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mercredi 18 septembre 2024

DÉVIER, DÉROUTÉ, DÉRIVER... Fleury-d'Aude en Languedoc.

DÉVIER. Se fera-t-elle ? Ne se fera-t-elle pas ? c'est ce qu'on peut estimer à propos d'un éventuel évitement ouest de notre village, Fleury. 

Vue vers l'est ; à droite la colline de Montredon (le moulin), au fond, la Clape. 


Vue vers l'est ; en face, un pin solitaire de belle taille cache, au fond, les cyprès du cimetière vieux.  

Vue vers l'est ; les vignes de « Derrière l'Horte » ont été arrachées... Peut-on en déduire quelque chose ? 

Le pour ferait dire que ce tronçon parachèverait la déviation existante venant de l'Hérault et plus globalement qu'il remédierait à un envahissement automobile toujours croissant dans une traversée de village ancien, pour plus de tranquillité chez les riverains. 



Vue vers l'ouest. Sitôt après le hangar et le pin, la lambrusque dit encore que ce fut une vigne... 

Le contre découlerait de la crainte d'un passage diminué gommant l'intérêt touristique, réduisant la fréquentation du café, des restaurants, du peu qui reste de commerces de proximité. 
Cela induirait aussi  l'idée que l'invasion automobile pourrait se stabiliser sinon diminuer. 

Vue vers l'ouest, la “ coopé ”, la déchèterie (où le giratoire était prévu), le château d'eau... 


Et ne serait-ce pas significatif encore, suite au quasi doublement de la population en une quarantaine d'années, d'une volonté de “ se ” garder une commune à taille humainement “ supportable” ? Dans quelle mesure, la loi sur les 30 % sociaux devant accompagner tout plan de construction de logements, est intervenue dans l'abandon du projet ?  

DÉROUTÉ. Cette balade commence au cimetière... pour la sérénité qu'apportent les cyprès plus que centenaires... 

«... Tout lou passat qu'es enterrat
Joust lou ciprissiè qué negrejo... » (Lou Doublidaïre, Jean Camp). 


L'âge venant, si la vie résiste, on se sent néanmoins comme ce pied de vigne abandonné des hommes... Pour avoir grandi et tant aimé ce côteau que prolongent Fontlaurier et le Phare, encore une fois, cette balade ne doit rien avoir de lugubre... La vie d'aujourd'hui, c'est ce parcours bien que tassé (1) par le marcheur, le coureur, le promeneur du toutou ; il débouche sur la maison ruinée des gitans du temps où les Compagnons de la Chanson chantaient les naseaux écumants des chevaux ; seule témoigne la dalle du toit : elle a écrabouillé les murs, symbole peut-être, pour ceux qui se souviennent, des coups de couteaux intrafamiliaux qui mirent fin à leur présence au village... 


DÉRIVER. Survivre, c'est ces boutelhetiers qui persistent à donner leurs azeroles juste de peau et de noyaux (2). 



Survivre, c'est, sur le goudron, le jus de raisin qui a coulé dans la descente... du temps des chevaux, il n'y avait que leur crottin et leur pisse... 


Mourir, ce sont les touffes de thym qui n'ont plus pu attendre la pluie salvatrice... pas lugubre encore, mais d'un pathétique... ce n'est qu'une balade, nous ramènerait-elle aux cyprès vieux de 150 ans...  

(1) dans le contre à cette rocade, le souci aussi de ne plus bétonner même si les bassins de rétention sont prévus, de quoi être déroutés encore puisque, avec la sécheresse qui accable, existe aussi la crainte d'un déluge aussi destructeur.   

(2) on disait jadis qu'une année d'azeroles n'était pas une année de raisins... Peut-on en faire état, déroutés que nous sommes par un bouleversement climatique oppressant (dernièrement Boris, cette dépression tempétueuse à la trajectoire NE-SW incroyable) ?     


jeudi 5 septembre 2024

L'EXTENSION habitable du village. Fleury-d'Aude en Languedoc.

Au niveau de la vie d'une commune qui forcément évolue avec le temps, pour se rendre compte de ce qu'il en est, il n'est pas inutile de remonter le cours des initiatives et projets... parfois en suspens.  

À Fleury, l'extension des zones bâties autour du village correspond à l'augmentation du nombre de résidents. De tous côtés, de nouveaux quartiers sont sortis de terre. Aux maisons individuelles se sont ajoutés, faute de devoir payer des amendes à l'État, des ensembles sociaux. 

À cette dynamique s'est greffée la nécessité de décongestionner un centre ancien pas du tout adapté à l'engorgement actuel de voitures particulières. (La réalisation récente de parkings ne parvient pas à résorber cette invasion de bagnoles ; les voies sont envahies ; les propriétaires en arrivent à s'approprier la rue devant chez eux...). 

Au stationnement des riverains s'ajoute le transit, à plus forte raison l'été, vu la proximité des stations balnéaires. Joignant le contournement effectif nord et est pour le trafic venant de l'Hérault, une rocade ouest est dans les papiers depuis l'automne 2018, depuis qu'un « ...Conseil Municipal a arrêté les objectifs du projet de la ZAC du Moulin, dans sa délibération du 25 septembre dernier... » 

Cherchez les espaces verts... mais tant que le moulin (colline de Montredon) et la colline Derrière l'Horte restent libres de l'emprise humaine, cet aménagement à venir semble raisonnable.

Cette délibération répond à des diagnostics énoncés dans un prêchi-prêcha écolo-technocrate, à savoir dans une redondance des évidences : le paysage, la proximité du village, une bonne desserte, des « équipements publics  et des commerces de proximité » (vrai qu'il ne sont pas nombreux), des « déplacements doux ». Plus recevable, d'abord la prise en compte de contraintes climatiques dont le risque important d'épisode méditerranéen, ensuite la gestion des flux routiers grâce à la réalisation de la rocade ouest pour un double bénéfice, la traversée du village vers les plages et la desserte des nouveaux quartiers d'habitation. 

Cette délibération se décline en objectifs, celui de créer un nouveau quartier « proposant une mixité sociale dans la programmation des logements » et tenant compte des diagnostics. Si l'étude semble globalement recevable, le jargon employé pour la présenter rebute plutôt : 

« Objectif 2 : Participer à un aménagement qualitatif de l'entrée de Ville et porter la réflexion sur la qualité des espaces publics par un traitement  du boulevard urbain et la création d'un espace de centralité. » (sic !)

De même, encore ce jargon sur « ...les mobilités douces, sur les formes d'habitat et l'usage des énergies renouvelables... » (objectif 5). « ...Conforter des liaisons avec les sites naturels et avec le village pour faciliter les perméabilités avec ce nouveau quartier... » (objectif 6)

Après les formules oiseuses, la dernière demi-colonne de l'étude, par contre, donne des chiffres : 

* 30.000 m2 de planchers. 

* 300 logements (individuels, individuels groupés, petits collectifs (3% du total devant être obligatoirement social). 

* des commerces et service de proximité sont prévus autour d'une place centrale (petits immeubles et cellules commerciales en rez-de-chaussée). 

* côté coopé-déchetterie, un secteur économico-public (caveau de vente de la coopérative entre autres). 

Le projet a été présenté à la population le 13 novembre 2018 (Salle des Fêtes). 

Cette Zac reste dans ses cartons depuis 6 ans ; les technocrates de la communication auraient dû continuer dans leur jargon plutôt que de parier sur l'avenir « Aujourd'hui un projet... /... demain une réalité ! ! » 

 


De même, on ne peut que regretter une forme d'arrogance de leur part lorsqu'ils se targuent de présenter un paysage qui leur reste étranger, tant les erreurs sont flagrantes ( le Carroux avec deux R, la colline d'Ensérune mal située, le château d'eau apparemment vendu à Salles d'Aude). 

Question plus inquiétante... N'y avait-il pas un Pérignanais dans le secteur ? un indigène disponible à portée ? 

 

samedi 15 juin 2024

LES MOULINS À NUAGES, Georges-Jean ARNAUD.

Georges-Jean Arnaud (1928-2020), auteur prolifique (416 romans !) tant de science-fiction, fantastiques, que policiers, d'espionnage, érotiques. Régionaliste aussi... sans être dans la confidence (combien de livres sur ce thème... de la région j'entends ?), avec « Les Moulins à Nuages », la quatre de couverture, la dédicace à Ulysse, arrière-petit-fils, dénotent du lien de l'auteur avec l'Aude, plus précisément les Corbières. Qui plus est, Georges J. Arnaud a été instituteur à Fitou avant de tant produire comme écrivain, de vraies racines... 

 

Et s'il n'y suffisait pas, l'édition 1988 de Calmann-Lévy débute avec une carte où des rayures marinières figurant la mer confortent une certaine ancienneté. L'Aude entre Hérault et Pyrénées-Orientales, Minervois au nord ; au centre, les Corbières, à demi ouvertes au levant sur les axes vitaux, vers Toulouse, vers Perpignan et l'Espagne, leur partie au couchant encore dans un blanc “ terra incognita ”. Les voies du tramway à vapeur y figurent et en attestent : verticales, en marches d'escalier depuis Lézignan vers Thézan, Durban, transversales de Narbonne à St-Pierre-des-Champs, de Port-la-Nouvelle à Tuchan. Pas de date sur cette carte où ne figure pas encore le terminus de Mouthoumet au cœur du massif, mais le réseau des tramways de l'Aude (carte de R. Jannot) a été créé au tout début des années 1900, soit au milieu de la vie du grand-père Antonin Louis Pla dit Planou (1866-1942), centrée sur les villages de VILLENEUVE et “ CASCATEL”, mentionnés hormis le “ S ” qui manque à Cascastel, en lettres majuscules.  

Mais d'où sort-il ce livre qui traînait avec d'autres en bas du lit ? Malheureusement, comme pour certains points, c'est le trou noir, de mémoire... l'âge sûrement... à presque oublier d'en parler alors que tout, dans ces 380 pages, parle d'une vie vivante encore au début des années 60. Pardon de tirer la couverture dans un manque de modestie flagrant... Avant tout, voyons tout ce qui ramène à un passé sudiste d'un ancien temps plus général, pas si loin que cela, souvent hier seulement, vers lequel il n'est pas question de revenir mais sans lequel la marche obligée vers demain s'avèrerait plus fragile et incertaine encore qu'elle n'est... 

Corbières maritimes. Sémals (les comportes) et tomata «… la Muda tordait le cou à ses torchons de tomatat avec la même poigne féroce que pour ses pigeons… », étrange cette orthographe, « tomatat », associée à sa tante Jeanne. Les chèvres, qui,comme à Fleury, rejoignaient le troupeau communal emmené par le berger communautaire ; les canards, friands de grappes d'escargots (cagaroulets sur les tiges de genêts / diminutif de cagarau), aussi muets que la tante, la Muda, qui passent la journée à la rivière, les fèves de caroube pour les chevaux et sa gourmandise, l'écurie aux fortes odeurs d'urine et de sueur, une « bouronne » pour faire auvent (« bourouno » dans le parler d'oc de Fleury). Et presque de suite, l'apport, la présence de la langue naturelle, l'occitan dans sa variante languedocienne sauf qu'à Fleury, de façon plus neutre, on dit « macarel » alors que le père de Planou dit facilement « macarelle de puta »... au féminin... 


Entre 1870 et 1942, entre pouvoirs royal, impérial, républicain, honni par les petits propriétaires conservateurs, espéré par les journaliers (brassiers, dits aussi « bouillés » dans le livre) espérant mieux, commodément présentée en tant que roman, c'est la saga de sa famille que Georges J. Arnaud raconte. La façon de vivre, l'état d'esprit, les vendanges, les crises de la vigne, les rivalités politiques aussi jusqu'à la présence d'un Espagnol tirant sur le gitan et l'anarchisme, nous filent dans la tête à la vitesse des vies qui défilent... 

G. J. Arnaud bien qu'installé à La Londe-les-Maures ne manque pas d'honorer ses aïeux des Corbières. Tout son livre nous touche à plus d'un titre avec une mention à part sur les vendanges, un sujet de choix quand la saison s'y prêtera    

vendredi 7 juin 2024

« Un petit cordonnier qui voulait aller danser... »

 

Théodore, Théodore... peut-être avions-nous à Fleury le prénom “ Théodore ”, du moins un exemplaire, porté par un cordonnier pas grand de sa personne. Depuis quand était-il là, dans cette maison à l'angle, presque en face du porche de l'église ? Hélas, trois fois hélas, puisque tout s'éloigne dans les limbes d'un passé pas toujours clair et fidèle, ce souvenir doit remonter à plus de soixante années en arrière... Francis Lemarque (1917-2002) chantait « Le Petit Cordonnier » (1956) : 
 
« ... Petit cordonnier t'es bête, bête
Qu'est-ce que t'as donc dans la tête, tête ?.. » 

Et c'est vrai que le nôtre, de petit cordonnier, voulait aussi “ aller danser ”. Sûrement cela se sut et les cancans durent diffuser bon train, sauf que cela dépassa la portée médisante des mauvaises langues (nous disons plus naturellement “ mauvaise langue ” que “ commère ”... les épouses racontées par Shakespeare à Windsor n'étant devenues “ commères ” bien que toujours “ joyeuses ” que par un mystère de traduction en français, peut-être significatif de notre façon de penser) jusqu'à  sortir au grand jour lors de l'audience correctionnelle hebdomadaire du tribunal de grande instance de Narbonne, président M Plantié-Cazejus assisté des juges MM Pech et Laroque, M Bousquet procureur de la République, M Bastide greffier. 
 
L'article local porte en sous-titre « C'est un vieux cordonnier... ». C'est par l'intermédiaire du Centre Mondial Familial (1), agence entre autres matrimoniale (de 1954, sans salarié) que mademoiselle Marie O. A. de Port-Louis, Île Maurice fit connaissance, aux fins de mariage, avec l'un de nos cordonniers. Il est vrai que pour une demoiselle de 44 ans, l'annonce promettait du ciel bleu : « Célibataire, 50 ans, maître-bottier, plus pension, maison, catholique, allure jeune, visage avenant, 1 mètre 60, 65 kilos, blond aux yeux marron, bonne santé, caractère affectueux et gai, aime le cinéma, le théâtre, la radio, la musique, vie d'intérieur. » 
Ils se sont écrit et le 8 avril (2) Marie débarquait à Marseille, attendue par Lucien (premier prénom de Théodore). Sauf que Lucien Théodore avait complètement travesti la réalité : 20 ans de plus, grand infirme (3), de quoi mortifier la pauvre fiancée. Mais où aller sans autre point de chute ? Marie a suivi l'imposteur non sans informer sa famille de la déconvenue. Lucien qui n'envoyait pas les lettres la mit à la porte le 24 mai, avec 500 Francs toutefois. Marie l'accusa de l'avoir frappé ; pour ce motif, la justice embraya. 
Pour avoir confisqué une correspondance et falsifié sa carte d'identité (comme si de se faire passer pour plus jeune pouvait compenser son handicap physique), ne pouvant prendre en compte la tromperie, le tribunal condamna Lucien Théodore C. à 15 jours de prison avec sursis, 200 F d'amende et 500 F de dommages et intérêts. 

« ... Petit cordonnier t'es bête, bête
Qu'est-ce que t'as donc dans la tête, tête ?.. » 
 
La placette, aujourd'hui, bien défigurée par un projet de logement social voire d'espace vert en dépit d'un périmètre historique protégé...
 
Pas bête notre vieux cordonnier, différent seulement, et si seul comme il l'a eu confié à une cliente aujourd'hui pas loin de ses cent ans. Encore plus seul depuis la mort de la maman. Alors, il y en a bien une qui est venue, avec enfants, mais elle a vite repris la porte. Quelque bonne âme lui avait bien suggéré aussi d'essayer avec Anna de la placette, vieille comme lui, petite, bossue. 
« Mais vous m'avez regardé ?! » il aurait répondu, trop sûr de son nœud de cravate impeccable. 
Pas de quoi en tirer un film du genre « La Sirène du Mississippi » ; même si Maurice et La Réunion sont sœurs mascareignes, il est bien sûr déplacé de comparer Catherine Deneuve et Marie O. A. ... Quant à comparer le pauvre Lucien à Jean-Paul Belmondo... 
Cyphose, scoliose, cypho-scoliose, la bosse intrigue, provoque, elle porte bonheur et puis ne rigole-t-on pas comme des bossus dans tout ce que peuvent dire les “ braves gens ”. Gibbeuse, la lune a droit à plus d'égards... Il n'empêche, les bossus peuplent le monde des arts et des lettres : Carabosse, Polichinelle, Jean Cadoret dit “ de Florette ”, et encore chez Pagnol, Toine, le petit bossu de Naïs. Émouvant, le monologue de Fernandel dans un rôle à l'opposé de ses prestations troupières  :  

« ...Les petits bossus sont de petits anges qui cachent leurs ailes sous leurs pardessus [...] un petit bossu qui a perdu sa grand-mère est un bossu tout court... »  
 
Pardon de tant digresser (4). Même s'il est dommage de ne rien dire, au passage, sur les grands-mères et le mimosa, c'est encore Pagnol, sans encore évoquer « Les Lettres de mon Moulin ». 
 
Notre Théodore, seulement un fait divers, certes développé dans la rubrique hebdomadaire du journal local mais juste un drame humain. De quoi, pourtant, provoquer aussi un flot de gorges chaudes au village, une réaction de groupe peu charitable, étrangère à toute compassion personnelle, mais que rien ne peut arrêter. Et puis il paraît que cette nouvelle fiancée aimait le rhum... Théodore, inquiet pour sa pension écornée, aurait incité les Docks Méridionaux voisins à dire qu'il n'y en avait plus en rayon. C'est que les ondes du bouche à oreille, chez les “ braves gens ”, sont encombrées de flux frelatés ; il s'en raconte sur fond de vérité plus que troublé ; les “ fake news ” et autres “ spams ” ne datent pas des réseaux sociaux...   
 
Merci à mes concitoyens, des “ braves gens ” du village, pour l'aide apportée.     

(1) ce n'est pas sans rappeler les annonces du « Chasseur Français ».
(2) Oh de quelle année ? 1960 peut-être... Si quelqu'un en sait quelque chose... 
(3) une infirmité peut-être comparable à celle causée par des rhumatismes déformants... que le parler villageois, sans plus de délicatesse que de fioriture mais sans penser à mal, saisit en languedocien, en quatre mots crus évoquant le ventre et le derrière de l'infortuné...  
(4) j'oubliais « Le Bombé » (Jean Carmet), compère du « Glaude » (Louis de Funès) dans « La Soupe aux Choux ».  

samedi 6 avril 2024

QUAND TOUT S’ÉCROULE À L’AQUEDUC ! (7ème partie) Dimanche de Pâques 31 mars 2024.

Avec l’accord plausible (1), pour Tarailhan, des frères Raymbaudi, marchands à Narbonne et G. Pagesi, pareur dans cette même ville (rue de la Parerie, non ?) et celui des frères de Malves, seigneurs de Marmorières, Amalric Ier, baron de Pérignan (2) depuis 1281, s’est vite chargé (peut-être a-t-il été autorisé par sa hiérarchie) d’assécher l’étang de Tarailhan. 

© François Dedieu / diapositive / 1967. L'Étang de Fleury vu depuis la colline de Montredon (moulin). C'est la partie que se réservait, à l'origine, Amalric Ier, seigneur de Pérignan; On remarque que le cyprès sur le route de St-Pierre, n'est plus, que les pins de la garrigue à gauche ainsi que ceux du Pech Azam à droite, sont moins envahissants qu'aujourd'hui...  

Dès cette date, pour sa possession correspondant au Nord, aux 2/3 de la surface, il passe deux contrats d’emphytéose “ centum quadraginta sestariatas de terra que nunc jacet sub aqua ”, pour cent quarante séterées de terre se trouvant alors (nunc ?) sous l’eau. Si le drainage est en rayons avec évacuation au centre comme à Montady, en éventail (comme à Canohès, Pézenas), à Pérignan il peut se comparer à un réseau foliaire (3) dont les veines donnent dans la nervure médiane principale qui poursuit le ruisseau du Cascabel traité de Cave Maîtresse. Nous retrouvons cette qualification dans le fossé mère, ruisseau de la Mairale (4), la nervure médiane principale donnant sur l’évacuation souterraine. Au moins un pont de pierre atteste d’une certaine largeur pour ce fossé. Une fois asséché, un arpenteur entreprend le bornage des nouvelles parcelles (5), en principe en suivant les fossés auxiliaires. L’entretien, les curages des fossés, le contrôle de l’état de l’aqueduc souterrain sont aussi arrêtés légalement.

En 1286, cinq ans plus tard, suite au décès du premier signataire un nouveau bail est signé “ portem stagni nunc dessicati et agotatum ” la porte de l’étang désormais (nunc ?) vidée et asséchée.

En 1321, Aymeric Ier, fils d’Amalric Ier, concède, en lots, aux Pérignanais, la part en réserve de son père (qu’il faisait travailler à son profit). Un document de 1514 fait état d’un plan avec 58 lots attribués par tirage au sort à treize intéressés.  

De la confrontation entre la future bastide de Tarailhan et le seigneur de Pérignan datent les premiers conflits ; dès 1286. les imprécisions, le statut des terres, des tenanciers, les inondations vont nourrir nombre de procès.

Début XVIIème (1610-1620, peut-être sous Charles ou Hercule de Thézan-St-Géniez alors baron) un long procès oppose Tarailhan et les tenanciers de Pérignan au seigneur : les premiers cités ne veulent plus payer de redevances sur les 140 séterées de 1281 ; ils font état de déguerpissements datant de 1377, attendu que suite à ces expulsions d’occupants illégaux qui auraient occupé des parcelles, peut-être suite à des inondations, les terres délaissées n’ont pas été concédées, les tenanciers s’estiment libres de ne plus payer ( en font-ils autant que les occupants illégaux jadis expulsés ? il est vrai que les seigneuries n’ayant plus réclamé les redevances que par intermittence, les différents tenanciers arguent que les parcelles ne seraient plus soumises au privilège de noblesse)... Le parlement de Toulouse tranchera en faveur du seigneur, un nouveau partage de l’étang se fera en 1616 (34 parcelles pour les tenanciers pérignanais).

S’il n’y a aucune preuve du drainage de l’étang durant l’Antiquité, il n’empêche que l’histoire de notre dépression aux 2/3 communale demeure des plus intéressantes. Plus de sept siècles nous séparent de l’aqueduc souterrain... quelques années entre mes assertions néanmoins plutôt formulées au conditionnel (je m’avance, affirmant cela) et le propos actuel. Bref j’ai été long à la détente, l’article du Midi-Libre de 2012 aurait dû m’alerter. Il informait que la municipalité confiait la gestion de l’aqueduc et des fossés en amont au Syndicat Mixte du Delta de l’Aude, cet entretien ne pouvant plus être assuré par l’association des propriétaires riverains (cela n’est pas sans rappeler les anciens usages...). 

Carrefour des Quatre Chemins. Sous terre, l'aqueduc vient de la droite pour, suite à un angle droit, s'engager vers le village par le chemin des Arbres blancs (en face sur la photo). 

À cette occasion, un hydrogéologue, un ingénieur (et un troisième “ larron ”) ont alors parcouru le souterrain. Contrairement à ce qui peut se dire, ils n’ont pas mentionné de ramification pour un second conduit vers le village... À partir d’où ? qui devrait remonter à contre-pente ? Avec une marteilhière à la jonction pour fermer en cas de fort débit ? ne serait-ce pas plutôt à propos du souterrain du château ? Avec la gravure sur un mur de notre église, toutes les quêtes ne peuvent que nous faire avancer...       

(1) L’étang est alors sous deux juridictions : la seigneurie de Pérignan au Nord, celle alors de Narbonne au Sud, pour Tarailhan et Marmorières (aujourd’hui Vinassan).   

(2) Fils d’Amalric Ier, vicomte (un degré de noblesse au-dessus de baron) de Narbonne, qui aurait servi en Terre Sainte (huitième croisade ?) Source Le canton de Coursan, Opération vilatges al Pais, 2005.  

L'étang asséché depuis le Pech Azam ; en bas, l'enceinte de l'ancien terrain de rugby. 

(3) La comparaison avec une feuille peut se continuer avec le pourtour de cette feuille, appelé alors “ le Cercle ”. Avec la majuscule, c’est toujours un nom de tènement au Nord-Ouest de l’Étang de Fleury « ...cette vigne nous donna des pois et des pois chiches entre 1940 et 1944. Elle jouxtait la vigne de Germain Rey où fleurirent plus tard des rangées de poiriers... » Caboujolette, Pges de vie à Fleury II, François Dedieu 2008.  

L'Étang depuis le Pech Azam. Les parcelles géométriquement régulières jusqu'au ruisseau mairal. 

(4) Mairal (en occitan, le “ i ” se prononce tel un “ y ”), de la même racine que “ maternel ”, “ principal” s’agissant d’un cours d’eau (nombreux de ce no dont un à Narbonne).

(5) Les parcelles sont-elles évaluées en “ cesti ” et non en arpents ? Gravé sur un mur de l’église Saint-Martin, figure la valeur du “ cestus ”, division de mesure de superficie à usage local. Sur quel mur cette gravure ? On attend les investigations des passionnés du Da Vinci Code !

jeudi 4 avril 2024

QUAND TOUT S’ÉCROULE À L’AQUEDUC ! (6ème partie) 30 mars 2024.

Voilà pour le contexte, à savoir ce XIIIème siècle (source principale, « Chronique de la France », Acropole 2000 (un livre de 4,5 kg acheté vers 2008 au prix de 6 € le kilo !).  

Plus pacifiquement, afin de rejoindre notre propos sur l’aqueduc souterrain de Fleury, c’est une période marquée par des progrès avant tout pour l’agriculture. En 400 ans, la production a été multipliée par 1,6. Les paysans ont de meilleurs outils ; les moulins à eau contribuent à moudre les grains, à brasser la bière, à extraire l’huile, à fouler des étoffes, à sortir du papier. Plus nombreuses, les forges s’installent près des forêts, le fer remplace le bois (outils); la charrue est plus efficace même si elle nécessite de quatre à six animaux de trait. On ferre les chevaux, le collier d’épaules, le joug pour les bœufs, permettent de mieux tirer partie de l’effort physique demandé.

Le climat plus favorable, l’absence d’invasions influent aussi sur les changements.    

La société bénéficie de ces avancées, nombre de serfs rachètent leur affranchissement et partent s’installer en ville ou rejoignent les vilains chez les manants ; les produits agricoles voient leur valeur augmenter et les tenanciers préfèrent payer leurs redevances en argent et non plus en nature, les premiers paysans riches, les “ coqs de village ”, apparaissent ; le seigneur aussi va chercher à produire plus pour vendre en ville.

Toute l’Europe connaît une forte croissance démographique ; avec plus de bouches à nourrir, il faut de nouvelles terres à travailler, des terres au coût toujours plus élevé... c’est dans ce cadre que l’étang dit “ de Tarailhan “, aujourd’hui “ de Fleury ”, va être asséché.

Nous devons d’en savoir davantage à Jean-Loup Abbé, professeur des Universités honoraire, antérieurement professeur d’Histoire médiévale à l’université de Toulouse-le-Mirail, auteur de “ À la Conquête des Étangs ” Presses universitaires du Midi 2006, animateur de conférences dont celle de Marseillette en date du 15 mars 2022 (en ligne). 
Merci aussi aux Chroniques Pérignanaises pour l’ouvrage « De Pérignan à Fleury » 2009, en ce qui concerne particulièrement les recherches sur l’étang ainsi que la généalogie fouillée des vicomtes de Narbonne, barons de Pérignan, suivie de celle des barons et ducs de ce qui fut notre seigneurie.  

Que sont ces nombreux étangs ? Les vents, qui plus est les vents forts comme le Mistral ou le Cers, érodent certaines zones plus tendres ; les poussières emportées font ensuite place à des cuvettes plus ou moins profondes (de 1 à 4 mètres) qui retiennent les eaux de pluie. L’idée de mettre en culture ces terres inondées date de l’antiquité ; s’agissant de creuser, ce “ travail de Romain ” s’impose, lorsque, au Ier siècle de notre ère, il faut entreprendre sous terre. 

Sur une base IGN (merci Géoportail), le tracé de l'aqueduc souterrain de Fleury avec les puits positionnés par les Chroniques Pérignanaises (merci à eux) mais avec l'ordre de creusement logique de l'aval vers l'amont. 


Après calcul de la pente (4 ‰  à me fier à mes souvenirs d’école, à Monsieur Carrère, le directeur à Pézenas... même si on s'en tenait aux pourcentages) la technique consiste à creuser des puits à commencer par l’aval (1), à une cinquantaine de mètres d’intervalle (21 intervalles pour 20 puits, merci encore Monsieur Carrère qui nous posait le problème des arbres à planter sur une ligne non fermée ! seule la règle de l'intervalle supplémentaire permet de résoudre sans plus réfléchir !)... sauf que le calcul n'est que théorique... la distance entre les puits doit dépendre des changements de direction, entre deux coudes, certaines sections sont forcément plus courtes. Depuis ce que sera la sortie de la galerie, il faut creuser vers le premier puits d’où une autre équipe creuse à rebours... il s’agit de ne pas trop s’écarter à la jonction. (Numéroter les puits depuis l’amont, depuis l’évacuation de l’étang suppose qu’on ne tienne pas compte ou alors qu’il a échappé que la procédure consiste à commencer par l’aval...). Ces puits seront ensuite utiles pour l’entretien de la galerie, leur localisation précise s’avère donc plus que nécessaire... (à suivre) 

La carte dite de Cassini (on devrait dire “ des Cassini ”, élaborée sur tout le XVIIIe siècle jusqu'en 1818 pour sa forme actuelle, indique encore l'Étang de Fleury pour la pêche. Au moins le jardin du Duc est mentionné dans des secteurs toujours connus aujourd'hui sous les noms “ l'Horte ”, “ Derrière l'Horte ”. Le cours du ruisseau du Bouquet figure bien jusqu'à l'Aude.  

(1) Au niveau de la source du Bouquet, alors en rase campagne, peut-être dans ce que la carte de Cassini nommera plus tard “ jardin du Duc ”.

lundi 1 avril 2024

QUAND TOUT S’ÉCROULE À L’AQUEDUC ! (5ème partie) 29 mars 2024.

“ Cassé ! ” qu’ils disent les “ djeuns ” (c'est être ringard, non, de le dire comme ça ?), un mot qui a d’autant plus de force en réponse à du péremptoire, du catégorique, du cassant n’admettant pas de réplique ! Et combien de fois ce penchant ne nous égare-t-il pas, tous, autant que nous sommes, dans une erreur à en perdre la face ! Et puis, mais non, ce n’est pas l’aqueduc qui s’effondre, les derniers à le visiter ont bien dit que même la partie la plus ancienne restait en bon état, ce qui s'écroule est tout ce que peut bien échafauder un esprit lambda qui croit avancer vers ce qui doit être, sans percevoir qu’il se fourvoie...    

Puits d'accès au souterrain dans le contournement du moulin (sur la colline derrière)... sachant que depuis la route de Marmorières, le relief a baissé de 58 cm sur 253,68 m., à quelle profondeur se trouve l'aqueduc ? 

Merci le Midi Libre avec son article de 2012 qui m’a mis la puce à l’oreille. Il était temps ; l’indice intègre le passage  “ partie qui date du XIIIè siècle est en bon état  et la plus récente en très bon état ” ! Étrange, les spécialistes ne mentionnent pas plus les Ligures que le travail de Romain évoqué par Joseph Campardou. Et si on devait l’aqueduc aux féodaux du Moyen-Âge, notre superbe dût-elle en encaisser le coup ?

Et si les Ligures sinon les Romains n’ont pas revendiqué les efforts faits, les archives du Moyen-Âge, elles, ne donneraient-elles pas le détail des travaux en amont ? Elles ne manquent pas, surtout à travers les actes, des documents de portée juridique, de renseigner sur les contrats datés sinon les recours en justice. À en prendre connaissance, à toujours croire à la rusticité de l’époque, nous ne pouvons qu’être étonnés d’une modernité bien plus proche de nous qu’imaginable. Un état de fait certainement lié à la civilisation occitane si avancée économiquement, culturellement et si héritière du Droit romain (n’y voyez de ma part, qu’un manque d’objectivité).

Les indices sûrs concernant notre aqueduc souterrain étant de la fin du XIIIe siècle, quelques dates afin de situer notre Sud par rapport à la France, marquée, aussi, depuis le XIe par une évolution positive  (dit ainsi c’est moins chauvin).

* 1205 : à Montpellier, marchands et artisans d’une même production ont obligation de s’installer dans la rue qui leur est assignée. 

Béziers Pont Vieux et Cathédrale St-Nazaire 2007 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Sanchezn

* 1209 : Suite à la croisade contre les Albigeois, les habitants de Béziers sont massacrés « Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens » aurait dit le légat du pape.  

 À Montpellier, deux marchands de Cahors avancent de l’argent à Montfort qui en retour devra leur donner la seigneurie de Pézenas. 

Minerve,_Languedoc-Rousillon,_Southern_France 2012 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author Keg1036

* 1210 : à Minerve 140 Parfaits préfèrent se jeter dans le bûcher qu’abjurer.

* 1212 : à Pamiers, par une charte, Montfort confisque les biens des seigneurs du Midi. Le droit français et la coutume de Paris remplacent le droit occitan.

* 1213 : à Muret, suite à la mort au combat de Pierre II, roi d’Aragon, les Croisés du Nord écrasent le comte de Toulouse.

* 1216 : Raimond, fils du comte de Toulouse, reprend Beaucaire aux barons du Nord. Le Midi croit pouvoir espérer.

* 1218 : Toulouse est sauvée par ses femmes qui servent la catapulte d’où partira le bloc fatal pour Simon de Montfort.

* 1220 : l’université de médecine de Montpellier obtient son autonomie.

* 1224 : suite au soulèvement des seigneurs dépossédés, Amaury de Montfort, fils du chef des Croisés, doit abandonner le Languedoc. Les faidits récupèrent leurs biens.

* 1225 Raimond VII réintègre Toulouse, sa ville.  

Le poulain de Pézenas à Steeworde 2006 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author Daniel71953

* 1226 : en souvenir de la jument mal en point qu’il dut laisser en route contre les Albigeois (en fait, pleine et prête à pouliner, entre 1216 et 1219) Louis VIII le Lion offre un cheval de bois à la ville de Pézenas. Désormais le Poulain devra être de toutes les fêtes ! Si ce n’est qu’une légende, elle est jolie !

* 1230 Marseille reconnaît Raimond VII comme suzerain.

* 1235 : à Perpignan, Jacques, roi d’Aragon, épouse la princesse Violant de Hongrie. 

Châteaux_du_Pays_cathare_-_Château_de_Peyrepertuse 2019 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported  Author H. Zell

* 1240 : à Carcassonne, en août, Raimond Trencavel se soulève contre le roi. Louis IX prend la ville, en remonte les remparts et crée la ville neuve en bas de la Cité.
        novembre, ans les Corbières : la forteresse cathare de Peyrepertuse se rend. 

Sur son pog, le château de Montségur vu depuis l'Est 2008 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Jcb-caz-11

* 1244 reddition de Montségur : 200 hérétiques périssent dans les flammes.

* 1246 : Louis IX veut un port sur la Méditerranée, ce sera Aigues-Mortes.

* 1249 : Guillaume de Puilaurens écrit sa chronique sur la guerre albigeoise. 

Château de Quéribus 2013 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author BlueBreezeWiki

* 1255 : chute de Quéribus, ultime forteresse cathare.

* 1258 à Montpellier le concile décide qu’un chrétien ayant emprunté à un juif n’a pas à lui payer les intérêts.

* 1262 : le Comte de Provence met fin à une rébellion de Marseille.

* 1263 à Marseille une dizaine de meneurs sont décapités.

* 1265 : afin de faciliter les pèlerinages, sous la protection du Saint-Esprit, tant le fleuve est dangereux, les moines font édifier un second pont sur le Rhône (après celui d’Avignon).

* 1270 : Louis IX embarque à Aigues-Mortes pour l’Égypte au cours de la 9ème croisade, en comptant celle contre le Languedoc. Il meurt sous les murs de Tunis.

* 1272 à Narbonne, pose de la première pierre bénie à Rome, de la cathédrale.

* 1274 : le roi cède le Comtat Venaissin au pape (cette possession durera cinq siècles).
                Mort de Pierre Cardénal, un des derniers troubadours chantre de la lutte des Albigeois.

* 1276 Perpignan devient capitale du royaume de Majorque.

* 1282 à Albi, l’inquisiteur pose la première pierre de la cathédrale Sainte-Cécile.

* 1283 à Perpignan, Pierre III le Grand, roi d’Aragon, tente de s’imposer à Jacques, son frère, roi de Majorque (ils possèdent le Roussillon, la Cerdagne, Montpellier).  

* 1285 Septembre.  Pour venger les terribles Vêpres Siciliennes, Philippe III le Hardi prend Gérone. À la fin du mois, aux îles Formigas,  il est mis en déroute par le roi d’Aragon et doit battre en retraite. Après avoir ordonné la construction des remparts à Aigues-Mortes, il meurt du typhus à l’âge de 40 ans. Ses chairs sont inhumées à Narbonne.

* 1292 Philippe IV le Bel fait construire Villeneuve-les-Avignon en face de la ville des papes.