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lundi 21 décembre 2020

BERGERS & MOUTONS, transhumance des PYRÉNÉES.


Photo de Régis Esteban parue sur "Pays d'Aude et autres curiosités audoises".

" Torrès Pierre ? 

- Présent. 

-Torrès Patrice ? 

- Présent. " !

Les nouveaux ravivent toujours la curiosité des habitués. Collège Victor-Hugo (non répertorié, entre parenthèses, dans les monuments ayant quelque intérêt à Narbonne), lycée-caserne au milieu des années 60. On se presse autour d'eux. Ils se présentent : un bel accent rocailleux leur fait rouler les "R" comme exprès réitérés dans leurs noms et prénoms. Le père est berger ou éleveur, ils sont Andorrans... Encore des lettRes "R" !

Tout bienvenus qu'ils sont, que font-ils là ? Sauf que la curiosité est primaire par rapport à l'intérêt que l'on peut porter à l'autre... et je ne devais guère me démarquer... Peut-être en gagnant leur amitié mais nous n'étions pas du même âge et dans le parcours scolaire, les divisions cloisonnent. Alors il faut les belles photos de Régis, prises exactement là où ça s'est passé, pour enclencher ma machine à remonter le temps. 

Appelons-le Marcel (j'en connus un, vieux garçon et fermier avec ses parents sur les hauteurs de Villefranche-de-Conflent), il pratique la transhumance descendante entre Porté-Puymorens, presque l'Andorre... et l'Aude. Il a 45 ans. Au printemps et en été il est à Porté où il possède 20 hectares dont 19 de pâturages et de prairies à foin, le dernier étant réservé aux pommes-de-terre. A l'automne, depuis des années, il pratique la transhumance descendante à Lézignan-Corbières où il a une maison et une bergerie neuve de 600 m2. En train via Toulouse, outre ses 700 bêtes, il peut emmener dix tonnes d'aliments (foin, céréales) ainsi que son déménagement. 

"Plaine de Caumont, Lézignan-Corbières / Photo Régis Esteban parue sur "Pays d'Aude et autres curiosités audoises".

S'il laisse les brebis en pension, comme il le fit en 1963 à Capestang, il doit laisser en paiement environ 80 % des agneaux nés. 

De 1964 à 1967 ses bêtes ont été réparties en six troupeaux dont cinq confiés à des bergers salariés. 
Depuis l'hiver 68-69, les bergers étant rares et chers, il a réduit son nombre de têtes ainsi que le nombre de lieux d'hivernage. Ses trois troupeaux paissent en hiver à Lézignan (220 brebis), à Conilhac (180 brebis) et plus loin à Fonjoucouse (200 bêtes). Il emploie un pâtre espagnol qu'il connait de longtemps et un berger saisonnier, lui-même menant son troupeau (celui de Lézignan on suppose). En hiver les moutons paissent dans les vignes et les champs, au printemps dans la garrigue et les friches. 

En 1971 une grève de la SNCF a bloqué le retour de Marcel à Porté. Depuis Carcassonne, le transport avec son camion lui prit deux jours (sûrement en plusieurs navettes).  

Sans parler des échanges ancestraux avec l'Espagne, l'existence du Pays-Quint en est emblématique, une histoire encore tiède, bien que plus ancienne que celle de Marcel, fait état de la transhumance, à pied, des troupeaux andorrans... Torrès Pierre, Torrès Patrice, je ne vous oublie pas. 

Source principale :   "Situation récente de la transhumance ovine dans les Pyrénées françaises par Gisbert Rinschede, maître assistant de Géographie à l'Université de Münster. traduction de l'allemand par Mme C. Péchoux à partir du manuscrit de l'auteur "Die Transhumance in den französischen Pyrenäen". 

 https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1977_num_48_4_3523

addendum : à propos de la flore de la Clape, un correspondant a noté "Dépêche toi l'an dernier les moutons ont bouffé tout un tas d'espèces protégées au Rec."

Un grand merci à Régis Esteban qui a très aimablement mis les photos à disposition.  


samedi 28 novembre 2020

L'ÉPISODE MÉDITERRANÉEN CATASTROPHIQUE ! / Aude, novembre 1999.

Fleury-d’Aude, le 17 novembre 1999.

Bien cher fils, nous avons reçu ta lettre toute mouillée ; elle a cheminé cinq jours et a souffert des intempéries à l’arrivée car il a plu abondamment durant deux jours. Malgré tout, nous sommes privilégiés à Fleury. Pourtant deux jeunes personnes qui habitaient ici depuis peu ont trouvé dans les Corbières une mort affreuse. Ils avaient acheté la maison de l’ex-auto école de Fleury, à la sortie du village vers Salles. La femme était institutrice dans les Corbières, vers (ou bien à) Davejean. Elle a téléphoné à son mari d’aller la chercher vendredi soir. Il a pris le 4/4 et, au retour, une immense vague de boue a tout emporté, brisant le pare-brise et les tuant sur le coup. 



Images France3 Ina

Le département de l’Aude a payé un lourd tribut à ces inondations meurtrières (1)... Narbonne a été privée d’eau pendant trois jours. Ici même, elle est encore impropre à la consommation : on a distribué une bouteille d’eau de source par personne et une grande citerne est placée devant la mairie mais tout cela est secondaire à côté de tous ces morts.

A la mer, entre le sable arrivé au ras de la digue et quelques centimètres d’eau boueuse pour certains, rien de comparable avec le «coup de mer» du 17 décembre 1997.

Et je ne t’ai pas parlé de la fête du village. Il est vrai qu’elle fut pour moi réduite à sa plus simple expression/ la cérémonie au monument aux morts et à 17 h le spectacle théâtral «La soupe aux fèves» avec le TPN (NPC avec le TNP !), le Théâtre Pied-Noir de Narbonne.

Le 13 novembre à 22h c’était le Bal Rock avec le groupe «99 TEST» Soirée Spécial Jeunes Ambiance animée Entrée gratuite et le dimanche 14 à 17 heures par un hommage à Luis Mariano, avec le ténor Roger Martinez et le Ballet Andalou AMARRAITA, Salle des Fêtes, entrée gratuite ; mais le coeur n’y était plus avec toutes ces catastrophes et je ne sais pas ce que ça a donné.

Le froid a fait une légère apparition, mais c’est normal, et nous avons deu soleil, ce qui nous change des grosses pluies du marin.»

Correspondance, François Dedieu, novembre 1999.  

A Fleury, les routes sont coupées, Saint-Pierre est dans l'eau, Notre-Dame-de-Liesse forme une île, les Cabanes sont coupées du monde et la mer renvoie les convois de bois charriés par l'Aude... que les Coursannais qu'anavoun a la pesco ne pêchent plus avec un trident depuis le pont... Je charrie...

 

(1) 26 victimes dans l’Aude. A Lézignan sont tombés 620 mm en 48 h, pratiquement la pluviométrie moyenne annuelle, "un maximum extraordinaire" d'après Météo France !