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lundi 11 mai 2020

LE TEMPS DES CERISES (suite & fin)



"... Cerises d'amour aux robes pareilles Tombant sous la feuille en gouttes de sang..."

Les mots portent d'autres résurgences, celle de la lutte des défavorisés, celle des barricades, celle de la répression, de l'appareil d’État légaliste avant tout, la légalité dût-elle être illégitime. 
Et toujours les mêmes perdants : 

"... J'aimerai toujours le temps des cerises
C'est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte
Et Dame Fortune, en m'étant offerte
Ne saura jamais calmer ma douleur
J'aimerai toujours Le Temps Des Cerises
Et le souvenir que je garde au cœur..." 









Et c'est en tant qu'hymne des miséreux, des déshérités, des las-de-vivre, des pressurés du productivisme et pour être actuel, des "sans dents" (Hollande), des "qui ne sont rien" (Macron), que le Temps des Cerises reste d'une grande modernité quand le néolibéralisme nous ramène au XIXème siècle. 

En 1882, soit onze ans après la Commune de Paris (1871), J.B. Clément dédiait sa chanson : 

 À la vaillante citoyenne Louise, l'ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi, le dimanche 28 mai 1871. À la fin des paroles, il explicite cette dédicace :
« Puisque cette chanson a couru les rues, j'ai tenu à la dédier, à titre de souvenir et de sympathie, à une vaillante fille qui, elle aussi, a couru les rues une époque où il fallait un grand dévouement et un fier courage ! Le fait suivant est de ceux qu'on n'oublie jamais : Le dimanche, 28 mai 1871 […] Entre onze heures et midi, nous vîmes venir à nous une jeune fille de vingt à vingt-deux ans qui tenait un panier à la main. […] Malgré notre refus motivé de la garder avec nous, elle insista et ne voulut pas nous quitter. Du reste, cinq minutes plus tard, elle nous était utile. Deux de nos camarades tombaient, frappés, l'un, d'une balle dans l'épaule, l'autre au milieu du front… »

« Nous sûmes seulement qu'elle s'appelait Louise et qu'elle était ouvrière. Naturellement, elle devait être avec les révoltés et les las-de-vivre. Qu'est-elle devenue ? A-t-elle été, avec tant d'autres, fusillée par les Versaillais ? N'était-ce pas à cette héroïne obscure que je devais dédier la chanson la plus populaire de toutes celles que contient ce volume ? »






                                                                                                       














 Dans "La Commune Histoire et souvenirs (1898), Louise Michel rappelle cette dédicace ; elle n'est pas la Louise du Temps des Cerises :
« Au moment où vont partir leurs derniers coups, une jeune fille venant de la barricade de la rue Saint-Maur arrive, leur offrant ses services : ils voulaient l'éloigner de cet endroit de mort, elle resta malgré eux. Quelques instants après, la barricade jetant en une formidable explosion tout ce qui lui restait de mitraille mourut dans cette décharge énorme, que nous entendîmes de Satory, ceux qui étaient prisonniers ; à l'ambulancière de la dernière barricade et de la dernière heure, J.-B. Clément dédia longtemps après la chanson des cerises. Personne ne la revit. […] La Commune était morte, ensevelissant avec elle des milliers de héros inconnus. »         (Extrait de la page Wikipedia). 
Jean_Ferrat Wikimedia Commons Auteur Bibokenobi Joelle_Chen


En1985, Jean Ferrat rappelle le printemps pourri, la Commune de Paris et pourtant le temps des cerises :

"... Ah qu'il vienne au moins le temps des cerises avant de claquer sur mon tambourin, avant que j'aie dû boucler mes valises et qu'on m'ait poussé dans le dernier train..."

https://www.youtube.com/watch?v=88dinRZc978

Alors, avec l'inconscience et l'esprit de provocation liés à l'âge, autant se retrouver derrière l'Horte, vers 1966 ou 67, quand les cerisiers des Quatre Chemins nous font signe... J'aimerai toujours le temps des cerises...