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lundi 18 novembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (13) L'élixir de la Montagnette

Je ne suis vraiment pas bon pour un jeu d'orientation... Si ce n'est suivre le cheval à sa charrue dans la vigne, c'est lassant de tracer de l'Ouest à l'Est dans cette carte de la Provence du Rhône, en descendant vers le Sud... sauf que, toujours disposé à me laisser surprendre par de l'inattendu, je ne m'en lasse pas ! 

Pont_du_Gard under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author Ben LIEU SONG flickr. Français  Le Pont du Gard, à Vers-Pont-du-Gard, département du Gard, région Languedoc-Roussillon, France

Remoulins ! parce que ce Languedoc est Provence et que la Provence du Rhône, sur ce bord, est Languedoc sur ce bord ! Alphonse Daudet né à Nîmes (encore des vestiges romains bien conservés !), situant ses lettres du moulin de Fontvieille, a aussi illustré cette réalité. De même, non loin, remarquable aqueduc romain, le Pont du Gard (1) ajoute aux monuments considérables du secteur, à Orange, en Arles notamment. 

Châteaurenard, patrie de Jacques Lalande (1921-2003), peintre d'enfants et de paysages , de Robert Miras, interprète du succès « Jésus est né en Provence 1973 », coquet de ne pas dire son âge. 

Lagnes, 1673 habitants, village de Jacques Polge (1943), parfumeur de Chanel depuis 1978, que je cite bien que n'aimant pas Coco... 

Mention à Cabrières-d'Avignon, en une période où renaît un antisémitisme puant, pour Marie et Attilio Garagnoli, Justes parmi les Nations pour avoir protégé des nazis les Pulvermacher. 

Gordes, plus beau village du Monde, a attiré plus d'une trentaine de personnes célèbres... rien à ajouter à cette peoplelisation... l'excessif banalise, minore, le trop sucré verse vers une aversion, serait-elle relative...  

Abbaye_Saint-Michel-de-Frigolet 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Author Aleks

La Montagnette, petit massif se hissant avec peine à 168 mètres d'altitude, mérite cependant d'être citée pour une des « Lettres de mon Moulin », celle du révérend père Gaucher, sous les traits de Rellys (1905-1991) puis, à la télé, de Préboist Paul (1927-1997), sauvant de la misère, grâce à son élixir avec farigoule, les pères blancs de l'abbaye Saint-Michel-de Frigolet (2). En 1880, comme toutes les congrégations non autorisées, les prémontrés subirent une expulsion spectaculaire, l'armée étant requise. De nos jours, à l'occasion de cérémonies, l'abbaye bénéficie des pèlerinages (hôtelleries, restaurant)(3). 

Le 14 juillet 2022, le passage d'un train a causé trois départs de feux dans la Montagnette, transformant en torches les pins d'Alep. Évacuée, l'abbaye a néanmoins été sauvée par les pompiers,      

(1) qui, du Ier au VIe siècle, a amené l'eau d'Uzès jusqu'à Nîmes.  
(2) mais le film de Pagnol (1954), n'y a pas été tourné. 
En 1984, le pape Jean-Paul II a promu l'abbatiale en basilique.
(3) À Châteaurenard, le Frigolet, liqueur, est le fait de distillateurs civils qui se sont inspirés des préparations des moines aux recettes tombées dans l'oubli. 

samedi 16 novembre 2024

« Un LANGUEDOC FLEUR d'AMANDIER », oraison pour Zorro...

Oraison, oraison... Jean Dujardin ne se met-il pas dans la peau d'un Zorro immortel ? 

Jeudi 14 novembre avec le mot « oraison » à inclure dans ses écrits : 

Vue d'Oraison (Alpes-de-Haute-Provence) depuis La Brillanne 2007 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Author Rainbow0413


Le Golfe du Lion, le Roussillon, un détour en Espagne puisque l'Histoire de notre cousine voisine a tant marqué le caractère languedocien. Ne reste plus qu'à remonter la Têt, passer la Cerdagne, parler de l'Andorre et rejoindre Sorgeat du tome 1, en haut d'Ax-les-Thermes... Un nœud afin de clore et notre circuit dans un SUD prenant ses aises bien qu'encore subjectif, partiel, et la ronde des saisons avec, au village, les vendanges, la rentrée, la Toussaint, le souvenir de 14-18, la Saint-Martin, les chevaux de travail sinon de guerre, les oiseaux migrateurs, les pluies parfois déluges mais promesses de champignons, des rouzilhous, les lactaires délicieux et parfumés de la garrigue. Non, pas d'oraison dans ce projet, surtout pas suivie de « funèbre » ; non, vu que « Oraison »figure dans « Un Languedoc Coquelicot » tome 2  ; c'est le bourg au bord de la Durance, sur sa colline à tous les vents, là où l'olivier ne veut pas dépasser les 650 mètres d'altitude...  

Vendredi 15 novembre : le mot imposé est « plume » : 

Autre fil rouge, en pointillé bien que primordial concernant l'identité sudiste, l'invitation aux références occitanes, à propos de plumes, d'auteurs qu'accompagnent des mots usuels et familiers d'une vie languedocienne à transmette absolument aux générations nouvelles. 
Dans notre premier volet augurant de la tétralogie entreprise (oh ! la prétention !), l'amandier en fleur, déterminé (les premières le 7 janvier 2023, plus encore les jours suivants bien que sur le même arbre pionnier) brave la mauvaise saison, tempère l'impatience de ce qui vit, sème l'espérance en vue du renouveau à venir ; réchauffement climatique ou non. L'amandier ? inébranlable ! A rapprocher du messager envoyé aux croyants pour Noël parce que les jours rallongent vers toujours plus de lumière. Messager aussi dans une lucarne en noir et blanc pourtant magique, ce cavalier qui surgit hors de la nuit sur son cheval, avec sa cape, son loup, noirs dans le noir... 

Zorro_(Character)Domaine public Author Matheus95


lundi 11 novembre 2024

11 NOVEMBRE

 Merci Bob d'avoir anticipé le 11 novembre avec ton évocation des Éparges de Maurice Genevoix...

Fleury 1990 Diapositive François Dedieu... papa mettait le costume, allait à la cérémonie suivie de l'apéritif convivial... Aujourd'hui aussi, beaucoup de monde... 


« J'ai donc ouvert « CEUX DE 14 » qui comprend cinq volumes « SOUS VERDUN » (25 août 1914- 9 octobre 1914), préfacé par Ernest Lavisse alors directeur de l'École Normale Supérieure dont Genevoix était élève [...] La deuxième édition de 1925 rétablit les passages censurés en 1916 (1). Genevoix était lieutenant et fut grièvement blessé en 1915. Il a ajouté son récit qui s'appuie sur des notes quotidiennes « La mort de près » ainsi que deux romans « Jeanne Robelin » et « La Joie ». Il avait décidé de rendre hommage à tous ceux qui étaient tombés à ses côtés : aux noms donnés dans le récit correspondent les noms authentiques, soulignés. »

Caboujolette (Pages de vie à Fleury II), 2008, François Dedieu.

(1) Genevoix mentionnait au moins trois paniques dont la plus terrible à la tranchée de Calonne, le 24 septembre 1914.

Un écho languedocien tiré de tout un carnet que nous devons au dessinateur carcassonnais Pierre Dantoine (1884-1955) et en occitan siouplèt ! Pas encore sur Wikipedia... j'en reste choqué ! 


vendredi 8 novembre 2024

« UN LANGUEDOC DANS UNE FLEUR D'AMANDIER » Présentation (4)


À l'égard des proches et, si on en fait partie, envers toute la communauté villageoise, toutes générations confondues, aimer, ce n'est jamais assez, ce doit être sans limite. C'est un point fort de la présentation de « UN LANGUEDOC DANS UNE FLEUR D'AMANDIER »

Mercredi 6 novembre, dans le cadre du concours littéraire Kobo, le mot imposé est « indulgent »

Me revient souvent ce titre de film génial, fort comme un aphorisme « Nous nous sommes tant aimés » parce qu'on ne le réalise qu'une fois passé à côté, bien des années après... bien sûr qu'il faut s'aimer sans limite, que le « tant » ne peut être que prétendu, théorique, le rapport aimant à l'autre se doit de rester infini ; à l'époque cela cadrait implicitement avec toute cette camaraderie qui nous faisait grandir ensemble et que la pudeur à ne pas analyser alors ce ressenti affectif a rejoint nos actes manqués, comme d'assumer n'avoir pas su reconnaître un bonheur familial à garder précieusement, n'avoir pas été assez indulgent envers les proches. Qui plus est, la vie nous a changés, raison supplémentaire pour entretenir cet ancrage se suffisant à lui-même, hors la raison, instinctif.
Ceci étant dit, n'y-a-t-il pas quelque prétention à vouloir se mettre en évidence en l'écrivant ? N'est-ce pas pour ne pas rompre avec un passé sans lequel nous ne serions pas ?

Jeudi 7 novembre, mot « épiphanie », a priori, restrictif...

Le pêcheur de tenilles, enfin l'homme qui veut dire ce qu'il a à dire, dans cette pièce qu'il se joue, sans savoir en combien d'actes puisque tout sera dire dans le même sens, toujours dans un recommencement d'épiphanie, enfin, ramené à l'échelle d'une vie humaine, au fur et à mesure que la tradition et le travail de mémoire réveillent des images, endormies, d'un album qu'on cherche à classer dans une continuité, un cheminement logique. À chacun se conscience bidimensionnelle, celle, intime, dont on fait notre affaire, celle, vis à vis des autres, lorsque, pour rien au monde, on ne lâcherait « Oui je reconnais que j'ai mal agi, que j'ai eu tort... ». Question du pire du troupeau, exprimerait-elle un orgueil, mal placé comme tous les orgueils, à museler publiquement mais à garder en son for intérieur, afin de rester qui on est. Toute expression artistique découle de l'extraversion. Mais se mettre ainsi en scène, sur scène, n'est-ce pas au nom de tous ?


Quand on va aux tenilles, en touriste, pour la mer, la côte, les terres, le paysage, manière de garder le lien avec notre cadre de vie, tout peut vous passer par la tête...

mardi 5 novembre 2024

Un LANGUEDOC dans une FLEUR d'AMANDIER. Présentation suite.

À l'occasion d'un concours littéraire, la présentation d'un projet en quatre volets, un par saison, SUD, C'EST ÇA ! pour l'hiver. Les amandiers en fleur, toujours fidèles, reviendront donner à réfléchir sur nos turpitudes.    

2 novembre Mot imposé du concours à intégrer : « cavalcade » 

Le massif de l'Espinouse, les Cévennes, qui, tout en haut de l'amphithéâtre languedocien surveillent toujours ce qui pourrait arriver de la mer même si force est de chercher une continuité aujourd'hui, entre la menace des Barbaresques d'antan, autrement sinistre qu'une cavalcade de la Mi-Carême, l'islamisme ambiant, l'afflux des migrants. 
Le mariage, par le passé longtemps « chambre à part » entre l'Homme et la mer, concernant les populations littorales éloignées par la malaria, la curiosité de l'ailleurs alors que la survie n'est plus en jeu ; lié à cette géographie du tendre, le souvenir respectueux des grands esprits marquant la culture de tous, celui des temps heureux d'une mer généreuse à l'infini, une poule aux œufs d'or tuée par une cupidité qui nous tuera à terme. Est-ce que le fric ça se mange ?.. 

Vendanges, alen- ou arencades à Majorque Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Friedrch Haag

3 novembre mot « emberlificoter » 

Dire que les maquereaux qui approchaient les côtes par bancs et que pêcheurs et mareyeurs, loin d'emberlificoter la ménagère, avaient du mal à écouler, au prix le plus bas, tout au long d'une ribambelle de villages à l'intérieur des terres, doivent mesurer 18 cm pour être prélevés, un coin de la nageoire caudale découpée, sous peine de contravention : taille minimale aussi pour les anchois, les sardines, ces poissons bleus qui apportaient un complément inestimable, de même que le thon rouge, assez fréquent dans nos assiettes alors... 2,5 cm pour la tenille  (telline, haricot de mer suivant l'endroit), les grosses de 4 cm étant rares, celles de 5 exceptionnelles, du moins au bord, pour une pêche de loisir tranquille, basique, sans combinaison isolante ; un coquillage si abondant alors, jusque les années 70, sans restrictions... Aujourd'hui, une grosse poignée suffirait, manière de marquer la saison, de ne pas oublier le goût unique de ce bivalve familier et de tous les souvenirs qui vont avec... 




lundi 4 novembre 2024

Un LANGUEDOC dans une FLEUR d'AMANDIER. Présentation.

Un concours ; au bout une hypothétique possibilité d'édition... mieux que la mouche du coche, tout aiguillonne quand l'addiction des mots est flagrante ; en marge du prestigieux Goncourt, modestie oblige, le premier mot imposé est « Bretagne », ici dans la présentation d'un « Languedoc dans une fleur d'amandier » SUD, C'EST ÇA ! 

1er novembre Mot à inclure « Bretagne ». 

Toujours le geste du pêcheur, sur son coin de plage, pas en Bretagne mais à Pissevaches, à l'opposé, mais chaque coin peut fasciner le cœur pour un mystère que la raison ne connaît pas. Pissevaches ? un joli nom, non ? Entre les Cabanes de Fleury, proche de Saint-Pierre-la Mer, le dos cassé, pourtant pour un petit appareil de seulement vingt centimètres d'ouverture et de profondeur, mais que seule la force des bras peut tirer... Nous sommes loin du tenillier classique que seuls les professionnels peuvent utiliser aujourd'hui, bien plus large (1 mètre), avec un filet en guise de poche afin de pêcher sans avoir à revenir au bord ; en bas, deux anneaux de traction sur la lame la lient à un harnais. Le travail des reins permettait de rester droit, une position favorisant les pensées et l'imaginaire à la vue d'un panorama combinant la courbe originelle du Golfe du Lion aux Pyrénées qui le ferment au Sud, à la bordure du Massif Central... 

Photo : Étang de Pissevaches. Cette année, c'est plein encore et les gens vont voir les flamants roses comme ici, en 2017 : Étang_de_Pissevaches Auteur Krzysztof Golik



mercredi 18 septembre 2024

DÉVIER, DÉROUTÉ, DÉRIVER... Fleury-d'Aude en Languedoc.

DÉVIER. Se fera-t-elle ? Ne se fera-t-elle pas ? c'est ce qu'on peut estimer à propos d'un éventuel évitement ouest de notre village, Fleury. 

Vue vers l'est ; à droite la colline de Montredon (le moulin), au fond, la Clape. 


Vue vers l'est ; en face, un pin solitaire de belle taille cache, au fond, les cyprès du cimetière vieux.  

Vue vers l'est ; les vignes de « Derrière l'Horte » ont été arrachées... Peut-on en déduire quelque chose ? 

Le pour ferait dire que ce tronçon parachèverait la déviation existante venant de l'Hérault et plus globalement qu'il remédierait à un envahissement automobile toujours croissant dans une traversée de village ancien, pour plus de tranquillité chez les riverains. 



Vue vers l'ouest. Sitôt après le hangar et le pin, la lambrusque dit encore que ce fut une vigne... 

Le contre découlerait de la crainte d'un passage diminué gommant l'intérêt touristique, réduisant la fréquentation du café, des restaurants, du peu qui reste de commerces de proximité. 
Cela induirait aussi  l'idée que l'invasion automobile pourrait se stabiliser sinon diminuer. 

Vue vers l'ouest, la “ coopé ”, la déchèterie (où le giratoire était prévu), le château d'eau... 


Et ne serait-ce pas significatif encore, suite au quasi doublement de la population en une quarantaine d'années, d'une volonté de “ se ” garder une commune à taille humainement “ supportable” ? Dans quelle mesure, la loi sur les 30 % sociaux devant accompagner tout plan de construction de logements, est intervenue dans l'abandon du projet ?  

DÉROUTÉ. Cette balade commence au cimetière... pour la sérénité qu'apportent les cyprès plus que centenaires... 

«... Tout lou passat qu'es enterrat
Joust lou ciprissiè qué negrejo... » (Lou Doublidaïre, Jean Camp). 


L'âge venant, si la vie résiste, on se sent néanmoins comme ce pied de vigne abandonné des hommes... Pour avoir grandi et tant aimé ce côteau que prolongent Fontlaurier et le Phare, encore une fois, cette balade ne doit rien avoir de lugubre... La vie d'aujourd'hui, c'est ce parcours bien que tassé (1) par le marcheur, le coureur, le promeneur du toutou ; il débouche sur la maison ruinée des gitans du temps où les Compagnons de la Chanson chantaient les naseaux écumants des chevaux ; seule témoigne la dalle du toit : elle a écrabouillé les murs, symbole peut-être, pour ceux qui se souviennent, des coups de couteaux intrafamiliaux qui mirent fin à leur présence au village... 


DÉRIVER. Survivre, c'est ces boutelhetiers qui persistent à donner leurs azeroles juste de peau et de noyaux (2). 



Survivre, c'est, sur le goudron, le jus de raisin qui a coulé dans la descente... du temps des chevaux, il n'y avait que leur crottin et leur pisse... 


Mourir, ce sont les touffes de thym qui n'ont plus pu attendre la pluie salvatrice... pas lugubre encore, mais d'un pathétique... ce n'est qu'une balade, nous ramènerait-elle aux cyprès vieux de 150 ans...  

(1) dans le contre à cette rocade, le souci aussi de ne plus bétonner même si les bassins de rétention sont prévus, de quoi être déroutés encore puisque, avec la sécheresse qui accable, existe aussi la crainte d'un déluge aussi destructeur.   

(2) on disait jadis qu'une année d'azeroles n'était pas une année de raisins... Peut-on en faire état, déroutés que nous sommes par un bouleversement climatique oppressant (dernièrement Boris, cette dépression tempétueuse à la trajectoire NE-SW incroyable) ?     


lundi 16 septembre 2024

Le CERS ? qu'es aco ?

 
Windy: Wind map & weather forecast

Lundi 16 septembre 2024, 10 heures : remarquable, instructif, faute de pluie, le site Windy apporte du vent au moulin. 

Incontestable, cette carte montre les puissances du Mistral, des Cers audois et de l'Èbre, même si une tramontane catalane tient à se greffer sur ce “ selfie ”.   

Tout est dit et c'est bien pour ce motif que les images et commentaires météo des chaînes d'info, des journaux télévisés, avec seulement « Mistral et tramontane » à la bouche, sont plus que coupables d'une dérive dépassant leurs intentions. Disant cela, que peuvent évoquer ces journalistes aussi proches et appréciés du public que les présentatrices-présentateurs des journaux ?
Le Sud, le Midi, un rituel de vacances, de Méditerranée, de plages peut-on s'avancer à penser... apologie d'un art de vivre de classe aisée même s'il est fait état des risques, des incendies et si, marronnier de la rentrée, ils nous montrent ces enfants défavorisés qui ont pu passer une journée à la mer.
Rien d'anodin en cela, tout est politique, ceux qui apparaissent ne doivent surtout pas dévier de ce qui est autorisé officiellement sous peine d'exclusion sans autre forme de procès. Aucune trace internet de cet animateur météo de FR3 viré du jour au lendemain pour avoir dépassé le cadre dévolu. Ainsi, en interne, la censure, l'autocensure, la mise sous le tapis voire aux oubliettes, font toujours figure d'épée de Damoclès ; pour le public, le paternalisme, la fausseté, le choix de ce qui est bon ou non à entendre, chapeautent des médias “ pour le système ”, qu'ils soient publics ou privés, cachés derrière un concept global de démocratie, de bien contre le mal, au sujet desquels il ne faut pas faire allusion à la dominance autoritaire de Paris faussement « main de velours » et très « gant de fer ». 

En conclusion, défendre le Cers, nom d'un des plus vieux vents de France, rappelons-le, artificiellement opposé à des tramontanes, vents descendants, est l'expression d'une résistance politique, ici occitane, à un pouvoir central aussi tentaculaire qu'exclusif, contradictoire à toujours nier toute identité culturelle autre que francilienne et dans l'acceptation (est-ce sincère ?) des différences individuelles... le communautarisme serait-il en cause.   

dimanche 28 juillet 2024

VIEIL INDIEN, VIEILLES LUNES, le voyage en Tchéco (3)

La Lergue à hauteur du Puech, under the Creative Commons Attribution 4.0 International license. Auteur Tournasol7

La Lergue, belle rivière méditerranéenne (affluent rive droite de l'Hérault au niveau de Canet : un dénivelé de presque 770 m. pour 45 km de cours), appelant fort à la baignade par une canicule estivale ; grâce à son échancrure sur les contreforts du Larzac, elle permet le passage de l'amphithéâtre languedocien vers le Massif Central, directement vers la capitale, par l'A 75, de son petit nom, la Méridienne. 

Elle passe à Lodève, la Lergue, et après la géographie, c'est l'histoire qui s'impose. Oh un détail seulement, mais pas comme dit par un révisionniste ; et puis c'est la faute à Sean Connery ; avec « Le Nom de la Rose », au sein d'une sévère abbaye-forteresse bénédictine, l'acteur joue l'opposition entre Bernard Gui, le terrible inquisiteur dominicain et lui même, moine franciscain, d'un ordre bien plus proche des valeurs chrétiennes de bonté et de tolérance, Guillaume de Baskerville.

L'Agitateur_du_Languedoc (Bernard Délicieux) tableau de Jean-Paul Laurens (1838-1921) Domaine public. Musée des Augustins Toulouse.
 

Le personnage, scenario oblige, évoque incontestablement Bernard Délicieux, qui, au début des années 1300 dans le Midi, a défendu les Bonshommes prétendus hérétiques ainsi que les béguins dissidents... une prise de position qui amena l'idée de sécession au profit du roi de Majorque sauf que Philippe IV le Bel et la papauté, une fois réconciliés, réitérèrent sur le Midi la duplicité sanglante pour le pouvoir, le sabre et le goupillon. Bernard Gui (et non « Bernardo » du film), évêque de Lodève, mourut en 1331 à Lauroux, sa résidence campagnarde proche. Bernard Délicieux perdit le procès contre Gui ; il périt vers 1320 dans son cachot de Carcassonne ; en 1318, un siècle en gros après la sinistre croisade contre les Albigeois, Narbonne, Capestang, Béziers, Lunel et Lodève eurent à subir les buchers purificateurs de la dite “ Sainte Inquisition ”...

La température est fraîche, la montée du Pas-de-l’Escalette n’a pas fait du tout chauffer le nouveau moteur. L'eau de la Lergue n'a pas appelé à la baignade... 
Lors d'un itinéraire vers la Tchéquie, pays de sa maman, la vieille route les avait entendus chanter « Que la Montagne est Belle » de Jean Ferrat. Et avec quel enthousiasme ! Paradoxal, étrange à propos d'une complainte pathétique, l'exode rural... C'est qu'ils partaient dans l'émotion du voyage, vers des parents, grands-parents aimés, ce qui tenait un peu du défi, en pleine Guerre Froide... La chanson de 1964, ils la chantaient en 1965, merci Ferrat...
 
Brebis_en_pâture_sur_le_Larzac 2013 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Auteur Jean-Claude Charrié
 
Là-haut, le Causse du Larzac évoque toujours bien des choses de paysans, de moutons (1), de langue occitane «... sur lou causse hauturous qu'es coumo sa patrio » (sur le causse altier qui est comme sa patrie), une trilogie victorieuse de la terre caussenarde contre l’armée arrogante, en voie d'exproprier et agrandir le camp du Larzac, rappelant, à son corps défendant, l'agression de Montfort, des barons du Nord. 
 
Panoramic_view_of_Millau 2019 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Author Krzysztof Golik
 

Pas d’arrêt au fameux point-de-vue sur Millau de sa grande déconvenue de 2023, nul besoin de l’ongle noir au gros orteil gauche pour rappeler ses trous noirs du voyage raté de l’été passé : d'abord se prendre l'unique roc dépassant de la terrasse sur le canyon de la Dourbie, ensuite ce bouchon de refroidissement passé on ne sait où, fatal pour le joint de culasse mais qui pourtant mit fin à une entreprise risquée... une folie que de partir avec une enflure vite diagnostiquée phlébite… 

«...Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?...» Milly ou la terre natale. Lamartine, même si le pays, le paysage qui lui est cher, ne peuvent être confondus avec des « objets ». 

(1) Les moutons, adaptés au dénuement des causses, fondements, par le passé, de toute une économie, vivrière grâce au fumier pour le potager et les céréales du paysan, industrielle avec la laine matière première du tissage en ville de cadis et de serges, agronomique dans la production de lait pour le roquefort, agro-manufacturière avec le travail des peaux à Millau, la fabrication du fromage entraînant le sacrifice des agneaux au sevrage... Que reste-t-il de cette économie traditionnelle ? Et qu'en est-il de la transhumance séculaire qui voyait monter les troupeaux du Bas-Languedoc ? 

Années 70

 


samedi 15 juin 2024

LES MOULINS À NUAGES, Georges-Jean ARNAUD.

Georges-Jean Arnaud (1928-2020), auteur prolifique (416 romans !) tant de science-fiction, fantastiques, que policiers, d'espionnage, érotiques. Régionaliste aussi... sans être dans la confidence (combien de livres sur ce thème... de la région j'entends ?), avec « Les Moulins à Nuages », la quatre de couverture, la dédicace à Ulysse, arrière-petit-fils, dénotent du lien de l'auteur avec l'Aude, plus précisément les Corbières. Qui plus est, Georges J. Arnaud a été instituteur à Fitou avant de tant produire comme écrivain, de vraies racines... 

 

Et s'il n'y suffisait pas, l'édition 1988 de Calmann-Lévy débute avec une carte où des rayures marinières figurant la mer confortent une certaine ancienneté. L'Aude entre Hérault et Pyrénées-Orientales, Minervois au nord ; au centre, les Corbières, à demi ouvertes au levant sur les axes vitaux, vers Toulouse, vers Perpignan et l'Espagne, leur partie au couchant encore dans un blanc “ terra incognita ”. Les voies du tramway à vapeur y figurent et en attestent : verticales, en marches d'escalier depuis Lézignan vers Thézan, Durban, transversales de Narbonne à St-Pierre-des-Champs, de Port-la-Nouvelle à Tuchan. Pas de date sur cette carte où ne figure pas encore le terminus de Mouthoumet au cœur du massif, mais le réseau des tramways de l'Aude (carte de R. Jannot) a été créé au tout début des années 1900, soit au milieu de la vie du grand-père Antonin Louis Pla dit Planou (1866-1942), centrée sur les villages de VILLENEUVE et “ CASCATEL”, mentionnés hormis le “ S ” qui manque à Cascastel, en lettres majuscules.  

Mais d'où sort-il ce livre qui traînait avec d'autres en bas du lit ? Malheureusement, comme pour certains points, c'est le trou noir, de mémoire... l'âge sûrement... à presque oublier d'en parler alors que tout, dans ces 380 pages, parle d'une vie vivante encore au début des années 60. Pardon de tirer la couverture dans un manque de modestie flagrant... Avant tout, voyons tout ce qui ramène à un passé sudiste d'un ancien temps plus général, pas si loin que cela, souvent hier seulement, vers lequel il n'est pas question de revenir mais sans lequel la marche obligée vers demain s'avèrerait plus fragile et incertaine encore qu'elle n'est... 

Corbières maritimes. Sémals (les comportes) et tomata «… la Muda tordait le cou à ses torchons de tomatat avec la même poigne féroce que pour ses pigeons… », étrange cette orthographe, « tomatat », associée à sa tante Jeanne. Les chèvres, qui,comme à Fleury, rejoignaient le troupeau communal emmené par le berger communautaire ; les canards, friands de grappes d'escargots (cagaroulets sur les tiges de genêts / diminutif de cagarau), aussi muets que la tante, la Muda, qui passent la journée à la rivière, les fèves de caroube pour les chevaux et sa gourmandise, l'écurie aux fortes odeurs d'urine et de sueur, une « bouronne » pour faire auvent (« bourouno » dans le parler d'oc de Fleury). Et presque de suite, l'apport, la présence de la langue naturelle, l'occitan dans sa variante languedocienne sauf qu'à Fleury, de façon plus neutre, on dit « macarel » alors que le père de Planou dit facilement « macarelle de puta »... au féminin... 


Entre 1870 et 1942, entre pouvoirs royal, impérial, républicain, honni par les petits propriétaires conservateurs, espéré par les journaliers (brassiers, dits aussi « bouillés » dans le livre) espérant mieux, commodément présentée en tant que roman, c'est la saga de sa famille que Georges J. Arnaud raconte. La façon de vivre, l'état d'esprit, les vendanges, les crises de la vigne, les rivalités politiques aussi jusqu'à la présence d'un Espagnol tirant sur le gitan et l'anarchisme, nous filent dans la tête à la vitesse des vies qui défilent... 

G. J. Arnaud bien qu'installé à La Londe-les-Maures ne manque pas d'honorer ses aïeux des Corbières. Tout son livre nous touche à plus d'un titre avec une mention à part sur les vendanges, un sujet de choix quand la saison s'y prêtera    

jeudi 4 avril 2024

QUAND TOUT S’ÉCROULE À L’AQUEDUC ! (6ème partie) 30 mars 2024.

Voilà pour le contexte, à savoir ce XIIIème siècle (source principale, « Chronique de la France », Acropole 2000 (un livre de 4,5 kg acheté vers 2008 au prix de 6 € le kilo !).  

Plus pacifiquement, afin de rejoindre notre propos sur l’aqueduc souterrain de Fleury, c’est une période marquée par des progrès avant tout pour l’agriculture. En 400 ans, la production a été multipliée par 1,6. Les paysans ont de meilleurs outils ; les moulins à eau contribuent à moudre les grains, à brasser la bière, à extraire l’huile, à fouler des étoffes, à sortir du papier. Plus nombreuses, les forges s’installent près des forêts, le fer remplace le bois (outils); la charrue est plus efficace même si elle nécessite de quatre à six animaux de trait. On ferre les chevaux, le collier d’épaules, le joug pour les bœufs, permettent de mieux tirer partie de l’effort physique demandé.

Le climat plus favorable, l’absence d’invasions influent aussi sur les changements.    

La société bénéficie de ces avancées, nombre de serfs rachètent leur affranchissement et partent s’installer en ville ou rejoignent les vilains chez les manants ; les produits agricoles voient leur valeur augmenter et les tenanciers préfèrent payer leurs redevances en argent et non plus en nature, les premiers paysans riches, les “ coqs de village ”, apparaissent ; le seigneur aussi va chercher à produire plus pour vendre en ville.

Toute l’Europe connaît une forte croissance démographique ; avec plus de bouches à nourrir, il faut de nouvelles terres à travailler, des terres au coût toujours plus élevé... c’est dans ce cadre que l’étang dit “ de Tarailhan “, aujourd’hui “ de Fleury ”, va être asséché.

Nous devons d’en savoir davantage à Jean-Loup Abbé, professeur des Universités honoraire, antérieurement professeur d’Histoire médiévale à l’université de Toulouse-le-Mirail, auteur de “ À la Conquête des Étangs ” Presses universitaires du Midi 2006, animateur de conférences dont celle de Marseillette en date du 15 mars 2022 (en ligne). 
Merci aussi aux Chroniques Pérignanaises pour l’ouvrage « De Pérignan à Fleury » 2009, en ce qui concerne particulièrement les recherches sur l’étang ainsi que la généalogie fouillée des vicomtes de Narbonne, barons de Pérignan, suivie de celle des barons et ducs de ce qui fut notre seigneurie.  

Que sont ces nombreux étangs ? Les vents, qui plus est les vents forts comme le Mistral ou le Cers, érodent certaines zones plus tendres ; les poussières emportées font ensuite place à des cuvettes plus ou moins profondes (de 1 à 4 mètres) qui retiennent les eaux de pluie. L’idée de mettre en culture ces terres inondées date de l’antiquité ; s’agissant de creuser, ce “ travail de Romain ” s’impose, lorsque, au Ier siècle de notre ère, il faut entreprendre sous terre. 

Sur une base IGN (merci Géoportail), le tracé de l'aqueduc souterrain de Fleury avec les puits positionnés par les Chroniques Pérignanaises (merci à eux) mais avec l'ordre de creusement logique de l'aval vers l'amont. 


Après calcul de la pente (4 ‰  à me fier à mes souvenirs d’école, à Monsieur Carrère, le directeur à Pézenas... même si on s'en tenait aux pourcentages) la technique consiste à creuser des puits à commencer par l’aval (1), à une cinquantaine de mètres d’intervalle (21 intervalles pour 20 puits, merci encore Monsieur Carrère qui nous posait le problème des arbres à planter sur une ligne non fermée ! seule la règle de l'intervalle supplémentaire permet de résoudre sans plus réfléchir !)... sauf que le calcul n'est que théorique... la distance entre les puits doit dépendre des changements de direction, entre deux coudes, certaines sections sont forcément plus courtes. Depuis ce que sera la sortie de la galerie, il faut creuser vers le premier puits d’où une autre équipe creuse à rebours... il s’agit de ne pas trop s’écarter à la jonction. (Numéroter les puits depuis l’amont, depuis l’évacuation de l’étang suppose qu’on ne tienne pas compte ou alors qu’il a échappé que la procédure consiste à commencer par l’aval...). Ces puits seront ensuite utiles pour l’entretien de la galerie, leur localisation précise s’avère donc plus que nécessaire... (à suivre) 

La carte dite de Cassini (on devrait dire “ des Cassini ”, élaborée sur tout le XVIIIe siècle jusqu'en 1818 pour sa forme actuelle, indique encore l'Étang de Fleury pour la pêche. Au moins le jardin du Duc est mentionné dans des secteurs toujours connus aujourd'hui sous les noms “ l'Horte ”, “ Derrière l'Horte ”. Le cours du ruisseau du Bouquet figure bien jusqu'à l'Aude.  

(1) Au niveau de la source du Bouquet, alors en rase campagne, peut-être dans ce que la carte de Cassini nommera plus tard “ jardin du Duc ”.