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jeudi 12 juin 2025

COCHON qui s'en DÉDIT.

 Ce n'est pas plus la période que l'époque mais pour en témoigner, mieux vaut tard que jamais. 

« Les Grandes Heures des Moulins Occitans » offre aussi une synthèse de ce que représentait la « Fête du cochon ». À une époque où la commodité de se voir, moindre qu’aujourd’hui, s’en trouvait plus marquante dans la suite ininterrompue des jours de travail, la difficulté à se déplacer, il me plaît de supposer que la nouvelle « On tue le cochon chez un tel » devait se transmettre dans les alentours alors qu’une invitation actuelle, à un apéro, à un repas, ne saurait dépasser le petit cercle concerné. 

Hachoir_à_viande_pour_saucisses_-_Purullena 2015 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Dfbdfbg6543654... Vision pudique de “ la chose ”... 

Dans cette vie d’avant, la famille élargie, les voisins, les amis se retrouvaient alors en nombre. En lune vieille, répétons-le, passée un vendredi et surtout pas en mars ! Sinon, pour les hommes (qui comme le dit la chanson, sont tous des cochons [zut ! l’air de cette chanson ne me revient pas ! ) pas de phase de lune qui tienne, rien de changé : des privilégiés, comme toujours, un travail vite réglé, le cochon vidé, guère plus qu’une participation pour la plupart et pour tous, ripailles, libations, gauloiseries et parties de cartes. Pas la peine de comparer avec les corvées des femmes, la double besogne des viandes, charcutailles et de faire manger une grande tablée, à devoir cuire les pâtisseries la nuit et à l’avance, dont de pleines corbeilles d’oreillettes (comptez-moi dans les méridionaux qui s’attendrissent à ca souvenir !) ! Une seule dispense alors, n’interdisant que la partie cochonaille : les règles. Les préposées aux repas devaient alors proposer à tout ce monde des menus conformes à la tradition, attention au qu’en-dira-t-on ! 

Dans une ferme à Porto Novo (Bénin) 2020 under the Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication. Author Adoscam, manière de regarder nos mauvaises consciences droit dans les yeux... « L'œil était dans la tombe et regardait Caïn » Victor Hugo. 

Dans cette tradition, les saucissons qui devaient se voir, celui de l’année précédente conservé dans des cendres, devenu dur et rance, réhydraté dans un linge puis bouilli dans du vin vieux… La coutume, ça ne se conteste pas ! 

Pig_heads_in_a_market 2011 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Tomascastelazo

Et on accroche la queue du cochon, telle un poisson d'avril, à une femme qui danse, tout le monde rit, elle ne sait pas pourquoi mais ne peut que rire aussi ! 

Et hier, dans un doc sur la cuisine romaine, l'étoilé précisant que les tagliatelles carbonara c'est seulement avec des « guanciale », des joues de porc... Mieux eût valu échanger ici sur le millas ou le pain à la ferme...  


mercredi 11 juin 2025

MOULINS, la FIN des FINS (8).

La circulation des grains relevait d’une réglementation stricte, de laissez-passer3 auxquels répondait une fraude liée à la débrouille sinon au marché noir. Le blé interdit restait caché, dans une alcôve, sous un amas de paille, camouflé en surface par une couche d’orge autorisé. Ça tournait la nuit, ça tournait entre plusieurs moulins, manière de brouiller les pistes, de ne pas se faire attraper ; du coin, de loin aussi, Toulouse, Narbonne, Béziers, à vélo. Les meules pouvaient être plombées mais il arriva que le contrôleur des Indirectes, aussi nécessiteux que tout un chacun, laissât  la pince à sceller et desceller, en retour de service.

À la libération, les couleurs nationales tournant aussi en bout d’aile, eurent du mal à cacher l’hallali des moulins à vent. Vae Victis ! Voués à mourir, à périr abandonnés. Le peu d’activité ne valait plus les dépenses d’entretien : les fermes ne cuisaient plus leur pain et le peu qui restait de travail à moudre la nourriture des animaux condamna l’activité avec la multiplication des concasseurs à demeure. Sentence confirmée lors de la modernisation des pratiques d'élevage, le totaliment, les granulés. 
Et s’il existe une administration raide et aveugle, c’est bien celle des impôts brandissant la patente, le pourcentage sur le chiffre d’affaires ou exigeant de scier les ailes si le moulin fermait. Alors certains sont partis en pièces détachées, une aile par ci, un mécanisme par là, un arbre moteur en établi. Des meuniers ont bien essayé de garder le moulin à peu près ; un y a mis des pigeons puis un hibou s’est installé par un trou dans la capelada ou alors c’est qu’il avait lu Daudet et ses Lettres... 

Illustration d'Edmond Pierre BELVÈS, ici Le secret de Maître Cornille des Lettres de mon Moulin, 1954, Flammarion. Coupable de le faire même sans avoir pour habitude de publier sans autorisation, j'espère que ce sera reçu en hommage à un dessinateur aussi fécond qu'apprécié.  

sauf que, comparé au locataire «… du premier à tête de penseur […] tel qu’il est avec ses yeux clignotants et sa mine renfrognée, ce locataire silencieux me plaît mieux encore qu’un autre, et je me suis empressé de lui renouveler son bail... », le hibou de la vie vraie a fait partir ou tué les pigeons ; les lapins étonnés de Fontvieille c'était plus gentil… 

Fleury-d'Aude, vue de la colline du moulin de Montredon depuis le Sud. Naturelles, les couleurs automnales viennent d'une diapositive (1967) de François Dedieu.

 Alors, ces moulins qui en prime louent notre Cers (honte à ces nordistes présentateurs météo «... Mistral, Tramontan' » !), bien sûr que ce qu’il en reste nous touche intimement. À présent que les derniers meuniers ne sont plus là à faire la moue, à esquiver les questions des curieux, des touristes qu'ils aiment autant ne pas recevoir, les consciences locales semblent avoir réagi aux regrets, aux remords. À Nissan, à Lespignan, non plus des moignons mais des moulins à nouveau sereins d’un sauvetage enfin issu d’une longue maturation. Qui sait si ce sera possible chez nous, suite au rachat peu coûteux de sa colline par la mairie ?         

3 Tels les « congés » longtemps indispensables à la légalité du transport du vin en vrac destiné à la consommation personnelle.

mercredi 4 juin 2025

Sur la route des MOULINS du LAURAGAIS (2)

Et alors, dans le but de mieux cibler et comprendre les moulins du Lauragais, et parce que le moindre détail nous ramène à l'universalité, nous le regarderons comparativement et avec plus attention, notre moulin à Fleury. 

Le moulin de Fleury au printemps. 

Qu'il est petit à côté, c'est ce qui vient à l'esprit en premier. Était-ce une adaptation aux conditions de vent, au Cers qui depuis le Lauragais, se met à ronfler si fort le long du couloir de l'Aude ? une puissance historique puisque, plus proches de nous, les wagons du chemin de fer, les caravanes, ont été renversées. 

Nissan_lez_Ensérune Moulin wikimedia commons Author Toutaitanous. 

Ancien moulin de Céleyran (2025). 

Était-ce, pour compenser, que plus modestes, ils furent plus nombreux, du moins chez nos voisins directs, Salles-d'Aude, Armissan, Lespignan, Nissan-lez-Ensérune, Vendres (1) ? Qui sait ? Seul sur son pech au dessus du fleuve, regardant Coursan, l'ancien moulin de Céleyran (commune de Salles-d'Aude), par sa haute taille, fait exception. À Fleury, vu de l'autre versant, point de repère afin de s'orienter, depuis l'étang asséché de Fleury, une énigme pour Manu, petit garçon de la campagne (2) de Tarailhan, immigré depuis la Mancha, se demandant à quoi ressemblait le lieu que les grands nommaient « village » ou « Fleury », là où on devait aller pour les achats, la mairie, encore caché derrière le moulin sur sa colline... Manu, un peu Don Quichotte en soi... 

En 2015, la colline du moulin derrière papa qui regarde où en est l'incendie dans la Clape. 

Sinon, un regard plus local sur la tour étêtée qui reste, rappelle que le lieu fut le cadre d'un crime élucidé seulement suite à la confession d'un mourant (voir « Un garçon meunier », sa narration romancée en épisodes par François Dedieu). 

 
Moulin qui va trop vite, moulin qui ne va plus, qui pourrait taire combien celui d'Alphonse Daudet incarne une unité cependant paradoxale de lieu pour ses « Lettres de mon Moulin » (3), avec encore dans le monde de l'enfance, « Le secret de Maître Cornille » ? 

Moulins du Sud, de Provence, du Languedoc, de Daudet à Arène, d'Arène à Giono, de Giono à Pagnol, de Pagnol à Bosco, auxquels nous sommes plus sensibles qu'à ceux du Nord souvent évocateurs de batailles : Valmy, Jemapes peut-être, Cornet et « aux chèvres » de la terrible guerre de Vendée... 

L'équilibre est difficile depuis les apports jusqu'au pillage d'un livre. Pourtant ce n'est qu'en allant voir dans l'existant que nous pouvons exister, depuis l'ignorance béante, la vie n'y suffira pas, tant l'avancée ne se fait qu'à tous petits pas, qui plus est, vers la connaissance inatteignable. Dans « Les grandes heures des moulins occitans », notre intrusion se limitera à picorer, à mettre en appétit à fin de donner envie du livre, à donner envie d'en savoir plus sur Prosper Estieu, Auguste Fourès, Joseph Dupuy, l'abbé Joseph Salvat. Et puis, les moulins à vent ne sont-ils pas les réceptacles des forces du ciel, de la terre et des mers ? Un grand merci aux époux Bézian !     

(1) Malheureusement pas de photo à disposition pour le moulin (d'Olmès ?) à Lespignan, particulièrement bien restauré.

À Vendres, les moulins devaient redevance aux seigneurs de Pérignan puis Fleury... peut-être, avec la contestation du territoire défini par les divagations anciennes du fleuve, de quoi alimenter des rivalités villageoises historiques, « l'Aude, dans sa folie, ayant gagné des terres pour Fleury ». 
  
(2) on dit « campagne » à propos de la même chose aux deux bouts est-ouest du département, ici un domaine viticole, là-bas une ferme, une métairie.   

(3) un moulin qu'il n'aurait ni acheté ni habité. Des lettres dues à la participation presque certaine de Paul Arène, moins connu...  

 

dimanche 6 avril 2025

BALADE à AUDE, vandales et infects (2)

 Laissons le cabanon abandonné, livré à quelque chemineau des temps modernes, de ces asociaux ou pas gâtés par la vie jusqu'à ces marginaux qui ont pu s'y abriter mais qui laissent des traces trop visibles de leur passage, de leur squat. Si n'étaient que les cendres d'un feu pour se réchauffer, pour cuire, souvent c'est souillé par des ordures, des inscriptions donnant plus l'idée d'une rancœur contre la société, d'une intolérance agressive plutôt que d'une empathie solidaire ; pour preuve, alors qu'on voudrait voir si un râtelier, une mangeoire, parlent des chevaux compagnons de travail, tant la souillure racle la gorge, le mouchoir sur la bouche, on craint même de passer le seuil d'un tel havre déserté... En outre, à propos d'autres, catégorie de ces nouveaux occupants, propriétaires, héritiers ou illégaux, leurs chiens, garderaient-ils des cambrioleurs, restent souvent libres de s'attaquer aux promeneurs, manière d'interdire le passage légal devant ces métairies. Aujourd'hui dans le rejet d'autrui, ces mas, ces granges d'une vie d'avant, restaient alors interdépendants du village, de toute une communauté connexe. 

L'Horte d'Andréa sous un angle du souvenir...  

L'Horte d'Andréa, justement, aujourd'hui fermée au regard par force tôles et panneaux de bois dépareillés, jadis avenante avec sa treille des beaux jours. Andréa venait régulièrement vendre sa production potagère au fond d'une maison donnant sur l'ancienne place du marché à Fleury (1). 

Au-dessus du portillon, en attendant les pétales blancs, l'habit vert du rosier rustique... et pour cause de soleil aveuglant quand l'âge infléchit la vision, mon empreinte digitale heureusement, seulement sur la photo...  

En revenant vers Notre-Dame-de-Liesse, pour ne pas dire vers l'autoroute qu'il faut longer, la grange encore mentionnée sur la carte IGN Béziers 7-8 (2) n'est plus. En reste le jardinet à l'étroit sur la rive, du temps de Cadène, et son rosier grimpant promettant des fleurs blanches, mais son terrain cultivé avec au moins un cerisier puis des melons d'été n'existe plus que dans le flou des mémoires. 


Avec José, mon pauvre ami parti le 26 février 2024, nous occupions régulièrement un coin de pêche au muge, bien caché sous des guigniers encore généreux en arrière-saison. Là encore, la rivière me laisse le choix ou non d'en garder le souvenir. Plus pitoyable, ce qui demeure du coin affouillé par les eaux mué en dépotoir... aux vandales de passage se joint l'inconscient ordurier ordinaire... 

Toujours sur ce retour, il me semble croiser Néné, ancien voisin de l'avenue de Salles, qui, avec les jeunes de sa suite, vient voir où en est l'immersion (3) destinée à contrer les remontées de sel dans les vignes de la plaine. (à suivre)  

Maison de l'ancienne place du marché à Fleury. Photo : Josette Saborit-Dolques.

(1) de ces maisons détruites pour mettre l'église en valeur et faire une grande place ouverte agrémentée de poires d'or (symbole du village Pérignan) sur des jeux d'eau certes raisonnables mais à sec depuis que les sécheresses affectent notre bordure méditerranéenne. Je dois à Josette les précisions sur Andréa et cette maison de village où son arrière-grand-père fut jardinier ; elle continue de cultiver et de partager ses précieuses connaissances sur la vie passée du village, présente aussi puisque ceux de son âge (classe 47) auront le plaisir de retrouvailles annuelles autour d'un repas bien partagé. 

Josette fut invitée un jour à entrer dans la demeure d'Andréa, bien arrangée. Mon ami Jean-Pierre, grand marcheur alors, m'a eu dit avoir parlé avec la femme du lieu (ce devait être Juliette, une des filles). 

Désolation, bien des années plus tard, à la vue de l'intérieur saccagé, des photos à terre et souillées, œuvre d'êtres infects ne respectant rien (témoignage de Josette).

(2) de 1972, correspondant alors à ce que nous appelions “ carte d'état-major ”. 

(3) Avant que le fleuve travailleur n'apporte petit à petit à son delta, ici était la mer autour de l'île de la Clape. 

samedi 5 avril 2025

BALADE à AUDE, fin mars...

 Ciel bleu. L'enveloppe a beau paraître belle, sans oiseaux elle n'est plus qu'un vide, une vacuité donnant le vertige ; la rareté des oiseaux dévoile leur triste situation de survivants en sursis. Et si c'était moins pathétique au bord de la rivière, là où une présence humaine, en apparence plus légère, donnerait moins ce ressenti de nature violentée ? 

Maribole : tout comme les endroits naturels ou cultivés, chaque portion de la rive porte un nom. Un nom qui presque toujours fait le lien avec un passé plus ou moins lointain.  

Le souci des oiseaux ne se retrouve plus en première ligne tant les signes de renouveau impulsent une exaltation vitale « Les filles sont jolies dès que le printemps revient... », plus encore à l'âge de premières amours si en harmonie avec la pulsion d'une nature renaissante « Là bas dans la prairie j'attends toujours mais en vain... ». Partir avec les oiseaux du ciel, enchanté par ces vols vifs de passereaux qui s'envolent sans laisser approcher, c'est à nous qu'il faut en vouloir... et il suffit d'un parterre fleuri pour faire chanter le printemps par Hugues Aufray :

Hugues Aufray - Dès que le printemps revient - YouTube

Elle est de 1964 cette chanson... je n'ai pas 14 ans mais déjà la nostalgie de ce que peut-être ils appellent “ nos actes  manqués ”... Allons, allons, même ce vélo ne peut évoquer une sortie avec Paulette puisque contrairement à Yves Montand et ses camarades, nous ne descendions à Aude, à bicyclette, qu'entre garçons, que pour une partie de pêche...  

Un cabanon comme tant d'autres, pour plus de commodités, outils, pause-repas, abri contre la pluie,  lorsque les vignes sont plus éloignées du village. 

Maribole, difficile d'imaginer nos lavandières... À Coursan, il reste au moins une sinon des cartes postales... 

Ici ce qu'on voit diffère de ce qu'on regarde quand on peut se plonger dans un passé, les fleurs d'abord, pas si banales suite à des sécheresses prolongées. Ensuite, à voir la rivière, c'est plus difficile quand on sait qu'ici venaient les lavandières. Par leur travail incessant, les eaux modèlent les rives comme si elles voulaient se défendre de l'emprise des hommes, comme si elles tenaient à effacer les traces, à gommer un passé des mémoires. Maribole, les femmes y descendaient pour la bugada (même papa a employé la graphie normalisée), la buée (1) , la lessive ; ce détail si lapidaire se suffirait-il ? Ces bugadieras particulières avaient normalement procédé à la cendre, au lessiu, à la maison, quelques fois l'an. Professionnelles, à laver pour les gens, descendaient-elles à la rivière régulièrement ? N'était-ce que pour des “ petites ” lessives, façon de parler, au savon ? Sinon par besoin de beaucoup d'eau, pour rincer ? (à suivre)

(1) du gallo romain “ bucata ”. Pour “ buée ”, le Larousse du XXème siècle (1928) dit que la signification “ lessive ” a précédé celle de vapeur. 


  

lundi 24 mars 2025

La « TUE-COCHON » chez CARRIÈRE et DEDIEU (2)

Colombières-sur-Orb_St-Pierre 2007 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur Fagairolles 34

Et à Colombières, au pied des Cévennes, dans Le VIN BOURRU, 2000, Plon, Jean-Claude Carrière raconte que la veille le cochon sait qu’il va mourir. Entend-il les préparatifs ? Après une mauvaise nuit à grogner, à crier parfois, il recule et hurle dans son réduit, avant qu’on ne le touche. Armand Cazals, le grand-oncle de Tarassac « ...fort, jovial, un peu rouge… » doué pour découper, est sollicité par son entourage pour l’abattage. Après un verre de vin blanc, en tablier, son matériel à portée, il demande que la bête lui soit amenée. Les hommes la tirent par ses pattes attachées. On le tient fermement tandis que l’oncle cherche le bon endroit où planter son couteau. Une femme récupère le sang qui jaillit et empêche qu’il ne coagule. Les hurlements de l’animal faiblissent, les sursauts se calment ; instant de calme dans l’assistance, sans regret mais comme pour respecter cette fin de vie, ce sacrifice. Ensuite il faut verser l’eau très chaude pour ébouillanter et racler les soies avant que l’oncle Armand ne joue de ses couteaux «… comme les ogres dans les contes de fées… ». Allongée sur le ventre, la carcasse « qui fait la prière » (1) se voit découpée dans la longueur du dos. Un repas « le plus gros de l’année » avec le sanquet et la tindello (2) précède une longue après-midi de travail jusqu’à la nuit tombée. (synthèse tirée du livre Le Vin Bourru, 2000, Plon, Jean-Claude Carrière). 

Jean-Claude_Carrière_2016 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic license Author Fryta 73

(1) Luis Buñuel, le cinéaste avec qui il a souvent collaboré, lui confirma qu’ils faisaient et disaient de même dans la province de Teruel.

(2) Sanquet, sanqueto : “ omelette ” du sang du cochon. La tindello : tranche de lard ou de viande. 

Fleury avant Noël. 

Et à Fleury-d’Aude, le témoignage encore de François, père de François fils, notre pêcheur de tenilles (à l'image d'Olivier, l'alter ego, témoin, commutateur commode pour une narration autobiographique évitant le “ JE ”, non haïssable en soi mais incommodant justement) : 

«… Je me souviens que Léonie nous préparait aussi « la saumo (3) », sorte de gros galabart dit parfois « boudin du Sud-Ouest », et qui permettait d’utiliser à bon escient un gros boyau. Le boudin était alors cuit longuement dans un gros chaudron placé sur son fort trépied dans l’antique et pour nous immense cheminée où flambait un feu nourri. Les deux tables de la maison avaient été mises côte à côte pour la circonstance, les nappes blanches étaient de rigueur et disparaissaient presque entièrement sous cette quantité impressionnante de victuailles. Nous nous faisions rappeler à l’ordre de temps à autre, pour gêner un peu le travail des grandes personnes si important pour la famille, et nous dévorions des yeux toute cette « fête du cochon » qui était pour nous un divertissement prisé.

Je vois encore sur le gril, près du chaudron aux boudins, les échantillons de viande hachée, salée et poivrée, placés sur une petite plaque de métal « pour goûter » afin de juger l’assaisonnement [...] (à suivre)

(3) étrange cette dénomination, la saumo désignant l'ânesse en occitan. 

Papa. 


dimanche 23 mars 2025

PÉZENAS, le CARNAVAL, mars 2025. (fin)

 Samedi 1er mars à 19 h, spectacle à la Maison du Peuple (1), de danses humoristiques par « Lous Machous » (10 €). 

Dimanche 2 mars, de 8 à 18 heures, 5ème concours mondial du ragoût d'escoubilles suivi d'une dégustation dans la cour d'honneur de la mairie.  

2 mars, 20 h 30, soirée déguisée à la Maison du Peuple « Les Machous font leur cirque » (10 €). 

Samedi et Dimanche-gras, « Lous Machous », comme leur nom l'indique, clabaudent et cancanent quand ils ne vilipendent pas en partant des ragots qui ont pimenté les rencontres impromptues des “ braves gens ” (tels que Brassens les percevait) de la ville aux commissions ou sur le marché des samedis ordinaires... À Pézenas cette “ machade ” reste bien dans la tradition séculaire de carnaval (avec l'accent de Villanova, je ne vous dis pas !).  

Pézenas Lo_polin_de_Pesenàs pendent lou carnaval dels escoliers 2019 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Reipetit
 

Le 3 mars, de 14 à 15 h 45, carnaval des écoles, musiques, danses et crémation du Roi Carnaval (Place Boby Lapointe). Ce Lundi-gras au soir, la chasse au Tamarou est accompagnée de tambourins et de fifres ; les « Fadas du Tamarou » animent un charivari qui voit le Tamarou, animal fabuleux faisant penser à un dragon, faire peur et provoquer les braves gens. Foncièrement par ailleurs provocateurs et mauvaises langues, faisant office de buffetaires, en chemises et bonnets de nuit, les Machous accompagnent au rythme de danses traditionnelles du genre “ feu aux fesses ”, “ danse du soufflet ”. Merci encore à Cyril Feybesse, talentueux photographe, qui a su si bien rendre et partager le dernier évènement.  

Pour Mardi-gras, le 4, précédé de masques costumés, de buffetaires au panel remarquable, le poulain totémique parcourt les artères névralgiques de la ville.   

Bien des associations locales tiennent à maintenir le lien entre Piscénois locaux, émigrés ou qui, comme moi, le sont de cœur. Le carnaval de Pézenas, comme bon nombre d'autres carnavals en France, a été inscrit en 2019 à l'Inventaire national du patrimoine culturel immatériel, dans la rubrique « Pratiques sociales et festives »

(1) anciennement « Foyer des Campagnes ». 

Pézenas, Lo Tamaro, animal fantastique, s'engouffre dans la vieille ville. Photo Cyril Feybesse.

Sources : Cyril Feybesse, Wikipédia, Hérault Tribune, Hérault tourisme, étymologie occitane. 

Note : à ceux qui regretteraient qu'il n'y ait rien sur Limoux... figurent déjà au moins quatre articles dans ce blog sur son fameux carnaval... il suffit de taper “ Limoux ” pour la recherche...  

samedi 22 mars 2025

La “ TUE-COCHON”, Jean-Claude CARRIÈRE et François DEDIEU (1)

La relecture et correction d'un projet « Un Languedoc Fleur d'Amandier » m'amènent à compléter dans la rubrique « Pauro bestio », pauvre bête à propos du cochon tué pour apporter aux humains. Jean-Claude Carrière puis mon père sont mis à contribution pour apporter un complément au sujet. 

Jean-Claude_Carrière_à_la_BNF 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported2.5 Generic2.0 Generic and 1.0 Generic license.Auteur Roman Bonnefoy

À Colombières, au pied du Caroux dont on voit la dent de chez nous, Jean-Claude Carrière indique que l’élevage du cochon se pratiquait avant 1940 et qu’avec la guerre, à cause des restrictions, cela fut nécessaire, les apports en viande, charcuterie et matières grasses ne pouvant mieux tomber. Les familles s’équipèrent d’une porcherie afin d’engraisser un cochon, parfois deux. Devant la maison, dans un gros chaudron de cuivre se cuisait la ration du pensionnaire : farines, châtaignes, herbes… Le cochon reste familier, reconnaissant d’être nourri, caressant même lors de ses petites sorties dans le jardin. On le soigne avec sérieux ! C’est à qui aurait la plus belle bête de plus de deux cents kilos ! 

Même en Moravie (Rép. Tchèque) Creative Commons Attribution 2.0 Générique Auteur kitmasterbloke.

À propos d'embonpoint, une lettre (janvier 1949) de la grand-tante de François fils, Céline (1903-1988) :

« […] Chez Paule on a tué hier le deuxième porc, le premier pesait 180 K et celui d’hier 225 K. Quant à nous qui en avons un mais plus jeune, il se fait joli et doit peser dans les 150 K nous le saignerons le mois prochain d’ici là il fera quelques kilos de plus… » 

« La fèsta dal porc (seguida).

Tout jeunes, nous n’étions pas autorisés à voir saigner par le boucher, appelé pour la circonstance, la magnifique bête qui allait fournir à toute la famille tant de vivres pour de longs mois. Plus tard, j’ai imaginé le cochon pendu par ses pattes de derrière à une poutre de notre cave, solidement maîtrisé par les puissantes mains de mon père et de son oncle, notre « oncle Pierre », [...] proprement saigné par le spécialiste malgré ses cris de désespoir ; le sang recueilli jusqu’à la dernière goutte dans une bassine des plus propres. Alors, le boucher-charcutier le coupait en deux dans sa longueur, et repartait, son travail terminé.

Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai pu voir tous les détails : le cochon tué au pistolet automatique spécial qui enfonçait le crâne de l’animal et avait déjà remplacé l’antique merlin d’étourdissement de nos abattoirs de village ; l’eau très chaude versée dans l’auge impressionnante contenant le cochon devenu porc par sa mort ; la chaîne introduite sous le corps et servant à débarrasser ce dernier de ses soies ; et, une fois l’épilation terminée, le porc suspendu devant le charcutier, celui-ci coupait en deux la carcasse et pratiquait l’éviscération. Les boyaux étaient ensuite soigneusement lavés et conservés pour la fabrication de la saucisse, des saucissons et du boudin… »

CABOUJOLETTE, Pages de Vie à Fleury à Fleury-d’Aude II, 2008, François Dedieu. 

Papa




lundi 17 mars 2025

FLEURY, balade en CHANSONS... (2)

 « ... Et sur ma route il y a des trous... », oui, des trous de mémoire, sûrement ou des trous d'air puisque ma vie a continué sous les tropiques de l'Océan Indien. 

Je n'ai pas vu «...tant de rues » et « tant d'églises », sauf peut-être à La Réunion... 



« ...Mais les plus belles étaient chez nous... », non, “ la plus belle ” c'est celle de Saint-Martin à Fleury, chez nous, plus chaleureuse qu'une cathédrale même si jadis, les logis accolés, la pissotière, l'abri pour les vagabonds, celui pour les feux d'artifice, lui donnaient l'air d'une grande... 

« Mon village est loin, à l'autre bout du Monde... », non, il est toujours resté là vu que les pensées, plus encore les mots échangés, le gardent à portée, lui, sa famille et les gens qu'on aime... 

Divergences ensuite, avec les paroles de Delanoé malgré « ... Les chemins qui mènent à nos collines Avaient des pierres douces à nos pieds... » 

Vite il faut le bâcler ce topo nombriliste, se mettre en cuisine, que le tripat, même en trichant à la cocotte, ça prend du temps. Et puis ce ne sont pas mes camarades qui m'ont oublié... ces choses-là ne se disent pas... la larme à l'œil, seulement seul, en secret... Que tous ceux qui font mon ciment me soient sauvegardés, trésors vivants qu'ils sont, puisque persistent en moi les copains trop tôt partis... proches sinon plus ou moins côtoyés, sinon par leurs parents et familles : Adrien, Alain, André, Antoine, Arnold, Bernard, Christian, Christophe, Claude, Daniel, Éric, Francis, Georges, Gérard, Gilbert, Guy, Henri, Jacky, Jean, Jean-Claude, Jean-Luc, Jean-Michel, Jean-Philippe, Jean-Pierre, Jean-Yves, Jérôme, Joël, Joseph, José, Louis, Marc, Michel, Norbert, Olivier, Pascal, Patrick, Paul-Serge, Philippe, Pierre, Raoul, René, Richard, Roger, Roland, Serge, Stéphane, Sylvain... les filles aussi Africa, Annie, Catherine, Chantal, Chloé, Colette, Danielle, Évelyne, Francette, Gisèle, Jackie-Jacqueline, Joëlle, Josette, Marguerite, Marie-Agnès, Marie-France, Marie-Josée, Marie-Thérèse, Martine, Maryline, Maryse, Mauricette, Michèle, Nathalie, Sylvie, Sylvette... pardon pour les prénoms oubliés mais que la rue, la maison, ponctuellement ne manquent pas de rappeler... une litanie telle celle de Marie Laforêt (1939-2019) « Anton, Ivan, Boris et moi Rebecca, Pola, Yohanna et moi... » : 

«... Sur le chemin de bruyères
Tout le long de la rivière 
On cueillait la mirabelle 
Sous le nez des tourterelles... » 
Paroles Marnay Eddy (1920-2003), compositeur Stern Émile (1913-1997). 



Mince, il faut rentrer, c'était juste pour le romarin et le thym du tripat, surtout que j'ai pris le temps d'une botte d'asperges. Au-dessus du talus où le vélo est caché, une vigne mais toute sèche, qui, lambrusque, n'ira pas courir dans la Montagne de Jean Ferrat (1930-2010), que le printemps ne viendra pas attendrir  : 

« ... Les vignes, elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré... »

Enfance, jeunesse, boulot aussi avec cette chanson idéale pour expliquer l'exode rural en classe de 4ème... Nostalgie multiple donc... Un chien costaud du museau passe sur la piste tracée désormais sur les friches, sans maître. Qu'il ne me sente pas malgré le Cers léger ; le coteau est devenu parcours pour les coureurs, les promeneurs, les baladeurs de toutous mais ce jour, heureusement, pas de moto tous terrains venue chambouler cette paix survivante (1)...  Et tant que nous sommes là, sous quinze degrés, malgré un ciel que le soleil n'a pas encore le courage de bousculer, ne suivons pas, finalement, les mots prémonitoires du parolier à l'intention de l'interprète :  

« ...Pas de discours et plus de larmes, 
Venez mes frères me dire adieu. » dans la bouche de Joe Dassin, devant mourir dans sa quarante deuxième année, si loin, à Papeete... 

(1) un jour j'en ai croisé un très prudent certes, attendant son petit garçon également sur un mini engin... je n'en pense pas moins que pour ces motos de mer au potin invivable... 

Ps : à propos des photos, commentez vous-mêmes que je suis enquiquiné : après 45 minutes, elles manquent de cuisson les tripes et j'ai dû les remettre sur le feu... 

Et les chansons, à la demande, vous saurez les trouver non ? 

FLEURY, balade en CHANSONS... (1)

Un petit plateau, rien du tout à vrai dire, à peine cinquante quatre mètres de haut... Et pourtant, mes huit ans, ce coteau n'étant qu'à deux pas du quartier avenue de Salles, de la maison, sont loin de l'inaccessible ; les vignes étagées, le lierre au vert d'hiver bon pour le moral, les talus aux amandiers, surtout quand ils fleurissent, les poireaux de quand les poisons n'étouffaient pas la terre, les asperges sauvages, au moins il reste ça... 


« D'où viens-tu gitan ? » chanson des Compagnons... 

L'appariteur en publiait quelques mesures pour l'arrivée sur la place du marchand de moules et de fruits de mer... Ils y avaient un cabanon ; un coin à éviter lorsque la différence est entretenue bêtement, à cause des rumeurs sur les voleurs de poules, voleurs tout court que la voyante ne prédira pas, et attention aux petits enfants, en prime, ils catafalquaient à l'argile les hérissons à rôtir... Vite, à la maison, au crépuscule, à l'heure qui les voit...  

« ...assis près de la flamme claire Qui jette à la clairière Leurs ombres de géants... » 

Tel Pascalet j'étais, l'enfant à la rivière d'Henri Bosco, parfois épiant de loin, caché, sans me douter qu'un jeune de ces Caraques, par compassion, m'aiderait à couper les raisins, à rattraper mes trois souches en arrière de la « colle » de vendangeurs. En demeure l'embarras, la gratitude, le regret de n'avoir pas dit bonjour, un jour aux gitans autour du feu... 

Voilà ce qui m'habite depuis, une fois adulte, la découverte de ce petit plateau, à présent que la dalle du toit a écrasé les murs du cabanon déserté ; au calcaire compact du Puech de Labade, notre sommet haut de 170 mètres (n'en souriez pas, de là haut on voit la mer !), au calcaire marneux de Tuffarel sinon aux grès verts de l'Oustalet (autant de lieux-dits, pas seulement de cailloux, avec des ruines ou toujours occupés sur le piémont oriental recherché pour la vigne) répond ce relief de galets (de lauzes en bordure) couvert de thym, de romarin, objets de ma balade en prévision d'un tripat. 


Encore à courir les marges, nos talus occitans, me défendrais-je de cette nostalgie aigre-douce, à la belle vue tous azimuts de mon village en bas, de ses collines aux moulins de part et d'autre (l'autre est aux voisins sallois), au pied de la Clape derrière, avec au fond la plaine de l'Aude, Vendres et son étang, Valras sa tour et encore la mer, me reviennent les paroles de « Mon Village du Bout du Monde », paroles de Pierre Delanoé (1918-2006), Joe Dassin (1938-1980) interprète.    

« Le vent s'engouffre dans ma valise... », oui, quand il a fallu quitter le pays, ce coteau... Ce n'était pas si loin, Lyon et puis des gens aimables disant en souriant que notre accent leur portait le soleil, mais... mais pour les vacances de Pâques par exemple, sur l'ensemble du parcours, nous passions seulement du velours des platanes au départ, au vert tendre des premières feuilles à l'arrivée, trois semaines de décalage. Et puis, un départ obligé pèse plus qu'un départ choisi... Tout n'est pas vécu en tant qu'exil... (à suivre)


dimanche 16 mars 2025

CARNAVAL, coutumes, croyances, interdits (4ème partie).

*24. À Rouffiac-d'Aude les nouveaux mariés sont tenus de monter un âne, tournés vers la queue ; plus nombreux, ils sont promenés dans une charrette tirée par l'âne, précédée par un masque qui, au bout d'une perche, présente des cornes que les femmes doivent baiser. 

Après le vol de la Joconde au mois d'août 1911  âne en cartonnage coiffé de la tiare de Saïtapharnès et portant le cadre vide de la Joconde, tirant le char des Gardiens du Louvre, char du Carnaval de Nice 1912, qui défile aussi ensuite à la Mi-Carême à Paris 1912. Domaine public Auteur anonyme

* 25. À Pezens les hommes mariés se liguent avec les jeunes pour faire monter à l'envers le dernier des nouveaux mariés, nanti d'une perche à cornes. Il s'agissait encore de prévenir contre la malignité du “ sexe dit faible ”, de la créature tentatrice... 
Les couples réfractaires à ces vexations faisaient l'objet d'un charivari, un tapage souvent nocturne pouvant durer jusqu'à contrepartie, à savoir l'acceptation de la vexation sur l'âne sinon un coup à boire en faveur des prétendus gardiens de l'ordre social... 
Ces veilleurs de la morale arbitraire n'hésitaient pas à rendre publique l'inconduite des filles et des femmes. 

*26. À Castelnaudary, la course de l'âne punissait les “ coupables ” d'adultères.  

romarin de la garrigue 13 mars 2025

*27. Les fêtes de carnaval  faisaient la part belle aux jeunes gens que l'attrait du sexe opposé, la testostérone rendaient despotiques et misogynes. Ils reprenaient pour leur compte les symboles de renouveau sinon de fécondité. Moins rêche, moins brutale, cette symbolique adoucie car plus juste à l'égard des femmes potentiellement mères, sera reprise plus concrètement encore lors des fêtes de mai. 
Veille du dimanche gras, les jeunes de Fabrègues, de Sain-Guilhem-le-Désert mettaient un bouquet (romarin, chou et farigoule)à la fenêtre des filles de vingt ans qui à leur tour, les invitaient le dimanche suivant. Ce cadeau du bouquet bien que de seul romarin, stimulant énergétique, existait ailleurs dans l'Hérault. 

Oreillettes de Laeti ma nabeude ! 

Oreillettes 2025 de ma sœurette ! 

*28. Pour carnaval, on se régale avec de pleines corbeilles d'oreillettes, pas de beignets comme partout ailleurs en France même si la pâte avec de la levure donne des oreillettes plus moelleuses, entre les craquantes et les beignets tels les bugnes du Lyonnais.  

*29. dans l'Ariège (Bélesta, Montségur, Dun), les jeunes filles devaient suspendre des fils obtenus au rouet autour de chaque arbre du verger afin de le rendre productif. À Lavelanet et Bélesta, le jour des Cendres, cela portait malheur de cuire le pain, de tremper le linge de la lessive. 

*29. pour carnaval et plus encore durant le carême on ne se mariait pas. (en raison d'un menu maigre pour les invités ?) 

*30. Carnaval juge et se débarrasse de l'hiver en maintenant l'élan viril, son rituel se complète avec les fêtes de mai plus valorisantes pour les femmes. 

Vrac de notes complémentaires (source principale « La France Pittoresque »).   

*31. Une brutalité pouvant aller jusqu'à donner du bâton, fût-il rembourré de paille,  sur l'assistance ou les passants ! 

*32. Carnaval, les masques, ont-ils un lien avec Janus le dieu aux deux visages ? 

*33. Exprimer la fête de carnaval par le biais des animaux : processions de l'âne, du bœuf gras avant son sacrifice, du renard... 

*34. Le renard est promené précédé par la volaille, habillé en ecclésiastique, un rapprochement des plus clairs quand mu par l'instinct, l'animal n'attend pas la fin de la procession lorsqu'il se jette sur les poules, en en tuant plus que besoin ! 

*35. Alors, quelle signification pour “ carnaval ” ? Enlever la viande pour le carême et aussi pour dire qu'on va manger le bœuf gras ? 

*36. Aux endroits où ils cuisaient des crêpes (pour rester en Occitanie, peut-être vers le nord de l'Ardèche), celle, celui qui la faisait tomber était contraint de la manger sans sucre. 

*37. Après les tristes années de la fin du règne de Louis XV mettant fin aux liesses du peuple, le carnaval reprend pour trois semaines sous Louis XVI. Par la suite, dès 1789, la Révolution interdit les masques en public ainsi que les bals masqués.