vendredi 27 mars 2020

MARCEL PAGNOL POUR SE CONSOLER DU CORONAVIRUS (suite et fin).

... et Ticky que je ne peux m'empêcher d'ajouter, décédé avant soixante ans d'avoir trop fumé, ce n'est pas moi mais mes yeux qui pleurent... pas vrai Galinette ! 
Cousin encore et même beau-frère avec l'oncle Jules de Perpignan, à l'accent aussi mordant que celui de Narbonne ! 

J'ai dit germain aussi pour tant de choses en partage. 
La langue, version provençale ou languedocienne reste l'occitan. Sans ce fond culturel linguistique qui se conjugue avec le catalan, parler frère, toute l'âme et la sensibilité méridionale de Pagnol n'auraient su s'exprimer pleinement. Bien que ne pratiquant pas la langue d'Oc, il savait d'instinct qu'il n'était pas possible de la couper de la vie en Provence telle qu'il la filma avec une majorité d'acteurs provençaux (même Pierre Fresnay, l'Alsacien,  a produit produisit, pardon, [Marcel avait horreur du passé-composé !] un effort louable en ce sens) sans oublier les immigrés piémontais, plus italiens de l'autre côté du Rhône tout comme ils ont été surtout espagnols dans notre Sud. Entre parenthèses, les ancêtres de Pagnol vinrent d'Espagne et nombre de vallées du Piémont italien ont l'occitan, eux, comme langue à statut protégé, autorisée dans l'administration locale !
Bref, alors que le menuisier Pamphile poétise sur le passage vaporeux de la fille aux cheveux d'or et aux yeux de mer et qui doit avoir quelque chose de bien joli dans son corsage, sa femme, la grosse Amélie qui, depuis sa fenêtre, a tout entendu, ne se le fait pas dire : 

"... Monsieur a espinché une petite bergère et ça lui a frappé sur la coucourde... /... Dis, marrias, et moi ce qu'il y a dans mon corsage, ça ressemble à rien ?"

Et Bouzigue qui a bien picolé, s'adressant à Joseph, lors du fameux repas sous le figuier fêtant la réhabilitation de "l'essituteur" avec la déroute du garde acariâtre qui leur avait interdit le passage le long du canal (un raccourci de 24 minutes au lieu des deux heures 45 habituelles pour monter à la maison de vacances) : 

"Joseph, Joseph, tu m'escagasses..."

Alors, quoi encore ? Et bé, comment ne pas se sentir en famille quand les Marseillais disent "campagne" en parlant d'un domaine, d'une propriété, d'un lieu-dit rural, comme nous le disons aussi, en Languedoc ? Et cette façon d'informer que la personne n'est plus en faisant précéder son prénom de "le" ou "la pauvre" : "le pauvre Marcel". Mais cette manie de commencer les phrases par "Et" comme quand on discute, peut-être est-elle seulement languedocienne... 

Sinon, vraiment cousins, et plus encore avec nous de la Clape, la géographie en atteste. Qué la géographie ? Faut pas quicher quand même ! Mais si, la Clape reste un témoin émergé d'une chaîne pyrénéo-provençale dont une partie des plis effondrés se trouve au fond du Golfe du Lion. Il n'en subsiste que les extrémités, la Clape dans l'Aude et les chaînes de l'Estaque et de l'Etoile, au-dessus de Marseille, au pays de Marcel, Lili, Paul, Augustine, l'oncle Jules,Ugolin, Manon, le Papet, Pamphile et Amélie aux gros nénés... 

Ticky Holgado avec Jacques Villeret (pressenti un temps, après Coluche (?) pour le rôle d'Ugolin ) dans les secrets professionnels du docteur Apfelglück. Marcel Pagnol copiait Giono sans vergogne lui disant même qu'il ne pouvait pas s'en empêcher, que c'était plus fort que lui. Je suis aussi coupable de cette capture d'écran dérobée à Youtube... 
Note : toutes les photos sont issues de la bande annonce du film mais je ne demanderai rien pour la promotion faite ici... 

MARCEL PAGNOL POUR SE CONSOLER DU CORONAVIRUS (1).


Chauvinisme ? Ethnocentrisme ? Particularisme sudiste ?  Et atavisme et tropisme tant que nous y sommes ! Aïe aïe aïe, ces mots, ces maux en -isme ! Oui mais en réaction, en production d'anticorps, rien à voir avec le covid 19 qui nous accable en ce début de printemps 2020 mais plutôt en réponse à un parisianisme chronique, à un jacobinisme éculé, à un socialisme abject de compromissions aussi lâches qu'infectes, contradictoirement laxiste quand l'immigration en vient à coloniser et toujours prônant un légalisme obstiné contre les identités qui pourtant participent à un creuset commun plus que français car européen. 

Alors oui, tant que la vie commande, moi aussi je produis mes anticorps. Je suis du Sud, je viens du Sud... Pour ceux qui n'ont à la bouche que le Sud-Est et le Sud-Ouest, le Sud c'est au sud, entre les deux ! Et quand, pour nous consoler du confinement lié au virus, la télé passe Manon des Sources (après Jean de Florette), bien sûr que j'en suis comblé ! Et n'allez pas croire que par flagornerie égotiste je revendique Pagnol pour briller dans son halo ! C'est qu'avec Marcel Pagnol, nous ne sommes pas que cousins, nous sommes germains ! 

Cousins et ça compte pour entretenir la souche commune. Le concernant, il a été répétiteur d'anglais à Pamiers... Pas plus que les Audois, les Ariégeois n'en sont pas pour autant infatués et son nom n'apparaît pas dans le paragraphe consacré aux "Personnalités liées à la commune". Qui plus est, vous remarquerez chez Pagnol la façon subtile de souligner ce cousinage. Dans Manon des Sources, justement, l'ingénieur du génie rural, il le fait intervenir "Avec un très bel accent de Narbonne". Lors de la réunion houleuse pour savoir où est passée l'eau de la source, il relève plus loin 

"... Ces mots, aggravés par les R pétaradants de l'accent de Narbonne" ! 

Et ça n'en pétarada pas moins (Pagnol adorait le passé simple !) quand, répondant au "papet" fustigeant l'administration, il lui fait répondre : 

"Monsieur, j'ai l'honneur de vous informer que l'administration vous emmerde..." 

Et tout ça avec Ticky Holgado dans le rôle ! Et ce n'est pas parce qu'il est de Toulouse ! L'avez-vous seulement vu et entendu aussi dans "Le Château de ma Mère" (film de Yves Robert 1990) ! Il joue Binucci, l'employé du canal,le collègue de Bouzigue lui aussi de Toulouse ! Tè, encore un hasard ! 
Et puis que voulez-vous, quand je pense à ce bon repas entre amis sous le figuier de la maison de vacances, plein de rires, quand je pense aux deux petites pages qui suivent, terribles d'un réalisme sépulcral avec la mort d'Augustine sa mère, celle de Lili le copain des collines, celle de son frère Paul, dernier chevrier de l'Etoile (ça fait beaucoup en deux petites pages) (à suivre...)

 Note : toutes les photos sont issues de la bande annonce du film mais je ne demanderai rien pour la promotion faite ici...

jeudi 26 mars 2020

MATIN PLUVIEUX... ET QU'EN EST-IL DE MADAME ? / Fleury-d'Aude en Languedoc.

" Matins frileux
Le vent se vêt de brume ;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes..." 
Emile Verhaeren 1895. 

Un peu frais avec ce Marin que le Cers laisse rentrer, plusieurs jours durant, encore un signe du changement climatique. Mais pas froid. 
Les pigeons bleus justement n'en sont pas à parader pour séduire, ils reviendront quand le soleil réchauffera à nouveau le mur. 
Mais là, il pleuviote... Les errements de la météo se font de plus en plus rares... 

La garrigue de la Clape à gauche, la colline du moulin à droite... 

La vue est bouchée... Oh ! c'est le mot ! Ils disaient à l'époque 

"Le trou de Madame est bouché !". 

C'est plein de délicatesse mais il faut le prendre de la part des vilains, des croquants, des jacques soumis aux ordres supérieurs ou encore impressionnés, comme ils le restent aujourd'hui, par la particule. 
Ainsi le col, clos par la garrigue d'un côté, la colline du moulin de l'autre (à moins que ce ne soit entre le moulin et Fontlaurier, la maison des gitans), et fermé qui plus est par la grisaille, n'ouvrait plus sur la cuvette de l'ancien Étang de Fleury. Des terres gagnées au profit des nobles de Marmorières et Tarailhan... 

Au fond les châteaux...

Mais j'interprète, j'imagine, seulement une supputation qui en reste, pour le moment, à son point d'interrogation... 
  
Alors était-ce la comtesse ? Qui était la madame en question ?      

lundi 23 mars 2020

ELECTIONS A FLEURY D'AUDE

Un petit clin d’œil...  les opérations "casquette" avaient-elles lieu alors, s'agissant de barrer quelques noms après tractations discrètes d'opposants quand ils ne vous plantaient pas une veste sur un piquet dans le jardin à la faveur de la nuit... 



lundi 9 mars 2020

NISSAN EN FÊTE, un film de Michel CANS des années 1950.

Né au début des années 1920 (1), le journaliste Michel Cans a confié plus de 160 films tournés entre 1950 et 1970 sur les villages de l'Hérault (partie Ouest du département).
Archives vivantes d'un monde que ceux de moins de 50 ans ne peuvent pas connaître, ils nous montrent comment les gens sont habillés, quelles peuvent être leurs habitudes, et derrière ou avec eux, les commerces aux devantures protégées par des bannes de grosse toile ou encore des volets, les modèles de voitures, les remorques à main ou couplées aux mobylettes sinon aux vélos... 

L'Aude bénéficierait-elle aussi d'un fonds aussi riche et intéressant ? Si une quête plus approfondie s'impose, ce n'est pas une raison pour snober nos voisins d'au-delà du fleuve... 


Nissan-lez-Enserune, panoramio wikimedia commons Auteur logopop. Au-delà des collines, la plaine de l'Aude et au fond, reconnaissable malgré ses modestes reliefs, la Montagne de la Clape.

(1) "... PAGÈS, David, "Michel Cans, 88 ans, un pionnier du journalisme", dans Midi Libre édition Béziers, 1er mars 2010."

NISSAN en fête
réalisateur : Michel Cans ; collection CIRDÒC-Mediatèca occitana

https://occitanica.eu/items/show/247 

Nissan-lez-Enserune Eglise St-Saturnin portail wikimedia commons Auteur Fagairolles 34. A voir la sortie de la messe, on dirait qu'une partie du film a été tournée le dimanche des Rameaux.

jeudi 5 mars 2020

DEMO..., DICTA..., DEMOCRATURE ou DICTACRATIE ?

Les trois types de dictateurs se ressemblent par certains côtés : 

* le refus du pluralisme. 
*  des élections truquées. 
* une propension sanguinaire. 
* la déraison.  

A moduler, à nuancer quand :

* le pluralisme est inefficient dès lors que les trois pouvoirs sont dans la main du chef (exécutif, législatif, judiciaire). 
* les élections sont dévoyées afin d'éviter le blocage : abstention cautionnée, vote blanc non exprimé... Bien que légalisé, de quelle légitimité le chef peut-il  se prévaloir ?
* le sang versé par la violence d’État : le nombre de blessés, d'éborgnés, d'amputés suite à des manifestations légales. 
* la déraison et l'autisme se manifestent par la fermeté, l'inflexibilité quant à une décision, la fermeture au dialogue, les mensonges de campagne, la distance et le cynisme parce qu'on se veut le dirigeant indiscuté (vojd, führer, duce, caudillo, conducator, lider maximo, guide de la révolution, grand timonier, ... chef de l’État français, et pourquoi pas "great leader" ou "dernier recours"). 

Ainsi pour mener la barque malgré les Gaulois réfractaires, les alcooliques, les illettrées, les fainéants, ceux qui ne sont rien ou autres palourdes, il y a : 

1. LE DICTATEUR dit ÉCLAIRÉ, autoritaire mais en général, contrairement au roi, pour servir le pays et ses gens. 
* gestion rigoureuse du pays. 
* réformes obligées, à marche forcée. 
* mise à bas des institutions sauf si, contournées, non appliquées, non modernisées, elles assurent la légalité du pouvoir. 

2. LE DICTATEUR DISCIPLINAIRE quand il n'est pas à la tête d'une junte militaire
* recours à la violence, à des milices de maintien de l'ordre (il suffit de bien les payer). 
* faire peur pour imposer son idéologie dogmatique. 

3. LE DICTATEUR GRAND FINANCIER, l'argent. 
* l'argent par l'entreprise, le commerce, les parts de marché, le profit usuraire. 
* la réduction des dépenses sociales, du pognon de dingue... 
* le pillage de la masse des plus ou moins pauvres par la faction au pouvoir  au moyen de lois coercitives, sous couvert d'une fausse concurrence, au profit de l'économie néo et ultralibéralisée.
* une prédation systématique pour amasser et assurer le futur grâce aux paradis fiscaux. 

La démocratie phagocytée laisse le champ libre à une dérive autocratique 

* Quand le pouvoir refuse de se limiter dans le temps... (pourquoi pas un seul mandat de 7 ans [demandé par Balladur]),
* quand l'inversion du calendrier de la législative renforce le fait majoritaire (2001),
* quand le Non au referendum n'est pas respecté (2005), 
* quand le recours aux pouvoirs exceptionnels (article 16) peut se banaliser, 

* quand la légalité de l'élection (abstention acceptée, vote blanc non accepté comme exprimé) amène à un choix par plébiscite,
* quand la finalité est de vouloir le pouvoir pour le pouvoir et ses intérêts, 
* quand malgré les turpitudes personne ne démissionne,
* quand la séparation des pouvoirs n'est pas assurée, 
* quand l'interdiction préventive de manifester a été voulue, 
* quand le fichier Gendnotes prévoit le fichage par décret, 
* quand le président n'assure son maintien que par les armes et les lois, 
* quand les lois favorisent les riches, 
* quand la fraude fiscale n'est plus qu'une "optimisation",
* quand l'inégalité de traitement lèse majoritairement le peuple, 
* quand l'égalité devant la loi n'est pas assurée (Cahuzac, Balkany et plus généralement...), 
* quand les opposants sont réprimés (Gilets Jaunes, Mélenchon...), 
* quand le principe fondamental du referendum est refusé au peuple, 
* quand en assumant de susciter la crainte ("Qu'ils viennent me chercher !"), on réveille la haine à force de s'en prendre aux biens des mêmes qui ne s'en sortent plus...   

 « ... Mais allez en dictature ! Une dictature, c'est un régime où une personne ou un clan décident des lois..." qu'il a dit le détenteur en exercice d'un pouvoir présidentiel abusif.

« Lorsque Machiavel écrivit son traité du prince, c’est comme s’il eût dit à ses concitoyens, lisez bien cet ouvrage. Si vous acceptez jamais un maître, il sera tel que je vous le peins : voilà la bête féroce à laquelle vous vous abandonnerez." Denis Diderot dans l'Encyclopédie 1755

Dix-huit arguments qui font dire qu'on n'y est pas encore mais que la colonne de direction n'est pas loin de casser... Ce ne sont que quelques notes, une réflexion (plutôt écrire sur des sujets plus plaisants comme le carnaval !)... Néanmoins, la bienpensance (la même qui schématise avec son "populisme qui amènerait le pire", la même qui clame la liberté d'aller au boulot mais qui engrange le maintien des acquis et les bénéfices des mouvements sociaux) qui, à l'occasion de la calamiteuse réforme des retraites, fait exprès de ne considérer que l'obstruction des uns (opposition parlementaire et la Rue, ultime possibilité d'exprimer un refus) et le passage en force des autres, devrait se demander si elle ne voit que le doigt quand le sage désigne la lune...  
 
et plus généralement le Net et Wikipedia.

mercredi 4 mars 2020

CARNAVAL inspiré d'un article de 2016

POUR CARNAVAL, LA SOUPE A LA GRIMACE...
reprise actualisée d'un article de février 2016 que je suis le premier à avoir oublié...

Comment ne pas y penser alors qu'on ne se lasse pas des vidéos et magnifiques photos du carnaval de Limoux !

Charité bien ordonnée dit-on... sauf qu’à Fleury, visiblement, nous en resterons à ressasser des souvenirs des carnavals d’antan... A ce jour, c’est l’indigence complète sur les pages municipales. Il y a bien eu "Du Vignoble à la Mer " de février mais sans l'état-civil de l'année, les mariages naissances et décès qui participent, une fois par an, à différer un tant soit peu l'oubli... Et rien en mars... C'était prémédité puisque l'agenda couvre aussi le mois présent. 
"Bon sang mais c'est bien sûr !" aurait dit le commissaire Bourrel, c'est qu'à Fleury, le carnaval, c'est l'élection municipale. Qu'en est-il en 2020 ? Je n'ai qu'un écho pathétique d'affiches déchirées et aussi la frustration de ceux qui aimeraient encore barrer, panacher et blackbouler sur les listes sauf que ce n'est plus possible !  
1969

A Salles, le carnaval était célébré en mai... En 2020 le blog étique mort-né le jour même de 2011 où il a été créé n'apparaît plus. On y gagne vraiment au change avec la page de la mairie "Vivre à Sales-d'Aude avec des photos aussi réussies que bien inspirées. On aime ! 

https://www.facebook.com/MairieSallesdAude/

Super pour Nissan-lez-Ensérune ! D'abord la recherche "Nissan carnaval" nous donne en premier... Carlos Ghosn ! Pas mal comme mise en bouche carnavalesque ! Plus au premier degré, le site du maire fait état de la reprise de cette tradition par les enfants, école et centre de loisirs réunis. Un défilé, des chants et l'immolation de Carnaval (23 février 2020).

https://www.nissan-lez-enserune.fr/index.php/Accueil?idpage=101&idmetacontenu=974

Super aussi pour Cuxac qui recevait J.Marie Bigard mais qui perpétue son carnaval en avril, comme en 2019 avec des danseuses, des chars, une "batucada" et le bûcher pour Carnaval !  

https://www.facebook.com/pages/category/Performance---Event-Venue/Comit%C3%A9-des-f%C3%AAtes-de-Cuxac-dAude-186071208585009/

A Ouveillan, aussi, un petit carnaval des enfants avec un goûter pour finir la belle journée.  

1980

A Lespignan, si la mairie classe son carnaval et la "Corbeille Jolie" ("... les riches meuniers faisaient le tour des maisons du village pour offrir des dragées en remerciement du travail que leur fournissaient les paysans...").dans les « temps forts » de la commune, les dragées, les quatre hauts de forme et les cannes à pommeaux ne sauraient nous faire oublier les meuniers et la bufatière (la danse du soufflet) des années 70... Obligé de regagner Lyon, le sourire plutôt forcé et le moral dans les chaussettes, je devais faire bonne figure pour passer au pas les nuages de farine et les masques moqueurs... Et que dire quand tout un passé se retrouve soufflé avec la démolition de la cave coopérative qui exposait ses jolies grappes au soleil couchant ? Dois-je ajouter, au comble de ma déprime, que me reviennent aussi les trognes rubicondes des Belges en goguette, ceux du jumelage, dans un pays de cocagne où le vin coulait de source ? Que reste-t-il sinon une journée de vendanges à l’ancienne ? Bien sûr que c’est bien pour les jeunes... Bien sûr que j’en deviens odieux... mais pour nous qui avons vécu cette époque et goûté, entre parenthèses, un fameux merlot d’ici, même s’il nous reste l’orchestre sous les platanes devant l’école, c’est surtout la boule dans la gorge qui ne passe pas...

A Vinassan, rien sur le site de la mairie. dans la galerie de photos, plus rien sur la jolie collection sur les vendanges et la coopérative aujourd’hui disparue !.. décevant quatre ans plus tard...

A Armissan, après des carnavals à vélos (sic), le comité des fêtes a œuvré, en 2014, pour relancer la danse traditionnelle de la bufatière. Hélas, l’année 2015 a déçu avec une petite trentaine seulement de costumés en rouge et blanc et trop peu de monde pour les fêter le long des rues. Et depuis plus rien ! Pour voir une belle affluence, encore reste-t-il à faire défiler les photos des carnavals du début du siècle (jusqu’en 1920) avec calèches, chariots et chevaux !

A Coursan, loin des « grandes heures » louées par Jean Camp, ils faisaient seulement la pub pour le carnaval de Narbonne ! Dans la continuité, en 2020, le 17 janvier, l'office du tourisme faisait la promo pour le carnaval le plus long du monde, celui de Limoux bien sûr !

En 2014, Narbonne avait calqué son carnaval sur le calendrier religieux. Le ROI DE LA MUSIQUE était le thème avec élection de la reine, une dizaine de chars et 500 carnavaliers, etc.  
En 2020, en fêtant son 83ème carnaval, Narbonne a le mérite de la continuité. Moi aussi, je continue à la considérer avec la même distance qu'elle même manifeste pour les villages autour... Et puis elle est assez grande pour se faire sa pub toute seule. 

https://www.escapadeslr.com/agenda-carnaval-de-narbonne-narbonne-aude-472.html 

http://www.narbonneenfete.com/accueil.html (site toujours actif) 

En 2014, à Carcassonne la municipalité n’avait rien voulu savoir alors que depuis le retour de Carnaval en 2011, la fête allait crescendo (passo-carriéro (5), jugement, crémation, bal masqué). Et en 2020 Marquomal se passéjo ! 
Le premier site fait la promo des carnavals rhénans et alsaciens. 
Le deuxième, une page fb, émaille ses propos de mots anglais (peut-être une réminiscence de la virée du Prince Noir ?), loue les Bretons si forts ainsi que le carnaval de Liège ! allez, allez, passons !
Le troisième clame qu'en 2017 il n'en est pas question ! 
http://musiqueetpatrimoinedecarcassonne.blogspirit.com/tag/carnaval
En 2019, sous le volet "Carcassonne", c'est Limoux qui est mise à l'honneur ! 
https://www.ladepeche.fr/2019/07/20/le-plus-long-carnaval-la-plus-grande-caravane,8322495.php

Alors basta Carcassonne ! je n'irai pas plus loin ! Plutôt ta Cité que ton carnaval ! 

Carnavals perdus, retrouvés, reperdus comme à Fleury, Salles, Coursan, Armissan, Vinassan, Nissan, avec la survivance à Lespignan de la "Corbeille Jolie" et à Cuxac une constance plus manifeste. Sinon, que dire au spectacle de triste carnaval pathétique que nous offre notre démocratie dévoyée ? Et sans vouloir disculper une macronie si pathétique de médiocrité, avec tout ce qui nous chagrine comme l'immigration, l'islamisme, le terrorisme, le mondialisme dans son feuilleton climatique et son volet actuel, coronavérolé, comment ne pas s'étonner d'avoir perdu le sens du printemps, la joie de vivre retrouvée, la place de l'humain dans le cycle des saisons et celui de la Planète encore bleue ?  

 
1981
 

 

lundi 2 mars 2020

LES VIOLETTES Explications de textes / Fleury-d'Aude en Languedoc.

Pas question, comme pour le bac, d'expliquer, de dégager un quelconque intérêt philosophique. Il ne s'agit pas de critiquer. Quant à notre opinion, elle ne peut qu'abonder, s'agissant de textes choisis. Dans un tableau fleuri de coucous, jonquilles et violettes (mettez moi aussi une giroflée parfum d'enfance s'il vous plaît) nous nous ferons narcisses mais pour prouver que tous les individualismes issus d'un même terreau donnent quand même un bouquet de vivre ensemble... 
 
Des frères Rosny, je ne connaissais que l'aîné, auteur du célèbre "La Guerre du Feu". L'ai-je seulement lu tant l'adaptation de Jean-Jacques Annaud se superpose, imprimant dans nos esprits à la fois l'animalité sexuelle suivie d'une humanité amoureuse et sous une magnifique pleine lune, la beauté et le mystère de la planète Terre, plus prégnant encore quand les menaces présentes se précisent...  


A gauche en regardant la mairie, l'ancienne école de garçons.
Mais restons-en à cet amour infini qui monte dans l'âme, si bien porté par la poésie, si bien traduit par le jeune Rimbaud qui, à seize ans à peine, écrit "Sensation". Pour les écoliers, le ferment poétique est particulièrement marquant. Mars rime avec floraison et printemps et Théophile Gautier reste un passeur d'émotions. Pour un enfant aussi déphasé que rebelle, la matière "Récitation", en apparence stricte, martiale, donnait, de gré ou de force, l'ouverture pour le renouveau, la nature, les élans de vie ravivés.    
"Regardez les branches comme elles sont blanches..." : un vers, un rythme, une rime suffisent à ouvrir la porte. 
Devenue le siège de la police municipale, ma vieille école est aussi un des bureaux de vote du village. Plus que le bulletin et le contrôle administratif du votant, s'ils savaient qu'en secret, à la vue des verres dépolis du bas censés interdire la rêverie, mon âme sort toujours une clé buissonnière.  

"Tandis qu'à leurs œuvres perverses,  
Les hommes courent, haletants, 
Mars qui rit, malgré les averses, 
Prépare en secret le printemps..." Le printemps, encore Théophile !

Des extraits, un texte très coupé encore, comme pour Gaston Bonheur jouer avec la légalité (70 ans de droits protégés après le décès de l'auteur) même si l'ebook est libre et gratuit,

 https://www.ebooksgratuits.com/html/colette_vrilles_de_la_vigne.html#_Toc131670736

même si mes écrits n'ont rien de lucratif. Faites l'effort de retrouver ce texte. Colette (1873-1954) y relate une conversation, une complicité avec son aimé... sinon son aimée, Colette ayant eu une vie si libre de mœurs (bisexuelle, détournement de mineur, pratiques intimes révélées...). Quoi qu'il en soit même si ce fut confirmé pas plus tard qu'hier, à la télé dans "Sous les jupons de l'Histoire" (et oui rien de plus racoleur que des allusions et incitations au sexe...), pour Colette, pour nous et pour toi, avec les violettes, c'est un retour en arrière sur "les printemps de ton enfance". 

Grands pins à Pézenas, quartier de la gare du Nord.
Pour les avoir aimées, si petites et cachées au pied des grands pins si voyants (voir plus tôt sur mes pages), j'ai redécouvert et encore vibré (bien sûr qu'il faut relire et relire toujours un livre, des lettres aimées : les écrits ne livrent chaque fois que des parcelles de leur trésor). 
Oh que ces quelques lignes de mon père m'ont touché. 
Avec la 504, la balade au pays de Pierrou fait défiler notre Languedoc si divers. De la plaine qui forma le plus grand vignoble au monde (aujourd'hui c'est la Mancha, le pays de Don Quijote, en Castille), on passe en 50 kilomètres à peine à vol d'oiseau de la mer au Massif Central, du Golfe du Lion aux Monts-de-l'Espinouse et plus haut encore aux Monts-de-Lacaune, le pays de Pierrou. je ne suis plus sûr mais je crois que c'est autour de la commune de Gijounet (José si tu nous lis, serais-tu très occupé en ce moment...). Pierrou et les siens, comme les nôtres descendus de l'Ariège pour le bas-pays, a fait un jour et pour toujours le trajet inverse. Pierrou c'est la maison d'en face, dans cette rue qui alignait ses portails de remises et de caves dont une avec une poutre cintrée, toujours gaillarde, en guise de linteau. Pierrou avait les bras plus longs que sa femme pour ouvrir les volets le matin ; la bonne occasion pour se dire bonjour et échanger quelques mots au hasard de l'inspiration. A nous les violettes, les fraises des bois puis les châtaignes et les champignons, l'en-cas ou le pique-nique sous les tons chauds de l'automne. Aux Mountagnols, les fermes isolées et presque en autarcie, les pentes difficiles, les sols pauvres, le long hiver de froid et de neige sur plus de cinq mois !.. Pourtant, que la montagne est belle... 
Et ces deux lignes seulement sur les violettes du grand parc délabré de la comtesse à Saint-André-de-Sangonis ! Mais si fortes ! Par quelle intuition inconsciente ai-je pu parler il y a un mois à peine, de ces mêmes petites fleurs, courbées sur leurs tiges frêles comme pour une révérence timide, dans le grand parc de Saint-Christol, à Pézenas, toujours dans cette même plaine de l'Hérault ? 


Mon père, précepteur logé du petit comte (1953) puis professeur locataire d'un autre parc (1960) avec, entre les deux, un séjour de trois ans au Brésil pour trouver de quoi nourrir les siens. 
Et pour finir à Saint-André où, malgré les plans détaillés (geoportail), les banques de photos, il m'a été impossible de retrouver le château et le grand parc délabré... Rien non plus sur le passé de cette branche Worms de Rumilly, les châtelains dont le village n'a rien voulu garder on dirait... 

Sa rue, sa maison.

à regarder si l'incendie continue dans la garrigue. (2013)

Quant à la rue où est sa maison, à présent, en face, des stores sans cachet, électriques et qui ne s'ouvrent plus tels ces volets d'hier, sur un bonjour partagé au soleil du matin.        

dimanche 1 mars 2020

LES VIOLETTES DE SAINT-ANDRÉ / Les écrits restent...

Violettes Wikimedia Commons Auteur Cronimus

"... les fossés se remplissaient de coucous et les dernières primevères s’épanouissaient, mêlées à l’herbe des prairies…. Des bordures de violettes embaumaient l’air, tandis que, plus orgueilleux, des narcisses marqués d’incarnat, des jonquilles jaunes se dressaient sur leurs tiges creuses. Les tulipes, semblables à de petites flammes , égayaient un parterre." J.H. ROSNY Jeune, La Leçon de la Vie. (Biblioth. d’éducat.)
 
Théophile Gautier 1856 wikimedia commons Author Nadar

"... Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux près les perce-neige
Et les violettes aux bois..."
Premiers signes du Printemps. Théophile Gautier
Colette 1932 BnF Domaine public

"... Et les violettes elles-mêmes, écloses par magie dans l’herbe, cette nuit, les reconnais-tu ? Tu te penches, et comme moi tu t’étonnes ; ne sont-elles pas, ce printemps-ci, plus bleues ? Non, non, tu te trompes, l’an dernier je les ai vues moins obscures, d’un mauve azuré, ne te souviens-tu pas ?…/... Plus mauves… non, plus bleues…/... à tes narines le parfum invariable de ces violettes changeantes.../...  regarde comme moi ressusciter et grandir devant toi les printemps de ton enfance… Plus mauves… non, plus bleues…/... Une enfant prisonnière le jour, dans une école, et qui échangeait des jouets, des images, contre les premiers bouquets de violettes des bois, noués d’un fil de coton rouge, rapportés par les petites bergères des fermes environnantes… Violettes à courte tige, violettes blanches et violettes bleues, et violettes d’un blanc-bleu veiné de nacre mauve, - violettes de coucou anémiques et larges, qui haussent sur de longues tiges leurs pâles corolles inodores… Violettes de février, fleuries sous la neige, déchiquetées, roussies de gel, laideronnes, pauvresses parfumées…Ô violettes de mon enfance !... "
LES VRILLES DE LA VIGNE (1908). Le dernier feu. Colette.
 
Lacaune_musée_enfant_sauvage Wikimedia Commons Auteur Fagairolles 34

"... je t’ai envoyé hier, avec « La mésange », ce magnifique texte de Colette qui évoque si bien les modestes violettes. A ce propos, nous étions allés un jour, maman et moi, avec la 504, au pays de Pierrou, le père de Toutou Hérail, et grand-père de José, et ces violettes parsemaient les petits fossés bordant la route. Les maisons abandonnées prêtaient à l’imagination des tableaux rustiques enfouis dans le passé, et j’entendais Pierrou me dire : « Nous étions voisins : il habitait à peine à deux heures de chez moi. » Il entendait bien sûr « deux heures à pied », soit environ 8 kilomètres. J’avais aussi trouvé ces petites violettes si odorantes dans le grand parc délabré mais si évocateur du château de Saint-André-de-Sangonis, où elles avaient choisi un coin bien à elles que nous fréquentions rarement..."
CORRESPONDANCE 2003. François Dedieu. 

Vue_des_Monts_de_Lacaune_du_Pic_du_Montalet Wikimedia Commons Author Céline Rabaud

2587 pages copiées-collées sans compter les lettres papier. Prendrai-je seulement le temps de tout reprendre ? En attendant ce qui est pris date de mars 2003. Bien sûr, c'est grappillé dans plusieurs courriels, papa n'était pas du genre à se mêler avec de grands auteurs reconnus. Au contraire, pour lui comme pour moi, c'était puiser et partager puisque nous avions un volet littérature dans nos affinités culturelles. Me concernant, c'est vraiment par politesse et pour ne pas passer pour ce que je ne suis pas que je le cite en dernier. Il n'empêche, cela me permet de traduire comme dans un scenario crescendo, la force trop parlante d'un sentiment aussi profond qu'impérissable.