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vendredi 19 septembre 2025

MAYOTTE out of FRANCE (fin)

MAYOTTE et AIR AUSTRAL

Ce matin, après l'avoir fait pour les Comores puis la gouvernance française, Estelle Youssouffa députée fait le point (et tape du poing) sur la desserte aérienne de l'île par Air Austral.  

Facebook 

Ici, sur « Partager le voyage », un compte-rendu sur le fond. 

Pour les Maorés, le voyage est très cher, incertain ; avec Air Austral la destination est maltraitée. Son directeur a tenu a me rencontrer ; je ne suis pas une sainte, ça s'est très mal passé, je lui ai hurlé dessus parce qu'il ne reconnaît pas que nous sommes les plus mal desservis, que la ligne est la plus chère de France, que le service est le pire de France, et avec la population la plus pauvre de France. 

La compagnie ne reconnait pas ses déficiences. Sur les deux types d'appareils, le premier est en réparation depuis plus d'un an, c'est donc une compagnie de dépannage Ifly (1) qui vient, ils ne parlent pas français, à peine anglais ; les escales à Nairobi sont interminables avec des appareils tout droit sortis de l'ex-république soviétique, les prix inabordables.  Et pourquoi cette escale à Djeddah ? Sur Mayotte La Réunion, l'autre avion a les moteurs fragiles comme l'admet le directeur d'Air Austral. 
La norme est à l'annulation, aux retards. Les vols à l'heure ça n'arrive pas et il est inadmissible d'admettre le « c'est une nullité mais c'est mieux que rien », c'est moi qui le dis ; nous payons en tant que contribuables et en tant que passagers pour un service pourri ; Air Austral a été renflouée, a reçu des sommes astronomiques. Que le président de la République ouvre à la concurrence ! à Air France de venir contrer cette situation de monopole ! Que la desserte, avec plus de fréquence par Kenya Airways, soit étoffée ! 
Pour Air Austral à l'origine contre la piste longue et actuellement pour prend position contre l'aéroport à l'intérieur des terres (2).Cela va de pair avec un lobbying pour des subventions qui alimenteraient des élections puisque c'est le cas chaque fois que la compagnie est renflouée, détenue qu'elle est en partie par les Conseils Départemental et Régional de La Réunion. Une coïncidence systématique pour une compagnie n'assurant pas le service public qui lui est dévolu.    

(1) j'ai d'abord transcrit phonétiquement « Ifly ». Aîe, I-Fly est une compagnie russe assurant des vols charters or cette compagnie est sur la liste des compagnies aériennes interdites dans l'UE depuis 2022... Ouf, c'est Hi Fly qui est évoquée par la députée, une compagnie portugaise basée à Lisbonne, spécialisée sur le monde entier pour des dépannages à moyen et long terme (source Wikipedia). 

(2) plutôt que cette promesses aux calendes grecques, les anticipations de la montée des eaux océaniques ainsi que sur l'enfoncement dû au volcan sous-marin resteraient encore favorables à la piste longue à l'horizon 2070...  

Note : concomitamment à cette publication, un addendum AEDOM a été joint au précédent volet, la députée étant revenue plus tard sur ce point économique.  

MAYOTTE OUT OF FRANCE !

 OUT OF AFRICA en hommage à Robert Redford récemment décédé m'a aiguillé sur l'Afrique dont Mayotte française et africaine. 

Ce matin, durant la demi-heure d'entretien dans les murs de KTV (Kwezi Télévision) avec la députée phare de Mayotte, contrairement à la discrétion d'Anchya l'opportuniste et au silence de Thani encore profiteur bien que ministre démissionnaire et caution malsaine du pouvoir métropolitain, force est de faire son miel, serait-il amer, de l'état des lieux par Estelle Youssouffa. Dans son viseur ce matin, d'abord les Comores, la gouvernance française ensuite, Air Austral et La Réunion enfin. 

(2) Facebook

Acceptez-en ce compte-rendu en tous points conforme sur le fond. 

LES COMORES, « pays parasite » donnant des leçons, se rapprochent de Moscou. Ce pays qui a fait tirer sur la foule d'Anjouan reçoit 150 millions d'aide de notre part pour contribuer à la lutte contre l'émigration clandestine (j'ai mal saisi mais elle évoquerait un “ Ben Salam ” au Quai d'Orsay). Or, son gouvernement, leur disant de prendre le bateau pour aller chez eux à Mayotte et sans un mot sur le sort des ressortissants envoyés à la mort, parle de manque de respect en dénonçant les forces de l'ordre française qui couleraient les migrants (je crois avoir compris ainsi). Inacceptable que la presse française, abondant dans cette déstabilisation d'un département français, se fasse l'écho de cette campagne étrangère alors que nos forces de l'ordre appliquent la loi, risquent leur vie, font du sauvetage face à des passeurs sans foi ni loi. 

Il faut arrêter de subventionner cet État parasite ; Le Monde donne de l'oxygène aux revendications infondées des Comores, d'un dictateur qui parle de respect et de droit.   

LA GOUVERNANCE FRANÇAISE. Bayrou et Valls n'ont rien mis pour réparer Mayotte, 15 millions seulement sont arrivés sur les 4 milliards programmés pour la reconstruction ; programmés, non sûrs alors que la Hollande a sollicité la Banque Mondiale pour reconstruire son secteur de Saint-Martin. Pourquoi la France ne le fait-elle pas ? Thani, le ministre démissionnaire aurait pu s'occuper de la question... on ne l'a jamais entendu pour défendre Mayotte alors que les entreprises sont en difficulté et que les assurances ne font pas leur boulot en remboursements. 

Nos compatriotes par contre, soutiennent Mayotte, la Fondation de France a levé 43 millions d'euros. L'État, lui, a sous-investi à Mayotte depuis des décennies ; Mayotte n'est en rien imputable de la situation financière du pays. 

Addendum, la députée ayant repris ce thème en fin d'entretien : Janvier 2026, le SMIC va être à 80 % de ce qu'il est en métropole, le MEDEF a combattu ces mesures / L'AEDOM assure une aide aux entreprises qui doivent, outre mer, faire face au surcoût du fret, à l'octroi de mer, à l'éloignement ; c'est un gâteau de plusieurs milliards d'euros, contrairement aux autres départements ultramarins, Mayotte département depuis plus de dix ans n'en a jamais entendu parler, les gouvernements, le Medef n'en disent rien... 

À suivre, le volet Mayotte - Air Austral.  



  

jeudi 18 septembre 2025

OUT OF AFRICA 2

Robert Redford est mort avant-hier dans son sommeil, en son ranch de l'Utah, il avait 89 ans. OUT OF AFRICA reste un des films où, en plus d'un charme photogénique naturel, ses talents d'acteur trouvent à s'exprimer. 

Robert_Redford_Cannes 1988 soit trois ans après la sortie du film under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Georges Biard

Il se trouve aussi qu'une migration depuis plus de trente années entre l'Europe et Mayotte, archipel français du Canal de Moçambique, me pousse à plus d'intérêt et de curiosité pour l'escale à Nairobi et le Kenya survolé. 

Motivé par une regrettable mais banale occurrence de l'existence, la mort de l'acteur, ainsi que par la programmation, en hommage, d'OUT OF AFRICA, je ne peux m'empêcher d'exprimer un fort attachement à une terre mahoraise, à un petit peuple maoré qui m'ont tant donné, même si une certaine impudeur prétentieuse m'amène à extérioriser une intimité que les quidams anonymes par définition, ne tiennent généralement pas à exposer... 

Deuxième volet ici : Mayotte et son contexte régional.   

Autant de pistes attestant d'une prétendue intelligence de sapiens alors qu'une indécente et impitoyable realpolitik en gâche les chances et la ruine jusqu'à l'étouffement ? 

Mayotte se bat afin de ne plus rester le petit confetti de prospérité (si relative, si inégalitaire) devant stagner à cause de l'océan de misère autour. 

Pour sensibiliser, pousser à se questionner, la télé qui vous garde en contact avec le monde a ses bons côtés, à condition de le vouloir par son choix des programmes. 
L'autre jour, un « Train pas comme les autres » parcourait le Mozambique. Des cocotiers si banals, si clichés tant qu'un Chido honni, terrible cyclone, ne vient pas décapiter, des fruits eux aussi que Mayotte a perdus. Mais plus qu'une nature ici généreuse mais qui, dans le 101ème département, a tant souffert, des visages rappelant exactement ceux issus des trafics d'humains, des Makuas ou autres Chambaras (pardon pour l'orthographe), pourtant si ouverts et souriants... à côté d'autres, pressés, stressés, fermés. 

Mussiro masque de beauté Mozambique 2015 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Emânio Samuel Mandlate


Et ce même usage du baume de santal frotté sur du corail mort, du m'dzindzano pour protéger la peau du soleil ; question langue et vocabulaire, dommage pour le dialecte originel : le sentiment de nation a besoin d'une langue véhiculaire, ici le portugais, certes un bel idiome bien qu'écrasant aussi implacablement que le français tout particularisme, toute identité parallèle. 
Encore il y a peu, le film « The Constant Gardener » qui outre l'intrigue a su montrer la réalité des bidonvilles de Nairobi, Kibera et ses nombreux quartiers, peu visibles malgré la présence, dans une séquence, d'un long-courrier arrivant dans un pan de ciel. Ce n'est pas pour autant que la beauté des sites s'en trouve négligée, en particulier ceux liés à la branche orientale du Grand Rift tel le lac Turkana. (à suivre)

OUT OF AFRICA 1

 ...et cette musique toute de nostalgie... Hier, Robert Redford est mort. La 2, en hommage, avec le film OUT OF AFRICA, a changé son programme : une bonne initiative, pour cette trinité, cette éternité de l'amour, la présence et l'avenir de notre espèce sur Terre, et le concours de cette musique, toute de nostalgie.   

L'Afrique, je l'aime parce que j'aime Mayotte. Mayotte, je l'aime parce qu'elle m'a accueilli, consolé, réconforté, remonté en selle pour infléchir le destin, se coltiner la vie, continuer le chemin. 



Je l'ai choisie comme compagne, elle m'a accepté comme compagnon. Cela va faire quinze mois que je ne l'ai vue. Ailes coupées, absence, séparation, avec au moins l'avantage de la redécouvrir de loin, alors qu'elle n'en finit pas de se dépatouiller pour être enfin une fille reconnue de la France, mère d'adoption, non plus celle qu'on envoie et cantonne dans le jardin quand passe un visiteur de marque, celle qu'on a honte de défendre ouvertement dans sa volonté de rester française, à l'international et pour de bien veules raisons... 

Ce 16 septembre j'ai pris le billet d'avion pour le 10 novembre, à la même date que celui que je devais prendre l'an passé, pour le voyage que le chirurgien m'a exhorté à décommander. 

De_Havilland_DH.60_Gipsy_Moth de 1929 du film Out of Africa under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author Thesupermat

Passivité à se faire transporter par un 787... Redford lui, va opter pour un biplan, ce qui, dans le film, causera sa perte. Un mot néanmoins sur un itinéraire, à l'opposé de celui qui, de la métropole à Mayotte, via La Réunion, ce département en apparence accompli bien qu'ultramarin, tout à fait France sous les tropiques. Par Nairobi, d'abord, la carte d'identité n'y suffit plus, il faut le passeport ; ensuite, se décline la réalité d'ouverture au continent plutôt que son contournement par la Mer Rouge, l'Océan Indien en coupant juste la Corne de l'Afrique (1) au niveau de la Somalie.     

Prendre le temps, de la distance, de la hauteur, donne un recul utile ; l'altitude peut en concrétiser l'idée ; en bas, jouet d'une métropole cyniquement pernicieuse, Mayotte se bat contre l'invasion étrangère, contre un développement toujours freiné d'en haut ; de là-haut, avec tous les paysages survolés depuis la douce France, une Méditerranée trop indulgente dans sa bonté, une Afrique belle de rudesse (2), elle est dans une continuité de décors en témoignage d'une Planète Bleue exceptionnelle. De là haut, elle n'est plus le petit archipel qu'un voisin aussi impotent que sournois revendique afin de passer à l'as ses impérities et incuries coupables. Elle existe bien dans un ensemble swahili dont on veut la couper depuis toujours au motif qu'elle serait un furoncle de post-colonisation et aussi parce que les politicards toujours aussi sourds, la séquestrent, la rackettent, imposant un cordon ombilical au profit de grands groupes commerciaux métropolitains, la gardant sous domination économique réunionnaise. 

C'est hier que Robert Redford est mort. (à suivre) 

(1) bien qu'il existe une ligne directe Mayotte-Paris avec escale technique au Kenya. Avec Kenya Airways, un prix intéressant, 391 € cette fois (600 de perdus l'an passé car pris par une agence sur Paris-La Réunion), 2 x 23 kilos autorisés même si les valises restent trop souvent en carafe jusqu'à une semaine...  

(2) dans la nuit, lors d'une de mes migrations, j'y ai vu, heureusement de loin, des éclairs d'orages dantesques. 

mercredi 3 septembre 2025

Carte postale de Mayotte 4.

Chiconi, le 2 novembre 1997.  

[...] 22 heures, 25 degrés passés. 

Voilà une semaine que « Les Forbans du Kalayaan » restent encalminés page 23, pourtant les ouvrages d'autres auteurs devraient apporter du flux vu qu'ils ne peuvent qu'apporter du souffle aux écrits personnels : j'ai emprunté un guide « Madagascar » ainsi que « Karanas et Banyans » sur les communautés indiennes commerçantes à Mada. Il faut les rendre le 6 et je n'en ai pas lu la moitié... j'aurais dû différer la lecture de « Mayotte » de Guy Fontaine avec, en exergue, un point de vue, d'après moi, des plus justes : 

« Expliquer des peuples étrangers chez qui l'on a vécu et que l'on a aimés, c'est inévitablement s'expliquer soi-même. Il y a dans l'analyse de telles relations, même lorsqu'elles gardent un caractère scientifique, la révélation d'une aventure personnelle. » Georges Balandier (1). Afrique ambiguë Plon 1957.  

(1) Georges Balandier (1920 - 2016) ethnologue, sociologue, codéfinisseur avec Alfred Sauvy du concept de « tiers monde ».  

En attendant la suite, je vous adresse les pages 17 à 20 de ma chronique madécasse. 

22 h 40. cette année la pluie des mangues a particulièrement réjoui le cœur des îliens. L'eau du ciel est la bienvenue en cette période de restrictions. Elle ne l'est pas qu'à ce titre, les agriculteurs l'accompagnent, les vallons se mitent de nombreux lopins défrichés et plantés. 

Ylang ylang Cananga_odorata 2012 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author Prenn

Frangipanier Plumeria,November_2013 Domaine Public Author Bernard Spragg

Ce matin je cherchais des mangues, même de celles déjà entamées par les roussettes, les meilleures. Sur le versant de la baie et tout le bassin du Coconi fumaient des nombreux brûlis. Pas de fruits mais des fleurs d'ylang pour mes envois aux neveux PF et Laeti. En rentrant j'ai complété ma cueillette avec du frangipanier, trop pulpeux, lui, pour un envoi.  

Un bolet qui peut devenir énorme autour de trente kilos. 

Encore au volet gastronomique, rien au pied des orgueils de Chine (2) alors qu'il y a une quinzaine, en balade sur la pointe de Rassi Mounyendré (Bandrélé) pourtant exposée à l'alizé desséchant, dans la forêt claire marquant la côte est, de magnifiques bolets étaient fortuitement sortis (“ parapluie des djins ”, « mavuli lulu » en kibushi), l'occasion de beignets tranchés dans les plus gros chapeaux ainsi qu'une poêlée de persillade. 

Scylla_serrata 2012 under the Creative Commons Attribution 4.0 International license. Author Vsevolod Rudyi

Hier nous avions nos derniers crabes de mangrove avec un aïoli spécial Gilbert, nos derniers parce que la pêche est interdite d'octobre à mars pour cause de reproduction... Ne nous verbalisez pas, les nôtres étaient congelés depuis belle lurette. 

Je n'ai pas encore pris le billet, les vacances de Noël débutent le 20 décembre pour trois semaines, la classe reprendra en plein ramadan. 

23 h 25. En dépit des moustiques, de la moiteur du papier, du temps toujours trop long que ça me prend, j'ai l'impression d'en avoir avancé plus vite que d'habitude. 

23 h 45. Zut je rêvasse, moins productif que je suis. Avec une pensée pour les parterres de chrysanthèmes et ceux qui nous ont quittés... 

« ...Maman est en haut, qui fait son loto, 
Papa qui en bas, écrit à Jean-François, 
Fais dodo... » 

J'y vais. 

Votre fils, JF. 

PS : papa envoie stp le texte de Camps, n'ei doublidat la mitat, macarel ! je parle du « Doublidaire », bien sûr ! 

(2) une variété de bolet pantropical phlebopus marginatus (Australie, Nouvelle-Zélande, Asie du Sud-est, Amérique du Sud associé entre autres arbres, au manguier
 

mardi 2 septembre 2025

Voyage Fleury Mayotte (4)

 Dimanche 1er février 1998. 

...ma conscience me dit que les corrections attendent mais le remords reste léger. Georges vient de passer une bonne heure ; un café, du clafoutis frais, je lui sers aussi un passage des chats de Bohumil. 
Il fait beau, le kashkazi s'est établi, il s'engouffre librement sous la varangue : 30 degrés à 10 h 40 mais un air plus léger. 
Stani m'a annoncé sa venue, il arrive le 14 février, un samedi. Je lui présenterai Mayotte comme il se doit. 
Depuis que j'ai pris connaissance de votre 76ème lettre, 9ème de la série, je m'interroge sur l'à propos des points de suspension... c'est vrai que j'en abuse... Mais ne pèsent-ils pas lourd, ces trois petits points ? laissant en suspens les pensées ? Non, l'idée même d'en ménager l'emploi me paraît incongrue... siérait-il que je m'en amputasse (est-ce dit correctement ? la tirade de Cyrano manque dans la bibliothèque). 
Dernièrement, l'ami Abdou de Sada m'a fait part de la note que j'ai obtenue à sa place pour la dissert traitée à sa place alors qu'il était à Paris délégué au congrès des maires de France ; le sujet, une thèse de Louis de Broglie sur la science. 

Revenons au dernier voyage. 
Gare de Lyon. Station RER : le train de banlieue amène à Orly via Châtelet -les Halles et Antony (58 F). longs couloirs, portillons automatiques qui ne facilitent pas le passage des valises, sacs et porteur. Un panneau lumineux éclaire les gares desservies, un carré orange indique si le train est court ou long, ce qui n'est pas inutile pour un voyageur encombré. Paris cosmopolite, gens de toutes couleurs qui arpentent ou attendent dans les souterrains. Antony, refaire surface ; calme de la ville suite au rail trépidant. 23 h30, plus de correspondance pour l'aéroport, le préposé aux billets a oublié de le préciser. Pas de bus non plus. Goguenards, les taxis observent le manège du provincial embêté ; ils sont là pour ça, n'attendent que cela ; 100 F la course de nuit et je ne suis pas en mesure de savoir s'il ne m'a pas promené... comment, de nuit, en terre inconnue, repérer les points cardinaux ; le chauffeur m'arrête aérogare sud, plus accessible selon lui. Aux guichets désertés, dépliants et brochures abondent, j'en bourre mes poches, une manie... Des maçons s'activent de nuit, des techniciens de surface discutent, une équipe de sécurité me croise, rassurée par mon chariot de bagages. 

960px-Aéroport_Orly_Ouest_2011 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Auteur Lionel Allorge

Orly, nuit douce, accès bloqués vu l'heure tardive ; en essayant toutes les portes, la longue façade de verre est remontée ; le seul policier de faction a laissé sa voiture : il discute à l'intérieur avec une jolie balayeuse. Un véhicule passe à ma hauteur : trois hommes « pas tibulaires mais presque » dirait Coluche ; autant presser le pas en surveillant cette Renault blanche, j'accélère jusqu'à courir dès que je suis hors de vue. Aérogare ouest, tout est fermé, faut pas passer la nuit dehors, ça risque trop ; je toque sur le verre épais ; le conducteur de la cireuse a l'amabilité de descendre de son siège ; son accent  étranger explique  « Porte G, appuyez sur le bouton » ; les roues du chariot sont en bon état pour ne pas traîner ; la porte pneumatique ne réagit pas mais l'interphone surprend : 

« Que désirez-vous ? 
— Laissez-moi entrer, je ne me sens pas en sécurité. 
— Présentez votre titre de transport devant la caméra. La voix est calme, posée : je m'exécute et montre le billet à l'œil sur lequel j'avais appuyé parce qu'il n'est pas plus grand qu'un bouton. »

Après quelques minutes, basané, de petite taille, plein de civilité, le gardien de nuit vient ouvrir, Pas plus d'agacement que d'impatience; j'imagine que la voix fleure bon l'amandier d'Anatolie. Grec ? Turc ? Libanais ? un oriental, assurément. Soulagé je le remercie chaleureusement. 
Au niveau de l'embarquement des gens en partance dorment sur leurs bagages. Hall n° 3, les aéroports de Paris supportent le panda WWF « Aidez-nous à sauver la vie ! »... et toi, devant la porte, tu peux charger... 
À traîner et fouiner, la nuit passe vite. Les dames de service me proposent gentiment un sandwich « Sans payer ! » elles disent, devant mon refus poli. 'Algérien, l'Oriental, les Lusitaniennes, de grands cœurs et qui bossent... 
Cinq heures du matin, Paris s'éveille ; la valise est enregistrée ; en attendant un petit-déjeuner, je m'endors comme une souche à la terrasse d'un café-croissanterie. 


Gros poutous ! 

lundi 1 septembre 2025

Voyage Fleury-Mayotte (3)

Ce matin, les gâteaux et le “ thé ”, en fait une infusion à la cannelle ou au citron, voire au gingembre pour les hommes, offrent un petit-déjeuner de fête, cette fois avec aussi la famille, les voisins et amis ; d'ordinaire, on déjeune avec les restes de la veille, du riz souvent.

La marmite restant sur le feu. 

Cet après-midi, en dimanche, j'irai saluer mes amis. Il faisait beau mais le ciel se couvre ; une musique profane monte de la combe du village, rythmée, enjouée, légère. Liesse des gens, joie païenne et ferveur pour Dieu, syncrétisme... 

un café finalement bien ordinaire... 

... L'électricité est coupée, le vent de l'orage malmène la flamme de la bougie; le tonnerre gronde alors qu'il fait relativement frais (27°). Le ventilo ne chassera plus les moustiques ; je n'ai pas fait attention au margouillat sur la poutrelle : il m'a cagué dessus ! Minuit cinq, cinq secondes entre l'éclair et coup de grosse caisse : l'orage se rapproche, il pleut de plus en plus fort. Heureuse de ma compagnie, la chienne vient mendier une caresse rassurante. Ah, j'oubliais les rats qui lorgnent la queue de l'espadon voilier mise à sécher sous la tôle. j'ai tiré mais manqué, ça fait deux fois alors que l'an passé, six du premier coup... il faut régler la carabine ! Trois secondes à présent entre le flash et le grondement. Fermez la parenthèse.  
“ Seportopla ” me remercie « Je l'avais presque terminé ! ». C'est vrai, un signet dépasse de la profondeur du pavé tel ceux à la maison « Ne cornez pas les pages, utilisez ce signet. » 

La pluie, le vent se calment mais fée électricité reste invisible. 
J'en brasse des souvenirs, du quotidien des jours qui passent, des mots, des vents aussi; La prochaine fois je vous mets la suite du voyage. 
Cette nuit, comme les petits chats tigrés de Bohumil Hrabal, je tire une carriole de bonheur ; je ne fais que partir sans jamais arriver, le reste ne compte pas, demain n'existe pas. restez en forme : la carriole, vous la tirez avec moi. Gros poutous. 

Jean-François.   

dimanche 31 août 2025

Voyage Fleury Mayotte (2)

Suite du 24 janvier, une deuxième lettre en date du 30 janvier 1998 : 
« ...Première parenthèse : je viens juste de lire la dernière lettre. Si envoûtante sous un ciel d'orage, Mayotte reproche un peu mon air absent. Gilbert (copain colocataire) aussi a du courrier. Pas de mot, plus un geste. chacun songe et voyage ailleurs. Même le tonnerre, pourtant si inhabituel ici, ne fait pas sursauter mais nous nous levons pour fermer les fenêtres, voir si rien n'est rentré. « Ici, si besoin était, cette belle averse donnerait huit jours de réserve » dit Gilbert. Le ciel se calme, s'éclaircit ; le bananier goutte ses perles d'eau ; le soleil couchant pare le jardin de milliers d'éclats. 

Common_myna_(Acridotheres_tristis_melanosternus) under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Charles J. Sharp (1951- )

Un « kiwa-kiwa » ( martin triste) peut-être celui qui vient nous voir au matin, manifeste sa joie bruyante dans la houppe du cocotier là-bas, dans l'air détendu il répète son appel strident et reçoit en réponse des notes aussi cristallines. Ambiance après l'orage, à apprécier avec une San Miguel.  
On a mangé un avocat, une boîte de thon aïoli maison (spécialité de Gilbert), des brèdes-coco (feuilles de manioc malaxées cuites au lait de coco) et un talon de rôti de dindonneau précuit... nous avions du vin... »  

30 janvier 1998 :
« ... les deux envois sont à l'abri, le premier à la poste de Mamoudzou, le second à Passamaïnti : l'humidité et la pluie pénétrant partout, autant choisir des boîtes à l'abri des murs. 
Hier je faisais quelques courses ; les rues commerçantes noires de monde, des embouteillages : on se pressait pour consommer ; si la production agricole reste familiale, pour le commerce et d'autres secteurs, certains font preuve de dynamisme et sont entreprenants. Ibrahim par exemple, le mari de Salama est « taxi-brousse », il a pu rembourser son Toyota de 17 places en un an mercredi, veille de la fête il a encaissé 2500 F... à raison de 10 F la place pour les 30 kilomètres, il n'a pas chômé avec au moins 7 à 8 A/R soit 420 kilomètres ; il ne confond pas chiffre d'affaire et bénéfice mais il est content. 
En ville, lisant le journal depuis le Conseil Général, en plus de la vue sur la baie, d'un nyombeni agréable (vent de NE marquant la saison des pluies qui persiste cette année depuis un mois alors qu'habituellement le kashkazi, vent de mousson mais NW lui, prenait le relais), j'ai bien aimé l'ambiance bon enfant des chalands allant ou venant. 
Hier se mêlant à une senteur de pluie chaude, une bonne odeur de feu de bois et de pâtisserie montait du village. Il pleut depuis six semaines, comment font-ils pour avoir du bois sec ? en réserve sûrement. (à suivre)



vendredi 29 août 2025

Carte Postale de Mayotte 2 (fin)

 ... ainsi que ses neveu et nièce (ma sœur et moi ) attendant un train (1957). Si le hasard fait mal les choses, dans le taxi qui m'amène au D.L.E.M. (Détachement de la Légion Étrangère à Mayotte) je comprends, un peu dans une même circonstance quarante-te-un ans plus tard, que vie privée et armée ne se mélangent pas... Tonton tu n'aurais pas dû... Quand j'arrive, le scooter rouge pétard métallisé, moderne, japonais, est déjà là. 

Entrée de la zone militaire du DLEM 2017 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Auteur Jean-Pierre Dalbéra Paris. 

Entre la préfecture et l'hôpital, au delà de la route qui traverse « Le Rocher », le point ultime à défendre au cas où... les artilleurs d'Hyères préparent la parade lors de leur entrée en caserne chez les légionnaires. Un chant grave scande les pas ; du carrefour seuls les pantalons de treillis et les rangers noirs sont visibles tant les frondaisons garnies sont basses. De la caserne aussi, dans l'air moite, monte une complainte mâle toute de courage et de sacrifice... le bataillon relevé engage sa sortie et descend de la plate-forme sommitale du DLEM ; il disparaît et réapparaît après un coude derrière les casernements ; à l'entrée, le lieutenant-colonel Mauguen, suite au salut réglementaire, a eu un mot et la poignée de main pour chacun des officiers d'un cordon grisonnant et ventru... l'expérience fait durer dans la Légion ; la barrière du poste de garde est relevée ; une haie d'honneur de képis blancs patiente, en tenue « terre de France », le famas contre la poitrine... actes rappelant le sable chaud, la Bandera de Gabin yeux dans les yeux avec une Michèle Morgan énamourée... le régiment en partance passe le cordon et la haie au garde-à-vous... le soldat du chant tombe pour la patrie et ne reverra pas sa mère ; gagné par la cérémonie, le scooter rouge pétard applaudit son émotion. Au carrefour, je ne distingue pas grand chose aux paroles du 54ème d'artillerie défilant à son tour en sens inverse ; dans la masse, impossible de reconnaître mon fils ; j'apprendrai qu'il n'en faisait pas partie, encore occupé aux bagages entrants et partants... 

DLEM insigne régimentaire du Détachement de la Légion Étrangère à Mayotte.

Immobilisés par le cérémonial, les taxis pestent une impatience mettant à mal le minutage d'une journée ordinaire, la ronde entre l'arrivée des barges, Labattoir (seule mairie habiliter à officialiser les mariages civils), Pamandzi, l'aéroport et le retour. Même ressenti pour des métropolitains plutôt goguenards, peu enclins à ressentit une empathie pour des militaires qui pourtant garantissent l'intégrité d'une France où le soleil ne se couche jamais, un intérêt pourtant bien là quand un père a son fiston dedans... 

PS : Gilbert single vers les Mitsiu. Le mois dernier, il a réussi sa sortie au Banc du Geyser : 90 kilos de poissons !    

jeudi 28 août 2025

Carte Postale de Mayotte 2.

 Chiconi, le 16 avril 1998. 

... Ai trouvé des aubergines à 20 F/kg ; exceptée la courge 15 jours en arrière, plus de légumes au menu... Temps à l'orage, cumulus et averse mais brève... un copieux et goûteux pilao accompagné d'une salade de tomates et d'un ramequin de petits oignons malgaches en sauce, au restaurant « Mimosa », en haut du marché, 20 F. 

Le soir, festin chez les Piersanti : cari de mérou riz, fleur de banane en sauce blanche, pois du cap, glace maison vanille-passion-mangue... salade de fruits et gâteau à la cannelle... Ouf ! 

Vendredi 17 : René est venu fumer des filets de carangue. 

Caranx latus under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Author Albert kok. Dès la sortie de la baie, sur le premier récif immergé, la touche n'était pas rare alors pour une carangue de quelques kilos... 

Stan vient d'arriver avec le détachement envoyé à Mayotte ; il décharge l'avion ; une majorité du groupe est partie en camion pour la caserne et moi j'attends, les doigts écartés sur les mailles du grillage. Une paire de retraités ne se lasse pas de bader les soldats. Blues des années d'active, l'un d'eux est assis sur son scooter, moderne, rouge pétard métallisé. L'engin japonais s'associant à la nostalgie de l'armée française. C'est surréaliste dirait J.F.K. (1). Les deux premières colonnes s'élancent au pas de gymnastique jusqu'à passer au niveau du Transall vert ; Stan et une douzaine de corvéables déchargent ou échappent à la manœuvre ; les colonnes rejoignent les camions stationnés de mon côté du grillage : 

À l'ordre « Comptez-vous ! » chaque homme de troupe égrène son quantième « Un, deux, trois... ». Mon attention s'est relâchée quand un quart-d'heure plus tard, mon aîné me surprend au volant d'un gros camion à hauts pneus. Décidément, c'est encore lui qui m'avait à l'œil ! Quelques bérets verts, foulard rouge à l'épaulette assurent le transport et canalisent la circulation. Deux artilleurs ne savent que faire des bouteilles de blanc madérisé qui embarrassent leurs mains. Un légionnaire compatissant leur indique l'aéroclub où ils pourront vider... ce n'est pas du muscat de St-Jean, certains ne peuvent se retenir de pisser lors d'un vol de 3 heures... 

Transall_C-160 meeting aérien Avord 2004 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author Cjp24. 

Stan a garé son “ gros cul ” et un sergent courtaud, écrevisse, avenant en diable vient me serrer la pogne : 

« Alors, vous êtes son père ? 

— Oui, mais je comprends que l'armée soit une seconde famille. » Que dire ? 

De l'aéroport, en repensant un instant à tonton Jenda de l'armée tchécoslovaque qui s'était permis et avait eu des ennuis pour avoir pris en camion, sur neuf kilomètres, la sœur qu'il n'avait vue de sept années... (à suivre)

(1) notre JFK à nous, Jean-François Knecht (1957 - 2007), un pur de la politique, ne parlant jamais de son “ activisme ”, contre toutes les corruptions et par la suite opposant à Jacques Peyrat, maire de Nice, décédé prématurément, le cœur...   

 

mercredi 27 août 2025

Carte Postale de Mayotte 1.

 

Mayotte. Avril 1998. Visite d'un fils à son père : 

« ... Côté balade, nous avons parcouru la côte nord sous un ciel mi-couvert qui rendait la température plus supportable. “ Tahiti-plage ” (Mtsanga Mtsanyouni pour rester local) nous a fait son coup de charme au soleil couchant. Un samedi, alors que je le croyais de permanence, mon fils a appelé de N'Gouja, la plage aux baobabs et tortues. Il y avait passé l'après-midi avec deux copains suite à un trajet bon enfant en taxi-brousse. J'ai retrouvé Stan, ses collègues David et Christophe, devant une THB. au bar. Petit partage de mots shimaorés pour militaires intéressés sauf que le cours a tourné court : ravissante, la serveuse a inspiré des compliments bien sentis de la part de nos gaillards pavanant dans une surenchère de rires joviaux et sourires enjoués. Mention Bien pour les trois, TB pour la jeune femme même si le mérite en revient à une jeunesse d'insouciance et de joie de vivre... C'est alors que Monsieur le Préfet et Madame ont débouché pour prendre place au restaurant, venant certainement d'un des bungalows cachés sous les cocotiers. Je ne m'y attendais pas mais avec le recul en y repensant, sans que cela soit une promiscuité, la petitesse de l'île favorise une proximité entre « ressortissants » comme disent les autorités non sans une maladresse indécente. N'Gouja reste un lieu où il est de bon ton de montrer une aisance de circonstance, sa tenue “ petit blanc ” relax sans être négligée. 

Ngouja_Beach_(Mayotte) 2016 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic license. Author VillageHero from Ulm Germany

 Dans la chaleur de la nuit, les corps passablement dénudés de nos trois garçons dénotaient même si elles n'avaient rien de provocant. Que ne pardonnerait-on pas au jeune adulte que chaque homme fut à son heure ? Moi, j'étais moins pardonnable, non pour le tee-shirt comme M. le Préfet mais pour mon bermuda de baroudeur déparant la soirée tropicale feutrée. Sentiment dégrisant de la jeunesse évanouie bien que palpitante encore d'autant plus à cause de cette complicité avec la génération montante. 

« ... Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse, 
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, 
De ta jeunesse ? »

Être ? avoir été ? regrets ? remords ? Personne n'accepte de gaieté de cœur que vieillir est la seule façon de ne pas mourir. Jeunesse récurrente. Platitude. Quoique sans être écorché vif, qui n'a pas subi un trouble intime, une égratignure, un coup de griffe dans sa mémoire sentimentale, charnelle, toujours lancinants ? 
Il ne nous restait plus qu'à quitter ce lieu de détente tropicale, à pas lents et mesurés, plus lourds, me concernant. 
Dimanche de Pâques : avons parcouru la RN1 Mamoudzou Dzoumogné avec un arrêt à Longoni. le déchargement du cargo M.S.C. Sandra allait bon train. Un mois en arrière, le Mermoz avec Jean-Louis Chrétien, Yves Coppens, faisait escale à l'occasion de la croisière des explorateurs. 

Les barges se sont croisées. Ici vers Grande-Terre.

Vendredi de cette semaine, Stani n'était pas à la barge de 20 h 15 : je m'en suis retourné, gros Jean comme devant ; cabossée, sinueuse, la route du col d'Ongojou ne m'en a paru que plus longue. Cela fait bien une paire de fois. Ah ! les enfants, la jeunesse, tout est pardonné dès qu'on les retrouve. S'il appelle qu'il barge ou va barger, nous nous retrouvons au bar du 5/5, là où Georges Bouscasse nous régalait de ses imparfaits du subjonctif. Stan bénéficie d'une longue permission avant le départ aux Glorieuses, le 14 ; je me suis aussitôt désisté pour la partie de pêche au banc du Geyser programmée par Renato revenu nous voir jusqu'à début mai. 
Que nos épisodes mahorais vous trouvent en bonne santé, 
gros poutous, JF.    

lundi 21 juillet 2025

MAYOTTE, le président et l'aéroport

Est-ce une aberration de surélever l'aéroport actuel ? 

Depuis 30 bonnes années qu'ils nous promènent, ne s'acharnent-ils pas à nous enfumer ? 

Toujours une bonne raison de refuser la piste longue au nom de la continuité territoriale, ce qui, ouvrant à la concurrence, libèrerait le territoire d'une emprise réunionnaise scandaleuse au constat des prix excessifs pratiqués par Air Austral, avionneur pourtant subventionné. 

2025 le président vient persuader d'être raisonnable, d'envisager un futur à l'intérieur des terres puisqu'en plus du niveau de la mer, l'île et plus encore son penchant oriental, s'enfoncent depuis la naissance de Fani Maoré, le volcan sous-marin (entre 10 et 20 cm depuis 2018). 

Ce même président avait pourtant promis un début des travaux au printemps 2022. En 2023 Mansour Kamardine, député de Mayotte demandait pourquoi rien ne commençait. 

Il fut un temps où une protection écologique stricte refusant tout projet s'alliait de fait à des raisons exprimées sinon sous-entendues mais toutes d'une insincérité malhonnête telles celle de contenir un développement de Mayotte susceptible de représenter un appel d'air migratoire ou celle de toujours privilégier des intérêts extérieurs au département... Comment ne pas se départir du sentiment de république des copains, des coquins ? 

Mayotte, aéroport de Pamandzi avec 1 mètre de hausse du niveau de la mer. 
For more details about this map, see the full version at
 
coastal.climatecentral.org  

« Mayotte en Danger » qui a tangué dans son sentiment de témoin lambda revient sur la légitimité de la revendication de piste longue. L'argument : cette cartographie de 2021 dans sa représentation la plus forte de la montée du niveau des océans dans le monde, à savoir 1 mètre peut-être à l'horizon 2100 avec une partie de la piste encore en place. 

Merci à l'IGN et Géoportail. 


Alors, puisque ce qui est réalisé ne l'est que dans l'urgence et que, à l'image du rien qui n'a été fait au niveau solaire (et ce n'est qu'un exemple), la mauvaise volonté des tenants de l'État freine quand elle n'empêche pas, plutôt que de repartir pour 30 ans de plus en promesses mensongères, rognant qui plus est sur le couvert forestier et les zones agricoles indispensables vu la densité humaine, insistons pour la piste longue certes sur le platier mais sur pilotis pour rassurer les écolos et pas à 60 mètres de haut comme à Madère... 

Un président perdu pour perdu, toujours au plus bas des sondages, ne se grandirait-il pas d'une parole enfin sincère et libre de toute pression ?   

Mayotte à + 1 mètre du niveau de la mer. Que deviendront les mangroves ?  


  


mardi 25 février 2025

L'IMPOSSIBILITÉ D'UNE ÎLE Le débat 2ème partie

Suite au documentaire qui a le mérite d'avoir été travaillé et filmé avant le passage de Chido, Mélanie Taravant oriente un débat. 

Débat - Mayotte, une île en état d'urgence en replay - Le monde en face | France TV

Invités qui seront identifiés lors des propos par 1, 2, 3 (avec mes réactions entre parenthèses) : 
1. Emmanuel Blanchard, historien, spécialiste de l'immigration et de la situation postcoloniale à Mayotte. 
2. Élise Palomares, professeur de sociologie à Rouen, spécialiste de l'action publique et politique à Mayotte. 

3. Abby Saïd Adinani, journaliste du service public, originaire de Tsingoni et dont la famille a eu le toit emporté par le cyclone Chido.  

Appuyant sur le désinvestissement de l'État, Amélie Taravant parle d'accélérateur de carrière ou de mouroir professionnel pour les hauts fonctionnaires nommés à Mayotte


2 abonde dans le sens où, dans la méconnaissance du territoire, ils ne s'investissent pas. Tout doit leur être reexpliqué par des catégories B. Une discontinuité néfaste. 
(le préfet Bouvier en est l'illustration). 

1 Mayotte a été coupé de l'environnement régional, le visa Balladur en étant le premier symptôme. pas d'autonomie économique envisagée. 
(dans les années 90 un caboteur venait chaque semaine de Majunga (Madagascar) livrer des produits frais... Est-ce la règlementation européenne qui a mis un frein aux échanges régionaux ? On dit que ces importations devraient d'abord aller en Europe pour être en quelque sorte homologuées, avant de revenir à Mayotte ! Ubuesque alors que ce serait plus que pertinent suite au cyclone ! Je pense particulièrement aux noix de coco qui vont manquer sur une dizaine d'années... Il est vrai qu'à part le blabla officiel parlant, sans que rien ne soit jamais fait, de faire du port de Longoni un centre d'échanges du Canal de Mozambique, rien n'a jamais été fait, Mayotte restant en vase clos, un marché fermé assurant cependant du profit pour les sociétés métropolitaines et réunionnaises...). 

La réalisatrice du film : le visa a fixé des clandestins qui avant allaient et venaient. 

1 Un habitant sur deux est étranger. 

3 Mayotte est refusée dans la Communauté de l'Océan Indien. 
(c'est le fait de la France. Même chose pour les Jeux de l'Océan Indien où les sportifs n'ont pas droit au drapeau français et à la Marseillaise... à l'instar de ce qui se passe avec l'Algérie, faut surtout pas froisser la grande puissance comorienne. Notons que c'est toujours notre pays qui finance ! Et les 15 milliards de l'Aide française au développement dans le monde pointent enfin dans les infos. A l'heure où il faut se serrer la ceinture, les 25 millions donnés à l'Algérie pour réhabiliter des quartiers défavorisés s'avèrent surréalistes, de même les 15 millions au Sahel qui nous a mis le pied au derrière. Et si encore cela contribuait à tarir le flux migratoire ? Est-ce normal de ne devoir ces infos qu'au Rassemblement National ? La gauche est vraiment idéologiquement gangrénée... ). 

2 la spécialiste est persuadée que les migrants ne viennent pas pour la nationalité, que ce droit ne remédiera pas aux problèmes sociaux, que cela ne réparera pas les tuyaux d'eau. 
(Aïe aïe, l'idéologie serait-elle de retour ? N'est-ce pas le fait de l'immigration qui fait que, entre autres, dans un espace restreint on doive toujours construire des écoles, prévoir un hôpital plus grand, voir la biodiversité et la forêt réduites à peau de chagrin et ce à l'aide d'un budget inégalitaire ?). 

1 le nombre d'expulsions du territoire (350.000 hab officiellement) par rapport à l'hexagone (66.000.000) est comparable. L'État n'arrive même pa à répondre aux besoins suite au cyclone. 

2 la politique migratoire est insuffisante et inadaptée; Les immigrés sont vulnérables... 

3 Le titre de séjour fait que les migrants, ne pouvant pas accéder au reste du territoire français, restent bloqués à Mayotte  
 
 1 délinquance chômage pour des jeunes même au niveau du bac qui se retrouvent bloqués

(Conclusion : ponctuellement peut-on se satisfaire de spécialistes de Mayotte en théorie ? Foncièrement pourquoi sommes-nous condamnés à subir des politiques incapables, des professionnels qui ont dévoyé le service au pays, plus soucieux de leurs carrières et des copains que du peuple ?) 

L'IMPOSSIBILITÉ D'UNE ÎLE Le débat 1ère partie

Suite au documentaire qui a le mérite d'avoir été travaillé et filmé avant le passage de Chido, Mélanie Taravant oriente un débat. 

Débat - Mayotte, une île en état d'urgence en replay - Le monde en face | France TV

Invités qui seront identifiés lors des propos par 1, 2, 3 (avec mes réactions entre parenthèses) : 
1. Emmanuel Blanchard, historien, spécialiste de l'immigration et de la situation postcoloniale à Mayotte. 
2. Élise Palomares, professeur de sociologie à Rouen, spécialiste de l'action publique et politique à Mayotte. 
3. Abby Saïd Adinani, journaliste du service public, originaire de Tsingoni et dont la famille a eu le toit emporté par le cyclone Chido. 

2 revient sur le ministre Valls qui lui aussi se demande où passent les aides avant de rapporter les arguments du Président de la République sur la sellette lors de sa visite dans l'île, disant que les gens devraient se contenter, qu'ils sont les plus aidés de l'Océan Indien...  
(Veut-il signifier que Mayotte est plus aidée que la Réunion ? Au moins que ce ne soit pas par rapport aux autres pays de la zone dont les Comores, ce qui, de sa part, serait complètement inapproprié... Si Macron a souvent été excessif dans ses prises de parole, nous devons néanmoins tenir compte des circonstances : attaqué, déstabilisé, aux abois, ses réponses à brûle pourpoint plus que discutables ne l'honorent pas... ). 

3 revient sur le problème de l'eau, flagrant depuis 2016 ; elle se demande où est passé l'argent. 

1 confirmant la défaillance de l'État déclare que la France dépense 40 % de moins à Mayotte que dans un département lambda. Que jusque dans les années 90 il y avait peu d'écoles alors que la départementalisation, parce qu'ils ne veulent pas des Comores, est demandée depuis au moins la fin des années 50. 
(Qu'en est-il de la Corse ?)

Mélanie Taravant ajoute que les premières maternelles datent seulement des années 90, que l'État n'a jamais eu l'intention de traiter Mayotte en tant que département. 

2 son statut particulier fiscal, du travail, social, dérogatoire la situe hors d'un département. Surtout ne pas rendre la situation des Mahorais attractive sous entendu pour les Comores d'où un budget 11 fois inférieur à ce qui est donné aux autres départements. Mayotte ne reçoit que 62 % de ce qui est donné à la Guyane 
(et dire que le préfet Vincent Bouvier a osé se prévaloir des 90 % de plus en huit ans pour Mayotte, et avec quel culot l'auteur de « Que faire de Mayotte » prétentieux de ses capacités préconise ce qu'il faut faire alors qu'il n'est resté qu'un an) (voir les articles qui précèdent). 

1 rappelle qu'en 1975, personne ne connaissait Mayotte, bout du bout de l'empire colonial... 
(sans savoir que j'y serai vingt ans plus tard, à l'occasion de la consultation de la population, c'était la première fois que j'entendais parler à la radio de Petite et Grande Terre)

L'initiatrice du débat demande alors quel était l'intérêt de la France. 

1 précise que Giscard, Foccard pensant que la France garderait la main sur ses anciennes colonies africaines, était pour que Mayotte restât dans l'ensemble comorien. Ce sont des militants d'extrême droite qui ont aidé au combat de Mayotte française. L'enjeu était économique et militaire puisque la France se trouvait expulsée de sa base à Diego La DGSE reste présente à Petite-Terre. 
(Les 70.000 voix des Comores intéressaient Giscard en vue de son élection / La DGSE a ses “ grandes oreilles ” tournées vers l'Afrique).