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mardi 14 mars 2023

ESPÉRAZA et ses ermites

A Espéraza et dans les villages autour, le lendemain du mercredi des cendres, pour clore la fête de carnaval, c'était la coutume des ermites. Arrêtée en 1947, elle reprit dix ans plus tard mais à partir de 1970 perdit son lien au carnaval en n'étant plus programmée que pour Pâques et même en mai. 

View_of_Esperaza  Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Krzysztof Golik

En chemise de nuit de femme et chapeau melon (Espéraza a été une riche capitale du chapeau), les ermites se passent le visage au noir de fumée, surlignent leurs sourcils et moustaches, se font un gros point sur chaque joue ainsi qu'un rond autour d'un œil.  

L'ermite de tête, un costaud, porte une croix de trois mètres de haut, chargée qui plus est, de gros chapelets au centre, de saucissons et saucisses sur les bras qui balancent au bout une courge bouteille. Les ermites suivent, porteurs de paniers. Accompagnés, idéalement, d'une quinzaine de musiciens (percussions, clarinettes, basses, cuivres et barytons), ils entrent dans les maisons pour recueillir des charcuteries, du jambon, des œufs. 

Devant les maisons où habitent une fille ou une jeune femme, ils se font passer pour de faux ermites et chantent une sérénade d'amoureux qui soupire ; des paroles en français alors que plus anciennes, celles en languedocien relèvent des farces de carnaval dont celle à propos d'un "paure ermita" qui s'est pris fantaisie de se couper la barbe : 

"... Un jorn que fasia vent             Un jour qu'il faisait du vent
La barba sioguec copada                 La barbe fut coupée
E le bent se l'emportec                 Et le vent l'emporta
Aval, sus l'esplanada                  Là-bas, sur l'esplanade, 
Un pintré la ramassec... "             Un peintre la ramassa...

Les provisions collectées permettent de régaler les participants dans un banquet où les femmes sont exclues. 

Vers trois heures de l'après-midi, tout le monde est invité pour le vin chaud. Dans une pairolo, une grosse marmite à l'origine posée sur des pierres (d'où son nom), soixante litres de vin, cinq kilos de sucre, des clous de girofle, de la cannelle, du citron, des zestes d'orange.  

En attendant que ça chauffe, le dernier marié de l'année doit faire le tour de l'âne. Tourné vers la queue de l'âne, sur la tête, le bainat, un frontal de boeuf avec ses cornes (surtout qu'à Espéraza, existait une vieille tradition du bœuf gras (1) (souvent une vache) qu'on poursuivait dans les rues avant de le manger) il doit écouter du cocu, réminiscence machiste sur la jalousie possessive du mâle alors que la femelle est réputée infidèle... 

" ...te caldra monta la garda... il te faudra monter la garde 
En portant le bainat. (bis) 

(1) la viande est réputée meilleure et les bouchers de bêtes qui ont couru étaient plus recherchés... c'est donc, il me semble, le contraire que lors du sacrifice du cochon... 

Source Revue Folklore n° 119, automne 1965. 

Voir aussi Rennes-le-Château, ses légendes, son mystère : La sortie des ermites d'Espéraza (rennes-le-chateau-bs.com) 


LIMOUX, le CARNAVAL...

Trois mois de fêtes en gros, c'est ce que dure le carnaval de Limoux, le plus long au monde !

"Carnaval es arribat". Tout en blanc et foulards rouges, les meuniers ont demandé symboliquement l'autorisation des autorités. ils repartent au son de la musique, un répertoire qui va chercher dans les vieux airs mais renouvelés aussi. Ils marchent, eux, sans la carabène, presque posément, comme s'ils écrasaient le raisin. le samedi et trois fois les dimanches, suivant un programme mettant tout le monde d'accord, suivant des séquences travaillées, chaque bande va défiler, rejoindre les arcades, faire halte dans chacun des cafés, récupérer dans une salle discrète, le seul endroit où l'on peut enlever le masque. Bien sûr ils boivent un coup. 

Auteur Carnaval de Limoux las coudenos 2017 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license.

Les bandes ont un effectif limité ; pour être coopté, les listes d'attente sont longues. Les costumes, le thème restent secrets : il faut ménager la surprise. Pour tous c'est une complicité amicale qui dure toute l'année, le temps de préparer le prochain carnaval, de le vivre, de se projeter dans le suivant. 

Lors de la sortie du soir, la lumière des torches de paille, l'odeur de résine, ajoutent à la magie. 

Le 5 mars, toutes les bandes, une bonne trentaine, étaient autorisées à sortir ensemble. Samedi 11 mars, lous Brounzinaires et les Rambaiurs menaient le cortège, dimanche c'étaient le Paradou, et dimanche prochain, 19 mars, ce seront las Fennos. 

Le_Tivoli_-_Sortie_du_matin Goudils au Carnaval_de_Limoux_2015  Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Unuaiga

Derrière  les bandes disciplinées, au programme étudié, suivent les goudils, plus libres de leurs déguisements, qui chantent, dansent, lancent ou étouffent de confettis, ciblent les spectateurs de leurs taquineries, avec des indices, vagues et justes à la fois, traditionnellement en languedocien, pour que toujours, l'intéressé ait à se demander qui peut bien être ce masque si indiscret qui en sait tant sur lui. Il y a beaucoup plus d'authenticité, de piment, en occitan, c'est certain. 

Fin mars c'est dans la langue maïrale, des aïeux, que Carnaval est jugé. Réquisitoire, plaidoyers se succèdent "Paure Carnaval, tu t'en vas e ieu demori..."... ce n'est pas la nuit de la blanquette qui va atuder (éteindre) le bûcher. Cette année, ce sera dimanche Rendez-vous est pris pour l'an qui vient. 

mardi 3 mai 2022

LESPIGNAN (5) Un peu des quatre saisons...

"Et maintenant, taratata tantan, que vais-je faire ? De Lespignan pour ce que j'en dis... "Si quelqu'un veut prendre le relais, sur l'air de Gilbert Bécaud... Peut-être que de se pointer, les choses vont se décanter. Laissons-nous le temps d'arriver.  

A gauche, au bord de la route, le bâtiment de l'ancien bar-restaurant, le Mas des Lauzes. Un tel établissement en pleine campagne, ça fait un peu guinguette : une bonne table, trois musiciens, une piste de danse, un lieu où inviter sa belle... c'est qu'aux infos, ils ont dit que Reggiani aurait eu cent ans aujourd'hui... du coup j'imagine or ce que j'en dis... mon côté lutin gamberge un peu sur Casque d'Or avec Simone Signoret alors que mon côté paysan (les deux peuvent aller ensemble) retient les lauzes (1), ces dalles plates des murs de pierres sèches qu'on trouve dans ces collines, comme vers Nissan, Vendres, Salles et même Fleury (photo)très différents, en nature, forme et couleurs, de ceux de la Clape. 


L'accueil à Lespignan, c'est la grande cave coopérative à droite. C'était. Tout a été rasé, comme à Vinassan pour rester dans le coin. Tout se conglomère... Être gros est-ce pour survivre ? mieux résister aux crises ? faire plus de profits ? Une seule coopé à Nissan, héritière de la première de France (Maraussan 1901), regroupe les producteurs de onze villages dont Lespignan sur 3000 hectares au total. Oh ! rien sur le merlot sur le site des Vignerons du Pays d'Ensérune ! Parti ce vin de cépage, avec les deux grappes qui encadraient joliment l'enseigne sur le fronton. Si allégoriques, les raisins, quand on sort d'un pépin de vigne et que le battement de l'automne envoie un sang nouveau au bout du plus transparent des capillaires. De mon temps, le merlot de Lespignan était apprécié, d'ailleurs, il comptait dans le jumelage avec les Belges qui, pour la digestion, parcouraient en groupe le vieux village. A la place de la coopé, ils auront un supermarché. 

En face aussi les vignes ont été arrachées. Logiquement ce devrait être loti. En attendant la friche nous a offert le plus beau champ de coquelicots qui soit. 

La traversée du village est des plus pittoresques avec des tournants à angles droits et des caniveaux, du moins de mon temps pour les ruisseaux à découvert... Comment passer ou se garer si un semi-remorque s'est engagé : ce doit être la principale distraction de la terrasse si bien placée du café. En été, un portail ouvert propose ses melons avec, en prime, la fraîcheur bienfaisante de sa remise. 

Lespignan école_laïque_de_filles_-_Archives_départementales_de_l’Hérault Wikimedia commons

Plusieurs tableaux illustreraient la traversée de Lespignan : les vendanges avec la coopérative, les coquelicots du printemps, l'été, les melons frais et la fête, plus loin, sur la place aux platanes mettant à l'honneur, derrière, l'école primaire, digne symbole de justice éducatrice, hélas perdue depuis, à propos d'un triptyque église-château-école, pardon pour la mairie que je ne situe qu'à peu près d'ailleurs. 

S'ajoute celui des premiers signes du renouveau, lorsque la fièvre des sèves montantes touche aussi les gens qui sortent, grisés par le réveil de la nature comme des sens. Des habitants qui perpétuent la mémoire des croquants en brûlant Carnaval pour se venger de l'hiver contre lequel ils sont bien démunis ! 
C'est subjectif puisque je le ressens comme une soupe à la grimace mais je reviens à ce que j'ai déjà exprimé dans ces pages (les fidèles qui épluchent le millier d'articles parus me pardonneront).

 "... A Lespignan, si la mairie classe son carnaval et la "Corbeille Jolie" dans les « temps forts » de la commune, les dragées, les quatre hauts de forme et les cannes à pommeaux ne sauraient nous faire oublier les meuniers et la bufatière (la danse du soufflet) des années 70... Obligé de regagner Lyon, le sourire plutôt forcé et le moral dans les chaussettes, je devais faire bonne figure pour passer au pas les nuages de farine et les masques moqueurs... Et que dire quand tout un passé se retrouve soufflé avec la démolition de la cave coopérative qui exposait ses jolies grappes au soleil couchant ? Dois-je ajouter, au comble de ma déprime, que me reviennent aussi les trognes rubicondes des Belges en goguette, ceux du jumelage, dans un pays de cocagne où le vin coulait de source ? Que reste-t-il sinon une journée de vendanges à l’ancienne ? Bien sûr que c’est bien pour les jeunes... Bien sûr que j’en deviens odieux... mais pour nous qui avons vécu cette époque et goûté, entre parenthèses, un fameux merlot d’ici, même s’il nous reste l’orchestre sous les platanes devant l’école, c’est surtout la boule dans la gorge qui ne passe pas...". 

(à suivre, qui sait ?)

 (1) issu du gaulois et peut-être d'une langue préceltique, le mot désignant une pierre plate, une dalle, une ardoise pour couvrir un toit, viendrait de l'occitan et du franco-provençal. A Vevey, en Suisse le mot "pierre loze" est employé en 1573. En Lorraine, une poutre lauzière est celle qui porte les ardoises. 

PS : c'est subjectif et partiel aussi les contributions de ceux qui connaissent ce village languedocien des abords de l'Aude seront-elles les bienvenues... je pense en premier à une photo de la cave coopérative que je ne retrouve plus dans mes albums.    


lundi 18 octobre 2021

J'AIME comme ELLES ont raconté leurs VENDANGES 7. Jours de Vigne.

 Au début des années 80, les femmes témoignent de leur travail à la vigne. De la taille aux vendanges, elles ont tout fait. Dans "Jours de Vigne", collection Terre d'Aude, Christiane Amiel, Giordana Charuty, Claudine Fabre-Vassas ont recueilli les récits de près d'une cinquantaine d'intervenants. Le thème des vendanges y est particulièrement fourni. 

Vendanges Aramon après la véraison Bessan Août 2017 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author FHd   

"A la Santa Matàlena.../... le rasim vairat..." une petite stance parlant des noix, du raisin, du blé et de l'oiseau parti du nid, laisse entendre que les vendanges commenceront quarante-cinq jours après. 

 La guerre a pris les hommes et les chevaux. l'armée en prêtait mais seuls les plus profiteurs en bénéficiaient.

LE MATIN.

"... au domaine de Lune, entre Narbonne et l'étang [...] c'était affreux [...] pas question d'avoir les bras nus [...] on avait le visage enflé et comme remède [...] on prenait des raisins verts qu'on écrasait et on les passait sur les piqûres des insectes [...]" 

Par temps froid, les hommes allumaient un feu qui servait aussi à réchauffer des galets à mettre dans les poches pour réchauffer les doigts.

Alencades ou arencades à Majorque Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Friedrch Haag

A huit heures, le régisseur donnait le signal du déjeuner. 
"... Des sardines salées, qu'est-ce qu'il se consommait pendant les vendanges ! On en mangeait beaucoup avec du fromage de cantal, du vieux cantal. Alors un grain de raisin, de la sardine, du cantal, c'était un repas extraordinaire..." 

LA COLLE (l'équipe)

Les coupeuses sont menées par la moussègne, quatre souches devant. Parfois, celle-ci alterne les à-coups et un rythme plus posé. 

"... La seconde coupeuse, la trempe, qui emprunte son nom à la piquette [...] donne trois souches à la moussègne. [...] On peut être de ligne avec la trempe..." Ces meneuses reçoivent parfois des turres, des mottes de terre anonymes [...] Alors la moussègne, avec celle de derrière qui était moussègne aussi, il fallait qu'elle fasse le cercle..." On l'appelle "la cuga" (la queue), "la truèja", la truie. Après la meneuse, les ouvrières du domaine, ensuite les villageoises, enfin les "étrangers". Des vendangeurs raillés parce qu'étant du Pays de Sault" ont coupé devant et plus vite que la moussègne pour la faire enguirlander par le patron... Un porteur porte quatre femmes..." il doit se proposer lorsque le seau est plein. 

VENDANGES ET CARNAVAL. 

 L'arencada, la sardine salée, nourriture de carême, se pend à un bâton pour carnaval.

" Qu'est-ce que vous mangez à midi ? 
~~ La quiche à la Marie Stuart... 
~~ A quoi elle est ? 
~~ Moitié merde, moitié lard !" 

Dans les rigolades, figurent, plus ou moins graveleux, cucu et caca, trou de balle et chiasse... Les auteures font un parallèle entre les vendanges et carnaval : la charrette devient char, la colle devient bande avec ses boute-en-train :

"... Une fois, dans un paquet de Bonux, j'avais trouvé une moustache avec le nez qui tient et les lunettes, je m'étais mis ça et un bonnet de nuit, et une poire pleine d'eau, vous savez, de ces poires à lavement, en caoutchouc !"  

On farde (Carrière, Baissette), on caponne (Signol), on barbouille (Camp), on mascare et ici on chaponne, on mouste, on cascamèlhe "... mais la punition apparaît plutôt comme un prétexte à l'expression du désir amoureux..." de la part des deux sexes. La fille se fait mordre si elle ne veut pas rendre le poutou, le baiser du garçon. Le dernier jour, dans certaines colles, ce sont les femmes qui rendaient la pareille aux hommes : ils se font mouster et farcir le pantalon de feuilles !  

LE REPAS. 

"... Moi j'ai une belle-sœur à Saint-Polycarpe, elle tue trois cochons. Parce que pour les vendanges, ils nourrissent les vendangeurs [...] Toutes les charcuteries séchées, on les gardait [...], du jambon, des cansalades qu'on avait gardées aussi dans des torchons et dans des cendres [...] on s'en servait pour tous les travaux pénibles, les moissons, les vendanges..." 

Dans des petits pois, des ragoûts, sinon ce sont souvent les haricots qui accompagnent la viande. 

Cassoulet de Carcassonne Wikimedia commons Auteur BrokenSphere

 "... La cuisinière du château et le cuisinier faisaient cuire une grosse marmite en cuivre, comme ça, de haricots.[...] Tous les jours, tous les vendangeurs, quand vous arriviez, vous alliez avec l'assiette et on vous donnait une grosse louche |...] Des haricots bien préparés, avec de la saucisse, oh pas avec du confit de canard ! [...] Mais bien préparés, bien cuits et tout..."

LES ENFANTS. 

Ils suivent à la vigne ou sont gardés. Les municipalités peuvent organiser des garderies souvent à l'école sauf le jeudi et le dimanche. Il fallait les lever tôt, leur faire le repas et le soir les récupérer en plus des commissions et de la cuisine pour le lendemain. 

Vers 9-10 ans, ils mènent une rangée à deux. Quand les voisines ont un "dimanche", un manque, elles font une souche aux enfants. L'argent des vendanges sert à habiller la famille et à acheter le charbon pour l'hiver.  

Source : JOURS DE VIGNE, Christiane Amiel, Giordana Charuty, Claudine Fabre-Vassas, ATELIER DU GUé collection Terre d'Aude, 1981   

mercredi 4 mars 2020

CARNAVAL inspiré d'un article de 2016

POUR CARNAVAL, LA SOUPE A LA GRIMACE...
reprise actualisée d'un article de février 2016 que je suis le premier à avoir oublié...

Comment ne pas y penser alors qu'on ne se lasse pas des vidéos et magnifiques photos du carnaval de Limoux !

Charité bien ordonnée dit-on... sauf qu’à Fleury, visiblement, nous en resterons à ressasser des souvenirs des carnavals d’antan... A ce jour, c’est l’indigence complète sur les pages municipales. Il y a bien eu "Du Vignoble à la Mer " de février mais sans l'état-civil de l'année, les mariages naissances et décès qui participent, une fois par an, à différer un tant soit peu l'oubli... Et rien en mars... C'était prémédité puisque l'agenda couvre aussi le mois présent. 
"Bon sang mais c'est bien sûr !" aurait dit le commissaire Bourrel, c'est qu'à Fleury, le carnaval, c'est l'élection municipale. Qu'en est-il en 2020 ? Je n'ai qu'un écho pathétique d'affiches déchirées et aussi la frustration de ceux qui aimeraient encore barrer, panacher et blackbouler sur les listes sauf que ce n'est plus possible !  
1969

A Salles, le carnaval était célébré en mai... En 2020 le blog étique mort-né le jour même de 2011 où il a été créé n'apparaît plus. On y gagne vraiment au change avec la page de la mairie "Vivre à Sales-d'Aude avec des photos aussi réussies que bien inspirées. On aime ! 

https://www.facebook.com/MairieSallesdAude/

Super pour Nissan-lez-Ensérune ! D'abord la recherche "Nissan carnaval" nous donne en premier... Carlos Ghosn ! Pas mal comme mise en bouche carnavalesque ! Plus au premier degré, le site du maire fait état de la reprise de cette tradition par les enfants, école et centre de loisirs réunis. Un défilé, des chants et l'immolation de Carnaval (23 février 2020).

https://www.nissan-lez-enserune.fr/index.php/Accueil?idpage=101&idmetacontenu=974

Super aussi pour Cuxac qui recevait J.Marie Bigard mais qui perpétue son carnaval en avril, comme en 2019 avec des danseuses, des chars, une "batucada" et le bûcher pour Carnaval !  

https://www.facebook.com/pages/category/Performance---Event-Venue/Comit%C3%A9-des-f%C3%AAtes-de-Cuxac-dAude-186071208585009/

A Ouveillan, aussi, un petit carnaval des enfants avec un goûter pour finir la belle journée.  

1980

A Lespignan, si la mairie classe son carnaval et la "Corbeille Jolie" ("... les riches meuniers faisaient le tour des maisons du village pour offrir des dragées en remerciement du travail que leur fournissaient les paysans...").dans les « temps forts » de la commune, les dragées, les quatre hauts de forme et les cannes à pommeaux ne sauraient nous faire oublier les meuniers et la bufatière (la danse du soufflet) des années 70... Obligé de regagner Lyon, le sourire plutôt forcé et le moral dans les chaussettes, je devais faire bonne figure pour passer au pas les nuages de farine et les masques moqueurs... Et que dire quand tout un passé se retrouve soufflé avec la démolition de la cave coopérative qui exposait ses jolies grappes au soleil couchant ? Dois-je ajouter, au comble de ma déprime, que me reviennent aussi les trognes rubicondes des Belges en goguette, ceux du jumelage, dans un pays de cocagne où le vin coulait de source ? Que reste-t-il sinon une journée de vendanges à l’ancienne ? Bien sûr que c’est bien pour les jeunes... Bien sûr que j’en deviens odieux... mais pour nous qui avons vécu cette époque et goûté, entre parenthèses, un fameux merlot d’ici, même s’il nous reste l’orchestre sous les platanes devant l’école, c’est surtout la boule dans la gorge qui ne passe pas...

A Vinassan, rien sur le site de la mairie. dans la galerie de photos, plus rien sur la jolie collection sur les vendanges et la coopérative aujourd’hui disparue !.. décevant quatre ans plus tard...

A Armissan, après des carnavals à vélos (sic), le comité des fêtes a œuvré, en 2014, pour relancer la danse traditionnelle de la bufatière. Hélas, l’année 2015 a déçu avec une petite trentaine seulement de costumés en rouge et blanc et trop peu de monde pour les fêter le long des rues. Et depuis plus rien ! Pour voir une belle affluence, encore reste-t-il à faire défiler les photos des carnavals du début du siècle (jusqu’en 1920) avec calèches, chariots et chevaux !

A Coursan, loin des « grandes heures » louées par Jean Camp, ils faisaient seulement la pub pour le carnaval de Narbonne ! Dans la continuité, en 2020, le 17 janvier, l'office du tourisme faisait la promo pour le carnaval le plus long du monde, celui de Limoux bien sûr !

En 2014, Narbonne avait calqué son carnaval sur le calendrier religieux. Le ROI DE LA MUSIQUE était le thème avec élection de la reine, une dizaine de chars et 500 carnavaliers, etc.  
En 2020, en fêtant son 83ème carnaval, Narbonne a le mérite de la continuité. Moi aussi, je continue à la considérer avec la même distance qu'elle même manifeste pour les villages autour... Et puis elle est assez grande pour se faire sa pub toute seule. 

https://www.escapadeslr.com/agenda-carnaval-de-narbonne-narbonne-aude-472.html 

http://www.narbonneenfete.com/accueil.html (site toujours actif) 

En 2014, à Carcassonne la municipalité n’avait rien voulu savoir alors que depuis le retour de Carnaval en 2011, la fête allait crescendo (passo-carriéro (5), jugement, crémation, bal masqué). Et en 2020 Marquomal se passéjo ! 
Le premier site fait la promo des carnavals rhénans et alsaciens. 
Le deuxième, une page fb, émaille ses propos de mots anglais (peut-être une réminiscence de la virée du Prince Noir ?), loue les Bretons si forts ainsi que le carnaval de Liège ! allez, allez, passons !
Le troisième clame qu'en 2017 il n'en est pas question ! 
http://musiqueetpatrimoinedecarcassonne.blogspirit.com/tag/carnaval
En 2019, sous le volet "Carcassonne", c'est Limoux qui est mise à l'honneur ! 
https://www.ladepeche.fr/2019/07/20/le-plus-long-carnaval-la-plus-grande-caravane,8322495.php

Alors basta Carcassonne ! je n'irai pas plus loin ! Plutôt ta Cité que ton carnaval ! 

Carnavals perdus, retrouvés, reperdus comme à Fleury, Salles, Coursan, Armissan, Vinassan, Nissan, avec la survivance à Lespignan de la "Corbeille Jolie" et à Cuxac une constance plus manifeste. Sinon, que dire au spectacle de triste carnaval pathétique que nous offre notre démocratie dévoyée ? Et sans vouloir disculper une macronie si pathétique de médiocrité, avec tout ce qui nous chagrine comme l'immigration, l'islamisme, le terrorisme, le mondialisme dans son feuilleton climatique et son volet actuel, coronavérolé, comment ne pas s'étonner d'avoir perdu le sens du printemps, la joie de vivre retrouvée, la place de l'humain dans le cycle des saisons et celui de la Planète encore bleue ?  

 
1981
 

 

jeudi 11 avril 2019

CHRONIQUE D’UN BOUT DU MONDE / Lettres du village / Mars – avril 1996.

Lettres de mon père depuis Fleury d'Aude. 

11 mars 1996. „Monsieur et madame B. Michel ont le plaisir de vous convier le lundi 11 mars 1996 au cocktail d’inauguration du restaurant „La Tulipe Noire“ à Fleury d’Aude, Place du Ramonétage, en présence des restaurateurs des tables gourmandes.“


16 mars. Mariage de Jean-Luc C.. 

Temps à la pluie pour le carnaval 1986. Diapo François Dedieu.
 19 mars. „... Jour du carnaval des enfants sur la place du Ramonétage. Danses, chants, batailles de confettis, quelques serpentins et boulettes de papier de couleur puis incinération de Carnaval, enfin départ des écoliers par la Rampe de la Terrasse et goûter à l‘école. Heureusement il faisait beau temps, ce qui est rare en cette période : nous ne pouvons ps nous tirer du vent marin et de cette atmosphère pluvieuse et cela dure depuis des mois. Le jardin public était divisé en deux longitudinalement par un petit ruisseau provenant de sous les marches du grand escalier, contournant le petit monument des deux meules de pierre et se déversant tout à fait au fond. C’était sûrement un ancien et depuis longtemps bouché puits de Bourdier (actuellement quelque part sous la place)quia débordé pendant de longues journées. A présent on voit moins d’eau dans les vignes et dans „L’Étang“ qui portait bien son nom, mais aujourd’hui c’est à nouveau le crachin ou la bruine et nous ne reconnaissons plus le „pays du soleil“.  

Rampe de la Terrasse / années 2010. 
 Samedi 23 mars. Repas de L’Âge d’Or (1) préparé par les restauratrices de Saint-Pierre, la nouvelle propriétaire du „Marin’s“ et l’historique „Café-Restaurant de la Plage Bolumar“. Maman a apprécié la compagnie d‘Hélène P. et Lilette A. de Boède. Elles ont parlé de Paul Maffre que tu as eu comme prof de lettres classiques à Victor-Hugo [...] Je ne te parle pas de la „séquence“ de madame P. de la Negly qui avait prêté (?) une de ses magnifiques bagues à un mémère qui ne voulait plus la rendre (!) affirmant qu’elle lui avait été donnée !! Une bague de sept ou 8 millions (Hélène dixit...)


(1)   Détail du menu disponible.

mardi 25 décembre 2018

DE NOËL A PÂQUES, DES OLIVIERS AUX AMANDIERS FLEURIS.

La crise sociétale que connait aujourd'hui la France est d'une aigreur qui pourrait gâcher la sérénité des fêtes de fin d'année, à commencer par la candeur liée à Noël. Le titre de cette respiration du moment prouve que non, qu'il faut prendre du recul même sur un mouvement social qui fait date, n'est pas encore abouti et marquera l'Histoire.



Mes grands-parents paternels, chez l'oncle Noé aussi, chaque année on préparait des bocaux d'olives vertes ou noires. Ils enlevaient l'amertume avec de la lessive de soude. Avec le grand gel de février 1956 qui fit mourir les deux tiers des arbres, dans les placards, les réserves se firent plus modestes. Par la suite, la vie moderne aidant, on ne parla plus de ces productions familiales marquant les saisons et qui limitaient si bien les dépenses extérieures : gelées et confitures d'azeroles, de coings, olives, fraises, tomata, conserves de haricots verts, pas plus que de ces petits profits de la garrigue comme les asperges ou des vignes comme les poireaux, les salades sauvages, les prunelles bleu nuit pour la liqueur... 


J'ai huit ans, j'ai neuf ans, je ne sais plus mais la radio passe L'eau Vive de Guy Béart et les mots m'éblouissent d'images en couleurs malgré les griffures sur l'écran du cinéma au village :

"... Lorsque chantent les pipeaux, lorsque danse l'eau vive 
Elle mène mes troupeaux au pays des olives..."

 
Penser aux oliviers m'oblige à évoquer encore les vendangeurs espagnols, plus précisément ceux qui travaillaient en 2013 à Fontcouverte, chez le docteur Lignières. Les hommes : de petits propriétaires terriens des contreforts nord de la Sierra Nevada. Juan explique qu'il ne s'en sort plus avec les olives tombées de 70 centimes, trois ans auparavant à 45 centimes le kilo. Ses 2500 oliviers ne peuvent plus le faire vivre... là-bas aussi, la situation des paysans est pénible. C'est affligeant d'en déduire que dans le système libéral de la mondialisation forcée, ceux qui nous font manger ne peuvent plus en vivre ! 

Les olives en octobre et novembre, c'est la belle saison qui veut bien encore nous offrir ses bienfaits comme elle l'a fait avec les châtaignes, les coings. En avançant vers l'hiver, tels les sarments qui  renvoient vers les racines l'amidon des feuilles passées par tous les tons et finalement détachées, sèches, craquantes mais au rôle essentiel pour la reprise du cycle, l'être se concentre sur ses réserves pour, après les fêtes, attendre, en apnée, que la course du soleil s'allonge... Et dire que cet être était (je parle du temps pas si lointain où la religion étouffait toute velléité d'émancipation), assez masochiste pour remettre ça, dans une dimension mystique et disproportionnée entre les excès, la conduite licencieuse, la débauche même permise pour carnaval avant un carême strict de quarante jours jusqu'à Pâques. 

Une ascèse quelque peu discordante avec l'exubérance fleurie des amandiers. Étonnant comme on passe vite des oliviers aux amandiers à moins que ce soit aussi naturel que de passer de Noël à Pâques.   

 
BONNES FÊTES dans le monde sans oublier ceux qui souffrent...