AGDE, avril 2023
Depuis nos plages, vers le Nord, après l’immeuble de Valras-Plage, le regard n’est plus arrêté que par les reliefs bien que modestes des Monts Saint-Loup et Saint-Clair, respectivement 114 et 175 mètres. Différence entre ces deux jolies éminences qui marquent le point de vue, le Mont Saint-Loup est un ancien volcan, le mont Saint-Clair une ancienne île.
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Parfois surnommée « La Perle Noire de la Méditerranée » pour l’utilisation massive d’un basalte dense et lourd d’abord pour la cathédrale St-Étienne, imposante, fortifiée avec ses créneaux, son clocher plutôt donjon qui domine, trente-cinq mètres au-dessus des quais le long de l’Hérault, eux aussi sombres des mêmes moellons.
Même chose pour la curieuse écluse ronde sur le Canal du Midi, qui permet de croiser trois directions, celle de Béziers, celle de l’Hérault navigable sur cinq kilomètres et celle qui heureusement continue vers le Bassin de Thau et Sète par le fleuve et l’écluse de Prades ; depuis qu’elle a été mise aux normes Freycinet permettant aux péniches de 38,5 mètres de manœuvrer dans le bajoyer, l’écluse ronde n’est plus ronde depuis 1978, alors que la navigation commerciale du canal s’arrêtait... Vive les camions !
Remontant aux Grecs, Agde a gardé une longue tradition de commerce et de chantiers navals. Encore au début des années 1900 c’est ici que se construisaient les bateaux-bœufs, par dizaines, commandés par les voisins sétois. Dérivé de la tartane, fin de la poupe et bille en tête pour plus de stabilité en mer. Longtemps prospère grâce à son port de commerce avant que la situation et les facilités techniques ne favorisent Sète, la ville garde néanmoins une criée aux poissons importante, la deuxième de Méditerranée après Sète.
Emblème de la ville, l’Éphèbe d’Agde, cette statue de 1,40 m. de haut, d’un bel homme (comme nous le fûmes avant que la ceinture abdominale ne dilate le contour) a été remonté du lit du fleuve en 1964. Envoyée à Paris pour y être restaurée, elle resta au Louvre jusqu’en 1987 et y serait encore si les Agathois s’étaient lassés de revendiquer... « Timeo Parisienses tutelam portantes ! » je crains les Parisiens porteurs de protection... Si je m’amuse à triturer à ma patte les locutions latines des pages roses du dictionnaire, peut-être parce que monsieur Puel n’est pas loin (monsieur Sansonetti en troisième n’était pas facile...), il n’empêche que cette protection est souvent une tutelle (tutela). Quand je le dis que Paris est une pieuvre qui ne prospère que de ses tentacules lancés dans la France profonde phagocytée ! Triste de voir tous ces papillons provinciaux attirés par la ville-lumière. Et le comble, les bras m’en tombent, de les retrouver, ailes coupées, au Père-Lachaise sinon confits au Panthéon ! Même de nos morts Paris s’accapare ! Pourtant le dicton peut se reprendre à l’envers « les meilleurs restent », reviennent... Qui a dit qu’on est du pays où l’on repose ?
Agde n’a pu maintenir grâce au port, sa situation enviable. Sète présentait plus d’atouts. Pourtant, encore au début du XXe, les Sétois commandaient leurs unités de pêche aux chantiers-navals d’Agde dont les fameux bateaux-bœufs...