Ils osent, en 1918, parler d’une France « ethnographique » !
« … Il est peu d’États
au monde dont l’unité nationale soit aussi solide que celle de la France ni qui
se rattache par ses ancêtres à des races plus nombreuses et plus variées… ».
Pour un début, c’est fort ! Plus c’est gros mieux ça
passe, plus c’est vrai plus c’est faux. Et si cette façon de pratiquer reste un
principe premier de la politique, le moins que l’on puisse dire est que le
nationalisme ne faisait pas alors dans la nuance…
La mauvaise conscience semble flagrante, il s’agit, en
effet, dans ce manuel de géographie par P. Foncin / librairie Armand Colin /
1918, du dernier volet d’une révision de la France (Relief du sol, Écoulement
des eaux, Mers et côtes, Voies de communication, Agriculture, Industrie,
Commerce, Défense terrestre, Défense maritime, Alsace-Lorraine, L’Algérie,
Tunisie-Maroc, Colonies, Formation historique, et enfin Ethnographie !).
« … la France était
habitée par une race de chasseurs sauvages au crâne allongé et étroit…/… puis
vint une autre race analogue, mais plus intelligente, habitant des grottes…/…
Plus tard parurent des envahisseurs à tête plus courte et plus large… »
Le fond insiste trop sur la forme des crânes pour ne pas annoncer
les barbaries racistes à venir, la fureur raciale du Führer et, moins visibles alors
pour cette unique raison, les pulsions malsaines toujours entretenues par des
puissances se targuant par ailleurs de porter la civilisation aux peuples de la
planète !
C’est un ton en dessous ensuite, pour les Ibères et les
Ligures,
« … de taille
médiocre, avaient les yeux et les cheveux noirs et la peau brune. Ils furent
probablement refoulés par les Celtes… »
N’est-ce pas encore conforter la supériorité des Nordistes
ou, pour se répéter, l’infériorité des Sudistes :
« … Les Provençaux,
descendants des Ligures et les gascons (Vascons), descendants des Ibères, sont
encore aujourd’hui, par leur tempérament et leur caractère, assez éloigné du
type général celte… »
Après le bon Gaulois moustachu au cornes de vache sur le
casque, et surtout parce qu’aujourd’hui, les Belges sont dans la mire des
Bleus, concluons ce propos avec le petit florilège qui suit :
« … Les Celtes d’abord
puis les Gallo-Kimris, enfin les Kimris-Belges, succédèrent aux ibères et aux
Ligures dans tous les pays qui sont au nord de la Garonne. C’est surtout le
type des Belges et des Kimris-Belges, aux cheveux rouges, à la taille énorme,
au teint blanc et à la voix éclatante, qu’a dépeint l’antiquité classique… »
Pour les Bretons, c’est plus gentil. Demandez toujours ou
plutôt zoomez la photo de la page pour savoir mais nous en resterons là avant d’aller
chercher quelque chose sur le pédigrée de l’éminent auteur de ce traité de
géographie, P. Foncin…
Le monde a-t-il changé ? Faut le dire vite… ces vieux
démons pourraient encore ressurgir…
PS : en rouge sur la carte : « limite approximative des grandes tailles et des tailles moyennes ».
Seule note d’impartialité, les limites des parlers d’Oc.
Illustrations tirées du livre.