Chauvin, le Languedocien ? Que nenni ! A des lieues du parisien nombrilisme hautain ! Regardez, nous avons parlé des Grecs, des Romains, du Vallespir, de Brigitte... Entre parenthèses, nous n’avions pas grand chose, le long de l’Aude sinon la soupe à la grimace... Soit... Il n’empêche, l’ouverture d’esprit, l’hospitalité datant des troubadours nous ont vu saluer d’abord la Sardaigne, les pays de Bade et de Bâle, l’Alsace avant de revenir en Provence et aujourd’hui seulement à Limoux, chez nous !
« Fausse modestie ! » persiflent les mauvais coucheurs, que de garder le meilleur pour la fin. Aco peiçèmplé ! Ça par exemple ! « Fausse modestie » ? Et l’article avec « Charité bien ordonnée... » tout au début, c’est pas de la modestie peut-être ? Et polie qui plus est ! Quant à garder le meilleur pour la fin, y a à boire et à manger, comme on dit ! A la noce de mon pauvre cousin Jojo, chez Paule, figurez-vous que plus que les choux de la pièce montée, c’est la poule à la crème du soir qui... Et puis zut, vous embêtez à force, que même le vocabulaire atteste de notre ouverture, de notre prévenance, avec toutes ces variantes de l’occitan que les tenants d’une normalisation à la parisienne voudraient niveler, d’ailleurs ! As pas vist ! Revenons à Carnabal !
Limoux, jolie ville du Razès, entre la plaine et les piémonts pyrénéens. Sur les coteaux bordant l’Aude, les vignes de notre Blanquette si pétillante, de Limoux pardi ! Si gamins, nous disions « Va à Limoux avec les fous ! », ce serait plus plaisant aujourd’hui d’aller faire les fous au carnaval sans pareil de Limoux, le plus long du monde (de début janvier à fin mars) ! Enfin, faut le dire vite car, loin de la folie et du désordre, ce qui reste respectable répond à des us et des règles strictes : nous l’avons déjà constaté pour les traditions carnavalesques entrevues.
Ici, depuis le Moyen-Age et, sans que cela ne nous étonne, en lien avec les fêtes des Romains, le carnaval, toujours en délicatesse avec les autorités réticentes, s’ébranle le premier dimanche de janvier avec la visite des meuniers à la sous-préfecture (1). Composés de membres de toutes les bandes du Comité, ils viennent négocier des taxes toujours trop fortes et nombreuses. Leur visite perpétue donc une tradition moyenâgeuse entre nous, si prenante et d’actualité. Sûr que bientôt nous ferons carnaval au moins six mois dans l’année avec des impôts toujours plus forts, toujours plus hauts ! Le conseil départemental, l’Hôtel des Impôts, dignes héritiers du grand bouteiller, du sénéchal et de la Ferme Générale peltirent et étrillent aujourd’hui, hélas plus au profit des nobles politiques et de son clergé administratif ad hoc que d’une pauvre France en capilotade ! Et comme les gueux ne se font Croquants que réduits en va-nu-pieds, autant épancher ses rancœurs comme on évacue la pression et son stress grâce au carnaval, macarel !
Autant passer un bon moment, faute de zénitude accessible, en fin de semaine, de janvier à mars, avec les fécos, pareillement déguisés, sous les arcades de la place. Aux bandes officielles se joignent celles du samedi. Pour donner une idée, le calendrier 2015 - 2016 a programmé près de 70 sorties avec 35 bandes, sans compter les jours pour les enfants des écoles et les sorties générales ! 700 participants costumés suivant un thème et derrière, les déguisements ordinaires !
Un mot encore pour la musique sans laquelle le carnaval ne serait pas : trois ensembles, La Band’annonce, les Hauts de l’Aude et la Bande à Dédé ne sont pas de trop pour animer les sorties, parfois secondées par l’Escola de Bodega, « La plus belle des cornemuses par son volume, sa sonorité, sa personnalité et la culture qu’elle porte » https://www.facebook.com/boudegue/info/?tab=page_info. Notons qu’avec des airs plus universels, un effort est fait pour réveiller et réhabiliter des partitions locales avant qu’elles ne se perdent.
Il y aurait tant à dire encore sur les thèmes mais je ne vais pas faire la rasségo contre des politiques et des institutions trop orgueilleuses et hautaines qui dominent plutôt qu’elles ne servent. Allez voir tous les sites, les vidéos sur le carnaval et mieux encore allez donc à Limoux, sous les arcades !
Vite, vite, parce qu’avec la grisaille ou un soleil qu’il serait idiot de blâmer, le printemps fait déjà entendre ses galoches. Et avant que le cycle ne nous ramène carnaval, je veux encore aller à Pézenas puis rentrer chez moi avant que les fleurs et les pousses tendres ne rhabillent les oripeaux de l’hiver.
« Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ;
Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon... »
Alfred de Musset « A la mi-carême »
(1) suite aux attentats qui ont endeuillé l’année 2015, cette rencontre bon enfant a été, et on le comprend, annulée.
photos autorisées commons wikimedia
1. Limoux Place de la République auteur Pinpin.
2. Pierrots 2007 auteur tagon.
3. Pierrot bleu 2007 auteur tagon.
4. Limoux 2008 auteur Pinpin.
5. Limoux Pierrot et godilhs auteur Guilhelma.
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