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samedi 28 mai 2022

Mayotte, petite île, mais dans son océan, comme Cendrillon chez son prince (2)

Attention, avec le découpage de ma chronique en trois volets c'est X dès les premiers mots !  

... les tétons durs jouant les essuie-glace sur ma poitrine. Olivier n'avait que 50 ans : une insuffisance l'emporta. Mort aussi le Lazaré, entreprise à toucher des gains et néanmoins repaire de plaisirs solidaires. Mieux vaut ne pas aller voir ce qu'il y a à la place, l'ère du béton a sabré le rapport séculaire d'un rouge latérite lié aux verts profonds de la forêt primaire, aux clairières défrichées où la lune qui fait pousser éclaire, une lune, jadis égayant le petit peuple entre animisme et islam mais qui ne compte plus que pour rythmer les phases du ramadan. 

Qu'est-ce qu'il a chanté Lama, dans la mesure où je ne relève que ce qui me recoupe ? "Une île, entre le ciel et l'eau... tranquille comme un enfant qui dort... fidèle à en mourir pour elle". Comment ne pas évoquer, d'ici, épaulés par quelques relais en métropole, ces hommes et ces femmes qui ont sacrifié leur personne à la cause de Mayotte secouant des chaînes qui sonnaient il n'y a guère, au cou et aux pieds des esclaves déportés d'Afrique ? Des militants de sangs mêlés, prouvant aux simplistes partiaux que la couleur de peau, la religion, ne peuvent piquer qu'au ras des sensitives. Des chatouilleuses pour repousser les envahisseurs, des agitateurs, des orateurs pour mener le peuple, des leaders parce que pour eux, rester français c'est être libre. Une lutte de 55 ans pour arriver au département, le 101e ! Dans les lacets de cette montée au surnom plaisant de "Tourmalet" (70 m seulement mais un mur et cinq têtes d'épingles !), montant sur le plateau de Barakani, dans les bambous et la majesté des frondaisons, ils restent présents, ils vivent en nous. Il faut le dire à nos enfants ! 

Dimanche, cela fera peut-être une trentaine de fois que la route me fredonne tout ça, et pour cette énième fois, plutôt que de se soumettre à la force de l'habitude, le murmure deviendra grondement jusqu'au plus profond de mon être parce qu'une petite voix me force à l'écrire et que même ébranlé, j'ai un peu la naïveté de croire que ça peut me guérir. Le col d'Ongojou, là où la route passe un des rachis volcaniques coupant l'île en petits bassins. Au levant le versant à l'alizé, au couchant, l'autre plus gras des vents de mousson. Des deux côtés, le lagon, pour la joie des enfants mais sur les plages fréquentées seulement. Plus question, en effet, de chercher la crique pour Robinson ou celle des amoureux. Dans les phases aigües, l'insécurité violente a même amené les gendarmes à accompagner des groupes constitués de promeneurs invités à faire connaître à l'avance leur balade. 



Ongojou : là-haut, le vieil Ali fait corps avec son champ. Ses ylangs alignés embaument mais la fleur se ramasserait à perte, d'ailleurs il a démonté les rigoles de bambous pour l'eau de l'alambic, il a vendu les cuves. Qu'importent ces quelques sous, l'inquiétant est qu'on ne vit plus en paix dans ce paradis perdu. Une année on lui a razzié les vaches, quelques mois en arrière, ce sont les chiens errants qui lui ont dépecé un veau vivant, régulièrement des cocos, des régimes de bananes disparaissent, il y a quelques jours un grand avocatier a été dépouillé, des fruits par la suite vendus au bord de la route. J'en oubliais la phalange qui lui manque, alors qu'il gardait un lotissement de wazungus, de Blancs... cela marquait les débuts d'une violence parfois sanglante (années 2000), l'insécurité des braves gens qui se mettent en cage derrière des barreaux aux fenêtres, des portes en fer, les descentes en brousse de bandes de voyous, les attaques, la nuit, des barreurs de routes, les enfants des rues en maraude qui deviennent de jeunes adultes meurtriers comme ces chiens errants. Sur la parcelle mitoyenne issue du partage, son frère presque aussi âgé, ce ne doit être qu'une coïncidence mais qui vient de perdre son fils d'une quarantaine d'années, tué à la machette par une meute d'enfants-loups. Est-ce par fatalisme que ces faits plus que divers n'entament pas une dignité non seulement sans haine mais silencieuse qui plus est. Et s'ils aiment la France, c'est malgré nos dirigeants politiques pourtant si imparfaits. Un Etat si déloyal envers ses gens simples et respectables et trop enclin à servir les gros intérêts... (à suivre) 



mardi 26 avril 2022

Un "RUSSE" à Pérignan (10) / Ukraine et Algérie

Comment une chronique sur un légionnaire vers 1920 peut rappeler des réalités intemporelles, ici à propos des guerres qui ne voulaient pas et ne veulent pas dire leur nom, celle d'Ukraine, trop actuelle et celle d'Algérie, cessée en 1962 mais sans paix encore possible.  

Que devient le légionnaire Porfiri Pantazi, parti d'Oran... ou du port au nom devenu pathétique et emblématique d'atermoiements  menant au désastre de Mers-el-Kébir, un de plus dans l'Histoire faisant que, à commencer par les pays qui se disent amis et alliés, quand une prétendue arrogance française est évoquée, ce ne peut être que sarcasme de leur part... Et en retour, s'il existe "la perfide Albion" en tant qu'expression datée et élitiste, nous n'avons pas la moindre saillie pour fustiger nos amis germains ou yankees... Jouant au fier-à bras grande gueule, notre pays se complait à la jouer petit-bras envers les pays du Sud et latins de sa parentèle... l'hôpital se moquant de la charité, c'est plus facile de moquer un Italien ou un Espagnol, c'est un occitan sous le joug jacobin qui vous le dit... 
Entre corrélations et prolongements par rapport à la trajectoire d'un Russe de Moldavie qui a finalement atterri dans notre village de Fleury, je m'égare d'autant plus qu'à l'idée de son paquebot laissant la baie d'Oran dans son sillage, je voulais seulement en rajouter dans le malaise particulier qui perdure entre l'Algérie et la France. 

Le légionnaire Pantazi part d'Oran pour l'Extrême-Orient. 

Oran c'est l'Algérie impactée à l'époque par les "évènements d'Algérie", une guerre pourtant, que le gouvernement ne veut pas nommer. Nous en connaissons un autre, qui, lui, interdit le mot "guerre" pour "l'opération militaire spéciale" qu'il mène contre l'Ukraine. 

Stèle_Fin_Guerre_Algérie_Baneins_2 wikimedia commons Auteur Chabe01


Oran ce sont les attentats du FLN, de l'OAS, des atrocités, des morts même après la signature des Accords d'Evian. A graver dans le marbre des grandeurs de la France... A mettre en perspective avec des rapports toujours difficiles mais de promiscuité... Rancœurs, défiance entre des divorcés loin d'avoir soldé les comptes...  

Oran néanmoins surnommée "la Radieuse", "la Joyeuse" même, comme pour marquer d'un sceau de normalité l'horreur ordinaire : c'est ainsi que les hommes vivent. 

Oran, c'est presque Mostaganem où, en 1974, inconscient, complètement ignorant des séquelles et du contentieux (tous les Français étaient dans cette situation), un jeune instituteur que je connais trop bien, voulait entraîner dans l' aventure de la coopération, la femme et les deux gosses, pour échapper aux brumes du Lyonnais et aux fins de mois difficiles dans son HLM... 

Oran, c'est presque Alger, veille de l'indépendante (1962), dans la chanson de Serge Lama 
"... L'Algérie
Écrasée par l'azur
C'était une aventure
Dont je ne voulais pas..." 

Oran et l'Algérie, ce sont deux millions de soldats français appelés (on dit aussi que Poutine est obligé d'envoyer des conscrits en Ukraine). A Fleury, malgré le cessez-le-feu des Accords d'Evian, (le cessez-le feu, pas la paix... un état qui semble perdurer depuis on dirait) dans la chaleur et un ciel d'airain de juillet 1962, on enterrait le pauvre Francis Andrieu, mort pour la France, tandis que, pour un destin plus souriant, dont un mariage avec sa sœur, Vilmain nous ramenait Maurice... 

Oran, c'est l'Algérie, et, de 1954 à 1962, la torture, les disparitions avec comme suite la traite des prisonniers dans des bagnes, des mines, des bordels, 300 000 morts, 8000 villages brûlés, plus de 2 millions de musulmans déportés... finalement Poutine est dans une continuité, une norme et le langage diplomatique, même si Biden s'en exempte, même s'il permet d'e ne pas bloquer les situations, arrange bien pour dulcifier l'inqualifiable. 

D'Oran, d'Algérie, ce sont les Harkis livrés par la France à leurs bourreaux, ce sont les Pieds-Noirs, aussi mal perçus et accueillis que le furent les Républicains espagnols... cela doit faire partie des "grandeurs" de la patrie des Droits de l'Homme... 

Alors, pour équilibrer ce triste constat, presque un réquisitoire, revenons au parcours de notre "Russe", accompagné par les penchants de mon père, rédacteur de cette chronique, pour les langues (ici le roumain, le russe et le français) qui font les différences, peuvent s'affronter, séparer mais rapprocher aussi. 

Un "Russe" à Pérignan, épisode 10. Le Canal de Suez.  

"... Et puis, le roumain, c’est la langue qu’ils parlaient à la maison. Il avait remarqué quelques ressemblances avec le français. C’est curieux, les langues, tout de même : la France est si loin de la Bessarabie, et pourtant « homme » se dit « om », comme en français, mais plus facile encore. Le Russe dit « tchelavièk » : rien de commun. Paquebot, tiens : pacbot ou vapor, comme en français. En russe, tu as parokhod ou teplokhod. Pourquoi ne pas tous parler la même langue ? ça ne fait rien, il aurait bien voulu être là, au fond de la classe, comme dans le conte d’Alphonse Daudet, à écouter ce dernier cours de russe.

C’est une jolie langue, quand même. Oui, vraiment, il était partagé : le langage de sa jeunesse scolaire, celui qui en avait fait un petit homme sachant lire et écrire ; et celui de la maison, du travail, de la vigne, la langue des pauvres. Bah ! il en avait connu, des pauvres, parmi les autres Russes. Tiens, la famille d’Anton Tchékhov, à Taganrog, sur la mer Noire. Ils étaient épiciers, et commerçants, bien sûr, comme le vieil Aaron de Kalarach, chez qui il allait deux fois par semaine acheter le pétrole, le savon, les bougies et quelques épices. Mais Aaron, lui, s’en sortait bien, il avait même refait sa devanture et repeint toute sa boutique. Il en fallait des sous pour ça. Le père de Tchékhov n’avait pas eu cette chance. Il avait fait faillite et était parti pour Moscou afin d’échapper à la prison pour dettes. Et toute la famille vivait dans une misère… Tellement que c’était pour faire vivre les siens qu’il avait fait rire ses premiers lecteurs, en écrivant dans des revues humoristiques. Porphyre avait lu la vie de Tchékhov quelque part : en français, en russe ? Il ne savait plus. Mais cela, il l’avait retenu. Il n’y avait pas que des comtes Tolstoï dans la littérature russe. Et même Tolstoï, hein, il avait bien écrit pour les enfants et pour les pauvres… 

A_Ship_in_the_Suez_Canal.tif wikimedia commons Author Zdravko Pečar

Nous voici dans le canal de Suez. On distingue bien les deux rives, ce n’est pas tellement large. Suez, c’est donc cette ville ? – Mais non, voyons, c’est Port-Saïd. Elle a l’air d’une grande ville, quand même, aussi grande que Kichinev peut-être. Le bateau s’est arrêté. Les soldats peuvent monter aujourd’hui sur les ponts du « Pasteur », tandis que le ravitaillement en charbon se poursuit. On doit aussi remplir les chambres à vivres. Il en faut, pour une armée.

Tiens, des Egyptiens avec des bourricots, tout comme les Arabes à Sidi-Bel-Abbès. Des « tânes », comme il disait au début. Et les copains qui lui répétaient : « Le français, tu l’écris comme ça se prononce. » Non, mais… ils ne se rendaient pas compte : un petit « tâne », mais un « nâne », des « zânes ». Tu étais un gros « nâne », Porphyre, de ne pas savoir tout cela. Maintenant, ça y est : il sait à peu près dominer le mystère des liaisons. Quand il apprenait à compter en français, il avait déjà remarqué quelque chose que les livres ne t’expliquent pas : « un » devenait « une », bon, comme dans toutes les langues. Pour « deux », c’était plus simple, pas de féminin spécial, mais il fallait penser au « Z » devant certains mots : deux-Z-élèves. Pour « trois », même chose. Mais s’il le mettait après « quatre », on le reprenait. Et « six », et « dix » qui se prononcent /sis/, /dis/ quand ils sont seuls, /si/, /di/ devant consonne, /siz/, /diz/ devant voyelle. C’était du sport de compter en français !.." 

François Dedieu, Un "Russe" à Pérignan / Caboujolette, Pages de vie à Fleury II, 2008.

jeudi 15 août 2019

LE VENT SUR LA DUNE A LE CŒUR ÉMU... (fin) / St-Pierre-la-Mer


Elles sont là ! Une seule touffe exprès pour moi ! Oui, royal, magnifique, le lis de mer multiplie ses fleurs. Pour le parfum, il faut s'acater, le nez au ras du sable !  





D'une beauté ! Et plus grand que dans mon souvenir. Remarquable de résistance lorsqu'il enfonce son bulbe si le pourtour s'érode ou quand il allonge sa tige si le sable le recouvre trop, le lis maritime (Pancratium maritimum) est de la famille des amaryllis.On le trouve au bord de la Méditerranée, en Corse ainsi que sur le littoral atlantique mais avec les dunes qui disparaissent, il est menacé de disparition en Poitou-Charente et en Loire Atlantique. Le bulbe et les feuilles du lis des sables contiennent une quarantaine d'alcaloïdes, vomitifs, purgatifs, insecticides et fongicides (source Wikipedia).  
Le lys est sur la liste rouge des espèces protégées, interdite de cueillette. 
Que la plante de Pan tout puissant pour tous ses pouvoirs et sa résistance aux étés desséchants soit épargnée par l'ignorance des touristes... Entre les parkings et la mer, la plage sauve la dune encore à l'écart du passage même si quelques gougnafiers n'ont pas eu honte de jeter... 

  
Années 70, avec Robert et Émile, on guette la septième étoile du crépuscule pour le bol du soir (la traîne, le coup de filet depuis la plage). Le Cers donne et la nuit sur le sable a été plus que fraîche. A l'aube, après le casse-croûte et avant le bol du matin, je monte sur la dune pour pisser moins bête, pas dans l'enclos de bois flotté où le jour des culs-nus se cachent, sauf que d'un peu plus ma première rencontre avec la fleur inconnue allait être pathétique... Pardon de gâcher l'ambiance mais la pêche non plus n'a pas été bonne... 

Plutôt évoquer la dune depuis mise à mal par la mer même si une rémission lui profite cette année. "... Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre..." (Paul Verlaine), elle se nourrit de rien, honore la vie qui s'accroche et persiste à décliner ses beautés, dont le lys, véritable joyau des sables...  

" ... Là-bas, l'écume des vagues d'hier
Là-bas, blanchit les cheveux de la mer..." (Serge Lama)... 
Oui, les cheveux de la mer, les miens aussi, du moins ceux qui restent, plus de quarante ans après. 


samedi 10 août 2019

LE VENT SUR LA DUNE A LE CŒUR ÉMU... / St-Pierre-la-Mer


"Là-bas, le vent sur la dune a le cœur ému..."  

Oui je sais, ce n'est pas la première fois que Serge Lama a voix au chapitre ici (Souvenirs, attention, danger). Mais après l'info sur des eaux brunes venues polluer cinq-cents mètres de plage à Saint-Pierre (1) et le tout récent partage sur la prise de conscience aussi locale que concrète sur la terrible pollution au plastique qui empoisonne la planète, alors que des déchets dus à des individus "tubes digestifs sans neurones dans la tripe"(2) ourlent la route des marais, de l'étang et des sansouires, un constat plus souriant sur le paysage à l'âge de l'Anthropocène...

Oui, hier après-midi, malgré ce drôle de temps que souvent les natifs et locaux ne reconnaissent plus (3), le gentil Marin n'engorgeant pas le ciel de ses nuées qui plus est, le vent sur la dune avait le cœur ému. Et pas que lui.

Étonnante en effet cette dune pleine de vie et comme vierge, à portée des zones densément fréquentées par les estivants, à peine au-delà des coins où les maîtres comme il faut amènent toutou au petit coin. Comme à l'envers notre dune avec le flanc plus raide côté mer. Sur le côté en pente douce, exposé au vent dominant, de terre, nommé Cers depuis les Romains (4), là où l'air salin se montre plus indulgent, les plantes du sable se rappellent au souvenir de l'estivant. Mais tout le monde n'est pas Linné, Mendel ou, plus proche à nous faire aimer la botanique, Jean-Marie Pelt, si chaleureux à la radio. Un regret que de ne savoir les nommer quand ces plantes sont familières depuis toujours...

Oui, des cagaraulettes en grappes qui se faisaient rares, à l'instar des hirondelles qui semblent désormais trouver de quoi manger (jusqu'à 3000 insectes/jour !). Jolies, ces fleurs jaunes mais ne se sont-elles pas échappées des jardins ?     


On dirait un chardon, presque bleu, mais ce n'en serait pas un... j'ai écrit ça quelque part, faudra en retrouver la trace... 


Oh ! on se connait avec celle-là ! Et je suis aussi gêné que si je rencontrais un copain dont j'ai oublié le nom !

Pourtant un parfum inoubliable, à retrouver les yeux fermés, après l'orage !

(1) "Qu'on  se rassure" insiste le Midi Libre du 4 août, sans que soit précisée la nature de cette pollution qui ne proviendrait pas d'hydrocarbures venus du large... Ben voyons, bronzez, pataugez braves gens, gentils estivants qui apportent leurs euros à certains et leurs déchets et déjections à la communauté, en la circonstance au brave peuple élu de l'embouchure... Ne me faites pas dire maintenant que si Macron est dans la merde, ce n'est pas à cause du fumier déversé par des fnseaculteurs, pas en odeur de sainteté entre nous soit dit.   

(2) 37 % des véhiculés jettent par la fenêtre de l'auto, soit presque 4 personnes sur 10 !

(3) à tort ou à raison, dans les confins audois du Golfe du Lion, si on parle de l'orage du 14 juillet comme du coup de mer humide du 15 août, trois jours de Marin sans que le Cers ne vire accompagné au moins d'une averse sinon d'un orage ne faisait pas partie des normes...

(4) la page météo de toutes les chaînes de télé persistent à dire "Tramontane" alors que le Cers se forme en s'engouffrant dans le couloir audois, plus modeste en tous points que le Mistral lié au Rhône. Ces vents sont générés par les basses pressions de la Méditerranée.  

mardi 9 avril 2019

AVEC DES FLEURS ET DES CHANSONS (fin) / Je me fous du monde entier...



Oh mais ça a démarré un cran de plus en amont, grâce à Émilien qui a mis en ligne les grappes opulentes de sa glycine ! Elles ont fleuri tôt cette année ! Les plantes sont comme nous, de la même espèce mais toutes différentes. Par exemple cette glycine de juillet 2014, à Saint-Pierre, avec beaucoup de verdure et peu de fleurs, très en retard, peut-être dans un milieu défavorable, tout à fait à l'opposé de celle d’Émilien. 

 


https://www.youtube.com/watch?v=2SgiC2PaDdA



Serge Lama avec mon salut cordial pour l'ami pérignanais qui a grandi à la Pagèze, cette campagne avec vue depuis le balcon ultime de la Clape, la garrigue dans le dos, l’Aude, les marais et la mer au fond et plein de souvenirs partagés généreusement. Merci Émilien !



Vous êtes perdus ? Moi aussi… Reprenons avec le décor : l’ordi sur le bureau, la télé. 
Banal.

L’ordi m’a montré que les glycines avaient déjà fleuri ! Aussitôt, les printemps qui ont colorié ma mémoire sont revenus avec les giroflées de la rue du bassin et les « Leçons de Choses » du Cours Moyen. 


 "Giroflée, girofla... lève la queue et puis s'en va..."... une chanson encore, dans une version locale... sinon, pardon si ma mémoire flanche. 

Il y aurait bien les glycines mais elles m’obligeraient à lever un coin du voile sur des fantasmes de garçon... Sardou l'a si bien exprimé dès les premières notes : 

 https://www.youtube.com/watch?v=mLY2A8vhdhw

Entre temps, une "amie fb" est venue tourner des pages fermées pourtant depuis deux ans, une éternité, immédiateté technologique oblige. Coïncidence, encore des fleurs, de celles qui poussent au pays, les plus chères, si fragiles sur les dunes, entre mer et sansouire. Ramène moi au pays qui m'a vu naître...
 

Sur ce, les documentaires d’Arte pour que nous considérions la diversité naturelle avec respect et non sous le crible d'une dangereuse productivité à tout prix.  Une autre leçon de choses m’a alors parlé de mauvaise herbe (le livre de "Leçons  de Choses" le dit , ce que je n’ai jamais accepté parce qu’au début de années 50, la vigne de Perrucho, au pied de Caboujolette, était un champ de blé, bien plus haut que moi, avec bleuets et coquelicots… Du bleu, du blond et du rouge pour un symbole bien raciné…

 


Et les 480 « Je me souviens » de Pérec…



Sauf que « Je me souviens, c’est la devise du Québec. Et mon envie de fleurs s’accompagnant de chansons, la première qui est venue, « Frédéric » (1961), pour dire que je me fous du monde entier quand la vie si pleine du pays revient palpiter, toujours sans crier gare, toujours aussi vivante et foisonnante, est de Claude Léveillée, né à Montréal. Heureusement qu’Internet est là !

Oh la Belle Province, déjà un lâchage de la France du roi… j’en ai encore un haut-le cœur. Ça pue chez les absolutistes et plus encore chez les contaminés de la jacobinite. « Vive le Québec libre ! » De Gaulle, heureusement, pour un soupir de consolation.

Oh le Québec, à chaque piqûre de rappel, le vent sur la dune de Pissevaches en a mes larmes aux yeux. André Pédrola, le fils d’Elise, la voisine de ma grand-mère, André, le frère de François dit Francis, le grand copain de papa, a émigré à Montréal dans les années 50. Un homme formidable, de ceux qui passent sans qu’on les remarque ou qui vous percutent du trop-plein d’amour dont ils débordent. André a partagé, voulu donner à voir de son sillage depuis la guerre… Ces hommes-là vous offrent une force plus forte que le vide qu’ils laissent un jour…  Tant que nous parlons d’eux c’est qu’ils sont encore là…     



Je me fous du monde entier. Et pour cause :



« … Après, la vie t'a bouffé
Comme elle bouffe tout le monde,
Aujourd'hui ou plus tard,
Et moi, j'ai suivi.
Depuis le temps qu'on rêvait
De quitter les vieux meubles,
Depuis le temps qu'on rêvait
De se retrouver tout fin seuls,
T'as oublié Chopin,
Moi, j'ai fait de mon mieux.
Aujourd'hui, tu bois du vin,
Ça fait plus sérieux.
Le père prend un coup de vieux

Et tout ça, fait des vieux… »



Devenir vieux... l'unique alternative à la mort... Claude Laveillée a perdu son fils de vingt ans. Lui-même a subi deux avc en 2004, jusqu’à ce qu’un troisième, en 2011, referme son livre, à 79 ans.



C’est ainsi que les hommes vivent et comme le précisait Marcel Pagnol :

« … Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées pas d’inoubliables chagrins.  Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants… »

Je me fous du monde entier...

mercredi 26 décembre 2018

UNE BELLE CUEILLETTE... / L'école publique...

Wikimedia Commons plume sergent-major the copyright holder of this work, irrevocably grant anyone the right to use this work under the following license

"... Plume sergent-major mon amie..." chante Serge Lama... L'école, la classe, le maître plus rarement la maîtresse côté garçons, le porte-plume mâchouillé d'un bout, prune de l'autre de cette encre violette laquée à la pointe de la plume, l'encrier de porcelaine blanche...

"... La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées
Sentait l'encre, le bois, la craie..." 

Odeur des pluies de mon enfance, René-Guy Cadou, 1965 (1)

Bien sûr qu'il comptent tellement, le maître et l'école, communale, républicaine, gratuite, laïque, obligatoire ! L'école procréatrice de destins offre aussi de belles cueillettes, pour marquer l'enfance, arrêter l'heure, le temps de dix petits textes, d'une publication témoignant aussi de l'époque... André (trois du même prénom), Jean-Pierre, Jacques, Renzo, Aimé, Claude, Christian, Roger... ils sont dix contributeurs. Ils ont entre 9ans 1/2 et 13 ans et derrière leurs petites rédactions travaillées mais si personnelles, il y a l'instituteur de l'école de garçons. Il ne dit pas son nom mais met seulement ses capacités, son sérieux, sa modeste mais précieuse exemplarité, sa modernité éducative. Le petit journal mensuel, la petite imprimerie scolaire, c'est la pédagogie Freinet. Nous sommes en 1951-1952. Nos jeunes garçons, pour ceux qui sont toujours là, seront bientôt octogénaires mais gageons que la fraîcheur des jeunes années leur déride et aiguillonne toujours l'existence. 



Souvent je feuillette ce numéro 1, 8ème année, rédigé et imprimé à l'école de garçons de Salles-d'Aude, l'unique entre mes mains, toujours à relire encore parce quelques éclats toujours renouvelés ne demandent qu'à enluminer les têtes.
Cette fois c'est le texte de PUECH Jacques, 10 ans, qui m'a accroché. Si mon esprit buissonnier est  parti entre Noël et Pâques, sous l'olivier chargé ou l'amandier fleuri, c'est le porte-plume aux lèvres, dans une classe sentant l'encre, le bois, la craie que je l'entends lire :

  

PS : entre nous, je préférais la plume "Gauloise", question de caractère...



(1) René-Guy Cadou (1920-1951) au destin poignant... "Je ne ferai que quelques pas sur cette terre", "Le temps qui m'est donné, que l'amour le prolonge." 

photos non autorisées :
2 & 3 serait-ce pour témoigner...
4. Et si c'est interdit, on dessine !

mercredi 19 décembre 2018

ENTRE LE CIEL ET L'EAU / Mayotte





"Une île, entre le ciel et l'eau
Une île sans [...] bateaux
Inculte, un peu comme une insulte
Sauvage, sans espoir de voyage
Une île, une île, entre le ciel et l'eau..." 

Une île 1969 / paroles Serge Lama, musique Yves Gilbert / Album "Et puis on s'aperçoit" 1970. 

Les photos de 1 à 7 sont du 18 décembre 2018 avec une gentille saison des pluies (kashikazi) qui semble avoir commencé... 
Les photos 8 à 13 sont de mai 2018, des débuts de la saison des alizés, la saison sèche (kusi)...




"... Ce serait là, face à la mer immense
Là, sans espoir d'espérance
Tout seul face à ma destinée
Plus seul qu'au cœur d'une forêt
Ce serait là, dans ma propre défaite
Tout seul sans espoir de conquête
Que je saurais enfin pourquoi
Je t'ai quittée, moi qui n'aime que toi..."







[...] Une île, comme une cible d'or
Tranquille, comme un enfant qui dort
Fidèle, à en mourir pour elle
Cruelle, à force d'être belle
Une île, une île, comme un enfant qui dort 

Une île, entre le ciel et l'eau
Une île sans [...] bateaux
Inculte, un peu comme une insulte
Sauvage, sans espoir de voyage
Une île, cette île, mon île, c'est toi..."