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lundi 8 août 2022

L'Ariège de mes aïeux (1)

Dans les années 2000, un étudiant "de la diversité républicaine", virulent de l'anticolonialisme de par une réflexion aussi orientée que partiale, m'envoya un message violent sur mon héritage peu reluisant de colon esclavagiste. Heureusement, je m'étais intéressé à mon ascendance ariégeoise pour comprendre les raisons qui les ont poussés à descendre dans le bas pays, dans l'Aude. Aussi n'ai-je pas fait dans la dentelle en guise de réponse : 

"Espèce de salopard, à cause de la maladie des pommes-de-terre, mes ancêtres crevaient de faim en Ariège et ont dû émigrer ! Va voir plutôt les façades immorales jusque dans leurs sculptures, des trafiquants de Bordeaux, Nantes ou Saint-Malo avant de baver ta haine !" 

Avril à Montagagne : on plante les pommes de terre... (1968)

C'est trop commode de pointer du doigt, d'accuser tout un peuple autochtone et historique pour sa couleur de peau, surtout venant de nos égaux de la France ultramarine. Depuis, grâce au portail Persée et à deux articles "Disette et vie chère en Ariège à la fin de la monarchie de Juillet 1845-1847" par Philippe Morère 1920 (1) et "Le mouvement de la population en Ariège de l'an IX à 1936" de François Gadrat 1938 (2), j'en sais un peu plus sur le cas particulier que représente l'Ariège avec, en corollaire, l'émigration définitive de ma branche paternelle, trois générations en amont, entre 1870 et la fin du XIXe siècle.  

En 1845, en Ariège, 25.000 personnes sont sur le point de n'avoir plus d'aliments. En 1847 avec l'augmentation des céréales, la hantise de la famine se fait plus d'autant oppressante que les disettes chroniques de 1817 à 1837 marquent les mémoires... Plutôt voler quelques pommes de terre pour se retrouver en prison mais nourri ! 

Pour ajouter à un tableau de l'Ariège encore à contre-courant, quelques  indications. 
En 1846, le département nourrissait 55 hab/km2, dans la moyenne nationale sauf que les montagnes, moins productives, difficiles à vivre auraient dû baisser ce chiffre. Or, en 1806 c'est avec les Pyrénées que l'Ariège augmente sa population ! L'administration pense s'être trompée et refais ses comptes mais rien n'est plus vrai : les arrondissements de montagne, Foix et Saint-Girons, sont plus peuplés que la plaine !  Le montagnard s'avère être plus cultivateur qu'éleveur. Est-ce une conséquence du code forestier de 1927 réservant la forêt au charbonnier payé par les riches (alimentation des forges que possèdent ces derniers), l'interdisant au paysan qui doit garder ses bêtes à l'étable, ce qui ne peut qu'animer un cercle vicieux de mauvais rendements par manque de fumier. Aux disettes chroniques, aux mauvaises récoltes qui se répètent, s'ajoutent de fortes augmentations d'impôts. Le code forestier causa une révolte importante au point de prendre le nom de guerre (des Demoiselles 1829-1830 ), s'ensuivirent des soubresauts (1834, 1836, 1842, 1848). 


Vue de Massat et des Pyrénées depuis le col de Péguère commons wikimedia Auteur Daieuxet d'ailleurs

Mais comment pouvaient-ils vivre si nombreux (3) seulement au fond de vallées encaissées ? Sur les soulanes (à l'opposé de l'ombrée) les restes des terrasses montées à main d'homme (4) sont-ils encore visibles ? Comme partout alors à la campagne, il fallait subvenir à son besoin essentiel, l'alimentation, du sarrasin pour le pain noir, des choux, des blèdes et surtout des pommes de terre avec de la graisse, du lard ou un morceau de cochon. (à suivre)

(1) 1870-1926 naissance et décès à Mercus-Garrabet (entre Tarascon et Foix). Historien, professeur à Foix (son village natal ne le mentionne pas dans les personnalités liées à la commune). 

(2) 1891-1971, né à Foix, agrégé d'histoire et de géographie, grand blessé de guerre, professeur à khâgne Toulouse puis Paris, inspecteur général en 1945, historien de grande culture (la ville de Foix ne le mentionne pas dans les personnalités liées à la commune).   

(3) en dessous de quatre enfants, les couples "peu productifs" étaient raillés. 

(4) "... Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes 
Jusqu'au sommet de la colline..." Jean Ferrat "La Montagne" 
... et remonté la terre ravalée par les orages et intempéries.  






lundi 21 février 2022

LE POUMAÏROL (14) du vin, du pain, un peintre d'icones et toujours Ferrat !

Apparemment égrillards mais pour rire, à l'âge où l'autodérision fait envisager la vieillesse avec une certaine philosophie, au prétexte que les filles du Poumaïrol sont fraîches et charmantes (le présent n'est que de narration...), Serge et Roger, copains de longtemps, ont voulu voir ce pays de montagne aussi perdu qu'inconnu. "Heureux comme avec une femme", de découvrir, d'en apprendre davantage, de réfléchir sur un passé riche d'enseignements, ils cultivent une amitié aussi rare que vraie, faite de joies, de plaisanteries, de confidences parfois, quand les bons plats et le verre plein aident à délier les langues. 

Route du Poumaïrol. 

Serge : ...les hêtres sont redevenus taillis, la forêt de sapins a repeuplé les prairies, les genêts et broussailles ont pris la place des navets, des oignons, des haricots. Les filles sont descendues, définitivement, de l'autre côté cette fois, dans les usines du Tarn, travailler les laines, les peaux venues du monde entier. Avec le souvenir des eaux claires du Poumaïrol, à présent celles, indigo, chargées, noires presque, du Thoré pollué. 
Finie, bien finie la chanson coquine pour la Barraquetto :

"Las castagnos et le bi noubel
Fan dansa las fillos et le pandourel."... (1) 

De toute façon le cliquetis acharné des machines à tisser couvre définitivement la voix des filles de la montagne... 

Roger : arrête, tu vas me faire pleurer... "Ma môme, elle joue pas les starlettes, elle met pas des lunettes de soleil..."

Serge : oui, tout à fait ça ! Ferrat toujours ! avec sa môme... "elle travaille en usine..."... à Mazamet pas à Créteil où l'ail de Lautrec ne pousse pas... Mais Ferrat a préféré la montagne à la banlieue...

Roger : hier on chantait son châtaignier... comme quoi, par certains côtés, les Cévennes vont bien de l'Ardèche à l'Aude en passant par l'Hérault et le Tarn tandis que nous pleurons sur notre jeunesse perdue, les filles qui nous ont plu, celles qu'on a aimées... la nostalgie, quoi... L'autre jour j'ai entendu Valls, tu sais, le premier ministre du président ordinaire, prétentieux au point de toujours vouloir paraître, un peu comme Ségolène, ici ou à Barcelone :
"Non ce n'était pas mieux avant !" il le dit sans nuance, je crois que c'est ce qui me heurte le plus. Sinon, évidemment que nous évoluons, d'ailleurs, comment faire autrement ? Sauf que le progrès, si valable par exemple, dans la médecine, ne nous a pas épargné des dégradations, souvent une fin de vie solitaire, la fin d'une vie solidaire, plus saine par bien des aspects même si on ne vivait pas si vieux... Enfin, il faudrait y réfléchir quoique, sans aller plus loin, tu connais quelqu'un qui aujourd'hui sortirait de chez lui sans fermer sa porte à clé ? 

Serge : et Interneiges en hiver, Intervilles en été ? Une impression souriante de l'Europe, pas techno comme maintenant... il y a Arte mais c'est plus académique, moins chaleureux, pas aussi sympa... Oui, tu as raison, c'est dommage de n'avoir pas évalué et gardé ce qui en valait la peine... et puis, cette course au toujours plus, le fric, le fric, le fric avant tout... et pour la planète, après moi le déluge !

Roger : arrête que ça nous gâcherait la balade. Nous y sommes au Poumaïrol ! Dire que j'y suis passé, il y a dix ans peut-être, sans savoir le joli nom et ce qu'était ce pays... "Pourtant que la montagne est belle..."

Serge : encore Ferrat ! magnifique cet homme ! Tu as vu le panneau du village de Sales à deux-cents mètres ? 

Roger :  ... l'école, l'église mais c'était avant... l'école pour les enfants : des kilomètres à pied par tous les temps ! l'église où tout le plateau se retrouvait pour la messe du dimanche, un baptême, les communions, un mariage, un enterrement ! Le poids de la religion, des siècles durant... Ah ! avant d'oublier, tout à l'heure, pour le col de Serières, qui donne vers Les-Verreries, que je te finisse : là-haut se trouve une stèle pour les cinq habitants que les Allemands ont exécutés. 

Les Verreries-de-Moussans, monument aux morts& mémorial de la Résistance Wikimedia commons Author Fagairolles 34

Serge : des maquisards ? 

Roger : oui et non. Suite au débarquement, la guerre s'annonçant mal pour Hitler, après juin 1944, les maquis ont été de plus en plus actifs. Avant celui de la Montagne Noire, à l'ouest de Nore, ici, les paysans qui les ravitaillaient ont été dénoncés par un gendarme de la brigade de Saint-Pons. En plus de ces morts, pense que ces Allemands ont pillé les ressources, saccagé les maisons, tué les bêtes, violé les femmes... 

Serge : les guerres, la guerre... Tiens, vraiment il faudra qu'on revienne, je vois qu'en bas, dans la vallée du Thoré, dans des églises, figurent des fresques de style byzantin d'un nommé Nicolaï Greschny, estonien de naissance... Il a peint en échange d'un lit et du manger... Elle en a chamboulé des destins, la guerre... et tous ces hommes d'un bord ou de l'autre, capables de commettre des atrocités, du meilleur autant que du pire... Un saint homme ce Nicolaï ! Et ce gendarme de Saint-Pons ?

Roger : zigouillé, sauf erreur, après la libération... Mais va voir, j'avais trouvé ces précisions en tapant "maquis de l'Alaric". C'est Signol, figure-toi, qui m'a mis sur la piste. Dans "La Lumière des Collines", la suite des "Vignes de Sainte-Colombe", il l'évoque rapidement.

Serge : c'est pas possible ! On venait pour des filles pimpantes, vaillantes comme des abeilles, piquantes en essaim et seul le silence de la mort nous répond ! 

Roger : oh ne le vois pas comme ça ! il n'y a que des souvenirs vivants qui nous poussent à apprécier la vie... "La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie..." chante Souchon... et rien n'est noir ! Regarde, on se maintient malgré le covid, on s'enflamme pour une histoire de jolies filles, tu as presque revécu tes amours aux Verreries-de-Moussan ! Et comment ! royalement, dans une Peugeot 203 ! En fouinant, tu découvres un Nicolaï qui a apporté sa passion sur une terre jadis disputée entre protestants et catholiques mais pas fermée à l'orthodoxie byzantine ! Qu'est-ce que tu veux que j'ajoute ? cette terre en partage mais qu'on veut nôtre, l'intégrisme religieux dépassé, le bon vin qu'on s'autorise encore, parce que les raisins, nos vendanges et celles, magnifiques, des paysans du Poumaïrol, qu'ils montaient jusqu'ici, sous les étoiles, la nuit, au rythme lent et balancé des attelages de bœufs... 

Serge : "J'ai deux grands bœufs dans mon étable...
Deux grands bœufs blancs tachés de roux... "

Roger : Arrête, le refrain est choquant... Il me gâcherait ces foudres et pressoirs, certainement encore dans quelque cave ou remise du plateau... J'en ai les larmes aux yeux... C'est trop beau pour être mort ! un vrai conte de Noël ! Formidablement magnifique ! Mieux encore, pour qu'il y ait la vie, avec le vin il faut le pain... j'en perds le fil mais je te garde la merise sur le Poumaïrol...  
"Quand il n'y a plus personne, que le plateau est déserté, du pain pour qui ?" tu peux me le dire... 

Serge : tu m'as claqué le clapet... je ne dis plus rien...  

Roger : ... et il ne nous resterait encore que les yeux pour pleurer ! Sauf que ! détrompe-toi, déjà, vingt ans en arrière, quelque chose comme ça, deux boulangers et peut-être des gens du coin, ont créé l'association du Moulin de Poumaïrol... qui dit moulin dit farine et leur farine biologique, traditionnelle, moulue par des meules de pierre qui, entre parenthèses, pourraient venir de Saint-Julien-des-Meulières... laisse moi imaginer... par contre, ce lien avec le bas-pays, comme pour le vin, correspond au réel ; il me plaît beaucoup... Bref, la bonne farine a eu petit à petit de plus en plus de succès, ce qui a permis de tenir jusqu'aux premières récoltes de blés locaux, bons, équilibrés, oubliés par l'industrie car moins productifs... Attends, je clique pour ces variétés de blés anciens, pour avoir leurs noms plein la bouche ; ils colorent les pains, donnent un goût unique : blé barbu de pyré dit aussi "du Roussillon", la touselle à l'épi sans barbe, "la bladette" de Puylaurens dans le Tarn, le rouge de Bordeaux (2a, 2b, 2c), de ceux qui ont la "force boulangère". Tu peux rouler les "R" ! Enfin, cette belle aventure continue et se développe... "... rien ne vaut la vie...". Tu vois qu'on peut finir cette virée sur une note d'espoir ! Zut je m’écœure à force de sortir des banalités ! A propos, qu'est-ce qu'on mange de bon à midi malgré la bière sans alcool ? 

Serge : non, pas banal du tout, et puis, on se supporte même sans les nanas parce qu'on veut des moments heureux à partager... Cela dit, tu sais qu'ils font du vin sans alcool à présent ? 

Roger : Bèèèèh, rien que d'y penser ! 

Serge : et non, aberit, dégourdit, il reste aussi bon et pas plus cher avec une TVA qui passe de 20 à 5,5 %... Et que les beaux jours du Poumaïrol fleuri reviennent ! 

Roger : tu crois que "le Poumaïrol", c'était un pays de pommes, à neuf-cents mètres d'altitude ? 



   
 


(1) graphie originale de l'auteur de l'article P. Andrieu-Barthe (voir le premier article [je crois] de la série Poumaïrol.  
(2a) plus assimilables par ceux qui craignent le gluten.
(2b) le canton de Peyriac-Minervois est pionnier pour des blés bio semés là où la vigne a été arrachée. Avant le boum de la vigne, la plaine de Coursan était réputée pour ses récoltes de blé.  
(2c) le rouge de Bordeaux aux très grands épis (1,75 m !), riche en béta-carotènes, qui lui aussi avait presque disparu. Avec les autres variétés bio, on ne le retrouve parfois que dans les greniers d'une famille de paysans conservateurs... Des démarches encourageantes mais Monsanto la pieuvre mondialiste et ses "ogénismes" conteste, contre ces tendances, voudrait interdire l'échange de semences entre paysans et amateurs, voudrait breveter, s'accaparer le vivant... La vigilance reste de mise tant pour les corrupteurs que pour les politiques corruptibles !   

Quand on aime la vie, on aime le passé, parce que c'est le présent tel qu'il a survécu dans la mémoire humaine.
Marguerite Yourcenar dans Les yeux ouverts (1980) 

Fin 1930 / Extrait du journal paroissial à Sales du Poumaïrol. 


 

jeudi 10 février 2022

LE POUMAÏROL (11) Ferrals-les-Montagnes et le châtaignier de Ferrat

Roger et Serge, complices depuis des lustres, se jouent (légalement) des limites imposées par l'épidémie de covid. En décembre 2020 ils ont entrepris de monter voir un pays aussi montagneux que mystérieux, pour les filles de là-bas qui ont de toujours laissé un souvenir si pimpant aux hommes émoustillés de la plaine. Depuis Narbonne, l'itinéraire des deux amis quitte le couloir de l'Aude pour gagner les causses et les garrigues du village historique de Minerve. De là, en suivant le cañon de la Cesse, ils vont monter jusqu'aux rudes reliefs du Poumaïrol ce pays méconnu oublié dans les brumes, aux mountagnoles si vaillantes, charmantes et piquantes... 
 
Ferrals-les-Montagnes_-_Vue_générale Wikimedia Commons Author Mossot. 

 

Roger : regarde comme c'est joli, on arrive à Ferrals-les-Montagnes ! 
Serge : c'est le village de la Cesse qui prend sa source, enfin d'une des sources car la rivière vient de plus loin encore et qu'un coude au sud la fait naître sur le territoire de Cassagnoles... disons que c'est à Ferrals que le ruisseau s'appelle la Cesse. 
Roger : ah oui, on ne va pas trainer que ce cassoulet, dans les châtaigniers ou les hêtres, loin de tout, ça va être quelque chose... 
Serge : tu sais que la braise de châtaignier peut offrir des surprises : je n'oublierai jamais, d'ailleurs dans ces Avant-Monts, vers Pardailhan, pas loin d'ici à vol d'oiseau, des coquelets avec, en plus des girolles à la poêle comme pour couronner ce feu si lumineux alors que nous étions loin de tout...
Roger : en attendant les coquelets, on peut toujours rapporter quelques branches mortes. 
Serge : ce n'est pas la place qui manque... Ferrals, j'ai un copain qui venait y chercher des fossiles. 
 
Vue de Ferrals et du vallon de la Cesse vers le sud.

Roger : c'est joli, j'y suis passé en été, quand les vacanciers reviennent ouvrir les maisons de famille. Il y avait un petit marché avec des produits nature : du miel, des fromages de chèvre... Oh j'ai dépassé l'ancien tracé de la route où on peut passer la nuit, après le cassoulet... On ne risque rien même si ça me rappelle, sur la nationale 86, la route des vacances, une mère et son fils qui avaient roulé longtemps, assassinés alors qu'elle dormait un peu... 
Serge : tu te souviens de l'endroit ? 
Roger : attends, il n'y a personne, je mets les feux de détresse ; marche arrière... Voilà on sera bien là. Pour ce que je disais, je m'en souviens : la nationale bien rectifiée, laissant les anciens virages plus marqués comme autant de parkings, avec des platanes pour une ombre appréciée avec la chaleur de l'été. Vers Remoulins, à partir de Pouzilhac, ça descend en pente douce, de longues courbes et ces virages coupés ; on y a souvent fait une pause, sur la route des vacances nous aussi... 
Serge : tu aurais un nom précis, je ne trouve rien sur internet... 
Roger : je te l'ai dit "Pouzilhac", entre Bagnols-sur-Cèze et Remoulins... mais tu peux essayer Valliguières aussi... nous y sommes passés tant de fois avant que je n'obtienne ma mutation pour l'académie de Montpellier... 
Serge : oui Pouzilhac ! C'était le 16 juillet 1979 ; il y avait aussi une petite, miraculeusement épargnée... un an après, une prostituée violée et tuée, en 1983 deux sœurs attaquées à Valliguières et rien d'élucidé depuis ! 
Roger : qu'est-ce que tu veux, la vie, la mort, une question de destin et de chance... Je sors le pâté, le vin de reste...  
Serge : et ta bouteille que je veux goûter. Le cassoulet à réchauffer, à feu doux... tu as tout mis ? 
Roger : hé ça a décongelé... ça se mangera... aujourd'hui ou demain... Revenons à nos moutons, donne-moi quelque chose de plus gai, surtout que l'assassin court toujours... 
Serge : pour te rassurer, dans l'autre sens, ils parlent d'une affaire à Villeneuve-les-Avignon, pas loin : en 1987, le viol et le meurtre d'une fille de seize ans ; en 2003 suite à une bagarre et à une prise d'ADN, on retrouve le coupable, un nommé Greiner, pompier volontaire ; en 2008, condamné à perpétuité... sauf que pour ce qu'on sait de la justice en France... Sinon, pour revenir à Ferrals bien dans ses montagnes, à côté il y a un hameau, Authèze, avec une chapelle en lauzes de schiste blond, un peu ferreux peut-être... même les voutes sont appareillées avec ces pierres... et la charpente en bois au-dessus, du châtaignier peut-être... 
 
"J’entends les vieux planchers qui craquent
J’entends du bruit dans la baraque
J’entends j’entends dans le grenier
Chanter chanter mon châtaignier..."  
 
Tu le connais ? Le châtaignier de Jean Ferrat, sa montagne, la continuité de celle d'ici, finalement... 
Roger : mon père reprenait à l'occasion sa leçon de géographie sur le Massif-Central avec un rebord à l'est qui remonte loin, il aimait réciter en commençant par Nord, les noms finissant en -ais : Charolais, Mâconnais, Beaujolais, Lyonnais, Vivarais... et pour finir Cévennes... c'est vrai qu'on les fait descendre aussi bas qu'on les fait monter haut le long du Rhône. Après tout, il est rare d'entre parler des Avant-Monts dits parfois monts du Minervois...
Serge : tout comme on disait couramment au village qu'on voit les Cévennes; ici, il faut qu'on revienne, aux beaux jours, pour randonner dans le coin, j'ai déjà repéré un parcours qui ne compte que seize kilomètres... 
Roger : que seize kilomètres ! 
Serge : dans la journée, même un fainéant comme toi en est capable... c'est bon pour réduire ton tour de bedaine ! 
Roger : oh ça va toi ! parce que depuis que tu es en couple tu n'es pas à plaindre non plus... Et puis, n'oublie pas, Churchill, le cigare et "no sport..."
Serge : "whisky" qu'il aurait dit, sauf que cette phrase a été inventée... 
Roger : en attendant il est mort vieux... 
Serge : assez mal foutu, le pauvre, quand même !
Roger : si tu m'emmènes voir les filles du Poumaïrol, par contre, tu peux me faire marcher et oublier, à y être, que la vie est une plaisanterie qui finit toujours mal... 
Serge : bien sûr, animal ! couquinas va ! par le Saladou, tu connais le Saladou ? 

jeudi 25 novembre 2021

Depuis la CLAPE, HUGO et LAMARTINE, BRASSENS et FERRAT, VALÉRY et MACHADO...

 Tant pis si tout se mélange mais quelques jours après avoir publié l'article sur les Auzils, les marins perdus en mer, avec l'art poétique de Hugo, de Lamartine, propres à élever nos consciences, à cause d'un remords ou du moins la sensation de n'avoir pas tout dit, je dois évoquer une autre grande âme, une présence qui a pris forme avec ces quelques mots pourtant communs : " depuis la chapelle, le regard embrasse le Golfe jusqu'à la Côte Vermeille "

 Depuis la Clape et Gruissan, ne vous privez pas, en effet, du plaisir de suivre, au Sud cette fois, la courbure du Golfe, l'inflexion magique qu'aucune carte ne saurait rendre et qui finit avec les Pyrénées plongeant dans les eaux, à Cerbère pour la frontière, non pas des enfers, gardée par le chien féroce, mais celle, avec notre sœur latine, catalane, espagnole. Un peu avant, dans les gris-bleus nimbés de mauve qu'offre l'horizon, Collioure. 

 

Collioure sur la Côte Vermeille, comme symétrique à Sète par rapport à la Clape, à l'Allée des Naufragés et Notre-dame-des-Auzils. Pourquoi toujours chercher une coïncidence ? Pourtant, à Collioure, un cimetière aussi, non loin de la mer avec la tombe d'un immigré échoué là en 1939, pour cause de Guerre d'Espagne. Antonio Machado, l'illustre poète républicain y repose, presque par le pathétique d'une faveur parce que ses amis ont plaidé, le comparant à Valéry, pour qu'il ne finisse pas dans le camp d'Argelès... (en ce temps-là, l'asile concédé aux réfugiés républicains n'était pas digne de la patrie des droits de l'Homme...).

Jean Ferrat a chanté ces vers d'Aragon  :  

"... Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d'Espagne
Que le ciel pour lui se fit lourd
Il s'assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours..."

"Caminante", le poème le plus connu de Machado, rejoint incidemment le questionnement  troublant et l'appréhension qui sont nôtres face aux profondeurs de la mort, de la mer : 

"... Pero lo nuestro es pasar 
Pasar haciendo caminos
Caminos sobre el mar..." 
(...Mais notre destin est de passer, passer en faisant des chemins, des chemins sur la mer...) 

"... Caminante no hay camino sino estelas en la mar..." 
(... Toi qui marches il n'y a pas de chemin sinon des sillages dans la mer...)

Dignes et respectueux, des jeunes d'un voyage scolaire sur la tombe d'Antonio Machado au cimetière vieux de Collioure ; bien présentes aussi, les couleurs de la République Espagnole.

Évocation du dernier voyage, du bateau qui ne reviendra jamais... Encore une coïncidence...

On ne saurait le dire mais des sillons de mémoire savent graver la profondeur des chemins qui passent. Il n'est pas nécessaire de toujours relever cette intemporalité, cela agacerait à force. Et puis l'élévation de cette quête permet, entre autres raisons plus prosaïques, d'apprécier la vie et d'y voir du bonheur, à la vue, depuis la Chapelle des Auzils, de la courbure, de l'inflexion magnifique du Golfe du Lion, faucille d'or sur le bleu des flots pour une corne d'abondance qui, malgré bien des inquiétudes d'actualité, nous permet encore de rêver...

lundi 11 mai 2020

LE TEMPS DES CERISES (suite & fin)



"... Cerises d'amour aux robes pareilles Tombant sous la feuille en gouttes de sang..."

Les mots portent d'autres résurgences, celle de la lutte des défavorisés, celle des barricades, celle de la répression, de l'appareil d’État légaliste avant tout, la légalité dût-elle être illégitime. 
Et toujours les mêmes perdants : 

"... J'aimerai toujours le temps des cerises
C'est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte
Et Dame Fortune, en m'étant offerte
Ne saura jamais calmer ma douleur
J'aimerai toujours Le Temps Des Cerises
Et le souvenir que je garde au cœur..." 









Et c'est en tant qu'hymne des miséreux, des déshérités, des las-de-vivre, des pressurés du productivisme et pour être actuel, des "sans dents" (Hollande), des "qui ne sont rien" (Macron), que le Temps des Cerises reste d'une grande modernité quand le néolibéralisme nous ramène au XIXème siècle. 

En 1882, soit onze ans après la Commune de Paris (1871), J.B. Clément dédiait sa chanson : 

 À la vaillante citoyenne Louise, l'ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi, le dimanche 28 mai 1871. À la fin des paroles, il explicite cette dédicace :
« Puisque cette chanson a couru les rues, j'ai tenu à la dédier, à titre de souvenir et de sympathie, à une vaillante fille qui, elle aussi, a couru les rues une époque où il fallait un grand dévouement et un fier courage ! Le fait suivant est de ceux qu'on n'oublie jamais : Le dimanche, 28 mai 1871 […] Entre onze heures et midi, nous vîmes venir à nous une jeune fille de vingt à vingt-deux ans qui tenait un panier à la main. […] Malgré notre refus motivé de la garder avec nous, elle insista et ne voulut pas nous quitter. Du reste, cinq minutes plus tard, elle nous était utile. Deux de nos camarades tombaient, frappés, l'un, d'une balle dans l'épaule, l'autre au milieu du front… »

« Nous sûmes seulement qu'elle s'appelait Louise et qu'elle était ouvrière. Naturellement, elle devait être avec les révoltés et les las-de-vivre. Qu'est-elle devenue ? A-t-elle été, avec tant d'autres, fusillée par les Versaillais ? N'était-ce pas à cette héroïne obscure que je devais dédier la chanson la plus populaire de toutes celles que contient ce volume ? »






                                                                                                       














 Dans "La Commune Histoire et souvenirs (1898), Louise Michel rappelle cette dédicace ; elle n'est pas la Louise du Temps des Cerises :
« Au moment où vont partir leurs derniers coups, une jeune fille venant de la barricade de la rue Saint-Maur arrive, leur offrant ses services : ils voulaient l'éloigner de cet endroit de mort, elle resta malgré eux. Quelques instants après, la barricade jetant en une formidable explosion tout ce qui lui restait de mitraille mourut dans cette décharge énorme, que nous entendîmes de Satory, ceux qui étaient prisonniers ; à l'ambulancière de la dernière barricade et de la dernière heure, J.-B. Clément dédia longtemps après la chanson des cerises. Personne ne la revit. […] La Commune était morte, ensevelissant avec elle des milliers de héros inconnus. »         (Extrait de la page Wikipedia). 
Jean_Ferrat Wikimedia Commons Auteur Bibokenobi Joelle_Chen


En1985, Jean Ferrat rappelle le printemps pourri, la Commune de Paris et pourtant le temps des cerises :

"... Ah qu'il vienne au moins le temps des cerises avant de claquer sur mon tambourin, avant que j'aie dû boucler mes valises et qu'on m'ait poussé dans le dernier train..."

https://www.youtube.com/watch?v=88dinRZc978

Alors, avec l'inconscience et l'esprit de provocation liés à l'âge, autant se retrouver derrière l'Horte, vers 1966 ou 67, quand les cerisiers des Quatre Chemins nous font signe... J'aimerai toujours le temps des cerises...  


jeudi 16 janvier 2020

AURIO CAUSIT UN POUDAÏRE (J'aurais choisi un tailleur ) / un océan de vignes...

"J'aurais choisi un tailleur." Oh que ce terme trop générique me rebute, entre le tailleur des dames, Coco Cha... non pas Chacha (1) qui en a poudé lui, tant et tant de pieds (et qu'on salue avec tous nos vœux en ce début 2020), celui des costumes, celui des diamants, celui des pierres, du temps des cathédrales et aujourd'hui des cheminées peut-être encore... 

"Tailleur", un produit typique de la langue d’oïl, issu du latin "taliare" signifiant couper. 
La branche des langues romanes, par contre, a gardé une autre origine latine, à savoir "putare" tailler. On la retrouve, d'est en ouest, dans l'italien "potare", le francoprovençal et dauphinois "pouar", l'occitan "poudar", le catalan "poda" (la vinya), le castellan "podar" (las cepas, les ceps, les souches), le portugais "podar"(a videira, la vigne)

Livre sur le canton de Coursan / Opération vilatges al pais / dirigé et mis en œuvre par Francis Poudou (2005).

"Poudar" c'est donc tailler la vigne ou d'autres arbres. La racine "pouda" a servi pour désigner les outils nécessaires à ce travail avant l'usage généralisé des ciseaux à tailler. Il s'agissait avant tout de serpes dont la "poudo"ou "poudadouiro" à double usage, à lame courbe d'un côté et à talon tranchant (comme une hachette) de l'autre (2).

 On ajoute un préfixe "es-" au moins privatif sinon qui rabaisse ainsi qu'un suffixe "-asse", une insulte à lui tout seul : cela donne "espoudassar" signifiant dans le meilleur des cas "élaguer" et négativement "débarrasser expéditivement, bâcler la taille". 
Cet "espoudassage", cette prétaille a néanmoins pu se faire pour faciliter au préalable le passage de l'homme de l'art confronté à un impératif de temps, le nombre de ceps à tailler à forfait s'avérant difficile à tenir avant que la végétation ne redémarre (avril en général mais parfois au début du mois sinon fin mars !).   

Taille de la vigne Author Véronique PAGNIER (on dirait presque la route entre Coursan et Cuxac...)

E lou qué poudo es lou poudaïré ! Je traduis : celui qui poude c'est le poudaïré. Sûr que ce travail, certainement des plus prenants après les vendanges, de fin novembre à fin mars en général, méritait un vocabulaire exclusif. 

Exclusif, le mot est lâché ! Pour avoir ressenti un rapport charnel avec la vigne, un ancrage qui me trouble encore aujourd'hui quand il ne m'exalte pas si je reconnais le vert des feuillages n'appartenant qu'aux vignes, même hors de notre balcon méditerranéen, qu'est-ce que j'ai pu l'envier le poudaïré lorsqu'à la fin des vacances de Noël je devais reprendre la route de Lyon !

"...  Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés..."  
 


Pourtant je n'en rêvais pas "de la ville et de ses secrets", le formica on l'avait pas loin, à Quillan et le cinéma Balayé, derrière le tabac de madame Zan, à Fleury même. Alors monter à Paris répondait à des motifs plus vitaux. L'exode a été plus brutal pour ceux du plateau ardéchois et "La Montagne" (1964), si belle chanson de Ferrat, marque de son sceau nos années 60. 
Sinon, c'est vrai, la vie en HLM, le poulet aux hormones, mais par force, souvent pour des fins de mois difficiles quand on débute, sûrement pas de gaieté de cœur et à des lieues "... d'attendre sans s'en faire que l'heure de la retraite sonne...". Ce serait être vieux avant l'âge, à 20-25 ans, que de penser déjà à la retraite ! 

Il n'empêche, plutôt que de relever le positif de la situation, moi, égoïste, j'en avais gros sur la patate. Le long de la nationale, au moins jusque dans le Gard, la vue du poudaïré penché sur une souche pas encore en âge de pleurer, me mettait mentalement au bord des larmes. Pourtant, malgré le col relevé de la canadienne et le bonnet, ce sont ses yeux à lui que le vent du nord (3) embrouillait.(à suivre)


(1) qui pour relever lous escaïssès, les surnoms, comme le fit Henri le mécanicien à l'époque ?  
(2) le "poudet" est la serpette à vendanger, un couteau à lame courbe encore utilisé dans les années 60.
(3) après Béziers, ce vent peut s'appeler "tramontane". 

jeudi 8 novembre 2018

LES VENDANGES DE L’AMOUR… romance (chansons des années 60-70).


Préambule : dans romance, il y a « roman ». Ceci est un papier de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite… même si la vie n’est qu’une suite de hasards.





Les clavettes des pressoirs ne font plus entendre leurs clocs sonores dans la nuit. Le vin nouveau bouillonne et mousse en secret dans les foudres. Parées de leurs couleurs d'automne, les vignes retrouvent le calme, même  troublé par les chasseurs en vadrouille. Le village se prépare plus à fêter le 11 novembre qu’à célébrer nos Poilus. Le cœur en liesse des sèves montantes toujours au printemps des garçons, attend les bals pour inviter les filles, chasse gardée des chaperons.

C’est l’âge où l’on se remet vite de la dernière amourette... enfin c'est ce qu'on dit.

A l’automne de la vie, pourtant, certains retours ramènent parfois fort, et loin en arrière. 




Leny Escudéro s’invite en sourdine pour une amourette qui a laissé des traces, elle :



https://www.youtube.com/watch?v=h4Bi6S-sY2E (Leny Escudéro « Pour une amourette »).



« … Pour une amourette, l’amour éternel, dure le temps d’une fête, le temps d’un soleil, et mon amourette qui était trop jolie, vers d’autres conquêtes bientôt repartit… »  




Pas le cœur d’aller au bal quand la copine de lycée qu’on croit aimer vous fait savoir que c’est non. On préfère le billard avec les copains, dans l’arrière salle du café Billès… On fume des Bastos, c'est bien de fumer alors le dimanche, pour les fêtes, pour les hommes du moins... C'était bien chez Madeleine qui toujours sourit, même pour un seul petit noir arrosé dans la soirée… un peu Laurette de Michel Delpech, même si on ne disait rien « Si par hasard on avait l’âme en peine… »



https://www.youtube.com/watch?v=KJNDUJflo_c (Michel Delpech « Chez Laurette »).



Et si ça tape plus fort, popon popon popon popon, c’est le tempo d’Hervé Villard qui vient marteler nos tempes « … c’est fini et dire que c’était la ville de mon premier amour, Capri c’est fini, je ne crois pas que j’y retournerai un jour…  »



https://www.youtube.com/watch?v=4TP3u0rNkys (Hervé Villard « Capri c’est fini »).



Et puis « On se marie tôt à vingt ans et l’on n’attend pas des années pour faire… » … un deuxième enfant…

https://www.youtube.com/watch?v=-svx2X4c2N8 (Jean Ferrat « On ne voit pas le temps passer »)



Et puis la vie vous embarque avec ses bonheurs et ses larmes, « Et si tu n’existais pas, dis-moi pour qui j’existerais… » et de repenser presque à un de ces fantômes du passé avec qui… plutôt qu’avec celle qui est là à vous servir du sel…

https://www.youtube.com/watch?v=abfQQ1hzN9M (Joe Dassin « Et si tu n’existais pas »).



Tapez Joe Dassin « Le café des trois colombes » que le Net veut pas donner l’https. Mais ce n’est plus qu’un bourdon, un chagrin doux-amer parce qu'on fait du sur-place, parce que les gosses ont à grandir, de fausses raisons affectées qui nous laissent coupables, minables, méprisables.



« … je t’ai oubliée mais c’est plus fort que moi, il m’arrive de penser à toi… »



Et puis c’est  Joe Dassin qui n’existe plus, emporté par une crise cardiaque…

Et puis l’homme qu’on croyait du huit mai mais qui roulait ses prétentions depuis Vichy, vient rincer nos illusions. Le temps s’accélère, l’amour s’altère, délétère. La vie continue mais traînant toujours son passé.



Pardon pour l’anachronisme qui suit mais quand en 2017 Sardou chante, irrésistible :

« Qui me tuera Qui viendra m’offrir pour toujours La plus belle des chansons d’amour On se reverra je l’ai vu, Qui m’aime me tue Qui m’aime me tue… »

Comprenne qui pourra mais la plus belle des chansons d’amour ne vient jamais qu’après les autres, toujours présentes même quand on ne le sait pas… Touchante, esthétique, bravo Sardou mais on ne refait pas sa vie, elle continue seulement

https://www.youtube.com/watch?v=uPPEutVubnA (Michel Sardou « Qui m’aime me tue »).  



Le passé n’est pas mort, il reste potentiellement explosif. Non, non, pas des mots seulement, un simple et banal « j’aime » sur vos lignes, vous demandez « C’est toi ? » et une force aussi irrésistible qu’invincible implose avec vos 16-18 ans qui viennent soixanthuiter le poivre et sel des années 2010 !