Époque où le clair de lune prolongeait tard dans la nuit, les jeux des gosses, les
palabres des grands, les histoires des vieux et les contes des temps passés...
Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
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dimanche 12 mars 2017
dimanche 17 juillet 2016
NOS PLAGES AVANT / Hommage à Maurice Puel
Avant les jours rouges ou noirs de Bison futé, avant les chassés-croisés de l’été, avant les 50.000 estivants à Saint-Pierre-la-Mer !
FARINETTE JADIS
Poème de Maurice PUEL extrait du recueil "Bourgeons précoces, fruits tardifs" (Mai 1988) / http://archeovias.free.fr/litt_01_puel.htm
Quand on allait à Farinette, le dimanche,
Par ces longs jours d'été, brûlants comme un fournil,
Les hommes n'avaient pas chemisettes sans manche,
Mais un chapeau de paille et costume de fil.
Les femmes à leur tour, s'étaient mises proprettes :
Un corsage léger, jupe jusqu'au talon,
Une ombrelle, un chapeau, mais des couleurs discrètes.
Bref, vêtement correct sous un soleil de plomb.
Attelés à leur break, charrette ou carriole,
Anes gris comme noirs - c'étaient les plus nombreux -
Chevaux, mulets, dominicale farandole,
Egrenaient leur crottin sur le chemin poudreux.
Attelage fringant ou d'âge canonique,
Il fallait emprunter, qu'on soit pauvre ou cossu,
Et tous au même train, le pont à voie unique
Sur l'eau du vieux canal arquant son dos bossu.
Là, s'en venait, marchant, une famille entière,
Le panier sur la tête, ou la saquette au dos :
De simples travailleurs, mais la démarche altière;
Aujourd'hui, le plaisir allégeait leurs fardeaux.
Empressé, patient, enfin chaque attelage,
Portant sa cargaison de gens endimanchés,
A deux pas de la mer, s'installait sur la plage,
Laissant les animaux à la roue attachés.
Tout cela se faisait sans cris et sans dispute,
Charrettes, chariots relevant leurs deux bras
Où l'on tendait, pour l'ombre, un grand carré de jute
Qu'en langue de chez nous on appelle un bourras.
Quant au maillot, la pudeur primait l'élégance :
Pour les hommes, rayés, du col jusqu'au genou.
Les femmes, bien qu'ornant le leur de quelque ganse,
Cachaient tous leurs appas sous un costume flou.
Après le bain, assis à l'ombre translucide
Du bourras mal tendu : goûter tiré du sac…
De groupe en groupe on plaisantait, l'humeur placide,
Et la vague y mêlait son éternel ressac.
Le soir, à la fraîcheur, d'humeur plus que parfaite,
- Car il était coquin notre petit vin blanc -
Le chemin du retour prenait un air de fête
Et l'attelage allait d'un pas plus nonchalant.
On écoutait les belles voix, des galéjades :
Populaire plaisir, amical et sans frais.
Nous nous connaissions tous, jeunes, vieux, camarades…
"A dimanche prochain", disait-on, "Soyez prêts" !
Allez-y maintenant. On cherche l'eau, la plage,
Tant les corps nus les ont, désormais, envahis…
S'ils revenaient, les vieux, si fiers de leur village,
Ils diraient, affolés : "Ce n'est plus mon pays !"
Maurice PUEL
photos autorisées : 1. auteur François d'Orléans - Sur la plage, les bains de mer.
2.Vias Plage auteur Cillou Mobeye-ÉtéDesVilles-Vias-329
dimanche 12 juin 2016
LA SAISON DES GUINES, C’EST JUIN / Fleury d'Aude en Languedoc.
Nous parlions de l’occurrence peu fréquente entre la fête de Pentecôte et la saison des guines. Wikipedia (1) nous précise que les deux calendriers, le naturel et le religieux, s’accordaient pour confirmer le proverbe seulement en 2000, 2003, 2011, 2014 ; ils coïncideront aussi en 2019 et 2025, ce qui, entre nous n’empêchera personne de fêter tant la fête que le fruit.
Dans le trésor du Félibrige, Mistral qui associe lou guiniè, cerisier à fruits acides, à l’agriouliè (d’où le nom "griotte" en français), a relevé un extrait de H. Lacombe en occitan : « Filheto de setge ans, frescocoumo uno guino. » (Fillette de seize ans, fraîche comme une guine).
Dans le trésor du Félibrige, Mistral qui associe lou guiniè, cerisier à fruits acides, à l’agriouliè (d’où le nom "griotte" en français), a relevé un extrait de H. Lacombe en occitan : « Filheto de setge ans, frescocoumo uno guino. » (Fillette de seize ans, fraîche comme une guine).
En cherchant « guine » sans porter la moindre « guigne » (2) (autant préférer le terme languedocien !) : la recherche renvoie au merisier ou cerisier sauvage prunus avium. On trouve quand même prunus cerasus, « petit arbre dépassant rarement 8 mètres» (Wikipedia) drageonnant facilement, buissonnant.
Cela se complique quand la page précise « En France, il pousse spontanément principalement dans la moitié nord du pays ».
Parce que le long de l’Aude, ce serait du forçage peut-être !
Il est vrai que les confusions sont légion et sans parler des variétés cultivées (Annonay, Précoce de Rivers, Amourette), le petit arbre sauvage est souvent assimilé au griottier, au merisier...
Le nom vient d’Asie Mineure même si des contreverses subsistent puisque certains maintiennent que la variété de la côte sud de la Mer Noire aurait seulement amélioré, par greffage, des espèces sauvages déjà en Europe à l’époque des Romains.
Si « guigne » vient peut-être de « kign » en celte (« guindo » en espagnol ?), le mot turc « vischna » (cité par F. Mistral), aurait donné « višně » en tchèque, « visna » en espagnol moderne (encore d’après Mistral), éventuellement « weichselkirsche » en allemand.
Laissons la conclusion à Maria Sanchon du temps de ma « grand » qui parlait elle, de "cerises sures".
(1)https://fr.wikipedia.org/wiki/Calcul_de_la_date_de_P%C3%A2ques
(2) par le passé, les cerisiers sauvages étaient censés abriter de mauvais esprits.
Cela se complique quand la page précise « En France, il pousse spontanément principalement dans la moitié nord du pays ».
Parce que le long de l’Aude, ce serait du forçage peut-être !
Il est vrai que les confusions sont légion et sans parler des variétés cultivées (Annonay, Précoce de Rivers, Amourette), le petit arbre sauvage est souvent assimilé au griottier, au merisier...
Le nom vient d’Asie Mineure même si des contreverses subsistent puisque certains maintiennent que la variété de la côte sud de la Mer Noire aurait seulement amélioré, par greffage, des espèces sauvages déjà en Europe à l’époque des Romains.
Si « guigne » vient peut-être de « kign » en celte (« guindo » en espagnol ?), le mot turc « vischna » (cité par F. Mistral), aurait donné « višně » en tchèque, « visna » en espagnol moderne (encore d’après Mistral), éventuellement « weichselkirsche » en allemand.
Laissons la conclusion à Maria Sanchon du temps de ma « grand » qui parlait elle, de "cerises sures".
(1)https://fr.wikipedia.org/wiki/Calcul_de_la_date_de_P%C3%A2ques
(2) par le passé, les cerisiers sauvages étaient censés abriter de mauvais esprits.
Photos 1 pixabay guignes.
2 pixabay sour-cherry.
3 Commons wikimedia Wisnia pospolita aut Alina Zienowicz.
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vendredi 20 mai 2016
LOU PASTRE (le pâtre) / Languedoc
LOU PASTRE.
Per causse, en plen ivèrn, quand la magistralada (1)
Balota dins lo cel la neu e lo conglaç,
Dins sa capa amagat, se ris de la gelada
E lou vèspre, am l’aver (2), content s’embarra au jas.
Quand reven lou printens et que la soulelhada
Fa reverdir la terra et florir lo bartas,
Mena sos anhelos dins la prima abaucada (3)
E lo pastre es urós quand sont assadolats.
Desmamat dau païs e luènh de sa familha
Sus lo causse auturòs qu’es coumo sa patrio,
Mestrejo son tropèl que s’augmenta dau creis...
Plantat sus son baston lo vei que s’apastura
E pompant l’air tebés de la bèla natura,
Tot solet, luènh dau monde, amont se crei lo rei.
Antoni Roux. Pescalunetas (4)
(1) magistrau, vent maître, mistral... et surtout pas une "tramontane" trop générique !
(2) chez Mistral, "embarra l’avé ou tout court embarra, enfermer les brebis dans le bercail"
(3) bauco, brachypode rameux, pelouse steppique, baouque chez Harant et Jarry (Guide du Naturaliste dans le Midi de la France). Plante herbacée méditerranéenne (Wikipedia).
(4) le nom du recueil vient peut-être de Pesco-luno, sobriquet des habitants de Lunel, qui eurent l’idée d’aller pêcher, dans un panier percé, le reflet de la lune.
LE PÂTRE.
Par le causse, en plein hiver, quand la magistralado
Ballotte dans le ciel la neige et la glace,
Dans sa cape caché, il se rit de la gelée
Et le soir, avec les brebis, content il s’enferme au gîte (bercail, bergerie).
Quand revient le printemps et que le soleil
Fait reverdir la terre et fleurir le buisson,
Il mène ses agnelets dans la prairie nouvelle
Et le pâtre est heureux quand ils sont rassasiés.
Privé de son pays et loin de sa famille
Sur le causse altier qui est comme sa patrie
Il mène son troupeau qui s’augmente des naissances.
Planté sur son bâton, il le voit qui pâture
Et pompant l’air tiède de la belle nature,
Tout seulet, loin du monde, en haut il se croit roi.
Photos autorisées 1, 2, 3, 4, 5 Commons wikimedia
1. La vieille jasse / auteur Jean-Claude Charrié.
2. Lavogne du Larzac / auteur Toutaitanous.
3. Larzac près de la Couvertoirade / auteur présumé Sylvagnac.
4. Brebis en pâture / auteur Jean-Claude Charrié.
5. Berger sur le Larzac / auteur Mathieu Caunes.
Per causse, en plen ivèrn, quand la magistralada (1)
Balota dins lo cel la neu e lo conglaç,
Dins sa capa amagat, se ris de la gelada
E lou vèspre, am l’aver (2), content s’embarra au jas.
Quand reven lou printens et que la soulelhada
Fa reverdir la terra et florir lo bartas,
Mena sos anhelos dins la prima abaucada (3)
E lo pastre es urós quand sont assadolats.
Desmamat dau païs e luènh de sa familha
Sus lo causse auturòs qu’es coumo sa patrio,
Mestrejo son tropèl que s’augmenta dau creis...
Plantat sus son baston lo vei que s’apastura
E pompant l’air tebés de la bèla natura,
Tot solet, luènh dau monde, amont se crei lo rei.
Antoni Roux. Pescalunetas (4)
(1) magistrau, vent maître, mistral... et surtout pas une "tramontane" trop générique !
(2) chez Mistral, "embarra l’avé ou tout court embarra, enfermer les brebis dans le bercail"
(3) bauco, brachypode rameux, pelouse steppique, baouque chez Harant et Jarry (Guide du Naturaliste dans le Midi de la France). Plante herbacée méditerranéenne (Wikipedia).
(4) le nom du recueil vient peut-être de Pesco-luno, sobriquet des habitants de Lunel, qui eurent l’idée d’aller pêcher, dans un panier percé, le reflet de la lune.
LE PÂTRE.
Par le causse, en plein hiver, quand la magistralado
Ballotte dans le ciel la neige et la glace,
Dans sa cape caché, il se rit de la gelée
Et le soir, avec les brebis, content il s’enferme au gîte (bercail, bergerie).
Quand revient le printemps et que le soleil
Fait reverdir la terre et fleurir le buisson,
Il mène ses agnelets dans la prairie nouvelle
Et le pâtre est heureux quand ils sont rassasiés.
Privé de son pays et loin de sa famille
Sur le causse altier qui est comme sa patrie
Il mène son troupeau qui s’augmente des naissances.
Planté sur son bâton, il le voit qui pâture
Et pompant l’air tiède de la belle nature,
Tout seulet, loin du monde, en haut il se croit roi.
Photos autorisées 1, 2, 3, 4, 5 Commons wikimedia
1. La vieille jasse / auteur Jean-Claude Charrié.
2. Lavogne du Larzac / auteur Toutaitanous.
3. Larzac près de la Couvertoirade / auteur présumé Sylvagnac.
4. Brebis en pâture / auteur Jean-Claude Charrié.
5. Berger sur le Larzac / auteur Mathieu Caunes.
dimanche 15 mai 2016
A PENTECÔTE, GÔUTE LA GUINE ! / Fleury d'Aude en Languedoc
Per Pantecousto la guino gousto ! (comme le relève Frédéric Mistral (1)).
C’est bien gentil d’associer les guiniès, en languedocien, avec les dimanche et lundi de Pentecôte (2) mais dame Nature suit un calendrier moins lunatique et la saison des guines peut s’accorder seulement avec la fête religieuse lorsque Pâques arrive tard, presque au 25 avril. Alors seulement, cinquante jours après, les petites cerises sauvages, un peu acides, un peu amères, peuvent piqueter le feuillage de leurs livrées rosées ou garance, pour les plus mûres.
Commons Wikimedia / Prunus_cerasus_-author Franz Eugen Köhler–s_Medizinal-Pflanzen-113
Chez nous, les rives et les abords de la rivière en sont parés, en pleine lumière et même à l’ombre des grands peupliers blancs (3) ; ceux-là portent encore des fruits fin août, début septembre. Le long de l’Aude, de la limite de Salles au débouché de la Montagne de la Clape, les tènements, les fermes et lieux-dits où prospèrent les petits cerisiers, se cueillent aussi avec gourmandise : Maribole, l’Horte d’Andréa, la Barque, l’Horte de l’Ami, la Barque-Vieille, Joie, Négo-Saumo, la Pointe.
La guine, la première confiture de l’année, avant l’abricot, les figues, et l’azerole des vendanges (4), déjà le souci des provisions pour l'hiver pour des campagnards plus fourmis que cigales.
Avec les reflets mordorés, pourprés ou dorés des autres bocaux, mon souvenir revoit toujours l’éclat cuivré des guines, libéré de sa prison de verre dès que la porte du placard s’entrouvrait... Et ce rayon réconfortant ne serait pas sans le dévouement opiniâtre et aimant de nos mamés, à la cuisine ou au bord des vignes (5) : mamé Joséphine, l’aïeule, mamé Ernestine et tante Céline, parce que ce souci des leurs, de ce qu'elles allaient mettre pour manger comptait autant malgré les ans. Maman aussi en sait quelque chose, elle qui, malgré ses 91 printemps, n'hésiterait pas longtemps pour sortir le chaudron même si l'époque n'est plus à assurer la soudure d'une année sur l'autre.
(1) Trésor du Félibrige (1878).
(2) du grec signifiant cinquantième : se fête cinquante jours après Pâques.
(3) populus alba, aubo ou aubero chez Mistral, terme désignant aussi le tremble pourtant différent. A Fleury on parle des « arbres blancs ».
(4) les mûres de l’été, les gratte-culs de l’automne n’étaient pas prisés à l’époque.
(5) Qui avait peur des pesticides alors ?
Mamé Joséphine
Mamé Ernestine et papé Jean, tante Céline et l'oncle Noé.
samedi 14 mai 2016
CAVALCADES ET CORSOS "FLEURYS" / Fleury d'Aude en Languedoc.
Au mois de mai, c’est la fin pour les cavalcades et autres corsos fleuris. Et dire qu’ils viennent encore de brûler Carnaval chez les voisins... Au temps des fleurs, c’est vraiment du sadisme... Sauf qu’une salloise m’a rétorqué que c’était mieux que de ne rien faire ! Et vlan ! Je n’ai pu que balbutier qu’ils allaient fêter la fête dans les rues, quand même, à Fleury !
Élevons le débat tout en reconnaissant que les patchaques et autres querelles de clochers ont toujours pimenté et corsé les rapports de voisinage ! Il n’empêche, en février, les mimosas qui défilent traduisent si bien l’espérance des beaux jours à venir.
Reprenons le compte-rendu si détaillé de cette cavalcade d’après guerre que François, lou filh de Jeanil, a bien voulu nous réserver (1). Le char du chapeau venait juste de passer :
Élevons le débat tout en reconnaissant que les patchaques et autres querelles de clochers ont toujours pimenté et corsé les rapports de voisinage ! Il n’empêche, en février, les mimosas qui défilent traduisent si bien l’espérance des beaux jours à venir.
Reprenons le compte-rendu si détaillé de cette cavalcade d’après guerre que François, lou filh de Jeanil, a bien voulu nous réserver (1). Le char du chapeau venait juste de passer :
«... "Les Vendanges" venaient ensuite. Le camion était garni de treilles et de souches avec de beaux raisins. Au milieu était une grosse barrique avec Charlot Escaré qui représentait Bacchus tenant une coupe et un bâton avec une feuille de vigne et un raisin. Il y avait aussi des vendangeurs et des vendangeuses, parmi lesquelles Elisabeth et Marcelle Subra. Ils ont eu le 5e prix (2000 F et 2 bouteilles de champagne).
"La Couveuse", des petits garçons et petites filles, habillés de coton jaune, chacun dans une sorte de panier.../...
... Ensuite, "Blanche-Neige et les sept nains" (la rue Neuve). Auret menait le char,Mimi Dauga était Blanche-Neige et G. Martin le Prince, F. Bousquet, J. Bernard, les petits Auret... ils ont eu un prix d’honneur et un prix d’attelage.../...
... Puis le "Panier Fleuri" des petits enfants très bien habillés, dans un grand panier fleuri de fleurs avec des fleurs d’amandier, du mimosa...
... "La sérénade à Colombine".../... des garçons en pierrots jouant de la mandoline, et des petites colombines...
Ensuite 2 chars 1900 : un de Fleury, yves Carrière était le cocher, en costume d’époque... /... derrière un comte et une comtesse... Abrial portait une perruque, un chapeau à voilette, il avait fait un grain de beauté ; tu peux croire qu’il le faisait bien.
L’autre était de Coursan, il était plus chic que celui de Fleury.../... dedans deux couples qui chantaient « Frou-Frou », et enfin deux laquais : deux jeunes filles...
... /... Puis une énorme carpe de Coursan avec 4 oo 5 pêcheurs, un tank de Béziers et des soldats jouant de l’accordéon.
Et enfin de nombreux travestis de Narbonne. Tout le monde dit que c’était la cavalcade la plus jolie de la région, elle dépassaitde beaucoup celles de Narbonne, Coursan et Béziers.
J’ai oublié le principal, le char de la Reine... /...
Il y avait aussi un autre char où étaient Colette, Yvette et Monique "La France et ses Provinces", et un autre "Les Papillons".
Mr Robert distribuait les prix... /... Après la cavalcade, il y a eu bal sur la place, ainsi qu’après souper, avec concours de travestis. C’est la femme de G. Chavardès et mme Dubeau (la patronne de l’autobus) qui ont eu le premier prix. Mme Chavardès était en Provençale ; Madeleine Artozoul, de paris, a eu le 3e, elle était en Cosaque, Marthe Barthe en Espagnole...etc...
(1) François Dedieu / Caboujolette / 2008.
lundi 28 mars 2016
NON, NON, NON, NON, IL N'EST PAS MORT CAR IL SOUFFLE ENCORE ! (bis) / Fleury d'Aude en Languedoc
Suite aux articles « QUI TROUVE LE CERS PERD LA TRAMONTANE... I &
II d’octobre 2013, la défense de l’identité audoise impose d’exposer, au
fur et à mesure qu’ils la confortent, les arguments contre une
globalisation détestable parce que le consumérisme intéressé qu’elle
impose va de pair avec le dénigrement du particularisme culturel.
Plutôt que d’alimenter en commentaires les articles concernés (accessibles d’un clic sur les liens ci-joints), un extrait de la REVUE FOLKLORE 1972.
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/692089987470599:0
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/696016180411313:0
Plutôt que d’alimenter en commentaires les articles concernés (accessibles d’un clic sur les liens ci-joints), un extrait de la REVUE FOLKLORE 1972.
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/692089987470599:0
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/696016180411313:0
Sous la plume de P. Andrieu-Barthe, à propos des vents de l’Aude en aval de Carcassonne, nous pouvons lire :
* «...un vaste couloir où les vents acquièrent la vitesse de courants d’air...» définissant, vers le Lauragais, la plaine minervoise qui se resserre entre la Montagne Noire et les Corbières.
** «.../... Le rival du Marin est le Cers.../... que les Romains, par crainte, déifièrent.../... Dans la plaine Minervoise toute habitation comporte une orientation, une muraille ou une haie de cyprès pour se défendre du côté du Cers et non du Marin... ».
*** «.../... Après la Toussaint s’installe habituellement une période de marin froid. Le Cers glacé règne ensuite en hiver et surtout au printemps où il effeuille impitoyablement les pétales des précoces amandiers, mais durant l’été, il tempère agréablement la chaleur, caressant et léger...».
**** «.../... La Tramontane reste localisée en Roussillon. Il faut arriver à Montpellier pour entendre parler du Mistral... »
***** «.../... Détestés des étrangers venant de pays plus calmes et qu’ils tourmentent, ils sont familiers aux autochtones qui, en fulminant sans cesse contre eux, ne peuvent s’en passer. S’ils viennent à se calmer, on entend dire : "On ne respire pas, il n’y a pas d’air" ou, dans le cas contraire : "Il fait bon, il fait de l'air".
diapo François Dedieu vignes et pins à l'automne.
* «...un vaste couloir où les vents acquièrent la vitesse de courants d’air...» définissant, vers le Lauragais, la plaine minervoise qui se resserre entre la Montagne Noire et les Corbières.
** «.../... Le rival du Marin est le Cers.../... que les Romains, par crainte, déifièrent.../... Dans la plaine Minervoise toute habitation comporte une orientation, une muraille ou une haie de cyprès pour se défendre du côté du Cers et non du Marin... ».
*** «.../... Après la Toussaint s’installe habituellement une période de marin froid. Le Cers glacé règne ensuite en hiver et surtout au printemps où il effeuille impitoyablement les pétales des précoces amandiers, mais durant l’été, il tempère agréablement la chaleur, caressant et léger...».
**** «.../... La Tramontane reste localisée en Roussillon. Il faut arriver à Montpellier pour entendre parler du Mistral... »
***** «.../... Détestés des étrangers venant de pays plus calmes et qu’ils tourmentent, ils sont familiers aux autochtones qui, en fulminant sans cesse contre eux, ne peuvent s’en passer. S’ils viennent à se calmer, on entend dire : "On ne respire pas, il n’y a pas d’air" ou, dans le cas contraire : "Il fait bon, il fait de l'air".
diapo François Dedieu vignes et pins à l'automne.
dimanche 27 mars 2016
mercredi 2 mars 2016
ET À FLEURY, LE CARNAVAL ? / Fleury d'Aude en Languedoc
Et bé, après Pézenas et Limoux, ébaubi et baba je l’ai bée... Néanmoins, serait-ce par petites touches et avec l’espoir que des contributions plus substantielles viendront étoffer ces bribes, quelques pistes...
Heureusement que le mardi gras est inscrit dans le calendrier et qu’il donne l’envie et l’idée de se masquer, surtout chez les enfants. Il suffit de quelques vieilles fripes dans l’armoire ou le cagibi et du masque qu’on peut s’il le faut, acheter chez Odette ou Madama Zan, les deux bureaux de tabac du village.
L’après-midi de ce mardi à part, on rencontre dans les rues des groupes déguisés munis d’une casserole ou mieux d’une poêle pour passer de porte en porte en quêtant « Vingt soous din la padeno ! » (vingt sous dans la poêle). C’est un joli tableau quand ces bandes qui se croisent dans les quartiers : les masques se jaugent, se toisent presque à se provoquer, au point de lever, pour rire, la canne ou le bâton car la concurrence est rude et la générosité des maisons limitée !
« Pitchou, les autres sont passés, tiens, un bonbon quand même ! »
Parfois, quitte à revenir ensuite sur ses pas, mieux vaut aller au plus court taper à la bonne porte, souvent chez une mamé curieuse, ridée jusqu’au bout des doigts mais à l’œil guilleret et engageant... les gamins ne s’y trompent pas... Retenant sa pièce au bout des doigts, elle sourit « Qui es-tu, toi ? ». Alors, gêné mais ravi, on dévoile sa frimousse, on bredouille son nom, elle insiste en articulant bien, pour la mamette qui est derrière, encore plus ridée, la paume ouverte contre l’oreille « C’est le fils de François ! ». Et on rougit un peu de tant de fausse modestie ou seulement d’exister tandis que leurs pommettes fripées rosissent... « Ces vieux ! ça n’a qu’une goutte de sang dans les veines, et à la moindre émotion, elle leur saute au visage...» écrivait Alphonse (1) Daudet dans les Lettres de mon Moulin... C’est vrai qu’on en oublie le noir des tabliers qu’elles portent toutes...
Le carnaval rend donc hommage aux mamés (les hommes sont plus bourrus !) mais les masques repartent vite tandis que le préposé à la récolte compte les sous. La fin de l’après-midi pointe, il est temps d’aller à l’épicerie pour du chocolat Cémoi, des barres de Malakoff, des pâtes de fruits et des nougats Dumas, la marque de Pézenas, bref un goûter du tonnerre !
Dans Caboujolette, avec la variante « Un soou à la padeno ! », papa s’est fait l’écho de ces sorties déguisées. Je cite :
« Un de ceux qui tenaient à voir le visage du quêteur masqué, avant de lui donner la pièce, c’était, racontait papé Jean, qui l’avait vu faire chez Pierre Marty, le bourrelier, Cazanave :
« Cal sès, tu ? Te baillarei quicon si m’enlevès lou masqué et si me ba disés ! » (Qui es-tu, toi ? je te donnerai quelque chose si tu m’enlèves le masque et si tu me le dis !)
De quoi tempérer mon sentiment sur les hommes... et sur Carnaval ! Il suffisait de se lancer...
(à suivre)
(1) maman, Alphonse Galmarre fait 91 ans en mars... comme toi, presque...
mardi 1 mars 2016
QUE PEZENAS N’ES LOU MOUIÒU ! (1) / Fleury d'Aude en Languedoc
A Limoux, le carnaval s’est affranchi de la contrainte du carême. Qu’importe le mercredi des Cendres, on n’a plus peur de Charlemagne et de la peine de mort pour les contrevenants ! On fait gras ! Vendredi, c’est déjà la fête, de janvier à fin mars !
Ce jour, nous sommes en mars justement et si Pâques se célèbre aussi en avril, mars appelle la mi-carême, cette entorse aux quarante jours, l’étape réconfortante, à mi-chemin, même si Musset insiste sur la valse prenant le pas sur une danse ancienne quand l’instituteur n’en garde que les roses en boutons et le renouveau dont les coteaux frémissent.
Le préau de l'école de garçons qui n'avait pas ou au nom inusité.
Vite, vite, partons à Pézenas où le carnaval respectueux du calendrier religieux marque plutôt le mois de février... Me concernant, c’est une occasion de plus pour voir repasser trois ans de vie ; aussi, je crois pouvoir comprendre l’attachement profond des Piscénois à leur ville, un amour véritable, disons-le, dans lequel l’héritage historique compte beaucoup.
« Viouléto de fébrié, per damo e cavalié » (2) relève Mistral dans le Trésor du Félibrige. Sans plus de précision, je me transporte seulement à Saint-Christol, la campagne du docteur Rolland. C’est vrai qu’au sortir de la mauvaise saison, les violettes pointaient une modestie soyeuse qui s’accordait si bien avec la majesté des grands pins du parc. Au pied du mur d’enceinte, le chemin de l’école rejoignait la rivière qui manquerait au décor. La Peyne, capable du pire en très peu de temps (3), il faut l’imaginer, en 1622, début août, alors que la ville offre ses clés au roi en signe de soumission.
La Peyne depuis la ligne désaffectée du chemin de fer (août 2015).
Une paysanne retrousse son jupon pour passer à gué quand un galant officier la prend en croupe : c’est le maréchal de camp François de Bassompierre ! Mais ce qui est plus étonnant est que les acteurs du joli tableau parcourent toujours les rues, pour carnaval notamment mais pas seulement, juchés sur le poulain, sûrement pour remercier Louis XIII de son indulgence (3)...
Le poulain, le poulain... je pense à tout sauf à lui, sur mon chemin d’écolier... même pas pour une envie de chocolat ! Et quand je passe devant le commissariat (4), le porche imposant, la cour intérieure, les grands platanes pourraient évoquer un haras royal... Sauf qu’à l’aller je ne voudrais pas être en retard et au retour, l’hiver du moins, il fait déjà nuit après l’étude du soir, au CM2, chez Carrère et c’est moi qui trotte une demi-heure avant de sentir l’écurie ! Et pourtant, c’est bien d’ici qu’il part, propre, apprêté, que ses servants se préparent et prennent la pose tandis qu’une escorte survoltée et braillarde excite l’équipage !
Le Poulain de Pézenas en 2006 à Steenworde / commons wikimedia / auteur Lion59.
Tout ça pour un poulain ! Ah non ! pas UN poulain ! LE Poulain ! Unique et là depuis longtemps, très longtemps, bien avant Bassompierre et sa paysanne en amazone ! 1226, les archives en attestent. On le doit à Louis VIII. Le roi alors en croisade contre les Albigeois, doit laisser sa jument préférée, mal en point. A son retour, quelle n’est pas sa surprise quand les habitants le reçoivent avec un poulain cabriolant, paré de rubans et sa jument en pleine forme ! « Oncques, s’exclama le souverain, la bonne ville de Pesenàs ne saura désormais célébrer et festoyer sans que mon poulain royal ne caracole ! » Consuls et marchands de se soumettre en saluant bas... Prospérité et fortune valant mieux que vanité mal placée, le Poulain exprime depuis la gratitude de la ville non sans rappeler toutefois la protection qui lui est due... Sa réputation est à l’aune des visites royales et des grands du royaume ! (5)
C’est qu’il danse et danse bien, le Poulain, toujours accompagné de « aubois », de « petits tambours ». La robe qu’il porte jusqu’à terre est « peinte d’azur » et parsemée de fleurs de lys. Portant un homme et une femme "fort proprement habillés" (6). Il est fort agile et fait des très grandes courses, renversant tout ce qui se trouve à son passage, comme aussi avec sa mâchoire que l'on fait jouer. Aucun cheval ne peut tenir devant lui ; il épouvante tout. On ne sauroit bien décrire tout le secret de cette machine. Nos Seigneurs les Princes lui firent donner dix louis, et ne pouvaint se lasser de le voir.» (Monseigneur le Duc de Bourgogne avec Monseigneur le Duc de Berri, en visite à Pézenas en 1700).
https://archive.org/stream/archivesdelavill01ress/archivesdelavill01ress_djvu.txt
Emblématique, totémique, derrière un meneur tambourinant en fou du roi, le Poulain cabre et rue, tendant le cou vers les balcons pour quêter, entre ses mâchoires, l’obole des pauvres. Pour carnaval, le mardi-gras est chômé : ça je n’ai pas oublié qu’il n’y a pas école ce jour-là ! Il faut voir cette foule trépidante, suivant, tambour battant, les fifres, grosses caisses et tambourins. Dans un nuage de confettis et de farine, les masques, les farandoles de panèls, comme pris dans une danse de Saint-Blaise, scandent à travers la ville la chanson du Poulain !
Le Poulain toujours à la Ronde des Géants à Steenworde (2006) Commons wikimedia / Auteur Daniel 71953.
Louis VIII avait précisé, dit-on, que l’armature serait en bois de châtaignier. Elle est aujourd’hui légère et démontable, pour prendre l’avion car le Poulain, au patrimoine immatériel de l’Unesco (2005) porte nos couleurs loin dans le monde (Delhi et Bombay dès 1989, Barcelone, la Hongrie...). Et s’il gambade aussi l’été lors de l’inauguration de la Mirondèla dels Arts, le premier août il tient à marquer le lien indéfectible entre la cité et les enfants partis au loin, quand, en chemise blanche, les gros nez moustachus charient sans varier en braillant que «... de Pézenas sen pas de Counas !»
(1) "Lou Lengado ‘s un iòu
Que Pezenas n’es lou mouiòu." (le Languedoc est un œuf et Pézenas en est le jaune).
(2) "Violette de février pour dame et cavalier". Le violet, la couleur, associé au blanc, en particulier au rugby, avec le stade non loin de là d’ailleurs, à gauche avant le passage à niveau de la Grange-des-Prés...
(3) sujette, historiquement, comme tous les cours d'eau descendant de la bordure des Cévennes, à des crues aussi subites que violentes.
Le 18 septembre 1622, lors du siège de Montpellier cité protestante par les troupes royales, un gros orage provoque la crue du Merdanson. François de Bassompierre, Maréchal de France (oct 1622) écrit de mémoire depuis sa cellule (emprisonné à la Bastille de 1631 à 1643... Louis XIII savait être ingrat et cruel...) dans « Journal de ma vie » : « Le 18, la journée fut perdue encore par suite d’un violent orage. Le Merdanson déborda et entraîna plus de cent lansquenets qui s’étaient logés dans des huttes creusées sur le bord de la rivière, pour y trouver un abri contre la chaleur. »
https://fr.wikisource.org/wiki/Journal_de_ma_vie_%28Bassompierre%29/3
(4) les pères de "Bayette" et Patrick, camarades de classe, y travaillent.
(5) Les Huguenots se révoltèrent contre Louis XIII tant leurs craintes étaient grandes de perdre la reconnaissance officialisée sous le règne de son père, Henri IV (Édit de Nantes avril 1598). Les campagnes royales de 1621 et 1622 avaient tout des huit guerres successives désastreuses pour le pays depuis 1560 et marquées par l’ingérence étrangère (Espagne, Savoie, Angleterre). Si le château de Pézenas dut être démonté parce que des nobles locaux avaient pris le parti des protestants, l’inflexibilité royale (massacre de Négrepelisse, forte rançon exigée contre la vie sauve à Saint-Antonin-Noble-Val) aurait pu coûter bien plus cher à la ville...
(6) Estièinou et Estièinetto.
Entre autres sources :
http://amis-pezenas.com/le-patrimoine/les-traditions-populaires/
http://www.herault.fr/2012/03/05/poulain-de-pezenas-un-animal-totemique-star-carnaval-11777
http://www.ville-pezenas.fr/le-poulain-de-pezenas-444/
Ce jour, nous sommes en mars justement et si Pâques se célèbre aussi en avril, mars appelle la mi-carême, cette entorse aux quarante jours, l’étape réconfortante, à mi-chemin, même si Musset insiste sur la valse prenant le pas sur une danse ancienne quand l’instituteur n’en garde que les roses en boutons et le renouveau dont les coteaux frémissent.
Le préau de l'école de garçons qui n'avait pas ou au nom inusité.
Vite, vite, partons à Pézenas où le carnaval respectueux du calendrier religieux marque plutôt le mois de février... Me concernant, c’est une occasion de plus pour voir repasser trois ans de vie ; aussi, je crois pouvoir comprendre l’attachement profond des Piscénois à leur ville, un amour véritable, disons-le, dans lequel l’héritage historique compte beaucoup.
« Viouléto de fébrié, per damo e cavalié » (2) relève Mistral dans le Trésor du Félibrige. Sans plus de précision, je me transporte seulement à Saint-Christol, la campagne du docteur Rolland. C’est vrai qu’au sortir de la mauvaise saison, les violettes pointaient une modestie soyeuse qui s’accordait si bien avec la majesté des grands pins du parc. Au pied du mur d’enceinte, le chemin de l’école rejoignait la rivière qui manquerait au décor. La Peyne, capable du pire en très peu de temps (3), il faut l’imaginer, en 1622, début août, alors que la ville offre ses clés au roi en signe de soumission.
La Peyne depuis la ligne désaffectée du chemin de fer (août 2015).
Une paysanne retrousse son jupon pour passer à gué quand un galant officier la prend en croupe : c’est le maréchal de camp François de Bassompierre ! Mais ce qui est plus étonnant est que les acteurs du joli tableau parcourent toujours les rues, pour carnaval notamment mais pas seulement, juchés sur le poulain, sûrement pour remercier Louis XIII de son indulgence (3)...
Le poulain, le poulain... je pense à tout sauf à lui, sur mon chemin d’écolier... même pas pour une envie de chocolat ! Et quand je passe devant le commissariat (4), le porche imposant, la cour intérieure, les grands platanes pourraient évoquer un haras royal... Sauf qu’à l’aller je ne voudrais pas être en retard et au retour, l’hiver du moins, il fait déjà nuit après l’étude du soir, au CM2, chez Carrère et c’est moi qui trotte une demi-heure avant de sentir l’écurie ! Et pourtant, c’est bien d’ici qu’il part, propre, apprêté, que ses servants se préparent et prennent la pose tandis qu’une escorte survoltée et braillarde excite l’équipage !
Le Poulain de Pézenas en 2006 à Steenworde / commons wikimedia / auteur Lion59.
Tout ça pour un poulain ! Ah non ! pas UN poulain ! LE Poulain ! Unique et là depuis longtemps, très longtemps, bien avant Bassompierre et sa paysanne en amazone ! 1226, les archives en attestent. On le doit à Louis VIII. Le roi alors en croisade contre les Albigeois, doit laisser sa jument préférée, mal en point. A son retour, quelle n’est pas sa surprise quand les habitants le reçoivent avec un poulain cabriolant, paré de rubans et sa jument en pleine forme ! « Oncques, s’exclama le souverain, la bonne ville de Pesenàs ne saura désormais célébrer et festoyer sans que mon poulain royal ne caracole ! » Consuls et marchands de se soumettre en saluant bas... Prospérité et fortune valant mieux que vanité mal placée, le Poulain exprime depuis la gratitude de la ville non sans rappeler toutefois la protection qui lui est due... Sa réputation est à l’aune des visites royales et des grands du royaume ! (5)
C’est qu’il danse et danse bien, le Poulain, toujours accompagné de « aubois », de « petits tambours ». La robe qu’il porte jusqu’à terre est « peinte d’azur » et parsemée de fleurs de lys. Portant un homme et une femme "fort proprement habillés" (6). Il est fort agile et fait des très grandes courses, renversant tout ce qui se trouve à son passage, comme aussi avec sa mâchoire que l'on fait jouer. Aucun cheval ne peut tenir devant lui ; il épouvante tout. On ne sauroit bien décrire tout le secret de cette machine. Nos Seigneurs les Princes lui firent donner dix louis, et ne pouvaint se lasser de le voir.» (Monseigneur le Duc de Bourgogne avec Monseigneur le Duc de Berri, en visite à Pézenas en 1700).
https://archive.org/stream/archivesdelavill01ress/archivesdelavill01ress_djvu.txt
Emblématique, totémique, derrière un meneur tambourinant en fou du roi, le Poulain cabre et rue, tendant le cou vers les balcons pour quêter, entre ses mâchoires, l’obole des pauvres. Pour carnaval, le mardi-gras est chômé : ça je n’ai pas oublié qu’il n’y a pas école ce jour-là ! Il faut voir cette foule trépidante, suivant, tambour battant, les fifres, grosses caisses et tambourins. Dans un nuage de confettis et de farine, les masques, les farandoles de panèls, comme pris dans une danse de Saint-Blaise, scandent à travers la ville la chanson du Poulain !
Le Poulain toujours à la Ronde des Géants à Steenworde (2006) Commons wikimedia / Auteur Daniel 71953.
Louis VIII avait précisé, dit-on, que l’armature serait en bois de châtaignier. Elle est aujourd’hui légère et démontable, pour prendre l’avion car le Poulain, au patrimoine immatériel de l’Unesco (2005) porte nos couleurs loin dans le monde (Delhi et Bombay dès 1989, Barcelone, la Hongrie...). Et s’il gambade aussi l’été lors de l’inauguration de la Mirondèla dels Arts, le premier août il tient à marquer le lien indéfectible entre la cité et les enfants partis au loin, quand, en chemise blanche, les gros nez moustachus charient sans varier en braillant que «... de Pézenas sen pas de Counas !»
(1) "Lou Lengado ‘s un iòu
Que Pezenas n’es lou mouiòu." (le Languedoc est un œuf et Pézenas en est le jaune).
(2) "Violette de février pour dame et cavalier". Le violet, la couleur, associé au blanc, en particulier au rugby, avec le stade non loin de là d’ailleurs, à gauche avant le passage à niveau de la Grange-des-Prés...
(3) sujette, historiquement, comme tous les cours d'eau descendant de la bordure des Cévennes, à des crues aussi subites que violentes.
Le 18 septembre 1622, lors du siège de Montpellier cité protestante par les troupes royales, un gros orage provoque la crue du Merdanson. François de Bassompierre, Maréchal de France (oct 1622) écrit de mémoire depuis sa cellule (emprisonné à la Bastille de 1631 à 1643... Louis XIII savait être ingrat et cruel...) dans « Journal de ma vie » : « Le 18, la journée fut perdue encore par suite d’un violent orage. Le Merdanson déborda et entraîna plus de cent lansquenets qui s’étaient logés dans des huttes creusées sur le bord de la rivière, pour y trouver un abri contre la chaleur. »
https://fr.wikisource.org/wiki/Journal_de_ma_vie_%28Bassompierre%29/3
(4) les pères de "Bayette" et Patrick, camarades de classe, y travaillent.
(5) Les Huguenots se révoltèrent contre Louis XIII tant leurs craintes étaient grandes de perdre la reconnaissance officialisée sous le règne de son père, Henri IV (Édit de Nantes avril 1598). Les campagnes royales de 1621 et 1622 avaient tout des huit guerres successives désastreuses pour le pays depuis 1560 et marquées par l’ingérence étrangère (Espagne, Savoie, Angleterre). Si le château de Pézenas dut être démonté parce que des nobles locaux avaient pris le parti des protestants, l’inflexibilité royale (massacre de Négrepelisse, forte rançon exigée contre la vie sauve à Saint-Antonin-Noble-Val) aurait pu coûter bien plus cher à la ville...
(6) Estièinou et Estièinetto.
Entre autres sources :
http://amis-pezenas.com/le-patrimoine/les-traditions-populaires/
http://www.herault.fr/2012/03/05/poulain-de-pezenas-un-animal-totemique-star-carnaval-11777
http://www.ville-pezenas.fr/le-poulain-de-pezenas-444/
http://www.dailymotion.com/video/x33bisc_2015-pezenas-retour-des-machous_fun
samedi 27 février 2016
LES FÉCOS DE LIMOUX ! / Aude & Languedoc.
Chauvin, le Languedocien ? Que nenni ! A des lieues du parisien nombrilisme hautain ! Regardez, nous avons parlé des Grecs, des Romains, du Vallespir, de Brigitte... Entre parenthèses, nous n’avions pas grand chose, le long de l’Aude sinon la soupe à la grimace... Soit... Il n’empêche, l’ouverture d’esprit, l’hospitalité datant des troubadours nous ont vu saluer d’abord la Sardaigne, les pays de Bade et de Bâle, l’Alsace avant de revenir en Provence et aujourd’hui seulement à Limoux, chez nous !
« Fausse modestie ! » persiflent les mauvais coucheurs, que de garder le meilleur pour la fin. Aco peiçèmplé ! Ça par exemple ! « Fausse modestie » ? Et l’article avec « Charité bien ordonnée... » tout au début, c’est pas de la modestie peut-être ? Et polie qui plus est ! Quant à garder le meilleur pour la fin, y a à boire et à manger, comme on dit ! A la noce de mon pauvre cousin Jojo, chez Paule, figurez-vous que plus que les choux de la pièce montée, c’est la poule à la crème du soir qui... Et puis zut, vous embêtez à force, que même le vocabulaire atteste de notre ouverture, de notre prévenance, avec toutes ces variantes de l’occitan que les tenants d’une normalisation à la parisienne voudraient niveler, d’ailleurs ! As pas vist ! Revenons à Carnabal !
Limoux, jolie ville du Razès, entre la plaine et les piémonts pyrénéens. Sur les coteaux bordant l’Aude, les vignes de notre Blanquette si pétillante, de Limoux pardi ! Si gamins, nous disions « Va à Limoux avec les fous ! », ce serait plus plaisant aujourd’hui d’aller faire les fous au carnaval sans pareil de Limoux, le plus long du monde (de début janvier à fin mars) ! Enfin, faut le dire vite car, loin de la folie et du désordre, ce qui reste respectable répond à des us et des règles strictes : nous l’avons déjà constaté pour les traditions carnavalesques entrevues.
Ici, depuis le Moyen-Age et, sans que cela ne nous étonne, en lien avec les fêtes des Romains, le carnaval, toujours en délicatesse avec les autorités réticentes, s’ébranle le premier dimanche de janvier avec la visite des meuniers à la sous-préfecture (1). Composés de membres de toutes les bandes du Comité, ils viennent négocier des taxes toujours trop fortes et nombreuses. Leur visite perpétue donc une tradition moyenâgeuse entre nous, si prenante et d’actualité. Sûr que bientôt nous ferons carnaval au moins six mois dans l’année avec des impôts toujours plus forts, toujours plus hauts ! Le conseil départemental, l’Hôtel des Impôts, dignes héritiers du grand bouteiller, du sénéchal et de la Ferme Générale peltirent et étrillent aujourd’hui, hélas plus au profit des nobles politiques et de son clergé administratif ad hoc que d’une pauvre France en capilotade ! Et comme les gueux ne se font Croquants que réduits en va-nu-pieds, autant épancher ses rancœurs comme on évacue la pression et son stress grâce au carnaval, macarel !
Autant passer un bon moment, faute de zénitude accessible, en fin de semaine, de janvier à mars, avec les fécos, pareillement déguisés, sous les arcades de la place. Aux bandes officielles se joignent celles du samedi. Pour donner une idée, le calendrier 2015 - 2016 a programmé près de 70 sorties avec 35 bandes, sans compter les jours pour les enfants des écoles et les sorties générales ! 700 participants costumés suivant un thème et derrière, les déguisements ordinaires !
Un mot encore pour la musique sans laquelle le carnaval ne serait pas : trois ensembles, La Band’annonce, les Hauts de l’Aude et la Bande à Dédé ne sont pas de trop pour animer les sorties, parfois secondées par l’Escola de Bodega, « La plus belle des cornemuses par son volume, sa sonorité, sa personnalité et la culture qu’elle porte » https://www.facebook.com/boudegue/info/?tab=page_info. Notons qu’avec des airs plus universels, un effort est fait pour réveiller et réhabiliter des partitions locales avant qu’elles ne se perdent.
Il y aurait tant à dire encore sur les thèmes mais je ne vais pas faire la rasségo contre des politiques et des institutions trop orgueilleuses et hautaines qui dominent plutôt qu’elles ne servent. Allez voir tous les sites, les vidéos sur le carnaval et mieux encore allez donc à Limoux, sous les arcades !
Vite, vite, parce qu’avec la grisaille ou un soleil qu’il serait idiot de blâmer, le printemps fait déjà entendre ses galoches. Et avant que le cycle ne nous ramène carnaval, je veux encore aller à Pézenas puis rentrer chez moi avant que les fleurs et les pousses tendres ne rhabillent les oripeaux de l’hiver.
« Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ;
Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon... »
Alfred de Musset « A la mi-carême »
(1) suite aux attentats qui ont endeuillé l’année 2015, cette rencontre bon enfant a été, et on le comprend, annulée.
photos autorisées commons wikimedia
1. Limoux Place de la République auteur Pinpin.
2. Pierrots 2007 auteur tagon.
3. Pierrot bleu 2007 auteur tagon.
4. Limoux 2008 auteur Pinpin.
5. Limoux Pierrot et godilhs auteur Guilhelma.
mardi 16 février 2016
LE CARNAVAL EST À LA CULTURE CE QUE LA CULTURE EST À L’ÂME DES PEUPLES... / Europe
Tandis que nos villages dortoirs sont en danger de délitement, des "pays" moins dilués dans la modernité restent droits parce qu’ils tiennent à leurs traditions.
Je pense à la Sardaigne, aux pays du Rhin dont l’Alsace, aux caractères méditerranéen et alémanique apparemment éloignés, aux ressources économiques à l’opposé mais si proches pour la protection d’une identité particulière, nourrie de tout ce que l’imagination a pu construire concernant le rythme en commun des saisons et, plus particulièrement, le passage de l’hiver au printemps si bien annoncé et traduit par la fête de carnaval. Mêlant les rites agraires, pastoraux et de fertilité, le culte des forces de la nature, les célébrations étaient aussi l’occasion de bouleverser l’ordre établi. Alors, les pauvres prenaient la place des riches et les administrés celle des autorités qui leur remettaient symboliquement les clés de la cité, avant que tout ne rentre dans l’ordre avec ses dominants, ses dominés et au-dessus de tous la puissance divine imposant les rigueurs d’un carême de quarante jours, la vraie période où on enlève la viande, du latin "carnelevare".
Ce legs, véritable liant identitaire, nous le retrouvons, plus près de nous, en Provence et en Languedoc, dans des villes d’une certaine taille, autour de 10000 habitants (est-ce dû à un effet de seuil ?), comme Limoux et Pézenas.
Après ce petit tour d’horizon et non sans nous rassurer de ce qui reste dans le verre, espérons-le, à moitié plein, de notre village, nous reviendrons feuilleter l’album des carnavals passés, à Fleury.
Sous des attraits spectaculaires, la signification de ces festivités va bien au-delà du pittoresque destiné aux touristes. Nous ne sommes pas en présence d’attractions commerciales et le folklore n’a rien d’un artifice destiné à appâter le chaland ! Au sens premier du mot "FOLKLORE", il faut lier l’anthropologie, la science de la culture, des usages et des arts d’un peuple. Allez donc feuilleter la vieille revue audoise FOLKLORE (de 1938 à 1988 ! / accessible sur le Net) : ce n’est pas pour déprécier nos racines que des intellectuels de premier plan se sont engagés ! Ce n’est pas parce que les syndicats d’initiatives et les comités de tourisme veulent gagner des visiteurs que les locaux doivent perdre leur âme !
Sans âme, un peuple ne résiste pas à ce qu’on appelle, un peu trop vite, le progrès, dans ce qu’il a du rouleau-compresseur, sous l’emprise de l’argent-roi. Ainsi, le tourisme de masse n’est-il pas en train de faire mourir Venise, pendant et en dehors du temps de carnaval ? Ailleurs, du moins là où subsiste avant tout le souffle de la transmission, nombreux sont les émigrés qui prennent leurs congés pour se replonger dans leurs racines, en réintégrant la société du cru, à la place qui est la leur.
En Sardaigne, ceux du continent reviennent pour carnaval, dans la Barbagia montagneuse. Vêtus de peaux de chèvres noires ou de moutons blancs, lestés d’une trentaine de kilos de cloches sur le dos, affublés d’effrayants masques noirs, les Mathumones défilent dans les rues et passent manger et boire dans les maisons.
Je pense à la Sardaigne, aux pays du Rhin dont l’Alsace, aux caractères méditerranéen et alémanique apparemment éloignés, aux ressources économiques à l’opposé mais si proches pour la protection d’une identité particulière, nourrie de tout ce que l’imagination a pu construire concernant le rythme en commun des saisons et, plus particulièrement, le passage de l’hiver au printemps si bien annoncé et traduit par la fête de carnaval. Mêlant les rites agraires, pastoraux et de fertilité, le culte des forces de la nature, les célébrations étaient aussi l’occasion de bouleverser l’ordre établi. Alors, les pauvres prenaient la place des riches et les administrés celle des autorités qui leur remettaient symboliquement les clés de la cité, avant que tout ne rentre dans l’ordre avec ses dominants, ses dominés et au-dessus de tous la puissance divine imposant les rigueurs d’un carême de quarante jours, la vraie période où on enlève la viande, du latin "carnelevare".
Ce legs, véritable liant identitaire, nous le retrouvons, plus près de nous, en Provence et en Languedoc, dans des villes d’une certaine taille, autour de 10000 habitants (est-ce dû à un effet de seuil ?), comme Limoux et Pézenas.
Après ce petit tour d’horizon et non sans nous rassurer de ce qui reste dans le verre, espérons-le, à moitié plein, de notre village, nous reviendrons feuilleter l’album des carnavals passés, à Fleury.
Sous des attraits spectaculaires, la signification de ces festivités va bien au-delà du pittoresque destiné aux touristes. Nous ne sommes pas en présence d’attractions commerciales et le folklore n’a rien d’un artifice destiné à appâter le chaland ! Au sens premier du mot "FOLKLORE", il faut lier l’anthropologie, la science de la culture, des usages et des arts d’un peuple. Allez donc feuilleter la vieille revue audoise FOLKLORE (de 1938 à 1988 ! / accessible sur le Net) : ce n’est pas pour déprécier nos racines que des intellectuels de premier plan se sont engagés ! Ce n’est pas parce que les syndicats d’initiatives et les comités de tourisme veulent gagner des visiteurs que les locaux doivent perdre leur âme !
Sans âme, un peuple ne résiste pas à ce qu’on appelle, un peu trop vite, le progrès, dans ce qu’il a du rouleau-compresseur, sous l’emprise de l’argent-roi. Ainsi, le tourisme de masse n’est-il pas en train de faire mourir Venise, pendant et en dehors du temps de carnaval ? Ailleurs, du moins là où subsiste avant tout le souffle de la transmission, nombreux sont les émigrés qui prennent leurs congés pour se replonger dans leurs racines, en réintégrant la société du cru, à la place qui est la leur.
En Sardaigne, ceux du continent reviennent pour carnaval, dans la Barbagia montagneuse. Vêtus de peaux de chèvres noires ou de moutons blancs, lestés d’une trentaine de kilos de cloches sur le dos, affublés d’effrayants masques noirs, les Mathumones défilent dans les rues et passent manger et boire dans les maisons.
Plus au nord, entre le pays de Bâle, celui de Bade, la Forêt-Noire et l’Alsace, ce sont des sorcières, des fous, des hommes sauvages, des gnomes de la forêt, des « pleureurs », des balayeurs de l'hiver, des diables aux escargots armés de vessies de porcs qui investissent les rues. En Suisse, dès janvier, on fête les démons pour mieux les chasser. Néanmoins, ce qui pourrait s’apparenter à un grand désordre est au contraire très encadré : les rôles sont définis, les masques et déguisements rituels réservés aux habitants, un peu comme à des initiés. L’ivrognerie est interdite. Quant aux visiteurs, si la participation est autorisée, ils ne peuvent que suivre sans se mêler aux personnages institutionnels. Nous retrouvons là la prévalence de tout ce qui, dans une communauté, fait l’héritage, la transmission d’un patrimoine, d’une histoire partagée jusqu'à une certaine limite et ne se monnayant pas ! Parmi ces festivités authentiques, citons, entre le 3 et le 17 février, Gegenbach, Emmendingen, Freiburg-im-Breisgau (Allemagne), Hoerdt, Sélestat et Mulhouse (Alsace), et pour finir Bâle en Suisse.
http://bons-baisers-du-rhin-superieur.com/carnaval-vallee-du-rhin-bale-mulhouse-selestat-alsace-emmendingen-freiburg/
http://bons-baisers-du-rhin-superieur.com/carnaval-vallee-du-rhin-bale-mulhouse-selestat-alsace-emmendingen-freiburg/
Plus près de nous, en Provence, entre les farandoles et autres danses, la jeunesse multiplie les farces. Par le passé, avec les cocus, le boulanger aussi était visé : le jeu (1) consistait à lui faire ouvrir la fenêtre pour le badigeonner avec le patarassoun, le chiffon au bout d’une perche servant habituellement à nettoyer le four ! Le mercredi des Cendres, ils quêtaient de maison en maison avant de promener Caramentran (Carême entrant), le mannequin aux traits de quelqu’un connu au village. La danse grivoise des boufèts enfarinés, portant bonnets, chemises de femmes et se soufflant au cul pour calmer les ardeurs, rythmait (et rythme encore heureusement, en quelques lieux !), la procession ! Le procès de Caramentran toujours condamné au bûcher clôt la journée tandis que l’assistance chante « Adiou pauré Carnaval » (musique attribuée à Giovanni Battista Pergolesi (1710 - 1736), reprise plus tard dans « Bonne nuit les petits »).
Adiou pauré Carnaval
Adiou pauré, adieu pauré,
Adieu pauré Carnaval
Teu t'en vas e ieu demouri
Adiou pauré Carnaval
Teu t'en vas e ieu demouri
Per manjar la soupo a l'alh
Per manjar la soupo a l'òli
Per manjar la soupo a l'alh
Adiou pauré, adiou pauré,
Adieu pauré Carnaval
La joinessa fa la fèsto
Per saleudar Carnaval
La Maria fa de còcos
Amb la farino de l'oustal
Lou biòu dença, l'ase canta
Lou moutoon dis sa leiçoun
La galina canto lou Credo
E lo gat dis lou Pater
Adieu, pauvre, adieu pauvre, / Adieu pauvre Carnaval / Tu t'en vas et moi je reste / Adieu pauvre Carnaval / Tu t'en vas et moi je reste / Pour manger la soupe à l'ail / Pour manger la soupe à l'huile.
La jeunesse fait la fête / Pour saluer Carnaval / la Marie fait des coques / Avec la farine de la maison.
Le bœuf danse, l’âne chante / Le mouton dit sa leçon / La poule chante le credo / Et le chat dit le pater.
La suite au prochain numéro !
Iéu m’en vau et teu demoures per manjar ta soupo à la grimaço !
Comment ? on rouspète qu’il manque Limoux, et Pézenas, et les rogatons de Fleury !
Sans rigoler, pensez donc à ceux qui abandonnent la lecture en cours de route ! Et puis, comme le disait aux bigotes, en parlant des hosties, notre bedeau dont le panel sortait de la braguette ouverte « N’y aura per toutis ! »
Et surtout n’oublions pas que ces carnavals sont d’autant plus proches qu’ils nous renvoient aux nôtres de festivités !
PS : merci aux Mathumones de la Barbagia, merci pour ces bons baisers du Rhin supérieur. Recevez en retour, les meilleurs poutouns (baisers en occitan) de Fleury d'Aude en Languedoc !
(1) de nombreuses variantes dont une, décalée, avec du sang et un coup de fusil, à Fleury, en haut de la rue Neuve...
photos autorisées commons wikimédia :
1. carnaval Waggis à Bâle 2013 auteur Gzzz.
2. carnaval Mamuthone de Mamoiada Sardaigne.
3. carnaval Mulhouse auteur Florival fr.
4. carnaval (Fastnacht) Schuttig d'Elzach 2014 (Forêt Noire) auteur Andreas Praefcke.
5. carnaval Kartunger Fastnacht 2010 auteur Immanuel Giel.
6. carnaval Waggis à Bâle 2013 auteur Gzzz.
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dimanche 14 février 2016
POUR CARNAVAL, LA SOUPE A LA GRIMACE (1)... / Fleury d'Aude en Languedoc
Charité bien ordonnée dit-on... sauf qu’à Fleury, visiblement, nous en resterons à ressasser des souvenirs des carnavals d’antan... A ce jour, c’est l’indigence complète sur les pages municipales. Les rues en fête sont plus légitimes sans doute... Et entre nous, pour quelle fête ?
A Salles, si le carnaval est célébré en mai, bien après la bataille, le référencement informatique fait vraiment mauvaise impression... Les premières pages suggérées, en effet, sont d’un effet... morbide ! En cause, ces velléités de blog et de page facebook mort-nées dès 2011, le jour même de leur création ! Le fulgurant irresponsable en question ne pourrait-il faire preuve d’un bon geste en effaçant tout ?
A Lespignan, si la mairie classe son carnaval et la "Corbeille Jolie" dans les « temps forts » de la commune, les dragées, les quatre hauts de forme et les cannes à pommeaux ne sauraient nous faire oublier les meuniers et la bufatière (la danse du soufflet) des années 70... Obligé de regagner Lyon, le sourire plutôt forcé et le moral dans les chaussettes, je devais faire bonne figure pour passer au pas les nuages de farine et les masques moqueurs... Et que dire quand tout un passé se retrouve soufflé avec la démolition de la cave coopérative qui exposait ses jolies grappes au soleil couchant ? Dois-je ajouter, au comble de ma déprime, que me reviennent aussi les trognes rubicondes des Belges en goguette, ceux du jumelage, dans un pays de cocagne où le vin coulait de source ? Que reste-t-il sinon une journée de vendanges à l’ancienne ? Bien sûr que c’est bien pour les jeunes... Bien sûr que j’en deviens odieux... mais pour nous qui avons vécu cette époque et goûté, entre parenthèses, un fameux merlot d’ici, même s’il nous reste l’orchestre sous les platanes devant l’école, c’est surtout la boule dans la gorge qui ne passe pas...
A Vinassan, le site de la mairie annonce le carnaval dans sa galerie de photos... je cherche encore même si j’apprécie, en passant, la jolie collection sur les vendanges et encore une coopérative aujourd’hui disparue !.. Le "sang de la vigne" sans doute... (2)
A Armissan, après des carnavals à vélos (sic), le comité des fêtes a œuvré, en 2014, pour relancer la danse traditionnelle de la bufatière. Hélas, l’année 2015 a déçu avec une petite trentaine seulement de costumés en rouge et blanc et trop peu de monde pour les fêter le long des rues. Pour voir une belle affluence, il faut faire défiler les photos des carnavals du début du siècle (jusqu’en 1920) avec calèches, chariots et chevaux !
http://www.armissan.eu/gallery.php
A Coursan, loin des « grandes heures » louées par Jean Camp, ils font seulement la pub pour le carnaval de Narbonne (3) !
Narbonne a calqué son carnaval sur le calendrier religieux. Le ROI DE LA MUSIQUE était le thème de cette année avec élection de la reine, une dizaine de chars et 500 carnavaliers, etc. http://www.narbonneenfete.com/accueil.html
A Espéraza (4) où la ville illumine la dernière cheminée d’un glorieux passé industriel (chapeaux, chaussures, plastiques, isolants), la sortie des ermites (chemise de femme, chapeau melon, noir de fumée sur le visage et maquillage au charbon) marque le carnaval depuis 1930. Le lendemain du mercredi des Cendre, accompagnés de musiciens et d’un répertoire d’airs choisis, ils passaient dans les ateliers pour chiner les filles et les patrons chapeliers. Le vin chaud, le cocu promené sur un âne, une croix où pendaient saucisses et saucissons faisaient partie de la fête. S’ils font encore le vin chaud, est-ce toujours dans le pèirol de 50 litres ?
A Quillan, c’est au printemps. Carrément en avril, hors délais, hors sujet même, et les costumes qui y sont particulièrement soignés ne tempèrent pas mon sentiment.
https://www.facebook.com/FecosDeQuillan
Carnavals perdus, retrouvés puis reperdus comme à Fleury, Salles, Armissan, Lespignan et malencontreusement, à Carcassonne aussi où la municipalité n’a rien voulu savoir alors que depuis le retour de Carnaval en 2011, la fête allait crescendo (passo-carriéro (5), jugement, crémation, bal masqué).
Avant de me laisser aller à ne plus trouver grâce à des carnavals manquant de spontanéité, plus que pour ces cavalcades et autres corsos fleuris des beaux jours retrouvés mais qui ne valent pas symbole, je vais d’abord chercher du réconfort avec des festivités qui elles, durent et perpétuent une tradition d’optimisme, ancrée dans la nuit des temps et si importante pour se projeter dans le futur... Au moins, avec ces carnavals vrais, nos souvenirs de Fleury peuvent-ils reprendre leurs couleurs.
photo et vidéo autorisées / Le Poulain de Pézenas en Hongrie !
https://www.youtube.com/watch?v=NTZzbX8fCZM
(1) Avertissement préalable : attention à ces prestataires de services (à titre gracieux j’espère) qui annoncent «Toutes vos informations locales à...» et qui, avec une même page et de mystérieux beignets de carnaval, changent seulement le nom de la localité !
(2) à Vinassan des lotos, dont deux dits « des pantigues », jusqu’à la fin du mois de mars !
photos coopé de Vinassan http://www.vinassan.fr/module/9,,26/detail/4/u_vendanges_d__039antan.html
(3) à Coursan le loto existe encore ! / 16 quines, 4 cartons pleins, 10 € les 6 cartons.
https://www.facebook.com/257723454273782/photos/a.270694056310055.64514.257723454273782/1044244152288371/?type=3&theater
(4) à Espéraza, le loto existe encore ! (GRAND LOTO DE LA FERIA ce soir à 21 h / 14 quines, 4 cartons pleins / lots divers dont jambons / 10 € les 3 cartons) ! Plus cher qu'à Coursan !
(5) plutôt un défilé en sens unique même si les taquineries, le lancer de confettis ou de farine ont quelque chose de commun avec le passo-carriéiro, cette promenade au soir des beaux jours, en allers et retours, manière, pour les adultes souvent en couples, de se "passéjer", de voir "le mouvement", de saluer, d’être vus aussi par ceux prenant le frais sur les perrons et devants-de-porte... L’occasion bien sûr, pour les uns et les autres, de commenter, avec tout ce que l’affection et la médisance peuvent inspirer, plus loin, à voix basse, après la rencontre et les échanges claironnants.
Ce passo-carrièiro est aussi pratiqué par la jeunesse, le dimanche ou lors des fêtes. Pour le groupe des garçons, il consiste à croiser celui des filles, à plaisanter, à lancer des piques, à provoquer. Les filles, elles, répondent et se moquent allègrement... C’est une approche parfois à l’origine de liaisons, de mariages à venir.
Pratiqué aussi par les garçons seuls et souvent tard dans la nuit, quand les cafés ont fermé... Après quelques tours du village en suivant l'ancienne ligne des remparts et des portes, il y en a toujours un qui propose un tour de plus !
Pour les vendanges et sûrement parce que nos amis espagnols venaient en nombre, après la toilette de fin de journée, se formaient aussi les groupes de filles fraîches et de garçons brillantinés, enhardis dès le noman’s land entre la dernière ampoule du village et la nuit... (vers 1964, les néons)
Tout ça pour dire qu’ils sont bien gentils, à Carcassouno, de parler de passo-carrièiro alors qu’il s’agissait d’un défilé ! Il n'empêche : ils ne méritaient pas d'être ainsi traités par la mairie !
A Salles, si le carnaval est célébré en mai, bien après la bataille, le référencement informatique fait vraiment mauvaise impression... Les premières pages suggérées, en effet, sont d’un effet... morbide ! En cause, ces velléités de blog et de page facebook mort-nées dès 2011, le jour même de leur création ! Le fulgurant irresponsable en question ne pourrait-il faire preuve d’un bon geste en effaçant tout ?
A Lespignan, si la mairie classe son carnaval et la "Corbeille Jolie" dans les « temps forts » de la commune, les dragées, les quatre hauts de forme et les cannes à pommeaux ne sauraient nous faire oublier les meuniers et la bufatière (la danse du soufflet) des années 70... Obligé de regagner Lyon, le sourire plutôt forcé et le moral dans les chaussettes, je devais faire bonne figure pour passer au pas les nuages de farine et les masques moqueurs... Et que dire quand tout un passé se retrouve soufflé avec la démolition de la cave coopérative qui exposait ses jolies grappes au soleil couchant ? Dois-je ajouter, au comble de ma déprime, que me reviennent aussi les trognes rubicondes des Belges en goguette, ceux du jumelage, dans un pays de cocagne où le vin coulait de source ? Que reste-t-il sinon une journée de vendanges à l’ancienne ? Bien sûr que c’est bien pour les jeunes... Bien sûr que j’en deviens odieux... mais pour nous qui avons vécu cette époque et goûté, entre parenthèses, un fameux merlot d’ici, même s’il nous reste l’orchestre sous les platanes devant l’école, c’est surtout la boule dans la gorge qui ne passe pas...
A Vinassan, le site de la mairie annonce le carnaval dans sa galerie de photos... je cherche encore même si j’apprécie, en passant, la jolie collection sur les vendanges et encore une coopérative aujourd’hui disparue !.. Le "sang de la vigne" sans doute... (2)
A Armissan, après des carnavals à vélos (sic), le comité des fêtes a œuvré, en 2014, pour relancer la danse traditionnelle de la bufatière. Hélas, l’année 2015 a déçu avec une petite trentaine seulement de costumés en rouge et blanc et trop peu de monde pour les fêter le long des rues. Pour voir une belle affluence, il faut faire défiler les photos des carnavals du début du siècle (jusqu’en 1920) avec calèches, chariots et chevaux !
http://www.armissan.eu/gallery.php
A Coursan, loin des « grandes heures » louées par Jean Camp, ils font seulement la pub pour le carnaval de Narbonne (3) !
Narbonne a calqué son carnaval sur le calendrier religieux. Le ROI DE LA MUSIQUE était le thème de cette année avec élection de la reine, une dizaine de chars et 500 carnavaliers, etc. http://www.narbonneenfete.com/accueil.html
A Espéraza (4) où la ville illumine la dernière cheminée d’un glorieux passé industriel (chapeaux, chaussures, plastiques, isolants), la sortie des ermites (chemise de femme, chapeau melon, noir de fumée sur le visage et maquillage au charbon) marque le carnaval depuis 1930. Le lendemain du mercredi des Cendre, accompagnés de musiciens et d’un répertoire d’airs choisis, ils passaient dans les ateliers pour chiner les filles et les patrons chapeliers. Le vin chaud, le cocu promené sur un âne, une croix où pendaient saucisses et saucissons faisaient partie de la fête. S’ils font encore le vin chaud, est-ce toujours dans le pèirol de 50 litres ?
A Quillan, c’est au printemps. Carrément en avril, hors délais, hors sujet même, et les costumes qui y sont particulièrement soignés ne tempèrent pas mon sentiment.
https://www.facebook.com/FecosDeQuillan
Carnavals perdus, retrouvés puis reperdus comme à Fleury, Salles, Armissan, Lespignan et malencontreusement, à Carcassonne aussi où la municipalité n’a rien voulu savoir alors que depuis le retour de Carnaval en 2011, la fête allait crescendo (passo-carriéro (5), jugement, crémation, bal masqué).
Avant de me laisser aller à ne plus trouver grâce à des carnavals manquant de spontanéité, plus que pour ces cavalcades et autres corsos fleuris des beaux jours retrouvés mais qui ne valent pas symbole, je vais d’abord chercher du réconfort avec des festivités qui elles, durent et perpétuent une tradition d’optimisme, ancrée dans la nuit des temps et si importante pour se projeter dans le futur... Au moins, avec ces carnavals vrais, nos souvenirs de Fleury peuvent-ils reprendre leurs couleurs.
photo et vidéo autorisées / Le Poulain de Pézenas en Hongrie !
https://www.youtube.com/watch?v=NTZzbX8fCZM
(1) Avertissement préalable : attention à ces prestataires de services (à titre gracieux j’espère) qui annoncent «Toutes vos informations locales à...» et qui, avec une même page et de mystérieux beignets de carnaval, changent seulement le nom de la localité !
(2) à Vinassan des lotos, dont deux dits « des pantigues », jusqu’à la fin du mois de mars !
photos coopé de Vinassan http://www.vinassan.fr/module/9,,26/detail/4/u_vendanges_d__039antan.html
(3) à Coursan le loto existe encore ! / 16 quines, 4 cartons pleins, 10 € les 6 cartons.
https://www.facebook.com/257723454273782/photos/a.270694056310055.64514.257723454273782/1044244152288371/?type=3&theater
(4) à Espéraza, le loto existe encore ! (GRAND LOTO DE LA FERIA ce soir à 21 h / 14 quines, 4 cartons pleins / lots divers dont jambons / 10 € les 3 cartons) ! Plus cher qu'à Coursan !
(5) plutôt un défilé en sens unique même si les taquineries, le lancer de confettis ou de farine ont quelque chose de commun avec le passo-carriéiro, cette promenade au soir des beaux jours, en allers et retours, manière, pour les adultes souvent en couples, de se "passéjer", de voir "le mouvement", de saluer, d’être vus aussi par ceux prenant le frais sur les perrons et devants-de-porte... L’occasion bien sûr, pour les uns et les autres, de commenter, avec tout ce que l’affection et la médisance peuvent inspirer, plus loin, à voix basse, après la rencontre et les échanges claironnants.
Ce passo-carrièiro est aussi pratiqué par la jeunesse, le dimanche ou lors des fêtes. Pour le groupe des garçons, il consiste à croiser celui des filles, à plaisanter, à lancer des piques, à provoquer. Les filles, elles, répondent et se moquent allègrement... C’est une approche parfois à l’origine de liaisons, de mariages à venir.
Pratiqué aussi par les garçons seuls et souvent tard dans la nuit, quand les cafés ont fermé... Après quelques tours du village en suivant l'ancienne ligne des remparts et des portes, il y en a toujours un qui propose un tour de plus !
Pour les vendanges et sûrement parce que nos amis espagnols venaient en nombre, après la toilette de fin de journée, se formaient aussi les groupes de filles fraîches et de garçons brillantinés, enhardis dès le noman’s land entre la dernière ampoule du village et la nuit... (vers 1964, les néons)
Tout ça pour dire qu’ils sont bien gentils, à Carcassouno, de parler de passo-carrièiro alors qu’il s’agissait d’un défilé ! Il n'empêche : ils ne méritaient pas d'être ainsi traités par la mairie !
vidéo autorisée / Le Poulain de Pézenas en Hongrie !
https://www.youtube.com/watch?v=NTZzbX8fCZM
https://www.youtube.com/watch?v=NTZzbX8fCZM
mercredi 10 février 2016
FÉVRIER DE TOUTES LES CROYANCES / Fleury d'Aude en Languedoc.
Se référer aux racines chrétiennes de l’Europe n’est pas plus faux que d’en appeler à ses croyances aussi diverses qu’originelles, brassées avec des apports de la Grèce antique puis de Rome. Après la fête de Noël calquée sur le "sol invictus" et les saturnales des Romains, le mois de février illustre ces influences multiples.
Le 2 février célèbre la Chandeleur et si nous pensons aussitôt aux crêpes à faire sauter avec une pièce dans l’autre main, ce sont toujours les vœux de paix, de lumière, de prospérité, de fertilité qui sont invoqués comme lors des dionysies champêtres des Grecs anciens (déc-avr), les saturnales des Romains dont la portée dépasse la période du solstice d’hiver avec la galette "du" roi de la fête et l’origine du carnaval.
Dans le calendrier chrétien, concernant Jésus, le 2 février reprend les préceptes juifs de présentation de l’enfant circoncis au Temple. A y regarder de plus près, la volonté hégémonique des monothéismes n’a pas réussi à éradiquer les croyances plus anciennes : la Chandeleur suit la fête de Brigitte la déesse celtique récupérée en tant que sainte et la crêpe passe avant l’acception religieuse... comme, serait-ce l'inverse, Notre-Dame-De-Paris occulte les temples préexistants à Jupiter et plus loin encore aux dieux gaulois...
Sans s’en foutre comme de l’an quarante, mentionnons aussi et néanmoins la symbolique des quarante jours après Noël, de cette présentation de l’enfant liée ou non au cycle de la femme, des quarante jours du carême après les excès tolérés du carnaval...
Revenons à notre Sud avec en particulier nos cousins catalans qui, de Prats-de-Mollo à Arles-sur-Tech, fêtent l’ours du Vallespir. L’ours encore qui marque de sa présence toute la chaîne des Pyrénées, du Roussillon au Béarn en passant par les pays de Sault, de Foix, le Donézan, le Couserans, le Val d'Aran, le Nébouzan, la Bigorre, le Comminges, le Lavedan... manière de réviser et surtout de rêver !
Raison supplémentaire : Frédéric Mistral n’a pas manqué de relever de nombreux proverbes à propos de l’ours dont ceux liés au réveil du plantigrade durant l’hiVernation. Contrairement aux animaux qui hiBernent, celui-ci, en effet, se réveille et sort voir le temps qu’il fait.
Ainsi, à l’entrée "Candelour", le Trésor du Félibrige fait mention de l’attitude, surprenante pour nous, de l’ours :
« A la Candelouso l’ourse fai tres saut
Foro de soun trau :
S’es nivo, s’envai ;
Se faï soulèu, intro maï
E sort plus de quaranto jour. »
Un proverbe languedocien confirme :
« Quand fa soulel pèr N.-D. de Febrié, l’ours ramasso de bos pèr quaranto jours de mai.» (chez nous on dit plutôt « de bouès », phonétiquement, pour le bois à brûler alors que « lou bosc » est le bois en tant qu’ensemble d’arbres, bosquet, forêt de petite taille).
Dans le Béarn, par contre :
« Desempuich la Candelèro Quaranto dies d’ibèr que i a encouèro,
L’ours alabets qu’ei entutat :
Si hè sourelh, aquel die, que plouro
E dits que l’ibèr ei darrè ;
Si mechant tems hè,
Que dits que l’ibèr ei passat. » (?)
Si l’hivernant de Pau, François Bayrou veut bien traduire...
Après les proverbes en contradiction (mais c'est banal), la polémique de l’ours, celle des crêpes. Excusez-moi de le faire exprès mais il me semble qu’à Fleury, si on apprécie aussi les crêpes ("crespeu", "pascajou" pour Mistral), l’époque était traditionnellement aux oreillettes, las aurihetos (pas de «lh»), ce dessert, cette douceur d’Occitanie marquant la Chandeleur, Mardi-Gras sinon Noël.
Le 2 février célèbre la Chandeleur et si nous pensons aussitôt aux crêpes à faire sauter avec une pièce dans l’autre main, ce sont toujours les vœux de paix, de lumière, de prospérité, de fertilité qui sont invoqués comme lors des dionysies champêtres des Grecs anciens (déc-avr), les saturnales des Romains dont la portée dépasse la période du solstice d’hiver avec la galette "du" roi de la fête et l’origine du carnaval.
Dans le calendrier chrétien, concernant Jésus, le 2 février reprend les préceptes juifs de présentation de l’enfant circoncis au Temple. A y regarder de plus près, la volonté hégémonique des monothéismes n’a pas réussi à éradiquer les croyances plus anciennes : la Chandeleur suit la fête de Brigitte la déesse celtique récupérée en tant que sainte et la crêpe passe avant l’acception religieuse... comme, serait-ce l'inverse, Notre-Dame-De-Paris occulte les temples préexistants à Jupiter et plus loin encore aux dieux gaulois...
Sans s’en foutre comme de l’an quarante, mentionnons aussi et néanmoins la symbolique des quarante jours après Noël, de cette présentation de l’enfant liée ou non au cycle de la femme, des quarante jours du carême après les excès tolérés du carnaval...
Revenons à notre Sud avec en particulier nos cousins catalans qui, de Prats-de-Mollo à Arles-sur-Tech, fêtent l’ours du Vallespir. L’ours encore qui marque de sa présence toute la chaîne des Pyrénées, du Roussillon au Béarn en passant par les pays de Sault, de Foix, le Donézan, le Couserans, le Val d'Aran, le Nébouzan, la Bigorre, le Comminges, le Lavedan... manière de réviser et surtout de rêver !
Raison supplémentaire : Frédéric Mistral n’a pas manqué de relever de nombreux proverbes à propos de l’ours dont ceux liés au réveil du plantigrade durant l’hiVernation. Contrairement aux animaux qui hiBernent, celui-ci, en effet, se réveille et sort voir le temps qu’il fait.
Ainsi, à l’entrée "Candelour", le Trésor du Félibrige fait mention de l’attitude, surprenante pour nous, de l’ours :
« A la Candelouso l’ourse fai tres saut
Foro de soun trau :
S’es nivo, s’envai ;
Se faï soulèu, intro maï
E sort plus de quaranto jour. »
Un proverbe languedocien confirme :
« Quand fa soulel pèr N.-D. de Febrié, l’ours ramasso de bos pèr quaranto jours de mai.» (chez nous on dit plutôt « de bouès », phonétiquement, pour le bois à brûler alors que « lou bosc » est le bois en tant qu’ensemble d’arbres, bosquet, forêt de petite taille).
Dans le Béarn, par contre :
« Desempuich la Candelèro Quaranto dies d’ibèr que i a encouèro,
L’ours alabets qu’ei entutat :
Si hè sourelh, aquel die, que plouro
E dits que l’ibèr ei darrè ;
Si mechant tems hè,
Que dits que l’ibèr ei passat. » (?)
Si l’hivernant de Pau, François Bayrou veut bien traduire...
Après les proverbes en contradiction (mais c'est banal), la polémique de l’ours, celle des crêpes. Excusez-moi de le faire exprès mais il me semble qu’à Fleury, si on apprécie aussi les crêpes ("crespeu", "pascajou" pour Mistral), l’époque était traditionnellement aux oreillettes, las aurihetos (pas de «lh»), ce dessert, cette douceur d’Occitanie marquant la Chandeleur, Mardi-Gras sinon Noël.
Est-ce encore la fracture entre le Sud et le Nord, la France de l’huile et celle du beurre ? Est-ce une histoire de friture pour la friture de la friture ? Pas de poêle à frire en effet pour les oreillettes mais plutôt le bain d’huile dans une bassine à confiture, en cuivre bien entendu. Est-ce concevable dans un bain de saindoux ou de graisse de volaille ? Il fut un temps où seuls les riches pouvaient se payer des frites ! Amis belges, si ça vous dit de préciser...
Quant à la différence entre les bugnes moelleuses comme on les fait à Lyon, et les oreillettes craquantes, ce doit être lié à la levure... faudra demander à Monsieur Brun...
Les oreillettes se gardent, empilées et saupoudrées de sucre, dans une corbeille à linge (en osier, pas en plastique de Chine !), sous des torchons, dans une pièce non chauffée.
Une anecdote parle d’un groupe de garçons, la jeunesse, comme on disait, qui tenaient de faire blaguer une matrone pendant que l’un d’eux en profitait pour voler des oreillettes dans la pièce à part. Déjà l’ambiance de carnaval... avant les quarante jours de "ceinture" !
Les oreillettes se gardent, empilées et saupoudrées de sucre, dans une corbeille à linge (en osier, pas en plastique de Chine !), sous des torchons, dans une pièce non chauffée.
Une anecdote parle d’un groupe de garçons, la jeunesse, comme on disait, qui tenaient de faire blaguer une matrone pendant que l’un d’eux en profitait pour voler des oreillettes dans la pièce à part. Déjà l’ambiance de carnaval... avant les quarante jours de "ceinture" !
OREILLETTES recette :
https://fr.wikibooks.org/wiki/Livre_de_cuisine/Oreillettes
PLUS DIÉTÉTIQUES :
http://www.notreprovence.fr/recette_dessert_oreillettes.php
photos autorisées Commons wikimedia :
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1.Oreillettes_du_Languedoc auteur JPS68
2. Orelletes catalanas GNU Free Documentation License
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vendredi 5 février 2016
BALLON OVALE ET POINTES VERTES / Fleury d'Aude en Languedoc.
N’est-ce pas trop tôt ? Il fait plus que s’emballer cette année, mon tic-tac intime ! C’est peu dire car il devient aussi furieux que les zig-zags d’un sismographe ! Nous ne sommes que début février et la coopé de Fleury, quelques jours après les flocons, nous offre les velours des bourgeons et les premières feuilles de vigne qui pointent ! Tout se bouscule et je me transporte en urgence un mois plus tard, en mars mais de ce temps d’avant, d’avant le chambardement du temps. Enfin, sans les bisbilles entre ceux qui voudraient nous faire croire qu’il en a toujours été ainsi et d’autres qui estiment qu’entre le petit âge glaciaire et ce réchauffement, le balancier revient trop vite pour que l’homme n’en soit pas coupable.
N’est-ce pas trop tard ? Parce que tintin ! rien en janvier, pas de match de rugby pourtant si attendu par ceux qui tiennent le XV de France à coeur comme ils gardent fidélité au pays plus grand de ses petitesses que de ses gloires... C’est mieux de se sentir champion du monde putatif que loin derrière et compulsif. Aujourd’hui, avec le printemps qui approche, c’est l’espérance, la renaissance et il faut se remettre des mauvaises récoltes comme des débandades telle la dernière, face aux Blacks, aux yeux du monde entier. Tournons la page car toute l’Ovalie le plébiscite ce tournoi des Six Nations !
Tant pis s’il ne s’entrouvre plus, en janvier, avec la fleur de l’amandier car il maintient un lien que seules les guerres et quelques bagarres mirent en suspension ! Vous connaissez la formule : « Un sport de voyous joué par des gentlemen ». Sinon, pour ceux de ma génération, dans le Sud, avec l’église, la politique et la vigne, le rugby fermait notre quadrature du cercle communal. Alors, en refusant de me demander ce qu’il en est à l’âge de la mondialisation, je trépigne presque, de voir ce que va apporter le sang neuf de nos troupes parce que la chose que je regrette le plus et qui fait assimiler le rugby à ces clans politiques en échec mais toujours en place, est l’incrustation de ces sélectionneurs poussifs, dans l’erreur et sans bilan.
J’attends avec la même émotion qu’à la fin des années 80. La semaine finissait le samedi à midi et c’était pas plus mal ! En attendant l’heure du match, une sortie aux asperges, avec le chien, permettait de nous laver de la semaine passée, du boulot, du quotidien. Dionysos, mon korthal, tirait vers la campagne à l’instar d’Erbani, Champ et Garuet vers la ligne adverse. Parfois la boue dans une ornière, augurant du piétinement à venir des avants dans une herbe ne foutant pas le camp en plaques, elle. Puis ces mattes d’asperges hérissées d’épines dans lesquelles il faut rentrer comme vers le ballon planqué au sein d’une mêlée ouverte. Le ballon ? cette pousse tendre giclant du sol à l’image de cette attaque à venir jusqu’à Blanco ou Lagisquet à l’aile. Nous allions voir ce que nous voulions voir ! C’est l’heure de rentrer, de goûter, par-dessus tout, un ciel lavé, un soleil neuf sur les premières fleurs, les premiers oiseaux, une harmonie, un accord comparable à l’ambiance entre copains, l’esprit d’équipe, toute cette volonté bandée vers la victoire à offrir à tout un pays.
Dio transpire, la botte d’asperges a griffé mes mains mais ce n’est pas comparable aux joues, aux nez, aux arcades saignantes de nos gladiateurs, crânes d’avoir sorti leur match. A moi l’omelette des talus, à eux les ripailles de la troisième mi-temps !
N’est-il pas temps ? Parce qu’on l’a gagné ce tournoi de 1989, le dernier d’une belle série de quatre dont un grand chelem. Demain, contre l’Italie, celui des Six Nations va nous consoler des malheurs passés, même si pour les asperges sauvages, encore, il faut attendre...
N’est-ce pas trop tard ? Parce que tintin ! rien en janvier, pas de match de rugby pourtant si attendu par ceux qui tiennent le XV de France à coeur comme ils gardent fidélité au pays plus grand de ses petitesses que de ses gloires... C’est mieux de se sentir champion du monde putatif que loin derrière et compulsif. Aujourd’hui, avec le printemps qui approche, c’est l’espérance, la renaissance et il faut se remettre des mauvaises récoltes comme des débandades telle la dernière, face aux Blacks, aux yeux du monde entier. Tournons la page car toute l’Ovalie le plébiscite ce tournoi des Six Nations !
Tant pis s’il ne s’entrouvre plus, en janvier, avec la fleur de l’amandier car il maintient un lien que seules les guerres et quelques bagarres mirent en suspension ! Vous connaissez la formule : « Un sport de voyous joué par des gentlemen ». Sinon, pour ceux de ma génération, dans le Sud, avec l’église, la politique et la vigne, le rugby fermait notre quadrature du cercle communal. Alors, en refusant de me demander ce qu’il en est à l’âge de la mondialisation, je trépigne presque, de voir ce que va apporter le sang neuf de nos troupes parce que la chose que je regrette le plus et qui fait assimiler le rugby à ces clans politiques en échec mais toujours en place, est l’incrustation de ces sélectionneurs poussifs, dans l’erreur et sans bilan.
J’attends avec la même émotion qu’à la fin des années 80. La semaine finissait le samedi à midi et c’était pas plus mal ! En attendant l’heure du match, une sortie aux asperges, avec le chien, permettait de nous laver de la semaine passée, du boulot, du quotidien. Dionysos, mon korthal, tirait vers la campagne à l’instar d’Erbani, Champ et Garuet vers la ligne adverse. Parfois la boue dans une ornière, augurant du piétinement à venir des avants dans une herbe ne foutant pas le camp en plaques, elle. Puis ces mattes d’asperges hérissées d’épines dans lesquelles il faut rentrer comme vers le ballon planqué au sein d’une mêlée ouverte. Le ballon ? cette pousse tendre giclant du sol à l’image de cette attaque à venir jusqu’à Blanco ou Lagisquet à l’aile. Nous allions voir ce que nous voulions voir ! C’est l’heure de rentrer, de goûter, par-dessus tout, un ciel lavé, un soleil neuf sur les premières fleurs, les premiers oiseaux, une harmonie, un accord comparable à l’ambiance entre copains, l’esprit d’équipe, toute cette volonté bandée vers la victoire à offrir à tout un pays.
Dio transpire, la botte d’asperges a griffé mes mains mais ce n’est pas comparable aux joues, aux nez, aux arcades saignantes de nos gladiateurs, crânes d’avoir sorti leur match. A moi l’omelette des talus, à eux les ripailles de la troisième mi-temps !
N’est-il pas temps ? Parce qu’on l’a gagné ce tournoi de 1989, le dernier d’une belle série de quatre dont un grand chelem. Demain, contre l’Italie, celui des Six Nations va nous consoler des malheurs passés, même si pour les asperges sauvages, encore, il faut attendre...
photos : 1 & 2 Cave Coopérative La Vendémiaire Fleury - Salles
3. Origine perdue : contactez-moi que je rende à César... remplacée par un logo parlant serait-il détourné Forbiden_picture_photo_interdite wikimedia commons Author Eurobas
Photo 4 : asperges maison la date faisant foi.
4 mars 2020 : la photo à l'origine perdue mais qui vient d'être pourtant publiée sur "Aude pays cathare", un site paraissant officiel est de jardinage.lemonde.fr
pardon d'avoir indûment partagé ce qui ne m'était pas autorisé
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