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jeudi 7 septembre 2023

LA CAMARGUE / DE PHARE EN PHARE...

Le_Grau_du_Roi Phare de_l'Espiguette 2015 license Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Daniel VILLAFRUELA

L’Espiguette : 27 mètres de haut. La météo, les vents violents, les tempêtes, la chaleur, le manque d’eau, l’ensablement, les difficultés d’acheminement des matériaux ont retardé la construction. Peut-être aussi une jolie histoire d’amour contrarié entre l’ingénieur et la fille du maçon : la famille, protestante, ne voulant pas de cette union, l’ingénieur a fait traîner en longueur pour rester le plus possible près de celle qu’il aimait... Neuf années ont été nécessaires entre la décision et l’allumage de la lanterne (1860-1869). 

Lighttower La_Gacholle under the Creative Commons Attribution 3.0 Unported Author Henk Monster

La Gacholle : 35 kilomètres à l’est dont une bonne douzaine depuis les Saintes-Maries, haut de 18 mètres, le phare de la Gacholle a été construit en 1882 sur la digue à la mer et mis en service deux ans plus tard ; il signale le golfe de Beauduc, unique abri dans le secteur contre les vents d’est, ceux qui démontent les flots. Uno gacholo est un endroit pour agacher, pour regarder... dans cette platitude, un tronc de tamaris permettant de voir plus loin, de guetter, s’appelle souvent « gacholo ».  

 Juste dans le creux de l’abri, les cabanes de Beauduc.  

Phare_de_Beauduc 2004  the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic Auteur GHIRARDI

Beauduc : contrairement aux deux premiers, carrés, le phare de Beauduc se présente sous la forme d’une tour cylindro-conique de 27 mètres (lanterne à 25 m. d’une portée de 17 milles marins soit 31,5 km). Planifié en 1900, il est mis en service en 1903. Remplacé par une bouée repositionnée et plus puissante, il a été définitivement arrêté en 2019. 

Phare de Faraman Salins de Giraud (Arles) 2017 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Florine Vanorlé

Faraman : En bois, le premier phare (feu) de Faraman date de 1830 ; le second, de 1840, en dur, a été détruit par la mer ; à présent, 1200 m. en arrière (à 800 m. de la côte) ce sont les six bandes alternées de noir et de blanc (1934) qui marquent le troisième du nom, tour  tronconique de 1892, dominant à une quarantaine de mètres de haut (43,3 ou 45 ou 46,5 suivant les sources), jumelle de celles de Penmarc’h (1835) ou de Batz (1836) en Bretagne. 296 marches conduisent à la lanterne, une des dernières dues à Fresnel, portant à 42 ou 51 kilomètres (qui croire ?) et qui tourne grâce à un moteur électrique de 40 watts.

Désormais monument historique, le phare de Faraman a servi de décor lors du tournage du Petit Baigneur avec Louis de Funès, en 1967. (Tourné aussi aux Cabanes-de-Fleury). 

Phare ! un symbole étonnant ! une aide dans la nuit, la tempête, l’indication d’un refuge, d’un havre. Phare aussi, l’être d’exception quelle que soit la réalisation humaine honorable liée à l’esprit, à la main, au mot, au son, au ton, au muscle dont il est le vecteur. Phares aussi ceux qui nous aident à faire le chemin, qui soutiennent lorsque l’incertitude, le doute, l’hésitation arrêtent...

Ronde ou carrée, la tour qui protège n’est que le produit de l’Homme, ici dans ce qu’il a de beauté puissante, dans toutes ses dimensions...

Oh ! cet escalier en colimaçon, vraiment coquille d’escargot, spirale en 3D comme celle que j’aime appréhender, à l’envers, pour en remonter l’enroulement jusqu’au point d’origine, en partant d’une certaine idée du Sud pour revenir au village. Exactement la vue vers le haut du phare, avant d’en gravir les marches, de remonter la volute, la contre-révolution, partir de l’expansion de l’Univers pour revenir à son commencement. Il ne s’agit pourtant que de déboucher sur la plate-forme, serait-on déjà au ciel... Manière de revenir sur Terre, l’hélice, la vis sans fin d’une mécanique si poétique, viennent côtoyer le dessein infini de l’Homme pour découvrir toujours plus, toujours plus loin dans les mystères apparemment insondables de l’Univers justement, qui pourtant se dévoilent, les avancées n’en seraient elles qu’infinitésimales.

Ah ! Augustin Fresnel (1788-1827), mettant au point, avec ses lentilles dites “ à échelons ”, un système révolutionnaire d’amplification de la lumière, inauguré en 1823 à Cordouan, “ roi des phares et phare des rois ” !

Un clic pour fermer la page mais laissez les moi, dans un éclat de mémoire, ces phares qui aident à ne pas piétiner avant de périr sur pied !

Quatre phares pour ce bout du Monde, pratiquement autant que pour le déploiement sud du Golfe du Lion...

PS : Un site sur les phares du Golfe du Lion, mais qui s’arrête, étrangement, à la limite de la Camargue :

256-phares-languedoc.pdf (unanmediterranee.fr)

jeudi 31 août 2023

LE-GRAU-DU-ROI (fin).

Dans tous les cas, c’est une atmosphère très méditerranée ; elle sature l’esprit : les rouge, bleu, blanc de la joute, le blanc de la chaux des murs, du phare, le bleu dit “ charron ” ou “ charrette ” (1), pourtant sur les portes et volets des maisons blanches du pourtour de la mer. Ah ! fredonner « bleu blanc... » de Marcel Amont (1929-2023) qui vient de nous quitter le 8 mars. Et comme pour ajouter à cette palette très Sud, discrète, la nuance ocre rose de la tuile canal, voyante, la touche verte des palmiers phoenix... 

Le_Vieux_Phare_du_Grau-du-Roi 2010 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic Author Airair

« Bleu, blanc... » l’impérieux appétit de vie pour le monde d’après 1945 et cet élan pour aller, pleins de curiosité bienveillante, vers les autres.  : il y a de ça dans les peintures que ce cadre motive. Il y a aussi le pathétique d’un vieux monde, d’un “ vieux phare ”, comme les habitants du Grau disent avec, au pied, de vieilles barques aux voiles latines carguées. 

Le_Grau_du_Roi-Pointe_de_l'Espiguette-Zone_humide 2015 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Daniel VILLAFRUELA

Le vieux phare d’Aigues-Mortes, haut de 18 mètres, a fonctionné de 1829 à 1869 seulement : un rapide ensablement du golfe l’a rendu inopérant. Il sera remplacé par celui de l’Espiguette mais les gardiens continueront à occuper les logements, les conditions de vie dans le nouveau phare s’avérant trop difficiles l’hiver.    

Entre mer et lagune, Le-Grau-du-Roi est un port de pêche dynamique, le deuxième derrière Sète mais  le tonnage des prises ne cesse de s’infléchir, la flotte est de moins en moins nombreuse. Au Grau, on disait qu’après des jours de Mistral, le vent du sud pouvait donner de bonnes prises, et que s’il n’y a le Mijour qui fait danser les coques, ni le Levant, pas plus que l’Intre, une tramontane de l’intérieur, c’est calmasse, la pétole, un temps de curé.

Une autre ressource le long de la côte sableuse, jusqu’en Camargue, les tenilles (tellines, haricots de mer) et bien sûr le tourisme d’été.

Concernant surtout Agde puis Sète, notre intérêt avait versé vers les bateaux-bœufs. Au-Grau-du-Roi, jusqu’au début des années 60, existaient les « mourres de porc » (mourre pour museau). Quant au gréement des bateaux-bœufs, ces pêcheurs dérivés de la tartane provençale, notons un détail, à ce jour, attestant de l’importance de la langue mère :

* la mestre est la grande voile latine.

* les focs sont lou trinquet, lou gran et lou pichot défès...

Un gréement basique permettant une manœuvre souple, ne nécessitant que peu de matelots, rappelé ici pour ses noms en occitan... (source l’excellente revue du Chasse-Marée). 

(1) Tiré du Pastel des teinturiers aussi appelé “ Herbe du Lauragais ”.

jeudi 8 octobre 2020

LE CHEMIN DU PHARE / Fleury-d'Aude en Languedoc


Pour les Pérignanais-es (1) (habitants-tes de Fleury), "Derrière l'Horte", "Font-Laurier" en un ou deux mots, ou encore "Le chemin du phare", désignent un même secteur au-dessus de l'avenue en direction de Coursan jusqu'à hauteur de la coopérative "La Vendémiaire", si bien située pour la paix des villages puisqu'elle concerne aussi les viticulteurs de la commune attenante, Salles-d'Aude. 
 
Le phare se trouvait de l'autre côté de la route et de la croix, dans le prolongement de l'amandier.
 

Problème : on associe le mot "phare" à la mer sinon à un lac d'une certaine importance, or, par rapport à ce coteau, la mer se situe à l'opposé ; elle est visible au fond de l'échancrure ouverte par l'ultime relief de la Clape qui laisse enfin passer l'Aude au plus court de son cours  (vue au NE sur Vendres et Valras). Alors que venait faire un phare entre deux moulins plantés au milieu des vignes ? Etait-ce pour rassurer le marcheur perdu dans le brouillard ou la tourmente de neige ? Ne donnons pas dans l'excentricité puisque le brouillard et la neige nous concernent si peu autour du Golfe du Lion. Quoique, sur ce chemin du phare, par un de ces rares hasards qui nous offrait une magie blanche d'un ou deux jours, la Moustelle, ce camarade de toujours depuis la communale (n'est-ce pas Philippe ?), avait sorti les skis pour un petit plaisir de glisse sur une piste même pas verte, à 4,5 % de pente à peine mais à faire envie aux deux ou trois que nous étions à regarder ! La descente partait bien du phare de Fleury sauf que pour remettre ça, il fallait bien remonter pedibus ! 

 
Phare de l'Aéropostale Wikimedia Commons Author Michèle Sandré-Pradel, Commune de Montferrand

Un pylône rond de béton ; une échelle de fer n'arrivant pas jusqu'en bas pour une raison facile à comprendre ; à plus de dix mètres, une plate-forme carrée d'un mètre cinquante de côté avec, au centre, un dispositif digne de Star Wars non pour illuminer la cible avec son radar de tir (ce que, entre parenthèses, Erdogan nous fit en juin au large de la Libye) mais pour éclairer le chemin de l'avion qui passe, faute d'écho-radar à l'époque. Un phare aéronautique afin d'accompagner les premières lignes aériennes dont celle de l'aéropostale Toulouse-Maroc-Afrique-Brésil... jusqu'en Patagonie tout au bout de l'Amérique du Sud. Justement un fidèle correspondant relève un article de l'Indépendant qui, en ce début octobre, rappelle le centenaire de l'Aéropostale et, malheureusement, les nombreux accidents qui marquèrent les débuts du courrier par avion. 

 https://www.lindependant.fr/2020/09/28/2-octobre-1920-premier-accident-mortel-de-laeropostale-au-large-de-port-vendres-9103070.php

A Fleury, dans les années 20, un phare aéronautique fut construit pour guider les vols de nuit alors à vue. Il envoyait des signaux morse, deux brefs, un long correspondant à la lettre "U". Prévenu d'un passage par téléphone, Paul Huillet, électricien à Salles, parfois aidé par René Guillaumet (2), montait au phare pour actionner l'interrupteur du néon. Le phare de Fleury a été démoli vers 1980 (3). Un de ces phares existe encore à Sallèles, un autre encore dans le département, à Montferrand. 

Mais parce qu'on est riches des copains qui nous restent, l'amitié continue d'éclairer mon sujet avec Philippe tout schuss alors et Loulou qui, le jour des photos, promenait sa chienne, justement dans ce coin ! 

Le moulin dominant le passage du four à chaux, entre Salles et Fleury, surplombant, depuis les années 70 le ronflement de pollution continue de l'autoroute A9.
       

(1) Entre nous quelle lubie que de faire croire qu'un procédé orthographique suffirait à manifester un égalitarisme des sexes ! 

(2) homonyme de Guillaumet Henri (1902 - 1940), l'aviateur pour qui on a dû allumer le phare et dont un frère se prénommait René. 

(3) les détails techniques proviennent de l'ouvrage "De Pérignan à Fleury" (2009) des Chroniques Pérignanaises. Un grand merci.