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vendredi 22 novembre 2024

MAYOTTE, eau, foot, RN et ingérences...

 ÉCHOS de MAYOTTE, 22 novembre 2024. (Source Mayotte Hebdo 14 novembre 2024). 

Le spectre de la pénurie et des distributions menace-t-il encore ?

Le quotidien. L'EAU : à partir de lundi, les coupures d'eau prendront effet de midi à 14h soit deux heures de plus qu'actuellement... Notons que de prévoir une usine de dessalement s'assimile à une usine à gaz, à savoir que le labyrinthe décisionnel, la parole donnée aux opposants, celle en fausses promesses démagogiques de politiques aussi opportunistes que menteurs, feront, si elles ne sont pas enterrées, une fois de plus traîner les choses sur des années. 

RN et irréguliers : Anchya Bamana, députée, s'est fendue d'une requête pour que sept footballeurs étrangers irréguliers du club de Combani soient autorisés, suite à leur qualification, à se rendre en Corse pour un 1/8e de finale contre Corte (les Diables ont perdu 0-2, de justesse). Anchya pour les irréguliers sans papiers ! pour du foot ! Ça fait penser à Mayotte refoulée, méprisée, interdite de drapeau tricolore aux jeux des Îles et aux autorités qui se couchent...  À l'état brut, tout et n'importe quoi ! 

Le_lagon_de_Mayotte 2017 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Auteur Jean-Pierre Dalbéra

MAYOTTE toujours EN DANGER : s'il y en a un qui fait en sorte d'avoir une vision globale et, entre parenthèses, d'élever le débat, c'est bien Saïd-Souffou Soula. Il pointe du doigt les pressions extérieures pesant sur Mayotte française, une situation certes pas nouvelle mais protéiforme depuis 50 ans, depuis l'expression ambigüe de l'ONU entre frontières du colonisateur et droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. 

De nos jours, calquées sur la situation internationale, la fragilisation des démocraties face aux autocraties, Mayotte, toujours en bute aux Comores, doit faire face au bloc Russie-Chine. Le Conseiller Départemental de Sada relève d'abord l'aspect religieux de la déstabilisation, les imams souvent comoriens prônant un certain rigorisme. C'est aussi par le biais de la religion que Madi Madi Souf, président des maires et Hamada Saanda se sont permis une visite outrepassant leurs droits aux Comores jusqu'à laisser entendre la possibilité d'un allègement dans la procédure des visas. Intelligence avec un pays étranger ! Donc trahison tombant sous le coup de la loi, pour le dire simplement. 
Autre rappel dans cette longue intervention concernant les chiffres liés à l'immigration. Sur la base du recensement Insee relevant 48 % d'étrangers dont 95 % d'origine comorienne. Certes, sauf, ensuite, que l'usage équivoque des guillemets (d'ironie ? de discours rapporté ?) n'est pas sans semer un certain trouble dans des statistiques hautement sensibles depuis toujours... à savoir qu'en partant de cette base de calcul, entre 2017 et 2024, la part des étrangers devrait passer à 55,8 % (8,2 % en France métropolitaine)...   
Les démocraties, handicapées par leur nature même, tentent de réagir grâce à un arsenal juridique renouvelé mais avec un retard à l'allumage... congénital (c'est moi qui le dis, pas Soula).
En conclusion, si on a du mal à faire la part du Conseiller départemental de Sada et celle de l'U.E. semble-t-il, ce qui est sûr est que la France d'Outremer est victime de cette déstabilisation menée par la Russie.   

 (À suivre, toujours avec Saïd-Souffou Soula, une analyse de la violence à Mayotte).  

mardi 10 septembre 2024

MAYOTTE. BRÛLIS ou feu CRIMINEL ?

 Facebook

La détresse de qui est touché par une catastrophe, ici mon copain de 30 ans, Antoine, anéanti par un incendie qui a ravagé sa plantation. 

Les cocotiers, jacquiers, corossol, 150 pieds d'agrumes (orangers, citronniers), papayers, avocatiers, ananas, jeunes manguiers de culture (dont des José), les bananiers, le manioc... Le banga pour le voulé du week-end au chamba (le barbecue au champ), la structure du bungalow à venir, tout est parti en fumée... les manguiers allaient donner, les ananas étaient en fleur... tout un travail depuis 5-6 ans anéanti... 

Au delà des quelques pu-naise ou pu-tain qui n'entachent pas une réaction toujours digne, si nous pleurons avec lui, loin de toucher seulement sa personne, cette destruction touche tout Mayotte puisque les efforts pour s'en sortir, moins importer, sont balayés. 

Le drame est-il lié à la culture sur brûlis si banale encore à Madagascar et du cercle vicieux de la pauvreté ? Est-ce lié à la solution de facilité ? À Mayotte, outre le fait qu'elle n'apporte pas grand chose, c'est interdit, déjà pour le risque de propagation. La majorité des campagnards l'a compris : ils nettoient leurs champs et parcelles, plusieurs fois par an... 

Outre l'apport à la subsistance quotidienne, ajouté aux vols dus à une surpopulation étrangère, ce genre d'accident ne peut que décourager les initiatives de ceux qui se lancent pour fournir et participer à la vie de l'île. 

Aussi grave est le rapport aux espaces non construits ; suite aux défrichages sauvages d'immigrés qui se comportent en terre conquise, la forêt a déjà fortement régressé... personne n'est sans savoir que la disponibilité de l'eau est liée à cette réalité (l'eau reste coupée un jour sur trois). 

L'incendie pourrait être aussi le fait d'une jalousie, d'une vengeance... Une plainte en gendarmerie a été déposée, une enquête est en cours. 

Plusieurs fois, Antoine m'a invité à voir son champ, ce fut chaque fois partie remise mais ce n'est pas pour autant que ce drame touche moins. Courage mon ami... il faut garder espoir.

vendredi 16 août 2024

INDIEN des vieilles LUNES, le voyage en TCHÉCO (16).

Barge / Florian.

Mercredi 14 août 2024. 3h 30. C'est ce matin. Tout en bas, à Mayotte, ils sont dans la barge, c'est aujourd'hui l'envol, leurs trois cœurs qui changent de pays. La fille qui l'accompagne, qui aujourd'hui accompagne leur fils jusqu'à l'avion puisqu'il s'envole étudier à la Réunion ; Florian, pas encore dix-huit ans, quitte le nid... nouvelle vie, un studio... pourvu qu'il ne fasse pas de mauvaise rencontre... et lui, tout en haut, au bout de l'Aude, à faire réviser ses organes moteurs, à faire profiter sa vieille maman (du 4 décembre 1924) de la maison paternelle, si pleine toujours, de son homme jusqu'au bout aujourd'hui disparu (grand-père et père né le 31 juillet 1922). D'habitude, le mal de dos le réveille mais pas si tôt ; cette fois, c'était dans l'épaule, nerf coincé ou rhumatisme remontant dans la nuque ; idée du paracétamol, sauf que c'est parti comme c'est venu, non, il ne faut rien en déduire, faut pas analyser, c'est comme ça, pas un signe de quoi que ce soit, peut-être simplement psychosomatique, le physique et le mental indissociables.

« …Mon enfant, mon petit
Bonne route... Bonne route
Sur le chemin de la vie
Nos deux cœurs vont changer de pays. » Reggiani. 

Non, Serge, juste un nouvel équilibre à trouver, la tristesse certes y voit une déchirure, pourtant faut pas laisser le cœur s'emballer dans cette impasse, faut le poser, le calmer, le raisonner, tant que la vie le porte, lui et ceux qui lui importent, tout continue à condition de ne pas se laisser embarquer sur le mauvais chemin, morose, stérile... Surtout qu’il faut penser d’abord penser à celui parti se coltiner aux aléas de la vie, pour lui qu’il faut se faire du souci. Dix-sept ans seulement, du jour au lendemain, une première fois brutale, seul dans un studio, à meubler. Au moins qu’il ne lui arrive rien, qu’il reste en vie... la sienne est aussi la leur... Les enfants quittent le nid un jour, à chacun son itinéraire, mais le voyage commun doit se partager jusqu’à l’échéance ultime… La vie n’est qu’une plaisanterie se finissant toujours mal mais qui s’accepte tant que la logique de la vieillesse prévaut, tant que les vieux partent les premiers… 

Dassault_Rafale_C_‘122_4-GA’ 2017 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic license. Author Alan Wilson

Mercredi 14 août 2024, dans un jeu télévisé suivi, la candidate a gagné 20.000 € pour n’avoir pas oublié les paroles de Reggiani sans qu’il y ait quoi que ce soit à déduire, c’est comme ça… Mercredi 14 août 2024, deux Rafale se percutent au-dessus de Colombey-les-Belles causant la mort d'un capitaine-instructeur et de son lieutenant-élève (l'autre pilote est retrouvé sain grâce au siège éjectable. 

Flo envoie des photos de l'aéroport. Départ prévu à 9h 20 (8h 20 au bord de la Méditerranée, 10h 20 à la Réunion).

Alors, cette remontée du Rhin fera-t-elle diversion ?

C’était un 20 juin, une étape entre Colombey-les-Belles et Francfort, par le Luxembourg, la Moselle et le Rhin. 

la Tour des souris du château Ehrenfels 2008 Domaine public Author Brühl

Un méchant archevêque aux greniers débordant de blé, refuse toute aide aux affamés... Alors que, les entendant mourir, il moque leurs gémissements de souris, des rats surgissent de partout et poursuivent le prélat jusque dans la tour de l'île où il sera dévoré vivant. Une légende qu'on pourrait rapprocher de celle du joueur de flûte de Hameln, encore à propos d'une invasion de rats. Les légendes ne procèdent pas d'un claquement de doigts, même plus ou moins transposé, le réel en est toujours à l'origine, au point de logiquement en déduire que les populations ne pouvaient rien contre la prolifération des rongeurs, les famines, les pandémies de peste, la prédation soldatesque. Quant à l'archevêque, il se retrouve archétype du favorisé exploiteur. La légende le punit ; en guise d’exutoire aux vaines rancœurs du peuple, elle venge les gueux, aussi virtuellement qu’une promesse de paradis… 

Sur cet îlot dépendant plutôt du château Ehrenfels, sur l'autre rive, bien que Bingen en soit propriétaire, la tour et un bâtiment des douanes prélevaient un péage, ne serait-ce que sur les marchandises. 
Sur l'autre rive, la droite, sur la hauteur de Rüdesheim-am-Rhein, le monument, le Niederwalddenkmal (38 m. de hauteur, 75 tonnes), à la gloire de l'unité allemande sous Guillaume Ier empereur... exceptionnel de la conception, à sa réalisation (1877), en passant par la souscription, le monument dominé par Germania (12,5 m.), la statue symbolise la dignité d'une nation qui, suite à sa victoire sur la France, retrouve à jamais “ le Père Rhin et sa fille Moselle ”... Décédé vingt ans auparavant, Heinrich Heine aurait-il célébré une Germania aussi blonde que la Lorelei ?

Frankfurt_Airport_Lufthansa_Boeing_747-430_D-ABVZ_(DSC09573)2023 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author MarcelX42

Ils dépassent Mainz, capitale du land Rhénanie-Palatinat (presque en face de Wiesbaden, capitale du land de Hesse).  
145.572 km., 19h 10, Florian a guidé sur cette route 43 à Raunheim, à gauche de leur itinéraire. C’est qu’il veut “ spoter ”, comme disent ces amateurs jamais lassés des aéroplanes (1), à savoir multiplier les vues et vidéos suivant le type d’avion, les compagnies et il y en a toujours un qui doit se pointer, qui vient de loin, un gros qu’il ne faut pas rater, surtout aux abords d'un des aéroports les plus fréquentés d'Europe, celui de Francfort. Le coin n’est pas choisi au hasard, par vent d’est, c’est ici que les appareils à basse altitude survolent en vue de l’atterrissage, sur deux trajectoires parallèles ; en bordure de Raunheim, la ville bordière, un énième giratoire permet de stationner là où une sortie “ de service ” peu passante donne aussitôt sur une forêt (2) où seuls quelques promeneurs ou cyclistes vont prendre l’air.

Le temps ne pressant en rien, ils ne repartent que deux heures plus tard (21h), après avoir soupé. (à suivre)

(1) Mayotte a longtemps dit « aeroplani ». 

(2) Une forêt allant jusqu’aux pistes de l’aéroport ; dans son sein, un lac qui semble ouvert aux loisirs, simplement nommé « Waldsee », le lac de la forêt (source Google Earth). 

lundi 5 août 2024

INDIEN des vieilles LUNES, le voyage en TCHÉCO (8)

 Mercredi 19 juin 2024 (suite… et fin ?) 

Daniel_Balavoine_sur_TF1_en_1980 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Christian D'AUFIN
 

« … Aimer est plus fort que d’être aimé… », titre et paroles de 1985, Daniel Balavoine (1952-1986). Assurément, le plus fort des sentiments vers l’être aimé passe avant les preuves d’amour en retour. Latente, cette chaleur pour une, un autre qui fait tant partie de soi, s’exprime telle la prose de monsieur Jourdain ; toujours elle rayonne sauf qu’elle brûle si la main approche de trop près. Alors, en retour, quelques signes ponctuels suffisent pour savoir qu’on compte aussi, n’en soyons pas le récepteur avide, carbonisé de l’intérieur par une autolâtrie aberrante… Et puis, il faut savoir en estimer les indices seraient-ils insignifiants… ne pas passer à côté des petits bonheurs qu’il faut savoir apprécier, qui peuvent commencer avec le café du matin alors que la vie peut aller.

Plus haut au volant de sa petite maison roulante entre voiture et camion, bien que dormant, secret, il le ressent ce contentement d’y être arrivé : tous ces kilomètres, l’incursion dans l’aéroport, le fils retrouvé, la nuit, la pluie, tous ces phares agressifs. 


Papa avant tout, pas pépé en dépit de l’âge, c’est pourtant ce poids des ans qui le replonge dans ce temps passé trop vite, ce petit accompagné tous les jours en classe et qu’il allait chercher toujours avec un même bonheur… ce chemin d’école si beau pour cette trop bonne raison et aussi parce qu’une nature exaltante ne savait dépeindre que la beauté tranquille d’une île qui console puis impulse pour continuer…

On dit que l’espèce humaine est la seule à s’occuper si longtemps de sa progéniture… Il n’empêche, bébé il y a trois jours, avant-hier petit garçon, ado hier dès qu’il n’a plus voulu qu’on l’accompagne, aujourd’hui, avec la moustache, veille de s’envoler pour des études lointaines, de partir seul sur le chemin de la vie, il n’y est pour rien si, déstabilisé, son père se doit de retrouver un équilibre positif… 

SergeReggiani-1970-Milan-Italie Domaine public. Author Angelo Deligio, Mondadori via Getty Images
 

À propos de chansons, bien que ce soit dans l’ordre des choses, pour le dire banalement, les paroles de « Ma fille » par Serge Reggiani (1922-2004) répondent bien à cette forte émotion :

« …Mon enfant, mon petit
Bonne route... Bonne route
Sur le chemin de la vie
Nos deux cœurs vont changer de pays. »

« Puisque tu pars » (1988), de Goldman, bien que, sauf erreur, dans une conjoncture de rupture, donne aussi à méditer… Aussi, une cassure autre que le cours “ normal ” de la vie chez Sardou « Mes chers parents je pars… »

Pour réagir, aller au-delà du chagrin, l’idée et la réalisation de ce voyage montrent déjà le bon chemin.   

Florian est à côté, compagnon d’un voyage dont il est aussi tenant qu’aboutissant, il partage, lit les cartes plutôt que le téléphone, reste vigilant sur la forme, la fatigue éventuelle du père au volant, se laisse solliciter pour ces photos de route grise sous un ciel gris vers une promesse au levant sinon d’Europe centrale où les seuls signes de vie sont ces poids-lourds de logistique et subsistance…

Il pleut encore. Der-Chantecoq, le lac, c’est râpé !

Saint-Dizier, un coin de Haute-Marne coincé entre la Marne et la Meuse, mais plus peuplé que Chaumont, la préfecture. La ville est marquée par une longue tradition sidérurgique, fonte d’art (fontaines Wallace), machinisme agricole dès 1924, tracteurs. L’usine Mac Cormick était à Saint-Dizier depuis 1950 ; employant près de 3000 ouvriers, elle est à l’origine d’un des premiers grands ensembles en France, le quartier de Vert-Bois. De cessions en rachats, de Mac Cormick à Case puis Fiat, Yto, leader chinois a racheté l’usine de Saint-Dizier en 1911 pour la fermer en 2020 (le site ne comptait plus que 35 employés [223 au moment du rachat]).

Les groupes Hachette et Driout poursuivent l’activité métallurgique.  

La tour de Miko ne signale plus qu’un complexe de cinémas mais les célèbres glaces sont toujours fabriquées à Saint-Dizier.

Parmi les personnalités liées à la ville, sûrement peu parlant pour les jeunes générations, sa mention ne nous rajeunirait-elle pas, le nom de Bernard Noël (1924-1970) au triste destin, né à Sant-Dizier, le touche… Du temps du noir et blanc (1967), étaient à la télé les épisodes de Vidocq, avec, dans le rôle du bagnard devenu policier, Bernard Noël (le rôle fut repris par Claude Brasseur dans « Les Nouvelles Aventures de Vidocq » [1971]). 

Bernard_Noël under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. (mise en 2016 par Gaspard 7).
 

 Ne pleure-t-on que sur soi quand nous pleurons les autres ?

mercredi 8 mai 2024

JFK (8) Sous les jupes des filles ?

Vendredi 19 avril 2024, déjà trois jours que tu me tiens compagnie.

Je ne sais pas si le parallèle avec le tarot est valable mais tu prenais souvent à la légère, par optimisme, je dirais, un peu à l’image de ton irréalisme politique. Autant revivre la bonne humeur des joueurs de cartes, notre curiosité ludique pour les questions aux champions, le lien avec les “ instuteurs ” locaux, à manger le fruit à pain au feu, les bananes vertes et le manioc du voulé (1), la grillade traditionnelle ; le lien pour les tiens, tu parlais de rendre visite à ta famille en Alsace mais au plus proche, rien sur tes enfants, ta vie sentimentale... Alors l'Alsace, laisse-moi ouvrir Géoportail pour retrouver cette vallée... voilà Lièpvre je crois... tu vois, aimer la géographie ça va avec aimer les gens. Vallée de la Lièpvrette, oh ! presque un terme grivois, toi, si prude, réservé. Une vallée refuge d'amishs, de ménnonites (2) du moins... mais non c'est juste à titre de curiosité, sans faire de parallèle avec qui tu étais... 

Lièpvre depuis le Hoimbach  2007 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Bernard Chenal

Une fois nous avions pris deux jeunes femmes en stop, tu te souviens, nous les avons alléchées... Enfin, moins cérébral, j’étais l’instigateur de cette préméditation potentiellement coquine, déjà à les amener à la case, oh ! de prime abord par goût de compagnie galante. Je les ai invitées à grimper dans le goyavier plein de fruits. Oh ! ne m’accable pas, c’est la faute à Brassens (1921-1981), un peu, goyaves, amandes... 

« ...Et, pour la bouche gourmande
Des filles du monde entier,
J’ faisais pousser des amandes :
Le beau, le joli métier !... » L’Amandier, 1957, G. Brassens. 

Et Souchon (1944), il y serait pour rien, lui qui chantait : 

« ... les garçons ont les yeux qui brillent
Pour un jeu de dupes
Voir sous les jupes des filles... » ?

Non JF, tu n’accablais pas, si agréable à vivre, ouvert aux autres et aux locaux, cet épisode souriant t’avait fait beaucoup rire mais va savoir ? ton éducation, qui sait ? ta retenue pour un rapport aux femmes des plus sérieux, une approche mennonite, va savoir ? Tu n’es pas venu sous l’arbre avec moi...

« ...Elles dans l'suave
La faiblesse des hommes elles savent
Que la seule chose qui tourne sur terre
C'est leurs robes légères... » Sous les jupes des filles, 1993, A. Souchon.

Avec les années, Abdou et Thomas, les copains du voulé au-dessus de la baie de Sada, le lagon aux éclats diamant, n’ont plus demandé après toi ; lucides, comme tous les locaux, ils concluent qu’il ne faut pas compter sur tous ceux qui, meurtris au moment du partir, promettent de parler de Mayotte, de la défendre, d’écrire à ceux qui restent. Jamais, à l’instar du JFK historique (1917-1963) disant à ses concitoyens que plutôt de demander ce que le pays pouvait faire pour eux, c’est la proposition inverse qu’il faut considérer, eux  ne parlent d’écrire, de contacter. celui qui part doit donner des nouvelles. Vers 2011, en tant que revenant, je leur ai appris que tu n’étais plus de ce monde. Moi, ça dure toujours avec Mayotte et avec une des belles rieuses qui nous moquaient si joliment en mangeant les goyaves. En 2006 alors que tu divorçais de ta mésalliance avec le PS, nous naissait Florian... Qu’est-ce qu’ils me rendent heureux, avec sa mère ! qu’est-ce qu’il m’a rendu heureux, ce petit, sur le chemin de l’école, dans les bambous, entre cocotiers et manguiers... à réciter « L’entendez-vous, l’entendez-vous, le menu flot sur les cailloux ? ». Qu’y-a-t-il de plus beau que les mots chantés en poésie : « Mélusine, Et les putois et les fouines Et les souris et les mulots » sur les lèvres d’un petit garçon dans un paysage encore épargné ? J’aurais tant aimé connaître le Jean-François intime, ta nichée, ton nid, ta conception du bonheur... La politique ? je l'abomine !

Ce sont mes dernières grandes vacances, j’écris, pas que pour moi, j’espère être publié mais sans en faire une maladie, l'autoédition me suffit aussi. Beaucoup de ceux rencontrés sur le chemin de la vie me tiennent à cœur sans que, comme avec toi, et c’est généralement le cas, je ne sois demandeur de rien en échange. Le 22 décembre 2011 nous avons perdu Saïndou, vingt ans, en 2015 mon oncle Staňa, papa en 2017... tant de copains d’enfance, de gens de ma communauté villageoise et des endroits qui m’ont accueilli, le lot de tout un chacun... de quoi, dans l’ordre naturel des choses, apprivoiser la mort mais c’est à côtoyer la vie qu’on se sent vivant. J’ai aimé que ton copain Mottard cite Albert Cohen... avec ce qui nous attend, soyons tendres les uns avec les autres... mennonites un peu...  

(1) Avec la vie plus facile, la viande, les ailes de poulet en premier, les brochettes de bœuf ou de poisson, ont enrichi la grillade initiale. 

(2) mouvement chrétien prônant l'interdiction de l'utilisation d'armes contre les humains, donc antimilitariste, contre les guerres. par contre une autre indication précise qu'au sein de leur Église, le taux d'abus sexuels est comparable à ce qu'il représente dans la population.   

lundi 6 mai 2024

JFK (6) Art Nouveau pour l'air connu de la corruption...

Corrupt-Legislation-Vedder-Highsmith-detail-1896 Domaine public Artist is Elihu Vedder (1836–1923). Photographed 2007 by Carol Highsmith (1946–), who explicitly placed the photograph in the public domain.

« Mesquineries », ton dernier mot sinon le fond de ta pensée à propos de tes faux-amis socialos. (qu’attendais-tu des tiens avec des porte-paroles tels Moscovici veni vidi, Cambadélis (1), Dray le prolo collectionneur de montres de luxe ?) des anguilles... que les vraies me pardonnent). Dans ta nécessité à rebondir, tu as cependant contribué à mettre en place Anticor localement (Jean-Christophe Picard (2), son président, reste l’un des rares à te rendre hommage, en 2016, neuf ans après). Dans ce qui est certainement ta dernière intervention, tu alertes sur toutes ces formes de corruption loin d’affecter seulement quelques brebis galeuses, qui touche des élus mais aussi des fonctionnaires, de hauts fonctionnaires tel Michel Vialatte (1959) (3), ou le doyen des juges d’Instruction Jean-Paul Renard (1950) (4), sinon Évelyne Stahlberger, vice-présidente du Tribunal Administratif, suspendue en 2004, mutée d’office à Nancy, en 2005 (une procédure rarissime, trois cas en dix ans). Avec ces deux magistrats cités, apparaît le nom de Michel Mouillot (1943), ancien maire de Cannes, Grand Maître de la Grande Loge de France, condamné en 2005 à six ans fermes pour « corruption, prise illégale d'intérêts, abus de biens sociaux, faux et usage de faux, et emplois fictifs », la totale... Les frères... tout est transparent chez eux, à les entendre...  Et toi qui mû par un scrupule sans fondement, ne répliques pas nommément (ton compère Mottard non plus), pourquoi ne dis-tu pas qu’un de tes faux-frères s’appelle Patrick Allemand ?   

La politique, tu n’en parlais pas, jamais un mot de pub pour le PS, longtemps vecteur de tes convictions ; sentais-tu ? réalisais-tu qu’elle n’est finalement qu’un moyen hypocrite de cautionner la marche du Monde ? que détournée, infectée, loin de changer la vie, par ses atermoiements, sa procrastination viscérale, elle ne peut que la pourrir ? Est-ce pour te mettre au vert que tu as demandé la mutation à Mayotte ? Est-ce parce que la politique mettait en péril ta vie familiale ? Paradoxalement, avec la défense des locataires de Mayotte (1994-1996), tu as mis en branle un réflexe métropolitain blanc occidental dans un contexte ultramarin aux intérêts métissés, non racisés (4) donc, mais calqués sur les mêmes dynamiques, peut-être plus permissif, se voyant comme le nez au milieu de la figure, grâce à l’éloignement, au nombrilisme des métropolitains, aux dévissages de certains locaux confortés par le chassé-croisé des partants de l’administration qui pouvaient commencer à comprendre pour plus d’efficacité et des arrivants devant reprendre au début les investigations initiales, parfois faire table rase des avancées, de toute façon plus intéressés par la promotion promise et à venir pour s’être impliqués et sacrifiés au purgatoire... Aussi, comme les exceptions à la règle restent appréciées... 

(1) Aux municipales 2020, dans la liste des écolos indépendants. Derrière Estrosi encore LR et le RN, ils obtiennent six sièges... Avec moins de 7 %¨des voix, Patrick Allemand, père fouettard du PS, est laminé au premier tour...  

Lien : ANTICOR- Jean-François Knecht 29/01/07 - Vidéo Dailymotion

(1) Deux affaires d’emploi fictif... 30.000 euros en gros d’amende pour un million détourné globalement... cela en vaut la peine tant que la justice rend si bien la justice... (source Wikipédia). 

(2) Directeur Général de La Communauté d’Agglomération Nice-Côte-d’Azur (2002) comme il l’a été de Saint-Maclou (1999-2001), condamné à 5 ans de prison en 2004 dans le procès des marchés truqués. Sur sa fiche, est-ce un hasard si les noms pour le moins sulfureux de Xavière Tiberi (1936... fausse électrice de son mari Jean ?) et Xavier Dugoin (1947, 25 ans de politique) apparaissent ?

(3) mis à la retraite d’office en 2004, condamné en 2006 à 5.000 € d’amende pour « faux, usage de faux et violation de secret professionnel » au profit de lea Grande Loge Nationale de France...

 (4) Un néologisme, racisation ou racialisation, assignation à une catégorie raciale mais en tant que construction sociale, non liée à une couleur de peau... tu parles.

vendredi 3 mai 2024

JFK (3) le Blanc est coléreux !

mzungu wapeu : le Blanc est méchant... 

1994 : engagés à Mayotte, nous nous retrouvons dans les belles cases de la SIM, la Société Immobilière de Mayotte, sauf que c’est un lotissement blanc, à part. 




1995 : à côté du collège, j’ai obtenu une des quatre maisons en location, toujours pour métropolitains avec les trois autres, en face, plus cossues, de fonction. Blanc toujours mais à taille moins voyante, plus discrètement intégré dans le contexte nounous et bouenis (2) de ménage ; les bardeaux ont besoin de changer. Le principal du collège a demandé si quelqu’un peut loger un contractuel qui ainsi s’épargnerait une paire d’heures d’un trajet incluant la traversée du détroit. Ton épouse est repartie en métropole, tu es seul, tu sais qu’il reste une chambre libre, tu demandes à rejoindre notre cohabitation. Comme pour Abasse (1946-2016), je te dis « esprit d’équipage » sauf que lui le prend mal (« si c’était pour l’argent, tu n’avais qu’à le dire ! »). Je ne comprends pas qu’un déraciné de Madagascar puisse être contre le geste dont il a lui-même bénéficié. En capitaine, seul maître à bord, pas du genre à ergoter, je passe outre. Toi JF, tu ne dis rien, tu ne te formalises pas. Ce sera chouette, pourtant, sous la varangue, le soir, amical après le boulot. Avec les milliers de questions envoyées par papa, nous jouons à Questions pour un Champion... Bon, ça aurait pu... on aurait dit... un mois seulement... Abasse préfère partir ailleurs. Qu’importe, notre bateau garde le cap... tu turbines au café, tu pars conseiller les instits, décontracté, décapoté dans ta Rodéo, faussement dilettante si on te connaît. Le samedi soir, avec René et Georges, nous jouons au tarot. Une fois mais pas aux cartes, j’ai mal réagi parce que tu ne savais pas pour le téflon de la poêle (je te demande pardon, c’est vrai que nous, occidentaux, contrairement aux locaux, plus apaisés, sachant généralement éviter l’affrontement verbal frontal, gardons de l’Histoire une agressivité certaine... Allons, me voici doublement coupable de me dédouaner à y être, une fois encore... Toi tu savais si bien rester ferme mais calme dans la forme, doux presque... Pardon je m’en veux toujours d’avoir été ce “ grand frère ” si imparfait, serait-ce très subjectif de ma part... Le seul indice alors pour ta propension à la chose publique, la création d’un syndicat de locataires de la SIM au sein duquel certains ont eu tôt fait de te pousser vers la présidence. 



(1) Marlène Schiappa, Bruno Lemaire... ministres qui trouvent le temps d’écrire, ministres qui pour faire people livrent du cul plutôt torride, dépassant ce qu’on entend par “ érotisme ”... si c'est dans ce sens que la France avance ?! 

(2) Bweni = dame, madame en shimaoré... dans la pratique, souvent confondue avec “ bonne, bonniche ”.

mercredi 24 avril 2024

Mayotte, Wikipédia, bisbilles autour du nouveau volcan sous-marin.

Peut-être suis-je choqué pour rien, pour avoir mal cherché, et dans ce cas, celle ou celui qui nous dira le nom donné au nouveau volcan sous-marin de Mayotte méritera louanges et remerciements ! 

Image francetvinfo.fr / Depuis l'Est, vue schématique de l'ensemble des terres et du lagon / Au premier plan le nouveau volcan au fond de la plaine abyssale ; entre le “ nouveau-né ” et la barrière de corail, le chapelet des nombreux autres cônes volcaniques apparemment non-actifs. 

 

Le problème est que parmi les dizaines de sites relatifs au nouveau volcan sous-marin de Mayotte, aucun ne se permet d'avancer le nom de "Fani Maoré". Bien que mise entre guillemets, qui plus est dans le titre  de la page Wikipédia, l'initiative semble aussi prématurée que maladroite, malvenue et prêtant à une interprétation négative.

Prématurée à partir du moment où un échantillon de personnalités locales impliquées devait se prononcer sur les dix propositions d'élèves retenues à savoir :

  1. Bagugu, le monstre imaginaire 
  2. Chisiwa pya, la nouvelle île
  3. Mfaloume wa bahari, le roi des mers 
  4. Adzalwa, il est né 
  5. Mcombe, le puissant 
  6. Maydzaha, le volcan de Mayotte 
  7. Andrianavi, le retour du roi 
  8. Tsiyo, le voilà 
  9. Dzaha latru, notre volcan 
  10. Shize ya trumbo le dernier né.

Malheureusement, alors que le nom définitif devait être choisi les 29 et 30 octobre 2020, visiblement, du moins sur les sites que la recherche indexe, la piste de ce nom de naissance se perd et le 28 avril 2021, France Inter précise que le volcan n'a pas encore de nom.

Que seule la page de Wikipédia donnât dans cette maladresse, dérange. L'initiative s'avère aussi malvenue que contrariante :  

* d'abord avec le terme "fani", "fanihi" désignant, en kibushi, la roussette, le grande chauve-souris ("n'drema" en shimaore)... Que vient faire ce mammifère avec un volcan sous-marin ? Accessoirement relevons l'homonymie avec "Fanny" de Marcel Pagnol sinon celle dont il faudrait baiser le fessier quand on reste à zéro à la pétanque, les deux relevant d'un surréalisme certain ! 

* Ensuite, ce nom provient d'une langue-source malgache minoritaire sur l'île, ce qui pourrait être relevé, serait-ce d'un point de vue neutre... 

* Enfin un simple accent sur "Maoré" contrevient à la phonétique et rabaisse les langues locales au profit du français, notre langue commune, certes inestimable mais qui, ponctuellement, peut être perçue comme celle du dominant... c'est aigu... 

Autant de raisons qui me feraient modifier l'article si j'avais le courage de spécifier les sources ad hoc... (et puis s'il y avait une commande "enregistrer" plutôt que "ajouter un sujet" pouvant laisser estimer que celui traité va être ainsi perdu... [rassurez-vous, un copié-collé permet de ne pas se fatiguer pour rien]). Oui l'accessibilité de Wikipédia laisse à désirer...  

De mon côté, suivant ma disponibilité, il serait peut-être judicieux de pister les personnalités pressenties pour décider du nom puisqu'elles sont les premières concernées... 

C'est quand même incroyable que même un évènement naturel de portée mondiale soit empêtré de polémiques ! 
À bientôt pour des avancées, qui sait ?     

mardi 16 avril 2024

ELLE RÉCOLTE (4)

Aujourd'hui mardi 16 avril 2024.  


 

L'incursion des makis n'était pas prévue. Seulement ces avocats et citrons géants ! 



Le ciel, hier... 


Elle récolte... ils S'INVITENT ! (3)

Finalement, un bruit sur la varangue confirme qu'il faut laisser là le panier de crabes politiques malencontreusement ouvert suite, pourtant, à une bonne intention... 

Ankoumba en kibushini (malgache de Mayotte), le maki de Mayotte, sous-espèce d'Eulemur fulvus, lémur fauve de Madagascar. Voilà trente ans, les attirer avec une banane pour une photo sortait de l'ordinaire. Aujourd'hui, protégés, plus nombreux et plus effrontés que jamais, ils forment des bandes de plus d'une dizaine de membres. 
Barabufka, banane dessert naturellement sucrée à faire revenir à la poêle. 

Tout entamé, vomi, chiures (pas d'appareil photo dans l'urgence) il faut les repousser puis trier, récupérer le récupérable, laisser leur part, mais pas à table, au compost ! 


La main avant l'attaque. 
     



samedi 13 avril 2024

ELLE RÉCOLTE (2)

 

Une variété de corossol, celle qui peut se confondre avec la pomme-cannelle. 

Papaye jaune et cabosses de cacao. 



Mains dont une de barabufaka(s). Revenue à la poêle, cette banane si douce n'a pas besoin de sucre ajouté pour être appréciée... 




Est-ce la barabufaka dzilu plutôt que la djèu ? 



Mains d'une autre variété, celle du vazaha n'étant là que pour donner une idée de la petite taille de ces bananes alors que les pieds montent haut. 



Aucun rapport avec la chanson des Gypsies mais on dirait bien celle-ci de banane. (ils auraient pu écrire “ mena ” pour “ rouge ”).  





 


dimanche 7 avril 2024

MARCEL SCIPION / 3. Le Clos du Roi.

D’abord un livre sauvé des flammes... Enfin, que ce ne soit maladroit et choquant de l’exprimer ainsi car c’est un homme coincé dans son camion que les flammes menacent. Sa vie se déroule à l’envers, en accéléré ; en dépit des souffrances il se sent serein, presque libéré, tant pis s’il ne peut revoir sa femme, ses enfants. La mort desserre son emprise, il lui arrive de préserver, de prolonger la vie, un sursis, ici, pour intimer à l'intéressé qu’il a une autre façon de garder ses abeilles et moutons, mais à jamais cette fois ! 

Marcel révèle que c’est une voix qui lui reproche de n’avoir pas travaillé son don d’écriture ; Marcel a la foi, il sait que la voix vient d’en Haut. Il doute néanmoins même si l’institutrice lisait déjà ses rédactions à la classe. L’orthographe, sûrement, qui le bloque... 

À partir d'une photo de l'agence Roger-Viollet (édition Rombaldi). pardon pour ce détournement... mais comme disait Pagnol, dans l'esprit, pour ce qu'il avait adapté et copié de Giono qui avait contre-attaqué en justice : « Je n'ai pas pu m'en empêcher ! ».  


Il faut surmonter la souffrance, lui changer les idées, Christiane Vivier, professeure et amie lui apporte crayons et cahiers ; elle corrige puis tape les textes, les lui montre. Il y démontrait un vrai plaisir d’enfant. L’écriture en tant que thérapie, pas pour faire un livre... Refaire surface, rééduquer longuement ses membres, se faire à la hanche artificielle, récupérer de ses deux pieds brisés, pour que l’homme blessé espère en son futur, que l’homme nouveau revienne à une vie nouvelle. 

Il va mieux et c’est plus difficile de le persuader de finir le projet presque à terme. C’est souvent l’entourage qui pousse au livre, objet vivant, unique en cela, comme il en est d’une bonne chanson, d’un bon film... Un homme nouveau, oui, bien qu’il soit déjà monté à Paris, que, de bouche à oreille il a brillamment participé au “ Magazine des Arts Traditionnels ” de France Inter... Une déception ? Non, cela n’enlève rien au mystère de l’écrit, dans sa genèse, sa finalisation, fantasmagorique, presque ! 

Petites abeilles de Mayotte sur des morceaux de papaye confite (2014)
2015... les photos datent de dix ans en arrière. Est-ce lié à la chimie de contrebande à hautes doses que l'Europe vend à l'Afrique et qui arrive à Mayotte avec les migrants clandestins ? Inquiétant...


Nicole Ciravégna (1925-2011) raconte qu’elle le présenta un jour à son amie France Vernillat (1912-1996), à la RTF (ORTF)  de 1952 à 1974, qui le fit parler de l’apiculture sauvage d’autrefois. Le récit, parfois truculent, passa aussi sur France Culture ; un an plus tard, la productrice descendit en Provence pour persuader Scipion d’enregistrer à nouveau. Plus hésitant, Marcel se fit désirer ; à force de discuter, après promesse d’un bon déjeuner, un accord fut conclu. Sauf, et c’est là un trait de son caractère, Marcel exigea « de la daube, de grosses pâtes coudées et des œufs à la neige » ; où et qui pour cuisiner ce menu atypique ? il est seulement indiqué qu’avec l’hydromel « il était rouge comme un piment » !  Lui, coutumier de la sieste, allait-il s’écrouler ? Le micro resta branché pour des paroles plus drôles, plus piquantes encore, diffusées ensuite dans “ La vie sur le vif  ”. 

Anecdotique mais symbolique : le pain à la maison... 


Un Clos dit “ du Roi ”, un vallon où emmener les moutons l'été à transhumer. Cuire son pain à la maison, mais pas pour rigoler (cinquante kilos de farine, quinze jours de miches pour la dizaine de personnes d'une famille élargie), faire ses patates, ses choux, son miel, sa médecine même avec les limites qu'on sait, son vin, distiller son marc en fraude, braconner les sangliers, le lièvre pour qui le grand-père a réservé trente choux terribles appâts à portée de fusil lors des nuits glacées de pleine lune à « couillonner » les gendarmes... Et tout ça conté presque au coin du feu, le même foyer que celui, passé, des quatre de la famille aux douze personnes avec la tante, tonton et leurs sept gosses, suite au décès de la mère de Marcel (il n'avait que six ans)... Oh c'est rustique, presque un cliché pour citadin mal à l'aise, rêvant d'un retour impossible à la nature... Pourtant Scipion est un vrai gavot, un paysan des Basses-Alpes plutôt Hautes (depuis 1970, la nouvelle appellation « Alpes-de-Haute-Provence » étant plus appropriée). Dans la postface du Clos du Roi, Nicole Ciravégna, elle-même professeure de Lettres et écrivaine, pour beaucoup dans l’écriture du livre, dit de Marcel qu’il est « un Pagnol de la montagne ».

Comment ne pas aimer Marcel Scipion quand il raconte la soupe de sa grand-mère, la solidarité qui fait partager le cochon entre voisins, l’équilibre ancestral pour la nature de la part de l’agriculteur chasseur, fustigeant ainsi ces repeuplements protégés ne pouvant que générer des malformations. Le gaspillage non plus il n’aime pas... (mon grand-oncle Noé, comme Marcel, ne gardait-il pas toujours le cuir des chaussures pour faire, par exemple les charnières des portes du jardin ou du poulailler ?). 

J’aime Marcel pudique, qui avoue sa sensualité : « C’est émouvant, une femme qui, dans l’amour, découvre qu’elle existe... ».

J’aime Marcel pas avare de certains secrets dont celui, pour reprendre des forces, de ceinturer nu le tronc d’un chêne : « C’est une source de vie, un chêne. Et qui sait vous donner une vigueur terrible. Je le sais. Je l’ai fait ». Étonnant comme on retrouve une pratique identique chez Henri Vincenot, pourtant loin dans le Morvan...  

Comment ne pas aimer Scipion lorsque dans son introduction, il présente ainsi sa démarche :
« Ces souvenirs, j’ai pris grand plaisir à les évoquer.
Puissent-ils, lecteur, “ t’agrader ” aussi. »
Un pays, c’est une langue aussi qui régente tout un état d'esprit !   

Presque, je laisserais en plan mes mots, là, tout de suite, par fringale, gourmandise, pour vite rouvrir les pages du Clos du Roi !