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jeudi 21 novembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (15) François bidasse à Tarascon

Gare_de_Tarascon 2021 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Olivier


Révélation ! Mince alors ! Tarascon n'est pas au bord du Rhône : la rive gauche du fleuve appartient à Beaucaire, la ville en vis à vis, côté Gard ! 
Le savait-il, François, quand il s'est retrouvé sur le quai, un beau matin du mois de mai ? François à Tarascon, billet de train payé pour la caserne Kilmaine, au centre de Sélection de la Région militaire. 

grade de sergent-chef. Wikipedia

1968, quelques années avant « Le Rire du Sergent » de Sardou : 

« Je suis arrivé un beau matin du mois de mai
Avec à la main les beignets qu'ma mère m'avait faits.
Ils m'ont demandé
Mon nom, mon métier... »

François est convoqué à l'armée pour les « Trois Jours ». Boh ! pour lui, pas de beignets, rien à la maison à ce sujet, pas plus que sur cette convocation... peu d'échanges, pas de dialogues pour remédier sereinement aux tensions, comme toujours, depuis toujours, sur presque tout. Rien non plus, sur ce quai. Ils doivent être un certain nombre à descendre, pour la même raison, François ne s'est pourtant pas joint à d'autres... François, toujours aussi à l'écart avec ses ratés de post adolescent traînés depuis gosse, ado. 

Quartier_Kilmaine 2021  under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur Olivier

Ce sont des petits groupes qui se présentent au planton de garde à la barrière. De l'allure, la caserne, avec ses grands bâtiments, les beaux platanes un peu partout. Il ne se souvient que vaguement mais les dortoirs seraient à gauche dans les étages, la cantine au fond, les bureaux des huiles à droite, au rez-de-chaussée (1). 
Le matin des tests, ils sont deux ou trois à ne savoir ni lire ni écrire. 
Suite au repas, ma foi aussi correct que celui au lycée, il s'ennuie dur l'après-midi, à subir les documentaires sur l'armée française en manœuvres diverses (s'ils savaient ce que notre Défense Nationale est devenue... à bien faire marrer Lavrov !). 
Le soir il est désigné d'office comme chef de chambrée. Il est donc responsable du bordel lors de la bataille de pelochons : les troufions le lui firent bien voir. Barrettes ou pas sur épaulettes, ils balancèrent rois paires de godillots à cirer en punition. François ne cirera qu'un pied droit sans trop se soucier du gauche et des conséquences... aussi, 45 de pointure, ils exagèrent ! 
Au clairon du matin ils ne seront sommés que de se lever pour le petit déjeuner ; passe pour la punition, passe pour les godillots... 
Jour 2 : la visite médicale : 

«... Je m'suis présenté tout nu devant un infirmier.
Moyennant dix sacs, il m'a dit : "Moi, j'peux vous aider...» 1971. Michel Sardou.  

Publicité_pour_le_slip_kangourou_de_marque_Erby._Paris_Musées_20230527085738 under the Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication. Auteur france illustration editeur

Michel ? tout nu ? c'est si vieux que ça ton service ? Pour François la mode était au slip kangourou, d'ailleurs ils étaient trois à se poiler pour l'histoire de celui qui n'en avait pas... Mais si, et qui demande au prêteur comment ça se porte... Vous non plus, vous ne savez pas ? Le jaune devant, marron derrière... 
Plus sérieusement, cela prêterait à rire, après les mesures et contrôles, l'entretien psychologique; Un qui en sort explique qu'il faut dire que ça ne va pas, que l'officier exempte : pas de service militaire. À son tour, François explique qu'à la maison c'est pas terrible, que le moral tombe souvent dans les chaussettes : 
« Je vous mets dans les parachutistes, qu'il a dit le gradé, vous verrez, cela vous fera le plus grand bien ! ». Jaune et marron le François en slip kangourou... On a dit qu'il ne fallait pas rire !   

« ...Le rire du sergent,
La fleur du régiment,
Avait un cœur de troubadour. » 

Et non, pas un cœur de troubadour... Un qui y va, l'autre non, qui sait ? comme à l'époque du tirage au sort... 
Sinon, tout ce petit monde fut libéré ensuite... À nouveau sur le quai, François s'est dit qu'après tout, para ou pas, avec le sursis pour études, il avait bien le temps de voir venir... 

Un jour et demi pour trois jours, l'armée au moins prenait soin de ne pas grever son budget, de ne pas charger le déficit, pas comme de nos jours... pour des raisons peu avouables sans doute...   

Quartier_Kilmaine_-_Le_Grand_Manège 2006 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Auteur Gerard MARIN

(1) L'armée alors ne faisait pas visiter le manège de Kilmaine, pourtant assez unique avec un ou deux autres manèges en France seulement dont celui, célèbre, du Cadre Noir, proche de Saumur.  

vendredi 24 novembre 2023

MARSEILLE tu cries trop fort !

« Marseille, tais-toi Marseille,
Tu cries trop fort,
Je n’entends pas claquer
Les voiles dans le port... »  chantait Colette Renard (1924-2010) en 1958. 

Bretagne 167 x 22 m ; deux turbines à vapeur Parsons 11850 kW 18 nœuds de vitesse


Pourquoi aborder Marseille ainsi ? Les voies de l’inspiration dirons-nous ou alors le souvenir de ce retour avec le paquebot Bretagne (1951-1963), aux beaux jours de 1956. Depuis Rio-de-Janeiro, après les escales à Dakar, à Casablanca, Marseille terminus de la ligne d’Amérique-du-Sud, en alternance avec son sister-ship Provence... Mais qu’ont-ils donc, ces destriers de fer, à tant remuer les tripes ? Seraient-ce les Anglais, qui, une fois de plus, donnent une des clés du mystère ? D’abord, ces “ bâtiments ” (que le mot est vilain !), les dire au féminin...  suivre le sillage d’une poupe plutôt arrondie, pardon pour cette sensation de mec... mais qui aime aussi l’image d’une étrave volontaire fendant les flots, je ne sais pas trop mais peut-être du respect pour une féminité libre, persévérante, suivant son cap sans comptes à rendre. Ah ! ces Anglais, j’en parlais à Sète, cet autre port très Sud... Et quand je pense à cette autre “ vieille anglaise ”, « la » « Queen Elisabeth II » laissant majestueusement le quai de La Pointe des Galets à La Réunion en 2000. J’y étais ! Dans le soleil couchant, pour un de ses derniers tours du Monde, je ne sais plus mais « le » « France », son triste destin du moins, me fond sur la pommette. Bien sûr, la chanson terrible de Michel Sardou en témoigne... Mais pourquoi donc notre beau pays démontre-t-il de temps à autre, un visage si noir, si négatif ? Pourquoi se débarrasser ainsi d’un emblème national ? Pourquoi l’avoir baptisé « FRANCE » ? Pour l’abandonner tel un enfant né sous X ? Pourquoi lésiner alors qu’on gaspille par ailleurs ? Est-ce à mettre au passif du grand homme que fut de Gaulle ? de son moins illustre successeur Pompidou ? Et moi, qu’est-ce que je fous à remuer tout ça ? Que voulez-vous... je débarque à Marseille, du haut de mes cinq ans et tout est grand : le quai me paraît une esplanade avec peut-être une statue, un monument, les cheveux blancs du cousin venu nous accueillir, que les rafales du Mistral entremêlent sur ses verres fumés, je les retrouverai avec ce que peut apporter de fantasmes un portrait volé d’Aristote Onassis... c’est vrai que ce cousin, par alliance, solidaire, d’une bienveillance qui continue de me faire du bien (est-ce toujours le cas dans notre société ?) comptait aux Douanes... dérision par rapport à nos caisses en bois sur un quai, à nos malles recouvertes de cuir de vache, de maigres effets de migrants avec les étiquettes au nom du bateau, de la compagnie maritime, mais qui satisfont la mémoire... Et derrière, le paquebot, aussi bienveillant, le Bretagne, coursier des mers... Boh, on banaliserait presque qu’il nous a amenés à bon port. Pourtant,  plus d’un demi-siècle après, il reste en moi ; s’il m’arrive de méditer plus longtemps que normalement devant une de ses photos, impossible de banaliser, impossible de considérer sa destinée sans émotion : sorti en 1951 des Chantiers de Penhoët à Saint-Nazaire, vendu et devenu RHMS Brittany en 1962, il a brûlé en 1963, prématurément. Alors, parce qu’en écho, comme si les mots avaient la solennité d’une épitaphe, en hommage à une masse de fer pourtant si humaine, je reprends la parole d’un professionnel de la mer, maître charpentier, qui en parle comme d’un compagnon, d’une compagne presque, d’une union forte :

Le 26 janvier 2013, 17 : 21 :

« J’ai aussi navigué sur le Bretagne en qualité de Maître charpentier, quand il était peint en blanc. J’ai fait les voyages d’Amérique du Sud : Salvador, Bahia, Rio de Janeiro, Montevideo et Buenos-Aires.../... je suis allé à Gênes pour participer à ses transformations. Ensuite j’ai été à bord lors des croisières dans les Caraïbes et de ses passages à New-York. J’ai eu la tristesse de le ramener en Angleterre à Southampton.../... C’était un bateau magnifique qui tenait bien la mer. Nous avons essuyé cinq cyclones avec lui : Anna, Betsy, Carla, Debby et Esther.../... et il a tenu le coup. Merci au commandant qui était un type très bien. »  

Merci Robert Tronchet (1). 

French_liner_BRETAGNE_(1952-1964)_in_Sydney_Cove_(cropped)  1962 Creative Commons Attribution 4.0 International Author Graeme Andrews... Le " Bretagne " de monsieur Tronchet... 


Le ? La ? Provence, paquebot jusqu’en 1965, revendu tant de fois pour la croisière, finalement tas de ferraille qu’on jette, pour finir, dépecé sur une plage du Gujarat (2001).

Qu’est-ce qu’ils ont ces bateaux ? Peut-on rapprocher la mer, l’océan, de l’existence humaine ? de la petite vie qui est la nôtre (2) ? Bien sûr que ces bateaux ont accompagné des moments forts, définitifs parfois... ce petit qui part avec ses parents, son grand-père, pas le mien, qui reste parce qu’à son âge la vie n’a pas à continuer ailleurs :

« Je te quitte dit l’enfant, retenant ses larmes.

— Tu m’emportes dit le vieux. » (“ L’Enfant Multiple ” Andrée Chedid, 1989). 

Port Marseille 2019 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Author Patafisik

La scène se passe au Liban comme au Pirée devant des enfants qui jouent, à Alger ou Marseille avec les migrants, les rapatriés... ceux qui partent, ceux qui débarquent, lourds de ceux qui restent, de ceux que le chemin de vie a laissés de l’autre côté de la mer, du côté de l’absence...

« Tais-toi Marseille, tu cries trop fort. » 

(1) Peut-être Tronchet Robert Auguste Amédée né le 2 mai 1933 à Marseille, décédé le 27 août 2019 à l’âge de 86 ans à Bretteville-le-Rabet (Calvados) ?
Peut-être Tronchet Robert Louis né le 2 août 1936 à Souligné-sous-Ballon (Sarthe), décédé le 18 juin 2012 à l’âge de 75 ans au Mans (Sarthe) ? 

(2) Vous concernant, ne me demandez  pas de relire, surtout pas, je ne serais que fontaine, quand bien même ce thème a tant marqué Pagnol et son œuvre.

mardi 9 avril 2019

AVEC DES FLEURS ET DES CHANSONS (fin) / Je me fous du monde entier...



Oh mais ça a démarré un cran de plus en amont, grâce à Émilien qui a mis en ligne les grappes opulentes de sa glycine ! Elles ont fleuri tôt cette année ! Les plantes sont comme nous, de la même espèce mais toutes différentes. Par exemple cette glycine de juillet 2014, à Saint-Pierre, avec beaucoup de verdure et peu de fleurs, très en retard, peut-être dans un milieu défavorable, tout à fait à l'opposé de celle d’Émilien. 

 


https://www.youtube.com/watch?v=2SgiC2PaDdA



Serge Lama avec mon salut cordial pour l'ami pérignanais qui a grandi à la Pagèze, cette campagne avec vue depuis le balcon ultime de la Clape, la garrigue dans le dos, l’Aude, les marais et la mer au fond et plein de souvenirs partagés généreusement. Merci Émilien !



Vous êtes perdus ? Moi aussi… Reprenons avec le décor : l’ordi sur le bureau, la télé. 
Banal.

L’ordi m’a montré que les glycines avaient déjà fleuri ! Aussitôt, les printemps qui ont colorié ma mémoire sont revenus avec les giroflées de la rue du bassin et les « Leçons de Choses » du Cours Moyen. 


 "Giroflée, girofla... lève la queue et puis s'en va..."... une chanson encore, dans une version locale... sinon, pardon si ma mémoire flanche. 

Il y aurait bien les glycines mais elles m’obligeraient à lever un coin du voile sur des fantasmes de garçon... Sardou l'a si bien exprimé dès les premières notes : 

 https://www.youtube.com/watch?v=mLY2A8vhdhw

Entre temps, une "amie fb" est venue tourner des pages fermées pourtant depuis deux ans, une éternité, immédiateté technologique oblige. Coïncidence, encore des fleurs, de celles qui poussent au pays, les plus chères, si fragiles sur les dunes, entre mer et sansouire. Ramène moi au pays qui m'a vu naître...
 

Sur ce, les documentaires d’Arte pour que nous considérions la diversité naturelle avec respect et non sous le crible d'une dangereuse productivité à tout prix.  Une autre leçon de choses m’a alors parlé de mauvaise herbe (le livre de "Leçons  de Choses" le dit , ce que je n’ai jamais accepté parce qu’au début de années 50, la vigne de Perrucho, au pied de Caboujolette, était un champ de blé, bien plus haut que moi, avec bleuets et coquelicots… Du bleu, du blond et du rouge pour un symbole bien raciné…

 


Et les 480 « Je me souviens » de Pérec…



Sauf que « Je me souviens, c’est la devise du Québec. Et mon envie de fleurs s’accompagnant de chansons, la première qui est venue, « Frédéric » (1961), pour dire que je me fous du monde entier quand la vie si pleine du pays revient palpiter, toujours sans crier gare, toujours aussi vivante et foisonnante, est de Claude Léveillée, né à Montréal. Heureusement qu’Internet est là !

Oh la Belle Province, déjà un lâchage de la France du roi… j’en ai encore un haut-le cœur. Ça pue chez les absolutistes et plus encore chez les contaminés de la jacobinite. « Vive le Québec libre ! » De Gaulle, heureusement, pour un soupir de consolation.

Oh le Québec, à chaque piqûre de rappel, le vent sur la dune de Pissevaches en a mes larmes aux yeux. André Pédrola, le fils d’Elise, la voisine de ma grand-mère, André, le frère de François dit Francis, le grand copain de papa, a émigré à Montréal dans les années 50. Un homme formidable, de ceux qui passent sans qu’on les remarque ou qui vous percutent du trop-plein d’amour dont ils débordent. André a partagé, voulu donner à voir de son sillage depuis la guerre… Ces hommes-là vous offrent une force plus forte que le vide qu’ils laissent un jour…  Tant que nous parlons d’eux c’est qu’ils sont encore là…     



Je me fous du monde entier. Et pour cause :



« … Après, la vie t'a bouffé
Comme elle bouffe tout le monde,
Aujourd'hui ou plus tard,
Et moi, j'ai suivi.
Depuis le temps qu'on rêvait
De quitter les vieux meubles,
Depuis le temps qu'on rêvait
De se retrouver tout fin seuls,
T'as oublié Chopin,
Moi, j'ai fait de mon mieux.
Aujourd'hui, tu bois du vin,
Ça fait plus sérieux.
Le père prend un coup de vieux

Et tout ça, fait des vieux… »



Devenir vieux... l'unique alternative à la mort... Claude Laveillée a perdu son fils de vingt ans. Lui-même a subi deux avc en 2004, jusqu’à ce qu’un troisième, en 2011, referme son livre, à 79 ans.



C’est ainsi que les hommes vivent et comme le précisait Marcel Pagnol :

« … Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées pas d’inoubliables chagrins.  Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants… »

Je me fous du monde entier...

jeudi 8 novembre 2018

LES VENDANGES DE L’AMOUR… romance (chansons des années 60-70).


Préambule : dans romance, il y a « roman ». Ceci est un papier de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite… même si la vie n’est qu’une suite de hasards.





Les clavettes des pressoirs ne font plus entendre leurs clocs sonores dans la nuit. Le vin nouveau bouillonne et mousse en secret dans les foudres. Parées de leurs couleurs d'automne, les vignes retrouvent le calme, même  troublé par les chasseurs en vadrouille. Le village se prépare plus à fêter le 11 novembre qu’à célébrer nos Poilus. Le cœur en liesse des sèves montantes toujours au printemps des garçons, attend les bals pour inviter les filles, chasse gardée des chaperons.

C’est l’âge où l’on se remet vite de la dernière amourette... enfin c'est ce qu'on dit.

A l’automne de la vie, pourtant, certains retours ramènent parfois fort, et loin en arrière. 




Leny Escudéro s’invite en sourdine pour une amourette qui a laissé des traces, elle :



https://www.youtube.com/watch?v=h4Bi6S-sY2E (Leny Escudéro « Pour une amourette »).



« … Pour une amourette, l’amour éternel, dure le temps d’une fête, le temps d’un soleil, et mon amourette qui était trop jolie, vers d’autres conquêtes bientôt repartit… »  




Pas le cœur d’aller au bal quand la copine de lycée qu’on croit aimer vous fait savoir que c’est non. On préfère le billard avec les copains, dans l’arrière salle du café Billès… On fume des Bastos, c'est bien de fumer alors le dimanche, pour les fêtes, pour les hommes du moins... C'était bien chez Madeleine qui toujours sourit, même pour un seul petit noir arrosé dans la soirée… un peu Laurette de Michel Delpech, même si on ne disait rien « Si par hasard on avait l’âme en peine… »



https://www.youtube.com/watch?v=KJNDUJflo_c (Michel Delpech « Chez Laurette »).



Et si ça tape plus fort, popon popon popon popon, c’est le tempo d’Hervé Villard qui vient marteler nos tempes « … c’est fini et dire que c’était la ville de mon premier amour, Capri c’est fini, je ne crois pas que j’y retournerai un jour…  »



https://www.youtube.com/watch?v=4TP3u0rNkys (Hervé Villard « Capri c’est fini »).



Et puis « On se marie tôt à vingt ans et l’on n’attend pas des années pour faire… » … un deuxième enfant…

https://www.youtube.com/watch?v=-svx2X4c2N8 (Jean Ferrat « On ne voit pas le temps passer »)



Et puis la vie vous embarque avec ses bonheurs et ses larmes, « Et si tu n’existais pas, dis-moi pour qui j’existerais… » et de repenser presque à un de ces fantômes du passé avec qui… plutôt qu’avec celle qui est là à vous servir du sel…

https://www.youtube.com/watch?v=abfQQ1hzN9M (Joe Dassin « Et si tu n’existais pas »).



Tapez Joe Dassin « Le café des trois colombes » que le Net veut pas donner l’https. Mais ce n’est plus qu’un bourdon, un chagrin doux-amer parce qu'on fait du sur-place, parce que les gosses ont à grandir, de fausses raisons affectées qui nous laissent coupables, minables, méprisables.



« … je t’ai oubliée mais c’est plus fort que moi, il m’arrive de penser à toi… »



Et puis c’est  Joe Dassin qui n’existe plus, emporté par une crise cardiaque…

Et puis l’homme qu’on croyait du huit mai mais qui roulait ses prétentions depuis Vichy, vient rincer nos illusions. Le temps s’accélère, l’amour s’altère, délétère. La vie continue mais traînant toujours son passé.



Pardon pour l’anachronisme qui suit mais quand en 2017 Sardou chante, irrésistible :

« Qui me tuera Qui viendra m’offrir pour toujours La plus belle des chansons d’amour On se reverra je l’ai vu, Qui m’aime me tue Qui m’aime me tue… »

Comprenne qui pourra mais la plus belle des chansons d’amour ne vient jamais qu’après les autres, toujours présentes même quand on ne le sait pas… Touchante, esthétique, bravo Sardou mais on ne refait pas sa vie, elle continue seulement

https://www.youtube.com/watch?v=uPPEutVubnA (Michel Sardou « Qui m’aime me tue »).  



Le passé n’est pas mort, il reste potentiellement explosif. Non, non, pas des mots seulement, un simple et banal « j’aime » sur vos lignes, vous demandez « C’est toi ? » et une force aussi irrésistible qu’invincible implose avec vos 16-18 ans qui viennent soixanthuiter le poivre et sel des années 2010 !

dimanche 7 mai 2017

LE MONDE NE DEVRAIT ÊTRE QUE CHANSON ET MUSIQUE... (8) / ratés existentiels

Nairobi, un des aéroports qui ouvrent sur l’Afrique. Une fois il a pu discuter avec un monsieur du Burundi attendant pour Bujumbura. Celui-ci l’avait complimenté en riant : « Ah ! tu es fort d’avoir un enfant aussi clair avec une femme noire... parce que d’habitude, ce sont elles qui gagnent ! ». Une réflexion si désinvolte et ouverte sur l’insignifiance de la couleur de peau même si les propos du Belge à présent quelque part en correspondance pour Mada, concernant sa compagne de Nosy-Bé et l'enfant qu'ils n'ont pas eu, lui reviennent en mémoire «... si tu en veux un que je lui ai dit, fais-le avec un Malgache parce qu’un métis ici est embêté tant tout le monde croit qu’il est riche... ».

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/search?updated-max=2017-03-09T08:24:00%2B03:00&max-results=1&start=24&by-date=false
 

Et ces Congolaises, africaines d’une palette, de nuances de peaux se fondant dans un horizon d'empathie universelle, "d’amour infini" pour l’humanité, la nature, tel que le définissait Rimbaud, et surtout pas relégué à l’espace fermé, au périmètre pelé, pisse-vinaigre d’un vocabulaire cynique, borné par le sens des mots « blanc », « noir », « clair », « foncé », dans ce qu’ils ont de plus étriqué. 


Femmes avant tout, confiantes, souriantes, charmantes, fraîches malgré les heures, parfois des jours de voyage !
Les femmes, il paraît "qu’il faut savoir leur parler"... Le dire ainsi relève déjà d’un apriori machiste, négatif, irrespectueux... N’est-il pas dégradant de croire, de laisser croire qu’on peut les traiter ainsi, en fruits à cueillir, de les leurrer, moyennant, 
comme l'ironisait un copain comorien,  des « paroles mielleuses » ? Pas seulement, bien sûr mais le jeu du mâle pour la femelle est bien inscrit dans une nature qu'il serait dangereux de dévoyer artificiellement au nom d'une prétendue égalité alors que tout est en complémentarité... 

https://www.youtube.com/watch?v=_ifJapuqYiU / Dalida & Alain Delon

Ne dit-on pas aussi, avec trop d’indulgence, pour un séducteur qu’il « aime les femmes » ? Comme si aimer c’était seulement prendre sans partager, sans réciprocité ! Et lui, qui se croit au-dessus malgré des considérations ambiguës, qui n’en ressent pas moins une pointe d’envie pour Don Juan et Casanova ! Un vieil instinct animal des origines, sûrement, se met à balancer ce qui ressort de la sincérité ou de l’hypocrisie entre le tourbillon charnel et le maelström de sentiments... 

Émilie, elle s’appelle. Elle revient d’Antananarivo où elle a animé un stage de trois jours axé sur le contrôle des compétences du personnel de laboratoire, pour des analyses recevables répondant à la norme ISO 15189 ! Émilie a fait ses études au Congo puis en Afrique-du-Sud, alors qu'on s'attendrait à entendre “ en France ”... ce rappel sur notre prétention ne saurait mieux tomber ! Elle travaille pour le ministère de la santé au laboratoire national de référence des mycobactéries... Formidable la coopération intra-africaine ! L’Afrique qui avance ! Et comment ne pas se laisser aller à aimer Papa Wemba (Congo), Oliver N'Goma (Gabon) et même pour un microcosme comme Mayotte, la kyrielle fournie d'artistes dont Mobyssa, Bedja, Ragnao Djoby, Mikidache, M'toro Chamou, J.R. Cudza, Boura Mahiya, Cadence Mahoraise... et ceux, oubliés, qui pardonneront mes trous de mémoire...     

Émilie parle en phrases sobres, non, pas de la révolution d’Octobre, comme Nathalie de Bécaud...

https://www.youtube.com/watch?v=oX3334V69RA Nathalie Gilbert Bécaud

Non, mais encore fataliste, neutre, étrangement calme, elle convient que depuis le génocide des Tutsis au Rwanda, en 1994, les massacres, les viols n’ont jamais cessé dans les provinces de l’Est. L’Ouganda et surtout le Rwanda de Kagamé, puissant voisin, menacent toujours de faire main basse sur tout le Congo tandis que les Occidentaux qui n’ont pas un mot, pas un entrefilet pour des millions de morts, jouent les charognards et pillent en s’en lavant les mains les métaux et terres rares du business des portables. Lui, en reste un instant songeur : ah ! le Congo... l’ex Zaïre... enfin le Congo Kinshasa, la République démocratique, la honteuse opération "Turquoise", justifiée, qui plus est, par un Mitterand s'immisçant de sa métastase françafricaine dans un bourbier ne nous regardant pas s'agissant d'une ancienne colonie allemande puis du roi des Belges... Ce qui n’est pas sans nous faire penser aussi au discours de Dakar qui fit dire à Sarkozy que l’homme africain ne serait pas rentré dans l’histoire et que, à l’image du continent, il serait resté dans le paradis perdu de l’enfance... en somme, un racisme larvé, assumé, qui renvoie à la condescendance paternaliste de ceux qui, encore dans les années soixante, traitaient l’Africain de « grand enfant ». Il se promet de bien écouter « Afrique adieu », cette chanson de Sardou peut-être encore teintée de pessimisme (1) alors que le cœur de l’Afrique résonne en Europe et qu’un discours ambigu demandant explication se fait entendre aujourd’hui : « La France a besoin de l’Afrique pour construire son avenir » Emmanuel Macron. Oiseux non ? parler pour parler... à moins qu'il faille relier au contexte...  

Soudain, fermant cette parenthèse historique, cette expectative sur l’avenir de l’Afrique, notre voyageur se demande si cet échange, cette discussion n’auraient été qu’une réponse à une attirance ? Non ! impossible alors qu’un trop-plein de passé refait surface dans son présent tendu, tel le Grand Rift et ses autres failles s'ouvrant de la dépression de l’Afar au Canal de Mozambique, au sein de son cœur-volcan ébranlé de séismes mais qui tient encore et ne se demande pas encore jusqu’à quand. 
  
Une annonce au haut-parleur et elle explique que cette langue swahilie est parlée aussi dans l’Est du Congo justement. Lui, répond que les marchands d’esclaves étaient bien installés sur le grand fleuve mais comme sans y croire, préoccupé, perturbé qu’il est de réaliser d’un coup le charme qui émane de cette femme douce, tranquille et pourtant résolue. Ils se passent des adresses, le stylo, les papiers passent entre quatre mains qui se frôlent. Elle écrit « Bandundu », « Kwilu », « Kikwit ». Tout se précipite. Il lui baise vite les doigts avant sa fuite éperdue vers le comptoir désormais vide où l’on n’attend que lui ! 

«... Moi j’avais le soleil.../... dans les yeux d’Emilie, je réchauffais ma vie à son sourire, moi j’avais le soleil dans les yeux de l’amour et la mélancolie, au soleil d’Emilie, devenait joie de vivre... »
https://www.youtube.com/watch?v=vEFGQN9qLkQ Dans les yeux d’Émilie / Joe Dassin. 
 

(1) https://www.youtube.com/watch?v=Pmetwm6VWgc « Afrique adieu » 1982 : Michel Sardou. 

«...Afrique adieu.
Ton cœur samba
Saigne autant qu'il peut.
Ton cœur s'en va....»