pesant silence
Est un mal si cruel
Que j'entends ta présence
Parfois au fond du ciel
 






photos autorisées commons wikimedia 
1. Gilbert Bécaud 26 octobre 1965 source National Archief auteur Joost Evers, Anefo
2. Gilbert_Bécaud à Schipol (29 mai 1964) - National Archief-auteur Hugo van Gelderen, Anefo
3. Gilbert_Bécaud_in_Rome, source magazine Radiocoriere, auteur inconnu