jeudi 16 mai 2024

Teodor AUBANÈU, pas froid aux yeux et la main chaude (I)...

Mais qu'est-ce qui, en 1860, a bien pu valoir à Aubanel une mise à l'index par les catholiques traditionalistes ? « LA MIOUGRANO ENTRE DUBERTO » ne relève pourtant pas d'une quelconque perversion ! Que l'irrationnel du fanatisme religieux est dangereux et salement mortel ! Ses amis intégristes ont rejeté ses écrits, avec pour conséquence la mise en péril de l'imprimerie familiale Aubanel, liée aux commandes de l'archevêché d'Avignon. 

Pomegranate_Juice_(2019) under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Author Augustus Binu (flickr)

Certes tout est “ épicurien”, de ce joli mot que nous avons tendance à vite traduire par " qui aime la vie ", à prolonger par “ qui jouit de la vie ” dans le sens où être épicurien c'est autant savourer la bonne chère que cultiver l'amitié et se délecter de bonne chair, au sens épidermique du terme, jusqu'au charnel, quitte à en être assimilé à un débauché. 

En 1885 sort un autre recueil « LI FIHO D'AVIGNOUN » (Les Filles d'Avignon), tout de sensualité, mais au tirage confidentiel, seulement pour les amis. Le secret s'en trouvant vite éventé, la bonne société traditionnaliste lui tombe sur le râble et le met à l'index. 

À 56 ans, il commence par rendre hommage à son ancêtre, le Capitaine grec, grand batailleur contre les Turcs, razzieur de femmes sarrasines : « ...tire d'en moun amour di femo e dau souleu... » (je tiens de lui mon amour des femmes et du soleil). 

Ensuite, les portraits de beautés locales défilent. 
Amour des femmes avec sa « Vénus d'Avignon » à la petite bouche aux lèvres un peu boudeuses, aux dents plus blanches que le lait, aux cheveux noirs torsadés ou en boucles, à la hanche hardie, aux jambes divines; « ...vese de luen bada toun jougne (1)... » (je vois de loin s'entrouvrir ton corsage). Théodore dit bien qu'il ne veut plus qu'elle passe vu qu'elle le fait mourir, ou alors qu'elle se laisse dévorer de poutouns... sauf que la petite a quinze ans... elle n'a que quinze ans, de nos jours nous accuserions (2)... c'est que le décalage dans le temps, l'anachronisme peut vite faire passer pour un pédophile... 

Dans « Le Voyage », il nous donne une vision dantesque d'un trop long trajet en train mais, avec, au bout, la consolation, dans la maison qu'il rejoint, un baiser d'elle et le cheval de fer infernal s'en retrouve oublié. 

À l'intention de Madame Paul Bayle, peut-être mariée encore, vu que la perle est aussi jolie que l'oreille qui la porte, il ose la métaphore du coquillage : 
« ...Laisse-moi me pencher sur ton visage ! 
Dans les coquillages d'abord
Vu qu'on entend ce que dit l'onde, 
Je veux, moi, ô blonde divine, 
Écouter ce que dit ton cœur... » 

Les_Hommes_N_60 1879 Théodore_Aubanel Caricature d'André Gill (1840-1885) Domaine public


Suit un « Soleil Couchant » synonyme de roi égorgé, annonçant les ténèbres à venir, l'œuvre du Mal, le couteau à tuer du voleur à l'affût, les loups bâillant aux agneaux, les matrones livrant aux rufians les pucelles, vierges, fraîches et nues : 
« ...D'eli, quand lou mascle s'amuso
Plouron lis ange au paradis... » (D'elles quand le mâle s'amuse Pleurent les anges au paradis). 
« Pucelle, tu auras un écu pour étrenne, ta mère a faim... » 
D'après lui un œil regarde mais Dieu qui voit tout fait comme si : 
« ...Le soleil monte dans sa gloire.../... l'oiseau chante sur l'arbre en fleurs ; tout est lumière, paix, joie, amour... » (à suivre) 

(1) “ jougne ” pour Mistral dans le Trésor du Félibrige, avec l'idée de joug, d'attelage par paire.  
(2) Quinze ans ? n'est-ce pas l'âge légal de la majorité sexuelle ?       


lundi 13 mai 2024

Teodor AUBANÈU et sa grenade mûre entr'ouverte...

Pomegranate_flower_and_fruit 2006 public domain AuthorNo machine-readable author provided. Xenon 77 assumed (based on copyright claims).

Théodore Aubanel (1829-1886) né et décédé à Avignon, fut imprimeur et poète d'expression provençale occitane. Majoral, avec Mistral et Roumanille, il est des trois piliers du Félibrige. D'éducation et de tradition catholiques, il reste pourtant un poète de l'amour. En 1860, « La MIOUGRANO ENTRE DUBERTO », la grenade entrouverte, reçoit un accueil chaleureux. S'il y chante son amour pour Zani, sa devise « Quau canto soun mal l'encanto » (Qui chante son mal l'enchante) peut déjà présager d'une suite pathétique. 

Punica_granatum 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Autor Luis Fernandez Garcia

La grenade dans sa perception propre du grenadier. L'arbre, il le voit sauvage, de rocaille, loin des hommes, près de Dieu ; il en décrit la fleur de sang toute d'amour et de soleil, le beau fruit chatoyant aux « mille graines de corail » dans son calice rouge ; une vision certes épicurienne mais faisant long-feu, le motif officiel de sa publication étant la perte de l'amoureuse partie au couvent. Ils n'ont pas su, pas voulu se trouver...  

En partie I « LE LIVRE DE L'AMOUR ». Sauf que le premier poème relatant un amour de troubadour pour la comtesse de Die, prend prétexte de sa piété, de sa prière pour se prolonger par 

« Ah ! si mon cœur avait des ailes, sur tes lèvres pâles.../...te ferait cent baisers et cent caresses...». 

Et elle de lui répondre qu'elle veut se faire nonne. Aubanel n'en finit pas de citer bon nombre de ceux qui virent leur amour déçu, tels Dante ou Mistral. Enfin, bien des poncifs poétiques aussi : violettes, oiseaux, rossignol, hirondelles, feuilles nouvelles, tendre verdure, farandole de jouvencelles et jouvenceaux, ombre fraîche et toujours un renvoi qui se répète 

« O moun cor, perqué sies pas mort ? » O mon cœur pourquoi n'es-tu pas mort ? 

Clara, une autre aussi, en -a, (pardon de n'avoir pas noté) persistent à trop lui rappeler Zani, Jenny de son prénom.  

Teodòr_Aubanèu occitan writer o va dises planatal  the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Scanné et posté en 2011 par Jfblanc

Aubanel a titré son livre II (1) « ENTRELUSIDO », l'entre-lueur, une éclaircie peut-être. Il y a bien les cocons de soie qu'il faut ébouillanter afin d'en tirer le fil, il y a bien ces tableaux rustiques à la Millet, la fauche du blé, ces scènes de famille, de bébés qui naissent et au sein mais toujours, dans les scènes, de jeunes couples, d'une gémellité rappelant les “ bessouns ”, les naissances jumelles peu rares chez les brebis et plutôt bien reçues dans les familles, y aurait-il une bouche de plus à nourrir. L'approche, néanmoins, en est plus distante, moins tactile. Comme par contrition, Aubanel livre des poèmes sur Jésus, sur la Vierge autrement vierge que les jouvencelles aux joues rosées de son plaisir des yeux et des mots. 

Livre III : « LOU LIBRE DE LA MORT ». L'automne. au milieu des tableaux campagnards, le berger qui rentre ses moutons, les coups de fusil des chasseurs, les paysannes qui tressent l'ail, les pauvres, les petits qui ont faim, la mère qui les pousse à dormir, l'orpheline qui demande l'aumône ; le bébé qui semble sommeiller mais c'est la mort qui lui a fermé les yeux et la mère ne veut pas qu'on lui emporte son enfant... Toussaint. un autre enfant, écolier déjà, content de sa nouvelle blouse noire : il croit que sa mère dort, on lui a dit... Le bourreau sans état d'âme qui doit couper des têtes ; un vieux " serre piastres " refusera-t-il la fille de seize ans que la mère vend pour avoir des sous ? Un chien n'arrête pas de hurler à la mort, « aboiement qui gèle les moelles » ; un poème corrélé au suivant sur le massacre des nouveaux-nés par le roi Hérode... 
 
Pomegranate_(opened) 2020 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Ivar Leidus
    
C'est vrai qu'en occitan, il faut lire et reprendre pour, à chaque passage, glaner quelques grains comme on le fait après avoir, d'une bouchée, happé les rangs rubis d'un quartier de grenade, comme on le fait, à chaque automne qui vient, tant que nous sommes encore là...  

(1) dans la chanson de Noce, répété quinze fois, le refrain est plus long que les deux vers parfois écourtés des couplets.   

jeudi 9 mai 2024

JFK (9)... et APRÈS ?


Sur le pont d’une barque que j’ai voulue catalane en bricolant un capion sur l'étrave et un gouvernail à l'opposé, j’ai une photo de toi avec René, lors d’une partie de pêche ; derrière on dirait les reliefs du nord de l’île... j’ai passé un coup pour enlever les chiures de mouches...  

Et le 18 avril serait-il aussi le jour anniversaire de la mort de Marcel Pagnol (1895-1974), te concernant, plutôt retenir le 30 septembre de ta venue au monde, je me souviendrai...   

À présent, de ta part, tu le crois que je peux garder « un peu d’amour et d’amitié » ? Pardon JF, c’est la faute à Bécaud (1) ; les paroles me sont venues, éparses, sur une mélopée incertaine; confuse même, sans que je demande... c’est si vieux, je me fais si vieux aussi... Faut vivre avec... Comme un signe, ces paroles la veulent leur ligne ; il y a pire... et puis toi... tu laisses amour et amitié derrière toi, ça va avec le précepte mennonite de ta vallée aimée, ça va avec la tendresse promue par Albert Cohen, alors ça t'accompagne...   

Jean-François KNECHT (30 sept. 1957, Doullens [80] / 18 avril 2007, Falicon [06]).

PS : Romain Knecht (2006-2016) est une des victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Pauvre petit... Tu vois JF, toujours quelque chose qui nous rappelle...

C’est comme de nommer nos disparus plus ou moins chers en en oubliant certains, en ne trouvant pas ceux partis avant 1970 (archives Insee), en établissant une hiérarchie subjective forcément excessive... mais c’est si aléatoire, si impacté par le moment, le “ ça dépend du jour ”, le contexte... et puis l’inventaire en est si fouillé qu’il faudrait peut-être mieux s’astreindre à faire la liste de nos survivants... tant que nous en sommes... Depuis que Sapiens est apparu, 117 milliards d’humains sont nés... que représentent les 8 milliards actuels ? quelques petits pour cent... même pas sept ; c'est bon :  “ avec la mort, plutôt faire ami ”.

À chacun les siens ; puisque je parlais du petit lotissement du collège, en plus d’Abasse et de JFK, manquent à l’appel, les voisins, d’un côté, Claude I. le maçon (1947-2015), de l’autre, peut-être Hubert L. (1946-2018), au Brésil ou en Guyane... sauf que pas moyen de le retrouver, alors, longue vie, tout aussi bien, c’est tout le mal... suivant la formule consacrée...

Azur ou non, son bleu immuable de mort vivante au même titre que tout ce qui vit... Grasse, des roses de mai si odorantes, de la fragrance un peu libertine de Fragonard (1732-1806), des nez à parfums ou, plus prosaïquement, spécialistes des molécules chimiques agroindustrielles comme Jancy C., (1936-1996) d’une grande lignée de parfumeurs bien que dans les arômes alimentaires, qui m’achetait des fleurs séchées pour aborder aussi galamment que gentiment, quelques belles esseulées du marché de Saint-Pierre-la-Mer... Divorcé parce que rabaissé, disposant d’une certaine aisance mais n’arrivant pas à se faire aimer autrement que matériellement, il en est arrivé à trucider au lit, au fusil de chasse, la compagne qu’il ne voyait plus que comme voulant caser un fils d’un premier nid. Interné, les pieds brisés suite à une tentative de suicide par la fenêtre, il y réussit, la seconde fois, à Nice. Il était né à Vergons, non loin d’Annot, dans ces pays montagneux et de clues où cet amateur de “ foujou ” (2) passa une partie de son enfance, son père travaillant à la poste (receveur sans doute). Non loin de ce dernier séjour, tout à côté, à Spéracèdes, auprès de ses parents, celui de Max Gallo (1932-2017), seulement pour avoir entendu dire que débutant en région parisienne dans l’Éducation Nationale, il ne craignait pas, pour les vacances, de faire la route de Nice, en vespa. C'est beau la jeunesse !    

Récréation : à la télé, rediffusion (3) d’un épisode des Rois Maudits (1972-1973) d’après Maurice Druon (1918-2009)... Allons ! une monographie, un essai sans trop savoir de quoi il retourne, de ma part, faudrait pas que ça donne dans le journal intime avec ce que j’ai mangé à midi, non, c’est seulement que je fonctionnais suivant un “ faudra que j’en parle en classe... ”, j’ai entendu quelque chose qui colle tant à mon JF, le petit frère des huit mois passés ensemble :

« Chaque homme, en venant au monde, est investi d’une tâche, souvent inconnue de lui-même, et que tout le pousse à accomplir avec l’illusion de la liberté »

Vous aussi, ça vous interpelle ? c’est dans « Le Lis et le Lion », fin de l’épisode 6, avec Jean Piat (1924-2018) pour ceux qui aiment les grands acteurs.     

(1) « Un peu d’amour et d’amitié » 1972 Gilbert Bécaud.  

(2) Ces restes de fromages, laissés à vieillir longtemps, avec aromates et eau-de-vie, dans un pot de grès... la “ fougne ”, je pense du film « Les Bronzés font du Ski ».

 (3) Et encore, le 20 avril au soir, « Mort d’un Président ». sur Georges Pompidou (1911-1974), finalement assez oublié...  

mercredi 8 mai 2024

JFK (8) Sous les jupes des filles ?

Vendredi 19 avril 2024, déjà trois jours que tu me tiens compagnie.

Je ne sais pas si le parallèle avec le tarot est valable mais tu prenais souvent à la légère, par optimisme, je dirais, un peu à l’image de ton irréalisme politique. Autant revivre la bonne humeur des joueurs de cartes, notre curiosité ludique pour les questions aux champions, le lien avec les “ instuteurs ” locaux, à manger le fruit à pain au feu, les bananes vertes et le manioc du voulé (1), la grillade traditionnelle ; le lien pour les tiens, tu parlais de rendre visite à ta famille en Alsace mais au plus proche, rien sur tes enfants, ta vie sentimentale... Alors l'Alsace, laisse-moi ouvrir Géoportail pour retrouver cette vallée... voilà Lièpvre je crois... tu vois, aimer la géographie ça va avec aimer les gens. Vallée de la Lièpvrette, oh ! presque un terme grivois, toi, si prude, réservé. Une vallée refuge d'amishs, de ménnonites (2) du moins... mais non c'est juste à titre de curiosité, sans faire de parallèle avec qui tu étais... 

Lièpvre depuis le Hoimbach  2007 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Bernard Chenal

Une fois nous avions pris deux jeunes femmes en stop, tu te souviens, nous les avons alléchées... Enfin, moins cérébral, j’étais l’instigateur de cette préméditation potentiellement coquine, déjà à les amener à la case, oh ! de prime abord par goût de compagnie galante. Je les ai invitées à grimper dans le goyavier plein de fruits. Oh ! ne m’accable pas, c’est la faute à Brassens (1921-1981), un peu, goyaves, amandes... 

« ...Et, pour la bouche gourmande
Des filles du monde entier,
J’ faisais pousser des amandes :
Le beau, le joli métier !... » L’Amandier, 1957, G. Brassens. 

Et Souchon (1944), il y serait pour rien, lui qui chantait : 

« ... les garçons ont les yeux qui brillent
Pour un jeu de dupes
Voir sous les jupes des filles... » ?

Non JF, tu n’accablais pas, si agréable à vivre, ouvert aux autres et aux locaux, cet épisode souriant t’avait fait beaucoup rire mais va savoir ? ton éducation, qui sait ? ta retenue pour un rapport aux femmes des plus sérieux, une approche mennonite, va savoir ? Tu n’es pas venu sous l’arbre avec moi...

« ...Elles dans l'suave
La faiblesse des hommes elles savent
Que la seule chose qui tourne sur terre
C'est leurs robes légères... » Sous les jupes des filles, 1993, A. Souchon.

Avec les années, Abdou et Thomas, les copains du voulé au-dessus de la baie de Sada, le lagon aux éclats diamant, n’ont plus demandé après toi ; lucides, comme tous les locaux, ils concluent qu’il ne faut pas compter sur tous ceux qui, meurtris au moment du partir, promettent de parler de Mayotte, de la défendre, d’écrire à ceux qui restent. Jamais, à l’instar du JFK historique (1917-1963) disant à ses concitoyens que plutôt de demander ce que le pays pouvait faire pour eux, c’est la proposition inverse qu’il faut considérer, eux  ne parlent d’écrire, de contacter. celui qui part doit donner des nouvelles. Vers 2011, en tant que revenant, je leur ai appris que tu n’étais plus de ce monde. Moi, ça dure toujours avec Mayotte et avec une des belles rieuses qui nous moquaient si joliment en mangeant les goyaves. En 2006 alors que tu divorçais de ta mésalliance avec le PS, nous naissait Florian... Qu’est-ce qu’ils me rendent heureux, avec sa mère ! qu’est-ce qu’il m’a rendu heureux, ce petit, sur le chemin de l’école, dans les bambous, entre cocotiers et manguiers... à réciter « L’entendez-vous, l’entendez-vous, le menu flot sur les cailloux ? ». Qu’y-a-t-il de plus beau que les mots chantés en poésie : « Mélusine, Et les putois et les fouines Et les souris et les mulots » sur les lèvres d’un petit garçon dans un paysage encore épargné ? J’aurais tant aimé connaître le Jean-François intime, ta nichée, ton nid, ta conception du bonheur... La politique ? je l'abomine !

Ce sont mes dernières grandes vacances, j’écris, pas que pour moi, j’espère être publié mais sans en faire une maladie, l'autoédition me suffit aussi. Beaucoup de ceux rencontrés sur le chemin de la vie me tiennent à cœur sans que, comme avec toi, et c’est généralement le cas, je ne sois demandeur de rien en échange. Le 22 décembre 2011 nous avons perdu Saïndou, vingt ans, en 2015 mon oncle Staňa, papa en 2017... tant de copains d’enfance, de gens de ma communauté villageoise et des endroits qui m’ont accueilli, le lot de tout un chacun... de quoi, dans l’ordre naturel des choses, apprivoiser la mort mais c’est à côtoyer la vie qu’on se sent vivant. J’ai aimé que ton copain Mottard cite Albert Cohen... avec ce qui nous attend, soyons tendres les uns avec les autres... mennonites un peu...  

(1) Avec la vie plus facile, la viande, les ailes de poulet en premier, les brochettes de bœuf ou de poisson, ont enrichi la grillade initiale. 

(2) mouvement chrétien prônant l'interdiction de l'utilisation d'armes contre les humains, donc antimilitariste, contre les guerres. par contre une autre indication précise qu'au sein de leur Église, le taux d'abus sexuels est comparable à ce qu'il représente dans la population.   

mardi 7 mai 2024

JFK (7) « Pauvre type, va ! »

 Tu n’auras pas connu l’explosion en vol des grosses écuries institutionnelles, PSUMP (ça pète plus que UMPS de le lire comme ça!). Elles ont implosé, se sont désagrégées de l’intérieur, la désaffection des électeurs ayant seulement suivi et certifié le désastre. À nouveau, comme chez La Fontaine, c’est le troisième Macron qui a tiré les marrons du feu (2017).

En ce moment (2024) un dicton chinois se répète à l’envi « c’est par la tête que le poisson pourrit ». Pourrie de l’intérieur, cette politicaillerie ! seule une désaffection marquée des citoyens pourrait la faire enfin tomber, une peur de l’abstention que les parasites qui en croquent craignent plus que tout... Qu’est-ce qu’ils peuvent être mauvais français... ceux qui s’abstiennent ! 

18 avril 2007, dix-sept ans aujourd’hui... ton cœur lâche. C’est là que s’arrête ton chemin. 19 avril : tout le monde te pleure, tous se lâchent, même ceux qui au fond d’eux, restent secs ; un répit, une trêve, une affliction sans nom pour les plus touchés, quant aux autres... (Pas moi, les salopards, même morts je continue à leur en vouloir !) 

La famille a demandé le témoignage ultime à Patrick Mottard (Picard écolo, Mottard radical... la sincérité, seules les chapelles inoffensives en sont capables, et le PS égal à lui-même). C’est vrai qu’il a la plume alerte et sensible, Mottard. Il note une trêve politique factice à l’image des compliments vrais-faux déversés pour mieux passer avec les larmes. Ton ami souligne qu’avant de te trouver vilipendé, dangereusement menacé, ce furent critiques, railleries... n’est-ce pas Peyrat, le politicard multicartes, qui t’a traité de « pauvre type », dépité que tu sois fermé aux concessions, aux tentations matérialistes, fou jaloux de l’inaccessible richesse que tu affichais à marcher droit sous le soleil ou à rester toujours disponible et dévoué sur ton scooter rouge. Un mot important apparaît, le nom « notable », car la différence entre ceux qui le sont et les autres est importante : tu n’étais pas un notable ! À l’opposé de toi, un notable ne se salit pas les mains à bâtir sa maison, à l’opposé de toi un notable envoie sa participation et délègue dans le cas d’une participation humanitaire en Afrique, à l’opposé de toi, un notable, servi par une garde rapprochée de flagornerie intéressée, se montre d’autant plus arrogant que le glacis dont il s'entoure attaque pour protéger le chef d'escadrille... En Languedoc, fallait voir la floppée d'affidés serviteurs parlant bas à l'office du petit déjeuner de monsieur Frêche épluchant les unes des journaux du jour... et qui se filment tant ils sont hors-sol, un manque de dignité plus flagrant qu'avec une rascasse ou des bartavelles (v. Marcel Pagnol)... 

Revenons à ton copain concernant une approche que je ne peux cautionner, qui plus est, contradictoire, abâtardie entre idéal et singerie : “ ...malgré sa silhouette dégingandée et son élégance approximative... ”... ainsi si pour un progressiste, l’habit continue à faire le moine, étiquette et décorum, je préfère continuer à te voir nature au milieu des siens et non de la caste du paraître qui, afin de prospérer, pour le dire aimablement, suit la mode, se garde de choquer... À Mayotte, JF allait souvent pieds nus (1), ce qui est plus à louer qu’à moquer. « ...Il n’avait rien d’un Don Quichotte... » : pour ne pas dire tout et son contraire, monsieur Mottard, nous ne devons pas moins en accepter les nuances. Certes il ne se battait pas contre des fléaux imaginaires mais n’était-il pas en croisade contre la nature profonde de la politique voyant les intérêts personnels prendre le pas sur le bien commun ? La suite, d’ailleurs, confirme, puisqu’il cherchait la perfectibilité de l’Homme. Merci pourtant, monsieur Mottard, pour la conclusion, dans ce qu’elle a de général. Quel que soit le décalage entre le combat politique et celui contre l’antisémitisme, ce que vous citez d’Albert Cohen (1895-1981) (2), manqueriez-vous, à titre personnel, de tendreté :  

« ...Que cette épouvantable aventure des humains qui arrivent, rient, bougent, puis soudain ne bougent plus, que cette catastrophe qui les attend ne les rende pas tendres et pitoyables les uns pour les autres, cela est incroyable... » ALBERT COHEN, O vous, frères humains, 1972.

demeure  aussi universel que poignant,... Je veux bien avoir été mauvais prof mais pour avoir considéré vingt-quatre heures sur vingt-quatre que les enfants à moi confiés étaient sacrés et à aimer, la confrontation entre l’innocence ouverte du petit Albert de dix ans et la haine viscérale, préméditée du camelot pourtant si  beau parleur m’horrifient ! Et dire que “ ça ” continue... Allez lire, ce n’est pas long, ça en dit long...   

Site : ALBERT COHEN o vous frères humains groupement 5 textes (doczz.fr)       

Belle conclusion, elle prolonge, élargit le débat donc l’esprit, le petit prof savoure... une image classique revient le conforter : 

 « ... L'ombre, où se mêle une rumeur,
Semble élargir jusqu'aux étoiles
Le geste auguste du semeur... »

Saison des semailles, Les Chansons des rues et des bois, (1865) Victor Hugo (1802-1885).  

Le_semeur_(1888)_by_Dutch_painter_Vincent_van_Gogh Domaine public Collection Villa Flora

(1) Néanmoins, dans les îles, c’est afficher son dénuement, se présenter inférieur... les clichés sont universels, les moines en seraient-ils absents...

 (2) Contemporain et ami de Marcel Pagnol, Cohen, plutôt d’une extraction persécutée, a pourtant commis des paroles imbéciles à propos des femmes... 

lundi 6 mai 2024

JFK (6) Art Nouveau pour l'air connu de la corruption...

Corrupt-Legislation-Vedder-Highsmith-detail-1896 Domaine public Artist is Elihu Vedder (1836–1923). Photographed 2007 by Carol Highsmith (1946–), who explicitly placed the photograph in the public domain.

« Mesquineries », ton dernier mot sinon le fond de ta pensée à propos de tes faux-amis socialos. (qu’attendais-tu des tiens avec des porte-paroles tels Moscovici veni vidi, Cambadélis (1), Dray le prolo collectionneur de montres de luxe ?) des anguilles... que les vraies me pardonnent). Dans ta nécessité à rebondir, tu as cependant contribué à mettre en place Anticor localement (Jean-Christophe Picard (2), son président, reste l’un des rares à te rendre hommage, en 2016, neuf ans après). Dans ce qui est certainement ta dernière intervention, tu alertes sur toutes ces formes de corruption loin d’affecter seulement quelques brebis galeuses, qui touche des élus mais aussi des fonctionnaires, de hauts fonctionnaires tel Michel Vialatte (1959) (3), ou le doyen des juges d’Instruction Jean-Paul Renard (1950) (4), sinon Évelyne Stahlberger, vice-présidente du Tribunal Administratif, suspendue en 2004, mutée d’office à Nancy, en 2005 (une procédure rarissime, trois cas en dix ans). Avec ces deux magistrats cités, apparaît le nom de Michel Mouillot (1943), ancien maire de Cannes, Grand Maître de la Grande Loge de France, condamné en 2005 à six ans fermes pour « corruption, prise illégale d'intérêts, abus de biens sociaux, faux et usage de faux, et emplois fictifs », la totale... Les frères... tout est transparent chez eux, à les entendre...  Et toi qui mû par un scrupule sans fondement, ne répliques pas nommément (ton compère Mottard non plus), pourquoi ne dis-tu pas qu’un de tes faux-frères s’appelle Patrick Allemand ?   

La politique, tu n’en parlais pas, jamais un mot de pub pour le PS, longtemps vecteur de tes convictions ; sentais-tu ? réalisais-tu qu’elle n’est finalement qu’un moyen hypocrite de cautionner la marche du Monde ? que détournée, infectée, loin de changer la vie, par ses atermoiements, sa procrastination viscérale, elle ne peut que la pourrir ? Est-ce pour te mettre au vert que tu as demandé la mutation à Mayotte ? Est-ce parce que la politique mettait en péril ta vie familiale ? Paradoxalement, avec la défense des locataires de Mayotte (1994-1996), tu as mis en branle un réflexe métropolitain blanc occidental dans un contexte ultramarin aux intérêts métissés, non racisés (4) donc, mais calqués sur les mêmes dynamiques, peut-être plus permissif, se voyant comme le nez au milieu de la figure, grâce à l’éloignement, au nombrilisme des métropolitains, aux dévissages de certains locaux confortés par le chassé-croisé des partants de l’administration qui pouvaient commencer à comprendre pour plus d’efficacité et des arrivants devant reprendre au début les investigations initiales, parfois faire table rase des avancées, de toute façon plus intéressés par la promotion promise et à venir pour s’être impliqués et sacrifiés au purgatoire... Aussi, comme les exceptions à la règle restent appréciées... 

(1) Aux municipales 2020, dans la liste des écolos indépendants. Derrière Estrosi encore LR et le RN, ils obtiennent six sièges... Avec moins de 7 %¨des voix, Patrick Allemand, père fouettard du PS, est laminé au premier tour...  

Lien : ANTICOR- Jean-François Knecht 29/01/07 - Vidéo Dailymotion

(1) Deux affaires d’emploi fictif... 30.000 euros en gros d’amende pour un million détourné globalement... cela en vaut la peine tant que la justice rend si bien la justice... (source Wikipédia). 

(2) Directeur Général de La Communauté d’Agglomération Nice-Côte-d’Azur (2002) comme il l’a été de Saint-Maclou (1999-2001), condamné à 5 ans de prison en 2004 dans le procès des marchés truqués. Sur sa fiche, est-ce un hasard si les noms pour le moins sulfureux de Xavière Tiberi (1936... fausse électrice de son mari Jean ?) et Xavier Dugoin (1947, 25 ans de politique) apparaissent ?

(3) mis à la retraite d’office en 2004, condamné en 2006 à 5.000 € d’amende pour « faux, usage de faux et violation de secret professionnel » au profit de lea Grande Loge Nationale de France...

 (4) Un néologisme, racisation ou racialisation, assignation à une catégorie raciale mais en tant que construction sociale, non liée à une couleur de peau... tu parles.

dimanche 5 mai 2024

JFK (5) et les sangsues de la politique

2006, tu laisses entendre que tout tourne autour des places de X, Y ou Z, cela même un candide le réalise. Dans les grosses écuries, UMP ou PS sinon PS ou UMP (tant ils en étaient arrivés à une entente cordiale de binôme gagnant), être trop en vue expose à se faire descendre, politiquement s’entend, et plus par les siens semble-t-il que par la concurrence adverse et complice à la fois. L’ambitieux doit s’armer de patience, donner des gages, faire allégeance, ne pas se montrer trop compétent, pas trop intelligent non plus, c’est rédhibitoire. Alors il peut monter raisonnablement du tabouret municipal au strapontin départemental, ensuite si son réseau d’affidés et de flatteurs s’étoffe, s’il a su se montrer bon vassal, fidèle à ne pas faire de vagues, à faire antichambre auprès de la pointe de la pyramide, à ne jamais laver le linge sale en public, la porte peut s’ouvrir vers les fauteuils de la région, la députation, le sénat sinon le parti, enfin dans tous les plis du millefeuille (1)... une ivresse mettant au grand jour les confidences de certains... Copé se voyant président ; cela sans jamais être pressé d'y parvenir, quitte à se présenter pour perdre et faire élire l’adversaire, sachant que le retour d’ascenseur compensera un jour ou l'autre. Attention, plus on est mouton et plus tout est possible, galeux s’entend (chez les tiens, sous Martine Aubry n’aurait-on pas bourré les urnes ? Ségolène s'en est accommodée alors... comprenne qui pourra)... 
Bon, il arrive qu’une fois en place le mouton échappe à ses mentors... si encore cela relevait de bonnes raisons.. Avec de telles procédures, la compétence, le travail, l’honnêteté par dessus tout deviennent des obstacles à une émergence politique valable. Comment s’étonner alors si les dernières quarante années se sont marquées par un empilement de lois toujours reprises et ne donnant pas à s’appliquer et cela, en laissant la bride à une bureaucratie compulsive qui amoncelle textes, règlements, interdictions... quand elle n’est pas payée à ne rien faire comme tous ces préfets sans poste...  

Ta conclusion auprès du site Nice-Premium. Ton envie de changer les choses demeure. Tes illusions itou... D’abord lorsque tu affirmes “ une vie d’homme est longue ”... Oh ! que non, mon ami, c’est bien une réflexion de jeune que tu nous lâches, là ! Regarde comme tu es vite parti... et moi qui suis en train d’avoir vécu en bonus pratiquement la moitié de ton âge, à l’instar d’une mécanique incertaine, sachant que la panne peut menacer dans la seconde, bien que conforté par le démarreur, encore ce matin, qui a impulsé sans hésitation, il faut bien que je me demande si l’alimentation, la carburation, la distribution restent correctes, si les pistons, cardans et roulement restent lubrifiés, si le caoutchouc des durites n’a pas trop durci, si l’étincelle est là, si l’échappement ne se bouche pas. Et encore ! un moteur ça se refait, une mécanique humaine, les organes, les filtres, beaucoup moins, souvent dans un provisoire appelé à ne pas durer... Il n’y a que des politicards dans l’impasse pour faire des vieux une variable d’ajustement ; ce Léo Brumaire (1969), justement, ce sinistre cynique, d’une malhonnêteté infecte (non mais c’est qu’il se prend pour un homme providentiel ciblant 2027 !) à taper sur les seniors, ces boomeurs qui ont l’outrecuidance d’être encore là, eux qui n’ont pas connu la guerre ; ce Lemaire qui lui l’a connue la guerre, au point de mettre la Russie à genoux, ce ministre des mille milliards de dette supplémentaire (800 pour ce que j'en sais), plus pertinent dans l’écriture érotico-porno et l’esbroufe, qui provoque toujours davantage, laissant entendre, faute de ne pouvoir nous éliminer, que nous touchons trop, que nous coûtons trop cher en santé ! Tout ça, pour camoufler son incapacité lamentable de traître retournant sa veste du bon côté (2) (et chez toi, après Muselier (1959), Estrosi (1955) non ?) ! 

Fresque à Casablanca avec le visage de Pierre Rabhi « la nature offre à la fois ce qui nourrit le corps et le guerit, émerveille l'âme, le cœur et l'esprit. » Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license photo de 2023 Auteur Bertrand SOUBEYRAND

Certes plusieurs voies sont possibles pour servir l’envie de changer les choses, en dehors de “ l’ascension au sein d’un parti ”...  « ... ils sont trop verts... » pense le renard de La Fontaine (1621-1695)... “ ...Fis-tu pas mieux que de te plaindre ? ”. Pardon mais tu me rappelles Pierre Rabhi (1938-2021), de ceux qui à raison, non sans courage, ajoutent leur nom à la liste qui a eu, qui a le tort d’avoir raison trop tôt. 2006, tu pointais du doigt le discrédit de « la » politique et « du » politique avant tout motivé par la promotion, le pouvoir, la reconnaissance sociale, les avantages. Tu espérais « une prise de conscience, un coup d’arrêt aux dérives, aux manœuvres et aux mesquineries ». Sans un cataclysme rien ne changera ! les Grecs, déjà, redondaient dans l'inceste et la consanguinité ! 

(1) Étrange comme ils savent nous mettre sous le nez le budget du social, de l'Éducation, de la Sécu, mais rien sur ce que nous coûte le millefeuille politique... plus de 30.000 élus par exemple pour Paris et l'Île-de-France, soit autant que pour tout le Royaume-Uni ! 

(2) Sauf que la chanson de Jacques Dutronc (1943) dit “ toujours ” et que ce “ toujours ” semble voir son obsolescence enfin programmée...

samedi 4 mai 2024

JFK (4) Léon (BLUM) réveille-toi !

Avril ou mai 2007 : je réalise qu’on ne passe pas sept ou huit mois ensemble sans qu’une force n’en reste, longtemps souterraine mais devant se révéler à un moment, au grand jour. C’est cruel, à 49 ans, tu meurs, tu laisses six enfants, ta vie a continué, tu as dû te remarier, c’était pas ton genre de concubiner... Tout le monde, même tes plus coriaces adversaires te rendent hommage... un armistice seulement, insensibilité, rancune et hostilité restant la règle...

Juillet 2006. « Je persiste et je signe dans mon indépendance d’esprit. Je n’ai pas de plan de carrière » déclares-tu quand tu démissionnes de toutes tes responsabilités au parti socialiste des Alpes-Maritimes, pour carence de cordialité, de camaraderie, de savoir-vivre, d’éthique... tu m’étonnes ! Tu ne cites pas de noms mais tu affirmes que certains sont obnubilés par le pouvoir absolu, une dérive inacceptable, inconnue de toi sur trente années de politique. Tu es clair : les raisons personnelles l’emportent sur l’intérêt général. Dire que nous ne savions même pas que tu avais été candidat aux cantonales de mars 1994 et que, même à Mayotte, tu restes élu municipal à Nice entre 1989 et 1995... lucide sûrement sur ce que représente l’ambition politique de la part de gens qui valent peu, toi tu n’étais pas du genre vantard. Qu’y avait-il sous cette demande de mutation ? Ta situation familiale ? Tes difficultés politiques ? Des menaces ? 

Léon_Blum_en_1936 Domaine public. Bulletin municipal de la ville de Toulouse


Années 2010-2020 : de ton bord, ça se décante, seuls restent les fidèles... rien à attendre des pontes du parti comme Patrick Allemand (1960) dans un appareil politique opportuniste, prompt à sacrifier les valeurs. Bien sûr JFK était contre les mains sales sauf qu’entraver le projet de stade de foot fait certainement perdre des voix dans les virages, d’où les foudres de la part du bureau local (1). Les petits hommes gris se gardent d’être solidaires, pire on te laisse tomber alors que le président de l’OGC Nice, Maurice Cohen (1955) (2) livre aux supporteurs le nom de ce maudit, ce conseiller, Knecht, em..., empêcheur de tourner en rond. Que peut-on attendre de la marge sectaire de ces supporteurs ? Ça n’a pas traîné, jusqu’aux menaces de mort ! Que peut-on attendre d’un parti en vue, puissant alors, tel le PS ? Rien en dehors des lâchetés carriéristes ! Et moins encore envers l’outrecuidant qui brandit des idéaux ! Un politique efficace se doit d’être retors, menteur, dissimulateur, sournois avant tout ; pour accéder au pouvoir, tous les moyens sont bons, allégeance, patience, clanisme, apartés, cachotteries. L'essentiel reste de monter dans la hiérarchie élective, qui plus est et pourquoi pas, en doublant ses chances, en couple, jusqu’à jouer de la notoriété au point de ne pas craindre exposer le renvoi d’ascenseur entre amis, la nomination honteuse au poste d’ambassadrice des pôles (Ségolène Royal n'a participé à aucune des réunions du Conseil de l'Arctique), le cynisme d’un entre-soi au grand jour... Les meilleurs s’en retrouvent bridés, n'ont pas leur place ; les plus modestes et dévoués au parti, utilisés comme bonnes poires, les cyniques, à mettre en avant le bien commun, ne peuvent que minimiser : rengaine du système politique le moins mauvais de tous. Mais surtout pas améliorer ! ne rien bousculer... la realpolitik sans quoi ce serait perdre du pouvoir. Blum ! Léon réveille-toi ! regarde où ils en sont arrivés !  

(1) « ...à l’époque du dépôt de plainte, nous avions subi une volée de bois vert de la Fédération du Parti socialiste. Le premier secrétaire lui-même avait pris la plume pour dire que nous en faisions trop sur le dossier du tramway de Peyrat, et qu’il y avait un moment où il fallait savoir s’arrêter de s’opposer. Évidemment, avec JFK, nous ne nous étions pas laissé intimider et nous avions poursuivi notre mission... » Patrick Mottard, RdG

(2) On apprend qu’en 2009, en désaccord avec les principaux actionnaires, “ l’homme d’affaires ” entendait revendre sa participation minoritaire “ au club ” de 5 %.  

vendredi 3 mai 2024

JFK (3) le Blanc est coléreux !

mzungu wapeu : le Blanc est méchant... 

1994 : engagés à Mayotte, nous nous retrouvons dans les belles cases de la SIM, la Société Immobilière de Mayotte, sauf que c’est un lotissement blanc, à part. 




1995 : à côté du collège, j’ai obtenu une des quatre maisons en location, toujours pour métropolitains avec les trois autres, en face, plus cossues, de fonction. Blanc toujours mais à taille moins voyante, plus discrètement intégré dans le contexte nounous et bouenis (2) de ménage ; les bardeaux ont besoin de changer. Le principal du collège a demandé si quelqu’un peut loger un contractuel qui ainsi s’épargnerait une paire d’heures d’un trajet incluant la traversée du détroit. Ton épouse est repartie en métropole, tu es seul, tu sais qu’il reste une chambre libre, tu demandes à rejoindre notre cohabitation. Comme pour Abasse (1946-2016), je te dis « esprit d’équipage » sauf que lui le prend mal (« si c’était pour l’argent, tu n’avais qu’à le dire ! »). Je ne comprends pas qu’un déraciné de Madagascar puisse être contre le geste dont il a lui-même bénéficié. En capitaine, seul maître à bord, pas du genre à ergoter, je passe outre. Toi JF, tu ne dis rien, tu ne te formalises pas. Ce sera chouette, pourtant, sous la varangue, le soir, amical après le boulot. Avec les milliers de questions envoyées par papa, nous jouons à Questions pour un Champion... Bon, ça aurait pu... on aurait dit... un mois seulement... Abasse préfère partir ailleurs. Qu’importe, notre bateau garde le cap... tu turbines au café, tu pars conseiller les instits, décontracté, décapoté dans ta Rodéo, faussement dilettante si on te connaît. Le samedi soir, avec René et Georges, nous jouons au tarot. Une fois mais pas aux cartes, j’ai mal réagi parce que tu ne savais pas pour le téflon de la poêle (je te demande pardon, c’est vrai que nous, occidentaux, contrairement aux locaux, plus apaisés, sachant généralement éviter l’affrontement verbal frontal, gardons de l’Histoire une agressivité certaine... Allons, me voici doublement coupable de me dédouaner à y être, une fois encore... Toi tu savais si bien rester ferme mais calme dans la forme, doux presque... Pardon je m’en veux toujours d’avoir été ce “ grand frère ” si imparfait, serait-ce très subjectif de ma part... Le seul indice alors pour ta propension à la chose publique, la création d’un syndicat de locataires de la SIM au sein duquel certains ont eu tôt fait de te pousser vers la présidence. 



(1) Marlène Schiappa, Bruno Lemaire... ministres qui trouvent le temps d’écrire, ministres qui pour faire people livrent du cul plutôt torride, dépassant ce qu’on entend par “ érotisme ”... si c'est dans ce sens que la France avance ?! 

(2) Bweni = dame, madame en shimaoré... dans la pratique, souvent confondue avec “ bonne, bonniche ”.

JFK (2) Les crabes bleus ne laissent rien derrière eux !

 D’abord, ton cœur qui lâche, tu n’as pas 50 ans. Ensuite le fil qui dévide la pelote et qui, dix-sept ans plus tard, n’en finit pas de se dévider. 19 avril 2007, en métropole, à Nice, les hommages se suivent, nombreux, donc tu étais loin d’être anonyme ; peut-être étais-tu très occupé... je comprends mieux pourquoi, de douze ans, tu n’as pas donné de nouvelles. Quoique, c’est facile de ma part, manière de me dédouaner, de m’attribuer le rôle d’aîné créancier. Oui, douze années à sentir ce passé entre parenthèses avant qu’il n’explose suite à ce coup de tonnerre qui remet sur la table ces huit mois passés ensemble, sous le même toit, en cohabitation, en copains, sauf qu’à la nouvelle de ta fin, ma détresse dévoilait ce que je n’avais su voir, c’est un peu un frère que je venais de perdre. Subite, patente, cette perception me percute, ce qui va avec aussi... J’apprends que tu étais dans la politique, de gauche, ce qui n’étonne pas, dans l’opposition... sans quoi, sans toi, Peyrat ne m’aurait pas tiré une ligne... Médecin, c’est vrai que lorsqu’un bestiau politique d’une telle longévité s'espatare, ça éclabousse... À force de passivité, de contre-feux dilatoires, à force, quand même, ils tombent... les Tiberi, les Balkany... les arbres qui cachent toute une forêt... de ceux qui se frottent les mains de ne pas être en première ligne... Et qu’on n’aille pas, tant ils durent, nous faire croire à l’indépendance de la justice, à l’impartialité de ces faux-sages du Conseil Constitutionnel. Ils biaisent et dévoient la démocratie ! Et quand ce ne sont pas les affaires, ce sont les guerres de pouvoir entre eux, les guéguerres de chiffonniers. Tu te souviens de Balladur-Chirac, en pire, à dégoûter leurs votants ; ils ne s’en sont pas remis. Nous avons eu droit au trio de coupe-jarrets Sarko-Copé-Fillon, ça a donné ! un candidat à la présidentielle abattu et un mec comme Copé, encore cinq ans après, tout sourire en interview, le principal étant de se faire mousser, l’essentiel étant le “ JE ”, un “ MOI ” dans toute sa splendeur oserais-je avancer sans plus considérer Œdipe que Freud dans mon “ psychocredo ” au ras des pâquerettes... Et Macron, calife à la place du calife, pas mal non plus ! Enfin, la variable d’ajustement qui ne peut que réjouir celui qui ne compte que parce que, faute de ne pouvoir dissoudre le peuple, lui reste l’essentiel, à savoir bien manipuler la masse populaire. 

Callinectes_sapidus_(blue_crab)_(Cayo_Costa_Island,_Florida,_USA) the Creative Commons Attribution 2.0 Generic Author James St. John. Le crabe bleu, un envahisseur posant problème en Méditerranée. 

Et toi dans ces plans là, dans le panier de crabes ! Ma peine assumée, je comprends mieux que tu n’en aies pipé mot : ça pue la politique, ce relent t’était trop familier, tu as voulu nous épargner. Ton problème était de vouloir que ça sente bon. Mon pauvre JF, quel naïf tu nous fais, toi tu ne sais pas mentir les yeux dans les yeux, toi, incapable de clamer, le lendemain et sans ciller, le contraire de ce que tu disais la veille, toi incapable de baratiner pour endormir, de fourguer du rêve ... Ce monde puant d’égo métastasiques, de vanités, de traîtres, addicts au pouvoir comme à une came au point de mettre sur le trottoir la “ raie publique ”, contamine ou discrimine puis élimine... Les chevaliers blancs, les purs sont des martyres, sacrifiés pour avoir prôné l’idéal trop tôt, Robin des Bois, Zorro mais au cinéma seulement ; en vrai même la base, apathique, trop prompte à s'en foutre, trop longue à soutenir, contaminée, pragmatique, les laisse aussi tomber... Les mauvaises raisons poussant à politiquer, les Grecs, les Romains l’avaient compris ;  chez eux c’était un mandat et fini, de l’air, à d’autres ! 
Nous, écoute-les, ils en ont plein la bouche de l’héritage démocratique mais ils s’arrangent pour imposer une normalité de professionnels à la gestion de la cité ! Mélenchon (1951), en politique depuis ses 21 ans ! Emmanuel Ier, pleurnichant de ne pouvoir accéder au troisième mandat, aux affaires quand même depuis 2012, au prix d’un croc-en-jambe à Hollande... douze ans : un peu poutinien non ? Ne parlons pas de sa position surréaliste par rapport à la guerre en Ukraine : toujours à noyer le poisson, dans l'esbroufe... 

jeudi 2 mai 2024

Politicards et vie privée...

Avec ces paragraphes qui fâchent, malheureusement, encore l’évocation d’une politique qui, se voulant réaliste, sinon “ reconnaissante ” envers ceux qui ont contribué au succès, n’hésite pas pour cela à papillonner sur les marges d’une illégalité versant dans l’argent douteux. Toujours à Nice, dans la continuité de Jacques Médecin, Jacques Peyrat (1931) voit son second mandat de maire entaché par des affaires dont un problème de corruption entachant l’attribution du marché public (Stade du Ray projet de 2002) et en 2006 par un recours du préfet pour un marché public relatif au nouveau stade projeté dans la plaine du Var, non conforme au code des marchés publics, de même concernant le marché truqué sur l’appel d’offre du tramway. 

Nice supporteurs 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic license. Auteur angellli


La page wikipedia ne parle pas du rôle non négligeable joué alors par Jean-François Knecht (1957-2007), élu d’opposition intraitable n’hésitant pas à multiplier les recours administratifs ou au pénal dans les litiges cités mais aussi contre le projet de palace du parking Sulzer ou le dépôt du tramway à Nice-Nord. Sur la même page, les personnes directement concernées, en premier lieu, les socialistes de Nice devraient, pour la mémoire de J.F. Knecht, se racheter d’une carence d’esprit de corps, de solidarité, pour tout dire, d’humanité. Mais les galets ne sont-ils pas à la plage, ce que les égouts et Spaggiari (1932-1989) sont à la ville ? 

JFK...

JFK oui... comme quoi, en bien ou en mal, consciemment ou non, un homme, un destin peuvent marquer. Le nôtre de JFK, JFK à part entière, un peu à nous disons, relativement proche à partir du moment où il n’a livré de lui que ce qu’il voulait, à savoir, rien en dehors de ce qui était au vu et au su de tout le monde... On ne se permet pas de demander à l’autre ce qu’il a de lointain, à plus forte raison sa face cachée s’il ne donne, en cela, le moindre indice...

À quarante-huit heures de ne pas oublier ta perte (16 avril 2024), JF, peut-être est-ce grâce à toi qu’à partir de ce jour, sans oublier le décès à commémorer, il me sera plus lumineux de mettre en avant le jour de naissance, la venue au Monde des miens ainsi que des grands, de ceux dont le sillage reste luminescent, qui éclairent, du moins, le mien de chemin... Plutôt les fesses roses et souriantes de bébé que le teint cireux d’un visage thanatopracté... Me reviennent malgré moi, l’air, les paroles, « Il est né parmi les abeilles, un bel enfant de miel et d’orgeat... », toi de Nice, au nom alsacien, né à Doullens (80) ! Ça alors ! dans la Somme ! Comme des étoiles filantes, ces choses-là, aussitôt nées, aussitôt mortes... Né plutôt que mort ce jour ; tiens, le 18 avril 1951 naît ma cousine Jiřina, en Bohême du Sud, Tchécoslovaquie : sans parler de ces chassés-croisés géographiques tous azimuts, ça complique mais qu’est-ce qu’on s’ennuierait sans se compliquer la vie, la vie de qui que l'on soit, toujours loin de couler telle un long fleuve ennuyeux...