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vendredi 31 octobre 2025

Fleury, le mercredi 15 octobre 1997.

 « Bien cher Jean-François, 

Ta “ lettre-fleuve ” de huit pages partie le 7 octobre de Coconi nous est arrivée hier (elle a mis sept jours). Maman l'a lue et aussi Christine et Olivier qui nous a porté quelques kakis (il y en a peu cette année et ils sont petits sauf exceptions) ; arrivé en 2 CV, il s'est retrouvé en panne sèche en bas de la rue avant de se dépanner assez vite. Ils ont aimé aussi tes détails concernant le timbre « Visage de femme », ta rencontre avec le receveur puis avec Bouchata de Sada qui en a été le modèle. 

Nous sommes brusquement passés du plein été à la fraîcheur de l'automne, en attendant de pied ferme l'été de la Saint-Martin, « l'estivet de San Marti » qui en général ne manque pas à l'appel ; la température a bien baissé et le cers qui maintenant semble se calmer, était assez froid. Mon dernier bain date du 7 octobre, hier le 10, j'aurais pu aussi, je n'ai pas osé, j'aurais vraiment été le seul ! 

Pense au billet d'avion, on sait que pour la famille de Claude, à destination de Maurice, c'était déjà complet quatre mois avant. 

Je continue mes travaux de peinture : alabastine et deux couches. 

Originaire de Brno, la professeur de tchèque de Laeti leur a conseillé de s'informer et de lire sur Bohumil Hrabal, figure attachante de la littérature tchèque contemporaine, qui vient de mourir à Prague (né en 1914). Bon, il est vrai, porté sur la bière, ramené quelquefois chez lui sur une brouette par ses camarades, mais son œuvre est intéressante. Le Petit Larousse parle de sa liberté subversive (qui lui a valu la censure communiste), son écriture colorée et baroque. Sur ses œuvres, son interdiction de publication, sa célébrité, bien que plus ancien, le GDEL est plus complet.  

D'après  « Mluvite cesky ? » (parlez-vous tchèque ?), un livre de Laeti, Vaclav Havel ne se prononce pas “ Vaklav Avel ”. De même, ne pas dire “ Ko to jai ? ” pour “ Co to je ?” (“ Tso to yé ? » Qu'est-ce que c'est ? ”). Figurent aussi des questions et réponses simples, une initiation aux conjugaisons. 

Quand j'allais poster mon envoi des 3-6 octobre, j'ai lu devant la mairie l'avis de décès de Jean SEGURA (obsèques le 11 en l'église St-Paul-Serge de Narbonne) ; je t'ai sans doute annoncé le décès de PLA mais pas le “ coup de folie ” d'Adrien FOUNEAU qui ne reconnaissait plus sa femme Marinette... Il n'avait jamais épousé une femme aussi vieille, disait-il. Il a fallu l'interner. 

23 h 30, il se fait tard. A demain sans trop penser au foncier payé hier. 

Jeudi 16 octobre 1997. En parlant d'impôts, trouvant qu'elle payait trop cher, N. B. de Fleury a fait venir un inspecteur des impôts. Or, trouvant que même le grenier était habitable, cet inspecteur a tout modifié de l'imposition. Elle, par contre, s'en voulait de sa bêtise... une année de crainte et plus de mille francs... en moins. Ouf ! 

Brassica_rapa_subsp._pekinensis_'Manoko' 2021 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Krzystof Ziarnek, Kenraiz


14 h 15. Le vent est tombé, le soleil brille, mais l'atmosphère reste fraîche, l'automne a vraiment fait sa rentrée. nous avons lu avec intérêt les prix des divers légumes. Ici, les tomates ont passé le cap des dix francs, ces jours-ci même à 14 ou 15 francs, les avocats à 4 F pièce. Christine nous dit que dans la région un gros avocatier fructifie, ce qui est complètement inattendu chez nous. Il y en a un, à Fleury, dans la petite rue Emile Zola. Si les courgettes sont meilleur marché ici, les haricots paille sont aussi chers qu'à Mayotte. Cet été les haricots verts étaient entre 14 et 16 F., ceux que j'avais acheté n'avaient rien valu. Je ne connaissais pas le “ pé-tsaï ” ou chou de Chine ; je découvre ce nom suite à ta lettre. Le Grand Larousse GDEL dit : Chou chinois (Brassica chiniensis), feuilles vert pâle, nervures aplaties, larges, blanches, partie pommée allongée, famille des crucifères. Le XXe signale qu'il est apprécié pour sa croissance rapide et sa douceur. Mon ancien Larousse Gastronomique en fait aussi mention à l'article « Chou ». Pour notre part, hier nous avions un chou-fleur avec pommes de terre (9.95 F) et du concombre en entrée (3.95 pièce). 

Merci pour ton récit du mariage ; Olivier a trouvé que les rations étaient limitées. Et ta collègue qui voulait doucher son chien chez toi ? Tu fis bien de l'envoyer ailleurs ! 

Ravis de voir que ton emploi du temps te convient pleinement, il ne nous reste plus qu'à te souhaiter une excellente santé, courage et patience. le bonjour à Gilbert. 

Nous t'embrassons bien fort. 

Maman et papa.     


mercredi 29 octobre 2025

Écrits croisés, 27 oct. 1997.

 « Fleury-d'Aude, lundi 27 octobre 1997

Bien cher fils, 

Une nouvelle semaine commence avec l'heure d'hiver et la fraîcheur matinale, mais les journées sont très ensoleillées, agréables. Hier même, les voisins à la mer se sont baignés serait-ce vite fait, l'eau étant à 18 degrés. Leur fils, poids-lourd entre Perpignan et l'Espagne, qui dort souvent dans le camion, les rejoint chaque semaine. 

Stamp_of_Anjouan -1900 -1929 Colnect_215579_-_Trype_Groupe Domaine Public Author Post of Anjouan
 

Hier, comme d'habitude, j'ai regardé le télétexte, une dépêche était titrée d'Anjouan : 

« ANJOUAN - REFERENDUM SUR L'INDEPENDANCE. 
Les habitants de l'île d'Anjouan, dans l'archipel des Comores, ont voté dimanche massivement par référendum pour se prononcer pour ou contre l'indépendance. 
Ce référendum, dont le résultat sera connu lundi, est désapprouvé par l'OUA et critiqué par des dirigeants séparatistes, car il fait peser des risques sérieux sur l'avenir de l'île. 
Le “ oui ” à l'indépendance devrait l'emporter, et l'OUA (Organisation de l'Unité Africaine) a annoncé qu'elle considérerait “ nuls et non avenus ” les résultats du référendum. » 26. 10. 97 16 h 36 JB/CJ

Mardi 28 octobre, huit heures. 
Je dois te signaler l'accident dont a été victime notre cousin Jackie Andrieu sur la route de Gruissan. En camion, il revenait de s'approvisionner en fruits et légumes et a subi une collision : devant enfoncé, la portière s'est ouverte et il a été heureusement éjecté. Il a eu des dents arrachées, une clavicule, une ou plusieurs côtes brisées, les deux pieds brûlés. Germaine qui attendait le car pour aller voir “ l'oncle Ernest fatigué ” m'a dit que ça allait mieux mais que le pied met longtemps à guérir, le docteur parle d'une greffe si les chairs ne remontent pas. 

Comme tu vois, mes nouvelles ne sont pas gaies mais nous approchons de la Toussaint. J'ai sous les yeux ma leçon de morale de novembre 1933 (j'avais onze ans, c'était avec monsieur Teisseire [pas de “ y ” disait-il) : « Pensons aux morts. A l'occasion de la Toussaint, souvenons-nous que notre génération doit tout au long travail des générations successives qui nous ont précédés. le souvenir des morts est un culte sacré. » C'est par ces quelques lignes de “ morale ” que nous commencions ce mercredi 15 novembre, curieusement bien en retard sur ce jour particulier. 

Je continue mes petits travaux... à suivre donc surtout que Milou se demande pourquoi sa promenade tarde tant. Je vais le satisfaire. 

Gouffre_de_l'Œil_Doux 2016 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur François de Dijon.

17 h 30. Il fait un peu frais, avec une petite averse. Vendredi dernier nous avons regardé « Le Garçon d'Orage » avec l'Œil doux plusieurs fois mais sans distinguer Olivier, peut-être en vert et de trois-quarts dos. C'est agréable mais loin de constituer un chef-d'œuvre. 

Nos petits-fils déménagent deux éléments de la cuisine en pin. Partis à 14 h, ils devaient rendre le camion à Hyères, à 19 h au plus tard. 

Gros baisers de nous tous. le bonjour à Gilbert. 
Papa François, maman Jirina (mentions manuscrites).  

vendredi 24 octobre 2025

Dernier mois d'automne 97 à Fleury.

Vignes et moulin en automne. Diapo François Dedieu. 
 

Samedi 15 novembre — Magnifique journée d'automne. le vent est absent, les feuilles encore sur les plantes prennent des tons mordorés, le tapis de feuilles mortes attend sous la rosée matinale un balai qui ne viendra pas, notre soleil méridional darde ses rayons sur les vignes aux coloris divers et un village à la fois lourd de son passé historique bien que tourné vers l'avenir. Songeur sur l'automne, j'entends des coups de marteau lancinants depuis la maison d'Emilienne devenue depuis peu le siège de “ Fleury Immobilier ”. Le “ marteleur ” doit mettre à bas quelque pan de mur à coups de burin, c'est que la maison a dû jadis souffrir de la présence des vaches, du fumier, du purin. 

Fleury, fête patronale de la Saint-Martin 1990. Photo François Dedieu.

Les jours de fête ont été bien tristes, comme tu peux l'imaginer; les forains ont eu quand même du monde le 11, le concert traditionnel a été remplacé par un récital de chansons dont je n'ai eu aucun écho, vu les circonstances je ne suis allé ni au Monument aux Morts, pas plus qu'au vin d'honneur offert par la municipalité. La mort rôdait dans les parages et elle exige calme et recueillement. 

Je suis passé au cimetière puis à notre maison natale. Quelques lettres de condoléances sont arrivées : de Marinette Founau, la femme d'Adrien, depuis peu avec son mari dans une maison aux environs de Béziers, après Salvaing ; de leur fils Henri, le docteur, déjà veuf ; de Lucienne Pujol, veuve de Roland neveu de l'oncle Noé, de Salvador et Cécile Pérucho de Fabrezan. 

17 h 30. Nous revenons de la mer, le coffre plein de bois. A la fin de la première mi-temps contre les Springboks, nous en étions à 19 - 15 ; le temps de rentrer au village, ils nous menaient 29 - 15, une étrillée ! Heureusement nous avons assisté au sursaut tardif des nôtres et avec trois essais, nous ne perdions que de quatre points... Si les deux transformations eussent été réussies, c'était 36 - 36. l'adversaire était redoutable et après tout, ce n'est qu'un jeu...

Il y a un moment, le haut-parleur du manège appelait les enfants pour le prochain tour (3), mais tout est redevenu bien calme, en attendant demain après-midi, sans doute, pour quelque supplément dans la caisse. Lundi, le démontage va sans doute commencer, la ronde incessante des gens du voyage se poursuivant traditionnellement par la fête de Murviel. 



Je t'ai photocopié le texte d'origine du « Doublidaïre » en orthographe languedocienne. 

Nous avons été heureux de savoir que la “ pluie des mangues ” avait réjoui le cœur des Mahorais, et que les restrictions d'eau ne seraient plus qu'un mauvais souvenir (4). Laeti et Pierrot ont bien reçu tes mots, tes fleurs et ta page de tchèque. Tu t'en sors bien dans cette langue difficile, pour ne jamais l'avoir étudiée !   

Avec tous ces tristes événements mes travaux de peinture ont été suspendus [...] à condition de ne pas attendre trop longtemps quand même ! (5) Le “ bleu séraphin ”de Corona est mon ancienne couleur, maintenant j'ai pris “ bleu glacier ” de Valentine.

Les bolets et les crabes devaient être bien savoureux. La pêche de ces derniers est donc interdite pendant la période de reproduction. Il serait en effet dommage de les voir disparaître. 

(mentions à la main) Mardi 18 /XI. Encore un coffre de bois à St-Pierre. Temps gris aujourd'hui : on en profite pour se faire vacciner contre la grippe. La place du Ramonétage s'est vidée dès hier. 

Tendres embrassades, François Dedieu 

Jean-François, jen par slov. Venku prsi ale zima neni, pry rostou houby. (seulement quelques mots. Il pleut mais il ne fait pas froid, les champignons devraient pousser). Maman Jirina. 

(3) la fête foraine s'installait alors sur la place multiple du Ramonétage.  

(4) ce qui depuis n'a pas été le cas? Dernièrement, les coupures pour manque d'eau sont passées de deux jours sur trois à trois jours sur quatre... (oct. 2025).  

(5) Aïe ! faudra bien que je m'y mette, à âge égal, trois décennies plus tard...    

mardi 21 octobre 2025

Les chats de Bohumil Hrabal

Suite de la lettre des 5 et 6 décembre 1997. 

... lui, ex-urbaniste, a fait honneur aux vins de Fleury et vidait souvent le verre offert à l'entrée (40 francs pour le repas). Ils étaient venus avec des voisins de la mer mazamétains ; tous étaient enchantés de leur soirée. Il était minuit moins dix quand nous avons quitté les lieux, Momon et moi, et sommes allés prendre le café chez lui, comme ce soir-là où nous y étions avec toi au sortir de cette conférence fantaisiste sur les cathares à la Maison vigneronne, tu dois t'en souvenir. Et il m'a ressorti sur la table la bouteille de fine au verseur effilé, avec, prisonnière, cette grosse poire dont la présence pose problème au profane. Bref il était minuit et demi (et non “ et demie ”, je viens de vérifier) quand je regagnais la maison, accueilli par les aboiements de Milou quand j'ai sonné. 

8 h 40 : rapide promenade avec le chien, zéro degré, passants rares, emmitouflés et pressés; Chez toi aussi, Olivier a rallumé, ils n'avaient que 13° dans la cuisine. Hier, j'ai acheté un kilo de miel toutes fleurs de Salles-d'Aude (Toustou apiculteur). 

Chat_tigré 2013 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license auteur Mulhouseville 

Pour terminer, je te mets le passage sur les chats qui continue le chapitre de Hrabal : 

« [...] voilà que j'avais oublié mes chats... Ici à Kersko (1), il fait si froid que l'eau a gelé dans le petit seau de l'entrée. Cassius (son chat noir NDLR) était un peu mal fichu, il a fallu que j'aille à sa rencontre, que je le prenne dans mes bras, je lisais la peur dans ses yeux, je lui ai versé du lait comme aux autres, mais j'ai une mauvaise nouvelle à vous apprendre, lorsque je suis arrivé par le car, deux petits chats du voisinage venaient à ma rencontre, des chatons déjà grands, des tigrés, toujours ensemble, de conserve, ils couraient toujours l'un à côté de l'autre comme attelés par un fil invisible, tête contre tête, on aurait cru qu'ils tiraient une invisible carriole toute chargée de bonheur, quand ils galopaient sur le long sentier bordé d'une clôture blanche, ces chatons me souriaient 

Bohumil_Hrabal_na_zahradě_své_chaty_v_Kersku,_1989_(vpravo_básník_Jaromír_Pelc) under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Author Filons

[...] moi je leur donnais à manger, je les caressais, ces chatons avaient la même nature que Cassius, ils se laissaient caresser, et quand ils avaient assez mangé, alors côte à côte tel un attelage ils repartaient où ça leur chantait, mais toujours ensemble, côte à côte... mais un jour j'ai vu accourir un seul chaton, il neigeait un peu, un genre de semoule de neige... et moi, j'avais déjà compris qu'il était arrivé un malheur, j'avançais le long du chemin juste saupoudré... et là, près du portail, un petit chat étendu de tout son long, mort, mon chat porte-bonheur... et la carriole invisible qu'il tirait pour me rendre heureux avait disparu comme dans un conte de fées triste... lorsque j'ai soulevé le petit cadavre tigré, son empreinte est restée sur la neige fraîche, de la neige partout et le contour sombre du corps du petit chat étendu de tout son long... Et le chat qui restait, ce petit orphelin, courait à mes côtés... j'ai emporté le petit chat mort à la maison, lorsque la terre aura un peu dégelé je vais l'enterrer à l'endroit où reposent déjà plusieurs chats que j'ai perdus [...] Maintenant, en forêt de Kersko, dans mon jardin, j'enterre le petit chat dont la neige gardera l'empreinte jusqu'à tant qu'il en retombe de la fraîche ou qu'il se mette à pleuvoir... » 

Chata_Bohumila_Hrabala_(2018) under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Michal Louc

Je te quitte donc ici : tu vois que cette page de Hrabal, à la ponctuation si inattendue, en valait la peine. Gros baisers de nous deux, bon et heureux voyage (Stastnou cestu !). Papa et maman.  

(1) Note : à 35 kilomètres de Prague, dans la région du Polabi, de la vallée de l'Elbe au climat plus propice aux cultures et arbres fruitiers, forêt de Kuba, Kersko, touchant la forêt de Kuba, forme comme un village de résidences secondaires prisé des Praguois avant guerre, devenu depuis un ensemble de chalets de loisirs (chaty comme sur le bord de l'étang Hamr, non loin de chez mes grands-parents d'Holoubkov, de même qu'au village voisin de Hurky), souvent de charmantes maisons “ naines ” sur un petit carré de verdure, appréciées lors des week-ends et congés. Bohumil Hrabal (1914-1997) y avait une maison achetée en 1965 ; il y a soigné et nourri jusqu'à 25 chats à demi sauvages mais fidèles...       

lundi 20 octobre 2025

Fête du vin nouveau 1997.

 « Fleury-d'Aude, le 10 décembre 1997. 

Bien cher fils, 

[...] Ici, le temps s'est grandement amélioré, les températures sont d'un coup supérieures de six degrés aux normales saisonnières et nous ne saurions nous en plaindre. Ce matin, le thermomètre extérieur marquait six degrés mais à côté des - 2 ou - 3 d'il y a à peine trois jours, c'est un “ réchauffement ” considérable. 

2010. Les-Cabanes-de-Fleury après une tempête d'octobre. 

[...] Hier aux Cabanes, quelques voitures sur le parking pierreux : un monsieur venait chercher... son bateau qui, lui avait-on dit, avait été pris par les eaux, rejeté sur la plage, et devait se trouver retourné et à moitié ensablé près du rivage ; il expliquait cela à un ami. En repartant, nous avons pris le chemin vicinal au bord de l'Aude... pour être arrêtés à la Pointe de Vignard — c'était notre vigne la plus lointaine — par un tas de décombres barrant carrément le chemin : la rivière a continué son travail de sape, ledit chemin a disparu à moitié dans son lit [...] Milou s'est perdu dans les glouterons, grat(t)erons et autres glaterons que nous désignons en occitan par le terme « gafarots » (sorte de bardane ?). 

Je vais te quitter ici, je te joins les cinq pages du « Mirage Grec » 

Tendres embrassades de nous tous. 

Fleury-d'Aude, le 5 décembre 1997. 

Bien cher Jean-François, 

[...] Le froid persiste et dure; Il va même s'amplifier demain. Pour le moment, il est seize heures trente et notre thermomètre extérieur du premier indique invariablement quatre degrés depuis dix heures du matin (31° de différence avec la température que vous avez sous la varangue). 

[...] En ville, je voulais voir si je pouvais me procurer un livre de Hrabal : rien chez Tosi, mais cinq titres différents chez Privat, la nouvelle et luxueuse librairie (filiale de Privat-Toulouse) ouverte depuis deux ans dans la rue de l'Ancien Courrier. j'ai ainsi acheté « Les Millions d'Arlequin » (titre original « Harlekynovy Miliony » paru en 1981 à Prague, traduit en 1995 chez Robert Laffont, « Vends maison où je ne veux plus vivre » (titre original « Inzerat na dum, ve kterem uz nechci bydlet » 1987, trad. chez R. Laffont, 1989) et enfin « Lettres à Doubenka » (« Listopadovy uragan » 1991, Ed R. Laffont 1991 pour la traduction française.

C'est de ce dernier livre que je viens de te copier la première moitié de l'ultime chapitre, qui donne une idée assez juste de la façon d'écrire de cet auteur buveur de bière qui est désormais mondialement connu (mais j'ignorais jusqu'à son nom avant l'émission  « Un siècle d'écrivains ». 

castanhos e vin nouvel

Samedi 6 décembre 1997. Hier soir c'était la fête (la huitième) du vin nouveau et le froid assez vif faisait craindre une assistance clairsemée. J'y suis allé malgré mes yeux encore malades. j'ai gardé la place de Momon, mais c'était inutile, les chaises vides étant nombreuses vers 19 h 20. [...] Comme chaque année, nous avons attendu deux bonnes heures avant le début des agapes, mais c'était bien : apéritif, assiette anglaise, excellente saucisse grillée, entrecôte cuite à point et bien chaude, ce qui est rare, chips, fromage (à choisir) et à nouveau plaquette individuelle de beurre, une orange bien froide, des châtaignes bien grillées, le tout arrosé de tous les vins de divers domaines ; je me suis limité à trois dont un excellent vin rouge Syrah avec déjà beaucoup de goût — il faut dire que cette fête avait lieu beaucoup plus tard que d'habitude —. Les déguisements de ces messieurs du Tastevin étaient heureusement absents. le maire a été bref, Guy Sié y est allé de sa courte histoire en occitan (Noé et le plant de vigne), l'animation musicale fut correcte sans excès. A côté de nous était un couple de Hollandais vivant leur retraite à saint-Pierre : (à suivre )

lundi 6 octobre 2025

Fleury-d'Aude, le 22 février 1998 (fin).

 [...] Pour en revenir au guide, j'ai apprécié entre autres l'évocation des « manifestations locales » : course de pneus à Mamoudzou le 14 juillet ; Mahoraid ; fête du cocotier ; Murengué ; Wadaha ou danse du pilon ; Tam-Tam bœuf, et le Deba, fête religieuse des femmes. certaines personnes sont citées comme Mathilde, Lucie, Riziki Roubia, Abdou Silahi, Abida, Massoundi, Azali bé (p. 192) ; Timara et Hassan à Petite terre, « Hassan qui raconte Mayotte ». A Majicavo : « Certains profs viennent y corriger leurs copies entre deux bains, n'est-ce pas Jean-Michel ? » (p. 204). Je note même un coup de colère page 187 : « En choisissant votre hôtel, incluez le prix des petits-déjeuners car certains n'hésitent pas à facturer un café, pain, confiture, jus d'orange 30 F, voire 60 F. Cela frise parfois l'arnaque et surtout le non-respect du client ». Autre détail pour Mamoudzou; latirude 12.78 Sud, longitude 45.20 Est, 12000 habitants.  

mars 2025.


Mercredi 25 février 1998. Beau temps aujourd'hui, soleil radieux, ciel d'un bleu pur, peu de vent (cers), température matinale 6°C, mais 12° à onze heures : c'est donc une journée printanière qui s'annonce. Les amandiers fleurissent de plus belle de leurs touches roses et blanches dans la garrigue. Les asperges ne vont pas tarder; Marcel Alquier en aurait trouvé une belle botte, mais à quel prix ! Il était griffé de partout (mains et visage) et là cela devient de la passion (comme pour lui la chasse : perdreau, lapin, lièvre ou sanglier. 

Vendredi 27 février 1998. Nous venons d'arriver de la mer où nous étions également hier pour profiter de ces journées vraiment magnifiques — vingt-deux degrés encore à 17 h sous la véranda —. le soleil est épaulé d'un cers presque inexistant sinon, hier, c'était un léger vent d'Espagne très agréable aussi. Il existe bien quelques acariâtres qui veulent à tout prix gâcher ce plaisir avant-coureur du printemps en disant « ça ne durera pas » ou bien « ba pagarén » mais c'est autant de pris sur les derniers soubresauts  d'un hiver qui aura été bien doux dans l'ensemble. 

J'ai fini la première partie du livre de Hrabal « Les Noces dans la Maison », 203 pages. dans la deuxième partie, cet auteur à la ponctuation très fantaisiste l'a supprimée complètement ; il a compris l'essence de la lecture en diagonale, en oblique où ni les yeux ni l'esprit n'ont besoin de ponctuation... de là à en trouver « des empreintes de son propre moi » comme le pense la préface... 

J'ai reçu GEO du mois avec l'Algérie, Miami, la Foire du Trône, la « Belle », le dernier bateau de Cavelier de La Salle assassiné alors que le Mississippi était « le fleuve Colbert ». 

Hier nous avons vu Olivier qui aide papy Marcel et Cauquil à St-Pierre. 

Nous vous embrassons bien fort. Toute la famille vous envoie le bonjour. Amitiés à tous. 

Papa papy Maman mamie François Jirina. 

dimanche 5 octobre 2025

Fleury-d'Aude, le 22 février 1998 (1).

« Bien chers Jean-François et Stani, 

C'est bien une heureuse coïncidence qui fait que je puisse m'adresser par lettre à vous deux en même temps et à une telle distance; j'espère que cette nouvelle missive va vous trouver en parfait état de santé et avec un moral à toute épreuve. j'espère aussi que Stani s'est vite habitué au climat de Mayotte ; sa première expérience de quatre mois en Guyane va lui faciliter l'acclimatation. Quant à nous, la santé se maintient ; maman s'est mise aux pâtisseries et pizzas ; nous savourons aussi de succulentes oranges bien juteuses : il faut en profiter car celles, l'été, d'Afrique du Sud, ne sont en rien à comparer avec celles de la province de Valencia. Les bananes ne valent pas les vôtres mais restent valables et souvent en promo. 

Le temps qui était très doux devient un peu plus frais, le vent dit “ du nord ” doit souffler demain en rafales à 130 km/h pour se limiter à 120 dans la soirée, si les prévisions se confirment. 

Je dois t'annoncer une triste nouvelle : la fin de Louis-Paul Fourès, le mari d'Yvette née Robert, fille de M. Robert qui fut ton instituteur quelque temps d'octobre 1956. Il aurait eu une hépatite foudroyante provoquant un ictère sévère et une montée du sucre à plus de quatre grammes. Lors de la messe j'ai appris son prénom de Louis-Paul alors que nous avons toujours dit « Louis ». Avec maman, nous étions allés à leur mariage le 8 décembre 1951, à une triste époque pour ma situation. Ils ont le caveau tout près de l'église, de l'autre côté du pont : il suffit de traverser la route, le vieux cimetière vieux se trouve à une cinquantaine de mètres. 

Autre mort : celle de Joseph Serres, notre voisin de la Place du Ramonétage, qui ne sortait plus depuis longtemps. C'était l'oncle d'André Molveau, notaire de Tuchan dont le fils Guy a pris la succession. Il avait 86 ans, les obsèques ont lieu demain lundi à 10 h 30. 

Pêcheurs_au_Nord_du_lagon_-_Mayotte 2016 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur Camille ABDOURAZAK-AUGUSTIN
 

En copiant le guide sur Mayotte, j'ai appris beaucoup de choses ; ils signalent l'accident survenu à ces “ marins d'eau douce ” qui n'avaient pris qu'une vingtaine de litres d'essence ; faites attention quand vous sortez afin de ne pas dériver cinq jours pour vous retrouver aux Comores comme c'est arrivé en 1996 (1). Tu dois t'en souvenir, nous venions d'arriver et en avions parlé avec Chantal. 

Mardi 24 février 1998. hier il faisait froid lors des funérailles, surtout à cause du vent, mais aujourd'hui ce dernier avait notablement faibli et nous avons fait notre tour habituel à Bouïsset, le soleil nous étant revenu. (à suivre)

(1) pirogue qui chavire, barque qui dérive, pêcheurs sans gilets de sauvetage, déjà deux ou trois détresses en septembre octobre 2025. 


mercredi 1 octobre 2025

Fleury-d'Aude, mardi 21 avril 1998

 « Bien cher fils, 

Très heureux d'avoir reçu de tes nouvelles et par ricochet celles de notre soldat des îles. Ici, c'est Olivier qui nous a apporté des bugnes de sa fabrication, très bonnes. Dimanche, il est passé nous voir rapidement à Saint-Pierre (il vient à vélo par la route des campagnes et voulait repartir, pour changer, par Narbonne-Plage et Armissan). Nous avons mangé là-bas, des cuisses de canard et des pommes de terre, devant un bon feu de cheminée ; la température nous aurait permis de manger dehors mais nous nous méfions, en cette saison, du vent d'Espagne vraiment trop froid sur la plage. Il y a assez de monde à Saint-Pierre, les commerces sont ouverts, “ L'Oliveraie ”, les épiceries, le café qui a disposé dehors tables et chaises. 

Saint-Pierre-la-Mer,_Fleury,_département_Aude_-_aerial_view 2021 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Raimond Spekking / Au premier plan la Base de Loisirs et le camping municipal. 

Le temps est en train de changer et vire au beau fixe sans doute. Le camping doit être ouvert : nous avons vu Alban Sire et sa femme qui avaient l'air de déménager de menus objets : ils devaient rejoindre leurs quartiers d'été. Pourtant, mardi dernier, certains tènements ont souffert de la gelée ; contre toute attente, on dit que les vignes de “ Marigolles ” n'ont pas été touchées. Dans le Minervois, ça a été bien pire et une bonne partie de la récolte a été perdue, si bien qu'on a parlé de calamité agricole et que le journal télévisé en a fait mention. 

Notre commune connaît actuellement de grands travaux : sans compter la réfection du réseau d'électricité, dont je t'ai déjà parlé, il s'agit de celle du “ pluvial ”. Le boulevard de la République voit sa “ circulation alternée ” avec un feu rouge devant la maison Sirven-Costeplane, et un autre au niveau de l'ancienne épicerie Molveau. Même topo près de l'autoroute dès l'embranchement de la petite route qui rejoint celle de Salles. De grosses conduites de 65 cm environ de diamètre commencent à être enterrées. Tout se fait progressivement, à l'aide de machines modernes, dont une que je n'avais encore jamais vue. Il s'agit d'une roue verticale assez imposante, munie de grosses dents, qui tourne en creusant une petite tranchée de 15 cm environ de largeur, tranchée immédiatement comblée et renouvelée parallèlement à un mètre de distance, cela sûrement afin de ne pas trop abîmer le revêtement de la rue. la pelle mécanique travaillera ensuite plus facilement et plus vite pour ouvrir le lit des buses bleues qui vont éviter à notre rue principale de se transformer en rivière par grosses pluies. 


[...] Vendredi , 24 avril 1998. Les travaux de création du réseau pluvial ont continué aujourd'hui. Hier j'ai demandé à un ouvrier le diamètre des buses. « Six cents », m'a-t-il répondu. Mon erreur n'était donc que de cinq centimètres. Ce soir le Bd de la république est libre : tout est rebouché et goudronné, en attendant la “ tranche ” de la semaine prochaine. Hier, les services de l'EDF ont enlevé, à l'aide d'un puissant camion-grue, le grand poteau de ciment, à la limite de la maison, poteau auquel tu avais grimpé une fois aussi facilement que le fait Youssouf pour les cocotiers du jardin. Tous les autres poteaux du secteur ont subi le même sort. Il reste quelques gravats, tout ce qui reste de ces colosses de ciment. C'est un travail curieux à observer. 

Nous avons reçu à l'occasion de Pâques la carte traditionnelle de Vladimir Peca de Hradec Kralové : Veselé Velikonoce. Krasné a radostné svatky velikonocni Tobé i Tvé pani. Bonne santée (sic) Vladimir. La carte était partie du 3 avril et nous l'avons reçue bien avant Pâques. Celle de Hani en revanche (qui nous a étonnés, nous ne l'attendions pas), partie le 7, nous parvenait le lundi 20 avril (ta lettre a mis moins de temps!) : Prijemné proziti svatku velikonocnich Vam i rodinam mladych preji Jirka, Hanka, Ivetka. Zaroven Vas vsechny srdecne zdravime a vzpominame. 

Je t'ai peut-être dit au téléphone que Mirek Sabacky m'avait aussi écrit, de Montolieu. Je n'avais eu aucune réponse à mes vœux et comprenais qu'il y avait maladie à la clef. Il était hospitalisé jusqu'à la mi-mars et ses jambes ont du mal à le porter. Il vient quand même de retrouver son cher village d'adoption. 

J'en ai fini pour le moment. 

Nous t'embrassons bien affectueusement, en espérant que tu aies bien profité de tes vacances de Pâques dans l'île hippocampe. 

Papa François, maman Jirina. »

vendredi 26 septembre 2025

Fleury, le 29 avril 1998.

 « [...] Bien cher fils, 

ce soir, à vingt-et-une heure quinze, alors que la pluie se remet doucement à tomber, je veux commencer avec une nouvelle qui va sans doute t'émouvoir : Pierre Bilbe vient de mourir. j'ai fait la visite dans la maison de sa fille voisine de la sienne où il repose — chez lui c'était chauffé — Comme j'étais en train de signer et de mettre « Très sincères condoléances en notre nom et en celui de Jean-François qui pense souvent à vous », sa fille est sortie, m'a vu et m'a dit « Entrez M. Dedieu, maman sera contente de vous voir ». J'avais entendu les pompiers à quatre heures, et plus tard, Christine de passage ici m'a dit « C'est monsieur Bilbe qui est tombé dans la rue ». Mais je ne pensais pas à une issue fatale aussi rapide. Sa femme, Germaine, très abattue comme tu peux l'imaginer, m'a précisé « Après le feuilleton qui suit le journal télévisé, il est sorti pour aller voir vers le bureau de tabac où en étaient les travaux, et peu de temps après on me le rapporte mort. Je ne sais pas si je vais pouvoir le supporter. » 

Pierre Bilbe et Germaine son épouse. Photo Georges Sabatier, journal L'Indépendant. Merci Josette d'avoir archivé... 

Peut-être une crise cardiaque qui l'a terrassé sur place. En tombant il s'était blessé à la pommette gauche et la pharmacienne, je crois, a dit que du sang coulait de son oreille. 

Bref je te fais part de cette triste nouvelle ; on dit aussi qu'à quatre-vingt-sept-ans c'est une belle mort... mais pourquoi la qualifie-t-on de “ belle ” ? Les obsèques ne sont pas encore fixées. 

[...] Aujourd'hui on vient de mettre en examen le 5e personnage de l'État, qui va se trouver “ à côté de ses pompes ” d'un million cent mille AF la paire ! Quelle honte !! Et il est Président du Conseil Constitutionnel et ancien ministre des Affaires Étrangères, avocat de surcroît... Passons... Beaucoup disent qu'il aurait dû démissionner dès le 18 janvier. Il s'accroche, à l'évidence. 

Jeudi 30 avril 1998. Dernier jour de ce mois d'avril plutôt tristounet. L'enterrement de M. Bilbe aura lieu demain 1er mai à dix heures. Aujourd'hui le soleil se montre parfois, mais bien pâle, la pluie est annoncée par la météo, mais nous sommes plus ou moins à la limite des zones pluvieuses. Attendons. 

Glorioso_Islands_Map 2006 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license Author Mr Minton


[...] Nous espérons que Stani s'est habitué à sa nouvelle affectation. Qui aurait dit qu'il se retrouverait un jour sur une île pratiquement déserte ? As-tu des nouvelles ? En attendant, l'essentiel est qu'il soit en pleine santé, à ne pas gâcher sa santé par des abus. Et toi et tes trop nombreuses cigarettes ? Tu sais ce que tu me disais lors de la mort de monsieur Simon, je crois, de la petite rue Émile Zola : « Il a arrêté de fumer trop tard ». Penses-y à l'occasion. 

Je m'arrête ici. Peut-être j'ajouterai quelques lignes manuscrites. 

Gros baisers de nous tous. Tu sais que tu peux toujours compter sur tes parents tout dévoués, 

Maman et Papa. 

Les travaux continuent dans le village : rues barrées, sens interdits, déviations. On en profite également pour installer les conduites de gaz parallèlement aux buses au pluriel. Mais pourquoi une autre tranchée ? Nous avons encore 75 ans de retard sur le Japon où tout se trouverait (d'après M. Pouzancre, prof de philo à Pézenas en 59-61) dans des conduits larges et cimentés depuis les années 1937 ! Ce matin, l'enlèvement des poteaux EDF se poursuivait rue du Ramonétage. 

Meilleures embrassades, F. Dedieu.  

samedi 13 septembre 2025

Fleury le 27 mai 1998.

 [...] À la mer, il y a eu beaucoup de monde, et le marché a déjà des allures estivales. Mercredi 20, maman est revenue de la plage avec un air dégoûté « Il y a un gros rat sur le bord ». Je pensais à un rat mort. 

Ragondin_(Myocastor_coypus) under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Gzen92


J'y suis allé : c'était une bête énorme de 60 cm de long sans la queue qui en mesurait bien cinquante, et vivante, mais paraissant assommée ou blessée, se remuant lentement mais bien droite. Le corps avait bien 15 ou 20 centimètres au niveau des pattes postérieures. Un jeune homme, qui l'observait d'un peu loin, croyait avoir affaire à un raton-laveur, mais l'animal n'en avait ni la tête ni la queue. J'ai plutôt pensé à un ragondin, et en regardant mon GDEL, je crois que c'était bien cela : ragondin ou coypou (mot amérindien), mammifère rongeur originaire de l'Amérique du Sud mais répandu dans le monde entier, synonyme « myocastor » ou « myopotame », à fourrure estimée appelée « nutria », de mœurs aquatiques. C'était une rencontre tout à fait inattendue à St-Pierre. L'après-midi, il avait disparu sans laisser de trace. Cela ne m'a pas empêché de prendre un bain rapide (j'en suis à cinq trempettes d'avant-saison). 

Le dimanche 17 mai, la journée « cerfs-volants » fut complètement ratée malgré un beau soleil, à cause d'un vent du Nord beaucoup trop fort. 

[...] Je suis allé assister à la levée du corps de la pauvre Roselyne Sié, née Monestier, sœur d'Aimé le boulanger et belle-sœur de Guy Sié, qui vient de nous quitter à l'âge de 46 ans des suites d'un cancer au sein. Ce matin, j'allais chercher le pain chez Monestier quand je vois « Fermé pour cause de décès ». Momon est sorti à ce moment et m'a dit cette triste nouvelle.  La fille Bilbe qui passait par là m'a parlé de sa fille qui devrait rejoindre Mayotte mais tu n'y seras pas pour lui dire ton expérience. 

« C'est bien jeune pour mourir » disait Guy en remerciant les présents au nom de la famille avant que le fourgon suivi des voitures ne prenne la direction de Montredon, le fief des Monestier, pour la messe de funérailles et les obsèques. 

Fleury-d'Aude Cimetière


Jeudi 28 mai. Pour en finir avec le carnet noir des jeunes disparus, je ne t'ai pas annoncé la mort subite de Guy Ferrer, 50 ans, électricien à la mairie (rupture d'anévrisme alors qu'il regardait la télé). 

Nous allons passer la Pentecôte à Saint-Pierre. Plus rien à ajouter pour aujourd'hui. 

Nous vous embrassons bien fort. 

À bientôt de te lire, 

Tes parents qui pensent à vous deux.  


jeudi 11 septembre 2025

Lettre de Fleury 26 juin 1998.

[...] Mme R. a aménagé pour l'été la maison située après l'ancienne mercerie de Blanche (c'était jadis l'épicerie d'Élodie, mère de « la Ménène » ; ma grand-mère Joséphine y achetait parfois le café de « L'Éléphant Noir »... 

Rivesaltes_general_view 2018 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Palauenc05

[...] au retour de l'aéroport, nous sommes revenus par Rivesaltes : arrêt près de la belle promenade, quelques joueurs de pétanque profitaient de l'ombre des platanes mais l'ensemble restait bien calme à l'heure de la sieste. Juché sur sa statue au bout du mail, le maréchal Joffre ne voyait guère que les beaux palmiers aux stipes bien trapus qui nous ont invités à tirer deux ou trois photographies près de la fontaine jaillissante, paysage urbain que doit bien connaître JF puisqu'il a travaillé deux ans là-bas. 

Peu de circulation au retour, route remise à neuf entre garrigue et étang, pas de points de vente d'abricots ouverts à cette heure. 

Vue de l'Aude aux Cabanes diapositive François Dedieu 1967. 


Samedi 27 juin 1998. réveil ce matin à sept heures « en punto », como se dice en Espana, y yo creo que es bastante temprano en el ultimo sabado de junio. Pardon, je m'embarquais dans la langue sonore et douce (?) de Cervantes pero ustedes entienden perfectamente las palabras de este idioma. [...] À Saint-Pierre, Mamie a arrosé quelques jolis plants de tomates venus on ne sait d'où. De là j'ai rejoint seul l'embouchure de l'Aude pour la sardinade des Cabanes. Je me suis retrouvé à côté de Gilbert Gérard, le frère de Mme Mestre. Il faisait très bon, tout s'est bien passé : moules crues, cuites (marinière et sauce blanche), quiche, sardines excellentes, fromages et esquimau.  

[...] Hier l'eau était bonne, la brise marine presque nulle, la mer sans vagues comme je la préfère, des estivants encore peu nombreux par rapport à ce que sera la foule dans une huitaine de jours. 

[...] Mardi 30 juin 1998. À Fleury les quelques abricots ne se décident pas à mûrir, la grosse touffe de lavande a presque fini de fleurir... Je trie mes vieux journaux de 1972 pour garder les grilles de mots croisés et quelques articles “ historiques ”. Claude le facteur est passé en short et tenue légère because la chaleur... 

« Mets bonjour et au revoir, ils n'ont pas le temps de lire toutes ces pages : ils voyagent ! » me dit mamie. 

[...] La Yougoslavie a eu la malchance de rater son penalty contre les Pays-Bas, la France a provoqué la “ mort subite ” du Paraguay, 114e minute, il était moins une !   

Bon voyage jusqu'à Dzaoudzi-Pamandzi, bonnes retrouvailles avec JF, bon passage en barge, excellents bains à Tahiti-Plage, 
Gros poutous de nous deux, 
papi et mamie qui pensent à vous. 

dimanche 7 septembre 2025

Lettre de Fleury 4 juillet 1998

« Nous voici à Fleury depuis quelques jours. Nous sommes arrivés de St-Pierre juste avant un de ces gros orages, rapides et brutaux dont le ciel nous gratifie parfois (les tuyaux de descente des chéneaux envoyaient l'eau des toits  jusqu'à un bon mètre dans les rues !). 

[...] Hier nous avons vu les deux beaux matchs des quarts de finale, mais il a manqué des buts, ceux-ci étant réservés à la seconde rencontre, où le Danemark a merveilleusement résisté aux Brésiliens, qui sont loin toutefois de leur solide réputation; Aujourd'hui nous avons droit aux deux autres quarts : Argentine-Pays-Bas et Allemagne-Croatie. Quand vous lirez ces lignes, vous saurez les résultats. 

[...] Un antiquaire de Castelnaudary vient de sonner, et il est reparti, bien gentil, sans emporter l'horloge comtoise que nous n'avons jamais possédée, ni les vieilles cartes postales conservées précieusement par ailleurs. 

Les grandes affiches viennent de faire peau neuve. En bleu sur fond blanc, je peux y lire FLEURY L'été s'anime ! 

FLEURY Samedi 4 juillet Soirée Jacques Brel Trio Vesoul-Amsterdam Place Jean Moulin 21 h. 
Sa 11 Orion danse Spectacle Pl J Moulin 21 h
Lundi 13 Retraite aux flambeaux Banda Louis Merlusous à 21 h et Bal avec Cocktail Music à 22 h Place du Ramonétage.  

SAINT-PIERRE Tous les jours “ Grand marché Typique ” centre ville de 7 à 13 heures
Ts les vendredis animation artisanale
Ts les lundis Pot d'accueil et présentation des produits du terroir avec la “ Banda Alegria ” ou “ Aval ta Soupe” à partir de 19 heures. 
Jeudi 2 Grande soirée disco avec Krypton Music
Lundi 6 concert Adac musique contemporaine Bd des Embruns
Mercredi 8 Bus Infos Jeunes de 14 h 30 à 18.30 Groupe jeffet Co rock Forum 21 h
Jeudi 9 Grande soirée disco avec Krypton Music
Samedi 11 Chantal Eden chanteuse guitariste Forum 21 h
Mercredi 15 K'Ala Marka, musique bolivienne Podium 21 h
Jeudi 16 Podium française des Jeux Place du Marché

Les Cabanes-de-Fleury 1973 Fête des Pêcheurs Le mât de beaupré. 

LES CABANES Les 1, 8, 14 Karaoké géant Fred Erikson Port ou Place des Pêcheurs à 21 h

Les-Cabanes-de-Fleury 1973 Fête des Pêcheurs Dépôt des gerbes en mer. 


Tous les jours tournoi de baby-foot gratuit Salle de Jeux
Samedi 4 Bal avec coktail's Music au Port
Dimanche 5  Fête des Pêcheurs : Jeux nautiques 15 h. BAL avec Cocktail's Music 22 h. 
Feu d'artifice 23 h au Port
Mardi 7 : BAL avec Cargo de Nuit Place des Pêcheurs
Jeudi 9 : JAZZ 1930 avec Santandréa Pl des P 21 h
Samedi 11 : LACROUX MUSETTE au Port 21 h. 
Mercredi 15 : BAL Disco Krypton Pl des P ou Port

Nous allons nous préparer pour repartir à la plage. Il fait très beau et le vent “ du Nord ” n'est pas trop fort. La température est très agréable, mais ce matin, quand j'ai lu mes dix pages des « Noces dans la maison » en compagnie des chiens, bien sages tous les deux au Jardin Public, il faisait frais et j'avais mis le blouson en guise de chemise. 

[...] Pour l'instant, au revoir, comme le disait Valéry le soir de sa défaite électorale , et à bientôt de vos bonnes nouvelles. 

Nous vous embrassons tous, et vous souhaitons une bonne fin de séjour (déjà...) mais les derniers jours ne sont-ils pas les meilleurs ? 

Papy  

vendredi 5 septembre 2025

Lettres de Fleury, 27 juillet 1998.

« Fleury, le 27 juillet 1998

[...] la saison à la mer bat son plein. Ce matin, je suis parti à vélo à cinq heures moins le quart, manière d'étrenner l'éclairage ; les voitures ont été rares, à peine une dizaine dans les deux sens [...] Les jeunes sont allés voir l'arrivée du Tour de France au Cap d'Agde ; au passage de la caravane publicitaire, ils ont ramassé une moisson impressionnante de tee-shirts, casquettes, échantillons Lustucru, jeux divers, petites calculettes (qui marchent !) ; PF sur les épaules d'Olivier attirait les publicistes, ne restait plus qu'à remplir le sac prévu à cet effet. 

Saint-Pierre-la-Mer Les Baraquiers 1995


[...] Quant à mes lectures, j'ai enfin terminé les six cents pages des « Noces dans la maison » de Bohumil Hrabal, où voisinent, selon moi, le meilleur et le moins bon (je n'aime pas les ivrognes mais reconnais qu'il ne cache rien d'un vice semblant nourrir aussi son inspiration). Ensuite « La Voie Royale » de Malraux, où il abuse du subjonctif imparfait et plus que parfait, un livre qui ne m'a pas fait spécialement vibrer mais intéressant tout de même ; et suis en train de parcourir la prose un peu facile (beaucoup de répétitions, écrit sans doute trop vite) de Max Gallo, mon collègue à Sceaux d'il y a quarante ans... avec son premier volume de Napoléon « Le Chant du départ », qui se parcourt avec fluidité, beaucoup plus vite que Malraux et reste très intéressant. Suivront « Le Soleil d'Austerlitz », « L'Empereur des Rois », « L'immortel de Sainte-Hélène ». Et dire qu'il en est à présent à quatre volumes sur de gaulle !!! Pire que Troyat, peut-être se prend-il pour notre Balzac actuel sinon pour Dumas Alexandre. 

Je te quitte sur ces considérations littéraires; j'oubliais de te dire que les familles Hérail-Ségarra ont connu le malheur de perdre le fils aîné, Benoît, à peine dans sa vingt-deuxième année, qui s'est noyé en plongée sous-marine à la Guadeloupe alors qu'il pratiquait régulièrement. 
Plus heureux, le mariage avant-hier de Nathalie G. ; à l'apéritif, j'ai passé plus d'une heure à discuter avec Lésina de choses et d'autres, son service militaire en Allemagne en 1946, la chasse, les chiens, la santé. 

prépare bien ton retour. Gros baisers de nous tous. 

Papa et maman.   


dimanche 20 juillet 2025

QUE D'EAU ! QUE D'EAU !

 Le niveau ne montera que petit à petit sauf qu'à voir le résultat à l'horizon 2100 pour nos descendants, l'expression « Que d'eau, que d'eau ! » attribuée au président Mac-Mahon se réactualisera. 

À Sète, un autre président, celui de Sète Agglopôle Méditerranée tient à associer sa population à ce qui attend le recul du trait de côte.   

Grande Consultation sur l'avenir du territoire ! Réfléchir ensemble à l'adaptation du Bassin de Thau  

Sans être et sans se prendre pour un dirigeant, il suffit d'extrapoler le souci de Loïc Linarès concernant Sète et le bassin de Thau pour, un peu plus au sud, regarder ce qui nous attend (communes de Fleury-d'Aude, Lespignan, Vendres). 

Montée du niveau de la mer de 50 centimètres

 

 For more details about this map, see the full version at coastal.climatecentral.org