Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
jeudi 4 décembre 2025
LIONNES s'il faut, les KENYANES ! (14)
samedi 20 septembre 2025
OUT OF AFRICA 4
Robert Redford, si charmeur et photogénique, a rejoint son personnage d'aventurier romantique, victime, lui, d'un accident d'avion en 1931, sans conteste pas que de roman. L'acteur, 89 ans, est mort ce 16 septembre 2025, dans son sommeil, en son ranch de l'Utah. La télé a bien fait les choses, en prime, avant-hier, le 16 avec OUT OF AFRICA.
Redford, amateur de pêche à la mouche, réalisateur du film, en est par ailleurs le narrateur.
Le 19 septembre, avec « Jeremiah Johnson » (1972), ce personnage encore tiré d'une existence réelle, la télé revient encore sur Redford toujours dans la volonté de mythifier la conquête des montagnes corrélée à celle de l'Ouest, incluant les rapports antagonistes et sanglants avec les Amérindiens.
Que la violence soit inhérente à l'homme (2), aux USA comme en Afrique, quel grand écart avec l'ambiance du film OUT OF AFRICA. Écoutée, toute de nostalgie, si appariée aux images, la musique de John Barry (1933-2011) et ses emprunts à Mozart n'est-elle qu'un soutien à faire notre deuil de toute vie ?
Me concernant, chanceux de n'être exposé qu'à la violence de l'âge et d'un crédit santé bien qu'écorné, avec Mayotte, serais-je un jour obligé de m'accepter out of Africa ?
(1) le film est tiré du livre “ semi autobiographique ” de Norman Maclean (1902 -1990) ; son frère Paul (1906-1938), battu à mort, n'est pas décédé en 1926, comme il est dit dans le film et peut-être le livre, la qualification de “ semi autobiographique ” autorisant à penser qu'une partie est romancée.
(2) Une violence exacerbée et proportionnelle à ce que nous appelons contradictoirement “ progrès ”. Outre les conflits multi présents, ceux dont on parle peu (Myanmar) et une guerre “ congolaise ” depuis 1994 et qui, génocidaire jusqu'à la destruction des organes reproductifs des femmes par le viol, dure encore telle une guerre de “ trente ans ” sinon la guerre mondiale africaine (6 millions de morts selon Denis Mukwege, le gynécologue Nobel de la Paix « l'homme qui répare les femmes »)... Hélas, n'est-ce pas cette violence finalement ordinaire à l'Homme qui a permis à notre espèce de dominer la planète ?
samedi 6 janvier 2024
IL Y A DES JOURS COMME ÇA... (fin)
Ce n'est pas un cadavre sorti du placard mais des confidences cependant...
1994 : en venant à Mayotte, je ne suis pas venu chez les Noirs mais chez mes égaux même si d'être un Blanc reste connoté, économique ment disons parce que côté esclavage, colonisation, faut arrêter de rabâcher bêtement. Abdou ne me voit pas blanc pas plus que je ne le vois noir depuis trente ans que nous sommes complices. Et " la fille qui m'accompagne alors " ? Et moi qui voulais rester dans la méditation paisible... presque à reboire un verre même à moitié coupé d'eau. Dans quelle marge se situer ? Blanc débile à force de racisme buté ? Noir débile à force de racisme buté ? Et pourquoi pas incolore (surtout pas transparent) à dire aux racistes de tous bords, même ceux, racistes à lutter contre le racisme tels Césaire ou Glissant, si petits à ne pas s'élever au-dessus de leur couleur de peau...
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| Jocelyne Béroard, groupe Kassav, Béziers juillet 2012 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Geehair |
Drucker reçoit Philippe Lavil, tiens, un Antillais blanc, palpitant à taper sur ses bambous, émouvant dans son duo " Collé-Serré " d'alors, avec Jocelyne. Souvenir d'une sortie repas au Poivre Vert, resto réunionnais au Somail, au bord du Canal du Midi. Cette gentillesse, cette disponibilité ! ils étaient la seule table mais le plaisir d'accueillir plutôt que la rancœur due au manque de clients... Et ce riz de printemps de Madagascar dont je n'ai plus jamais retrouvé le goût... et pourtant pas en amoureux. Elle, égale à elle-même, en mode pause dans son insatisfaction matérielle et certainement sentimentale, lui à essayer de recoller les morceaux, rabibocheur pour que ça redémarre, peu crédible je pense... Était-ce la tension avant la rupture, dix ans plus tard ? Enfin, ce qu'il en dit doit être partial et malhonnête même si la sincérité pose toujours question... Comme pour " The Bridges of Madison County ", suivant qui, de la femme ou de l'homme, raconte l'histoire, on se retrouve dans la discordance, rarement dans la complémentarité... Et puis l'âge apaise les ressentis, comme le reste... mais jeune, ça fait mal... Il y a des jours comme ça... Tentation de m'en remettre un verre, serait-il coupé d'eau.
Mimine monte à mes côtés, elle frotte le museau au stylo, au carnet, elle me colle son empreinte, ses phéromones au short, aux jambes, à m'imprégner d'elle pour exprimer qu'elle me domine puisque je suis dans l'obligation de lui donner ses croquettes.
Et puis, pourquoi Johnny à la télé ? Trois jours après, je ne sais plus, à essayer d'en rester à ce jour comme ça, le dernier de 2023, ce dimanche 31 décembre qui m'a fait aller à remplir tous ces verres, même à demi, puisque coupés d'eau. Ah oui ! c'est le concert symphonique, post mortem puisque l'idole des jeunes nous a quittés en 2017.
Retour à la case départ, sur cette place pour le nom de laquelle le web n'est d'aucun secours (en cause, le manipulateur, certainement), face à la porte Faugères, en haut du Cours Jean Jaurès, les cafés à babasses, le juke box. Eddie, Sylvie, Johnny, peut-être ceux, qui entre tous, dont Nougaro avec " Cécile " " sous son balcon " (pas d'exploration pour aujourd'hui vers ces chanteurs du début des années 60, le train de Richard Anthony...), m'ont tant marqué...
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| Johnny_Hallyday concert à Milan 1973 Domaine public |
Oulà ! presque il faudrait un verre de plus pour m'en remettre... pourquoi ce jour de hasards et concomitances ?
Faits et pensées s'alignent, sortis d'on ne sait où, tombent sur un énergumène piqué de l'écrire pour s'en souvenir et assez prétentieux de se faire valoir auprès des autres... Quand le passé s'impose parce qu'indispensable au présent... Il y a des jours comme ça ! Si au moins tous ces verres m'avaient fait sombrer dans le sommeil !
jeudi 4 janvier 2024
IL Y A DES JOURS COMME ÇA...
| Pézenas, porte Faugères, 2015. |
J'étais sur la route de Madison, quand une Cadillac de police est passée sur le pont, j'ai cru voir un chien au regard fou à la place du mort, Eddy Mitchell derrière... Alors, sur l'atlas, comment, par où aller à Memphis (oh ! 1000 km... c'est vrai que c'est un pays continent). Et de Memphis à Pézenas, il n'y a qu'un pas puisque Eddy, Johnny, Sylvie, pour ne citer qu'eux, je les avais en haut du Cours Jean Jaurès, face à la Porte Faugères et les mystères du quartier juif derrière...
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| Eddy_Mitchell_avp Salaud on t'aime 2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Georges Biard |
1962, je n'avais pas douze ans et le juke-box d'un des deux cafés donnait dehors aux beaux jours. Je ne voulais pas trop fouiller mon passé mais c'est lui qui m'a interpellé « Oh Daniela, la vie n'est qu'un jeu pour toi... » J'en suis resté sonné : comment avais-je pu l'oublier cette chanson ? Ne l'avais-je plus entendue par la suite ? Et elle me revenait, limpide, pas abîmée par les ans... je bois un verre, enfin un demi puisque coupé d'eau. Il y a des jours comme ça où l'esprit regarde de haut l'enveloppe corporelle, en bas, afin qu'on se demande quelle place on prenait, quelle place on prend encore tant que la vie y est.
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| Distribution de bouteilles, 11 décembre 2023, Sada Mayotte. |
Alors, malgré l'eau rationnée, je surmonte l'œuf pourri (et cher) du marchand malhonnête, le citron qui manque pour éviter que les pommes du strudel ne noircissent, le jour se doit d'être comme ça, un jour qui cuisine, qui veut donner et recevoir l'amour, un jour qui a réveillé le corps encore allant, laissant l'esprit libre de divaguer même s'il se fait tard pour manger. L'heure espagnole, je bois un verre, enfin un demi puisque coupé d'eau. L'oignon posé cru sur la pizza est agréable, le strudel, lui, peut cuire tranquille. Farine sur le plan de travail, vaisselle qui s'entasse dans l'évier : tant pis, un verre encore, enfin un demi puisque coupé d'eau. Pas d'eau au robinet : ils nous la coupent deux jours sur trois ; une fois par semaine, ils en distribuent, rationnée, en bouteilles (ne peuvent servir tout le monde pour cause de rupture de stock) ; en question, la sécheresse, trop d'immigrés statistiquement invisibles, le sadisme étatique contre une île qui a voulu rester française. Autant rester sur son nuage. En société comme en famille, faut garder au moins les apparences : vaisselle, plan de travail, même le dessus du congélo enfariné... Puis faut manger aussi, que l'alcool ne prenne pas le dessus : le bout du strudel pincé, resserré sinon le sirop de pommes fuiterait. Vapeurs agréables malgré la chaleur moite, mirage d'un bien-être trop bon pour être vrai. Le bout, souvent sec, pourtant moelleux à souhait, parfumé, sans rien de l'œuf pourri aussitôt jeté dans le jardin, sans trancher encore dans les pommes au sucre, aux raisins, à l'amande (dommage pour le citron). L'ordi fermé avec l'empathie de tous, un semblant de chaleur alors que le compteur 2024 va tourner dans quelques heures. Ou alors, tous ces demi-verres qui s'ajoutent... Ouvrir la télé, calmer le jeu, ne plus téter... heureusement que ce rouge d'Espagne est de qualité. Mais pourquoi le vin français ne s'est-il jamais aligné, pas plus il y a trente ans qu'aujourd'hui ?
En 1994, les 300 bouteilles du conteneur (du Vires dans la Clape... la coopé du village n'ayant pas daigné un moindre geste commercial), m'avaient fait honneur quatre ans durant. Le bourgogne trop fort alors, il y avait bien du Bordeaux mais velléitaire, valétudinaire, manière de ne pas dire cacochyme, tenant six mois à peine alors qu'à table pour l'ordinaire, nous avions du Rioja pas encore au prix de sa grande qualité. Le compteur tourne mais cela n'empêche pas de remonter le temps. Digressions, je brode, il y a des jours comme ça, tous ces verres aussi, même à moitié !
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| Jacob_DESVARIEUX concert de Béziers 2012 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Geehair |
Ouf... la télé, faut souffler, se calmer, zapper afin que rien n'accroche... Jean-Louis Trintignant, sa fille Marie, un Cantat chanteur, meurtrier avant tout (1), Drucker, 81 ans mais qui ne voudrait plus prendre sa retraite. Moi je voudrais une récréation, tout aussi bien un siesto-roupillon bercé par la télé or le présentateur intemporel (il s'est fait tirer la peau non ?) accueille Kassav, enfin, deux membres historiques du groupe antillais des années 80. Ils évoquent Jacob, le guitariste à la voix roque si envoûtante, de santé fragile, mort du covid à 65 ans malgré le vaccin... Et Jocelyne Béroard qui raconte que leur succès les a fait accepter en êtres humains et non plus seulement en tant que Noirs... Comme si un racisme foncier, une différenciation raciale, prévalait sur l'analogie entre tous. Ça interpelle, ça choque, ça donne à réfléchir, à méditer. Il est vrai qu'en partant du principe que tout ce qui se rassemble s'assemble, par déduction, tout ce qui sort de l'homogénéité, la différence, lorsqu'elle est minoritaire, s'en retrouve discriminé... Juifs, Gitans, Noirs, Blancs, Jaunes, Rouges, Métis, Rouquins, Albinos... par contre s'agissant de l'accouplement, le plaisir de la chair se partageant mieux, il n'y aurait pas de problème. Non, loin de moi ces déficients de la perception : à Victor Hugo, au collège de Narbonne, je me souviens d'un élève africain noir. Bien sûr son exotisme a attiré notre curiosité ; mais il ne se livrait pas, éludant nos demandes, nous l'avons laissé à sa réserve... Soixante ans plus tard, je me dis que sa prudence découlait de la méchanceté, du racisme qu'il avait dû subir. Kamara il s'appelait. (à suivre)
(1) ça m'a dégoûté d'aller lire sur ce mec et tous ceux qui ont quand même écrit encore ou joué pour lui, avec lui... dans cet ordre d'idée, j'ai toujours boycotté L.F. Destouches, je prenais toujours des pincettes avec Giono qui préférait être allemand et vivant que français et mort... sauf que c'est pour avoir connu l'horreur de 14-18 ! et je me prive de relire " L'Île de la Déesse ", un de mes bouquins préférés parce que Georges Blond était collabo... Alors, ceux qui allaient aux concerts de Cantat, ceux qui gardent Destouches, ce salop antisémite, raciste, au pinacle, ne sont pas fréquentables serait-ce par procuration... Quant à Depardieu, attendons ce que la justice peut sanctionner, attendons la suite...
samedi 16 décembre 2023
MAYOTTE : faut répliquer !
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| 11 décembre 2023. Le lycée. Une idée des protections devant être apportées contre les guérillas des voyous |
dimanche 3 décembre 2023
MARSEILLE (4)
.../...après la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789, inspirée de la déclaration d’indépendance des États-Unis de 1776), de concert avec l’institution de la Constitution, en 1792 la Marseillaise venue d’Alsace devient hymne national (1795), chant de guerre de l’armée du Rhin.
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| Plaque_Rue_Juge_Pierre_Michel_-_Metz_(FR57) 2022 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Chabe01 |
Dans notre ressenti, le positif de ce positionnement plus international que national est naturellement contrebalancé par une part sombre, celle d’un banditisme au sens large, suivant l’époque et sa nature ; un vocabulaire, des faits divers particuliers s’y attachent : “ Borsalino ” (un chapeau pourtant venu d’Italie), “ pègre ”, “ milieu ”, “ French Connection ”, assassinat du juge Michel... drogue, fric, kalachnikov, règlements de comptes, morts violentes et balles perdues. Pourtant, si le taux de meurtres est presque aussi élevé qu’à New-York, Nice compte plus de crimes : à force de focaliser, ce sont nos médias qui forcent cette image de Marseille.
Moins épidermique bien qu’acerbe est la perception (1) de la ville cosmopolite où les diverses colonies cohabitent dans un chacun-chez-soi pouvant culminer dans la pire des violences. Il arrive qu’une latence raciste, xénophobe, explose pour un motif souvent aussi fortuit que déroutant... À la “ chasse aux Italiens ” répondra une “ chasse aux Français ”, bilan 3 morts dont 2 Français ; ces événements (2) de mai 1881 seront nommés « Vêpres Marseillaises » en écho lointain à des « Vêpres Siciliennes » pourtant de 1282 et synonymes d’un massacre autrement plus important.
(2) En 1881, le grand jeu entre grandes puissances et avant tout l’aval du camp des plus forts, anglais et allemands concernant la Tunisie, donne carte blanche à la France aux dépens de l’Italie... deux autres puissances... de moindre envergure. En dépit des intérêts économiques en jeu, l’Italie laisse faire ; l’opinion publique, ignorante des dessous financiers (le cabinet Cairoli sollicitait un prêt de 640 millions de francs auprès du banquier français Alphonse de Rothschid), manifesta violemment dans les villes, le cabinet dut démissionner. Concomitamment, les Marseillais honorent le corps expéditionnaire français qui débarque et défile quand des sifflets gâchent la liesse populaire alors que le cortège passe devant le siège d’un club privé italien. Sur fond de racisme et de xénophobie, le chauvinisme des uns, la rancœur des autres mirent le feu aux poudres, un épisode qui nous rappelle, dans un contexte différent, ce qui s’est passé à Aigues-Mortes, en 1893.
samedi 2 septembre 2023
AIGUES-MORTES.
Une impression d’abord : des étangs paisibles essaient, non sans peine, de contenir les colères du Vidourle et du Vistre ; l’homme entrepreneur, entremetteur, a, de sa patte, de ses canaux creusés, marié ces eaux grâce au vieux Canal de Bourgidou vers le Petit Rhône et, plus récent, le Canal du Rhône à Sète. Quant au chenal maritime du Vistre, c’est la mer qu’il joint au Grau-du-Roi... Ne dit-on pas que Saint-Louis voulait un port pour ne plus dépendre des marines italiennes ? Entre la Provence à l’Est, l’Empire à Marseille, le roi d’Aragon à Montpellier, Raymond VII de Toulouse à Agde plus au sud, il ne dispose que de ce débouché étriqué. Aux tractations et échanges avec les moines, succèdent, pour garder la possibilité d'embarquer, l’utilisation du Grau Louis suite à l’ensablement du chenal (sur la Grande-Motte aujourd’hui) ; suivent aussi les constructions des tours Carbonnière (en dehors de la ville) puis de Constance. Des franchises incitent une population dont des marchands à s’installer. En 1270 Louis IX embarque pour sa seconde croisade (la huitième) : elle lui sera fatale. Après lui, le fils s’attellera à la construction des remparts (terminés trente ans plus tard par Philippe IV le Bel qui y fera soumettre les Templiers à la question)...
Les chenaux envasés, la malaria due aux marécages, la concurrence des autres ports causèrent la mort lente de la ville qui ne survécut qu’en tant que place forte et que grâce à l’exploitation des salins.
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| Aigues-Mortes,_France_2022 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Gilbert Bochenek |
* l’emprisonnement et la torture des Templiers par Philippe le Bel (1307).
* le massacre par les Armagnacs de nombreux Bourguignons, alors alliés aux Anglais (janvier 1421) ; malgré l’hiver, les cadavres empestent ; la crainte d’une épidémie les fait jeter et empiler entre des couches de sel dans la tour sud-ouest dite « Tour des Bourguignons » !
* l’emprisonnement de femmes dites hérétiques suite à la Révocation de l’Édit de Nantes (1685), dont Marie Durand, fille de pasteur, enfermée pour 38 ans alors qu’elle n’en a que 19.
* Plus grave encore car, plus récent, datant de 1893, aux Salins-du-Midi, dans un contexte de chômage et de tensions entre les Aiguesmortais, les “ Ardéchois ” (paysans de l’intérieur), les trimards (vagabonds embauchés) d’une part et les Italiens (Piémontais) de l’autre, le massacre de sept de ces derniers par les trois autres groupes malgré la présence des gendarmes (une cinquantaine d’Italiens en garderont des séquelles à vie). S’ensuivit un scandale judiciaire puisqu’un acquittement général fut prononcé par un tribunal éloigné, côté atlantique.
Aujourd’hui, loin d’être racornie par un passé aussi lourd, Aigues-Mortes vit un présent de gros bourg du Midi avec une place ombragée où les locaux se retrouvent sans se formaliser des touristes dans les rues. François-René de Chateaubriand (1768-1848) n’y vit qu’ « un vaisseau de haut bord échoué sur le sable où l’ont laissé Saint-Louis, le temps et la mer », une vision en accord, il me semble, avec le caractère triste et austère du personnage, sinon, c'est que la ville donnait alors une impression morose.
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| AIGUES-MORTES 2017 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Hyppolyte de Saint-Rambert |
dimanche 17 octobre 2021
J'AIME car il a parlé des VENDANGES d'antan. 6. Gaston Baissette
Gaston Baissette (1901-1977), né à Albi, fut, à l'instar d'André Maurois, Georges Duhamel ou Max Rouquette plus près, médecin-écrivain (1). Parisien de par son métier de médecin de l'administration, Gaston Baissette aime le Languedoc depuis son enfance :
« Enfance à Albi, où mon père était avoué plaidant. Toutes mes vacances se passent à Fabrègues, chez mon oncle paternel, à Mauguio chez mes grands-parents et oncle Ribeyrolles, à Montaud où ma mère a une propriété de famille. Dès l’enfance, je considère Albi comme le pays du devoir, du lycée, des sombres obligations, du climat triste, et l’Hérault comme le pays lumineux, pays de récompenses, du bonheur, des vacances (sans devoir) et de la poésie […] »
Un Languedoc héraultais sujet d'inspiration pour ses livres :
"L’Étang de l’or" 1946, "Ces grappes de ma Vigne" 1956 (2), "Le Soleil de Maguelone" 1964, "Isabelle de la Garrigue" 1968, "Le Vin de Feu" 1974.
"Ces Grappes de ma Vigne" raconte l'histoire mouvementée de la vigne entre 1860 et 1907, l'année de la révolte menée par Marcelin Albert et qui vaudra en 14 aux Méridionaux une des récidives chroniques, toute de mépris raciste et sadique ne faisant pas honneur aux Nordistes, il faut le dire !
Ouf ! laissons-là ces rancœurs, hélas fondées face à un racisme toujours latent pour consoler nos cœurs avec un tableau de vendanges signé Gaston Baissette :
"... L'équipe des vendangeurs débarqua [...] avec ses grandes malles de bois dont le couvercle était garni de poils de chèvre collés [...] Tout le monde alla loger à la paillère [...] A sept heures, ils descendirent pour dîner. Dans le chais, une longue table était mise. A la lueur des lanternes, tous, coupeurs et coupeuses, vide-paniers, porteurs de comportes, charretiers et hommes de cave se mirent à table devant le grand chaudron de soupe au lard que Cécile avait préparé. Puis harassés par la fatigue du voyage, ils allèrent dormir dans la paille [...]
A la vigne [...] tout le monde chantait. Ce n'étaient pas les tons vifs et les farandoles chers à la plaine. Les vendangeurs de la montagne imposaient leur lente mélopée, que tous reprenaient sans exception. La joyeuse vendange se faisait sur l'air de complainte le plus douloureux qui soit, où passaient es bises sur les châtaigniers, des nuages, noirs, des malheurs et des crimes [...] les interminables hivers dans des chaumières bloquées par la neige et la tristesse des chemins perdus. [...]
Ils étaient montés aux garrigues et se trouvaient dans une vigne de petits noirs, au jus très coloré. Or il est de tradition que lorsqu'un vendangeur (3) oublie de couper un raisin, on écrase la grappe sur le visage du coupable, on le farde. [...] Soudain Philippe aperçut un énorme raisin oublié dans le rang de Marie. L'avait-elle fait exprès ? [...] Mais Marie était robuste. Il fallut trois hommes pour la maîtriser, après une lutte. Philippe finit par écraser le raisin [...] Ils tombèrent et roulèrent dans le fossé, haletants. Voici les deux lutteurs face à face, dans l'accomplissement inconscient d'un vieux rite. Voici la figure fardée du sang de la vigne, comme la charmeuse antique chargée des maléfices et désirs de la tribu. Voici, descendue chez les hommes des coteaux, la déesse des lieux hauts et de la neige, aux joues rebondies et luisantes. Alors Philippe prend cette figure dans ses mains, l'immobilise, lentement et sauvagement, avec fougue et précision, il lèche la peau noircie par la sueur, le raisin et la terre. [...] Ils n'entendent plus, au-dessus d'eux, la joie bruyante des vendangeurs qui assistent à la scène..."
(1) ne me parlez pas de Louis-Ferdinand Destouches pour ne pas le nommer, cet antisémite notoire, raciste viscéral "pléiadisé" pour la France rance par l'éditeur Gallimard, une maison "aryenne à capitaux aryens"... J'en ai déjà fait état sur ce blog
et deux articles ont été acceptés et publiés sur Agoravox :
« Zone Sud, peuplée de bâtards méditerranéens, de Narbonoïdes dégénérés, de nervis, Félibres gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord. Au-dessous de la Loire, rien que pourriture, fainéantise, infect métissage négrifié. » LFDestouches nov 1942.








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