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jeudi 27 mars 2025

Plus compliqué que SAUCISSE et JAMBON (5 et fin).

 Et mon père alors, qui me porte, moi qui suis dans sa maison ? 

Papa, tu es beau ! 


* François Dedieu (1922-2017), professeur de français, de russe, passionné de langues, de mots... (debout, bras tendus, les classeurs empilés de notre correspondance remontent du milieu des cuisses jusqu'au menton). Des lettres et courriels, dans l'acceptation de l'absence physique, plus apaisés que le geste si fort au moment de la séparation pour des mois, à des milliers de kilomètres, qui nous voyait serrés dans les bras l'un de l'autre, dans un « Au revoir papa ! » disant « Je t'aime ! » sans le prononcer. Et merci de m'aimer moi, l'enfant difficile, l'adolescent à problèmes que je fus, si souvent sur la corde raide. Ce qui est sûr est qu'après avoir longtemps imputé mes refus et rejets aux autres, en premier à mon père, j'ai mis très longtemps à reconnaître mes torts. J'ai été un sale gosse... voilà ce qui doit être dit en premier plutôt que de mettre en avant des circonstances “ minimisantes ”... Certains bons côtés auraient-ils quelque peu compensé, à la longue ? Redevant à mon père l'amour des langues, des livres, des mots, par un stratagème qu'il a feint d'ignorer, par le biais de souvenirs que l'âge se permet d'ouvrir, ne serait-ce que pour nos descendants, j'ai osé entreprendre la publication de nos vies pour ce qui les lient au village. Papa a si bien répondu et prolongé que force était de reconnaître qu'un deuxième tome s'écrivait en miroir, un diptyque donc avec « CABOUJOLETTE, Pages de Vie à Fleury-d'Aude II » le concernant, lui, pour un vécu plus loin dans le temps. Resté admiratif et peu critique de la matrice parisienne, avec les années, il n'en est pas moins revenu à reconnaître en lui l'attache vitale au languedocien, variante de l'occitan exclusivement pratiquée entre ses parents bien que bilingues appliqués, exigeants en orthographe, grammaire, conjugaison, bien français et pourtant binationaux qui s'ignorent. 

Tout passe, tout s'efface sauf si on s'efforce à repenser, à recréer, à revivre, à rechercher. Au delà de cette « Festa dal porc » que je retrouve bien qu'oubliée de moi, papa précise « seguida » (1), de la présentation du « Vin Bourru » qu'il me fit, je ressens fort la dette fructueuse que doit chaque fils au père qui continue de le porter (2) (penser l'inverse est une erreur, une vanité n'ayant pas lieu d'être).   

Plus légèrement, en conclusion, à propos de cochon, une des rares choses sympa chez les Parigots, Gabin et Bourvil fourguant du porc au noir dans « La Traversée de Paris », un film d'Autant-Lara, (1956) et encore... d'après une nouvelle de Marcel Aymé (1902-1967), il est vrai “ agent double ” dans la capitale malgré son attachement d'origine à la Franche-Comté...  

(1) terme peut-être local, non trouvé ailleurs, Mistral dans Lou Tresor dau Felibrige notant seulement « tua lou porc », tuer le porc. 

Côté terre, l'étang de la chasse aux canards, entre nous, une petite Camargue magnifique offerte par l'Aude, le fleuve, modeste au point de ne pas se prévaloir de son delta, le fleuve qu'on dit rivière tant il nous est familier... 
 

(2) Guy, professeur d'occitan, portant à bout de bras, chaque mois, une quarantaine d'élèves plus chenus que vermeils, apporte qui il est en plus du cours de langue. La fois dernière, il raconte la double trace de pas laissée dans le sable, au retour bien chargé d'une nuit jadis au canard (les appelants, le matériel avant tout...) ; s'ouvrant à son père, compagnon de chasse, d'un rêve en période triste, étrange et marquant, d'une seule trace de pas derrière eux, il reçut cette réponse aussi spontanée qu'éclairante « Ès ieu que te portavi... », « C'est moi qui te portais... ». 

samedi 22 mars 2025

La “ TUE-COCHON”, Jean-Claude CARRIÈRE et François DEDIEU (1)

La relecture et correction d'un projet « Un Languedoc Fleur d'Amandier » m'amènent à compléter dans la rubrique « Pauro bestio », pauvre bête à propos du cochon tué pour apporter aux humains. Jean-Claude Carrière puis mon père sont mis à contribution pour apporter un complément au sujet. 

Jean-Claude_Carrière_à_la_BNF 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported2.5 Generic2.0 Generic and 1.0 Generic license.Auteur Roman Bonnefoy

À Colombières, au pied du Caroux dont on voit la dent de chez nous, Jean-Claude Carrière indique que l’élevage du cochon se pratiquait avant 1940 et qu’avec la guerre, à cause des restrictions, cela fut nécessaire, les apports en viande, charcuterie et matières grasses ne pouvant mieux tomber. Les familles s’équipèrent d’une porcherie afin d’engraisser un cochon, parfois deux. Devant la maison, dans un gros chaudron de cuivre se cuisait la ration du pensionnaire : farines, châtaignes, herbes… Le cochon reste familier, reconnaissant d’être nourri, caressant même lors de ses petites sorties dans le jardin. On le soigne avec sérieux ! C’est à qui aurait la plus belle bête de plus de deux cents kilos ! 

Même en Moravie (Rép. Tchèque) Creative Commons Attribution 2.0 Générique Auteur kitmasterbloke.

À propos d'embonpoint, une lettre (janvier 1949) de la grand-tante de François fils, Céline (1903-1988) :

« […] Chez Paule on a tué hier le deuxième porc, le premier pesait 180 K et celui d’hier 225 K. Quant à nous qui en avons un mais plus jeune, il se fait joli et doit peser dans les 150 K nous le saignerons le mois prochain d’ici là il fera quelques kilos de plus… » 

« La fèsta dal porc (seguida).

Tout jeunes, nous n’étions pas autorisés à voir saigner par le boucher, appelé pour la circonstance, la magnifique bête qui allait fournir à toute la famille tant de vivres pour de longs mois. Plus tard, j’ai imaginé le cochon pendu par ses pattes de derrière à une poutre de notre cave, solidement maîtrisé par les puissantes mains de mon père et de son oncle, notre « oncle Pierre », [...] proprement saigné par le spécialiste malgré ses cris de désespoir ; le sang recueilli jusqu’à la dernière goutte dans une bassine des plus propres. Alors, le boucher-charcutier le coupait en deux dans sa longueur, et repartait, son travail terminé.

Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai pu voir tous les détails : le cochon tué au pistolet automatique spécial qui enfonçait le crâne de l’animal et avait déjà remplacé l’antique merlin d’étourdissement de nos abattoirs de village ; l’eau très chaude versée dans l’auge impressionnante contenant le cochon devenu porc par sa mort ; la chaîne introduite sous le corps et servant à débarrasser ce dernier de ses soies ; et, une fois l’épilation terminée, le porc suspendu devant le charcutier, celui-ci coupait en deux la carcasse et pratiquait l’éviscération. Les boyaux étaient ensuite soigneusement lavés et conservés pour la fabrication de la saucisse, des saucissons et du boudin… »

CABOUJOLETTE, Pages de Vie à Fleury à Fleury-d’Aude II, 2008, François Dedieu. 

Papa




samedi 15 mars 2025

FLEURY-d'AUDE, ramonétage, château et « tchi tchi » (fin)

Pas plus la “ Catarineta bella tchitchi ” de Tino Rossi que la blague terrible, dépassant le carnavalesque, du “ tchichi ” éculé ne faisant rire bêtement que la première fois, notre « tchi tchi tchi » parfois « tchi tchi » seulement, vient du ciel et s'ajoute pour la même raison, aux invitations sonores des passereaux. Tous, sédentaires et migrateurs, lancent au ciel l'espoir des jours meilleurs... Aux Pérignanais de cœur sinon de souche (minoritaires et de moins en moins nombreux) de constater que le retour de l'hirondelle ne viendra qu'après celui du faucon crécerellette, l'oiseau réintroduit dans la Clape autour des bergeries ruinées et qui se plaît dans le village, s'il reste des trous dans les murs ou des bords de toits de tuile canal ouverts, à partager avec le muralhèr (le moineau) et le faucilh, le martinet qui n'arrivera que plus tard. 

Madame se demande si monsieur se sent concerné... 

Désolé, je n'ai pas le matos, seulement les yeux, encore, à peu près... 


Ainsi, dans ma rue, pas encore à voler en Saint-Esprit mais presque, un de ces petits faucons reconnaissable à son « tchi tchi », du genre femelle, d'un habit camouflage plus sobre que celui du mâle, bleu-gris, un brin zinzolin (c'est exagéré mais les deux « Z » me plaisent trop) rappelant certain pigeon, a tenu à me faire savoir qu'ils étaient revenus. 

La fonction créant l'organe bien que plus lourde de 20 grammes que le mâle, la femelle n'en pèse que 160. 

Pour la France, l'oiseau rare est seulement présent en Occitanie au sens large, longtemps dans la Crau mais aussi davantage dans l'Hérault et un peu dans l'Aude, depuis la Clape, dans la plaine et ses villages environnants. Réintroduite entre 1982 et 1992, l'espèce en diminution compte 81 couples chez nous. 

Début mars (au tout début du mois nous précise A.-M., témoin privilégié pour habiter avec eux au château !) le mâle crécerellette qui trouve une cavité ou s'approprie un nichoir, surveille et vole vers la femelle qui passe, espérant que le logis lui plaira et que la suite, ponte, couvaison de 28 jours tour à tour, élevage de la descendance, ne leur sera pas défavorable. 

Preda_Falco_Grillaio en Basilicate (Italie du Sud) 2022 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Roberto Strafella

Gentils ? du moins aimables sinon dans la norme, sur une Terre régie par la formule “ manger ou être mangé ”. Au menu du petit faucon, surtout des insectes, un tout petit pourcentage peut-être aussi de colombrines (ne francise-t-on pas ainsi le nom du lézard de muraille ?). De l'installation à la ponte, étonnante pour qu'elle puisse paraître vu que nous la connaissons en tant que nuisible souterrain du potager, la chasse aux courtilières prédomine, suivie par celles des coléoptères et des scolopendres. La saison avançant, lors de l'élevage des petits, l'apport en criquets et sauterelles prédominera.  

Si la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) nous en parle en détail, c'est dommage que la révision du site les ai conduits à supprimer l'observation quotidienne si intéressante, notamment, lors des migrations ou pour prendre conscience de la pression négative sur le monde auquel pourtant nous appartenons...   

Et M., homme de la nature et du jardin, grand chasseur devant l'éternel, de me conter ses traques à la courtilière : d'abord celle au pied du pin surprise au ras de son trou... un coup de fourche pour retourner la terre suivi d'une course poursuite tranchante... enfin, celle du potager, là où sont les tomates, l'inonder faute de pouvoir chambouler le terrier puis lui abréger la vie après qu'elle soit sortie... Mais il y a longtemps que la taupe-grillon ne l'a plus embêtée... Pour la photo : under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Germany license.

       

vendredi 14 mars 2025

CARNAVAL, buffolis et cocus (3ème partie)

Dans le numéro 1 de la 13ème année, printemps 1950, l'article « Carnaval-Carême en Languedoc » de René Nelli, offre une mine d'infos et éclaircissements amenant à retenir quelques notes au fil de l'article.

La suite des apports : 

À Capestang ce sont les « Buffetaires ». 

*18. En Languedoc, les danses caractéristiques de carnaval se déroulaient surtout le mercredi des Cendres, celle des « buffoli » (buffoli al cul) (Florensac) « souffle-culs », « bouffets » ou encore appelée « feu aux fesses », « buffatière » à Castres. Caractérisée par l'allure au pas très ancien, cette danse était commune sur tout le Languedoc, la Lozère, une bonne partie de l'Ardèche et peut-être en Ariège. Les danseurs barbouillés en chemise blanche tiennent un soufflet pointé sur la raie du fessier devant. Ce pouvait être parfois une bougie allumée. À Balaruc-le-Vieux, la danse de « la camisa » est fondée sur la chandelle et le feu, chacun essayant d'enflammer la queue en papier qui précède. 
À Limoux et Portiragnes le soufflet projette de la farine. Parfois, dans l'intention de souiller, de les noircir, les participants cherchent à embrasser les filles, ailleurs ils se vautrent dans la boue, encore une possible symbolique de libération des instincts (1). 

*19. La fête de carnaval permet aussi d'autres danses telle celle des sarments : à Montpellier, Aniane, Magalas, on frappait les spectateurs du premier rang, ce qui rappelle, pour ceux qui ont connu, dans leur enfance, avec le feu de cheminée à la maison, la menace plus allusive que réelle « d'un cop de viso ». 

*20. À Magalas, la danse de l'escargot projetait le dernier d'une spirale endiablée. 

*21. À St-Pargoire et Vias, la danse dite « de l'échelle » voit un homme et une femme s'embrasser une fois en haut des deux parties d'une échelle sans appui (de peintre). Est-ce pour l'acceptation de la présence féminine ou encore une expression du bizutage de nouveaux mariés ? 

Narbonne Canal_de_la_Robine 2014 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author The Ninjaneer Côté piles le Pont des Marchands. ATTENTION la publication d'un recadrage de cette photo est juridiquement INTERDITE.

 
*22. À Narbonne, alors que les « novis » (voir l'article sur le tamarou) doivent baiser une paire de cornes suspendues en travers du Pont-des-Marchands, les célibataires et vieilles filles sont punis aussi, les vieux garçons semblant être exemptés. Les Jeunes les frappent à l'aide de lattes recouvertes de peaux de rats passées à la craie. 
À Agde ils passent un morceau de lard rance sous le nez des vieilles filles. 
À Bélesta dans l'Ariège, pour la mi-carême, ils chantent des chansons d'amour sous la fenêtre de l'aïeule du village : « rassegar la vièlha ». Plutôt que la fécondité passée n'est-ce pas pour se débarrasser de « la Vièlho », la saison d'hiver enfin dépassée ? 

*23. À Montpellier, à Carcassonne, les couples font l'objet de brimades. Les mâles rendent les femelles responsables du cocufiage ; les maris sont sommés de diriger le mariage, de prévenir l'inconduite potentielle des épouses, de refuser d'être un homme battu. 
À Fabrègues, à Carcassonne, ce sont les femmes qui doivent baiser les cornes. (à suivre).  

(1) un document sur les “ buffuoli ”, il se peut une chanson, qui circule sous le manteau dans le cercle occitaniste des Chroniques Pérignanaises (Fleury-d'Aude)... espérons qu'elle ne restera pas qu'entre initiés. 



jeudi 13 mars 2025

FLEURY-d'AUDE, ramonétage, château et « tchi tchi » (1)

Les photos viendront après, sans quoi ce ne serait plus une surprise, de celles, agréables, sereines, qui embellissent la vie...  

« printemps », « prima », « primavera », les trois peuvent se dire en occitan.  

Si l'ambiance de carnaval s'avère évanescente, Mars avec la majuscule que l'orthographe lui dénie mais que le dieu en question devrait approuver, sourit déjà par la clarté qui gagne en fin d'après-midi, Mars console des jours qui passent, du temps qui jamais ne suspend son vol, vérité pour tous de la part du  poète. Après la fleur de l'amandier, la pluie enfin réparatrice (1), les asperges sauvages abondantes cette année, la tendre et première verdure des buissons et des arbres (2), les passereaux gais et fringants qui ne s'y trompent pas, c'est le ciel qui étonne : un « tchi tchi tchi » fait tourner la tête et lever les yeux. 

C'est plus discret que le vol en “ V ”des grues qui vont en France (3). Il faut avoir la chance d'être témoin d'un tel spectacle mais c'en est aussi une d'entendre ce même « tchi tchi tchi », n'aurait-il traversé que le ciel de ma rue ce dimanche 9 mars vers 16h, fidèle à la belle saison passée, prometteur de celle à venir. Le 10, ils revenaient en duo de Derrière l'Horte, du moulin (abords sud du village) vers les ruines de notre vieux château, leur résidence saisonnière. 




Hier, c'était au-dessus du ramonétage sauf que seul un « tchi tchi » se laissait entendre. Puis l'espace dégagé, heureusement sans voitures volantes contrairement au parking, en bas, complètement congestionné (4), l'a vue aller et venir, en boucles, insistant de ses « tchi tchi » sonores. Quelques pas plus loin sur cette place, manière d'avoir la vue sur nos toits familiers... Et là sur un râteau télé, “ Tchi tchi tchi ” l'être aussi muet que tranquille, ramassé sur lui-même, comme voulant dire « chante toujours » à “ Tchi tchi ” à toujours revenir le relancer... (à suivre).      

(1) Dans les Pyrénées Orientales les lacs de retenue se sont enfin remplis d'une eau attendue depuis deux ans, une eau qui dans l'Aude aussi, a fait grand bien ! 

(2) disen “ printemps ” coumo en francès, mais ce printemps se dit aussi “ prima ” voire “ primavera ” en Occitanie, comme en Espagne, au Portugal, en Italie, pays de langues romanes sur la Méditerranée sinon, tel le Portugal, empreint de latinité suite au séjour des Romains. 

(3) «... qu'enteni las gruas que s'en van ta França, que cau jita lou blat a l'esperança... » ... qu'il faut jeter le blé à l'espérance... Le Jour Marie / Joan de Nadau https://www.youtube.com/watch?v=_vb5rj5tDuc
Évocation du Semeur du temps des semailles de Victor Hugo «... Ce reste de jour dont s'éclaire La dernière heure du travail... ». Digressions ? Que voulez-vous ? Bonne ou médiocre, l'inspiration puise en vous ce que vous êtes... d'où ces textes à tiroirs multiples, semainiers presque, avec les grues qui sont passées le dimanche 23 février à 18h 45 à Saint-Pierre-la-Mer... l'observateur ne pouvait être plus précis ! 

(4) je le dis vu que je contribue aussi à le congestionner, ce stationnement... 

dimanche 16 février 2025

Joseph Delteil, des racines audoises...

Ce n'est pas dans mes gênes d'être “ hors saison ”. Ce ne sera donc qu'un exercice technique lié à l'obligation, en vue d'une possible publication, de ne pouvoir reprendre le contenu d'une émission radio avec les propos de Joseph Delteil (1894-1978), auteur aux écrits protégés au profit d'ayant droits. Il faudrait aussi la permission de la radio... soit autant de difficultés ignorées lors de la publication initiale.   

LES LUMIÈRES DE NOËL

reprise de l'article du 22 décembre 2015.

« Les nuits de France-Culture... jusqu’à 6 heures du matin... »
Pensons aux noctambules, aux insomniaques, à ceux qui se sentent abandonnés ou ne sont pas, sinon, plus accompagnés. Moins seuls, retrouvent-ils un peu de cette chaleur humaine avec ces discussions, comme au coin du feu, dans l’intimité qu’une émission de  radio peut offrir ?
Dans ce monde que nous accélérons à l’excès, tout défile et nous fait passer trop vite à autre chose, serait-ce à une autre émotion. Pour ceux qui ménagent des pauses et ont la sagesse de faire halte pour retenir ce que la méditation a de fugace et d’évanescent, l’essentiel de ces sept petites, toutes petites minutes avec Joseph Delteil... 

Petit pays d'un petit pays, non loin de Carcassonne (1), le Val-de-Dagne (2) se niche à l'est des Corbières Nord-occidentales (voir les articles sur les Corbières) qui s'abaissent comme pour enfin laisser passer le fleuve Aude vers son destin, la mer. Ce val correspond au cours du Sou, un affluent de l'Orbieu au bassin fermé au Sud et à l'Ouest par les hauteurs justement, des Corbières. 


Villar_en_Val 2019 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Jcb-caz-11

Joseph Delteil est né en amont de cette petite vallée, commune de Villar-en-Val, à la ferme de Pradeille, au lieu-dit Borie de Guillaman (ou Guillamau) ; son père bouscassier tira du charbon de bois de quoi acheter une petite vigne à Pieusse, de l'autre côté des six-cents mètres qui empêchent l'Aude, dans le terroir de la blanquette de Limoux, finalement à deux pas seulement, à moins de vingt kilomètres à vol d'oiseau de Villar. Delteil n'a que quatre ans. Revendiquant son “ patois ” au titre de langue maternelle, il dira de ce changement « où le paysage s’élargit, où l’on passe de la forêt au soleil, de l’occitan au français. ». 

Alors, cette émission, qui malgré l'amandier en fleur, les premières asperges sauvages et enfin ce soleil que le dérèglement climatique nous plaint désormais, ramène à la magie de Noël (l'article date du 22 décembre 2015). 1970 : Delteil raconte à Frédéric Jacques Temple (1921-2020) ses Noëls à Pieusse. 


Joseph_Delteil 1925 (Agence_Rol) Domaine public Photographe inconnu.

D'emblée, il déclare que la fête, s'inscrivant dans la suite des jours de labeur, n'a rien d'exclusif, banale presque, à moins de savoir retrouver ce qui par le passé en faisait une date à part. 
En dehors de la messe de minuit et du petit réveillon, ce qui la marquait était avant tout la bûche soigneusement choisie par le père afin qu'elle brûlât huit jours dans l'âtre, du 25 décembre au premier janvier. Delteil possède pourtant cette magie de Noël parce qu'il s'est approprié les Noëls racontés par les parents. En Ariège, du côté de Montségur, ils n'étaient qu'une lanterne parmi toutes celles qui descendaient à la messe (3). Pour lui, à travers « papa et maman », c'est comme s'il l'avait vu ce tableau nocturne, en personne.  

Étonnant, émouvant aussi ce point de vue d'écrivain, tendant, en tant que transmetteur, à faire sien un passé familial, de lignée, un fil rouge transgénérationnel à faire passer, décrit comme vécu.     

Laissant entendre que la religion formait le liant d'une magie de Noël rattachée à des rites ancestraux, Delteil précise que le père se devait de faire la prière avant le réveillon. Il poursuit avec le modeste menu qu'il tient à perpétuer comme témoin d'une continuité, de père en père sinon de plus loin encore, comme pour contester le temps imparti à chaque individu. 


Baccalà_e_pomodoro 2011 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Author Italy Chronicles Photos
En entrée la salade de betteraves rouges, suivie par la morue à la tomate (4) puis le toupinat (5) de haricots à l'huile. 
Ils ne pliaient pas la table, des fois que le petit Jésus passerait par là... 

Notes : entretien avec Frédéric Jacques Temple (1921-2020), écrivain, poète, né à Montpellier.
Rappel : Joseph Delteil est un écrivain et poète français né le 20 avril 1894 à Villar-en-Val dans l'Aude et mort le 16 avril 1978 à Grabels dans l'Hérault.

(1) on apprend ce matin (16 février 2025) que demande a été faite afin que les forteresses de Carcassonne soient classées au patrimoine mondial de l'Unesco. L'info prête pour le moins à confusion, la Cité de Carcassonne, visitée chaque année par des millions de personnes figurant dans ce classement depuis 1997. Après avoir donné suite, il s'agit des châteaux “ de la frontière ” (d'Aragon), appelés familièrement “ les fils de Carcassonne ” (Termes, Aguilar, Quéribus, Peyrepertuse, Puilaurens (voir à ce propos, le commentaire calamiteux de l'émission « Des Racines et... » amalgamant avec Puilaurens du Tarn qui plus est avec cet accent pointu ajoutant le prénom “ -laurent ” à la confusion... Quand je le dis qu'avec les barons du Nord, rien n'est enterré...). 

Aux forteresses des Corbières il faut ajouter Lastours (nord de Carcassonne) et Montségur dans l'Ariège... Puivert, à mon sens, aurait pu figurer dans la liste...  

(2) La majorité des villages (Pradelles, Fajac, Arquette, Serviès, Rieux, Villar, Labastide, Caunettes) porte le suffixe-en-Val. En 2019 les communes de Montlaur et de Pradelles se sont regroupées sous l'appellation « Val-de-Dagne »

(3) comme décrit par Daudet dans « Les Trois Messes Basses ». 

(4) de ce tomata en bocaux, stérilisé l'été pour durer l'année. 

(5) le toupin, en languedocien, le pot en grès ou en terre mijotant souvent de longues heures, à la limite du cercle de chaleur autour du feu / le mot est aussi employé en Suisse. 

samedi 7 décembre 2024

PROVENCE DU RHÔNE (19) Frédéric Mistral.

Mas_du_Juge_à_Maillane 2011 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license Auteur Renaud Camus. Dans la cour, est-ce la table en pierre sur laquelle le neveu de Mistral se serait tué (1862) ? 


Maillane, village typique du Midi, peut se visiter sur les traces de Frédéric Mistral : le Mas du Juge pour son enfance et sa jeunesse, la Maison du Lézard, jusqu'à son mariage, le mas revenant à son aîné suite au décès du père, sa villa qu'il construisit devant. À 46 ans il y emmena Marie-Louise-Aimée, fraîchement épousée.  

Museon_Frederi_Mistral_dans la villa de Mistral à_Maillane 2011 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Auteur Renaur Camus.

Miréio, son long poème d'amour contrariée, paraît en 1859, Prix Nobel de Littérature en 1904, traduit en une quinzaine de langues dont le français par Mistral lui-même, offrit au Provençal une reconnaissance universelle. L'essentiel de ses efforts allait toujours dans ce sens avec la création du Félibrige à fins de faire renaître le Provençal (voir si nécessaire les articles précédents).  


Mistral a surtout travaillé près d'une dizaine d'années à son « Tresor dou Felibrige » (1878-1886), grand dictionnaire de la langue d'Oc comprenant l'essentiel des variantes locales déclinées avec auteurs, citations, dictons et proverbes. (Si souvent ouvert dans le cadre de cette quadrilogie...).  

Parmi ses autres œuvres, « Lou Pouèmo dou Rose » 1897, le poème du Rhône, des bateliers de Condrieu descendant jusqu'à la foire de Beaucaire ; une inspiration plus tard partagée par Bernard Clavel (1923-2010), avec « Pirates du Rhône » 1957, « Le Seigneur du Fleuve » 1972, « La Guinguette » 1997, « Brutus » 2001... 

Portrait Frédéric Mistral 1907 Source Les Prix Nobel Domaine public Auteur inconnu

À propos de « L'Arlésienne », on raconte que Mistral se serait fâché avec Daudet rendant publique la confidence du Maître de Maillane sur ce neveu suicidé d'amour au Mas du Juge (1862)... Méfions-nous des “ on raconte que...” et ce n'est pas la lecture du « Poète Mistral », dans « Les Lettres de mon Moulin » qui nous dévoilerait le moindre grain de sable enrayant leur amitié. Le portrait d'abord, plus qu'avenant 

«...sa rouge taillole catalane autour des reins, l'œil allumé, le feu de l'inspiration aux pommettes, superbe avec un bon sourire, élégant comme un pâtre grec... »,   

C'est la fête du village avec fifres et tambourins dans la rue, l'aubade au conseiller municipal, des bouteilles, des verres ; l'après-midi, la procession des saints de bois « dédorés », qu'accompagnent les confréries de pénitents blancs, bleus, gris, cagoulés, de filles voilées ; ensuite, bien qu'en hiver, les taureaux, les jeux sur l'aire puis, autour d'un grand feu devant le café de Zidore, une farandole devant durer tard dans la nuit. 
La « Lettre » de Daudet se termine par un hommage, l'image de ruines majestueuses sans toits ou pétassées en remises, basses-cours ou étables (comme après la révolution) et qu'un jour un fils de paysan est déterminé à restaurer « ... Ce fils de paysan, c'est Mistral. », ces ruines, la langue provençale. 

D'après « Le Poète Mistral », « Les Lettres de mon Moulin », recueil de 1869, Alphonse Daudet.   

samedi 15 juin 2024

LES MOULINS À NUAGES, Georges-Jean ARNAUD.

Georges-Jean Arnaud (1928-2020), auteur prolifique (416 romans !) tant de science-fiction, fantastiques, que policiers, d'espionnage, érotiques. Régionaliste aussi... sans être dans la confidence (combien de livres sur ce thème... de la région j'entends ?), avec « Les Moulins à Nuages », la quatre de couverture, la dédicace à Ulysse, arrière-petit-fils, dénotent du lien de l'auteur avec l'Aude, plus précisément les Corbières. Qui plus est, Georges J. Arnaud a été instituteur à Fitou avant de tant produire comme écrivain, de vraies racines... 

 

Et s'il n'y suffisait pas, l'édition 1988 de Calmann-Lévy débute avec une carte où des rayures marinières figurant la mer confortent une certaine ancienneté. L'Aude entre Hérault et Pyrénées-Orientales, Minervois au nord ; au centre, les Corbières, à demi ouvertes au levant sur les axes vitaux, vers Toulouse, vers Perpignan et l'Espagne, leur partie au couchant encore dans un blanc “ terra incognita ”. Les voies du tramway à vapeur y figurent et en attestent : verticales, en marches d'escalier depuis Lézignan vers Thézan, Durban, transversales de Narbonne à St-Pierre-des-Champs, de Port-la-Nouvelle à Tuchan. Pas de date sur cette carte où ne figure pas encore le terminus de Mouthoumet au cœur du massif, mais le réseau des tramways de l'Aude (carte de R. Jannot) a été créé au tout début des années 1900, soit au milieu de la vie du grand-père Antonin Louis Pla dit Planou (1866-1942), centrée sur les villages de VILLENEUVE et “ CASCATEL”, mentionnés hormis le “ S ” qui manque à Cascastel, en lettres majuscules.  

Mais d'où sort-il ce livre qui traînait avec d'autres en bas du lit ? Malheureusement, comme pour certains points, c'est le trou noir, de mémoire... l'âge sûrement... à presque oublier d'en parler alors que tout, dans ces 380 pages, parle d'une vie vivante encore au début des années 60. Pardon de tirer la couverture dans un manque de modestie flagrant... Avant tout, voyons tout ce qui ramène à un passé sudiste d'un ancien temps plus général, pas si loin que cela, souvent hier seulement, vers lequel il n'est pas question de revenir mais sans lequel la marche obligée vers demain s'avèrerait plus fragile et incertaine encore qu'elle n'est... 

Corbières maritimes. Sémals (les comportes) et tomata «… la Muda tordait le cou à ses torchons de tomatat avec la même poigne féroce que pour ses pigeons… », étrange cette orthographe, « tomatat », associée à sa tante Jeanne. Les chèvres, qui,comme à Fleury, rejoignaient le troupeau communal emmené par le berger communautaire ; les canards, friands de grappes d'escargots (cagaroulets sur les tiges de genêts / diminutif de cagarau), aussi muets que la tante, la Muda, qui passent la journée à la rivière, les fèves de caroube pour les chevaux et sa gourmandise, l'écurie aux fortes odeurs d'urine et de sueur, une « bouronne » pour faire auvent (« bourouno » dans le parler d'oc de Fleury). Et presque de suite, l'apport, la présence de la langue naturelle, l'occitan dans sa variante languedocienne sauf qu'à Fleury, de façon plus neutre, on dit « macarel » alors que le père de Planou dit facilement « macarelle de puta »... au féminin... 


Entre 1870 et 1942, entre pouvoirs royal, impérial, républicain, honni par les petits propriétaires conservateurs, espéré par les journaliers (brassiers, dits aussi « bouillés » dans le livre) espérant mieux, commodément présentée en tant que roman, c'est la saga de sa famille que Georges J. Arnaud raconte. La façon de vivre, l'état d'esprit, les vendanges, les crises de la vigne, les rivalités politiques aussi jusqu'à la présence d'un Espagnol tirant sur le gitan et l'anarchisme, nous filent dans la tête à la vitesse des vies qui défilent... 

G. J. Arnaud bien qu'installé à La Londe-les-Maures ne manque pas d'honorer ses aïeux des Corbières. Tout son livre nous touche à plus d'un titre avec une mention à part sur les vendanges, un sujet de choix quand la saison s'y prêtera    

lundi 13 mai 2024

Teodor AUBANÈU et sa grenade mûre entr'ouverte...

Pomegranate_flower_and_fruit 2006 public domain AuthorNo machine-readable author provided. Xenon 77 assumed (based on copyright claims).

Théodore Aubanel (1829-1886) né et décédé à Avignon, fut imprimeur et poète d'expression provençale occitane. Majoral, avec Mistral et Roumanille, il est des trois piliers du Félibrige. D'éducation et de tradition catholiques, il reste pourtant un poète de l'amour. En 1860, « La MIOUGRANO ENTRE DUBERTO », la grenade entrouverte, reçoit un accueil chaleureux. S'il y chante son amour pour Zani, sa devise « Quau canto soun mal l'encanto » (Qui chante son mal l'enchante) peut déjà présager d'une suite pathétique. 

Punica_granatum 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Autor Luis Fernandez Garcia

La grenade dans sa perception propre du grenadier. L'arbre, il le voit sauvage, de rocaille, loin des hommes, près de Dieu ; il en décrit la fleur de sang toute d'amour et de soleil, le beau fruit chatoyant aux « mille graines de corail » dans son calice rouge ; une vision certes épicurienne mais faisant long-feu, le motif officiel de sa publication étant la perte de l'amoureuse partie au couvent. Ils n'ont pas su, pas voulu se trouver...  

En partie I « LE LIVRE DE L'AMOUR ». Sauf que le premier poème relatant un amour de troubadour pour la comtesse de Die, prend prétexte de sa piété, de sa prière pour se prolonger par 

« Ah ! si mon cœur avait des ailes, sur tes lèvres pâles.../...te ferait cent baisers et cent caresses...». 

Et elle de lui répondre qu'elle veut se faire nonne. Aubanel n'en finit pas de citer bon nombre de ceux qui virent leur amour déçu, tels Dante ou Mistral. Enfin, bien des poncifs poétiques aussi : violettes, oiseaux, rossignol, hirondelles, feuilles nouvelles, tendre verdure, farandole de jouvencelles et jouvenceaux, ombre fraîche et toujours un renvoi qui se répète 

« O moun cor, perqué sies pas mort ? » O mon cœur pourquoi n'es-tu pas mort ? 

Clara, une autre aussi, en -a, (pardon de n'avoir pas noté) persistent à trop lui rappeler Zani, Jenny de son prénom.  

Teodòr_Aubanèu occitan writer o va dises planatal  the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Scanné et posté en 2011 par Jfblanc

Aubanel a titré son livre II (1) « ENTRELUSIDO », l'entre-lueur, une éclaircie peut-être. Il y a bien les cocons de soie qu'il faut ébouillanter afin d'en tirer le fil, il y a bien ces tableaux rustiques à la Millet, la fauche du blé, ces scènes de famille, de bébés qui naissent et au sein mais toujours, dans les scènes, de jeunes couples, d'une gémellité rappelant les “ bessouns ”, les naissances jumelles peu rares chez les brebis et plutôt bien reçues dans les familles, y aurait-il une bouche de plus à nourrir. L'approche, néanmoins, en est plus distante, moins tactile. Comme par contrition, Aubanel livre des poèmes sur Jésus, sur la Vierge autrement vierge que les jouvencelles aux joues rosées de son plaisir des yeux et des mots. 

Livre III : « LOU LIBRE DE LA MORT ». L'automne. au milieu des tableaux campagnards, le berger qui rentre ses moutons, les coups de fusil des chasseurs, les paysannes qui tressent l'ail, les pauvres, les petits qui ont faim, la mère qui les pousse à dormir, l'orpheline qui demande l'aumône ; le bébé qui semble sommeiller mais c'est la mort qui lui a fermé les yeux et la mère ne veut pas qu'on lui emporte son enfant... Toussaint. un autre enfant, écolier déjà, content de sa nouvelle blouse noire : il croit que sa mère dort, on lui a dit... Le bourreau sans état d'âme qui doit couper des têtes ; un vieux " serre piastres " refusera-t-il la fille de seize ans que la mère vend pour avoir des sous ? Un chien n'arrête pas de hurler à la mort, « aboiement qui gèle les moelles » ; un poème corrélé au suivant sur le massacre des nouveaux-nés par le roi Hérode... 
 
Pomegranate_(opened) 2020 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Ivar Leidus
    
C'est vrai qu'en occitan, il faut lire et reprendre pour, à chaque passage, glaner quelques grains comme on le fait après avoir, d'une bouchée, happé les rangs rubis d'un quartier de grenade, comme on le fait, à chaque automne qui vient, tant que nous sommes encore là...  

(1) dans la chanson de Noce, répété quinze fois, le refrain est plus long que les deux vers parfois écourtés des couplets.