mercredi 28 décembre 2022

LE LOTO, CHALEUR D’UN TEMPS ÉVANOUI (5)...

 C'est la période qui fait repenser aux lotos au village dans ces années 60-70. En relisant, dans Fleury-d'Aude en Languedoc, les quatre volets qui lui sont consacrés (il suffit de taper "loto d'antan" dans la recherche). Dans le quatrième article, j'ai repris les petits mots qui accompagnent les numéros à Sigean et à Olonzac avant de chercher comment les lotos peuvent s'organiser à présent (je pense que c'était plus simple avant même s'il fallait, comme pour les bals du Fleury Olympique, tricher finement pour faire passer une part des recettes à l'as). Enfin, d'un site à l'autre, une belle page d'Occitanica s'est proposée sur ces tournures en occitan qui rendaient les parties de loto si plaisantes, et sans lesquelles les soirées de "grandes parties" n'auraient pas eu autant d'attrait... 

LE LOTO, CHALEUR D’UN TEMPS ÉVANOUI...

Mais qu’est-ce qui a fait qu’après plus de 500 ans d’existence, le loto n’existe pratiquement plus ? Certes, on se prend à penser à ces siècles passés, marqués par les façons de vivre à l’opposé, d’une minorité de privilégiés à côté d’une masse de « gens de peu ». Néanmoins, les gens modestes disposaient de biais pour échapper à la dureté de leur condition et plutôt que de toujours se venger (souvent violemment, la violence représentant une réaction naturelle à l’ignorance, aux superstitions) sur des boucs émissaires (vagabonds, sorcières, alchimistes), heureusement que les occasions de faire ripaille ne manquaient pas en plus des dimanches, une quarantaine de jours chômés dans l’année (le calendrier religieux s’accompagnait de fêtes profanes, de banquets et de danses). De là à imaginer des tablées de joueurs dans les cabarets ou les tavernes plus peuple...

De nos jours, une association loi de 1901 peut organiser jusqu’à six lotos dans l’année mais en répondant à plusieurs impératifs. En premier lieu, il faut que ce soit au profit exclusif d’un groupe sportif, culturel, éducatif ou social sinon de charité et non pour faire des bénéfices.

Ensuite, il ne peut concerner que la population locale, à la rigueur les villages voisins sans qu’une publicité en soit diffusée au-delà... c'est sans compter sur la portée planétaire des réseaux sociaux !). De toute façon, les gros lotos comme ils ont existé au niveau départemental (tel le loto « Étoile » avec des voitures et même une villa à Narbonne-Plage !) ne sont plus réalisables.

De plus, l’offre de cartons ne peut dépasser vingt euros (mais qui empêche qui que ce soit de prendre deux séries de cartons à vint euros ?) ; pour diverses raisons, les lots en argent, en volailles vivantes, en gibier, ne sont pas autorisés (les chèques cadeaux, les bons d’achat le sont, la viande doit être tracée) ; la majorité des lots doit provenir des entreprises locales, des banques, assurances, de la mairie... 

En respectant ces conditions un loto peut être organisé (une déclaration en mairie qui souvent mettra un local à disposition, une demande en préfecture peuvent éviter des désagréments). De même, il faut garder la comptabilité de la partie afin de répondre à un éventuel contrôle des Impôts. 

photo pixabay autorisée

Le hasard du tirage des numéros doit être garanti (est-ce que les jetons avec les numéros gravés le garantissaient ce hasard ?).

Certes tout ce « cahier des charges » et obligations, visant à éviter tout détournement, participe au contrôle toujours plus strict des flux monétaires, l’ensemble des citoyens devant être contraint à cause des tentations qui peuvent vite transformer tout un chacun en margoulin... Alors, plutôt que de se laisser aller à une morosité induite par le corsetage toujours plus serré des libertés, repartons baigner dans l’ambiance chaleureuse des lotos d’un temps évanoui. 


mercredi 21 décembre 2022

FIGUERAS, FIGUERES...

Teatre-Museu_Dalí_(Figueres)  Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Maksim Sokolov

Figueras, un peu la même chose que Rosas, mais sans la mer. Figueras, la ville de Salvador Dali ; il y est né, il y a dirigé la réalisation de son musée dans les ruines du théâtre incendié lors de la guerre civile (inauguré en 1974) ; son corps embaumé y repose alors qu'il souhaitait rejoindre sa muse et épouse Gala, au château de Pubol (vers la Bisbal d'Empurda). 

Figueres_-_Rambla_Sara_Jordà Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication Author Zarateman

A Figueras, si on peut se dégoter un truc sympa à becter, une paella sur la rambla en bonne compagnie par exemple (je parle avec la familiarité des jeunes que nous étions), on n'ose pas passer le seuil du restaurant Duran, de grande renommée, fréquenté par une classe sociale pouvant dépenser plus alors que la nourriture de tous les jours impacte fortement le budget, qu'un menu de riche est bien plus cher... Des différences qui se sont d'autant plus resserrées avec le temps que l'alcool est prohibé au volant, que les mœurs ne sont plus aux menus pantagruéliques, qu'on peut commander à la carte, que chez Duran le menu est aujourd'hui (déc 2022) à 28 euros et 17 € pour le plat et le dessert, des prix plus que raisonnables concernant une maison de renom où Trénet, Brassens, Sydney Bechet sont passés. Sur la rambla, contrairement à aujourd'hui, moins d'établissements et pas encore les terrasses en extension sur l'espace public que la municipalité doit encourager pour des raisons élémentaires à comprendre.   


Plus vieux quoique relativement jeune, datant du XVIIIe siècle, le château Sant Ferran de Figueres, une des plus vastes forteresses d'Europe mais qui m'était, jusqu'à ce jour, complètement inconnu. Par contre, les arènes, on les voyait quelque part à droite en arrivant, réservées alors aux courses de toros. Quelques uns de l'excursion sont même allés voir... 
En 2022, quand chez nous, pour ménager tout le monde (le fameux "en même temps" du président Macron), on refuse de contrarier une "tradition", en Catalogne, par contre, la pratique en est interdite depuis 2010. Si Madrid a annulé la décision en 2016, de fait, les arènes de Figueres, achetées par la mairie abritent un gymnase, des salles de sports, un complexe de musculation, de saunas et jacuzzi... un non sans concession à la "corrida espagnoliste"... "la tortura no es cultura"... (Plus étonnant, la télévision nationale s'est déjà prononcée contre la corrida en 2008, un avis auquel l'Etat s'est opposé en 2010). 
     
Dommage, ce ne sont pas des allumettes en cire... 


En plus des achats habituels, le moscatell catalan, entre autres vins d'apéritif, cuits ou non, mutés peut-être. On le trouve dans quelques bodegas, de ces échoppes qui ne vendent que ces produits à la tireuse, bien présentés dans des tonnelets 

mardi 20 décembre 2022

CERBÈRE, PORT-BOU, CADAQUÈS...

Cerbère depuis la route qui monte vers l'Espagne.

Afin de profiter des paysages, des villages sur la mer au pied des Pyrénées, il faut prendre la route de la Côte Vermeille : Collioure pour son site, les tableaux de maîtres dans les cafés, les anchois, Port-Vendres où arrivaient les oranges d'Espagne, les paquebots d'Algérie, les bois du Nord, Banyuls, le pays de Maillol, des bonbonnes ventrues qui laissent leur vin épais cuire au soleil, Cerbère le terminus de la ligne Narbonne-Port-Bou. 



Ici un véritable faisceau de lignes remplit la seule aire disponible enchâssée au pied des montagnes : la différence d'écartement des voies oblige à changer de train, tant pour les voyageurs surtout venant d'Espagne que pour le fret ; le début des années 1900 est marqué par une grève des femmes mal payées à transborder les oranges dans les wagons français. Remarquable aussi, l'hôtel Belvédère, tel un vaisseau futuriste, évoquant les voyageurs forcés, l'exode des réfugiés républicains fuyant le fascisme. 

Port-Bou. 

La route pour l'Espagne passe le cap Cerbère et monte au coll dels Belitres, pas bien haut mais spectaculaire, en surplomb. Le nom rappelle les trabucaires, les contrebandiers, ce qui a vite motivé la construction d'un poste de douane côté français. D'un côté, Cerbère, de l'autre le bourg frontalier espagnol mais il faut passer la frontière en poursuivant sur la route ou gagner une petite auberge sur les hauteurs, avec l'autorisation des douaniers, pour voir Port-Bou, en bas. 
Port-Bou, sa gare surdimensionnée et ses maisons blanches, le plaisir des tapas pour donner envie d'aller plus loin. Tout est plaisir et même le faisceau des cinq flèches à l'entrée des villages n'inquiète pas bien qu'il soit le signe de la phalange, du parti que Franco a su mettre au pas pour qu'il ne lui fasse pas ombre. 

Au fond, le Cabo de Creus. 

Depuis Perpignan et en direction de Cadaquès, avant Armand Lanoux, la guerre d'Espagne va inspirer Henri-François Rey (1919-1987) avec le roman "La Fête Espagnole" (1959), l'histoire d'un engagé des Brigades Internationales qui rencontre l'amour sur la route de Barcelone, adapté au cinéma en 1961, par Jean-Jacques Vierne (1921-2003). Rey sera aussi inspiré par Cadaquès, deux ans plus tard, avec "Les Pianos Mécaniques" : Caldeya, pour ne pas dire Cadaqués, est un petit port de pêche isolé du monde par le massif du cap de Creus ; s'y retrouvent des artistes du pinceau, de la plume, des riches qui viennent s'isoler en une société oisive de privilégiés d'une "dolce vita", faisant penser au Saint-Tropez des débuts. (Les Pianos Mécaniques ont valu une adaptation au cinéma (1965) par Juan Antonio Gardem (1922-2002). Heureusement, Cadaqués est resté préservé du béton, Dali s'est beaucoup impliqué contre les promoteurs immobiliers. Aussi, la péninsule rocheuse du Cap de Creus, toute de maquis, de calanques, de petites plages secrètes, continue-t-elle d'isoler, avec bonheur, l'ancien refuge de pirates et, juste à côté la maison-musée de Dali dans la crique de Portlligat.  

Cadaqués_-_Es_Poal_-_1907 Domaine public Author Enric Llorens Ferrer

Cadaqués 2021 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Castellbo

 

lundi 19 décembre 2022

ROSAS...

 Il est vrai qu'à la fin des années 60, nous devons être peu nombreux à penser que prononcer " ROSES " serait respecter l'identité catalane de la province espagnole à nos portes, de même nous disons "Figueras" pour le chef-lieu de la comarque de l'Alt Empordà, la ville où poussent les figuiers... c'est comme parler d'aller " en Espagne " et non en Catalogne... Il faut peut-être y voir, pour un pays centralisé qui dit "Roussillon" et non "Catalogne Nord", la négation du particularisme, la hantise de la sécession... une pensée à relativiser puisque dans l'autre sens ils doivent dire qu'ils viennent en France. 

Alors allons faire un tour en Espagne, quelques heures, avant tout pour des achats moins onéreux de l'autre côté de la frontière, sinon, en touristes, pour la journée. Ce que nous sommes loin d'évaluer est que dans ces années 60, le tourisme à plus grande échelle (séjours, investissements immobiliers) représente la moitié des entrées de devises ainsi que l'acceptation implicite de la dictature, Franco laissant entendre qu'une forte présence étrangère conforte le bien-fondé de sa gouvernance. 
Au village, le Club des Jeunes, parfois grâce au Foyer Léo Lagrange de Coursan, organise des sorties à Rosas, à Figueras. Que des garçons dans le car il me semble... Les filles seraient-elles encore très " encadrées " à la maison ? Les pays de l'Europe du Sud, méditerranéens, restent corsetés dans des valeurs traditionnalistes, machistes, que la religion conforte. Ce carcan, le tourisme de masse va le mettre à mal. Ainsi, sur la Costa Brava, pour un jeune homme, il est dit que vivre avant le tourisme, c'est une seule fiancée, rentrer avant dix heures le soir, intégrer pour plus tard que le divorce et l'adultère sont montrés de doigt... Avec le tourisme, la fiancée en hiver, celles, passagères, de l'été, la fête jusqu'au petit matin, la vie privée moins livrée au qu'en-dira-t-on...   
Roses_Fischerhafen  licence Creative Commons Attribution 3.0 (non transposée) Auteur Gordito 1869

Rosas, à l'origine un port de pêche, une jolie station balnéaire de plus en plus fréquentée. Au fil des années, aux locations va s'ajouter, à titre collectif ou individuel, la construction d'appartements ou de résidences secondaires. Chez nous, c'est la raison pour laquelle la politique essaie de retenir les estivants avant la frontière grâce au développement, suivant le plan Racine, des stations du Languedoc-Roussillon. 
Nous concernant, la journée à Rosas, en avril ou mai, c'est pour l'exotisme des palmiers, des filles locales auprès desquelles on se fait photographier. Aussi un repas dépaysant avec tapas ou la paella au restaurant, manière d'imiter les embourgeoisés du village, d'un certain âge, qui partent, parfois loin, pour une bonne table. On se groupe par affinité, on court les menus fichés à l'extérieur des établissements, on se croise, on échange de bons tuyaux. Ensuite ce sont les achats, cartes postales, cigarettes et cigarillos, allumettes de cire, menus objets d'orfèvreries usinées, castagnettes ou éventail à offrir... La promenade en bord de mer, le retour des chalutiers, des barques catalanes et après les cagettes de poissons pour la criée, c'est le retour. Fin de la sortie. 

Roses_Palmenpromenade  licence Creative Commons Attribution 3.0 (non transposée). Auteur Gordito 1869

Sources : en plus de sites divers dont wikimedia, le tourisme des années 60 à destination de l'Espagne : le cas des Français [article] Esther Sanchez, Histoire économie et société, année 2002, pages 413-430


dimanche 18 décembre 2022

BARCELONA...

Diapositive François Dedieu 1970

Diapositive François Dedieu 1970. 

Barcelone, c'est un petit voyage en caravane, un cauchemar quand on a dix-neuf ans, qu'on veut s'émanciper, rompre avec le modus vivendi familial, que la majorité légale est à 21 ans, que les parents n'ont pas confiance pour me laisser seul... Bien que parti contraint et contrit, quelques souvenirs agréables ont néanmoins survécu : le contraste entre l'ocre des rochers, le vert des pins, le bleu de la mer avec la Costa Brava, Sant-Feliu-de Guixols avec un restaurant local je crois, Badalona, l'entrée sur Barcelone parce qu'ils y élaborent l'anis del mono, l'anisette avec le singe sur l'étiquette, et bien sûr la capitale de la Catalogne même si la visite du port, des Ramblas (pourquoi disait-on " les Ramblas " alors que les plans mentionnent le singulier ?) n'est pas allée plus loin que la cathédrale. Voir le port, la colonne Colomb, juste une après-midi avant de s'en retourner vers la frontière. Du musée maritime, il me reste le souvenir de l'imposant bâtiment (ce n'étaient pas les Drassanes, le vaste arsenal royal qui aujourd'hui a bien agrandi la surface et les volumes). Où étaient les miens ? J'ai l'impression d'avoir visité les maquettes seul, pour être plus indépendant, sûrement... 

Barcelona_Cristobal_Colón  Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International. Auteur AmeAleCV

Barcelone, quelques années plus tard, comme guide, en voyage éducatif organisé, plutôt que de suivre les cours de droit... Cinquante ans plus tard, le malaise demeure, j'ai du mal à parler du jeune homme mal dans sa peau, menteur, dissimulateur, fils peu digne, toujours dans une fuite en avant de plaisirs ponctuels... Pourquoi ? A qui les torts ? Pour masquer la mauvaise conscience me poursuivant, plutôt parler de Barcelone, la capitale qui le vaut bien avec, pour commencer, une référence extrême à l'Histoire, non loin de L'Escala, le site gréco-romain d'Empuriès aujourd'hui aménagé avec un musée (Ampurias dans les années 60, plus sauvage, avec une harmonie poétique plus marquée entre les ruines, les grands pins et le bord de mer). 

Diapositive François Dedieu 1970. 

Avec les jeunes et les accompagnateurs, nous logions dans les hôtels historiques des Ramblas, du centre, avec un ascenseur, des faïences, des boiseries début de siècle mais, me concernant, dans le désintérêt total de tout ce qui pouvait lier au passé, à l'Histoire. Pourtant, depuis la terrasse du Corte Inglés, une sorte de Dames de France puissance quatre, le débouché de l'avenue portant le nom de Franco,ou caudillo ou généralissime, en direction de Madrid, du moins d'une Castille conservatrice, me laissait songeur à siroter un café. Et en bas était-ce la Place de Catalogne ou avait-elle été débaptisée ?   

Au programme, le musée Picasso, période rose, période bleue, la Sagrada Familia et les maisons Gaudi, la colline de Monjuich avec la reconstitution des habitats espagnols, la présence d'artisans animant des métiers anciens. A l'extérieur la visite du monastère de Montserrat, site d'un pèlerinage à la vierge noire dans une montagne découpée en dents de scie... Les Bénédictins entretenaient une chorale réputée de petits garçons (à l'époque seuls les mécréants auraient pu émettre des soupçons sur des déviances potentielles... sauf que quand l'Internet fonctionne, nous apprenons que des scandales sexuels secouent l'abbaye... Ces poursuites légitimes devant la justice le sont-elles concernant la dénonciation de rapports homosexuels ? Quand donc le mariage leur sera-t-il permis ?).   
Au début de ces années 70, l'ambiance n'est pas plombée par les vols à la tire, la violence généralisée et la drogue émerge à peine au grand jour, aussi une sortie de nuit au barrio chino ne pose pas problème (les Catalans disent " barri " pour " quartier " sauf que sous Franco, le fait catalan est autoritairement interdit... une interdiction loin d'être théorique puisque dans les dernières années du régime, des opposants politiques ont encore été condamnés à mort). Qui s'en douterait dans ce quartier chaud où déferlent les marins américains. Ils se défoulent des jours en mer trop nombreux et quand l'un d'eux me tape amicalement sur l'épaule, je me retrouve invité devant une assiette de caracoles et un cuba libre. Lui n'en est pas à son premier mais l'esprit encore clair, il explique que la moitié des gars s'amuse tandis que l'autre, matraque à la main, casque MP sur la tête contient les bagarres et contraint au retour quand c'est l'heure, à charge de revanche, le soir d'après. Je l'ai suivi mon copain d'un soir, de Norfolk il m'a dit. Un flux de braillards débraillés bien encadrés descend vers le port où attendent les chaloupes. Je le perds de vue mais il n'était pas loin de celui qui serre sur sa poitrine une poupée en robe de flamenco en pensant à la fiancée laissée de l'autre côté de l'océan. La chaloupe s'éloigne en ballottant. Cette nuit, personne ne s'est jeté à l'eau pour échapper au bateau-prison... 

Barcelona_August_2014_-_Castell_de_Montjuic Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International Auteur Mummelgrummel


Depuis le fort de Monjuic d'où la gueule des canons surveille la mer, la vue est superbe sur le port de Barcelone où attend le ferry pour les Baléares ou Gênes ou Tanger (années 2000) même sans les navires de guerre de l'oncle Sam. En attendant de prendre le bateau un jour, se faire un petit resto... Au fait quelle est l'alcoolémie autorisée au volant en Espagne ?  

Barcelona_Marina_from_Montjuic  Creative Commons Attribution 2.0 Générique Auteur Tony Hisgett from Birmingham UK

lundi 5 décembre 2022

PAUVRES CHEVAUX ! LIBRES OISEAUX...

Quelques notes et prolongements : 

* c'est parce que les chevaux étaient épuisés que les belligérants ne purent bloquer l'adversaire dans la Course à la Mer, que les Français ne purent tirer avantage de la victoire de la Marne, que les Allemands échouèrent dans leurs offensives du printemps 1918.  

** le soldat de 14 était très bien nourri au point que ce qu'il jetait attirait les rats. Les chevaux eux, étaient mal nourris... chez les Allemands beaucoup sont morts de faim. 

*** si 1/4 des chevaux mourut directement des batailles et bombardements, les 3/4 périrent à cause des maladies, du manque de soins, de la nourriture insuffisante, de dysenterie, par noyade, faibles au point de ne plus pouvoir lever la tête dans des boues liquides montant jusqu'aux chevilles des cavaliers.  

**** inoculer la morve, la gourme, la maladie du charbon chez les chevaux de l'adversaire fait partie des armes de guerre. 

militaires et mulet (1936) Auteur  agence de presse Meurisse wikimedia commons Domaine public

***** il a tant fallu importer des mules d'Espagne que cela donna lieu à un trafic ; des mules amenées en Cerdagne passaient en Espagne puis revenaient par le Perthus, générant un profit substantiel aux trafiquants, une fois acquises par l'armée française. 

***** " Les chevaux et les mulets de l'armée se sont montrés d'une valeur inestimable en conduisant la guerre à une fin heureuse. On les trouvait sur tous les terrains d'opérations, remplissant leurs tâches fidèlement et en silence, sans pouvoir espérer aucune récompense ni compensation. " Général Persching. 

****** Maurice Genevoix, admiratif des Poilus se battant et mourant pour la France (1), parlerait-il du soldat qui s'arrache à vif une balle dans un testicule, de cet autre qui maintient dans sa chemise ses tripes alors qu'il a le ventre ouvert, démontre une belle émotion pour les bêtes innocentes mais entraînées dans la folie guerrière... Pauvres chevaux, pauvres bêtes si belles, vigoureuses mais si vite fourbues, efflanquées, misérables. Et quand les hommes récupèrent, les chevaux restent tête baissée, ce qui dit tout de leur moral... Genevoix parlerait-il des cris terribles des blessés, bien égaux devant la mort, implorant avec les mêmes intonations, en allemand ou en français, il n'oublie pas non plus le hennissement d'un cheval qui agonise, aigu tel le cri d'un oiseau de nuit " ...le hennissement aigu, poignant, qui montait sous les étoiles devant la misère, la méchanceté des hommes... ". 

Du village abandonné des Éparges (Meuse),  il se souvient, sur les pavés, de la galopade éperdue de petits sabots d'une bande de gorets en fuite. Dans ce village, alors qu'il souffle un instant dans la " Maison d'école " avec, au tableau le dernier problème du maître, il se tourne vers la fenêtre parce qu'une forme approche, c'est un vieux cheval avec un sillon de sang à l'épaule. Il le fait passer par le couloir pour rejoindre la cour, derrière, offrant un abri plus sûr. Il le revoit, le vieux cheval, huit jours plus tard, mais étalé, entouré des cadavres des vaches mitraillées par les Allemands. 

Sa consolation (et il rejoint en cela Louis Pergaud), c'est la présence fidèle des oiseaux, symboles  de liberté, de vie. Il leur doit du réconfort " à nos frères de poils et de plumes ", la honte aussi d'être dans le mauvais camp des hommes, mais le recul, finalement, sur notre engeance remise à sa place pour ne pas faire bon usage de sa position dominante... La folie, la cruauté, la bêtise des hommes ne sont finalement qu'un remous dans la vie, la nature qui continuera avec ou sans nous... 

oiseau Carduelis_carduelis Chardonneret élégant wikimedia commons Author Marie-Lan Nguyen

Sous les bombardements, les oiseaux témoignaient que le cours des choses se poursuivrait malgré la fureur irrépressible des bipèdes... les trois-quarts d'entre eux ont disparu parce qu'on tue la terre  au nom d'un productivisme effréné et qu'on s'empoisonne pour pas cher, on va au désastre et l'overdose de loisir est de plus en plus addictive parce que la vie de tous les jours n'apporte pas de bonheur... 

Après le covid, la guerre en Ukraine, la remise en cause, en touchant le porte-monnaie, des énergies fossiles, comme s'il fallait absolument s'évader d'une vie peu désirable (pour ceux qui en ont les moyens !), les réservations à la neige ont augmenté de 22 % ! 

Dans " Le Berger des Abeilles" 1974 / Grasset, Armand Lanoux réfléchit sur la guerre d'Espagne, annonciatrice du séisme nazi : il parle d'une " carmagnole, d'une marseillaise stupide... " 

"« Amusez-vous
Foutez-vous d’tout
La vie, entre nous, est si brève... » 

La chanson de 1934 ne présage rien de bon pour ce qui devrait suivre... 

(1) Son témoignage " Ceux de 14 " regroupe quatre livres sur la guerre, véridiques, minutieux, fidèles, Chaque lieu, chacun des faits sont bien précisés, chaque homme apparaît par son nom...   

www.le-site-cheval.com/images/articles/evenements/guerre-14-18/La_guerre_de_14-18_et_le_sort_des_betes.mp3 première diffusion 21 avril 1957 de l'entretien sur France Culture 

Sites et références : 

" Le Cheval de Guerre ", roman de Michael Morpurgo (1982 en G.B., 2008 seulement en France !), adapté au cinéma par Steven Spielberg. 

Le site Cheval - Guerre 14/18 : Oubliés les 11 millions de chevaux, ânes et mulets enrôlés en masse durant la guerre de 1914-1918 ? - Equitation Pédagogique et Ludique (le-site-cheval.com) 

Les animaux dans la grande guerre (radiofrance.fr) 

et sur ce blog : 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/02/fleury-en-france-les-chevaux-de-14.html 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/02/les-chevaux-de-14-suite-fin.html 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/02/un-monument-au-cheval-de-trait-fleury.htm





lundi 28 novembre 2022

CHEVAUX DE GUERRE.

 Le souvenir des guerres passées et plus particulièrement, en novembre, celui de la première guerre mondiale, nous revient avec acuité à cause de ce qui se passe en Ukraine. Encore une " Grande " guerre, ce qui est certainement toujours en dessous de la vérité concernant la cruauté, la bêtise humaine, pour le dire poliment. 

Outre le fait que l'humain persiste à s'auto-détruire, ce qui, entre parenthèses, contredit  l'anathème aussi récurrent que simpliste des pays du Sud sur la coalition des Blancs pour exploiter les Noirs (d'ailleurs, à propos de la guerre d'Ukraine, ne les entend-on pas estimer que c'est entre Occidentaux, que cela ne les concerne pas ?), nous devons reconnaître que les bipèdes ont entraîné, sans scrupule aucun, nos animaux domestiqués dans ce délire mortifère. 

Si la réquisition des équidés marque particulièrement les esprits, n'oublions pas les chiens pour la recherche des blessés, les messages, la chasse aux rats, la garde puisque eux seuls pouvaient prévenir qu'à 100 mètres, de nuit, des ennemis approchaient en rampant (300 m. pour les meilleurs flairs), les pigeons voyageurs, les moutons envoyés paître pour déminer des zones dangereuses. 
Nous avons été particulièrement sensibles au sort des chevaux, plus partiellement à celui des traits demi-lourds ou lourds, mais tous, demi-sang, pur-sang, postier... ont servi à transporter les troupes, la roulante, le ravitaillement, les munitions, l'artillerie légère, sans compter, et ce n'est pas accessoire, qu'ils ont contribué au moral des soldats du fait de l'affection pour les équidés (3,4 millions de paysans mobilisés). Honorer nos morts certes (parmi lesquels 0,55 millions de paysans) mais a-t-on voulu des monuments pour exprimer la reconnaissance due aux animaux embarqués dans l'horreur ? 
Sous cet aspect-là, la ville de Saumur a un monument aux morts avec un cheval représenté. Quant au célèbre Cadre Noir, son allégorie de centaures, pour marquer la complicité homme-cheval ne me plaît pas du tout : une allusion, même lointaine, à la zoophilie peut-être, et puis trop d'officiers bornés (postérité de l'ancienne noblesse, de nombreuses familles à particule gardant une tradition militaire permettant de dominer, de commander même dans l'armée républicaine, et ce, sans qu'on puisse toujours imputer les défaites aux politiques...). 
Mon venin libéré, concernant la reconnaissance due aux animaux de guerre, les Britanniques nous font la leçon : avant l'engagement de 1914, leur armée comprenait des structures vétérinaires alors qu'en France il faut le concours d'associations pour soigner les chevaux blessés : en comparaison du respect pour les chevaux outre-Manche, cela tend à une insensibilité barbare chez les Français. 
A Saumur ne dit-on pas que le cheval qu'on a soigné et dorloté doit être versé dans la bataille sans hésitation parce que son sacrifice donnera une fin heureuse ?) ; à un jeune vétérinaire qui voulait ménager les chevaux épuisés, son supérieur n'a-t-il pas répondu " Avec un révolver, il a tout ce qu'il lui faut pour remplir sa mission " ? Et pour ajouter à ce triste constat, les Anglais ont malheureusement remarqué que les cavaliers français chevauchent des heures sans jamais descendre de monture pour soulager le dos des chevaux... 

Port de St-Nazaire, le paquebot Venezia, et, à quai les chevaux d'Amérique qui viennent de descendre. Licence Ouverte 1.0 Photographe Opérateur Z (code armée)


Et quand il a fallu importer des chevaux d'Argentine notamment, ceux des Français restaient tout le voyage à fond de cale avec des animaux morts qu'on ne pouvait enlever qu'une fois arrivés (les chevaux anglais ont droit à la promenade). Pour le passage de l'Équateur, la chaleur, la moiteur posant problème, aux deux ponts intérieurs, on adjoignit deux étages en plein air sauf que les animaux au niveau inférieur recevaient la pisse et le crottin du niveau au-dessus...   

Alors pour les décorations, pour les monuments, aux chevaux comme aux chiens, ce n'est pas de notre côté qu'il vaut mieux regarder. Même sur notre sol, à Chipilly en Picardie, le monument au cheval blessé est dédié à la 58e London Division...  

A côté de ce lourd réquisitoire contre l'armée (et non contre le paysan avec son compagnon de travail qui, au contraire marquait son affection pour l'animal, comme la plupart des soldats), avec un mot  pour les mules, mulets et les ânes (à qui on entaillait la lèvre supérieure sous une narine pour que leurs braiements n'alertent pas / de nombreux ânes périrent mitraillés, gazés, parce qu'ils montaient au front tous les jours), manquaient des détails sur la réquisition des bêtes. 
Dès le début de la guerre, avec 0,2 million de chevaux aux armées, on dut en mobiliser un demi-million chez les particuliers (2,8 millions sur toute la durée de la guerre, chevaux, juments, mulets, mules, ânes, au début de plus de cinq ans mais pris dès leur entrée dans leur quatrième année). 
Réquisition_chevaux Paris 1914 Auteur Agence Rol wikimedia commons domaine public


Comme pour les hommes, des affiches sont apposées, le maire doit recenser les bêtes. Le jour dit, les propriétaires doivent présenter les animaux concernés sous peine d'amendes et sanctions. 
Louis Bréchard, vigneron du Beaujolais, déjà sollicité ici même pour les vendanges, raconte que les paysans devaient faire courir leur cheval sur cinquante ou cent mètres, deux vétérinaires observaient puis auscultaient, prenant aussi les rythmes pour les poumons et le cœur. Sachant que le cheval s'essouffle s'il mange trop de foin, on ne lui donnait pas d'avoine ce matin-là, des fois qu'il puisse être réformé. En plus des hommes, on prenait le cheval qui recevait un nouveau nom ; le paysan, lui, ne recevait qu'un faible dédommagement (et ce sont les femmes qui ont maintenu les terres et nourri la France). 

A la fin de la guerre, l'armée a revendu les chevaux démobilisés avec une priorité donnée au propriétaire s'il se manifestait, c'est ainsi que le brave cheval de Bompas put, depuis Lyon, comme les chevaux dont parle Papa Bréchard, rejoindre son mas... il faut dire qu'il avait eu la chance d'être mobilisé avec le ramonet...

jeudi 24 novembre 2022

Une VIRÉE au PAS-de-la-CASE

Pays de Salt Roquefeuil_Espezel_Belvis Auteur Jcb-caz-11 licenceCreative CommonsAttribution-Share Alike 4.0 International.

Dans l'environnement voisin du département, en direction du Sud, on se retrouve vite en Espagne, juste derrière la chaîne des Pyrénées. Parfois c'est seulement l'occasion d'une escapade touristique par la Côte Vermeille, souvent le but est d'aller acheter à la frontière où les prix sont moindres. Au Perthus, les acheteurs font des affaires ; l'autre destination est la principauté d'Andorre. Si seulement l'agrément des paysages comptait autant, le trajet pour le Pas-de-la-Case est des plus dépaysants. Depuis Fleury, en voiture particulière et à condition de partir tôt le matin, la route des Corbières, Quillan, le Plateau de Sault permettent de rejoindre la vallée de l'Ariège et, par Ax, de monter en Andorre ; elle fait passer de la Méditerranée à la montagne, des vignes aux sapins, aux champs de patates, au plaisir exotique des vaches au pré et enfin aux rocailles de la haute montagne. Plus direct et rapide, l'itinéraire par Carcassonne-Pamiers-Foix-Ax est plus adapté s'il s'agit de faire des achats, en voiture particulière ou en bus pour un voyage organisé. L'accès au Pas-de-la-Case a été bloqué vingt jours, entre avril et mai 2019 à cause d'un éboulement... il est logique de penser qu'en hiver, à 2000 mètres d'altitude, la neige puisse fermer le passage...   

Dans ces années que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître, avec le tabac et l'alcool, le principal motif reste la nourriture : beurre, sucre, charcuteries... Et les stations de ski s'offrent aux amateurs qui peuvent se le permettre. 

De nos jours, l'intérêt pour remplir le frigo ayant bien diminué (et L'Espagne étant plus accessible et plus intéressante), on va en Andorre principalement pour les cigarettes et l'alcool, pour des vêtements, chaussures, lunettes, équipements de ski et de sports divers... les habitués me corrigeront vu qu'il y a bien dix ans que je n'y suis allé, que le 22 juillet 2022 cela a fait vingt ans que j'ai arrêté la cigarette, que le pastis, c'est surtout s'il y a quelqu'un et que je n'ai à déclarer qu'une averse de neige un 5 ou 6 août de je ne sais plus quelle année...     

Pas-de_la_case licenceCreative CommonsAttribution-Share Alike 2.0 France. Auteur Cevenol2

Si vous envisagez d'y aller, ci-dessous, les quantités autorisées en douane, par personne (à diviser par 2 pour les mineurs exceptés l'alcool et le tabac qui ne leur sont pas autorisés) : 

Par personne 1 kg café ou 400g de soluble, 200g thé, 1,5 litre de pastis, 300 cigarettes ou 150 petits cigarillos ou 75 cigares, 75 g de parfum, 900 euros d'achats autres, 300€ d'achats pour les autres productions agricoles sans dépasser 2,5 kg de lait en poudre, 3 kilos de lait concentré, 6 l de lait frais, 1 kilo de beurre, 4 kilos de fromage, 5 kilos de sucre ou sucreries ou 5 kilos de viande. 

Les visiteurs qui dépassent les quantités autorisées s'exposent au paiement de la TVA s'ils déclarent et certainement d'une amende s'ils sont pris à passer en fraude. 

En amont de cet article, un reportage est passé à la télé sur le retour d'Andorre : des milliers d'euros d'amende pour trop de parfums, les douaniers qui courent en vain derrière des passeurs qui grimpent (ils ont fait mine de les poursuivre pour donner une image positive vu qu'ils étaient filmés... l'un des passeurs s'est quand même débarrassé de son ballot de cartouches sanglé avec du plastique collant en forme de sac à dos).  

Alors que la TVA est en moyenne de 20 % en Europe, l'Andorre attire avec son taux à 4,5 % (la part de ce commerce représente le 1/4 des entrées pour la principauté / une taxation de 10 % des bénéfices ayant ou devant changer cette situation). 

Au-dessus du_Pas_de_la_Case_-_panoramio Auteur Gilles Guillamot Creative CommonsAttribution-Share Alike 3.0 Unported.

Quand la cartouche du " chameau " ou du " cow-boy " vaut 36 euros en Andorre, il en coûte 56 en Espagne et 110 € en France, ce qui ne peut que stimuler une contrebande en plus du trafic international à l'arrivée des avions et, plus dangereux lui, celui des conteneurs dans les ports de commerce. 

Une loi prévoyait un prix qui ne pourrait pas être de plus de 35 % moins cher qu'en France et en Espagne, ce qui donnerait 71,5 euros par rapport au prix français, or les 36 euros correspondent, me semble-t-il à une différence de 35 % avec l'Espagne... le trafic peut se poursuivre avec, en corollaire, l'exploitation d'humains, tels ces mules quand on évoque la drogue. En septembre 2018, suite aux indications d'un randonneur, les autorités ont récupéré 150 cartouches cachées dans un orri, un des nombreux abris de bergers, côté français du Port de Rat (à l'autre bout de la frontière franco-andorrane). Toujours en 2018, en novembre, un passeur, "a priori originaire d'Afrique du nord" a été retrouvé inanimé à cause du froid. A l'hôpital il n'a pas été possible de le ramener à la vie. Sur place, le ratissage a permis de mettre la main sur une centaine de cartouches tandis que d'autres "contrebandiers" ont fui pour se réfugier en Andorre.  

Concernant la nécessité de devenir raisonnables, notons que la réalisation d'un aéroport de l'autre côté du Port d'Envalira a été abandonnée, de même qu'une jonction entre les domaines skiables de Granvalira et Porté-Puymorens. Vu la nouvelle crise de l'énergie et le changement climatique qui se confirme, on ne va pas s'en offusquer. 

Pour conclure, alors qu'avec l'hiver et la nécessité d'équiper son véhicule en montagne, du 1er novembre au 31 mars, ce qui constitue un surplus pour quelqu'un de la plaine, plutôt parler de l'Andorre pour ces étapes cyclistes spectaculaires du Tour de France ou de la Vuelta... en dépit de tous les signes de dopage...  


samedi 19 novembre 2022

De Bernard CLAVEL à Jean-Pierre GROTTI.

1999 Auteur Chabe01 / Loyettes, petite localité rive droite du Rhône non loin d'Anthon... 


Une réflexion qui me ramène à un de mes auteurs préférés, Bernard Clavel. Son inspiration; il la doit aux endroits qu’il a habités, des bords du Rhône au Canada en passant par la Savoie, le Léman, l’Irlande mais il n’a jamais écrit quelque chose qui se passe où il vit ! Toujours : prendre de la distance pour y être ! L’homme aux quarante déménagements ne s’est fixé qu’une fois mort... et c’est dans le Jura qu’il repose à jamais. Alors ? Rester ? Partir ? Revenir ? Remplir sa mémoire qui telle une source, coulera un jour... 

Paris,_Salon_du_Livre_2015_(37)wikimedia commons Jean-Pierre_Grotti Auteur Havang(nl)

Je pense aussi à un auteur bien de chez nous, encore de terroir, de proximité qui plus est, puisqu’il faut distinguer du parisianisme, Jean-Pierre Grotti. Instituteur il fut, toujours à Prat-de Cest, près de Narbonne, instituteur il reste, de classe unique. Au fil de ses nombreux romans, entre passé et présent, il décline la vie dans un périmètre bien défini, entre l’Aude, la frontière, l’Espagne de la guerre civile, les pays perdus qui se vident, les apports en population, cette immigration naturelle de travailleurs mieux tolérée entre pays latins, celle, des retraités européens venus profiter des douceurs du Sud et qui ont le mérite de redonner vie à des villages morts.   

Alors ? Au fil des motivations, peut-être avec la faiblesse de ne pas assez faire le lien avec le présent, avant la Tchécoslovaquie, avant Mayotte, avant la Réunion et, qui sait, avec Lyon et ses abords, même si Clavel en a trop bien parlé... Alors, tant que je ne veux pas plus rester stérile qu’impuissant, je vais vous le raconter en premier, mon village, avant cette ouverture aux autres, aux horizons proches, parce qu’il faut rester positif, réceptif et radioactif pour ceux qu’on aime de près ou de loin, dans une dimension planétaire, dans une empathie outrepassant l’orbe familiale, le cercle familier, le coin de vie ou du souvenir... 

mardi 8 novembre 2022

PERDU LE NORD ou carrément à l'OUEST ? (2)

PETITE EXPLICATION DE CARTE 


De quand date la norme de regarder l'Aquillon en haut d'une carte quand certains faisaient le contraire ? Ce qui n'empêche rien ; c'est rare non de ne pas être latéralisé ? Tout ça pour vous parler de François de la Blottière (1673-1739) pour sa "Carte de partie de Languedoc frontières de Roussillon qui conprend la coste de la mer depuis le fort de Salces jusquà la hauteur de Narbonne..." et dessinée en regardant le Midy (1722). 

Carte de partie de Languedoc, frontières de Reussillon qui comprend la coste de la Mer depuis le fort de Salces jusqu'à la hauteur de Narbenne, où se trouve le cours des rivières d'Aude, d'Orbieu, de la Berre et de la Gly, le cours de la Robine d'Aude et partie du Canal Reyal de communication de deux Mers | Gallica (bnf.fr)

* A remarquer que pour la carte qui a dû demander tant d'heures d'efforts, l'auteur n'a pas pris le soin élémentaire de partager l'espace disponible pour les lettres qui se resserrent pour "Languedo..." exposant "c" faute de mieux ! 

** Ce même cartouche indique les cours d'eau dont, à titre de curiosité, la Gly ainsi que la Robine d'Aude. 

*** D'après "l'eschelle", les distances peuvent s'évaluer en grande lieue de France de 3000 toises ou en lieue commune de France de 2500 toises. 

NOTE : l'orthographe des noms de lieux est celle de la carte sauf pour les prolongements et analyses. 




Concernant l'Aude, le dessin représente bien le cours tortueux du fleuve, exhaussé de par l'importance des sédiments transportés (deuxième en volume après le Rhône). Son tracé permet de comprendre pourquoi les limites du département sont ce qu'elles sont. 
Entre Sallèles et Coursan, au nord figure la Plaine de Coursan, réputée sous l'Ancien Régime, pour ses bons rendements en blé, avant que la vigne ne s'imposât. Entre Coursan et Narbonne, une chaussée et nombre de fossés de drainage laissent penser que c'est ce qui restait de l'étang salin où, un siècle avant Narbonne affermait pour des poissons ! 


L'ancien bras sud du delta, devenu aujourd'hui "Canal de la Robine", se nomme alors "Robine d'Aude". A Narbonne, elle délimite les quartiers de Cité au Nord et de Bourg au Sud. 
Après être passée entre l'Étang des Capitouls à l'Est et celui de Bages à l'Ouest, la Robine atteint la pointe de "L'Isle de Ste Luçie où elle se jette entre les Étangs de "Peiriac" (plus mentionné de nos jours) et celui de Sigean. Figure alors un chenal jusqu'au Port-de-La-Nouvelle, dit "Canal des Romains". 



A partir de Coursan, l'Aude n'en finit pas de divaguer jusqu'au pied de l'Esquino de Camel. C'est à cet endroit, au Pas-du-Loup, qu'en 1632, Anne d'Autriche a failli se noyer comme 200 de ses soldats ! (collines de Nissan). Passant à portée de l'Étang de Lespignan, le fleuve finit dans l'Étang de Vendre (aussi appelé " Étang de Fleury "). 

A portée de Coursan, en direction de Narbonne figure le château de Granselve (à l'origine une grange cistercienne, "... dont on dit que " Fontfroide est la fille" / Livre du Canton de Coursan, Francis Poudou) inclus aujourd'hui dans la localité (en face de la zone d'activité). 

Entre Coursan et Salles, les châteaux de Céleyran et du Pech de Céleyran, si remarquables depuis la route, n'existent pas. Seuls, figurent la métairie de Seudre sur le côteau ainsi que le moulin "du phare" au-dessus de la coopérative. Dans la plaine de Salles, on remarque nombre de fossés drainants. 


On trouve ces fossés à Pérignan aussi, mais dans une cuvette fermée du bord de La Clape : les drains de l'Étang de Fleury d'où part le ruisseau du Bouquet créé par les hommes ! Le ruisseau est dessiné de même que son cours souterrain qui, depuis l'étang, contourne bien la colline du moulin de Montredon (voir à ce sujet les articles sur le dernier affluent). 


Pour ce qui est des routes, si on reconnaît celles de Salles, de Saint-Pierre, de la partie vers les Cabanes mais qui s'en va suivre celle des campagnes au pied de La Clape (la localisation et le nom des fermes nous interrogent / à St-Pierre aussi, des noms nous laissent perplexes). En direction de Vinassan, ce n'est pas celle d'aujourd'hui, par le château de Marmorières, c'est le chemin qui passe par le phare des aviateurs, le Pech de la Pistole avant de redescendre vers St-Félix (autoroute A9 actuelle) en bas du Four à chaux et de Mader, le trajet pour Narbonne suivi par mon arrière-grand-mère, embêtée, une fois, par les loups !). Rien vers Lespignan, Béziers et l'Hérault sinon vers " N. D. de Lie  sans nul doute possible, Liesse dont la chapelle a malheureusement été vandalisée il y a peu. En 1622 les Dominicains de Liesse furent autorisés par Louis XIII de passage à Béziers, à établir un passage de l'Aude par barque (la construction du premier pont suspendu ne fu décidée qu'en 1800). 

En conclusion, considérons le respect du détail concernant le plan de notre localité : le château, la tour ronde de l'hôpital d'alors sont précisément situés. 

Finalement, même si cette concomitance de cartes m'a entraîné dans les tumultes du Palais Bourbon et des enfantillages détestables en période de crise, je préfère, et de loin, cette petite explication de carte au dégoût de la politique, en espérant aussi que de Salses à Carcassonne, en passant par les Corbières, cette publication Gallica de la BnF (2021) a de quoi attiser la curiosité de bien des amateurs de patrimoine.    
  

dimanche 6 novembre 2022

PERDU LE NORD ou carrément à l'OUEST ? (1)

Carte de Sabine Réthoré. 

 Il y a peu, un soutien NUPES a publié une carte de sabine Réthoré : la Méditerranée vue d'Est en Ouest... Joli certes, original sauf que, d'un point de vue objectif, cela a déjà été fait, du moins que le Monde a été représenté x fois depuis un coin particulier et aussi... D'un point de vue subjectif, comme il est précisé que la carte ne mentionne pas de frontières, j'en ai conclu que la NUPES faisait tenir à la carte un langage de solidarité poussée à l'extrême avec les migrants, des histoires de créolisation, de libre circulation, d'accueil à bras ouverts de toute l'immigration, bref "à fins de propagande !" ai-je signifié à l'émetteur qui répondit avec une suite de 24 points d'interrogation. De quoi, de mon côté, m'exclamer du tac au tac.  

" Moi : à fins de propagande !

Lui : ?????????????????????????

Moi : !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Lui : articule, mon vieux!

Moi : puisque tu le fais exprès de ne pas comprendre, si la NUPES promeut cette carte de la Méditerranée sans frontières, c'est qu'elle va dans le sens de la "créolisation" chère à Méluche et bien sûr la libre circulation... et si j'évoque une certaine propagande, c'est que je suis contre bien sûr, non pas par ségrégation, ostracisme et racisme, c'est simplement pour éviter qu'une Algérienne tue une petite, que d'autres Algériens assassinent une retraitée à Mulhouse... Chantal Kempf, tu connais ? En espérant te l'avoir bien articulé et que tu n'es pas dur d'oreille... "

Oh, plus rien depuis deux jours ! Le "mon vieux" je l'ai considéré de proximité, d'égalité,.. comme peut l'être le tutoiement quand la politesse du "Vous" inclut une certaine distance. D'ailleurs j'ai tutoyé aussi... Non, après avoir fait aussi, j'espère, preuve d'humour, il est vrai que mon point de vue monté en épingle (sauf que le pourcentage d'étrangers impliqués dans les violences aux personnes ou en prison [60 % à Nice par exemple !] n'est pas inventé) se doit d'être prolongé par un triste constat, à savoir que notre pauvre pays qui n'a plus les moyens d'une fraternité de toute façon toujours repoussée à l'horizon et qui ne se rapprochera pas tant elle est théorique, tout comme l'égalité et peut-être, dans une moindre mesure, la liberté, se trouve, de plus, contraint par des lois européennes sur l'immigration qu'il est urgent de faire évoluer.  

A suivre donc, d'autant plus après l'affaire "d'insulte raciste" à l'Assemblée Nationale, pour laquelle le présumé coupable a finalement été condamné pour... avoir causé un tumulte. A suivre encore avec la réaction de l'Italie se refusant à recevoir près d'un millier de migrants si la solidarité européenne reste aussi peu effective (ils renvoient les bateaux en question dans les pays, Allemagne, Norvège, dont ils arborent le pavillon). A suivre surtout parce qu'il est humainement inadmissible de faire comme si plus de 1200 personnes n'avaient pas péri en Méditerranée depuis le début de l'année. Un cas de conscience qui ne saurait pas seulement concerner les Français... 

Pardon d'avoir transgressé "le tabou", je viens de m'impliquer politiquement. Était-ce volontaire ou seulement pour articuler avec la seconde partie de l'article, plus conforme à sa teneur habituelle ? Vous me direz... (à suivre)