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vendredi 27 mars 2020

MARCEL PAGNOL POUR SE CONSOLER DU CORONAVIRUS (suite et fin).

... et Ticky que je ne peux m'empêcher d'ajouter, décédé avant soixante ans d'avoir trop fumé, ce n'est pas moi mais mes yeux qui pleurent... pas vrai Galinette ! 
Cousin encore et même beau-frère avec l'oncle Jules de Perpignan, à l'accent aussi mordant que celui de Narbonne ! 

J'ai dit germain aussi pour tant de choses en partage. 
La langue, version provençale ou languedocienne reste l'occitan. Sans ce fond culturel linguistique qui se conjugue avec le catalan, parler frère, toute l'âme et la sensibilité méridionale de Pagnol n'auraient su s'exprimer pleinement. Bien que ne pratiquant pas la langue d'Oc, il savait d'instinct qu'il n'était pas possible de la couper de la vie en Provence telle qu'il la filma avec une majorité d'acteurs provençaux (même Pierre Fresnay, l'Alsacien,  a produit produisit, pardon, [Marcel avait horreur du passé-composé !] un effort louable en ce sens) sans oublier les immigrés piémontais, plus italiens de l'autre côté du Rhône tout comme ils ont été surtout espagnols dans notre Sud. Entre parenthèses, les ancêtres de Pagnol vinrent d'Espagne et nombre de vallées du Piémont italien ont l'occitan, eux, comme langue à statut protégé, autorisée dans l'administration locale !
Bref, alors que le menuisier Pamphile poétise sur le passage vaporeux de la fille aux cheveux d'or et aux yeux de mer et qui doit avoir quelque chose de bien joli dans son corsage, sa femme, la grosse Amélie qui, depuis sa fenêtre, a tout entendu, ne se le fait pas dire : 

"... Monsieur a espinché une petite bergère et ça lui a frappé sur la coucourde... /... Dis, marrias, et moi ce qu'il y a dans mon corsage, ça ressemble à rien ?"

Et Bouzigue qui a bien picolé, s'adressant à Joseph, lors du fameux repas sous le figuier fêtant la réhabilitation de "l'essituteur" avec la déroute du garde acariâtre qui leur avait interdit le passage le long du canal (un raccourci de 24 minutes au lieu des deux heures 45 habituelles pour monter à la maison de vacances) : 

"Joseph, Joseph, tu m'escagasses..."

Alors, quoi encore ? Et bé, comment ne pas se sentir en famille quand les Marseillais disent "campagne" en parlant d'un domaine, d'une propriété, d'un lieu-dit rural, comme nous le disons aussi, en Languedoc ? Et cette façon d'informer que la personne n'est plus en faisant précéder son prénom de "le" ou "la pauvre" : "le pauvre Marcel". Mais cette manie de commencer les phrases par "Et" comme quand on discute, peut-être est-elle seulement languedocienne... 

Sinon, vraiment cousins, et plus encore avec nous de la Clape, la géographie en atteste. Qué la géographie ? Faut pas quicher quand même ! Mais si, la Clape reste un témoin émergé d'une chaîne pyrénéo-provençale dont une partie des plis effondrés se trouve au fond du Golfe du Lion. Il n'en subsiste que les extrémités, la Clape dans l'Aude et les chaînes de l'Estaque et de l'Etoile, au-dessus de Marseille, au pays de Marcel, Lili, Paul, Augustine, l'oncle Jules,Ugolin, Manon, le Papet, Pamphile et Amélie aux gros nénés... 

Ticky Holgado avec Jacques Villeret (pressenti un temps, après Coluche (?) pour le rôle d'Ugolin ) dans les secrets professionnels du docteur Apfelglück. Marcel Pagnol copiait Giono sans vergogne lui disant même qu'il ne pouvait pas s'en empêcher, que c'était plus fort que lui. Je suis aussi coupable de cette capture d'écran dérobée à Youtube... 
Note : toutes les photos sont issues de la bande annonce du film mais je ne demanderai rien pour la promotion faite ici... 

MARCEL PAGNOL POUR SE CONSOLER DU CORONAVIRUS (1).


Chauvinisme ? Ethnocentrisme ? Particularisme sudiste ?  Et atavisme et tropisme tant que nous y sommes ! Aïe aïe aïe, ces mots, ces maux en -isme ! Oui mais en réaction, en production d'anticorps, rien à voir avec le covid 19 qui nous accable en ce début de printemps 2020 mais plutôt en réponse à un parisianisme chronique, à un jacobinisme éculé, à un socialisme abject de compromissions aussi lâches qu'infectes, contradictoirement laxiste quand l'immigration en vient à coloniser et toujours prônant un légalisme obstiné contre les identités qui pourtant participent à un creuset commun plus que français car européen. 

Alors oui, tant que la vie commande, moi aussi je produis mes anticorps. Je suis du Sud, je viens du Sud... Pour ceux qui n'ont à la bouche que le Sud-Est et le Sud-Ouest, le Sud c'est au sud, entre les deux ! Et quand, pour nous consoler du confinement lié au virus, la télé passe Manon des Sources (après Jean de Florette), bien sûr que j'en suis comblé ! Et n'allez pas croire que par flagornerie égotiste je revendique Pagnol pour briller dans son halo ! C'est qu'avec Marcel Pagnol, nous ne sommes pas que cousins, nous sommes germains ! 

Cousins et ça compte pour entretenir la souche commune. Le concernant, il a été répétiteur d'anglais à Pamiers... Pas plus que les Audois, les Ariégeois n'en sont pas pour autant infatués et son nom n'apparaît pas dans le paragraphe consacré aux "Personnalités liées à la commune". Qui plus est, vous remarquerez chez Pagnol la façon subtile de souligner ce cousinage. Dans Manon des Sources, justement, l'ingénieur du génie rural, il le fait intervenir "Avec un très bel accent de Narbonne". Lors de la réunion houleuse pour savoir où est passée l'eau de la source, il relève plus loin 

"... Ces mots, aggravés par les R pétaradants de l'accent de Narbonne" ! 

Et ça n'en pétarada pas moins (Pagnol adorait le passé simple !) quand, répondant au "papet" fustigeant l'administration, il lui fait répondre : 

"Monsieur, j'ai l'honneur de vous informer que l'administration vous emmerde..." 

Et tout ça avec Ticky Holgado dans le rôle ! Et ce n'est pas parce qu'il est de Toulouse ! L'avez-vous seulement vu et entendu aussi dans "Le Château de ma Mère" (film de Yves Robert 1990) ! Il joue Binucci, l'employé du canal,le collègue de Bouzigue lui aussi de Toulouse ! Tè, encore un hasard ! 
Et puis que voulez-vous, quand je pense à ce bon repas entre amis sous le figuier de la maison de vacances, plein de rires, quand je pense aux deux petites pages qui suivent, terribles d'un réalisme sépulcral avec la mort d'Augustine sa mère, celle de Lili le copain des collines, celle de son frère Paul, dernier chevrier de l'Etoile (ça fait beaucoup en deux petites pages) (à suivre...)

 Note : toutes les photos sont issues de la bande annonce du film mais je ne demanderai rien pour la promotion faite ici...