vendredi 28 décembre 2018

LES ÉCHOS DE NOËL SE PERDENT DANS LA NUIT... / Fleury-d'Aude en Languedoc

Diapo François Dedieu 1979.

Loin de moi l'idée pessimiste des témoignages qui se perdent dans un passé flou devenant opaque car ces échos tintent en moi tels les messages des cloches montant dans la nuit de décembre, une nuit cristalline. Le village, en effet, baigne dans une émotion partagée. Quelles qu'en soient les causes : la religion, le solstice, le seuil de l'hiver, les gens partagent une complicité apaisée, l'envie de parler aux autres, de partager la liesse, la félicité déjà entretenue au foyer avec le sapin, la crèche, la promesse des bonnes choses, de la dinde prévue au menu. 
Surtout ne pas taire cette ambiance révolue puisque certains de ses aspects demeurent et que, de toute façon, ils ne peuvent qu'éclairer le présent. 

Diapo François Dedieu 1979.


Loin mais pas si loin finalement, dans le temps... "... Basile Lignières (lou Craquet), notre bedeau, sonnait vaillamment les cloches placées encore autour du clocher [...] Basile distribuait également le pain bénit, et un dimanche une dévote voulut lui signifier d'un geste à peine ébauché... qu'il avait la braguette entrouverte et qu'on apercevait le panèl de sa chemise. Il crut qu'elle pensait ne plus avoir de pain bénit et la rassura d'un "N'y aura per toutos !" passé à la postérité..." (Y'en aura pour toutes !)

dinde Creative Common CC0 pxhere com


Après l'église, le loto... Coural, le beau-père de Marthe, arrête ! Il gagne la dinde ! 
"... Là ! Qu'uno pesto ! La fémno n'a croumpat uno aqueste mati !" (Là ! Quelle peste ! La femme en a acheté une ce matin !) [...] c'est Pistole qui lui avait répondu 
" Quand el gagnèt, et qu'i diguéri de baillar la pioto, respoundèt souloment "Ta gran !"" (Quand il gagna et que je lui dis de donner la dinde, il se contenta de répondre " Apporte ça à ta grand-mère !") réplique trouvée aussi en espagnol  ¡ Cuéntaselo a tu abuela ! (qu'on peut traduire par "à d'autres !""

"... Titato fut nommeur en occitan, sauf en quelques occasions, quand il nomma en français, "rapport aux étrangers " (des Parisiens !). Lou Ménot fut longtemps attitré à ce poste : 
"Remeno ! 
— Pot pas, és trop gros !" (Remue [les numéros] ! Il ne peut pas,il est trop gros !). 

Loto_à_Carpentras_Carton_de_loto Wikimedia Commons Auteur Varaine


Et de conclure avec un proverbe lié aux calendriers : 
"Un 20 décembre : aujourd'hui les jours recommencent à s'allonger, d'une minute pour commencer et je pense au proverbe que nous répétait l'oncle Noé – faux d'ailleursdepuis 1582 et la réforme grégorienne du calendrier – "A santo Luço, un pas de puço, à Nadal, un pas de gal." (A sainte Luce un pas de puce, à noêl, un pas de coq). or maintenant, pour sainte Lucie, le 13 décembre, les jours diminuent encore, puisque nous avons eu ce décalage de onze jours à l'époque. mais les dictons ont la vie dure et c'est très bien ainsi." 

 Ces quelques extraits sont tirés du livre "Caboujolette", 2008, François Dedieu. Merci papa ! 

mercredi 26 décembre 2018

UNE BELLE CUEILLETTE... / L'école publique...

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"... Plume sergent-major mon amie..." chante Serge Lama... L'école, la classe, le maître plus rarement la maîtresse côté garçons, le porte-plume mâchouillé d'un bout, prune de l'autre de cette encre violette laquée à la pointe de la plume, l'encrier de porcelaine blanche...

"... La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées
Sentait l'encre, le bois, la craie..." 

Odeur des pluies de mon enfance, René-Guy Cadou, 1965 (1)

Bien sûr qu'il comptent tellement, le maître et l'école, communale, républicaine, gratuite, laïque, obligatoire ! L'école procréatrice de destins offre aussi de belles cueillettes, pour marquer l'enfance, arrêter l'heure, le temps de dix petits textes, d'une publication témoignant aussi de l'époque... André (trois du même prénom), Jean-Pierre, Jacques, Renzo, Aimé, Claude, Christian, Roger... ils sont dix contributeurs. Ils ont entre 9ans 1/2 et 13 ans et derrière leurs petites rédactions travaillées mais si personnelles, il y a l'instituteur de l'école de garçons. Il ne dit pas son nom mais met seulement ses capacités, son sérieux, sa modeste mais précieuse exemplarité, sa modernité éducative. Le petit journal mensuel, la petite imprimerie scolaire, c'est la pédagogie Freinet. Nous sommes en 1951-1952. Nos jeunes garçons, pour ceux qui sont toujours là, seront bientôt octogénaires mais gageons que la fraîcheur des jeunes années leur déride et aiguillonne toujours l'existence. 



Souvent je feuillette ce numéro 1, 8ème année, rédigé et imprimé à l'école de garçons de Salles-d'Aude, l'unique entre mes mains, toujours à relire encore parce quelques éclats toujours renouvelés ne demandent qu'à enluminer les têtes.
Cette fois c'est le texte de PUECH Jacques, 10 ans, qui m'a accroché. Si mon esprit buissonnier est  parti entre Noël et Pâques, sous l'olivier chargé ou l'amandier fleuri, c'est le porte-plume aux lèvres, dans une classe sentant l'encre, le bois, la craie que je l'entends lire :

  

PS : entre nous, je préférais la plume "Gauloise", question de caractère...



(1) René-Guy Cadou (1920-1951) au destin poignant... "Je ne ferai que quelques pas sur cette terre", "Le temps qui m'est donné, que l'amour le prolonge." 

photos non autorisées :
2 & 3 serait-ce pour témoigner...
4. Et si c'est interdit, on dessine !

mardi 25 décembre 2018

DE NOËL A PÂQUES, DES OLIVIERS AUX AMANDIERS FLEURIS.

La crise sociétale que connait aujourd'hui la France est d'une aigreur qui pourrait gâcher la sérénité des fêtes de fin d'année, à commencer par la candeur liée à Noël. Le titre de cette respiration du moment prouve que non, qu'il faut prendre du recul même sur un mouvement social qui fait date, n'est pas encore abouti et marquera l'Histoire.



Mes grands-parents paternels, chez l'oncle Noé aussi, chaque année on préparait des bocaux d'olives vertes ou noires. Ils enlevaient l'amertume avec de la lessive de soude. Avec le grand gel de février 1956 qui fit mourir les deux tiers des arbres, dans les placards, les réserves se firent plus modestes. Par la suite, la vie moderne aidant, on ne parla plus de ces productions familiales marquant les saisons et qui limitaient si bien les dépenses extérieures : gelées et confitures d'azeroles, de coings, olives, fraises, tomata, conserves de haricots verts, pas plus que de ces petits profits de la garrigue comme les asperges ou des vignes comme les poireaux, les salades sauvages, les prunelles bleu nuit pour la liqueur... 


J'ai huit ans, j'ai neuf ans, je ne sais plus mais la radio passe L'eau Vive de Guy Béart et les mots m'éblouissent d'images en couleurs malgré les griffures sur l'écran du cinéma au village :

"... Lorsque chantent les pipeaux, lorsque danse l'eau vive 
Elle mène mes troupeaux au pays des olives..."

 
Penser aux oliviers m'oblige à évoquer encore les vendangeurs espagnols, plus précisément ceux qui travaillaient en 2013 à Fontcouverte, chez le docteur Lignières. Les hommes : de petits propriétaires terriens des contreforts nord de la Sierra Nevada. Juan explique qu'il ne s'en sort plus avec les olives tombées de 70 centimes, trois ans auparavant à 45 centimes le kilo. Ses 2500 oliviers ne peuvent plus le faire vivre... là-bas aussi, la situation des paysans est pénible. C'est affligeant d'en déduire que dans le système libéral de la mondialisation forcée, ceux qui nous font manger ne peuvent plus en vivre ! 

Les olives en octobre et novembre, c'est la belle saison qui veut bien encore nous offrir ses bienfaits comme elle l'a fait avec les châtaignes, les coings. En avançant vers l'hiver, tels les sarments qui  renvoient vers les racines l'amidon des feuilles passées par tous les tons et finalement détachées, sèches, craquantes mais au rôle essentiel pour la reprise du cycle, l'être se concentre sur ses réserves pour, après les fêtes, attendre, en apnée, que la course du soleil s'allonge... Et dire que cet être était (je parle du temps pas si lointain où la religion étouffait toute velléité d'émancipation), assez masochiste pour remettre ça, dans une dimension mystique et disproportionnée entre les excès, la conduite licencieuse, la débauche même permise pour carnaval avant un carême strict de quarante jours jusqu'à Pâques. 

Une ascèse quelque peu discordante avec l'exubérance fleurie des amandiers. Étonnant comme on passe vite des oliviers aux amandiers à moins que ce soit aussi naturel que de passer de Noël à Pâques.   

 
BONNES FÊTES dans le monde sans oublier ceux qui souffrent... 

  


lundi 24 décembre 2018

LORSQUE L'ENFANT PARAÎT (Victor Hugo) / variation sur Noël.

Noël, Nadal, Natal, Navidad, naissance, natalité... ça reste dans le registre familial...
 
Et en famille, qu'y-a-t-il de plus beau, de plus magique qu'un bébé qui vient au monde et qui rejoint ces enfants grandis trop vite, transformés par l'âge mais que nos mémoires s'efforcent de fixer tout petits ? 

Baby by Pixabay
  

Avec cette variation sur Noël me viennent les paroles approximatives d'une chanson (années 60 ou 70 ?) qui ne m'a laissé que sa belle empreinte méditerranéenne :

"... Il est né parmi les abeilles, 
Un bel enfant de miel et d'orgeat
Chante l'oiseau dessous la treille
Refleurira le vin muscat..."  

Quand l'enfant vient, être père c'est, grâce au nouveau-né, revoir ses aînés. Et si la vie qui va trop vite n'en laisse pas le temps, à l'automne de son âge, quand vient le besoin de se retourner sur le chemin parcouru, si un malheur n'est pas venu faucher une destinée, il faut garder de nos enfants le merveilleux, depuis la naissance, de leur apprentissage à la vie. Ensuite, quand le destin nous offre petits-enfants et petits-neveux et nièces, il faut dire leurs prénoms avec affection, beaucoup d'égards et d'émotion. Avec le progrès, on ne réalise pas combien une petite vie est précieuse et fragile... 

Victor Hugo vers 1853 - 51 ans - Wikipedia - Auteur peut-être Charles Hugo.


Un qui les a aimés les enfants et qui, pour cette seule raison, mérite l'honneur d'être un grand homme : Victor Hugo !  
De son poème "Lorsque l'enfant paraît", je pensais seulement citer :

"... De jamais voir, Seigneur ! l’été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !.." 
 
En rester là serait aussi aussi boiteux qu'irrespectueux... dans "Les feuilles d'automne", le voici en entier : 

"Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d’un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l’enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l’appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.

Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l’âme
Qui s’élève en priant ;
L’enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poètes saints ! la grave causerie
S’arrête en souriant.

La nuit, quand l’homme dort, quand l’esprit rêve, à l’heure
Où l’on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L’onde entre les roseaux,
Si l’aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d’oiseaux !

Enfant, vous êtes l’aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez ;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S’emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !

Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies
N’ont point mal fait encore ;
Jamais vos jeunes pas n’ont touché notre fange ;
Tête sacrée ! enfant aux cheveux blonds ! bel ange
À l’auréole d’or !

Vous êtes parmi nous la colombe de l’arche.
Vos pieds tendres et purs n’ont point l’âge où l’on marche ;
Vos ailes sont d’azur.
Sans le comprendre encor, vous regardez le monde.
Double virginité ! corps où rien n’est immonde,
Âme où rien n’est impur !

Il est si beau, l’enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !

Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j’aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l’été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !.." 

Victor Hugo 73 ans vers 1875 Author Comte Stanislaw Julian Ostrorog dit WALERY (1830-1890)
 

Victor_Hugo vers ses 82 ans (1884) Auteur Nadar
A Stanislas, Olivier, Lætitia, Pierre-François, Florian, Léa, Camille, Alexandre et à celui qui est en chemin...  

 Photos autorisées : 1. Pixabay. 2 & 4. Wikipedia. 3. Wikimedia Commons. 

Vous avez remarqué comme les mains apportent un supplément d'âme au portrait ? C'est le cas aussi pour ceux de Paul Valéry... J'ai une photo de classe où ma main apporte de la vie à une vue figée... mais chut, la satisfaction que j'en ressens pourrait me rendre prétentieux !

"... DAVANT LO MONDE ESTABOSIT..." / Noël de Jean Camp.

Source Pixabay
 Déconcerté, abasourdi, stupéfait, stupéfié, étourdi de stupéfaction pour cause de soleil trop puissant par exemple... Sûr qu'au moment du solstice d'hiver, un envoyé divin chargé de treilles, une corne d'abondance de pampres accrochés de grappes pourrait évoquer une hérésie iconoclaste ne relevant plus, et c'est heureux, des affres et terribles châtiments liés à l'Inquisition. Il n'empêche, encore moulé et empreint de la matrice catholique, est-ce pour se faire pardonner une évocation teintée de paganisme, que Jean Camp, iconophile, insiste sur la symbolique de Noël sous l'égide du "Bon Dieu" qu'il a pris soin de nommer dans la langue de la "fille aînée de L’Église", avec force majuscules, comme si "lou bon Diéu" occitan relevait, lui, d'un schisme ou pour le moins d'une proximité manquant de respect...  

"Bèl Nadal, me fas rebastraire
Se lo Bon Dieu m'avia causit
Auriai volgut faire, pecaire,
Davant lo monde estabosit,
De nostre Sénher, un vendemiaire
Se lo Bon Dieu m'avia causit."
Source convertimage
Notes : 
1. "rebastraire" ? Dans le sens de rebâtir, reconstituer, déduire... imaginer ? 
2. Mistral qui, en trop bon chrétien qu'il était, inféodait la langue d'Oc à la très sainte Église catholique relève, conscience professionnelle oblige, dans son Trésor dou Felibrige, à l'entrée "Dèu dans ce juron languedocien Cap de Dèu ! Tête Dieu !

3. Notons la prononciation [ou] de la lettre [o] alors que la pratique de l'occitan lui faisait écrire et prononcer antérieurement [ou], suivant la graphie mistralienne, dans son fameux poème "Lou Doublidaïre" par exemple. Caboujolette / 2008 / François Dedieu.

4. Notons encore qu'on arrivait à conserver des raisins pour Noël : 
 
"... Merci pour les « moissines[1] » (C’est dans le Petit Larousse) mais c’est surtout Joseph et Jean Ferry qui conservaient ainsi les grappes, avec le bout de sarment. Mamé Ernestine suspendait seulement chaque fois deux belles grappes attachées par un fil sur une barre (genre manche à balai) posée sur le dossier de deux chaises, sièges en dehors (il y avait chaque fois deux barres de raisins blancs). Le tout était placé dans la cuisine de mamé Joséphine … et souvent beaucoup de grappes se périssaient, mais enfin nous pouvions goûter quelques raisins longtemps après les vendanges..." 
Caboujolette / 2008 / François Dedieu... (merci à toi surtout, papa...)


[1] Grappe coupée avec son bout de sarment, afin de conserver le raisin dit « de Noël ».

Vendanges Gustave Doré

Ci-dessous, la notice sur Jean Camp dont, indirectement, une biographie intéressante pour être des plus rares et néanmoins fournie. 

http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=59152

dimanche 23 décembre 2018

LES MEDIAS FONT PEU DE CAS DE MICHEL ONFRAY !

QUAND TOMBE LE MASQUE DES POPULICIDES.

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/quand-tombe-le-masque-des-populicides?fbclid=IwAR09dfSX7N8L6SMPWBNYvBXvVFyKPI-oYawaltoDHC2vpopMdHX9NO26Qgg

"L'HOMME EST UN LOUP POUR L'HOMME", vaste programme...

"L'homme est un loup pour l'homme"... Les humains ne valent pas mieux que les loups groupés en meutes ennemies... Avec le Leviathan (1651), Thomas Hobbes est d'avis que l'homme doit abandonner sa liberté de bête primitive ne comptant que sur sa force pour subsister. Aussi doit-il se soumettre au pouvoir transcendant, à l'autorité verticale, à l’État de Droit souvent héritier mais plus progressiste que celui, devenu absolu, du souverain. Il s'agit d'une obéissance, d'un consentement à la perte de sa liberté sans limites pour une liberté sociétale encadrée, la fameuse "liberté [...] de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui..." inscrite dans le marbre de la deuxième Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (préambule de la Constitution du 24 juin 1793)(1). Or la vieille règle naturelle, celle de la loi du plus fort vient dévoyer "l’État des droits pour tous" avec une minorité de loups qui asservissent une majorité fataliste, convaincue du bien fondé inégalitaire jusqu'à ce que le temps et l'évolution fassent leur œuvre...  

Source Pixabay
 C'est donc une constante dans les sociétés humaines : des masses asservies par une minorité qui cadenasse le pouvoir. La domination, l'exploitation d'une majorité soumise par une minorité se proclamant supérieure semble être inscrite depuis toujours dans les gènes de l'homme, être social. L'influence exercée par les détenteurs du pouvoir a longtemps anesthésié les mécanismes de perception, de jugement, de mémoire, pour être imposées en tant que norme à la masse matée, fataliste, conformiste et manipulable des sujets. Cette domination qui perdure depuis des siècles s'érode néanmoins avec le temps, l'évolution des mentalités, la prise de conscience par les basses classes des injustices subies. Depuis un second XVIIIème siècle, l'avènement des démocraties a marqué cette évolution et a certainement contribué à limiter les implosions sociétales, à freiner les explosions de violence liées aux révolutions pourtant inévitables et dues au consensus sociétal qui se déchire.

Depuis que l'Histoire existe et même si elle a évolué positivement au fil des siècles jusqu'à cristalliser un refus aussi délibéré qu'énergique des opprimés, cette prédation qui a pris un tour économique dans les pays les plus avancés, demeure prégnante. Les oppresseurs, en effet, mettent en avant un ordre économique arbitraire fondé sur une croissance infinie, à en croire leur mensonge originel, alors que le premier imbécile venu sait que la Terre n'est qu'une bulle de vie presque hermétique, où, pour reprendre la formule célèbre de Lavoisier, serait-elle discutable... "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme".
La synergie obscène des possédants qui s'arrogeraient aussi le monopole de l'intelligence et une sorte de légitimité culturelle dans une quête pourtant inhumaine, sauvage, aussi acharnée que sans limites pour de foutus milliards, n'est rien moins que suicidaire puisque après nous avoir fait dévorer le renouvelable, le système imposé nous oblige à ronger la matrice seule apte à renouveler le transformable... Parabole de la poule aux œufs d'or que nous tuons à petit feu mais sûrement... cette année, c'est début août que nous avons épuisé ce que la planète peut donner. 
Pire, au nom de la libre concurrence, des affairistes de l'acabit d'un Patrick Drahi seraient pour supprimer des semaines de congés payés, rallonger la semaine de travail quand ils ne sont pas pour robotiser le travail tout en exigeant de l’État dit "providence" (quelle sale expression discutable puisque les moyens donnés ne font que revenir, par une distribution solidaire, à ceux qui ont été prélevés ! et si la providence consiste à endetter le pays en empruntant inconsidérément, pas la peine de se prétendre trop intelligents et subtils comme le fit ce beauf de Le Gendre, chef de file de la majorité "en marche" à l'Assemblée !).    

Considérant ce climat délétère dans une période troublée, les leçons de l'Histoire sont plus que nécessaires. Chaque État ayant progressé à un rythme propre, la population des moins bien lotis a néanmoins été motivée par les situations les plus avancées à l'étranger, en vue d'une amélioration de sa condition. En ce moment le mouvement des Gilets Jaunes fait des émules ailleurs... Sans oublier la main mise idéologique, en partant de la misère d'un monde rural, de paysans puis d'ouvriers suite à l'industrialisation, et à présent dans un pays comme la France où il n'y a plus d'ouvriers suite à la désindustrialisation voulue par des politiques soumises au capitalisme mondialiste, dans un pays où quelques agriculteurs productivistes et empoisonneurs mais sur la corde raide, ont remplacé les paysans, n'assistons-nous pas, avec la révolte actuelle des Gilets Jaunes accompagnée d'un penchant pour une vie plus saine, sans malbouffe, à un même refus de la part des laissés pour compte envers les castes dominantes ? 

Wikimedia Commons Auteur René Maltête.
 Et les bobos de la capitale de trouver que la demande de référendum à l'initiative des citoyens est dangereuse, qu'elle ouvre la voie aux désordres, au fascisme, aux racismes. Toujours le même mépris du peuple ! J'ai écouté dernièrement Dominique Reynié chez Zemmour et Naulleau. Ce n'était pas tant qu'ils s'acharnaient à trois contre Quatennens le député FI mais à cause de leurs arguments lamentables : Naulleau pour l'élection indirecte du président (?), Zemmour pour la Constitution de la Vème République pourtant déconstruite par des faussaires (!!!) et ce Reynié pour l'élection telle quelle, sans un mot pour le taux d'abstentions qui devrait interpeler, des bulletins blancs non considérés comme exprimés (2) ! Et la pirouette manière de botter en touche de ces m'as-tu-vu avec le distinguo entre "légalité" et "légitimité" ! Oui, oui, Paris-Première chaîne du jacobinisme borné !    

La Vème République initiée par un président respectueux de sa parole : 


Que voyons-nous aujourd'hui, sinon tout le contraire, en mettant en parallèle un président de 40 ans arrogant et déjà si hypocrite et corrompu, marionnette de conspirateurs  à l'aune de ce monsieur Drahi ? Bien sûr qu'il va rester au nom de la légalité légitimée ou de la légitimité légale n'est-ce pas monsieur Reynié, homme de think tanks, de libéralisme, pourfendeur du populisme qu'il voit toujours le couteau entre les dents ?  

Oui, le dernier Zemmour et Naulleau confirmait bien des choses et pour finir avec une petite phrase, alors qu'un ministre demandait au Général s'il fallait s'occuper des cons, De Gaulle n'aurait pas répondu "vaste programme" mais "lourde tâche !".  

(1) elle-même précédée par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789, on lit, article 4 : La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui... et qu'on doit sûrement à l'origine aux Lumières sinon à quelques humanistes plus anciens...  

(2) Les faussaires : Mitterand, Chirac, Sarkozy, Hollande. 30 articles seulement demeurent sur les 92 au départ ! Et où sont les législatives à mi-mandat pour abonder ou sanctionner la politique menée ?
https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/quand-tombe-le-masque-des-populicides?fbclid=IwAR09dfSX7N8L6SMPWBNYvBXvVFyKPI-oYawaltoDHC2vpopMdHX9NO26Qgg


mercredi 19 décembre 2018

ENTRE LE CIEL ET L'EAU / Mayotte





"Une île, entre le ciel et l'eau
Une île sans [...] bateaux
Inculte, un peu comme une insulte
Sauvage, sans espoir de voyage
Une île, une île, entre le ciel et l'eau..." 

Une île 1969 / paroles Serge Lama, musique Yves Gilbert / Album "Et puis on s'aperçoit" 1970. 

Les photos de 1 à 7 sont du 18 décembre 2018 avec une gentille saison des pluies (kashikazi) qui semble avoir commencé... 
Les photos 8 à 13 sont de mai 2018, des débuts de la saison des alizés, la saison sèche (kusi)...




"... Ce serait là, face à la mer immense
Là, sans espoir d'espérance
Tout seul face à ma destinée
Plus seul qu'au cœur d'une forêt
Ce serait là, dans ma propre défaite
Tout seul sans espoir de conquête
Que je saurais enfin pourquoi
Je t'ai quittée, moi qui n'aime que toi..."







[...] Une île, comme une cible d'or
Tranquille, comme un enfant qui dort
Fidèle, à en mourir pour elle
Cruelle, à force d'être belle
Une île, une île, comme un enfant qui dort 

Une île, entre le ciel et l'eau
Une île sans [...] bateaux
Inculte, un peu comme une insulte
Sauvage, sans espoir de voyage
Une île, cette île, mon île, c'est toi..."