jeudi 31 août 2023

LE-GRAU-DU-ROI (fin).

Dans tous les cas, c’est une atmosphère très méditerranée ; elle sature l’esprit : les rouge, bleu, blanc de la joute, le blanc de la chaux des murs, du phare, le bleu dit “ charron ” ou “ charrette ” (1), pourtant sur les portes et volets des maisons blanches du pourtour de la mer. Ah ! fredonner « bleu blanc... » de Marcel Amont (1929-2023) qui vient de nous quitter le 8 mars. Et comme pour ajouter à cette palette très Sud, discrète, la nuance ocre rose de la tuile canal, voyante, la touche verte des palmiers phoenix... 

Le_Vieux_Phare_du_Grau-du-Roi 2010 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic Author Airair

« Bleu, blanc... » l’impérieux appétit de vie pour le monde d’après 1945 et cet élan pour aller, pleins de curiosité bienveillante, vers les autres.  : il y a de ça dans les peintures que ce cadre motive. Il y a aussi le pathétique d’un vieux monde, d’un “ vieux phare ”, comme les habitants du Grau disent avec, au pied, de vieilles barques aux voiles latines carguées. 

Le_Grau_du_Roi-Pointe_de_l'Espiguette-Zone_humide 2015 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Daniel VILLAFRUELA

Le vieux phare d’Aigues-Mortes, haut de 18 mètres, a fonctionné de 1829 à 1869 seulement : un rapide ensablement du golfe l’a rendu inopérant. Il sera remplacé par celui de l’Espiguette mais les gardiens continueront à occuper les logements, les conditions de vie dans le nouveau phare s’avérant trop difficiles l’hiver.    

Entre mer et lagune, Le-Grau-du-Roi est un port de pêche dynamique, le deuxième derrière Sète mais  le tonnage des prises ne cesse de s’infléchir, la flotte est de moins en moins nombreuse. Au Grau, on disait qu’après des jours de Mistral, le vent du sud pouvait donner de bonnes prises, et que s’il n’y a le Mijour qui fait danser les coques, ni le Levant, pas plus que l’Intre, une tramontane de l’intérieur, c’est calmasse, la pétole, un temps de curé.

Une autre ressource le long de la côte sableuse, jusqu’en Camargue, les tenilles (tellines, haricots de mer) et bien sûr le tourisme d’été.

Concernant surtout Agde puis Sète, notre intérêt avait versé vers les bateaux-bœufs. Au-Grau-du-Roi, jusqu’au début des années 60, existaient les « mourres de porc » (mourre pour museau). Quant au gréement des bateaux-bœufs, ces pêcheurs dérivés de la tartane provençale, notons un détail, à ce jour, attestant de l’importance de la langue mère :

* la mestre est la grande voile latine.

* les focs sont lou trinquet, lou gran et lou pichot défès...

Un gréement basique permettant une manœuvre souple, ne nécessitant que peu de matelots, rappelé ici pour ses noms en occitan... (source l’excellente revue du Chasse-Marée). 

(1) Tiré du Pastel des teinturiers aussi appelé “ Herbe du Lauragais ”.

mardi 29 août 2023

LE-GRAU-DU-ROI.

Bien que le Rhône forme la limite administrative, le repère géographique par excellence, avec Nîmes à l’intérieur des terres, Le-Grau-du-Roi, Aigues-Mortes sont déjà dans l’aire provençale.

Avec la station balnéaire du Grau-du-Roi, nous passons de l’Hérault au Gard.

En gros, là où, à la latitude de Montpellier, la géographie vient plaider pour Charles Trénet qui aurait pu honorer en particulier « son » Golfe du Lion plutôt que de diluer son sentiment pour « ...les golfes clairs... », sous l’appellation de mon point de vue impropre de « golfe », sont-ce des baies ? des anses ? des culs-de sac marins ? Le fait est que bien que ne pouvant se comparer en aucune façon au Golfe ouvert du Lion, les cartes témoignent du ridicule induit par les appellations « Golfe d’Aigues-Mortes », « Golfe des Saintes-Maries ou de Beauduc », qui plus est sur une côte dépendant entièrement du pouvoir des eaux, tant celles du delta du Rhône, à l'ouest, gagnant sur la mer que celles des courants marins à l’effet contraire. Pour celui d’Aigues-Mortes, la raison historique prévaudrait puisque c’est de cet unique port royal (théorique car déjà dans les terres) que Louis IX embarqua lors des Croisades et que Le-Grau-du-Roi, bien que lié à Henri IV, n’existe en tant que commune que depuis 1879. Concernant Beauduc, demeure le mystère... Anonymes presque, ces golfes ne pouvant répondre aux critères qui font la renommée de baies incomparables... Guanabara, Along, Diego... trop ouverts, golfes sans la célébrité liée à ceux de Napoli ou de Salerno... mais non sans charme... au moins reconnaissons leur ce mérite. Il est vrai que certaines bizarreries plus marquantes jalonnent la géographie, dont le nom des cours d’eau « usurpés » malgré la longueur ou le débit, c'est le cas notamment de la Seine, de la Saône, pour rester dans l'hexagone.    

Le Grau : au début étaient des cabanes de pêcheurs aiguemortains avant qu’un grau naturel ne vienne crever le cordon de sable plus à l’ouest du débouché initial d’Aigues-Mortes. Malgré les aménagements touristiques suite au plan Racine, la localité a su garder son cachet camarguais. 

photo autorisée Auteur Hyppolyte de saint-Rambert


Les images cartes postales du Grau-du-Roi sont celles du chenal maritime du Vidourle avec un bateau de pêche, chalutier ou thonier, sinon une passe de jouteurs. Au second plan, le quai, puis, derrière, le phare qui, faute d’avoir gardé la haute main sur les bateaux au large, chaperonne toujours ses abords. (à suivre)

vendredi 25 août 2023

LA GRANDE-MOTTE.

Du haut de ces pyramides, un demi-siècle me contemple ! L’inverse plutôt, non ? puisque, né en 1950, c'est d'en bas que j'apprécie cette station balnéaire, plus jeune que moi, sortie des sables en dix ans. Ces pyramides, nous les devons à l’architecte Jean Balladur (1924-2002) (cousin de l’homme politique, comme lui né à Izmir en Turquie), dans le cadre du plan Racine, destiné, dans les années 60, à développer le tourisme de masse sur une côte alors infestée de moustiques. Ici, on passe de 10.000 habitants habituels à 120.000 résidents en été.

Bien sûr, toute nouveauté ne s’attire pas que des compliments. Que n’a dit le Français, rouspéteur, détracteur, moqueur, jamais content, têtu, rétif au changement qu’il soit ou non positif mais si prompt et moutonnier à rentrer dans le rang puis à collaborer, toute honte bue ? Goguenard, notre franchouillard a vite lâché « La Grande-Moche », « un projet pour les couillons » comme à propos de ceux qui achetaient au bord de la mer alors infesté de moustiques ! Les couillons d’hier ne sont pas ceux qu'on moquait ! 

La Grande-Motte 2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author BlueBreezeWiki

La Grande-Motte sortie de terre, des sables, sortie de rien... Du béton ! sauf que depuis, les arbres, la verdure souvent au bénéfice des piétons, des cyclistes, couvrent 70 % de la surface. Du béton sauf qu’à bien y regarder, chaque unité de logement possède son balcon, sa terrasse-jardin, son point de vue ; la variété est partout : à l’Est, les formes droites, raides figurant le masculin avec des triangles pour les voiles des bateaux, à l’Ouest, les bâtiments se parent, au contraire, de courbes féminines ; ici ces appendices coulés dans le même moule représentent bien le nez du Général ; non loin, les baies font penser à chacune des moitiés de lunettes de soleil, là-bas les balcons alternent les hauts et les bas d’un bikini...  

La Grande Motte 2004 GNU Free Documentation License, Auteur Alain Caraco et french Wikipedia

La ville s’articule autour de la Place des Trois Pouvoirs : la mairie, l’église, l’agora pour l’espace libre où un labyrinthe se veut symbole de la vie. Passe pour un labyrinthe dont on connaît l’issue...

Si les temps historiques se sont toujours accompagnés de la création de villes nouvelles et que cela devrait continuer avec déjà des villes du futur (un mal nécessaire ?), trois d’entre elles (exemptes de toute défiance) marquent par leur originalité architecturale : Chandigarh en Inde de Charles-Édouard Le Corbusier (1887-1965), Brasilia d’Oscar Niemeyer (1907-2012), La-Grande-Motte de Jean Balladur (1924-2002).  

« La-Grande-Moche » se décline aussi en « La-Grande-Mode », ce que les prix confirment quand, en bord de mer, les prix atteignent 10.000 euros du mètre carré !   

La Grande-Motte s’est muée en dehors de l’été, grâce à ses milliers de logements vides, en résidence d’étudiants « campus de la mer » (années 2000), mais il a fallu adapter, notamment en prévoyant le chauffage. 

mardi 22 août 2023

UNE CABANE à l’Étang, Gaston Baissette

Gaston Baissette (1901-1977) (1). Du médecin-écrivain prolifique, nous aurons à parler de « Ces Grappes de ma Vigne » (SUD, C’EST ÇA tome 4). Sa poésie, ses romans nous ramènent souvent dans cette région de Mauguio avec l’Étang-de-l’Or en tant que centre d’intérêt. L’étang, ses roseaux, ses oiseaux, ses poissons, tout dépend de la force des éléments, d’une nature dans laquelle s’inscrit une catégorie d’humains tenant à la vivre de l’intérieur plutôt que de la prendre de haut. Cela résume la finalité de la cabane au bord de l’étang même si, à l’origine, c’était pour en vivre, en tirer profit. 

Etang_de_l'or 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license Auteur Frachet

Le chasseur, le pêcheur, le faucheur de roseaux, l’amoureux de la nature, l’inconditionnel libre au point de ne jamais mentionner les nuées de moustiques, apprécient cette parenthèse, cette pause voulue dans la course dite au progrès. Gaston qui passait ses vacances au pays des grands-parents a vécu une enfance charmée par ce milieu, jusqu’à se lier avec les hommes des cabanes afin de s’initier à l’étang, afin de mieux en comprendre la vie, mieux en faire partie. Les levers, couchers de soleil, la marmite de poissons puis les histoires autour du feu le soir. Les virées à la rame, sinon à terre par de longs détours vers d’autres cabanes où sèchent des filets, des nasses, les treuils en bois passé au savon noir de la pêche au globe.  

Incidence aussi indirecte que hors sujet : les Melgoriens surnommés « manjo granoulhos » (à Fleury on dit plutôt « granhiotos ») entendent-ils encore le chant des grenouilles ? Faisaient-elles partie des prises de toute une population de pêcheurs dispersée sur les bords de l’étang (Cabanes du Salaison, des Pointes, chères à Gaston Baissette ? Il me semble avoir entendu mon dernier concert de batraciens, fin des années 70, au Paty-de-la-Trinité, en Camargue (2). Et en 2021, en suivant le dernier affluent rive droite de l’Aude, notre cher Ruisseau du Bouquet, vertes ou rousses, c’est à peine si trois ploufs attestaient de leur survie incertaine. Ne me reste plus que la maigre consolation de pointer du doigt sur la carte, tel l’explorateur se concentrant sur le but de sa quête, un secteur de l’étang de la Matte, en bas de Lespignan, un de ces réservoirs (avec Capestang et Vendres) qui font ce qu’ils peuvent pour épancher les crues aussi terribles que soudaines de l’Aude, non loin du quadripoint Nissan-Lespignan-Fleury-Salles, « Cantogragnotos » ! Oh le joli nom qui en dit tant sur ce coin de nature... ou qui en disait... faudra aller voir !     

(1) Auteur, entre autres ouvrages, de « L’Étang de l’Or » 1946, « Ces Grappes de ma Vigne » 1956, « Le Soleil de Maguelone » 1964...

(2) Dans les rizières aux abords du Petit-Rhône ors d’une remontée vers Lyon, à la fin des vacances de Pâques (fin des années 70).

dimanche 20 août 2023

MAUGUIO ET L’ÉTANG DE L’OR.

Mauguio, Melguiel, Melgoriennes, Melgoriens, noms sinon qualificatifs plongeant loin dans l’Histoire pour un même endroit et ses gens ; pays de l’Or... étang de l’Or a priori pour un de ces couchers enflammé de soleil annonçant du vent, pourtant pour signaler que le seigneur de Melgueil était autorisé à frapper monnaie (le sol melgoire, le Malgoires vers 1200, cité dans la Croisade des Albigeois [encore dit « denier melgorien »]). Un temps où tout cet Étang de l’Or appartenait à Mauguio, dont les fermes de la Petite et de la Grande-Motte, cette dernière étant une dune culminant à cinq mètres d’altitude (une « ferme », d'une dénomination peu employée dans un pays de « mas » et « mazets »). 

Mauguio-Routes-Hydro 2021 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Rolland 45

Le territoire tranche, par son étendue, avec le voisinage (Pérols, Lattes...), une aire pourtant écornée en faveur des créations : Baillargues, Palavas, Saint-Aunès (village de Dubout), La Grande-Motte (1974). Ces épisodes ne sont pas sans corrélation avec le lien que Mauguio renforce avec sa station balnéaire de Carnon-Plage, en prenant soin, dans la communication municipale,  de mentionner « Mauguio-Carnon », ainsi que le flou sur un code postal que certains auraient souhaité unique pour Mauguio et Carnon. L’est-il ou non depuis 2018 ? une question qui n’a rien d’anodin non plus. Affaire à suivre... d’autant plus qu’une histoire de stationnement payant à Carnon (35 € les 5 heures ! / Midi-Libre, mai 2023) cristallise toute une opposition.

Un constat qui dénote alors que la rivalité Mauguio-Montpellier avait de sympathique l’opposition à l’emprise mégalo du potentat local, Frêche... En point culminant ce documentaire sur ce roitelet régional, paternaliste, filmé dont une séquence, au réveil alors que sa cour, coite et ayant peut-être dormi à proximité, lui a servi le petit déjeuner ainsi que les quotidiens locaux... Tout à sa dévotion, les flagorneurs parlaient bas afin de ne pas déranger le maître... Et quelle honte ce cynisme, cette indécence extrême jusqu’à rendre public avec des images un culte de la personnalité marqué, pour le moins issu d’un socialisme abâtardi (à l’époque le PS, s’il a marqué sa réprobation, n’est jamais allé jusqu’au clash contre Frêche). Nous reviendrons, avec une analyse obligée sur ce qui fut l’affaire de la Bulle de Fleury, sur cet aspect affligeant qui commença à saper la légitimité sociale de cette grande écurie politique se satisfaisant finalement du partage du pouvoir avec l’UMP... Une fois toi, une fois moi, pour enchérir avec un Sarkozy de toutes les trahisons (Libye, référendum, Grenelle de l’environnement...), pour rester seulement et injustement dans la médiocrité avec un « Moi, président... » paradoxal sur l’immigration, le maintien de l’ordre mais finalement rejeté pour avoir voulu n’être que normal... Les sommets sont atteints avec Macron, le roi républicain, cheval de Troie d’un capitalisme d’autant plus impudent qu’il est sur le point de défaillir, menteur assumé collé à un trône que les marionnettistes manipulent à loisir au nom des 28 % seulement d’électeurs de première intention... Que valent l’honneur, la parole de nos jours ? laissez-moi rire... Jean Guéhenno ne disait-il pas, concernant la Grande Guerre, que la pauvreté menait plus sûrement à la mort qu’un seul des millions de Rothschild ? Et après Pompidou ou Emmanuelli, le peuple se fourvoie encore avec un Macron machiavélique dans sa montée puis sa gestion, vieux suppôt des milliards établis ! On voit ce qu’il en est de la France à force de « se payer sur la bête »... petit à petit dépouillée par des politiques libéralo-mondialistes, pour le dire avec l’impudicité bravache de malfaisants qui n’ont même pas honte d’avoir détruit la santé, l’éducation, la justice, la défense, l’économie, l’écologie, incapables qu’ils sont de protéger la population... France, la femme malade de l’Europe qui ne dit mot sur l’Espagne mettant les riches à contribution, qui pique l’Italie faute d’oser avec l’Allemagne, qui fait mine de se frotter à Poutine, de parler au Monde en allant en Chine mais qui, là où elle pourrait se faire entendre, se laisse bafouer par une grande puissance comme les Comores... 

Mauguio_fontaine 2013 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Fagairolles 34

Nous retrouvions un peu de ce malaise « bonapartiste » dans l’emprise locale du pouvoir frêchois même si le vent médiatique s’est bien gardé d’en relativiser la réalité en parlant de la sécession, contre Montpellier, des Pays de l’Or rejoints plus tard par Palavas.

Nous retrouvons de cette façon boboïsante déconnectée dans la gestion du maire de Montpellier, rappelant Hidalgo, madame 1,75 % à la présidentielle 2022 sinon le crépuscule d’une écurie politique malgré le succès de Delga à la tête de la super-région.

Pour rafraîchir une actualité glauque, grâce à Gaston Baissette, un panorama nature sur l’Étang-de-l’Or.

vendredi 18 août 2023

Étangs palavasiens, PALAVAS-les-Flots

 

Monument « L’Espoir Palavas-les-Flots, 2018 license CC BY-SA 4.0 Auteur Anthony Levrot

Issue du démembrement des voisins, la commune date de 1850.

Un site qui vous en met plein la page... mais du vent surtout, de prime abord. Même si la ville expose une offre culturelle (cinéma, conférences sur la philosophie, les Trente Glorieuses... rien sur son histoire, son économie... (les concepteurs se reposent-ils sur Wikipedia ?). Non, ce n’est qu’une première impression : une autre page parle néanmoins du marché aux légumes cultivés à Mauguio, aux produits régionaux et de la vente du poisson frais par les pêcheurs à 8h 30 suite à l’arrivée des bateaux ; un nom est mis sur la redoute militaire du Grau de Ballestras destinée à protéger les maritimes des pirates (XVIIIe s.). Rien sur le Petit Train de Montpellier à Palavas pourtant en fonction sur près d’un siècle (1872-1968) et si célèbre grâce aux caricatures d’Albert Dubout (1905-1976). Pardon, un chapitre « Immersion Palavasienne » évoque Dubout mais une incitation seulement à prendre le petit train-tracteur pour un petit tour de la ville. N’existe-t-il pas un musée du Train à Palavas depuis 1996 ? Pourquoi taire qu’en 1974 la municipalité a inauguré l’Avenue de la Gare Albert Dubout ? Pourquoi ne rien dire du musée Albert Dubout pourtant inauguré dans la redoute de Ballestras, le 14 juillet 1992 ? A qui la promotion de la ville a-t-elle été confiée ? et les responsables n’ont-ils rien de local ? Sont-ils sans Mémoire ? Cela n’est pas sans rappeler la promotion de Saint-Pierre-la Mer Côte Indigo, avec un commentaire parlant pointu... Et ces présentateurs présentatrices au journal de la télé régionale ? Va donc pour la « tramontan’ » et cette pique « en terrain conquis », serait-elle aussi maladroite qu’inconsciente ! Pour Palavas, on retrouve Dubout certes, le maire ayant publié un livre sur l’histoire de sa ville en 2013... Disons que ma partialité, bien que fondée sur un racisme historique, vient d’un saucissonnage intempestif des sites à tiroirs plus axés sur ce que le tourisme peut rapporter à la ville que l’inverse... 

Monument_«_Le_Pêcheur_de_Palavas_»2018 license CC BY-SA 4.0 Auteur Anthony Levrot

LE PETIT TRAIN DE PALAVAS. 

Locomotive_musée_du_train Palavas 2015 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Sacamol

À la fin du XIXe siècle, la mer à une dizaine de kilomètres, l’enthousiasme pour le chemin de fer et seulement un chemin de terre à disposition amenèrent à la création de la ligne Montpellier-Palavas-les-Flots (inaugurée en 1872 après trois ans de travaux).

La ligne partait du haut de la Place de la Comédie (gare de l’Esplanade). Chaque rame habituellement de neuf voitures comportait trois classes (1ère, 2nde, chasseurs et chiens) ainsi qu’un fourgon à bagages.

À la fin du XXe siècle, l’enthousiasme pour la bagnole, le pétrole et la route plus que le prétexte économique et malgré le mécontentement général, amenèrent la fin du Petit train en 1968, après 96 ans de service et une soixantaine de millions de passagers transportés.

Les transitions brutales sont douloureuses, pour ceux qui ont connu leurs chéries grâce au train, pour les ballots de sagnes pour les chaumes, pour les grands paniers de poissons sur la tête des femmes parties à Montpellier, vendre la pêche des hommes et les protestations parce que le car complet ne s’arrête pas, de ces dames à tabliers que Dubout aurait croquées, avec ses mines hilares, les moustaches, les gros ventres aux nez pointus, les femmes joufflues de partout. La locomotive 81 aux abords d’un rond-point, les voitures rachetées par des chemins de fer touristiques (Gironde, Lande, Alsace), la loco 70 au musée du Petit train à Palavas...  

Albert Dubout_-_le_code_de_la_route Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication

mercredi 16 août 2023

Les étangs palavasiens 3. LATTES, PÉROLS, CARNON-Plage

 LATTES

Au Moyen-Âge, Lattes est le port de Montpellier sans lequel la ville n’aurait arrêté de prospérer entre les XIIe et XVe siècles grâce notamment à Jacques Cœur, lâchement abandonné (comme le fut Jeanne-d’Arc) par Charles VII, un roi cynique, ingrat, oublieux de son royaume croupion de « petit roi de Bourges » (le problème est que la gentillesse fait perdre à tous les coups). Lattes avec Port Ariane, un port fluvial sur le Lez, à 5,5 kilomètres du Canal du Rhône à Sète qui double, en les coupant, les étangs, Lattes à 7 kilomètres de l’embouchure à Palavas. Ce port est fermé par des portes en fer si les crues combinées du Lez et de la Mosson menacent, ce qui n’empêcherait pas la mort de plusieurs centaines de personnes tant la zone est exposée (cinq fois en état de catastrophe naturelle [1982-2000], neuf fois depuis [2001-2021]). 

Chemins_de_fer_de_l'Hérault_-_Lattes_gare_et_sémaphore 1960 licence multiple GFDL et toutes les CC-BY-SA Collection Musée du Train de Palavas-les-Flots

Lattes, concernant la famille élargie, c’est Marie-Josée, une cousine par alliance morte à 57 ans du cancer du sein avec, collatéralement, le problème de la réversion de la moitié d’une pension à un ex-conjoint, encore une fois, un problème d’incompatibilité du droit et de la morale.

PÉROLS 

Perols_mairie 2019 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Gregdur

Un gros bourg mais à l’origine un village lié aux poissons de l’étang, anguilles et muges. La vie rude d’un petit peuple accablé d’impôts et à peine autorisé à vivre dans des cabanes de pêcheurs. Ensuite la vigne, des progrès, même peu rapides, dans le niveau de vie, une tradition taurine festive aux beaux jours. Une population où les exilés du franquisme puis ceux de l’Algérie ont participé tant dans les vignes que les maraîchages (aujourd’hui la cave coopérative est fermée, les pavillons ont pris la place des vignes).  

CARNON-Plage 

Carnon_Port_et_canal 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license Auteur Frachet

Carnon est la station balnéaire de Mauguio. Si la grande commune du secteur se présente sous l’étiquette « Mauguio-Carnon », cela n’empêche pas certains de demander « l’indépendance », un cas de figure récurrent le long du golfe clair, ayant ou non abouti (Carnon, Valras, Saint-Pierre-la-Mer, Narbonne-Plage...). À boire et à manger comme on l’exprime trivialement, les stations balnéaires, du Grau-du-Roi à Cerbère, bien que considérées riches, étaient celles où les impôts étaient les plus élevés. 

Moralité une : le tourisme ne rapporte pas à tout le monde et coûte aussi... 

Moralité deux : pour vivre heureux vivons cachés... 

Moralité trois : rien n’est monolithique, tout se discute...     

lundi 14 août 2023

Les étangs palavasiens / VILLENEUVE-lès-MAGUELONE.

La surprise d’une toute petite route à droite dans la descente à la sortie de Fabrègues ; le panneau conforte le désir d’évasion : le mot « Camargue ». Déjà ? Je ne sais plus mais c’est là-bas que l’abbé Nothon, celui qui nous mène vers la communion solennelle nous emmène pour une randonnée d’une journée. Si l’usure du temps a décapé la part du rêve, elle ne peut rien contre l’infime ADN gravé dans le souvenir. 

Cordon_dunaire_de_Maguelone 2015 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Elmontpelierano

Villeneuve aujourd’hui, c’est le village à l’écart entre les deux forts, la prison sur la nationale de Sète et cette forme massive comme étrangement plantée entre l’étang et la mer. Une île ? Un point fort du lido ?

La prison ? seulement et pour la raison que la malbouffe est trop bien acceptée, dans le but de souligner le séjour qu’y fit José Bové, le meneur des paysans du Larzac, suite à l’attaque du “ Dacmo ” de Millau (août 1999). 

Cathédrale_de_Villeneuve_les_Maguelone_(Hérault,_France) 2014 the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Serge RBT

La forme massive ? un écrin de verdure improbable à deux pas de la mer, pour ce qui fut une cathédrale. Des traces des Étrusques, des Romains, des Wisigoths, d’une église du VIIe siècle. Étonnante cette implantation alors que toute la côte est délaissée car insalubre et trop exposée aux attaques et épidémies venues de la mer, dont la peste de Justinien en une vingtaine de vagues sur 225 ans (541-767). Cette cathédrale d’abord église est détruite en tant que mosquée par Charles Martel (737). Vingt années encore seront nécessaires pour reprendre la Septimanie aux Arabes (prise de Narbonne en 759 par Pépin-le-Bref suite à sept ans de siège). Au XIe siècle, Arnaud, évêque de Maguelone, décide de reconstruire la cathédrale protégée par des fortifications. Devenue propriété du Saint-Siège, l’île accueillera des papes venus s’y réfugier lors de troubles à Rome. La richesse, la notoriété vont pousser à la construction d’une nouvelle cathédrale. Grandeur puis décadence : suppression du siège de l’évêque (1536), vendue par les chanoines, démantelée sur ordre de Richelieu en tant que place forte protestante (1632), en partie démolie pour border le canal (1708). Aujourd’hui restauré (vitraux), le site, siège d’un festival annuel de musique médiévale, vit de son activité propre (« Les Compagnons de Maguelone », un groupement d’aide aux handicapés par le travail s’occupe de viticulture, d’aquaculture, de pêche, de sous-traitance). 

Villeneuve-lès-Maguelone_panneau_entree 2016 the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Fagairolles 34

La ville de Villeneuve-les-Maguelone marque aussi la lutte pour la reconnaissance de l’occitan. En novembre 2010, suite à la pose par la mairie de panneaux en occitan, le Mouvement républicain de salut public, une association, porte plainte. Le 12 décembre 2010, le tribunal administratif statue contre la mairie. Robespierre a gagné : des têtes vont tomber ! Le fait nouveau de la part du Sénat autorisant lesdits panneaux (16 février 2011, sur proposition de Roland Courteau, sénateur de l’Aude), le 26 juin 2012, la cour d’appel administrative de Marseille va aller contre le tribunal administratif... Deux années à hue et à dia, méli-mélo, foutoir à la française consistant à empiler les traitements sans que les précédents ne donnassent à s’appliquer, à inscrire tout et son contraire dans le marbre... La France reconnaît la langue régionale mais ne ratifie pas la charte européenne la concernant ! Quant à la brutalité manifeste pour une France jacobine monolithe, prônant chez les autres des principes d’ouverture et de tolérance qu’elle ne s’applique pas, on peut la rapprocher de celle que craignaient les Wisigoths, peu enclins à apprécier leurs « libérateurs » du Nord... une constante que nous retrouvons dans le fonctionnement pyramidal du pouvoir français oppressif. Lous manjo-poufres de Villeneuve-lès-Maguelone, les mangeurs de poulpes (étonnant comme le céphalopode est apprécié dans le secteur) ne se sont pas laissé faire ! Chapeau bas !  

samedi 12 août 2023

Les étangs palavasiens, Vic, Mireval.

 D’une lagune unique à une guirlande d’étangs (plus de dix en comptant les secondaires suite aux sédiments du Lez, de la Mosson et aux aménagements anthropiques (canal du Rhône à Sète, routes, digues). Gérés par le Conservatoire du Littoral, bien que voisins de l’importante aire urbaine de Montpellier, étangs et zones humides présentent une richesse biologique remarquable, tant concernant la faune que la flore. 

Les_Aresquiers_,_Frontignan,_Hérault  2013 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Christian Ferrer
  

Si les salines ont été abandonnées, la protection permet aussi à d’autres activités de perdurer : la pêche, la chasse, la coupe des sénils (roselières pour le chaume) et la viticulture aux abords.

Depuis l’étang d’Ingril et Frontignan, sont concernées les localités de Vic-la-Gardiole, de Mireval, de Villeneuve-les Maguelone, de Lattes, Pérols, Carnon et Palavas.

VIC-LA-GARDIOLE

Où le cross scolaire nous amena, en 1967, dans le joli bois des Aresquiers, un des sites d’un patrimoine naturel remarquable. La commune ne possède pas de plages (Frontignan, Villeneuve-les Maguelone) ; de même, le muscat est sous les appellations voisines de Frontignan au sud, de Mireval au nord.

Au sein du village médiéval, l’église romane Sainte-Léocadie (XIIe s.) a été fortifiée à l’origine pour servir de refuge aux habitants. De dehors, elle présente de puissants contreforts, des mâchicoulis et remparts qui en font une forteresse aux murs épais de deux mètres. Quand on sait qu’à côté, un autre édifice d’importance a été ravagé, on présume que le village de «Vic-la-Gardiole » et non plus de « Vic-les-Étangs » jadis peu appréciés pour la santé, a eu à résister (une citerne était aménagée dans l’église). 

VignobleMireval 2011 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Sacamol

MIREVAL pour son muscat.

Village avec des vestiges médiévaux dont des murs monumentaux (l’église datant de 1901 a été construite entre trois des quatre tours d’angle. Restent deux portes fortifiées dites « de Montpellier » et « d’amont ».

Au XIXe siècle, la route de Sète, le chemin de fer, l’essor de la vigne multiplient la population qui va s’installer au-delà des remparts et fossés devenus boulevards circulaires. 

dimanche 6 août 2023

O SOLE MIO (fin)

Avec Sète, « L'Île Singulière » de Valéry encore surnommée « L’Île Bleue » la « Venise languedocienne » , le Pérignanais que je reste ne pouvait que vibrer en entendant parler des lamparos, des tartanes et catalanes du thon rouge et des poissons bleus, des baraquettes du Mont-Saint-Clair, du temps des dimanches à la bonne franquette.

Sète où les vieux loups de mer ravaudent encore les filets en chantant le bel canto parce qu'ils n'ont pas oublié Cetara, la cité-mère, au sud de l'Italie. Dans les entrailles du Théâtre de la Mer, d'ailleurs, un peu comme là-bas, des grottes marines se visitent en barque.

Et puis, au levant, cette Méditerranée qui est la nôtre, aux couleurs reconnaissables entre toutes, sous son soleil à part, son ciel réservé... 

Sydney_rock_oyster_on_half_shell_with_two_empty_shells 2020 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Pelagic

Aussi, quand j'ai vu ce New-Yorkais, pas de ces " Américains " l'arme au poing, la Bible dans l'autre, non, de ceux, justement, de ce Nouveau Monde dans ce qu'il a de valable, de positif ; ce privilégié donc, natif de " la ville debout ", tourné vers les friselis du marin, gobant des huîtres dans un restaurant du lido en disant « Magnifique ! » tandis que je pensais, " New-York, la Grosse Pomme ne nous a pas attendus pour en gober des tonnes, d’huîtres " ; et cet homme, comme il sait apprécier, comme il le dit du fond du cœur ! lui, venu de si loin ! évidemment de « l’Amérique qu’on aime », à l’opposé de celle toujours coincée par un obscurantisme puritain exaspérant, aux tendances hégémoniques, aux œillères racistes, extrémistes ; et moi, que pouvais-je bien faire, si loin de cette lumière, de ces bleus du ciel, de la mer, des vagues qui baragouinent toujours pareil au petit marin du large, si bon et fidèle sous la véranda de roseaux à la Barjasque, le campement des copains, de quand nous étions jeunes et sans soucis... autant de bonheurs qui accompagnent la mâche appliquée, voluptueuse, d'une huître en bouche... 

Plage_de_la_Baleine,_Sète licence Raimond Spekking  CC BY-SA 4.0 (via Wikimedia Commons) Authors Raimond Spekking & Elke Wetzig

Mais qu’est-ce que je pouvais, qu'est-ce que je peux bien foutre, moi, si loin de ce bonheur trop bien reconnu ! La tête de l'Américain m’est restée en mémoire... Je l'embrasse en frère, pour voir et apprécier avec lui, la beauté pure de notre Méditerranée du Lion, l'aurait-on, par chance, tous les jours sous les yeux, l'aurait-on, par chance, tous les jours, au cœur !

O sole, o sole mio...   

http://www.france3.fr/emissions/thalassa/diffusions/03-10-2014_260591 (15 avril 2023 « cette page est momentanément indisponible »... je crois plutôt qu’elle ne sera plus jamais disponible à moins de faire l’objet d’une rediffusion).

De Sète à Agde, le lido, cette langue de sable où se côtoient la N 112, la voie ferrée Tarascon-Narbonne, les vignes de sable du Listel. L’été, sur une vingtaine de kilomètres, s’alignaient les voitures stationnées, les caravanes, sans un point d’eau potable, sans wc, et une myriade de moustiques. Tout cela est dépassé, du passé, tant les estivants du camping sauvage que les sauvages moustiques.

C’est à une autre menace qu’il faut faire face : entre la nature et l’action des Hommes, une côte si fragile bien que de six milliers d’années se retrouve confrontée à la submersion marine et à l’érosion du trait de côte. Cinquante hectares ont été perdus en cinquante ans, plus de cinquante millions d’euros ont été investis solidairement (État & UE pour moitié, Sète, le département, la région pour l’autre). L’ancienne route aux caravaniers a été détruite, remplacée par une voie verte végétale et végétalisée. La nouvelle route est proche de la voie de chemin de fer. Les dunes ont été fixées par des palissades de pieux de châtaignier, les ganivelles ainsi que par la plantation de centaines de milliers de plants d’oyat. Suite à cinq années d’aménagements, l’effort a été porté en mer.

Dans le but de reconstituer la largeur de la plage, des drains empêchent le reflux des vagues d’emporter le sable ; un atténuateur de houle (un tube qui oblige les vagues à déferler loin, plus efficace que les drains), long de plus de deux kilomètres, est fixé, parallèle au bord, à 350 mètres ; une partie de la plage a été rechargée avec du sable venant des fonds de l’Espiguette. Au bout de six ans (2013-2019), douze mètres ont été gagnés.  

Sans quoi, la mer aurait peut-être déjà envahi le bassin de Thau, causant la ruine de l’activité conchylicole, celle des campings du lido et des vignes des sables !

Bon, on regarde si on n’a rien oublié parce qu’il faut continuer de l’autre côté de Sète, après Frontignan. Seul compterait le voyage alors, qu'il aboutisse ou non ? Mais cela relève d'une philosophie transcendantale dont j'ose à peine aligner les deux mots...    

vendredi 4 août 2023

O SOLE MIO*... 6 octobre 2014.

Édouard_Manet (1832-1883) Nature_morte,_huîtres,_citron,_brioche Source Dickinson Gallery, London and New York

Celle-là, huit ans après, je la cherche obstinément. Je le sais qu’elle dit tant de moi et qu’elle ne dépareillerait pas pour clore le tour si prenant de l’Étang de Thau. Mais je ne disposais que de deux clés, les mots « Américain », un comble quand, par principe on tient à dire « Étasunien » puisqu’ils ne sont pas l’Amérique à eux seuls, et « huître(s) » au singulier ou au pluriel, l’image étant cette coquille fraîche avec le quartier de citron, au moins pour la présentation, cette coquille qu’on se doit de gober avec son eau, cette huître qu’on mâchonne aussi voluptueusement que la goulée d’un picpoul de Pinet venant après parce qu’avec elle, fermerait-on les yeux, il y a ce soleil du matin, les friselis des vaguelettes bienveillantes, un petit air agréable, la mer au large, au moment où le marin va rentrer, accolant son bleu d’huile en plaque aux échardes bleu-métal qui lui font risette, mêlant le teuf-teuf si proche pourtant vers l’horizon d’une casquette traînant au maquereau, dans ce geste si particulier du bras, au « O sole mio... » de Pavarotti, cet air en partage de tous les Midis. « Un bonheur » devrais-je écrire en légende, de mon calame trempé dans la larme qui n’a pu se retenir...   

Vendredi, il ne fallait pas rater Thalassa... même si ce n'est plus la musique d'origine, même si trop souvent les sujets ont un rapport plus ou moins distant avec la mer. Cette fois, pas question de louper Sète et l’Étang de Thau, surtout que nous en parlions voici peu. 

Étang_de_Thau-Vu_de_Pierres_Blanches Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur daniel Villafruela

L’Étang, la lagune, le bassin de Thau, peu importe comment on le nomme, se dévoile avec ce pêcheur de Bouzigues qui rapporte des palourdes, des escargots pointus, des oursins, sans trop plonger au même endroit de peur de signaler ses coins. « E isso ! », et puis quoi, comme il le dit lui-même ! Plus loin, il nous promène au rocher de Roquerols, celui des « Copains d'abord » « dans la grand mare des canards », chers à l'ami Georges.

La pêche encore avec Robert, natif de la Pointe Courte (Sète), qui affole les dorades autour des tables à naissain. Il évoque son grand-père qui l'emmenait en nacelle ; il parle des barques jadis nombreuses à manier l'arseilhère...

Mais l’Étang vit aussi avec son siècle et s'il eut, comme Brassens, mauvaise réputation, c'est du passé depuis que les sirènes veillent : oui, ces balises, ces bouées partout sur le bassin, les ruisseaux qui affluent, les canaux, dotées de capteurs, prêtes à détecter la moindre pollution. Les conchyliculteurs peuvent immerger leurs cordes. Est-ce pour cela que la maison Tarbouriech a su élever une huître d'exception exportée désormais en Chine, en Russie, en Thaïlande ? et dire que sur la pression des États-uniens qui ne l'autorisent pas chez eux (rien d'étonnant quand on sait le sagan, les histoires qu'ils font pour le Roquefort ! Il faut dire aussi que leurs côtes ne manquent pas d’huîtres d’espèces et de tailles variées, dont des géantes), cette importation doit être interdite aujourd'hui en Russie ! (à suivre, je pense...) 

* c'est du resucé mais qui l'aurait remarqué ? faites comme si je n'avais rien dit...  

jeudi 3 août 2023

LETTRES d'HOLOUBKOV 1


Sous le coup d'une expulsion (en représailles suite au renvoi par Paris d'une fournée de " diplomates " tchèques), François, lui-même secrétaire traducteur d'ambassade, n'a eu qu'une paire de jours pour plier bagage. Il a emmené sa jeune épouse Jirina (le mariage date seulement de deux mois) pour son village du sud de la France, au bord de la Méditerranée. Ces circonstances feront que la famille séparée par le Rideau de Fer ne pourra plus échanger que par lettres, encore une chance. 

Ces lettres, précieusement conservées, traduites, dorment dans des classeurs, attendant qu'un descendant curieux, le fils par exemple, veuille bien les réveiller. 

Lettre du dimanche 2 avril 1950 : první děda, d'abord papé. 
Une semaine avant, tonton Jenda (1923-1994) se mariait à Tabor, là où il habite et travaille (chez Bat'a). Ils ont une maisonnette de trois pièces, avec jardin. Trois voitures pour le cortège, à la mairie d'abord puis à l'église où la mariée a dû se geler. 

V patek rano, po vašem odjezdu, jsme jeli do Tabora k Jendovi... Maji hezky domek 3 mistnosti nejsou velke ale stačí. To zahradku maji take hezkou, bude mít Jenda co dělat... a odpoledne přesně ve tři hodiny jsme jeli třemi auty na M.N.V. ; odaval je sam předseda pak jsme šli jsme do kostela, tam  všem bila zima a nevěsta jistě vymrzla.  

Svickova_with_dumplings the Creative Commons Attribution 3.0 Unported Author Rkolarsky

Ensuite, à boire et à manger jusqu'à 4 h du matin. Le temps de ranger et les invités se sont couchés à 5 heures. 
Au menu : bouillon de boeuf (aloyau) et knedliky, porc au chou, quenelles au pain blanc. 
Le soir venu : soupe de tripes (demandée par le marié), salade de pommes de terre, escalope de veau, gâteaux dont deux au cacao apportés d'Holoubkov. 

Hamburská_vepřová_kýta_houskové_knedlíky the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Pohled 111

... jidla a piti hojnost, sedeli jsme asi do 4 hod rano pak jsme to trochu dali do pořádku asi v 5h jsme šli spat... 
Babička : ja jsem na svadbě zdobila dorty, chlebíčky,  krajela rohliky a zeli. Měli jsme hovezi polevku s knedlickem, sviskovou a veprove zeli a houskove knedliky, vecer salad bramborovy a teleci rizek dršťkovou kterou si Jenda porucil. Dortu měli dost. Doma jsem udělal dva čokoládové dorty to byli jediny tmavy... 



Les cadeaux : des parents, une radio 7.290 Couronnes, d'Holoubkov encore, de tante et l'oncle Stanek, un plat en cristal taillé. La demoiselle d'honneur a offert un tableau à l'huile, l'atelier Bat'a, un vase en cristal. 

 Děda : jsme take se Staňou  byli pro radio stalo 7.290 Kčs ; od tety Staň.  dostaly broušenou  misu, od družičky hezky obraz (olej), z dilny co pracuje Jenda krasnou broušenou vazu. 

 

    

mardi 1 août 2023

L'ANGLAIS (fin)

Charles_de_Gaulle_au_micro_de_la_BBC Domaine Public. Auteur inconnu

Voilà ce que nous coûtent ces hommes dits providentiels... Seul De Gaulle fait exception, lui reprocherait-on le « je vous ai compris » sur la Guerre d’Algérie... mais pouvait-il en aller autrement avec une situation dont il héritait ?   

Faire la guerre à tout le monde ne peut que mener à la catastrophe et sur terre, les Anglais assurés de leur suprématie maritime, ont toujours bénéficié de coalitions contre la France révolutionnaire puis Napoléon, toujours isolés. L’Anglais, coupable d’une mise en coupe réglée du monde, tout comme le Français, l’Espagnol, le Portugais, le Néerlandais, l’Étasunien, dans une disposition naturelle à coloniser... Que dire d’Homo Sapiens dans son rapport à Néanderthal ? Et les Bantous, manière de répondre aux Africains si prompts à stigmatiser les colonialismes, ne sont-ils pas partis du Golfe de Guinée pour essaimer jusqu’en Afrique-du-Sud ? 

Winston_Churchill_at_a_conference_in_Quebec 1943 Domaine Public National Archives and records Administration

Reprocherait-on aux Anglais de ne pas avoir écouté Churchill, d’avoir ressenti, tout comme les Étasuniens au contraire une inclination pour Guillaume II puis Hitler, à cause d’un vieux sentiment anglo-saxon partagé, chapeau quand même ! Force est de le reconnaître et dans notre déveine complète, lorsque nous sommes alliés, c’est eux qu’il faut suivre pour que Chamberlain puisse faire passer les accords de Münich pour un succès... Perfide Albion ? Ou frustration de notre part nordique trop mâtinée de sudisme : les grands racistes fascisants comme Renan, Michelet, Méry, Céline, Derrida (cela remonte bien à la IIIe République)... regrettant d’être catalogués dans les Latins, ces pays méditerranéens abâtardis ?

Les rosbifs ? de Gaulle quelque peu ingrat bien que foncièrement réaliste, ne les voulait pas au sein de la CEE.

Au chapitre tourisme, plus rares qu’aujourd’hui et dans les années 50-60, que les Allemands, les Hollandais ou encore les Belges, ils emmenaient leur nourriture pour ne rien acheter, disait-on. Si nous avions les phares jaunes, eux les avaient orange ! Qui s’en souvient ? À présent ils se font discrets tout en occupant une part non négligeable de nos campagnes, dans les Corbières notamment... où d’Européens ils sont passés au statut d’étrangers, ce qui ne va pas sans difficultés...

Suite au Brexit, l’hôpital se moquant de la charité, on ricane sous cape de leurs difficultés... Les merdias voudraient nous persuader qu’ils ne sont plus rien, seulement des vassaux des Étasuniens... Et nous on a un président des déficits exponentiels, un « après moi le déluge » qui s’est autorisé parce qu’il a réussi à entraîner Van der Leyen en Chine, à prétendre que l’Europe n’a pas à faire de suivisme concernant Taiwan. Juste pour se faire mal voir... l’essentiel étant de favoriser le business en mettant de côté l’État policier chinois, la main-mise du parti, l’autoritarisme du premier dirigeant, la soumission des entrepreneurs libres néanmoins de s’enrichir... Notre roitelet n’en est pas à une gaffe près et comme il ne peut postuler pour un troisième mandat (quelle marionnette nouvelle les puissances d’argent vont-elles pouvoir promouvoir à sa place ?), alors que cela ne lui aurait pas déplu de faire un peu comme Poutine, c’est sûr qu’il va se placer pour un destin européen... ou attendre 2032... mais ce n’est qu’un point de vue alors qu’en partant de Sète, je me suis pris pour l’analyste politique que je ne suis pas... Un Sétois célèbre, Paul Valéry, était au fait de l’Histoire manipulée pour droguer les consciences, instiller de faux souvenirs, faire naître des folies de grandeurs et saluer d’un seul élan éthylique Mussolini, Franco, Hitler ou Putain au balcon, sur l’estrade, haranguant une foule par définition dans un état second...

Bien Français en cela, du dénigrement des Anglais jusque pour le rugby, j’en suis venu à l’estime pour ce peuple plus solidement ancré et solidaire dans ce qu’il est et représente, que nous...  Finalement nos piques ne traduisent que le dépit du faible au fort : cette réalité est sous-jacente lorsque Liz Truss en était arrivée à refuser de dire si Macron était ami ou ennemi. Quelle idée aussi de parler d’amitié en politique, chaque pays regardant ses intérêts (de Gaulle l’avait noté). Croyez-vous que Scholz soit un « ami » de la France ? Dans ce cas, la définition de facebook suffit : un « ami » n’est que quelqu’un à qui nous prêtons attention... je vous laisse compléter... Dans les relations de pays à pays, restons-en au terme « allié » qui nous sort d’un embarras certain...  L’Allemagne n’a jamais eu à la bouche l’expression « couple franco-allemand » : encore une preuve de notre faiblesse séculaire... je vous laisse prolonger ou contester sinon les deux...