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dimanche 30 avril 2023

AGDE, perle noire de la Méditerranée

 AGDE, avril 2023

Depuis nos plages, vers le Nord, après l’immeuble de Valras-Plage, le regard n’est plus arrêté que par les reliefs bien que modestes des Monts Saint-Loup et Saint-Clair, respectivement 114 et 175 mètres. Différence entre ces deux jolies éminences qui marquent le point de vue, le Mont Saint-Loup est un ancien volcan, le mont Saint-Clair une ancienne île. 

Agde_cathedrale_Herault under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license.Auteur Fagairolles 34.


Parfois surnommée « La Perle Noire de la Méditerranée » pour l’utilisation massive d’un basalte dense et lourd d’abord pour la cathédrale St-Étienne, imposante, fortifiée avec ses créneaux, son clocher plutôt donjon qui domine, trente-cinq mètres au-dessus des quais le long de l’Hérault, eux aussi sombres des mêmes moellons.

Même chose pour la curieuse écluse ronde sur le Canal du Midi, qui permet de croiser trois directions, celle de Béziers, celle de l’Hérault navigable sur cinq kilomètres et celle qui heureusement continue vers le Bassin de Thau et Sète par le fleuve et l’écluse de Prades ; depuis qu’elle a été mise aux normes Freycinet permettant aux péniches de 38,5 mètres de manœuvrer dans le bajoyer, l’écluse ronde n’est plus ronde depuis 1978, alors que la navigation commerciale du canal s’arrêtait... Vive les camions !

Remontant aux Grecs, Agde a gardé une longue tradition de commerce et de chantiers navals. Encore au début des années 1900 c’est ici que se construisaient les bateaux-bœufs, par dizaines, commandés par les voisins sétois. Dérivé de la tartane, fin de la poupe et bille en tête pour plus de stabilité en mer. Longtemps prospère grâce à son port de commerce avant que la situation et les facilités techniques ne favorisent Sète, la ville garde néanmoins une criée aux poissons importante, la deuxième de Méditerranée après Sète.

Emblème de la ville, l’Éphèbe d’Agde, cette statue de 1,40 m. de haut, d’un bel homme (comme nous le fûmes avant que la ceinture abdominale ne dilate le contour) a été remonté du lit du fleuve en 1964. Envoyée à Paris pour y être restaurée, elle resta au Louvre jusqu’en 1987 et y serait encore si les Agathois s’étaient lassés de revendiquer... « Timeo Parisienses tutelam portantes ! » je crains les Parisiens porteurs de protection... Si je m’amuse à triturer à ma patte les locutions latines des pages roses du dictionnaire, peut-être parce que monsieur Puel n’est pas loin (monsieur Sansonetti en troisième n’était pas facile...), il n’empêche que cette protection est souvent une tutelle (tutela). Quand je le dis que Paris est une pieuvre qui ne prospère que de ses tentacules lancés dans la France profonde phagocytée ! Triste de voir tous ces papillons provinciaux attirés par la ville-lumière. Et le comble, les bras m’en tombent, de les retrouver, ailes coupées, au Père-Lachaise sinon confits au Panthéon ! Même de nos morts Paris s’accapare ! Pourtant le dicton peut se reprendre à l’envers « les meilleurs restent », reviennent... Qui a dit qu’on est du pays où l’on repose ?

Agde n’a pu maintenir grâce au port, sa situation enviable. Sète présentait plus d’atouts. Pourtant, encore au début du XXe, les Sétois commandaient leurs unités de pêche aux chantiers-navals d’Agde dont les fameux bateaux-bœufs...  

vendredi 14 avril 2023

Allons passe, passe, passe...

... allons passe donc... vieille chanson française qui nous rappelle qu'on ne passait pas le Rhône mais le Libron, enfin, que les ingénieurs devaient s'ingénier à faire passer le Libron sans que cela pénalisât le Canal du Midi. 

1. Si vous ne comprenez pas, ce n'est pas votre faute... c'est moi qui n'ai pas su me faire comprendre. (Ah ces profs !).  

2. Et dans ce cas, puisque vous n'osez pas mais que je me doute on dit "Un bon schéma vaut mieux qu'un long discours !" 

3. Enfin, disons seulement " un schéma ", parce qu'il n'est pas très bon. 

4. il faut dire que la panne d'internet me prive de télé... sans télé, même avec un livre je m'endors... tôt, donc à 1 heure du matin, après 4 tours de cadran, j'ai préféré déjeuner qu'essayer de me rendormir... pardon de vous raconter ma vie mais il y a aussi que je ne voulais pas vous laisser tomber... sauf qu'un technicien est venu essayer de me dépanner... je n'allais pas le mettre dehors même si j'avais le schéma en tête...  

5. Alors comme je n'ai plus l'âge, ma main n'est plus aussi sûre (et 14 heures d'éveil n'arrangent rien surtout que le technicien a fait tout son possible et que, du coup, je l'ai aidé... comme avec vous, grâce à l'envie. L'échelle, les lianes à débarrasser... on a dégoté un bananier tombé et son beau régime de bananes, des rouges, rares, je lui ai donné... Enfin, le câble à tirer, sauf que ça ne fonctionne toujours pas... Pas grave, pour un schéma il faut un crayon et du papier. 

6. Bon ! au tableau noir, enfin, vert, et toutes ces craies de couleurs dans plein de teintes, juste avant les pauvres quatre couleurs des feutres et de se mettre au vidéoprojecteur (maintenant ils en sont à l'ordi connecté... je sais...). Le geste de la main est plus ample, et puis pas d'arthrose encore, et puis l'habitude d'écrire à la main alors qu'il n'y a plus que le clavier à présent. 

7. Pas terrible, je reconnais, mais j'ai fait ce que j'ai pu, le principe que je vous répète souvent... Je commence, vous m'arrêtez s'il faut... vous faites une croisière sur le Canal du Midi... A quelques kilomètres d'ici s'est posé, pour les ingénieurs, le problème du passage du Libron, ce fleuve côtier d'une quarantaine de kilomètres qui prend sa source du ôté de Laurens, sur la commune de Roquessels, à 256 mètres d'altitude à peine, près d'un lieu-dit appelé "Le canal"... juste une coïncidence. Le Libron, pauvret, ila souvent soif mais quand on subit un aigat, un épisode méditerranéen, gare, il est des plus colériques. Aussi il a fallu, sur certains secteurs, le bétonner, l'endiguer, le contrôler. En août, en pleine canicule, je ne sais pas ce que Jean de Florette aurait pu sauver avec l'équivalent de 4 arrosoirs en 3 heures. Celui qui la prochaine fois me donne le résultat en litres aura trois points en note de participation mais attention le second devra me donner un chiffre après la virgule, le troisième deux... sinon c'est trop facile de demander directement à Iris, pas vrai ? Monsieur Dandine, votre prof de maths vous aidera, il faut partir, vous lui direz, de 10 mètres cubes seulement pour tout le mois d'août... Combien de jours le mois d'août ? 

Maintenant le schéma, qu'il faut le finir avant la sonnerie ! 




8. Voilà, avec les photos disponibles sur Wikimedia Commons, sans avoir à les voler, comment j'aurais présenté la séquence... il y a une quinzaine d'années. 

Au hasard d'une conversation, un collègue retraité aussi m'apprend que pour lui, la page est tournée, qu'il n'y pense plus. Moi, je reste l'instit, le prof que j'ai été, à aimer les enfants, trop peut-être parce que j'ai manqué de patience avec les miens... un remords, c'est vrai... je me demande aussi si j'ai été assez vigilant en ce qui concerne le harcèlement et il m'arrive de faire des cauchemars comme celui de me trouver face à une classe dont je ne connais aucun nom. 

Mais tout ça, l'inspecteur ne veut pas le voir, seule compte l'orthodoxie idéologique garante de la carrière, les stages... le "tout doit venir de l'enfant" après "les maths modernes" par exemple et maintenant l'horreur de ces théories du genre, du wokisme, de l'écriture inclusive. Même les plus humains (si, cela existe) se doivent de garder une réserve de bon aloi ; sinon, ils viennent pour faire comprendre que c'est vous le problème, ce qu'en rapporte l'enfant n'est pratiquement pas évoqué lors de l'entretien ah si, en cas de pédophilie, l'attitude de l'administration ressemblait fort à ce qui se passe dans l'Église catholique (peut-on enfin en parler au passé ?). 

Pardon de déballer ainsi mon sac, c'était, comme souvent, improvisé... Qu'un bard, un bayard, un brancard me verse dans une fosse commune...   

PS du lendemain : "Monsieur vous avez mis un "d" à BayarT et c'est un "T" qu'il faut. 

— Et oui, tu as raison, même si c'est pour le chevalier de François Ier, j'ai fait la faute... ou alors est-ce que les deux orthographes sont acceptées ? De toute façon, je te mets deux points Kevin (et oui, les prénoms changeaient d'Alain, André ou Max...).  

note : le dictionnaire Reverso et le Cnrtl  citant Henri Pourrat (Gaspard des Montagnes), acceptent les deux formes.  

   

mercredi 12 avril 2023

VIAS, le passage du LIBRON mars 2023.

 Depuis Portiragnes, sur la commune de Vias, après une incursion à Béziers qui, afin de rester hors de portée des colères de l’Aude, a nécessité des travaux pharaoniques (tunnel du Malpas, escalier d’écluses de Fonsérannes... mais Riquet tenait aussi à passer par sa ville natale), le Canal du Midi rejoint le littoral. Le passage du Libron, ce petit fleuve côtier (de caractère, c’est une constante, en Languedoc), descendu des Avant-Monts (Laurens), a encore été une occasion de valoriser le génie inventif des ingénieurs.

Ouvrages_du_Libron,_Vias,_Hérault_02 Creative Commons Alike Share Atrribution 3.0 Unported license Auteur Christian Ferrer

L'Ouvrage_du_Libron Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International 3.0 Un ported 2.5 Generic 2.0 Generic and 1.0 generic license Author Maarten Sepp


VIAS, LE PASSAGE DU LIBRON, mars 2023.

Dans l’impossibilité, parce que l’intersection est au niveau de la mer, de faire soit un aqueduc pour le ruisseau, soit un pont-canal, parce que le Libron, lors des crues, déborde de son caniveau et laisse ses limons et déchets dans le canal, suite à l’utilisation d’une barge, une marie-salope, interrompant la navigation, l’ingénieur Urbain Maguès (1807-1876) réalise une structure imaginée en 1826 par un autre ingénieur Loysel laissant passer et la crue et les péniches. La solution repose sur le principe de deux aqueducs amovibles. La page de Wikipedia sur « les ouvrages du Libron », alors qu’il s’agit d’un ensemble, étant sinon incompréhensible (au niveau de mon QI), il faut intégrer qu’au préalable le cours du Libron a été divisé en deux bras destinés à laisser passer les crues ; ils traversent le canal dans des bâches amovibles, au nombre de six de chaque côté. La péniche arrivant de Béziers stoppe au pied de ce barrage. On ferme alors la vanne du Libron qui ne peut plus passer que par l’autre porte. Les bâches sont pliées, la péniche peut avancer dans un sas intermédiaire mais doit attendre à nouveau au pied du second barrage. La manœuvre est inversée : la navigation n’est pas fermée, le Libron en crue non plus (en temps normal il passe sous le canal par un siphon) (et si je suis aussi obscur que la page wiki, ouvrez Géoportail où la vue aérienne permet de tout piger...). 

L'Ouvrage_du_Libron This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Author Maarten Sepp

Barrage-ecluse_de_Vias,_ouvrages_du_Libron the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Gnrc

mardi 27 septembre 2022

VENDRES tour d'horizon...

Un dernier point sur le site officiel de la ville de Vendres, commune du littoral languedocien : suite aux onglets "Découvrir" "Le village", en illustration, une carte ancienne des plus intéressantes rappelle que le Canal du Midi aurait pu passer par l'Etang de Vendres avant de longer la côte vers Agde... sauf que cette carte indique un tracé autre que celui prévu initialement par les étangs au nord (Capestang, la Matte, de Vendres) puisque ce "Nouveau Canal" serait parti de la Robine, en amont de Narbonne pour passer, semble-t-il, par Coursan, Salles et Fleury (Pérignan sur la carte !). Ah ! si la proximité coléreuse de l'Aude n'avait pas menacé le trajet ! Ah ! si en prime Riquet, malgré le Malpas à passer et l'escalier d'écluses de Fonséranes à prévoir, n'avait pas tenu à conduire son canal par sa ville, Béziers !  Ah ! si le nez de Cléopâtre... 

(sans autorisation pour la publier, je vous renvoie au site ci-dessous) 
https://vendres.com/Decouvrir.php#HISTOIRE 

Fontaine Place de Vendres 2009 wikimedia commons Auteur Mairie de Vendres

Vendres, c'est une charmante promenade sous les platanes. Au bout, une fontaine, des gens qui viennent pour cette eau de source, et pour les nouvelles et ragots du village, presque comme dans "Jean de Florette", à l'époque des cruchons en terre, de ceux qui gardent bien la fraîcheur en été. Signe des temps procéduriers dus à de mauvais coucheurs, il y a longtemps que l'eau est dite "non potable"... 

Vendres, ce sont des exploits au rugby (champion 1968 Languedoc 5e série, 1969, France 3e série, 1973, 1975 France Honneur, 1978 France 3e Division)... 

Vendres, c'est "l'Alexandra", une boîte de nuit des années 60-70 qui drainait la jeunesse  de toute la région... 

Vendres, c'est un clocher-tour sur une hauteur, familier dans le paysage, et son vieux cimetière à portée si on monte vers le Crès et Sérignan. 


Vendres c'est l'étang du même nom, un site magnifique, au pied des collines dont le Crès de galets roulés (alluvions de l'Orb ?). Un temple de Vénus au bord de l'eau sinon des bains alimentés par un aqueduc ou une villa romaine Un étang pour une faune devenue aussi fragile que rare... et dire que dans les années 60 on y tirait la nuit, à faire des centaines de victimes, dans les dortoirs des étourneaux ! 

Dans le dictionnaire topographique de l'Hérault (1865) par Eugène Thomas, en plus de la mention d'un moulin sur l'Aude mais dans les limites de Lespignan, sont mentionnés les fermes et gros domaines du territoire. A l'entrée "Vendres", on ne trouve que : 

"... Terminium de Veneris 1140 Livre noir [du Chapitre de Saint-Nazaire] : [816-1209] / par J. Rouquette,... Vendrés 1760 mais la première version "Vendres" semble apparaître en 1625..." 

Oh ! un livre noir qui mérite assurément d'investiguer plus loin ! N'en prenant pas l'initiative et non sans ressortir que ce  blog a déjà évoqué et le Canal du Midi et le tour de l'Etang de Vendres (il suffit de cliquer dans "rechercher dans ce blog", relevons seulement qu'à parler des moulins, il est dit quelque part dans l'historique de nos contrées qu'au moins les moulins de Vendres appartenaient ou devaient payer Fleury (banalités pour les moulins ?). De ce rapport dominant-dominé, est-il resté un vieux litige sur les limites du département et des communes limitrophes, l'Aude, dans ses caprices, ayant poussé ses méandres plus au nord ? (à suivre)


mercredi 24 mars 2021

NISSAN-lez-Ensérune (3), la colline percée, les tunnels du Malpas.

Carte topographique IGN


Photographie aérienne IGN

 Après les hauteurs d'Ensérune (dit aussi un temps Ensédune peut-être en référence à "dunon" le nom celte et préromain signifiant à la fois, "citadelle fortifiée" et "mont, colline, hauteur"), l'importance des lieux extérieurs à l'enceinte du village s'impose et d'abord l'accès au site historique, un isthme en quelque sorte, permettant à la route qui monte à "l'oppidum" d'être déjà à 50 mètres par rapport aux 20 m. de l’Étang de Montady au nord et à la trentaine de mètres, côté Nissan. L'endroit, pourtant, porte le nom de Malpas, le mauvais passage !

Nissan Malpas_tunnel_in_the_Canal_du_Midi,_western entrance panoramio wikimedia commons Author Maarten Sepp


 
Nissan Malpas_tunnel panoramio wikimedia commons Author Satyam

Nissan Malpas_tunnel_-_panoramio wikimedia commons Author Satyam

Justement, lors du creusement du Canal Royal de Languedoc, fin 1679, il se confirme que c'est un mauvais passage quand Pierre-Paul Riquet bute sur ce mur d'une pierre friable et sujette aux éboulements ! Il est dit que Riquet a engagé ses deniers personnels et même que ses héritiers durent payer pour son idée or l'épisode d'Ensérune vient nous rappeler que l'exécutif avait la main sur le projet. Rapidement informé des difficultés, Colbert envoie ses commissaires et en attendant leurs rapports, fait arrêter le chantier (1). Passant outre, Riquet demande au maçon Pascal de creuser discrètement une galerie... ce qui fut fait, en huit jours. Paul Riquet invite alors l'intendant décisionnaire à  se rendre compte de la réalisation : les travaux reprennent. Au bout de quelques mois (automne 1680) le creusement du premier tunnel-canal au monde est réalisé (173 m. de long, 6 m. de large, 8,5 m. de haut, 30 arches de soutien). 

Le Malpas devant son nom à la mauvaise réputation de l'endroit (2) était déjà percé depuis le XIIIe siècle (charte en date de 1247) par un aqueduc souterrain destiné à vidanger l’Étang de Montady enchâssé sans exutoire naturel mais si esthétique pour sa géométrie originale, à cause de cette contrainte. Creusée à moins 30 mètres, cette conduite de 1,364 km de longueur débouche de l'autre côté prenant le nom de Mayre (merci de prononcer séparément le "y", comme un i tréma) ; elle a nécessité 20 ans de travaux. La carte topographique indique une source à l'altitude de 20 mètres, est-ce la sortie de l'aqueduc ? Le ruisseau intermittent de Notre-Dame conflue aussi dans le secteur mais les tirets bleus de son cours butent mystérieusement sur la ligne de chemin de fer et la source de la Mayre sur la carte ainsi que les vues IGN n'apparaissent pas sur Google Earth où le débouché d'une canalisation est néanmoins manifeste. Moralité : faut y aller ! 

Étang de Montady Hérault France Seen from the hill over the Malpas tunnel in the Canal du Midi panoramio wikimedia commons Author Maarten Sepp


A deux mètres seulement sous le Canal du Midi (- 10 m) et au-dessus du drain de l'étang (- 30 m) a été aussi creusé le tunnel de la voie ferrée Bordeaux-Sète ( - 20 m) (ligne ouverte en 1857).  

(1) Le chantier aurait néanmoins été mené à bout avec son passage à Béziers puisqu'il ne reste plus qu'à joindre le tronçon déjà prêt (1675) entre la ville et Marseillan sur l’Étang de Thau. Par ailleurs, la décision avait été prise de faire aboutir la voie d'eau à la ville nouvelle de Cette (1666 première pierre). L'ancien cours de l'Aude et le passage par Narbonne (aujourd'hui la Robine) offrait une possibilité vers la mer mais Port-la-Nouvelle n'était pas encore sortie des sables et la traversée du fleuve trop inconstant posait problème. Le tracé aurait pu rallier les étangs (Capestang, Lespignan, Vendres) mais là encore en craignant les caprices de l'Aude tout proche. Et puis, comment concevoir qu'après Narbonne, Béziers, ville natale du concepteur de l'ouvrage qui plus est, ne soit pas desservie ?  

(2) A Cuxac-d'Aude, un dicton disait "Sios fait quand passes lou pount qu'es veit ouros !" (tu es fait si tu passes le pont et qu'il est huit heures).

mercredi 6 janvier 2021

A la recherche du POUMAÏROL perdu (3)... DES POISSONS, LE SOMAIL, LE CANAL, MIREPEISSET.

 Serge et Roger sont en route pour le mystérieux pays perdu du Poumaïrol, un plateau aux confins de l'Aude, du Tarn et de l'Hérault. C'est une chronique vieille de plus d'un siècle qui les a fait bouger. Elle  parle des filles de là-haut, si taquines et provocantes, ce qui ne manque pas d'émoustiller nos deux complices dont les souvenirs et les yeux pétillent encore... 

Leur camping-car a mis le cap vers la montagne et d'abord les garrigues même si le vignoble y reste très présent. L'itinéraire franchit l'Aude et reste parallèle au cours de la Cesse. Ils viennent de traverser le village de Saint-Marcel. 

Pour plus de précisions voir : 
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2020/12/vignobles-de-la-plaine-chataignes-des.html
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2020/12/ces-vieux-schnoks-errants-quon-les.html
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2021/01/chateaux-pinardiers-chansons-boire-la.html
 
Roger : pourtant il y a des poissons et des pêcheurs bien sûr, enfin qui passent j'espère plus de temps à préserver qu'à prélever la ressource. Ils les sauvent même quand il ne reste plus que quelques flaques... J'ai eu lu que les espèces étaient nombreuses contrairement à ce qu'on pense : goujons, ablettes, vairons, gardons, anguilles, chevesnes, carpes, brochets et même le rare barbeau méridional. 

Serge : Oh là ! On voit que tu étais souvent à Aude toi ! 
 
R. : ah la pêche... tu sais qu'en été les muges, bouillis, en bourride, au four ou au grill arrangeaient bien le budget des familles nombreuses et modestes. On entendait les loups, aussi, chasser dans les canotes... Maintenant, avec le barrage anti-sel, nous avons plutôt des espèces d'eau douce et avec le sandre venu du Danube, le silure et sa grande gueule... 
 
S. : tu peux le dire : une vidéo les montre à Albi à l'affût des pigeons qui viennent boire et se baigner... Vous ne savez pas ce qu'ils bouffent ! 
 
R. : j'en ai parlé à Max. J'espère qu'il pourra m'en dire davantage lui qui connaît, pour ne parler que de notre secteur, jusqu'à l'étang de Capestang mais que veux-tu, on n'a le temps de rien. 
 
Chapelle et pont en dos-d'âne Le Somail wikimedia commons Auteur Thierry de Villepin

Le Somail panoramio wikimedia commons Auteur jquintana
 
S. : Le Somail, à un jet de pierre, un joli coin, un pont en dos d'âne, une vieille auberge pour le coche d'eau, une librairie avec 50.000 vieux livres ! Et le Canal du Midi bien sûr. 
 
R. : à partir d'ici, le canal s'écarte vraiment de l'Aude au débit trop capricieux et dangereux. Au début, ils envisageaient de rejoindre l'étang de Vendres pour de là, filer vers Agde... Alors est-ce pour cette raison ou parce que Riquet était de Béziers qu'il est passé par la "capitale du vin" ?  

S. : c'est joli comme coin, maintenant si les platanes sont condamnés à cause du chancre doré, l'ombre des grands arbres sur le chemin de halage ne restera que dans nos souvenirs et les photos et vidéos à montrer aux jeunes générations... Je ne sais plus quel est le couillon qui a osé dire que nous vivions une époque formidable... 
 
Le Somail Canal du Midi wikimedia commons Auteur Thierry de Villepin

R. : hophophop tu dérailles là ! justement "l'Epoque Formidable" c'est un film avec Jugnot au chômage qui rejoint des SDF... c'est une antiphrase... 

S. : antiphrase ! pléonasme ! ton français savant me fatigue... 

R. : dis donc ! "pléonasme" c'est toi qui l'a dit je te signale ! Moi je ne connais que l'anaphore parce que je pense à ce rigolo qu'on a eu comme candidat et malheureusement aux commandes aussi... "Moi président, moi président" je crois que c'est ça l'anaphore mais je ne m'en souviens qu'en pensant à la tête d'amphore de Hollande... 

S. : je veux bien que tu personnifies un col d'amphore en tête vineuse sinon, excuse-moi mais ça ne veut rien dire... 

R. : Si, ça veut dire qu'il m'a dégoûté mais qu'au moins grâce à lui, je connais au moins l'anaphore... 

S. : un moyen mnémotechnique... 

R. : et tu me dis ça la bouche en cul de poule ! Tu ne disais pas il y a une seconde à peine, que le français savant te fatigue ? 
 
S. : Tu as finis oui ?!?! Tiens regarde à droite, Mirepeisset, en occitan au mot à mot "regarde les petits poissons"... 
 
R. : oui si les silures ne sont pas là pour les avaler parce qu'à Sallèles ils ont terrorisé les canards à une époque ! 
 
S. : Et alors ? 
 
R. : et alors la mairie, plutôt pour les canards si mignons aux yeux des promeneurs, a fait une battue, je ne sais pas s'ils ont vidé le canal de jonction mais ils se sont débarrassés des silures... glanes ! Nous arrivons au carrefour de la Minervoise, un rond-point plus qu'utile parce qu'il y a eu plus d'un accident mortel ici, du temps où il y avait un stop et que la vitesse n'était pas limitée !  

S. : et la Cesse cesse pour nous... 

R. : ça se sait et ça s'est su, c'est selon... elle cessa, c'est ça, on la laisse et Bize avec, dont on a parlé il y a peu ; on la retrouvera dans sept kilomètres, à Aigues-Vives je pense... 

samedi 8 février 2020

FÉVRIER 1956 / Le grand froid en Europe, en France et sur les abords méditerranéens.

Comme pour les canicules ou les inondations historiques, les périodes de grands froids marquent aussi la mémoire. Si l'hiver de 1954, avec l'appel de l'abbé Pierre pour les sans-abris et, dans l'Aude, plus de 40 centimètres de neige, le Canal du Midi pris par la glace, reste un des plus rigoureux, celui de 1956 avec des températures extrêmes pour un mois de février presque complet, vient en premier pour tout le XXème siècle. 






Après un mois de janvier plutôt doux, les températures liées à une vague de froid vont tomber de 20 à 25 degrés en moins de deux jours (21,2 degrés d'écart pour Perpignan entre le 31 janvier et le 2 février, de 12,4° à -8,8°C). "À la Chandeleur (2 février), l'hiver se meurt ou prend vigueur !", dit le dicton qui cette fois ne pouvait être plus vrai ! Il va geler pratiquement tout le mois de février et avec le Mistral et le Cers à 100 kilomètres par heure, le ressenti est de - 30 degrés ! Qu'a dû être le refroidissement éolien puisque le vent a soufflé à plus de 150 km/h, provoquant gelures et hypothermie presque immédiatement, et la fin en moins de dix minutes ? Le 18 du mois, le pays compte déjà 147 victimes (1). Dans le Sud, les cultures maraîchères du Vaucluse et du Var subissent de graves dégâts. Près d'un million d'oliviers vont périr (5 millions en Provence !) et par endroit même la vigne (dans l'Hérault notamment, 80% à Toulouse). 





La Saône est entièrement gelée. Proches de l'embouchure, la Loire, le Rhône (entièrement pris à Arles et Tarascon) charrient des plaques de glace. L'Orbiel aussi, en moins gros morceaux. Des habitants ne peuvent être ravitaillés qu'en traîneau. Les conduites d'eau sont gelées ou éclatent. Avec 80 centimètres de neige pendant plus de trois semaines autour de la Méditerranée, les techniciens sont réquisitionnés sur les lignes électriques : quand ce ne sont pas les fils qui cassent, ce sont les isolateurs en verre qui éclatent. Un début de banquise prend sur la côte où la mer se met à fumer. Sur les étangs, des flamants et même des canards sont pris au piège. La glace atteint 15 à 20 cm sur le Canal du Midi. Tout le long de son parcours, les mariniers immobilisés doivent descendre sur la glace matin et soir, pour en dégager la coque à la hachette. 


Cette vague de froid n'en finira que le 28. La loi accorde la troisième semaine de congés payés. A Paris André Obrecht libère le couperet qui va décapiter Émile Buisson, célèbre malfrat coffré en 1950 par Roger Borniche... La France compte 44,8 millions d'habitants...

Le mois de février 1956 a été le mois le plus froid du siècle dernier.

(1) Guillaume Séchet et Emmanuel Le Roy-Ladurie estiment que la vague de froid  aurait fait 12000 morts. 

Sources Wikipedia et INA pour les captures d'écran :

https://fresques.ina.fr/reperes-mediterraneens/fiche-media/Repmed00302/fevrier-1956-un-froid-exceptionnel-paralyse-la-region.html

 https://m.ina.fr/video/AFE85006615/le-froid-en-europe-video.html