mercredi 31 mars 2021

L'ETANG de CAPESTANG vu par Bettina / delta de l'Aude.

Auteur(e) textes & photos : Bettina Marchal-Gier

(Deutscher Text nach dem französischen)
Suite de la balade d’hier : l’étang de Capestang (34) qui, contrairement à celui de Montady (les deux communes sont limitrophes), n’est pas asséché, même si l’homme n’a eu de cesse au fil des siècles de gagner des terres, aidé en cela par les alluvions déposées lors des crues de l’Aude. Relié autrefois à la mer, les eaux de l’étang étaient alors salées et on y exploitait au Moyen Âge des salins. Aujourd’hui, c’est devenu un étang d’eau douce, principalement alimenté par les ruisseaux des environs. Classé site Natura 2000, l’étang de Capestang, d’une superficie d’environ 13 km², compte parmi les plus grandes roselières d’Europe et sert de lieu de nidification, d’alimentation et de refuge à de nombreuses espèces d’oiseaux. 
J’ai regretté hier ne pas avoir de jumelles avec moi ni savoir me servir d’un appareil photo avec téléobjectif, car on pouvait voir de loin plusieurs colonies d’oiseaux. Les photos ont été prises depuis différents endroits : Montels, toute petite commune rurale au sud de Capestang, ainsi que du côté de Bel Air et Le Viala à la pointe sud de l’étang. 
 
Fortsetzung des gestrigen Ausflugs: der Etang de Capestang (Département Hérault), der in Gegensatz zu dem Etang de Montady (beide Ortschaften grenzen aneinander) nicht trockengelegt wurde, wenn auch der Mensch im Verlauf der Jahrhunderte ständig bemüht war, Ackerland zu gewinnen. Dabei waren ihm die Anschwemmungen der Aude bei Hochwasser eine große Hilfe. Früher gab es eine Verbindung zwischen der damaligen Lagune und dem Meer und es wurde im Mittelalter Salz gewonnen. Heutzutage ist der Etang de Capestang ein geschlossener Süßwasserteich, der hauptsächlich von den Bächen der Umgebung versorgt wird. Als Natura-2000-Gebiet zählt der 13 km² große Etang de Capestang zu den größten Schilfgebieten Europas und dient zahlreichen Vogelsorten als Brut- und Futterstelle sowie Schutzraum. 
Ich habe gestern bedauert weder ein Fernglas dabei zu haben noch ein Fotoapparat mit Teleobjektiv bedienen zu können, denn man konnte von weitem große Vogelkolonien sehen. Die Bilder wurden von verschiedenen Standorten aus aufgenommen: in Montels, einer kleinen Landgemeinde südlich von Capestang, sowie in der Nähe von Bel Air und Le Viala an der Südsptize des Etang de Capestang. 











Capestang étang auteur Bettina Marchal-Gier












VOLEURS NATURICIDES, destructeurs et pollueurs / Ariège.

Ariège : plus de 300 chênes centenaires abattus sans autorisation dans les Pyrénées par des bûcherons espagnols

Plus de 300 arbres centenaires déracinés et coupés sur une dizaine de parcelles boisées de Perles-et-Castelet, une commune des Pyrénées ariégeoises. Les propriétaires, dévastés par l'action de bûcherons espagnols, montent une association pour porter l'affaire devant la justice.

Exit la forêt de chênes centenaires sur la commune de Perles-et-Castelet en Ariège. Elle n'est plus que souvenir pour les propriétaires des parcelles boisées qui ont été "exploitées" sans autorisation par des bûcherons espagnols.
Exit la forêt de chênes centenaires sur la commune de Perles-et-Castelet en Ariège. Elle n'est plus que souvenir pour les propriétaires des parcelles boisées qui ont été "exploitées" sans autorisation par des bûcherons espagnols. © Pascal Dussol / FTV

Des arbres abattus par centaines et des habitants abattus également devant l’ampleur du désastre. Les faits remontent à fin février 2021. Des bruits répétitifs de tronçonneuse attirent l’attention de Hélène Rameil, la propriétaire d’une parcelle sur laquelle se trouve une forêt de chênes centenaires. Elle et son mari sortent pour localiser l’origine du bruit et tombent sur des bûcherons espagnols en train de couper tous les arbres sur leur propriété. Le maire du village intervient et les hommes finissent par quitter les lieux. Au petit matin, le bois a disparu.

Hélène Rameil confie que ces chênes centenaires avaient été légués par les grands-parents de son époux. Au delà du préjudice financier, qui leur importe finalement peu, c’est surtout un préjudice moral pour leur famille.

On dirait qu’une tempête est passée, c’est un véritable « massacre à la tronçonneuse" ! Il y avait des chevreuils, des sangliers, des murs en pierre sèche construits par les ancêtres, il n’y a plus rien ! Cette nature ne nous appartient pas ! Elle doit être transmise à nos enfants.

Hélène Rameil, propriétaire d'une des parcelles de chênes centenaires

Un désastre écologique

Et au delà de cela, il s’agit aussi et surtout d’un gros préjudice environnemental. En effet, la zone a subi une grosse pollution au gasoil, des ordures ont été entassées, des murs en pierre sèche qui délimitaient les parcelles ont également été détruits, « les parcelles sont saccagées » comme le confie cette propriétaire emplie d’émotion.

Danièle Segato, une autre propriétaire de bois coupé et volé, confirme le « désastre écologique ». 

De la forêt entretenue par les propriétaires, il ne reste rien. Sauf l'impact écologique durable.
De la forêt entretenue par les propriétaires, il ne reste rien. Sauf l'impact écologique durable. © Pascal Dussol / FTV

Elle fait ainsi l’inventaire : « Certains arbres faisaient plus d’un mètre de diamètre. Le ruisseau a été dévié, il y avait des flaques de gasoil partout, des ordures laissées sur place. Ils ont tout détruit de manière inqualifiable. Et le pire, c’est qu’ils continuent à agir impunément dans l’Ariège et dans l’Aude »

En cause : une entreprise de bûcheronnage espagnole

Les auteurs des faits sont pourtant identifiés. Des bûcherons espagnols qui disent « ne pas parler français et obéir aux ordres de leur patron : tout couper ! ». Ce sont pas moins de 300 arbres qui ont été coupés sur une dizaine de parcelles en tout, même si toutes les parcelles sont impactées de manière inégale.

Danièle Segaro se confie, les larmes aux yeux et la gorge serrée : «cela fait 32 ans que nous entretenons cette forêt, que nous débrouissaillons, que nous faisons tout notre possible pour préserver la nature et aujourd’hui, nous sommes anéantis par ces actes »

La dizaine de propriétaires spoliés a décidé de monter une association « pour avoir plus de poids devant la justice et faire punir ces gens ». En attendant, le « saccage » continue sur d’autres communes, conclut-elle.

 

 

SAINT-SATURNIN, l'église de Nissan / par le site "Nissan Lez Ensérune".


  TOUTES LES PHOTOS SONT AUSSI SIGNÉES "Nissan Les Ensérune". Merci de le signaler lors d'un partage éventuel !

Nissan Lez Ensérune

L'église SAINT-SATURNIN
L'église SAINT-SATURNIN de NISSAN lez ENSÉRUNE est classée Monument Historique depuis le 16 février 1965 et a été construite aux XIIIème et XIVème siècles. C’est un magnifique et imposant bâtiment d’architecture gothique méridionale qui domine le village. Son édification qui a abouti à son aspect actuel s’est étalée sur plusieurs siècles.
À l’origine, c’est l’ancienne église (mentionnée pour la première fois en 1099 dans une bulle du pape Urbain II) d'un prieuré relevant de l'abbaye de Psalmodie dans le Gard. Quelques vestiges de ce prieuré sont encore visibles dans la cour du presbytère à l'ouest de l'édifice. Le tombeau des Prieurs est situé dans le chœur de l'édifice, vers le nord, sous une pierre du dallage gravée d'une croix.
La partie la plus ancienne est la nef à quatre travées construite au XIIIe siècle, le reste date du XIVe siècle, notamment le clocher. Une chapelle a été ajoutée au XVIIe siècle. La voûte qui précède cette chapelle porte la trace des symboles des quatre Évangélistes, en partie effacés.
Grâce à l’abbé Joseph GIRY arrivé à NISSAN en 1949, elle abrite des œuvres d'art, parmi lesquelles les fonts baptismaux, une table d'autel wisigothique et une table d'autel carolingienne à lobes.
Sur le mur sud-est du transept, est préservée la fresque du Couronnement de la Vierge avec des anges musiciens (XIVe siècle).
Dans le mur Sud, les vitraux datent du XVIIe siècle et proviennent de l’église de la Madeleine à Béziers, où ils avaient été remplacés par des verrières simili-romanes. Ces trois rosaces ont été ouvertes à la fin du XIXe siècle et ont permis de rendre l’église moins sombre.
Le bénitier est en marbre de Caunes.
Le Christ, espagnol, planté sur une croix en T date du XIVe siècle.
Dans la chapelle dédiée à la Vierge s’y trouve la pièce maîtresse : la statue de la Vierge, datée du XIVe siècle et classée Monument Historique en 1951. Elle était à l’origine dans la chapelle Notre-Dame de Miséricorde.
Au centre, il y a un lustre assez particulier : c’est une crémaillère espagnole, en fer forgé, que Marcel DELOUPY avait modifiée pour en faire un éclairage.
La tribune a été ajoutée en 1872 et est contemporaine de l’agrandissement de l’église vers l’ouest et de certaines chapelles latérales.
Au-dessus, se trouve l'orgue construit en 1834 et classé Monument Historique.
La grille en fer forgé, qui isole du reste de l’église le lieu d’initiation qu’est le baptême, provient du château de CABANES près de COURNIOU. Les grilles latérales ont été trouvées par l’abbé GIRY chez un chiffonnier. Elles proviennent du palais Masséna à NICE. La grille est timbrée, au centre du fronton, des deux L entrelacés et opposés, chiffre (monogramme) de LOUIS XIV qui date cette grille du XVIIe siècle. Au-dessus, un petit motif a été ajouté pour donner une fonction religieuse à cet ensemble : c’est une colombe, symbole du Saint-Esprit, qui plane sur les lieux.
Quant au sol, il est fait de revêtements de cuve à vin : tuiles faïencées du XVIIe siècle rapportées de COURNONTERRAL par l’Abbé GIRY en deux voyages avec sa 2CV chargée à ras bord… « et j’ai voulu dessiner au sol, avec ces panneaux brillants, qui sont en conformité avec le miroitement de l’eau (l’eau du baptême) la croix grecque, croix à branches égales, qui est une croix non de mort, mais de résurrection ».
Le clocher, importante tour carrée surmontée d'une flèche pyramidale en pierre, a été quant à lui construit au XVIIe siècle.
Et les cloches ?
Actuellement dans le clocher de l’église deux cloches sont datées du XIXe siècle : la cloche gros bourdon qui porte la date de 1872 et la cloche Maxime CUQ de 1816. Une autre est plus ancienne : 1714.
Une autre fut placée en 1792 sur la tour du beffroi communal. Elle est datée de 1492. Cette cloche, où figure la plus ancienne représentation connue des armes de Nissan, a été classée Monument Historique le 30 novembre 1912. Elle a été descendue de la tour en mai 2007 pour réparations. Elle se trouve maintenant dans le local d’Initiatives Nissanaises. Elle a été remplacée en 2009.
La municipalité a financé des réparations afin de préserver et de mettre en valeur ce magnifique patrimoine. Ceci fera l'objet d'une prochaine publication.
Sources :
- Église Saint-Saturnin de NISSAN-lez-ENSÉRUNE, sa Foi et son Passé par l’abbé J. GIRY
- Histoire de Nissan de la Révolution à l’aube du XXe siècle (2ème partie) par Claude VAYSSIERE
 
Merci de partager cette publication pour faire connaître notre patrimoine si intéressant !
 
Photos "Nissan Lez Ensérune" 












samedi 27 mars 2021

Périès, commune de NISSAN (5) Nature & Histoire avec ou sans grand "H".

Étang de Capestang vu vers l'ouest depuis le Viala wikimedia commons Author Ph Cazal

Périès aujourd'hui hameau de la commune de Nissan, occupe un site remarquable. Au bout de l'Esquino de Camel (55 m.), une colline allongée, aux limites de l'Hérault, en appelant déjà à l'animal totem de Béziers, le groupe de maisons, grâce à ses dix petits mètres d'altitude, domine la plaine inondable et une nature à ménager dans notre propre intérêt. 

Les habitants sont ainsi hors de portée des crues de l'Aude aux débordements impressionnants même si le lit du fleuve se situe à plus de trois kilomètres. En bas dans les prés passe le canal des Clairs qui repasse à l'Aude, côté aval, les eaux séquestrées de l’Étang de Capestang (1). Zone encore pour la chasse à l'eau même si, contrairement à ce que vécut Jean-Pierre, soixante-dix ans en arrière, perdreaux et lièvres doivent se faire rares sur les bords (voir l'article précédent). Max, un autre garçon de Nissan, parle d'une roue à aubes qui évacuait l'eau non sans abîmer des brochets. Des archives plus récentes de l'Hérault nous offrent, à propos d'un pêcheur d'anguilles, de belles vues de l'étang et en prime une recette de matelote, attention, avec du blanc de blanc et flambée à la fine du Languedoc !

René des anguilles maniant la partègue. Archives départementales de l'Hérault / capture d'écran.

https://www.youtube.com/watch?v=Hd2Ou8RS-xU Ne prêtez pas attention au présentateur soignant son lyrisme mais qui n'a pas travaillé le lien entre l'étang de Capestang et les crues de l'Aude ! 

Après la nature, l'Histoire. 

ancienne église / photo d'un ancien arc triomphal https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/MHR91_20133403289

Ce qui n'est plus qu'un hameau dépassant la centaine d'habitants a formé un village avant d'être rattaché à la commune de Nissan. Un fief templier appartenant à l'Ordre certainement suite à une donation, ce qui était courant alors. Dans le même sens, on sait que la vicomtesse de Narbonne, Ermengarde (vers 1127 - 1197), si déterminante pour les richesses et l'impulsion qu'elle offrit à l'abbaye de Fontfroide, légua par testament (1196) le château de Corciano (Coursan) aux templiers de la maison de Perreires (commanderie de Périès) (2). Suite à l'arrestation des Templiers par Philippe IV le Bel (1307), à la suppression de l'Ordre et à la dispersion de leurs biens par le pape Clément V en 1312 (Bulles Vox in excelso et Ad providam) cette Commanderie reviendra aux Hospitaliers de Jérusalem. 

Continuait-on alors à dire "boire comme un Templier", "jurer comme un Templier "concernant les Hospitaliers ? Toujours est-il que les religieux ne se démarquaient pas des seigneurs pour l'exploitation des serfs et des vilains. On disait les moines gros et gras, les boîtes de camembert nous le rappellent parfois ; les vœux de pauvreté n'étaient souvent que pieux. 

En 1430, la petite histoire vient redonner sa touche triviale à la grande. 

"... Les Templiers avaient le privilège de n'être jugés que par la justice de l'Ordre, un privilège qu'ils devaient défendre contre les empiètements de la justice royale. "Ainsi en 1430, Durand de Faur chevalier, viguier de Narbonne, Pierre d'Yssault, juge de cette même ville, Jean Spondelherii, bailli d'Ouveillan, et Raymond Valentin, notaire et officier du roi, firent saisir frère Jean de Raymond (précepteur de Peyrusse (commanderie située dans leur juridiction et dépendant à cette époque du Prieuré de Toulouse) qui était accusé de certains crimes, et le firent enfermer dans la prison du roi; requis par l'Ordre d'avoir à le remettre à son tribunal, ils s'y refusèrent, s'empressèrent d'instruire son procès, et, après sa condamnation, de le faire suspendre à un gibet. Pierre de Rota, doyen de Saint-Agricole à Avignon, chargé par le pape de veiller aux intérêts de l'Ordre dans toute l'étendue de la Langue de Provence, enjoignit à ces officiers, sous peine d'excommunication et en requérant au besoin le concours du bras séculier, d'enlever de leurs propres mains le corps du frère de Raymond du gibet, où il était resté attaché, de le faire ensevelir décemment et avec honneur et de faire satisfaction à l'ordre pour cette offense. Le viguier et ses assesseurs ayant refusé d'obtempérer à cet ordre furent frappés d'interdit par P. de Rota ; ils en appelèrent au pape Martin V qui évoqua l'affaire à son tribunal. Malheureusement, les archives ne contiennent pas la sentence..." 

Source : Ordre de Malte. Histoire du Grand-Prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'Ordre de sain-Jean de Jérusalem dans le Sud-Ouest de la France, Languedoc, Pays de Foix etc.par M. A. Du Bourg 1883.  

Quels crimes à Perrières ou Peyrusse ou Périeis... ou bien à Périès ? L'orthographe est bien changeante avec les siècles et les recherches sur Internet ont leurs limites...       

(1) Crue causant 4 morts avec de l'eau jusqu'aux toits en novembre 1999 dans les lotissements de Cuxac.
Sinon un canal d'atterrissement (au nom bien mal choisi) apporte plutôt qu'il ne vide le trop-plein des crues en amont ; il part du Gailhousty, à hauteur de Sallèles, où le canal de jonction, l'Aude et le Canal de la Robine se mêlent à 25 kilomètres avant l'embouchure alors que la pente du fleuve devient presque nulle (0,032 %). 
L'étang de Capestang avec, en suivant vers la mer, la Matte à Lespignan puis l'étang de Vendres, en plus de contribuer à l'écrêtage des crues, offrent des zones humides refuges pour les oiseaux, migrateurs ou sédentaires. 
 
(2) et entre parenthèses celui de Perinano (Pérignan) aux hospitaliers de Saint-jean de Jérusalem. (Sources: Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne, page XXII, tome VII. Narbonne 1902).


jeudi 25 mars 2021

NISSAN (4) en passant par Salles-d'Aude / Tableau champêtre à Périès

Nissan-lez-Ensérune en passant par Salles-d'Aude avec en prime un témoignage poignant du temps de la communale, des instituteurs, de la méthode Freinet mettant les enfants sur les traces de Gutenberg. Entre nous, je ne pensais pas qu'un petit fascicule de 14 pages allait encore faire parler et pourtant, certainement à la rentrée 1951, dans la dizaine de rédacteurs qui ont alimenté le premier numéro du journal mensuel "VOIX DE LA CLAPE", un jeune garçon de 9 ans 1/2 nous raconte un jour de vacances chez son oncle à Nissan. 

En sortant de Salles, la route de Nissan...

En complément de cette publication, les articles antérieurs en rapport : 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2017/06/du-temps-des-instituteurs-la-pedagogie.html

 https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2019/05/salles-daude-du-temps-des-instituteurs.html

 https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2019/05/un-eveilleur-de-consciences-la-methode.html

 https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2018/12/une-belle-cueillette-lecole-publique.html
 


Un authentique tableau champêtre d'une vie chez les derniers paysans, on ne disait pas alors exploitant agricole. Le jeune garçon s'appelle Jean-Pierre, Salvayre Jean-Pierre... Qu'est-il devenu depuis ?    


mercredi 24 mars 2021

NISSAN-lez-Ensérune (3), la colline percée, les tunnels du Malpas.

Carte topographique IGN


Photographie aérienne IGN

 Après les hauteurs d'Ensérune (dit aussi un temps Ensédune peut-être en référence à "dunon" le nom celte et préromain signifiant à la fois, "citadelle fortifiée" et "mont, colline, hauteur"), l'importance des lieux extérieurs à l'enceinte du village s'impose et d'abord l'accès au site historique, un isthme en quelque sorte, permettant à la route qui monte à "l'oppidum" d'être déjà à 50 mètres par rapport aux 20 m. de l’Étang de Montady au nord et à la trentaine de mètres, côté Nissan. L'endroit, pourtant, porte le nom de Malpas, le mauvais passage !

Nissan Malpas_tunnel_in_the_Canal_du_Midi,_western entrance panoramio wikimedia commons Author Maarten Sepp


 
Nissan Malpas_tunnel panoramio wikimedia commons Author Satyam

Nissan Malpas_tunnel_-_panoramio wikimedia commons Author Satyam

Justement, lors du creusement du Canal Royal de Languedoc, fin 1679, il se confirme que c'est un mauvais passage quand Pierre-Paul Riquet bute sur ce mur d'une pierre friable et sujette aux éboulements ! Il est dit que Riquet a engagé ses deniers personnels et même que ses héritiers durent payer pour son idée or l'épisode d'Ensérune vient nous rappeler que l'exécutif avait la main sur le projet. Rapidement informé des difficultés, Colbert envoie ses commissaires et en attendant leurs rapports, fait arrêter le chantier (1). Passant outre, Riquet demande au maçon Pascal de creuser discrètement une galerie... ce qui fut fait, en huit jours. Paul Riquet invite alors l'intendant décisionnaire à  se rendre compte de la réalisation : les travaux reprennent. Au bout de quelques mois (automne 1680) le creusement du premier tunnel-canal au monde est réalisé (173 m. de long, 6 m. de large, 8,5 m. de haut, 30 arches de soutien). 

Le Malpas devant son nom à la mauvaise réputation de l'endroit (2) était déjà percé depuis le XIIIe siècle (charte en date de 1247) par un aqueduc souterrain destiné à vidanger l’Étang de Montady enchâssé sans exutoire naturel mais si esthétique pour sa géométrie originale, à cause de cette contrainte. Creusée à moins 30 mètres, cette conduite de 1,364 km de longueur débouche de l'autre côté prenant le nom de Mayre (merci de prononcer séparément le "y", comme un i tréma) ; elle a nécessité 20 ans de travaux. La carte topographique indique une source à l'altitude de 20 mètres, est-ce la sortie de l'aqueduc ? Le ruisseau intermittent de Notre-Dame conflue aussi dans le secteur mais les tirets bleus de son cours butent mystérieusement sur la ligne de chemin de fer et la source de la Mayre sur la carte ainsi que les vues IGN n'apparaissent pas sur Google Earth où le débouché d'une canalisation est néanmoins manifeste. Moralité : faut y aller ! 

Étang de Montady Hérault France Seen from the hill over the Malpas tunnel in the Canal du Midi panoramio wikimedia commons Author Maarten Sepp


A deux mètres seulement sous le Canal du Midi (- 10 m) et au-dessus du drain de l'étang (- 30 m) a été aussi creusé le tunnel de la voie ferrée Bordeaux-Sète ( - 20 m) (ligne ouverte en 1857).  

(1) Le chantier aurait néanmoins été mené à bout avec son passage à Béziers puisqu'il ne reste plus qu'à joindre le tronçon déjà prêt (1675) entre la ville et Marseillan sur l’Étang de Thau. Par ailleurs, la décision avait été prise de faire aboutir la voie d'eau à la ville nouvelle de Cette (1666 première pierre). L'ancien cours de l'Aude et le passage par Narbonne (aujourd'hui la Robine) offrait une possibilité vers la mer mais Port-la-Nouvelle n'était pas encore sortie des sables et la traversée du fleuve trop inconstant posait problème. Le tracé aurait pu rallier les étangs (Capestang, Lespignan, Vendres) mais là encore en craignant les caprices de l'Aude tout proche. Et puis, comment concevoir qu'après Narbonne, Béziers, ville natale du concepteur de l'ouvrage qui plus est, ne soit pas desservie ?  

(2) A Cuxac-d'Aude, un dicton disait "Sios fait quand passes lou pount qu'es veit ouros !" (tu es fait si tu passes le pont et qu'il est huit heures).

samedi 20 mars 2021

L’abbé Joseph GIRY, Nissan-lez-Ensérune (2) / nos voisins nissanots !

 
Spéléologue : à 13 ans déjà, il explore des grottes. Plus tard il est membre du spéléo-club de la Montagne Noire et de l’Espinouse ainsi que du Spéléo Club de France. 
 
La Devèze Courniou Grotte_de_roquebleue wikimedia commons Author matthias loiseau

* En 1929, à Courniou, dans la grotte de La Devèze, il découvre les plus belles galeries ainsi qu’une magnifique salle couverte de concrétions. En 2002, une plaque lui rendant hommage a été inaugurée dans la grotte. 

Saint-Pons-de-Thomières (Hérault) Source du Jaur wikimedia commons Author GilPe

* L’abbé a participé aussi à l’exploration des sources du Jaur à Saint-Pons-de-Thomières (réseau de galeries et de plans d’eau).

* A la Vacquerie (grotte de Maurous) il trouve des vases et des jarres de l’âge du bronze.


Archéologue :  

Lodève_Musée_Stèles_discoïdales_d'Usclas_du_Bosc wikimedia commons Author Henri Moreau

 

* fouilleur et inventeur de la nécropole d’Usclas-du-Bosc (54 stèles tombales discoïdales «données au musée de Lodève... la municipalité dirait plutôt «confiées» par souci de conservation. Des moulages de quelques unes figurent dans le cimetière d’Usclas.

* découvreur de la nécropole Saint-Julien (Pézenas) (210 tombes étrusques). 

La plaine de l'Aude depuis la "colline de Vivios" / Au fond La Clape et le village de Fleury.

* acquéreur de la vigne de Vivios à Lespignan pour les bases de la villa romaine qui s’y trouvent «un ensemble important et intéressant qui pourrait être un port» (sur le rebord de la plaine de l’Aude) (il répertoria 62 autres villas romaines) . 

Chapelle_de_Centeilles Siran wikimedia commons Author ArnoLagrange

* acquéreur de la chapelle à murs peints de Centeilles transformée en bergerie (Siran)(donnée en 1961 à l’association diocésaine). 

Abbaye Sainte-Marie de Fontcaude wikimedia commons Author Fagairolles 34

* acquéreur en 1958 de l’abbaye de Fontcaude auprès des onze propriétaires, ensuite restaurée et dotée d’orgues puis donnée aux «Amis de Fontcaude».

* empêche la destruction de la chapelle wisigothique Saint-Vincent-de-Savignac (Cazouls-les-Béziers) et en sauve plus d’une vingtaine.

* participe à la prospection de Fontlaurès, autre colline forte préromaine au nord de Narbonne.

* crée un musée archéologique, un musée d’art sacré, lègue aux villes de Nissan et Béziers. 

Nissan Chapelle_Saint-Christol wikimedia commons Author Tylwyth Eldar

* sauve et restaure la chapelle Saint-Cristol, aussi appréciée que sa situation dominant la zone humide de La Matte, autre épanchoir du trop-plein des crues de l’Aude (si vous avez lu jusque là, je peux vous dire qu’on y trouve des jonquilles du côté de la Muscade... Côté Nissan de cette zone humide, «Cantogragnotos», en entend-on seulement aujourd’hui... encore un nom de lieu qui chante... c’est le cas de le dire...).

Dans son discours de réception à l’Académie des Sciences et Lettres, éloge à l’abbé Giry, son prédécesseur au fauteuil 15, Jean Billiémaz a cru bon de noter «... Il eut comme tout homme d’action ses détracteurs, ses médisants, et ses jaloux. Il s’en étonnait parfois. Cela le peinait beaucoup mais sa miséricorde l’emportait...» C’était faire bien trop d’honneur à ces grincheux qui ne nous firent point l’honneur d’apprécier leurs noms, de ceux, certainement,de la caste des esprits bornés, petits de traiter un homme de culture formidable, d’archéologue amateur.

Ce billet n’aurait pas été possible sans le concours d’immigrés nissanots à Fleury... c’est vrai qu’aujourd’hui je n’ai plus l’âge de leur reprocher de venir marier nos filles... Plus sérieusement, c’est aussi amicalement que spontanément qu’ils m’ont transmis le n° 53 (2002) des Amis de Nissan, si actifs depuis 1945 malgré une faiblesse pour informatiser des données si attendues au-delà de leur territoire.

* les photos de l'abbé empruntées pour l'article proviennent aussi de ce numéro 53. 


 

jeudi 18 mars 2021

"NISSA d'AUSSERUNA", NISSAN-lez-ENSERUNE (1)... nos voisins Nissanots

Nissa d'Ausseruno, pour nos voisins Nissanots, quel joli nom de village mais même Nissan-lez-Ensérune, en français, ça en jette ! Le territoire communal en touche dix autres par, hors Poilhes, Montady et Colombiers, un quintipoint (Capestang, Montels, Cuxac-d'Aude, Coursan, Nissan) et, au sud-est, un quadripoint (Lespignan, Fleury, Salles, Nissan) ! 

Nissan lez Ensérune / Moulin / wikimedia commons / Author Toutaitanous / N'est-ce pas le moulin de Maître Cornille ? Parce qu'on dit que certaines meules broyaient aussi du calcaire pour obtenir de la chaux ensuite... il n'y avait pas qu'un produit aussi noble que le blé à moudre...
 
 

Entre Orb et Aude, un village "niché dans un terroir de collines tertiaires" (les rédacteurs de Wikipedia font parfois preuve d'un joli lyrisme). Au nord, avec le site remarquable d'Ensérune, elles affichent entre 5 et 22 millions d'années (miocène) ; au sud, c'est entre 23 et 34 millions d'années (oligocène) qu'une argile rouge s'est formée pour les potiers et tuiliers, encore au XIXe (1). Il y avait bien une bergerie en montant au four à chaux, par le raccourci pour Salles-d'Aude, mais je vous parle d'un temps... existe-t-elle encore alors que de nos jours, à la place des moutons qui ne les mangent plus, ce sont des troupeaux de pins qui ont envahi les collines ? 

La colline d'Ensérune. Elle n'a de romain que son appellation d'oppidum ; venus avant, les Celtes disaient "dunon"... et on ne peut que se poser la question pour les influences antérieures, hellènes, ibères, ligures... La conquête romaine clôt donc la controverse de façon insatisfaisante en mettant fin à la civilisation des "oppidums-oppida", un siècle avant notre ère environ (2). Tout comme celles de Pech Maho (Sigean), Montlaurès (Narbonne), La Moulinasse (Salles-d'Aude), cette position défensive offrait aux Elysiques une protection relative contre des assaillants. 

En haut, dominant la plaine et l’Étang de Capestang, des silos en nombre, pour des réserves ou de l'eau, creusés dans la pierre tendre ; des tessons de poteries, des vases, des armes, des pièces de monnaies ; les vestiges d'une cité gréco-ibérique rappelant celles de la côte catalane. Parmi les archéologues l'abbé Louis Sigal (1877 Narbonne - 1945 Cuxac-d'Aude) qui a notamment contribué aux recherches dans sa ville natale, a noté "l'emprise politique, économique, intellectuelle des pays ibériques" sur l'acropole languedocienne de Nissan. 

Sur cent-cinquante ans, le site est marqué par la quête aussi passionnée qu'altruiste de trois abbés, Alexandre Giniès, curé de Montady, qui fouille entre 1843 et 1860, Louis Sigal déjà cité et plus proche de nous, Joseph Giry (Nissan 1905 - Béziers 2002).

Grand comme un seconde ligne au rugby, l'abbé Giry, inlassable archéologue, spéléologue, écrivain, n'arrêtait pas de sillonner la région au volant de sa 2 chevaux. Son enthousiasme le poussait même à faire le guide pour une visite inoubliable du site (relevé par Le Routard) ! On le connait plus pour sa protection totalement désintéressée du patrimoine qu'en tant que chanoine de la cathédrale Saint Nazaire. C'est lui qui acheta puis donna à l’État  les ruines de la villa romaine Vivios à Lespignan, lui encore, qui acquit auprès de onze propriétaires différents, les ruines de l'abbaye romane de Fontcaude pour la restaurer, la doter de grandes orgues avant de passer le relais aux "Amis de Fontcaude". L'église Saint-Saturnin  lui doit aussi beaucoup pour les œuvres d'art et encore de grandes orgues aussi historiques que remarquables. 

Nissan-lez-Enserune église St-Saturnin wikimedia commons Author Fagairolles 34

Lui succédant au fauteuil 15 de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, Jean Billiémaz pointa dans l'éloge à l'abbé Giry : 

"...vers la connaissance de l’Homme, l’Homme dans la vie d’hier et d’aujourd’hui, l’Homme dans sa vie familiale, sociale, dans la cité, l’Homme dans les objets, les ruines datant des différentes civilisations et cultures, que le Languedoc a vu défiler..." 

 (Jean Billiémaz, discours de réception à la succession de l'abbé Giry / fauteuil 15 / 27 mars 2006).

(1) la mairie récupère les tuiles hors d'usage pour la réfection des chemins communaux...  

(2) Extrait de l'article " Des pistes pour la partie enterrée du dernier affluent." avril 2019 : "... Devons-nous toujours rester conditionnés par un cheminement culturel contraint et limité aux racines romaines et grecques ? Il n’y avait donc personne avant les Hellènes et les Latins ? Pour quelles mauvaises raisons l’évocation des Elisyques, ce peuple des oppida dit "petit" (doxa partiale oblige) dont l‘existence a pourtant perduré du Premier Âge du Fer à la conquête romaine (4), ne reste-t-elle que confidentielle ? Ils étaient pourtant à Sigean (Pech Maho), à Peyriac-de-Mer (Le Moulin), à l’oppidum de Montlaurès (Narbonne, ville importante, riche et brillante bien avant la conquête des légions !), à celui d'Ensérune (Nissan) et au site de la Moulinasse, pas plus loin que Salles-d’Aude !..."