lundi 30 novembre 2020

23 et 25 novembre 2007 au pays et bien au-delà / Fleury-d'Aude en Languedoc.

" Fleury-d’Aude, vendredi 23 novembre 2007 / 16h45 / 11,3 degrés. Beau temps, ensoleillé, petit cers très frais, après quelques averses nocturnes.

Un bonjour du pays, où le cher automne est revenu avec ses belles couleurs, mais sans l’été de la saint-Martin, qui nous aura fait faux bond. 

Fleury-d’Aude, dimanche 25 novembre 2007 / 22h48 / 7 degrés. La journée fut froide et le petit air glacial venait du NO et était passé sur la neige de l’Aveyron et du Massif central, où elle était présente dès 400 m d’altitude. 

Vinassan,_Eglise_Saint-Martin wikimedia commons Author Rauenstein

Bien cher fils,

Je vois que tu te tiens au courant de notre vie locale et que tu as appris en l’occurrence la mort tragique du garde-chasse de Vinassan. Ses obsèques viennent d’avoir lieu. Le curé aurait conseillé à l’assassin inconnu (pas de tout le monde sans doute) de se livrer. Le bruit court qu’il aurait pu être présent à l’enterrement et que cette idée est insupportable pour tous... (à suivre)

Correspondance / François Dedieu, novembre 2007. 

Prolongements : Bien sûr que nous préférons cancaner sur Rémy ce grand gaillard de Sigean qui vient de gagner 50.000 € à Questions pour Un Champion sauf qu'en ce mois de novembre 2007, à Vinassan, un village voisin, les tensions entre un garde et un braconnier ont viré au drame. 

Les faits : abattu par des décharges de fusil, le corps de Serge Candéla (52 ans), garde-chasse, est retrouvé à Vinassan, non loin de la traverse entre la route de Marmorières et la départementale de Coursan. 

L'enquête s'est vite polarisée sur les habitants du village où la rumeur suspectait un braconnier au point de le dissuader d'assister aux obsèques. Un soupçon affirmé, le jour de l'enterrement, par le curé appelant  le coupable à se livrer sans tarder. 

 Le 5 décembre 2007, Marcel Bonet, 57 ans, vivant de travaux agricoles ponctuels, chasseur et braconnier notoire, avoue avoir tiré sur le garde. Célibataire vivant chez ses parents, colérique à l'alcool d'autant plus mauvais qu'il n'accepte pas la contradiction, "Le cube", de son surnom, est connu pour son caractère violent. On dit qu'après avoir trop arrosé ses fiançailles, le repas festif s'était terminé en bagarre générale. Une autre fois, exclu d'un banquet d'anciens combattants, il était revenu pour tirer en l'air.    

Le 14 janvier 2010, à la Cours d'Assises de Carcassonne, le braconnier irascible a écopé de 25 ans de réclusion. 

A propos de Raboliot qui, sous la plume de Maurice Genevoix, finit par tuer le représentant de la loi, un commentaire autorisé se permettait, en 1989, d'affirmer "... le braconnage est aujourd'hui quasiment remisé au magasin des accessoires et du folklore...". Que voilà un avis d'une intellectuelle citadine ! 

A propos des vieux garçons, célibataires  prétendûment "endurcis" et néanmoins souvent fragiles eu égard à leur situation, je pense à un petit roman d'un autre grand écrivain, "Tiennot" de Bernard Clavel. 

Qu'y faire ? Alors autant finir sur une note plus charmante, en noir et blanc, au cinéma Balayé, avec Blaireau: la braconne rigolarde et pour cause, avec Louis de Funès dans le rôle !  

Louis de Funès dans "Ni vu ni connu" (1958)

 


dimanche 29 novembre 2020

"AUX MORTS", échos de novembre 2007 / La fête du village.

Fleury-d’Aude, mardi 13 novembre 2007 / 11h17 / 11,4 degrés (ce matin à 8 h : 6,6°), très beau temps ensoleillé, pas de vent. 

Au bord de l'autoroute, on regarde passer les camions...

Bien cher fils,

Les forains sont en train de repartir pour la plupart. La fête battait son plein samedi et surtout dimanche après-midi. Bonjour de Fleury où tout va bien.

Dimanche 11 novembre, je me suis habillé plus correctement pour marquer la fête paroissiale, et à onze heures j’ai suivi de loin le cortège officiel qui se dirigeait déjà vers le cimetière. C’est la première fois que j’allais ainsi voir déposer la gerbe qui honorait la mémoire des tués de la Grande Guerre. Quand j’y suis arrivé, cela venait d’être fait, et le maire descendait déjà les quelques marches pour repartir avec les nombreuses personnes présentes vers le Monument aux Morts. Une halte rapide devant la tombe de nos disparus y compris ceux que je n’ai pas connus, pour constater le bon état des fleurs, et je me trouvais quelques instants plus tard assis pour récupérer un peu mes quelques forces en face de notre monument, au beau soleil de novembre qui illuminait la scène. La foule était ma foi nombreuse pour cette cérémonie traditionnelle. Les drapeaux avaient pris place sur la gauche. La flamme du souvenir fut allumée dans la vasque située devant les gerbes de fleurs, ce qui nécessita un léger déplacement vers l’avant du lutrin provisoire des futurs « orateurs », et Pierrot Chamayrac ordonna « Aux Morts ! » Je m’étais bien sûr levé et avais traversé la rue pour mieux entendre ; mais pour une fois aucune voiture passant vers Salles ou tournant vers la mer ne vint vraiment troubler la cérémonie.

Pour ce quatre-vingt-neuvième anniversaire de l’armistice de 1918, ce fut une nouveauté : un jeune garçon de nos écoles lut, dans l’ordre alphabétique, les noms inscrits dans le marbre suivant la chronologie, et après chacun d’eux, une écolière placée face à lui répétait « Mort pour la France », tandis que les pompiers de la délégation s’étaient figés dans un garde à vous impeccable.

Alors suivaient les communications habituelles du ministère des Anciens combattants, puis du maire, avant la remise de quelques décorations, moment où M. Llobet s’est approché des bénéficiaires pour leur épingler leur médaille.

Invitation au « pot de l’amitié » à la Maison vigneronne, et à la fête foraine place du Ramonétage. 

Daniel Villanova / Convertimage
 

L’après-midi nous avons décidé de nous rendre vers 17 heures à l’immense hangar municipal, fort bien chauffé et occupé déjà par plus de quatre cents personnes, pour écouter le désormais célèbre Daniel Villanova que tu connais aussi, et qui a actualisé certains de ses sketches en y ajoutant bien sûr Sarkozy. Il y avait même des personnes debout. 

Le village depuis Besplas (Nord-Ouest)

 

 

samedi 28 novembre 2020

L'ÉPISODE MÉDITERRANÉEN CATASTROPHIQUE ! / Aude, novembre 1999.

Fleury-d’Aude, le 17 novembre 1999.

Bien cher fils, nous avons reçu ta lettre toute mouillée ; elle a cheminé cinq jours et a souffert des intempéries à l’arrivée car il a plu abondamment durant deux jours. Malgré tout, nous sommes privilégiés à Fleury. Pourtant deux jeunes personnes qui habitaient ici depuis peu ont trouvé dans les Corbières une mort affreuse. Ils avaient acheté la maison de l’ex-auto école de Fleury, à la sortie du village vers Salles. La femme était institutrice dans les Corbières, vers (ou bien à) Davejean. Elle a téléphoné à son mari d’aller la chercher vendredi soir. Il a pris le 4/4 et, au retour, une immense vague de boue a tout emporté, brisant le pare-brise et les tuant sur le coup. 



Images France3 Ina

Le département de l’Aude a payé un lourd tribut à ces inondations meurtrières (1)... Narbonne a été privée d’eau pendant trois jours. Ici même, elle est encore impropre à la consommation : on a distribué une bouteille d’eau de source par personne et une grande citerne est placée devant la mairie mais tout cela est secondaire à côté de tous ces morts.

A la mer, entre le sable arrivé au ras de la digue et quelques centimètres d’eau boueuse pour certains, rien de comparable avec le «coup de mer» du 17 décembre 1997.

Et je ne t’ai pas parlé de la fête du village. Il est vrai qu’elle fut pour moi réduite à sa plus simple expression/ la cérémonie au monument aux morts et à 17 h le spectacle théâtral «La soupe aux fèves» avec le TPN (NPC avec le TNP !), le Théâtre Pied-Noir de Narbonne.

Le 13 novembre à 22h c’était le Bal Rock avec le groupe «99 TEST» Soirée Spécial Jeunes Ambiance animée Entrée gratuite et le dimanche 14 à 17 heures par un hommage à Luis Mariano, avec le ténor Roger Martinez et le Ballet Andalou AMARRAITA, Salle des Fêtes, entrée gratuite ; mais le coeur n’y était plus avec toutes ces catastrophes et je ne sais pas ce que ça a donné.

Le froid a fait une légère apparition, mais c’est normal, et nous avons deu soleil, ce qui nous change des grosses pluies du marin.»

Correspondance, François Dedieu, novembre 1999.  

A Fleury, les routes sont coupées, Saint-Pierre est dans l'eau, Notre-Dame-de-Liesse forme une île, les Cabanes sont coupées du monde et la mer renvoie les convois de bois charriés par l'Aude... que les Coursannais qu'anavoun a la pesco ne pêchent plus avec un trident depuis le pont... Je charrie...

 

(1) 26 victimes dans l’Aude. A Lézignan sont tombés 620 mm en 48 h, pratiquement la pluviométrie moyenne annuelle, "un maximum extraordinaire" d'après Météo France !