samedi 28 mai 2016

LA DINDE A OUVEILLAN ! QUELLE CHANCE ! / Fleury d'Aude en Languedoc

ou CHERCHER LE PRÉSENT DANS LE PASSÉ : OUVEILLAN (2).
 
Tout ça pour vous dire que j’avais des notes sur Ouveillan, l’historique de la paroisse tel qu’il se reconstitue au fil du demi-millier des pages du dictionnaire topographique de l’abbé Sabarthès. J’avais... jusqu’à ce que l’ordinateur me lâche. J’avais... jusqu’à cette envie aussi improvisée qu’incontrôlée de mêler nos vies à ce village sur sa colline...  
       
 L’autre soir, parce qu’un «Racine et des ailes», avec les châteaux pinardiers du vignoble languedocien, est venu titiller insidieusement sur une résolution vaporeuse en sommeil depuis plus d’un an, je repars en quête des belles pages d’histoire d’Ouveillan, en reprenant le dictionnaire topographique de l’Aude (1912) de l’abbé Sabarthès, à la première page ! 


Ouveillanais, vous aussi, êtes à l’origine issus d’un métissage liguro-ibérique lié aux Grecs de Phocée et peut-être même aux Phéniciens, avant que n'arrivent les Celtes pour faire place nette, ici les Atacins, des Gaulois qui s’établirent dans la vallée de l’Aude. C’est chez eux que passa Hannibal  avant que les Romains ne s’en mêlent. Ensuite, les Wisigoths qui tinrent tête aux Francs mais subirent les Sarrasins... Passons sur nos dynasties de fainéants puis de vaillants rois qui vinrent mettre notre Languedoc en coupe réglée.

L’entrée «OUVEILLAN» figure dans le Trésor du Félibrige de Frédéric Mistral sans qu'il soit précisé si le village doit son nom aux moutons ou à sa situation d'île quand la mer était bordée d'étangs salés :
Óuvelhan, Aubelha : les habitants sont nommés Aubelhanot, v. manjopiot (mangeur de dindons) (1), sobriquet des habitants d’Ouveillan (de Fabrezan aussi). 
Prov. Lang. Qu vol sa filho saumeto,
    A Ouvelhan que la meto, à cause de l’eau que les femmes sont obligées d’aller chercher fort loin.

Mentions pour Ouveillan, fief du domaine royal, page 286, dans le dictionnaire topographique de l’Aude de l’abbé Sabarthès datant de 1912 :

Le «Château-Bas ou Vieux» au bord de l’étang desséché, et le «Château-Haut, dans le fort».
Ovilianum 924, Ovelianum 993, Ovellianum 1143, Ovelanum 1192, Oveglianum 1250, Olivianum = Ovilianum 1294, Ovelhanum 1319, le chastel de Ovillan 1334, Ovelhan XIVe s., Hovelhan 1402, Oveilhan 1479, Ovilhanum 1497, Hovelha, Hovellac 1536, Obelhan 1587, Houvelhan 1592, Oveilhan 1639, Ouveilhe 1666, OUVEILLAN 1781, Aubeilhà (vulg)... Sabarthès distingue aussi les mauvaises graphies.
Note sur l’Étang d’Ouveillan, au midi de la localité. 


Les étangs et ruisseaux :
Aiguefer, anc. étang, lieu-dit L’estanhol d’en Agaffer 1497
Les Canimals anc étang 924
Conseyrac anc étang au terroir de Saint-frichoux l’estang de Conseyrac 1147
la Courtine anc étang L’estang de la Courtine 1286
A l’Estanhol, jots les vinhas de Cussac.
Libarda, ruisseau, anc fief mouvant du roi lo Libardar 1411
La Mayral ruisseau, al Maïral 1536.
La Nazoure, 1781, ruisseau, canalisé dans sa plus grande partie pour déssécher l’étang de Toutous, tributaire de l’étang de Capestang Aqua vocata la Neroza 1322.
Recaudier ou l’Aiguille, ruis. (15 kil) affluent de l’Aude (aujourd’hui Ruisseau Audié).
Etang de Toutous, désseché par le ruisseau de la Nazoure L’estang de Totos, 1497.

Les divers fiefs (domaines de vassaux en échange de services et redevances dus aux suzerains) :
Agaret anc fief du roi (col d’Agaret cad.)
La Courbayrole anc fief La Corbayrola 1497.
Erminis anc fief appartint en dernier aux Frégose.
Le Fesc anc fief royal puis de Frégose Al Fesc 1497.
Les Launes anc fief de l’Ordre de malte, dans l’ancien décimaire de Saint-André, aussi sur la commune de Montels Condamina qui dicitur de launis 1275.
Loupian ou Villespassants, anc fief. 
Murviel, anc château dépendant de la seigneurie de Rieux et d’Alzonne, tenu au XIVe par les d’Harcourt, au XVe et XVIe par les Montredon.
Le Peyral, anc. fief royal. Al Peyral 1404.
La Poulverouse, lieu-dit, anc. fief royal. La Polverosa 1497.
Les Pujals, lieu-dit, anc. fief royal Als Pogols 1404.
Trente-Sols, anc. fief du roi. Als Trente Sols 1497.

Les fermes et écarts :
Bailly f. Bailli 1807
Bedos f Alha boria de Bedos 1536
La Bergerie f La Grangette 1774
Le Bousquet f Ad Buscaletum 1255
Cachefigues f.
Chambard f 1497
Colombet f.
Le Colombier château et f. ad Colombierum 1255
La Commanderie f
L’Étang f.
Filère f
Foncalvi, f anc propriété del’ordre de Malte, puis de l’abbaye de Fontfroide. Grangia de Fonte Calvio 1275.
Frayssinet, f., Le Gers (vulg).
Labastide, f.
Mailhère, écart. Le jardin de Maillère 1807.
Montplaisir, f.
Le Pain de Sucre, f., démembrement du domaine de Preisse
Petit-Rabes f.
Pézétis, f., Pézéty, une vieille masure appelée la Chapelle, confrontant d’aquilon la rivière Cesse ; de midi, le Canal Royal 1692.
Pigasse, f., Méterie appellée Pigasse 1776.
Preisse, chât. et f. ; anc. commanderie de l’ordre de Malte ; la chapelle était dédiée à saint Paul. Prexanus 782.
Le Terral, f., ancien prieuré sous le vocable de saint Martin ; anc. propriété de l’abbaye de Fontfroide. Castrum de Tarrallo 1176.
Terre Noire, f.
Le Viguier, f., métairie à Tailhesang..., métairie ditte le Vié, 1776.

Les lieux-dits :
 Belvèze lieu-dit 1776
Cassenac, lieu-dit
Les Faisses lieu-dit A las Fassias 1536
Le Finistère lieu-dit
La Gardiole, lieu-dit Alha Gardyolla 1536
Gazet lieu-dit, in Gizet 1256.
Lombric, lieu-dit, ad Lumbricum 1255.
Montpaho, lieu-dit Monpaho 1497.
Peyrefite, lieu-dit. Peyra ficha 1497.
La Porte-du-Salin, lieu-dit.
Le Pourcel, lieu-dit. Ad Porcairillum 1255.
La Rouquignole, lieu-dit. Via de Mirapisceto, vocata la Roquinola 1595.
Saint-Cristol, lieu-dit, Sant Crystolh, 1536.
Sainte-Marie, lieu-dit. Chemin de Sainte Marie 1692.
Saint-Brès, lieu-dit. Podium sancti Berrichi, 1192.
Taillesang, lieu-dit. Tailha Sanc, 1497.
Les Vases, lieu-dit. Ad Vasa 1255.
Ville méjeane, lieu-dit ; Villemejane, 1339.

Edifices religieux et liés à la charité :
la Maladrerie anc léproserie Als mesels 1497.
Saint-Charles, chapellenie, 1776.
Saint-Paul, ancien hôpital, Saint Paul, l’hôpital 1776.
Saint-Pierre-d’Artiague, chapellenie, 1756.
Sainte-Sixte, chapelle et ermitage ruinés. Podium Sancti Cirici, 1204.

Divers :
Le Bourguet-Neuf, faubourg, Al Bourguet Nou 1697
La Croisade auberge et distillerie
La Fardille A la Fardylha 1536
Le Fort, quartier, de là la distinction entre Ouveillan-le-Haut et Ouveillan-le-Bas.
les Malviès, Als Malviès 1497.
Le Moulin à vent
Saint-André, anc. décimaire au territoire de Montels (Hérault) et, par extension, commune d’Ouveillan. Condamina de Sancto Andrea, ... decimarium Sancti Andree, 1275
Saint-Frichoux, localité disparue, anc. prieuré uni à l’abbaye de Montolieu.
Toutous, loc. disparue ; anc. prieuré sous le vocable de Notre-dame. Villa Totonis 782.
Villa Sancti fructuosi, 932 ? 

(1) le surnom est relativement récent vu que le dindon n’a pu traverser l’Atlantique avant Christophe Collomb... 

photos autorisées :
1. Commons wikimedia / Le Terral, château, aut Flolma. 
2. Commons Wikimedia / Ouveilhan année 1498 aut Eutexie.

vendredi 27 mai 2016

CHERCHER LE PRÉSENT DANS LE PASSÉ : OUVEILLAN / Fleury d'Aude en Languedoc.

Trausse, Lapalme, Sallèles, Vinassan, Salles, Gruissan, Cuxac, Coursan, autant de villages sans lesquels nous ne serions pas ce que nous sommes. A la suite, sur cette liste, de celles qu’on établit pour de joyeuses retrouvailles, j’avais des notes sur Ouveillan, bien fournies, s’ajoutant aux chers souvenirs des condisciples de lycée et surtout liées à une amitié plus forte que les kilomètres à vélo nous séparant... même si lui avait une mobylette... bleue, à en croire la fragilité des souvenirs. 


Nous braconnions alors sans complexe et surtout par provocation, à jouer les croquants dans les pinèdes de ces châteaux et grandes fermes bourgeoises, en plein jour, à une heure et dans des circonstances n’incitant heureusement pas au zèle des gardes. Pire encore quand, la carabine en avant, nous arpentions l’étang en contrebas du village, de la route, des chemins, à la vue de tous ! Loin des escapades furtives et nocturnes d’un Raboliot, nous étions seulement dans l’extravagance des excès existentiels. Surtout pas liée à Sartre qui nous barbait autant que la prof de philo coco ! Non, une extravagance toute rabelaisienne (1) plutôt, de gros rires, comme quand Georges puis Antoine, trop pris par l’excitation d’un gibier tentant mais lointain, tombèrent tour à tour dans une cave* remplie d’une eau froide comme peut l’être novembre en Languedoc, dans les bourrasques d’un Cers* pénétrant venu des montagnes ! Sauf qu’ils m’auraient bien jeté aussi derrière les sénils*, mes copains rigolos, par égalitarisme !
Tel le piégeur flânant l’air de rien sur le théâtre de ses forfaits passés, j’aime repasser par Ouveillan dans un sens ou dans l’autre. L’été dernier, par la Minervoise, puis le carrefour de la Croisade, un jour que la  ramure élancée des platanes balançait sous les coups du Cers justement... Je veux parler des feuillages à terme condamnés par le chancre doré (2) tueur des pauvres arbres. Les gros nids d’agasse* d’autrefois ont aussi disparu... Te souviens-tu Antoine, de ta peur, cette fois-là, à trop jouer au pendule, si haut, pour quelques œufs à piller ? 


En bas du village, la cave coopérative et son architecture superbe (3), tout à l’honneur du raisin et de 1936, année du Front Populaire (prenez vite une photo car elles sont effacées un jour, comme à Vinassan, à Lespignan...). En redescendant vers Cuxac et la plaine de l’Aude, en surplomb de l’étang, feu la distillerie-coopérative d’un temps où la vigne et le vin quotidien rythmaient la vie. Entre la cave et l’alambic, parce que la vanité n’est pas leur fort, on cherche longtemps le monument aux morts. 


Village du midi, assoupi en cette mi-août, désert à l’heure de la sieste, qui veut nous laisser croire que tout à l’heure les gens partiront arroser les jardins, pour profiter au retour, de l’air moins chaud sur le devant de porte, manière de bader* le mouvement des éclats de voix et des boules sur les bancs de la place... Le Sud qui s’offrait en traversant la localité vers l’impasse Camarade (4), en récupérant des efforts liés à la dernière côte (en venant de Cuxac, celle de la distillerie).   
  
Enfin le monument aux morts, pour la paix, de ceux stigmatisés alors par les "braves gens" (4) remontés par les va-t-en-guerre. On le doit à René Iché (5), un enfant du pays, né à Sallèles-d’Aude, à quelques kilomètres à peine et d’Ouveillan par sa mère (il y est inhumé). Il est mal indiqué, la verdure le cache, c’est difficile de le cadrer... Dommage pour un village par ailleurs connu pour ses vendanges du cœur (au profit des Restos du même nom lancés par Coluche). 





Sur la route de Cuxac, à gauche, l’embranchement vers Fontcalvy, une grange fortifiée. Les vieilles pierres en imposent, au milieu des vignes il est vrai. Dans les ruines réhabilitées, l’été, un festival, des spectacles et un repas, pour ceux qui veulent, en bas, dans l’ancienne bergerie... N’espérez pas faire ripaille comme les moines d’antan... ceux-là donnaient plutôt dans l’ascétisme, la rigueur et le travail, règle de Cîteaux oblige. Sans remonter au XIIIe siècle et parce que nous n’étions que des chenapans aux cheveux longs, vers l’an de grâce 1968, nos jeux ne dérangeaient que les vols de corneilles qui logeaient là et la terre et les détritus comblaient presque le bercail des moutons. Maintenant, ils peuvent monter le son et multiplier les projecteurs : fini les troupeaux et plus de corneilles (comme dans la garrigue d’ailleurs). 


A Joël des PO, Georges de Narbonne et Antoine d’Ouveillan, à nos folles années 68-70 ! 
(à suivre)

(1) Ah ! Monsieur Rabéjac qui nous enseignait le XVIème siècle en littérature !
(2) champignon mortel qui serait arrivé d’Amérique avec les caisse de munitions en 1944. Il existerait comme un vaccin porteur d'espoir et testé à Sallèles...
(3) Architecte Gaston Ladousse qui fit aussi celles de Vinassan (1937) et de Trausse (1937), pour parler de cette période.
(4) Nino Ferrer ne chantait pas encore le Sud (1975) mais Jean Ferrat en remontrait déjà au camarade (1969) et Brassens était bien le seul à défendre l’anticonformisme pacifiste. 
(5) René Iché (1897-1954), Croix de Guerre 1914-1918, Médaille de la Résistance. Devenu sculpteur contre l’avis de ses proches, Iché vit son œuvre Forfaiture enlevée pour "indécence" (1923).
«Laissez-moi vous dire...» écrivait-il au préfet de police «... que votre décision, si inattendue pour moi, m’a beaucoup ému. certes, je ne prétends pas avoir fait un chef-d’œuvre et si mon intention fut mal interprétée, c’est peut-être que mon talent ne fut pas à la hauteur de mon ambition. Quoiqu’il en soit, j’ose affirmer que j’ai poursuivi, en sculptant Forfaiture, un but hautement moral. J’ai voulu traduire dans la matière plastique, la douleur et l’angoisse d’une trahison, la trahison de l’instinct génésique, le reniement de la vie elle-même vis à vis de la continuité de la vie : le drame affreux que la loi poursuit car il constitue un véritable crime de lèse-humanité.
«L’illustre maître Bourdelle, qui a bien voulu m’éclairer de ses conseils, m’a répondu que ce sujet, s’il avait été inspiré par le sixième commandement à un imagier de cathédrale, aurait très bien pu trouver sa place dans la pénombre d’une haute ogive. je m’en tiens là et j’accepte de retirer ma statue. Il me suffit de pouvoir affirmer en toute conscience que je l’ai méditée et exécutée sincèrement et que, pas un instant, je n’ai pensé ni visé au scandale mais à un vérisme significatif conforme à l’éthique la plus naturelle.»
Son projet de monument aux morts pour le village de Canet-d’Aude, fut aussi refusé pour «pacifisme» sinon pour excès d’humanité ! 

glossaire :
* l’agassa (o) = la pie.
* bader = fixer, reluquer, afficher sa curiosité sans retenue.
*cave = fossé.
*Cers = plus vieux nom de vent en France, honoré par les Romains parce qu’il chassait les miasmes, malheureusement assimilé par parisianisme à une tramontane par trop générique ! Pour être plus généralistes, nous disons aussi (et certainement à tort) "vent du nord" !
*sénils = roseaux dont on fait le chaume. 

photos autorisées : 
1. Commons wikimedia / Ouveillan aut Map data (C) OpenStreetMap contributors CC-BY-SA
2. Commons wikimedia / Canal_du_Midi near Colombiers 2011 aut Michiel1972 
3. La cave coopérative, personnelle août 2015. 
4, 5, 6. Le Monument aux morts, personnelles août 2015.  
7. Commons wikimedia / grange cistercienne Fontcalvy aut ArnoLagrange. 
8. Commons wikimedia / Ouveillan, Grange cistercienne Fontcalvy aut Rauenstein.

samedi 21 mai 2016

ANTOINE ROUX (1842-1915), auteur du poème « LOU PASTRE »


Antoine Roux naquit et mourut à Lunel-Viel.
Vétérinaire, homme politique, membre du Félibrige Latin, il a aussi écrit des pièces de théâtre et des poèmes chantant son terroir, des Cévennes à la Méditerranée. 


Parmi ses œuvres les plus marquantes «La cansoun dau Dardailhoun (1)» (1896), 350 pages dans lequel le félibre chante toute la région qui s'étend des Cévennes à la mer et les Pescalunetas (1912).
Wikipedia en occitan (2) nous précise qu’un des surnoms des autochtones est «los pets d'ase», l’âne étant, comme chacun le sait, un doux animal sans gêne quand il s’agit de se soulager, et assez malicieux pour le faire sur les humains proches de son arrière-train. L’autre surnom, par contre, «les cabussaires», touche à l’élément liquide puisque une vieille histoire raconte que les habitants (cette fois de Lunel) s’acharnaient à repêcher le reflet de la lune sur l’eau, certainement du Vidourle (3).
Parmi les nombreuses et riches précisions biographiques, le site Vidas Occitanica (qu’ils soit ici remercié) (4) note combien l’attachement au pays compte pour un Languedocien se sentant exilé pas plus loin que Lyon, une idée que je partage pour avoir étudié à l’École Normale de la Croix-Rousse (5). 
Permettez encore au modeste ver de terre regardant les étoiles, de soupirer une dernière fois puisque c’est sur le plateau des Canuts qu’Antoine s’est pris de passion pour la littérature d’oc et Mistral.     

(1) le Dardailhon ouest, cours d’eau passant à Lunel-Viel.
(2)https://oc.wikipedia.org/wiki/Lun%C3%A8l_Vi%C3%A8lh
(3) carte postale «La cansoun d’as giens de Lunel» en vente http://www.delcampe.net/item.php?language=E&id=212512515
(4) http://vidas.occitanica.eu/items/show/28#comment-251
(5) Il n’empêche que Lyon, belle capitale des Gaules, resplendit dans un écrin de «pays» attachants et aussi variés que les monts du Lyonnais, les Dombes, le Bas-Dauphiné. Le soleil a aussi su en faire une porte du Sud puisque nous ne devons sa réserve, sinon sa froideur qu’à ses cercles fermés mais si fidèles en amitié, une fois la porte forcée. 


Photos autorisées Commons wikimedia : 1. vue aérienne du château et du centre de Lunel-Viel. 
2. Félibrige Latin Revue 3. Lunel_Viel_1907 author unknown deriative work by JPS68.jpg

vendredi 20 mai 2016

CHEF D'ESCADRILLE IL SERA... QUAND LES CONS VOLERONT ! / Mayotte, France en Danger


Lire « Mayotte, française par accident » dans une revue qui se prétend d’Histoire est plus que choquant. 

L’expression, si elle relève d’un truisme lamentable en Histoire, ne peut que se vouloir venimeuse, humiliante.
Si encore l’auteur annonçait un article d’opinion, cela serait recevable. En soi, le désagrément serait qu’une telle provocation ne pourrait donner qu’un affrontement. Tant pis pour l'échange d'idées !
Sauf que le quidam, proférant sa haine, ne décline pas son identité sur la version accessible... Au diable l'olibrius ! Un tel parti pris n’incite certainement à savoir qui a signé, pas plus qu à connaître la suite et encore moins à s’abonner puisque le souci d’objectivité ne semble pas être celui de la revue !


En la circonstance, pour reprendre Schopenhauer mais en espérant toutefois qu’il ne s’est pas entendu dire qu’il est là « par accident », je me limiterai à dire à ce haineux détracteur que sa prise de parole, concernant le partage d’idées «.. est un accident regrettable». 

PS : finalement, après avoir saisi « Mayotte vendue...» ainsi que « société de type colonial », je ne suis pas allé plus loin que la quatrième ligne ! Pas de temps à perdre avec des gens pareils ! 

PS2 : ne voulant pas lui faire de la pub, je ne donnerai les références que par message personnel... 

PS3 : Inutile de préciser que j'ai coché "indésirable" pour les envois publicitaires à venir de la revue !

LOU PASTRE (le pâtre) / Languedoc

LOU PASTRE.

Per causse, en plen ivèrn, quand la magistralada (1)
Balota dins lo cel la neu e lo conglaç,
Dins sa capa amagat, se ris de la gelada
E lou vèspre, am l’aver (2), content s’embarra au jas.

Quand reven lou printens et que la soulelhada
Fa reverdir la terra et florir lo bartas,
Mena sos anhelos dins la prima abaucada (3)
E lo pastre es urós quand sont assadolats.

Desmamat dau païs e luènh de sa familha
Sus lo causse auturòs qu’es coumo sa patrio,
Mestrejo son tropèl que s’augmenta dau creis...

Plantat sus son baston lo vei que s’apastura
E pompant l’air tebés de la bèla natura,
Tot solet, luènh dau monde, amont se crei lo rei.

Antoni Roux. Pescalunetas (3)

(1) magistrau, vent maître, mistral... et surtout pas une "tramontane" trop générique !
(2) chez Mistral, "embarra l’avé ou tout court embarra, enfermer les brebis dans le bercail"
(3) bauco, brachypode rameux, pelouse steppique, baouque chez Harant et Jarry (Guide du Naturaliste dans le Midi de la France). Plante herbacée méditerranéenne (Wikipedia).
(4) le nom du recueil vient peut-être de Pesco-luno, sobriquet des habitants de Lunel, qui eurent l’idée d’aller pêcher, dans un panier percé, le reflet de la lune. L’auteur ne verrait-il que des femmes en train de pêcher ?

LE PÂTRE.   

Par le causse, en plein hiver, quand la magistralado
Balotte dans le ciel la neige et la glace,
Dans sa cape caché, il se rit de la gelée
Et le soir, avec les brebis, content il s’enferme au gîte (bercail, bergerie).

Quand revient le printemps et que le soleil
Fait reverdir la terre et fleurir le buisson,
Il mène ses agnelets dans la prairie nouvelle
Et le pâtre est heureux quand ils sont rassasiés.

Privé de son pays et loin de sa famille
Sur le causse altier qui est comme sa patrie
Il mène son troupeau qui s’augmente des naissances.

Planté sur son bâton, il le voit qui pâture
Et pompant l’air tiède de la belle nature,
Tout seulet, loin du monde, en haut il se croit roi.       
   
Photos autorisées 1, 2, 3, 4, 5 Commons wikimedia

1. La vieille jasse / auteur Jean-Claude Charrié. 
2. Lavogne du Larzac / auteur Toutaitanous. 
3. Larzac près de la Couvertoirade / auteur présumé Sylvagnac. 
4. Brebis en pâture / auteur Jean-Claude Charrié. 
5. Berger sur le Larzac / auteur Mathieu Caunes. 



jeudi 19 mai 2016

LES CAUSSES EN OVALIE... OCCITANE (1) (2e partie) / Fleury d'Aude en Languedoc


A chaque excursion ses impressions, un ressenti particulier qu’on croit évanoui mais qui hiberne seulement. Un seul élément perturbateur suffit, en effet, à le faire refleurir. Mon attrait pour des différences en harmonie, mon attirance pour le Causse si proche mais que tout sépare de la plaine voisine, s’est réveillé d’un coup, lors d’un cours, tard le soir, quand Monsieur Couderc nous présenta « Lou pastre », un poème en occitan d’Antoni Roux. La langue de mes grands-parents, le Languedoc palpitant, la rusticité d’alors, le bonheur d’une géographie du cœur... tout participait à l’enchantement !
    Le temps ensuite a défait son œuvre, détricotant avec une même application ce qu’il avait patiemment tissé. Puis la vie, comme elle le fait avec tous nos morceaux, est revenue me tricoter un pull neuf de cette laine pourtant feutrée et entortillée. J’arrivais bien à recoller les vers mais l’auteur m’échappait jusqu’à ce que l’Internet vienne raviver le charme : c’est bien Antoine Roux de Lunel-Vieil !
    Les écrits restent dit-on quand on oublie, du moins quand la mémoire dort, telle l’ours, l’hiver, dans sa tanière, jusqu’au réveil. Depuis, je ne voyage plus sans mon berger du Larzac !
    Ce dimanche, la relève, les cadets du canton sont allés porter haut nos couleurs pour le championnat de France et si mon propos n’était pas d’écrire ce que le rugby a de chaud et de rassembleur, mes encouragements, certes sportifs,  trimbalaient aussi un merveilleux professeur malgré lui, un petit poème sans prétention, la modeste fleur d’un buisson du causse, le Sud, nos racines, la langue des aïeux, emportés à la sortie du lycée alors que les rouges du couchant viraient au violet au-dessus d’un stade Cassayet encore vibrant des bravos pour Walter Spanghero ! 


(1) L'OVALIE, le pays du rugby dans sa déclinaison occitane à partir du moment où le nord aussi lui fait honneur (la ville bretonne de Vannes vient d'accéder à la proD2).  

  
photo autorisée commons wikimedia : 
1 Larzac près de la Couvertoirade auteur présumé Sylvagnac.
photos personnelles :
2 Les copains du rugby... moins nombreux aujourd’hui.
3 L'A75 au bord du causse (651 m), en bas, Millau au bord du Tarn et le viaduc au fond...

mercredi 18 mai 2016

SIX MOIS D’HIVER ! / Fleury d'Aude en Languedoc

     A quoi pensez-vous quand on vous dit Languedoc ? A la Méditerranée, au soleil, au sable, aux vignes, à la garrigue, aux vacances, à une douceur de vivre ? Ce n’est que dans un deuxième temps que les montagnes, derrière, viennent à l’esprit avec des paysages et la vie qui diffèrent du tout au tout. Avec les Pyrénées, les pays de Sault viennent à l’esprit. Avec le Massif Central, la Montagne Noire, le Caroux, l’Espinouse et un peu de ces hauteurs suspendues que sont les causses, c’est un horizon, une ligne bleue vers le nord. 



    Les Causses, des pays rudes, isolés et peu connus si on excepte l’éminent Larzac (912m au Puech de Cougouille / Ste-Eulalie-de-Cernon) dont les croupes pelées s’offrent aux itinérants de l’A75. Ils viennent ajouter à la géographie affective de ceux qui n’ont pas lâché la main du gamin qui contribua à les forger.
    Ce gamin devenu jeune homme a continué de s’émerveiller du lien entre les paysages et les hommes, un envoûtement que les voyages ne pouvaient qu’entretenir. Certes, après nos grands-pères qui faisaient le voyage de leur vie grâce au service militaire, on ne bougeait pas tant qu’aujourd’hui. A une exception près, notable bien qu’aléatoire et que nous devons au sport-roi du Sud, le rugby. En effet, lorsque la providence poussait nos bleus et noirs en phase finale du championnat de France, c’était l’occasion, en voiture ou en bus, de voir du pays, vers les rives du Rhône, l’Ariège, l’Armagnac ou l’Aveyron. 



    Ainsi, au fil de la grimpette au Pas de l’Escalette, lorsque la Nationale 9 en direction de Millau débouchait sur le plateau, un esprit curieux avait tôt fait de voir que le printemps commençait à peine, avec la première fleur, la prime verdure aux buissons, malgré un mois de mai bien entamé. On se dit alors que le climat est rude, qu’on doit vite passer des beaux jours aux mauvais, que les bergeries trapues jusqu’aux lauzes des toits n’ont que l’épaisseur des murs pour se garder des congères et du vent déchaîné. Ici, l’hiver installe ses rigueurs d’un coup, pendant six mois, sept mois même pour le Méjean, plus loin, plus haut, plus enclavé (à suivre)... 




 
photos autorisées commons wikimedia :
1 Larzac depuis le puech de Cougouille  2007 auteur Musaraigne.
2 A75 aire du Caylar (735 m alt / Hérault)
photo personnelle :
3 La Dourbie a séparé les causses Noir (au nord) et du Larzac (au sud) (vue prise vers l'amont, vers l'est).

dimanche 15 mai 2016

A PENTECÔTE, GÔUTE LA GUINE ! / Fleury d'Aude en Languedoc

Per Pantecousto la guino gousto ! (comme le relève Frédéric Mistral (1)).
C’est bien gentil d’associer les guiniès, en languedocien, avec les dimanche et lundi de Pentecôte (2) mais dame Nature suit un calendrier moins lunatique et la saison des guines peut s’accorder seulement avec la fête religieuse lorsque Pâques arrive tard, presque au 25 avril. Alors seulement, cinquante jours après, les petites cerises sauvages, un peu acides, un peu amères, peuvent piqueter le feuillage de leurs livrées rosées ou garance, pour les plus mûres.


Commons Wikimedia / Prunus_cerasus_-author Franz Eugen Köhler–s_Medizinal-Pflanzen-113

Chez nous, les rives et les abords de la rivière en sont parés, en pleine lumière et même à l’ombre des grands peupliers blancs (3) ; ceux-là portent encore des fruits fin août, début septembre. Le long de l’Aude, de la limite de Salles au débouché de la Montagne de la Clape, les tènements, les fermes et lieux-dits où prospèrent les petits cerisiers, se cueillent aussi avec gourmandise : Maribole, l’Horte d’Andréa, la Barque, l’Horte de l’Ami, la Barque-Vieille, Joie, Négo-Saumo, la Pointe.
La guine, la première confiture de l’année, avant l’abricot, les figues, et l’azerole des vendanges (4), déjà le souci des provisions pour l'hiver pour des campagnards plus fourmis que cigales.
Avec les reflets mordorés, pourprés ou dorés des autres bocaux, mon souvenir revoit toujours l’éclat cuivré des guines, libéré de sa prison de verre dès que la porte du placard s’entrouvrait... Et ce rayon réconfortant ne serait pas sans le dévouement opiniâtre et aimant de nos mamés, à la cuisine ou au bord des vignes (5) : mamé Joséphine, l’aïeule, mamé Ernestine et tante Céline, parce que ce souci des leurs, de ce qu'elles allaient mettre pour manger comptait autant malgré les ans. Maman aussi en sait quelque chose, elle qui, malgré ses 91 printemps, n'hésiterait pas longtemps pour sortir le chaudron même si l'époque n'est plus à assurer la soudure d'une année sur l'autre.
 
(1) Trésor du Félibrige (1878).
(2) du grec signifiant cinquantième : se fête cinquante jours après Pâques.
(3) populus alba, aubo ou aubero chez Mistral, terme désignant aussi le tremble pourtant différent. A Fleury on parle des « arbres blancs ». 
(4) les mûres de l’été, les gratte-culs de l’automne n’étaient pas prisés à l’époque.
(5) Qui avait peur des pesticides alors ?


    Mamé Joséphine

    Mamé Ernestine et papé Jean, tante Céline et l'oncle Noé.

samedi 14 mai 2016

CAVALCADES ET CORSOS "FLEURYS" / Fleury d'Aude en Languedoc.

Au mois de mai, c’est la fin pour les cavalcades et autres corsos fleuris. Et dire qu’ils viennent encore de brûler Carnaval chez les voisins... Au temps des fleurs, c’est vraiment du sadisme... Sauf qu’une salloise m’a rétorqué que c’était mieux que de ne rien faire ! Et vlan ! Je n’ai pu que balbutier qu’ils allaient fêter la fête dans les rues, quand même, à Fleury !
Élevons le débat tout en reconnaissant que les patchaques et autres querelles de clochers ont toujours pimenté et corsé les rapports de voisinage ! Il n’empêche, en février, les mimosas qui défilent traduisent si bien l’espérance des beaux jours à venir.
Reprenons le compte-rendu si détaillé de cette cavalcade d’après guerre que François, lou filh de Jeanil, a bien voulu nous réserver (1). Le char du chapeau venait juste de passer : 


«... "Les Vendanges" venaient ensuite. Le camion était garni de treilles et de souches avec de beaux raisins. Au milieu était une grosse barrique avec Charlot Escaré qui représentait Bacchus tenant une coupe et un bâton avec une feuille de vigne et un raisin. Il y avait aussi des vendangeurs et des vendangeuses, parmi lesquelles Elisabeth et Marcelle Subra. Ils ont eu le 5e prix (2000 F et 2 bouteilles de champagne).
"La Couveuse", des petits garçons et petites filles, habillés de coton jaune, chacun dans une sorte de panier.../...
... Ensuite, "Blanche-Neige et les sept nains" (la rue Neuve). Auret menait le char,Mimi Dauga était Blanche-Neige et G. Martin le Prince, F. Bousquet, J. Bernard, les petits Auret... ils ont eu un prix d’honneur et un prix d’attelage.../... 
... Puis le "Panier Fleuri" des petits enfants très bien habillés, dans un grand panier fleuri de fleurs avec des fleurs d’amandier, du mimosa...
... "La sérénade à Colombine".../... des garçons en pierrots jouant de la mandoline, et des petites colombines...
Ensuite 2 chars 1900 : un de Fleury, yves Carrière était le cocher, en costume d’époque... /... derrière un comte et une comtesse... Abrial portait une perruque, un chapeau à voilette, il avait fait un grain de beauté ; tu peux croire qu’il le faisait bien.
L’autre était de Coursan, il était plus chic que celui de Fleury.../... dedans deux couples qui chantaient « Frou-Frou », et enfin deux laquais : deux jeunes filles...
... /... Puis une énorme carpe de Coursan avec 4 oo 5 pêcheurs, un tank de Béziers et des soldats jouant de l’accordéon.
Et enfin de nombreux travestis de Narbonne. Tout le monde dit que c’était la cavalcade la plus jolie de la région, elle dépassaitde beaucoup celles de Narbonne, Coursan et Béziers.  
J’ai oublié le principal, le char de la Reine... /...
Il y avait aussi un autre char où étaient Colette, Yvette et Monique "La France et ses Provinces", et un autre "Les Papillons".
Mr Robert distribuait les prix... /... Après la cavalcade, il y a eu bal sur la place, ainsi qu’après souper, avec concours de travestis. C’est la femme de G. Chavardès et mme Dubeau (la patronne de l’autobus) qui ont eu le premier prix. Mme Chavardès était en Provençale ; Madeleine Artozoul, de paris, a eu le 3e, elle était en Cosaque, Marthe Barthe en Espagnole...etc...

(1) François Dedieu / Caboujolette / 2008. 

diapositives François Dedieu 1 &2 1969 3 & 4 1986.

jeudi 12 mai 2016

LE CRÉPUSCULE ÉTAIT SEREIN... / Mayotte

LE CRÉPUSCULE ÉTAIT SEREIN... ET JOUAIT SUR LES FLOTS...

Parce que l'atmosphère rappelle celle, inoubliable, de Victor Hugo dans son poème "Clair de lune"...






MAYOTTE FRANÇAISE, CE N’EST QUAND MÊME PAS L’AFRIQUE DES GRANDS LACS ! / France en danger

Des voyous ont des coupe-coupe, machettes et autres sabres d’abattis (1)... en 1994, seuls les cultivateurs couraient la brousse ainsi équipés, mais pour le rude travail aux champs, seulement. C’était le Rwanda sans le sang... Aujourd’hui, depuis janvier, nous en sommes à quatre morts imputables à des meurtres crapuleux et si la décence n’autorise pas encore à comparer avec le Rwanda (2), notons cependant que si la France s’exposa particulièrement à l’époque dans son opération mitterandienne Turquoise, bien malvenue dans une ancienne colonie belge, ici, en complète négation de ses missions régaliennes, elle brille surtout par son apathie sinon son absence !  Comment pourrait-il en être autrement avec un préfet plus soucieux de rabaisser les mouvements sociaux que de juguler la délinquance ?!?! 

panga d'époque et shombo pidja forgé localement.

(1) le représentant du MEDEF demande un contrôle des ventes. Pourquoi pas, à y être, celle des tournevis et des marteaux ? Sinon, il ne faut pas confondre ces lames longues dont le «panga» avec le «shombo», une palette ronde, certes coupante mais plutôt outil à tout faire, servant à travailler la terre et qui peut être femelle (pidja) ou mâle avec son appendice crochu (gori).
(2) suite à l'expulsion par les locaux des occupants illégaux de terrains, des messages circulent. Ils appellent à refouler les étrangers pour mettre le préfet face aux responsabilités régaliennes non assumées et ce d’autant plus que les procédures de reconduites à la frontière vont être enrayées par des possibilités d’appel, à partir du 1er novembre 2016.
Dans l’autre camp, un plan d’auto-défense sinon de représailles, a été  clairement notifié sur les réseaux sociaux.
Au prétexte que la France serait un pays évolué, le refus de prendre en compte les errances et lâchetés, en premier lieu de l’Etat, relèvent de l’indignité nationale quand, avec ces pauvres gens dormant dehors, ce sont bien des pogroms que nous avons sous les yeux ! 

mardi 3 mai 2016

CAVALCADES ET CORSOS FLEURIS / Fleury d'Aude en Languedoc



Si certaines villes maintiennent la tradition de leur carnaval, Limoux et ses fécos par exemple ou ces villages où se danse et se chante encore le buffoli, sous le ciel de Fleury, les masques et les cavalcades ne reviennent que par périodes. Il fut un temps pourtant où une cavalcade réputée attirait même un public régional. C’est ce que nous explique François Dedieu, dans son chapitre « Premiers sourires du printemps » (1) : 
  
«... mais ses grandes dates se situent, pour l’après 1945, en 47, 48, 49 où nous avons tenu la dragée haute à Narbonne et à Béziers. Paulette Jean, plus tard épouse Grasseau, Josette Bousquet, fille d’Emilienne et Jules dit Camille, et d’autres qui m’échappent (je n’étais pas là, et la mémoire de tatie Marcelle nous serait précieuse), en furent les reines ou dauphines. Le Comité des Fêtes, récemment créé, voyait ses membres circuler en calèche : Léonce Andrieu, Louis Robert, Georges Chavardés en particulier. Les chevaux (les tracteurs ne vinrent que plus tard) étaient alors en tenue de parade, leurs sabots noircis au cirage. Les nombreux chars composaient une vraie cavalcade. Je te signale toutefois que le départ a toujours été donné « à la gare », c’est-à-dire à la Cave Coopérative, et que la « rue de la gare » devenue « Avenue de Salles » constituait une portion importante du défilé... /...

... Au sujet du carnaval de Fleury, je retrouve plusieurs lettres :

6 février 1948. .../... nous préparons une cavalcade pour le 7 mars... /... Louis Robert est toujours président, il y a déjà 7 à 8 chars inscrits... /... nous en ferons un, nous voulions faire les Saintes-Maries-de-la-mer mais les Cabanes le font. Peyrel en ont commencé un mais on ne sait pas ce que c’est. dimanche c’est la cavalcade de Narbonne et le 23 celle de Coursan...

Deuxième lettre :

«... Dimanche la cavalcade s’est très bien passée ; il y avait de nombreux chars : d’abord une barque qui a eu le premier prix (6000 F) avec des corsaires portant des foulards rouges, puis le chapeau mexicain, c’était un grand chapeau beige et doré avec des danseurs et danseuses sur son rebord : Paul Sagné, Norbert Hérail, Paulette Jean, S. Rascol, J. Pradines, etc... Félix Peyrel jouait des rumbas sur son accordéon et le char était garni de palmiers ; puis il y avait les sultanes : J. Berthuel, J. Sala, J. Bousquet, G. LOpez, Suzanne Sirven, et Claude Pech était assis dans un coin et jouait de la clarinette ; de l’autre côté, il y avait deux petits nègres habillés avec du raphia et qui jouaient du tambourin. Les sultanes étaient assises sur des poufs en cuir. J. Berthuel était allongée sur un divan recouvert d’une peau de panthère (c’est Mr Fabre de la distillerie qui avait tout prêté). Ce char était très bien, surtout les costumes qui étaient très riches, en satin blanc, bleu et bordeaux, avec le turban et les mules assortis. Elles ont eu le 2e prix, avec le chapeau... » (à suivre)  

(1) Caboujolette / 2008. 

diapositives avril 1969 François Dedieu.