dimanche 22 août 2021

Saint-Pierre-la-Mer / étang de PISSEVACHES / photos.

Le bout de la route "des campagnes" ; au fond c'est l'étang.

Certaines années, la surface en eau est plus grande.




Août 2021.

Août 2021.

Salicorne / Août 2021.

Août 2021.

Les troncs laissés, un kilomètre à l'intérieur des terres, témoignent de la puissance des tempêtes du Golfe du Lion.

Août 2021.

 

samedi 21 août 2021

PISSEVACHES / Saint-Pierre-la-Mer


Début des années 60, un vieux monsieur toujours alerte vient tous les après-midi. Il laisse l'épouse aux bavardages des femmes sous la véranda et part à Pissevaches sans souci d'un soleil d'été, trop direct. Sous la chemise, à l'habitude des gens d'ici, il porte toujours un tricot de corps blanc ; aux pieds, bien qu'ajourées, toujours des sandales, claires aussi, comme les chaussettes. Tout est net et quasi neuf mais ses cartilages usés le font marcher en canard : le genou gauche part sur le côté avant d'atterrir. L'allure, le pantalon de lin flottant au vent, le chapeau lui donnent un air de comique américain du temps du muet. Son dada, ce sont les coquillages laissés par la mer, surtout les escargots. Il ne nous vient pas à l'idée qu'il y va, comme Botticelli, pour une Vénus sortant du bain... 

Pendant qu'il court les laisses de mer, plus à l'intérieur, ils sont nombreux autour du canal antichar voulu par les Allemands, avec une épuisette ou au bouchon, à traquer les cranquettes (crabe vert ou enragé), les lisses, ces petits muges en bancs ou encore les jols (athérines) pour une friture de mélette. Le bord est ourlé de coques ouvertes par centaines : ces coquillages morts n'engagent pas au ramassage des vivants. Plus loin, dans l'étang encore en partie en eau grâce au grau intermittent que les coups de mer ouvrent parfois, certains piègent les petites soles sous le pied. 

Sinon, c'est l'étang qui piège ses aventuriers. Passage obligé pour qui, depuis les Cabanes vers Saint-Pierre, veut s'épargner le trajet par Fleury, il ne s'aborde pas à la légère. La route des campagnes, comme on l'appelle, celle où, avec Loulou, manière de faire une balade, nous partons compter les lapins surpris dans les phares, s'arrête en bas de Moyau, après les trois grands pins qui gardent les dernières vignes du piémont. Ensuite une piste ouverte par les plus aventureux descend entre sagnes et tamaris sur un sédiment perfide qui a la couleur du sable mouillé mais cache une vase noire plus que traître si elle n'a séché qu'en surface. Surtout ne pas s'écarter de la piste praticable... Un peu à l'écart, les traces de pneus embourbés qui ont patiné et dressé des hérissons de bois flotté pour se dépêtrer, doivent dissuader de couper pour un gain ridicule... 
Fin des années 60, je travaille le matin à Gaysart, un de ces charmants domaines tournés vers l'air marin, à mettre en bouteilles du gris de gris, depuis le lavage à la vapeur jusqu'au collage des étiquettes... Aller et retour par la piste de l'étang. A vouloir gagner une centaine de mètres, je me retrouve englué dans la vase, les roues du vélo immobilisées dans une gangue noire... Les émanations du vin sûrement... rien de tel qu'un nettoyage fastidieux ensuite, pour dégriser,, surtout que le lendemain il faut y retourner et qu'accessoirement il nous arrive des visites agréables, devant la tente, sous la véranda de carabènes (entre parenthèses, des roseaux coupés aux abords de l'étang, marquant la présence d'une des nombreuses résurgences, parfois appelées "caudiès" tempérant la salinité marine de Pissevaches). 
Première moitié des années 70, derniers séjours en camping dit "sauvage", autorisé encore aux Cabanes. Par les Terres Salées puis la chaussée de la Grande-Cosse, une autre piste rejoint celle de l'étang, ce qui fait peur à mon aîné "Non papa, on va s'embourrer !" parce que c'est arrivé une fois. Il y en a un qui sut en tirer profit, un voisin sallois qui, avec un gros GMC ou Dodge de la Guerre Mondiale, restait disponible pour, moyennant finances, treuiller les embourbés...  

Au volant de son Aronde, le vieux monsieur repart à Fleury avec Maria son épouse, avant sept heures nouvelles, avant que le soleil couchant n'aveugle les conducteurs. Nous la suivons sa voiture, dans la montée, avec les quelques unes qui font la chenille jusqu'en haut de la garrigue. La Barre de Périmont couvre déjà Saint-Pierre, la plage, les baraques de Pissevaches et en partie l'étang qui nous accompagne, de son ombre.  






samedi 14 août 2021

PISSEVACHES DEPUIS PÉRIMONT (2) / Saint-Pierre-la-Mer.

Côté terre, la Barre de Périmont domine ce hameau de tôles et de bois, plus bois flotté, plus fantaisiste, moins aligné que les chalets de Gruissan. Une douzaine de mètres de haut offrent un beau point de vue sur ce monde entre terre et eau... J'écris "beau" en pensant "magnifique" sûrement parce que je tiens trop à ce pays qui me vit naître et ne cessera de m'accompagner... 

Chardon d'Espagne.

Il n'empêche, cet ultime rempart de la Clape sur la mer est déjà remarquable par sa nature. Imaginez une échine rocheuse en pente douce vers l'étang, des romarins, mouches et garrouilles (1), buissons à mener la nuit des chasses au dahut (ah... les nuits d'été à Saint-Pierre...). Des pins, seulement en bas d'une falaise morte, avec quelques roseaux qui disent l'eau pas loin et au premier plan, le vert malachite relevé de blanc et le jaune jaune des capitules du chardon d'Espagne (2). Tout s'oublie, pourtant il suffit un jour d'une circonstance, la découverte des couleurs de Cézanne, de sa palette bien du Midi, pour que jaillisse l'émotion profonde au souvenir de ce coin de Saint-Pierre avec cette fleur à ne cueillir qu'avec les yeux... mais présente aussi, quand on les ferme, avec les senteurs de la garrigue après l'orage de juillet... 

 


Ce qui reste des pins de Périmont...
 

Au bout, en contrebas, comme pour ne pas contrarier le Cers et ses rafales, une pinède, enfin une huitaine d'arbres ; une ombre rare et si goûtée pour le pique-nique du lundi de Pâques, la première fois gourmande d'une salade niçoise jusque là inconnue... Mais quelle idée ce riz froid bien blanc avec ces œufs durs et ces olives bien noires dans la mayonnaise ! Et ce n'est pas tout parce qu'il y a le secret que tout le monde connait... Non non, pas le tunnel sous la garrigue, creusé par les Allemands et où Daudel l'épicier a eu fait pousser des champignons de couche... Sous le transformateur, toujours au bout de Périmont (jadis il y eut une redoute / voir encore le site "Ma Clape à ce propos) une échelle de fer pénètre les entrailles de la Terre et donne sur un lac bleu bien mystérieux.  

Une douzaine de mètres à peine et après le village sur pilotis, la vue s'ouvre. Le regard porte à treize kilomètres environ (3). Presque dans la perspective de l'immeuble de Valras, le château d'eau de Saint-Louis des Cabanes borne une platitude de terres salées avec l'étang de Pissevaches, formé et déformé au fil des époques par le delta de l'Aude et la mer.  . 

A jouir de la vie, à s'éveiller aux merveilles de la nature, à apprécier le coin, on n'analyse pas plus loin... Tout vient à point, dit-on, petit à petit, quand sonne l'heure... Voilà que je fredonne, peut-être parce que, un peu à droite d'Agde, on voit Sète, la ville de Brassens qui me pardonnera de le pasticher "Il suffit d'être à Périmont, c'est tout de suite l'aventure..." Le nom déjà "Pissevaches", une aventure mais laissons cela aux années 10 et 20 de ce siècle (4)

(1) cistes et kermès.  

(2) le nom m'a été amicalement soufflé par "Ma clape" un site à ne pas manquer pour ceux qui aiment nos garrigues uniques jusqu'au bord du Golfe http://www.maclape.com/#propos sinon sur facebook https://www.facebook.com/maclape11. 

(3) https://fr.wikihow.com/calculer-%C3%A0-quelle-distance-se-trouve-l%27horizon 

(4) Dans la promotion touristique de la commune voici ce que nous avons vu fleurir comme panneau :

Je vous l'analyse "enraciné indécrottable" ! As pas vist ! T'as pas vu ! et tu assimilerais les vaches aux vagues qui rentrent en coin ? Et pourquoi pas le pis des vaches sinon dans le sens des sources qui pissent quand, plus français qu'occitan, j'apprenais le Plateau de Millevaches ? Et pour revenir aux années du camping sauvage, papa ne stockait-il pas l'eau dans un sac de toile suspendu, toujours suintant et frais, appelé "vache-à-eau" ? 

Tout reste audible et se discute : le panneau et son hypothèse univoque (photo de 2014) n'a pas été renouvelé. Désolé, mais l'autre jour je n'ai pris que le paysage... J'y retournerai...   

Au fond, la Barre de Périmont vers 1958.

      

mercredi 11 août 2021

PISSEVACHES, plus qu'un étang lagunaire...

Couçi dision en aquèl temps ? Comment disait-on en ce temps-là ?  "Piçovaco" ? Pissevaches... J'ai du mal à accepter le "SS" pour le son "s"... Plutôt le "ç" peut-être latin, plus sudiste, un tantinet wisigoth, qui sait... 

Enfin, par cette belle matinée d'août, si la mer miroite sereine avant de montrer les zébrures annonçant le gentil temps du marin avant midi, elle ne s'offre plus comme avant, après le zip de la fermeture éclair. La tente, sur une butte de sable sec, dans les oyats, au-dessus des joncs de l'arrière. 

La tente derrière la rangée de baraques installées bien avant la saison pour retrouver la place. Devant, marron, le sable mouillé avec le campement des estivants, un patchwork de toiles orange, bleues, vertes, un désordre apparent car bien avant que le garde-plage ne vienne prélever le franc journalier pour la poubelle, tout le monde laisse libre la piste pour les véhicules des gens, la camionnette du boulanger, celle du marchand "A la cèbo, à la cèbo, à la cèbe de Lézignan !", celle, rouge et jaune, du cirque du jour pour la représentation du soir, les camions "de glace", de pêches vendues par plateaux ou, plus occasionnellement d'un lot de journaux et revues avec en prime la casquette. En limite de cette dépression noyée sous les eaux une bonne partie de l'année, le sable blanc, en côte douce vers le bourrelet du bord de mer avec le premier rang de toiles et de caravanes, les pieds sur la plage. Une place pas du tout enviée par des locaux goguenards, un brin imbus de leur attache natale au milieu, qui, au contraire, pronostiquent qu'avec le coup de mer du quinze août, ils vont mamer.  

A droite, vers le rebord de garrigue et le petit port colonisés par les Narbonnais, le rocher avec l'épave du bateau espagnol où le cousin Jojo plonge chercher des moules, où le cousin Jacky pêche des aiguilles aux vertèbres vertes à bleues, fluorescentes. A gauche, comme une introduction aux grands espaces sauvages, Pissevaches, gamin, ce nom pouvait prêter à rire ; pourtant, à mon insu bien que pressenti, sentencieux, magique comme un sésame pour le monde qu'il est, de mystères et de mythes, comme une initiation avant de m'engager dans un milieu mi-doux mi-salé, gagné par le fleuve sur la mer, avec sa dune, ses marais, ses salicornes, ses saladelles lilas qu'il appelle vendangeuses, dans le sillage d'une Mirèio faite mienne, parce qu'il arrive à papa de déclamer Mistral et que mes années confondent sans peine le château-d'eau de Saint-Louis-de-la-Mer aux Cabanes avec le clocher fortifié des Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue.

Pissevaches, c'est d'abord un village de baraques (1), permanent, sur pilotis pour résister aux assauts des vagues. Et dire que je ne sais rien de ses habitants amphibies, anonymes ; seul un nom me reste, "WONDER", celui d'une marque de piles sur une plaque émaillée rouge, bleue et blanche, d'un mètre carré au moins, idéale pour protéger des planches rongées ou pour signaler une épicerie aussi improvisée que clandestine. Ne connaissant pas ces irréductibles îliens, je ne les vois que de loin, depuis la plage où je ne fais que passer (à suivre).

(1) lorsque le plan Racine et l'envahissement légalisé de ce qui fut la plage du camping sauvage conduisit à la démolition du village sur pilotis, ses irréductibles, regroupés en association, obtinrent une parcelle dans le lotissement naissant des "Baraquiers". Faveur ? privilège ? rien à côté des hectares "cédés" aux promoteurs de grands ensembles ! 








dimanche 1 août 2021

AVANT-HIER, SUR LES CHEMINS DE L'AUDE, A BICYCLETTE (Fleury-d'Aude en Languedoc)


(Entre nous et entre parenthèses dommage de ne pas avoir mieux cadré la photo avec le petit pont en dos-d'âne à l'arrière plan... c'est noté pour la fois prochaine).  

Contrairement à ceux, trois kilomètres environ en amont et que la rivière a emportés, ces gabions, eux, ont tenu... "... une impressionnante protection de gabions, étonnante construction en gradins démontrant l’obstination de l’homme contre la puissante permanence de la nature.../...
Le grillage, les caillasses, le chemin empierré au dessus, tout est parti depuis dans la rivière avec le limon seulement prêté pour un temps... Pas de photo de ce mur cyclopéen, dommage... Seul point positif maintenant qu’on ne peut passer qu’à pied ou à vélo, la tranquillité..."

voir https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2021/07/quand-nous-partions-aude-bicyclette.html

Peuplier blanc ou peuplier noir... dites-moi au moins que la photo ne permet pas de le déterminer...

Il ne fait pas partie des arbres remarquables dûment estampillés comme tels... Pourtant avec le pin entre le domaine de Moyau et l’Étang de Pissevaches (non retenu dans la liste des arbres célébrés) ce frêne contribue au charme de notre terroir.

Malheureusement, des champignons suceurs de sève s'accrochent à son tronc... Est-il condamné à terme ? Avec toutes les attaques biologiques qui accompagnent la mondialisation, c'est, hélas, à craindre... "...

La chalarose est un champignon d'origine asiatique plus qu'inquiétant : 

« La rapidité de progression de la maladie et son mode de dispersion ne permettent pas d’envisager des mesures d’éradication » Morgane Goudet – Dominique Piou (2012) La Chalarose du Frêne : que sait-on ? 

De même, l'agrile du frêne, un coléoptère d'Asie a déjà dévasté l'Amérique du Nord. En 2003, on le trouve du côté de Moscou et il a progressé depuis de près de 200 kilomètres vers l'ouest. Bravo la mondialisation ! Plutôt retenir que le frêne peut aider contre l'impuissance..." 

voir https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2021/07/la-der-des-der-du-ruisseau-du-bouquet.html



Un pigeonnier ? un grangeot sur l'autre rive de l'Aude ? Pourtant toujours dans le département du même nom, avec sa magnifique allée de pins, le domaine de la Bâtisse dite "Haute" sur la carte IGN. C'est en bas du mur que fut tournée la scène du curé (Jacques Legras) tombant à l'eau depuis son pédalo-vélo made in Castagnier (Le Petit Baigneur avec Louis de Funès - 1967).