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vendredi 15 septembre 2023

BEAUDUC & PIÉMANSON, plages de Camargue (fin).

Camping_sauvage  the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Lubman04

Sauf qu’aux temps des tolérances a succédé celui, plus corseté, de l’application des lois, de l’autorité institutionnelle. Ainsi, l’État, bien que jactant plus qu’il n’agit, s’est attelé un jour à régler le cas des cabaniers... Compte tenu des tergiversations, des désaccords sinon l’opposition entre les administrations centrales et locales, l’inertie se confondant avec le temps long, nous nous devons de relativiser cette volonté étatique. Pour être concret, chez nous, la deuxième moitié des années 70 a mis fin à la pratique du camping sauvage, d’abord à Saint-Pierre-la-Mer, ensuite à Narbonne-Plage et aux Cabanes-de Fleury où certains se sont ajoutés afin de profiter de quelques années supplémentaires. De leur côté, les Beauducois, loin de l’agitation estivale des stations nouvelles entraînant les anciennes, également revitalisées par le Plan Racine, ont pensé, non sans logique, qu’un long sursis devrait permettre à leur tribu perdue de continuer. Nonobstant, plutôt que subir, ils ont préféré se faire valoir en mettant en avant leur société originale pourquoi pas porteuse d’avenir, une attitude qui s’est muée en plaidoyer lorsque, en 1996, en la personne de Michel Barnier, l’État a refusé, proposée par l’ensemble des organisations de défense de la Camargue, la charte de protection globale, parlant de la pollution du Rhône, des rejets de l’agriculture dans le Vaccarès mais pas plus de Beauduc que de Piémanson. La nouvelle mouture de 1998, par contre, vaut un réquisitoire en règle contre les plages sauvages ; en dépit des efforts des associations, elle mentionne :

* ce littoral soumis à une trop forte pression touristique, le piétinement de la flore, le dérangement des oiseaux, l’envahissement par des plantes importées (griffes de sorcière). 

Dune_à_Carpobrotus_edulis 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Lubman04

* la pollution, les épaves de véhicules et caravanes en fin de saison.

* la circulation anarchique.

* l’hygiène en absence de sanitaires, d’évacuation des eaux usées, d’enlèvement des ordures ménagères.

* le dérangement à la faune sauvage, la divagation d’une faune domestique, dont les chevaux.

 Et tout converge avec la fin du camping sauvage, l’illégalité de l’occupation par certains d’espaces en commun particuliers, sans y être autorisés malgré les règlements (Domaine Public Maritime, zones protégées, sites inscrits...). 

Plage_de_Piemanson 2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author Charlottess

En 2004, vingt cabanons sont détruits dont deux restaurants. Et si à partir de 1975, les installations se sont comptées par centaines, il ne devrait rester que quelques dizaines d’installations peut-être de pêcheurs de poissons ou de tellines... Et même ces derniers sont incités à partir parce que les tempêtes, l’élévation du niveau de la mer, l’érosion marine alors que tout ce secteur “ engraisse ” et que l’alternance entre plages qui diminuent ou qui augmentent  relève d’une réalité (aux Saintes-Maries, il faut protéger la côte : la carte de Géoportail montre la côte dotée de très nombreux épis sur une longue distance. À St-Pierre-la-Mer, au sujet de l’aménagement de la station, le maire a fait état d’une régression au niveau de la plage de Pissevaches et d’apports au centre de la station)

Source principale : La gestion d’un grand site camarguais : les cabanes de Beauduc (openedition.org) 

Plage_de_Piémanson_IMG_9326 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author Roehrensee

mercredi 13 septembre 2023

BEAUDUC et PIÉMANSON, plages de Camargue (1).

Sur le front continu entre la terre et la mer, la Camargue offre ses plages immenses (1), loin du monde, ouvertes aux grands espaces. À Beauduc, à Piémanson, des colonies humaines occupent le sable, de la belle saison au reste de l’année, suivant l’engagement qu’elles manifestent. 

Ma_cabane_à_Beauduc 2009 Creative Commons Attribution 3.0 Unported Auteur lubman04

En dehors des Saintes-Maries-de-la-Mer, la côte camarguaise déserte a attiré une marge de gens épris de liberté, de grand large, de vie, sans électricité, sans eau courante, sans possibilité d’approvisionnement, Port-Saint-Louis ou Arles ne se trouvant pas à côté. Ce besoin de vie simple et rustique, de voisinage aimable, à apprécier l’eau du ciel si elle veut bien pleuvoir, a marqué le bord de la mer en été, bien que dans des conditions plus faciles, au bord de l’Étang de Berre, à Leucate, à Pissevaches et aux Cabanes-de-Fleury chez nous. Ils sont nombreux lors de la belle saison, moins en dehors, rares à y demeurer toute l’année (5 ou 6 familles). Quand ils ne se présentent pas comme tels eux-mêmes, leur démarche fait d’eux des cabaniers d’un bout du Monde, malgré la quinzaine de kilomètres de mauvaise piste.

Au creux du Golfe de Beauduc, l’installation, ancienne, a été le fait de pêcheurs sur le lieu de travail, de subsistance, les loups et dorades fréquentant aussi le secteur, pour se reproduire, notamment. Dans les années 50, l’élan pour une vie nouvelle, le début des loisirs, favorisèrent la venue de ces cabaniers par choix, au départ, des employés des salins, des retraités locaux, d’Arles.  

Les cabanes de Beauduc, caravanes, vieux autobus, germes des petites maisons à vérandas pour la convivialité, construites par des artisans cabaniers, souvent de bric et de broc, alignées face au golfe sur le territoire des Saintes-Maries-de-la-Mer, sur les montilles, ces monticules au-dessus de l’inondable. Ces installations ont été possibles, d’abord grâce à la tolérance des Salins du Midi, ensuite à cause du flou laissé par les différentes protections de la Camargue : la Réserve Nationale dès 1926, le Vaccarès en 1942... les terres agricoles doivent également respecter des normes. Or Beauduc resterait en marge de ces zones très protégées si une première ZNIEFF ne concernait pas les dunes (jusqu’à 7 mètres de hauteur) et les marais du sud Camargue, une seconde le fond du golfe de Beauduc où viennent pondre des poissons à forte valeur ajoutée. Enfin, l’accessibilité des plages d’Arles, plus à l’est (Piémanson), plus fréquentées, poreuses aux rodéos mécaniques dans les dunes, à la délinquance importée, a occulté l’occupation moins voyante, plus vertueuse, de Beauduc. 

BeauducCabannedelindien 2008 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author Fparrel

Parallèlement, le village des cabaniers, s’il fait parler de lui, le fait positivement, illustrant un vivre ensemble réel :

* pas de problèmes de circulation sur les pistes de sable non équipées de panneaux.

* pas de problèmes aigus de voisinage.

À Beauduc, on se parle, on négocie, la vie commune prend, sur bien des points, le pas sur l’individualisme. On anticipe les difficultés, on envisage les solutions ensemble. En amont, et cela n’est pas anodin, si chacun est libre de trouver un coin pour sa caravane, l’acceptation par le groupe est essentielle ; les apéros, les lotos et fêtes organisés y contribuent. Ce vivre ensemble s’exprime aussi par la présence de trois associations, moins ou plus récentes mais en complémentarité, représentant les trois quartiers “ colonisés ” et tenant compte de la nature à préserver.  

(1)  À moins de huit kilomètres de Port-Saint-Louis-du-Rhône, avec les petites plages d’Olga et celle de Carteau (huîtres et moules), la plage Napoléon (sans caravanes et camping sauvage) s’étend sur une dizaine de kilomètres ; le parking y est payant (5 € / 9h 30-16h de mi-juin à fin août)... Dans ce secteur, ils parlent de “ cabanonniers ”. 

jeudi 7 septembre 2023

LA CAMARGUE / DE PHARE EN PHARE...

Le_Grau_du_Roi Phare de_l'Espiguette 2015 license Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Daniel VILLAFRUELA

L’Espiguette : 27 mètres de haut. La météo, les vents violents, les tempêtes, la chaleur, le manque d’eau, l’ensablement, les difficultés d’acheminement des matériaux ont retardé la construction. Peut-être aussi une jolie histoire d’amour contrarié entre l’ingénieur et la fille du maçon : la famille, protestante, ne voulant pas de cette union, l’ingénieur a fait traîner en longueur pour rester le plus possible près de celle qu’il aimait... Neuf années ont été nécessaires entre la décision et l’allumage de la lanterne (1860-1869). 

Lighttower La_Gacholle under the Creative Commons Attribution 3.0 Unported Author Henk Monster

La Gacholle : 35 kilomètres à l’est dont une bonne douzaine depuis les Saintes-Maries, haut de 18 mètres, le phare de la Gacholle a été construit en 1882 sur la digue à la mer et mis en service deux ans plus tard ; il signale le golfe de Beauduc, unique abri dans le secteur contre les vents d’est, ceux qui démontent les flots. Uno gacholo est un endroit pour agacher, pour regarder... dans cette platitude, un tronc de tamaris permettant de voir plus loin, de guetter, s’appelle souvent « gacholo ».  

 Juste dans le creux de l’abri, les cabanes de Beauduc.  

Phare_de_Beauduc 2004  the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic Auteur GHIRARDI

Beauduc : contrairement aux deux premiers, carrés, le phare de Beauduc se présente sous la forme d’une tour cylindro-conique de 27 mètres (lanterne à 25 m. d’une portée de 17 milles marins soit 31,5 km). Planifié en 1900, il est mis en service en 1903. Remplacé par une bouée repositionnée et plus puissante, il a été définitivement arrêté en 2019. 

Phare de Faraman Salins de Giraud (Arles) 2017 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Florine Vanorlé

Faraman : En bois, le premier phare (feu) de Faraman date de 1830 ; le second, de 1840, en dur, a été détruit par la mer ; à présent, 1200 m. en arrière (à 800 m. de la côte) ce sont les six bandes alternées de noir et de blanc (1934) qui marquent le troisième du nom, tour  tronconique de 1892, dominant à une quarantaine de mètres de haut (43,3 ou 45 ou 46,5 suivant les sources), jumelle de celles de Penmarc’h (1835) ou de Batz (1836) en Bretagne. 296 marches conduisent à la lanterne, une des dernières dues à Fresnel, portant à 42 ou 51 kilomètres (qui croire ?) et qui tourne grâce à un moteur électrique de 40 watts.

Désormais monument historique, le phare de Faraman a servi de décor lors du tournage du Petit Baigneur avec Louis de Funès, en 1967. (Tourné aussi aux Cabanes-de-Fleury). 

Phare ! un symbole étonnant ! une aide dans la nuit, la tempête, l’indication d’un refuge, d’un havre. Phare aussi, l’être d’exception quelle que soit la réalisation humaine honorable liée à l’esprit, à la main, au mot, au son, au ton, au muscle dont il est le vecteur. Phares aussi ceux qui nous aident à faire le chemin, qui soutiennent lorsque l’incertitude, le doute, l’hésitation arrêtent...

Ronde ou carrée, la tour qui protège n’est que le produit de l’Homme, ici dans ce qu’il a de beauté puissante, dans toutes ses dimensions...

Oh ! cet escalier en colimaçon, vraiment coquille d’escargot, spirale en 3D comme celle que j’aime appréhender, à l’envers, pour en remonter l’enroulement jusqu’au point d’origine, en partant d’une certaine idée du Sud pour revenir au village. Exactement la vue vers le haut du phare, avant d’en gravir les marches, de remonter la volute, la contre-révolution, partir de l’expansion de l’Univers pour revenir à son commencement. Il ne s’agit pourtant que de déboucher sur la plate-forme, serait-on déjà au ciel... Manière de revenir sur Terre, l’hélice, la vis sans fin d’une mécanique si poétique, viennent côtoyer le dessein infini de l’Homme pour découvrir toujours plus, toujours plus loin dans les mystères apparemment insondables de l’Univers justement, qui pourtant se dévoilent, les avancées n’en seraient elles qu’infinitésimales.

Ah ! Augustin Fresnel (1788-1827), mettant au point, avec ses lentilles dites “ à échelons ”, un système révolutionnaire d’amplification de la lumière, inauguré en 1823 à Cordouan, “ roi des phares et phare des rois ” !

Un clic pour fermer la page mais laissez les moi, dans un éclat de mémoire, ces phares qui aident à ne pas piétiner avant de périr sur pied !

Quatre phares pour ce bout du Monde, pratiquement autant que pour le déploiement sud du Golfe du Lion...

PS : Un site sur les phares du Golfe du Lion, mais qui s’arrête, étrangement, à la limite de la Camargue :

256-phares-languedoc.pdf (unanmediterranee.fr)