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dimanche 3 décembre 2023

MARSEILLE (4)

.../...après la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789, inspirée de la déclaration d’indépendance des États-Unis de 1776), de concert avec l’institution de la Constitution, en 1792 la Marseillaise venue d’Alsace devient hymne national (1795), chant de guerre de l’armée du Rhin.

Plaque_Rue_Juge_Pierre_Michel_-_Metz_(FR57)  2022 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Chabe01


Dans notre ressenti, le positif de ce positionnement plus international que national est naturellement contrebalancé par une part sombre, celle d’un banditisme au sens large, suivant l’époque et sa nature ; un vocabulaire, des faits divers particuliers s’y attachent :  “ Borsalino ” (un chapeau pourtant venu d’Italie), “ pègre ”, “ milieu ”, “ French Connection ”, assassinat du juge Michel... drogue, fric, kalachnikov, règlements de comptes, morts violentes et balles perdues. Pourtant, si le taux de meurtres est presque aussi élevé qu’à New-York, Nice compte plus de crimes : à force de focaliser, ce sont nos médias qui forcent cette image de Marseille.  

Moins épidermique bien qu’acerbe est la perception (1) de la ville cosmopolite où les diverses colonies cohabitent dans un chacun-chez-soi pouvant culminer dans la pire des violences. Il arrive qu’une latence raciste,  xénophobe, explose pour un motif souvent aussi fortuit que déroutant... À la “ chasse aux Italiens ” répondra une “ chasse aux Français ”, bilan 3 morts dont 2 Français ; ces événements (2) de mai 1881 seront nommés « Vêpres Marseillaises » en écho lointain à des « Vêpres Siciliennes » pourtant de 1282 et synonymes d’un massacre autrement plus important. 

(1) Oh comme elle me rappelle l’inconscience de nos profs d’histoire évoquant un prétendu “ melting-pot ” outre Atlantique !

(2) En 1881, le grand jeu entre grandes puissances et avant tout l’aval du camp des plus forts, anglais et allemands concernant la Tunisie, donne carte blanche à la France aux dépens de l’Italie... deux autres puissances... de moindre envergure. En dépit des intérêts économiques en jeu, l’Italie laisse faire ; l’opinion publique, ignorante des dessous financiers (le cabinet Cairoli sollicitait un prêt de 640 millions de francs auprès du banquier français Alphonse de Rothschid), manifesta violemment dans les villes, le cabinet dut démissionner. Concomitamment, les Marseillais honorent le corps expéditionnaire français qui débarque et défile quand des sifflets gâchent la liesse populaire alors que le cortège passe devant le siège d’un club privé italien. Sur fond de racisme et de xénophobie, le chauvinisme des uns, la rancœur des autres mirent le feu aux poudres, un épisode qui nous rappelle, dans un contexte différent, ce qui s’est passé à Aigues-Mortes, en 1893.