Dimanche 1er février 1998.
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960px-Aéroport_Orly_Ouest_2011 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Auteur Lionel Allorge |
Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
Dimanche 1er février 1998.
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Il y a un peu du « Barrage contre le Pacifique » de Marguerite Duras (1950) avec la rancœur accumulée à Mayotte contre une administration enkystée plus encore qu'en métropole, des relents de colonialisme au sens large, dépassant la vision gauchorigide du fait colonial. En prime, les aléas dont le dérèglement climatique, la potentielle menace d'un cyclone, le volcan nouveau qui, ajoutant aux séismes, a fait s'affaisser au moins la côte Est du lagon de vingt centimètres. Quelques éléments parcellaires pour une vision moins distante bien que subjective, de l'intersection immigration et insécurité.
* IMMIGRATION & INSÉCURITÉ : les étrangers plus nombreux que les nationaux (ce n'est pas un gros-mot !) sur un territoire français (et que tous ceux qui voudraient dégainer l'éternelle rengaine onusienne aillent voir mes autres articles sur le sujet !). Des demi-mesures de la part des autorités qui loin d'arranger un tant soit peu enveniment la situation, en particulier à cause d'une jeunesse laissée en déshérence. Ainsi une bonne part de la violence est liée à cette submersion migratoire. Insécurité le jour qui faisait éviter les lieux isolés (on craint à présent de sortir dans la rue), insécurité la nuit qui fait que la population s'enferme et ne traîne pas sur les varangues, insécurité sur les routes pour ceux qui doivent se déplacer. Même les casernes de gendarmerie doivent soutenir des sièges ! Même les forces de l'ordre doivent souvent reculer sous les assauts !
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Les files de voitures laissées pour passer le barrage à pied et s'organiser en vue de continuer une fois de l'autre côté. |
En plus de l'arrivée des voisins, encouragés et peut-être aidés par Azali (les Russes et Biélorusses n'ont pas été les premiers !) pour semer un chaos destiné, à terme, à force de tergiversations françaises, à annexer et faire de Mayotte la quatrième île de l'Union des Comores, pour des raisons de demande d'asile, après des Syriens un temps, Sri-Lankais ou Somalis, à présent, c'est une vague d'Africains des Grands Lacs qui a ajouté au désastre pour avoir monté leur camp de réfugiés sur le seul stade digne de ce nom à Mamoudzou. Bien sûr qu'on ne peut que regretter la guerre terrible du Nord-Kivu, la dévastation intentionnelle des vagins, les victimes par millions, le pillage des ressources par les Occidentaux sinon les Russes et les Chinois... Mais ce n'est pas être nombriliste que de considérer ces réfugiés comme la goutte d'eau ajoutant au tsunami récurrent de violences à Mayotte. Si la France continentale et de l'Outremer prenait sa part au lieu de toujours accabler lâchement une petite île, la population n'aurait pas à se révolter pour sa survie contre une situation invivable.
Les responsables ? En premier lieu une marge de MAHORAIS cyniques, marchands de sommeil, employeurs au noir, laissant s'installer sur leurs terres, complaisants des mariages blancs, des fausses déclarations d'hébergement, d'adoption, dénonçant le clandestin de l'autre. Un état de fait qu'une gouvernance indigne de la part d'une France de toute façon amorale, autorise.
* L'ADMINISTRATION : enkystée bien qu'hors sol, perpétuant quelque peu, la vision en serait-elle caricaturale, du temps des gouverneurs. De toute façon, on vient un temps à Mayotte, un purgatoire en quelque sorte mais bien payé et assurant ensuite une promotion, une mutation avantageuses. On vient un temps, alors pourquoi s'enquiquiner à s'impliquer dans une problématique qui dépasse... autant ne pas entraver son plan de carrière. Que le muzungu, le Blanc, ne fasse que passer sans trop mettre vraiment le nez, arrange les locaux dans leurs petites affaires. Et l'avancée de celui qui se dévoue reste malheureusement dans un tiroir (parfois pour ressortir des années plus tard... une réalité en tous points, lois, projets, très française... Est-ce que la piteuse éjection de la France en Afrique pourrait débloquer ce piétinement de petits pas, ces tergiversations à hue et à dia, ce en même temps véreux, ces affaires étrangères toutes en cachoteries, tout en promesses mensongères ? Faut être optimiste pour espérer un sursaut...
Une partie du barrage dans sa version “acceptée” suite à l'enlèvement, dans un premier temps, des troncs, dans un second, des conteneurs.LE PRÉFET : après la négation du ressenti, Thierry Suquet fait croire que la vie continue, l'économie en étant le principal indicateur. Ainsi, de vivre avec une immigration non contrôlée et une grave insécurité liée pour une bonne part, représenterait un cadre normal et acceptable. À la population de s'adapter au mal chronique ! Samedi 27, le titulaire en poste depuis bientôt trois ans communique « la vie économique, sociale locale reprend son cours. Aucun barrage ne sera toléré...». Le fric, le fric ! et tant pis pour les droits des citoyens ! Résultat : vendredi 2 février : les barrages sont toujours en place (l'île attend le médiateur pour en avancer peut-être dimanche... Pardon de me laisser aller à un parallèle avec Bruno Lemaire mettant à genoux l'économie russe...
Plus globalement, la solidarité gouvernementale fait que de la part de l'autorité, atténuation et banalisation de la réalité relèvent d'une malhonnêteté foncière ayant pour premier principe de contenir la contestation populaire quitte à promettre, à jouer la montre, à berner afin de toujours promouvoir les privilèges libéraux (voir par ailleurs, d'après Julien Bayou, la complaisance du ministre “ Léo Brumaire ” pour les milliards de Lactalis...). Concernant Mayotte, l'essentiel a longtemps été de mettre le couvercle sur l'huile en feu, rien ne devant remonter à Paris ; aspect positif de la modernité, le nom “ Mayotte ” est de plus en plus prononcé, serait-ce pour des complications pouvant augurer de ce qui nous attend dans une métropole à la gouvernance assujettie à l'Europe puisque nos dirigeants promeuvent une souveraineté supra-européenne pourtant complètement anticonstitutionnelle . Allons-nous consentir au viol permanent dû au le libre-échangisme ? (Il ne suffit pas d'avoir le verbe batailleur pour convaincre, monsieur Attal ! ne parlons pas du “ tout et son contraire ” d'Emmanuel Ier !).
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Le lycée, camp retranché... |
LE RECTEUR : comme l'autre, dans la triste réalité de ceux qui ne feront surtout pas de vagues ; solidarité gouvernementale oblige, l'actuel zélé solidaire ne dit rien à la télé des violences dont notre jeunesse et toute la population sont victimes (un doigt coupé alors que la victime se laissait pourtant dépouiller de son portable, coups de machette sur les bras, la tête). Il faut absolument retourner à ce monsieur la citation qu'il vient de faire d'Einstein, à savoir qu'il est idiot de toujours faire la même chose en espérant des résultats différents. Encore un matois de la roublardise érigée en principe de gouvernement... Que ne dit-il rien, Jacques Mikulovic, des jeunes étrangers bacheliers interdits d'études en métropole parce que le titre de séjour territorialisé les bloque dans l'île ? Rappelons-lui charitablement les souvenirs laissés par ses prédécesseurs : un certain Jean-Marie Perrin qui a fustigé en son temps, le vagin des Mahoraises, un secrétaire général (Denis Lacouture), fort de son expérience au Niger et en Mauritanie (comme par hasard), se montrant tout colère parce qu'une de ses prérogatives n'était pas de construire des murs, sans doute ne voulait-il rien savoir des incursions violentes... Venez donc constater qu'entre les plaques en fer, les murs rehaussés, les rouleaux de barbelés, les établissements scolaires ont tout de camps retranchés... Et est-ce que les frais sont, comme ils le furent, défalqués sur des crédits d'enseignement, un budget devant déjà, comme pour la santé, la justice notamment, être partagé avec l'effectif non pris en compte pour la dotation par habitant ? Plus grave, les enfants et adolescents qui doivent être retenus dans les enceintes quand les bandes montent à l'assaut ! Tout peut arriver !toujours vivre avec l'angoisse au ventre ! Un autre de ces lumineux personnages, souvent nomades des mers du Sud (l'un d'eux ne s'est -il pas publiquement vanté de concourir avec son beau-frère à celui qui collectionnerait le plus d'îles, le plus de nominations exotiques ?!) a remercié les Mahorais, d'être patients et gentils au point d'accepter les rotations, à savoir deux classes en roulement par quinzaine, matin ou après-midi dans un même local (et cette théorie du genre qui persiste, wokisme aidant !). Parlons encore d'une certaine Nathalie Costantini qui fait son chemin parmi les huiles, dont le principal leitmotiv à Mayotte fut celui de la "pause méridienne, la paus' méridien' "... sans afficher que c'était pour cadenasser le temps libre d'une jeunesse potentiellement incitée à commettre jusqu'à des violences. cela donne actuellement une majorité de parents qui, après être venu chercher l'enfant à dix heures ne le ramènent simplement pas quelques heures après pour l'après-midi !
Sinon, pardon, il y en a un qui, dans les années 90 a dû faire du bon boulot pour Mayotte parce qu'il a eu la Lozère en retour ! Doublement pardon de ma part puisque j'ai injustement oublié son nom.
* les élus... les locaux, encore des matois campés sur leurs rentes de situation, aussi français sinon plus de ce point de vue que bien de nos édiles métropolitains, de ceux, qui, malins, restent un temps muets avant que de bien sentir d'où vient le vent.
LES SÉNATEURS alertent : Saïd Omar Oili écrit au premier ministre avant le chaos ; le sénateur Thani Mohamed Soilihi, désormais moins en marche et renaissance, soutient le mouvement sans réserve. Selon lui, les Comores ne sont pas un partenaire fiable. À l'image de ce qu'a initié le Royaume-uni, il veut appuyer pour déléguer la gestion des demandeurs d'asile à des pays tiers tels le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda...
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L'enceinte renforcée du lycée pratiquant la rétention des élèves en cas d'attaque de bandes. |
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Jour de distribution d'eau au village. |
Révélé par Médiapart, un rapport si explosif qu'il est caché par le gouvernement depuis janvier 2022.
Un rapport intrinsèquement objectif... complètement à l'opposé de ce que pense et dit Edwy Plenel (mais nous ne sommes pas à une outrance près de sa part, quand bien même le ton serait départi, souriant, pédagogique même). Que dit-il ce monsieur invité par la télé bienpensante ? Dans l'esprit "On a volé un morceau à une entité, à l'archipel des Comores..." c'est tout sauf un argument... dans ce cas Gibraltar est un morceau volé à l'Espagne, les enclaves espagnoles des morceaux volés au Maroc, les Îles Anglo-Normandes devraient appartenir à la France et la Corse à l'Italie à en croire Mussolini !
Qu'est-ce qu'il raconte encore le trotskiste ? Que le territoire occupé par la France, parce que c'est l'Europe, attire l'immigration comorienne... certes sauf que les gouvernements successifs ont bien pris soin de transformer l'île en cul-de-sac : ce n'est pas un marchepied pour la Réunion, pour la métropole et l'UE, l'île est déjà un camp de rétention ! A quoi sert en même temps d'invoquer une solidarité nationale qui non seulement ne trouve pas à s'appliquer mais qui en plus, débouche sur de la non-assistance à territoire en danger !
Et avec ça ? plus grand chose comme il y a longtemps que je n'écoute plus ces émissions boboïsantes à tendance wokiste. Néanmoins, Joseph Krasny, le pseudo renié de Plenel, le solidaire de septembre noir dans l'assassinat, à Münich, en 1972, des sportifs israéliens, en tire des prolongements douteux lorsqu'il évoque un racisme anti-mahorais à la Réunion. Pourtant, en proférant "Band Komor", la Réunion n'est pas plus raciste et venimeuse qu'une France jacobine d'il n'y a pas si longtemps... même s'ils n'ont pas voulu donner de l'eau lors de la grave pénurie d'eau de 2017. Mieux que chez les Etatsuniens, le "melting pot " (que les profs propagandistes nous ont vendu sans bémols dans les années 60) consiste plus à vivre à côté qu'ensemble... Sinon, comme bien des Français, ils sont contre l'immigration.
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Du temps du gouverneur, ses mensonges et ceux de l'État étaient d'un autre ordre. Photo autorisée wikimedia commons |
Alors, ce rapport qui ne permet pas à Plenel d'attaquer bille en tête ? Il suffit de le lire sans se dire de qui ça vient, vu qu'il sert autant les contre que les pour Mayotte française.
Notons (je me permets de prolonger...) :
* il émane des inspections générales de six ministères (santé, justice, éducation, affaires sociales, affaires étrangères, intérieur). 300 personnes entendues sur plusieurs semaines.
* Mayotte, département le plus pauvre de France aux moyens plus faibles que dans les autres outremers (la dotation par élève, par exemple, ne faisait qu'à peine plus de la moitié de ce qui est la norme [je crois l'avoir déjà évoqué sur Avox).
* l'État est débordé par une situation sur le fil du rasoir par rapport à l'acceptable, une offre de santé insuffisante et fragile (même avec le titre de première maternité de l'UE !), un problème migratoire submergeant les capacités de l'État, en retard de deux dizaines d'années, qui a failli à sa mission.
* une insécurité grandissante avec des agressions mortelles (le 15 février dernier, un jeune de 19 ans mort des suites d'une attaque avec barre de fer) (je ne fais pas le lien avec l'immigration...)
* Dard Malin (pardon de garder des réflexes pour échapper à la censure facebouquienne (ils m'ont même interdit de dire "faux-jeton" ! faut pas dire non plus que les Français sont des moutons ou des veaux...) en premier, veut le cacher, ce rapport, lui qui pourtant s'est montré quelques fois dans l'île contrairement à d'autres (Vous le connaissez vous, le délégué aux Outre-mer ?). Sauf que le ministre de l'Outre-Mer est un peu tête en l'air... Quelle idée d'aller dire à la télé locale qu'on ne pouvait rien contre des mineurs ? Ce qui ne peut que conforter ceux qui n'avaient pas encore franchi le pas de la délinquance...
* presque la moitié des logements sont illégaux avec les plus grands bidonvilles de France, qui plus est sur des zones à risques.
* 80% de la population est en dessous du seuil de pauvreté.
* 75 ans d'espérance de vie.
* 1/3 actif au chômage...
* Mais comme c'est huit fois pire aux Comores (1/4 de la population en extrême pauvreté) le mouvement migratoire n'arrête pas malgré les conditions difficiles de traversée, la fermeté nouvelle des contrôles qui ajoutent aux infortunes de mer. Des centaines de gendarmes devraient arriver dès avril, pour renvoyer un maximum de personnes et en priorité celles versées dans la délinquance délictueuse.
* La situation est si alarmante que même l'INSEE n'appliquant que les subtilités de calcul qu'on lui ordonne habituellement (n'avait-elle pas pour consigne de ne pas recenser toute la population, en vue de faire des économies dans la dotation globale ?) prévoit près de 800.000 habitants en 2050 (deuxième parenthèse : est-ce que cela sous-entend que le chiffre officiel des 280.000 habitants actuels est sous-évalué ?).
* les journalistes informant de ce rapport caché mettent l'accent sur l'enfance en danger dont au premier rang ceux qui sont privés d'école (les locaux n'étant pas à l'origine du manque de place, font passer les nôtres, bien que pénalisés par le surnombre, avec une salle de classe pour deux divisions pet un niveau qui s'en ressent, par exemple, les 3/4 au collège ayant des difficultés de lecture [9 x plus qu'en métropole).
* Inquiétude aussi, l'alimentation insuffisante nous ramenant à l'épineuse question des rythmes scolaires imposés de force sous un climat tropical... si encore c'était pour assurer aux enfants un minimum de nourriture, de protéines mais peut-être que les autorités préfèrent se faire valoir en aidant des pays tiers, il est vrai que l'exemple de Mayotte fait tache pour un pays qui se veut dans le peloton de tête des États évolués !
* les jeunes de l'île sont en moins bonne santé qu'ailleurs en France... une situation dont les effets se ressentent dans la délinquance violente (81 % de prévalence des mineurs dans les vols avec violence... ce n'est pas moi qui le dis !). Et une tendance à l'autodéfense quand les cambrioleurs sortent du commissariat avant le cambriolé embourbé dans la paperasse s'il porte plainte (le nombre de plaintes, en lui-même, ne veut plus rien dire.
* en prime, une désorganisation des services, des personnels sans expérience, une faible attractivité du territoire.
Tout va donc tourner autour du renvoi massif aux Comores...
Merci Médiapart, merci Krasny Plenel, si ce rapport n'arrive plus à fourbir vos arguments contre Mayotte, merci d'avoir donné du grain à moudre à Mayotte française.
Bien charitablement à vous qui ne dites rien sur la biodiversité perdue par le déboisement, sur le pillage des ressources halieutiques par les bateaux-usines... et pas que chinois, russes ou coréens...
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photo anonyme de 1975 parue dans le n°29 de 1993 Jana na Leo |
La baie de Boueni, ancien cratère, au loin, le Choungui, son conduit rempli de lave, tout ce qui reste de l'ancienne cheminée... |
Plage de M'tsanyouni, connue aussi en tant que "Tahiti Plage". |
Quand l'initiative économique est tolérée malgré une paillote sur le domaine public. |
Attention, avec le découpage de ma chronique en trois volets c'est X dès les premiers mots !
... les tétons durs jouant les essuie-glace sur ma poitrine. Olivier n'avait que 50 ans : une insuffisance l'emporta. Mort aussi le Lazaré, entreprise à toucher des gains et néanmoins repaire de plaisirs solidaires. Mieux vaut ne pas aller voir ce qu'il y a à la place, l'ère du béton a sabré le rapport séculaire d'un rouge latérite lié aux verts profonds de la forêt primaire, aux clairières défrichées où la lune qui fait pousser éclaire, une lune, jadis égayant le petit peuple entre animisme et islam mais qui ne compte plus que pour rythmer les phases du ramadan.
Qu'est-ce qu'il a chanté Lama, dans la mesure où je ne relève que ce qui me recoupe ? "Une île, entre le ciel et l'eau... tranquille comme un enfant qui dort... fidèle à en mourir pour elle". Comment ne pas évoquer, d'ici, épaulés par quelques relais en métropole, ces hommes et ces femmes qui ont sacrifié leur personne à la cause de Mayotte secouant des chaînes qui sonnaient il n'y a guère, au cou et aux pieds des esclaves déportés d'Afrique ? Des militants de sangs mêlés, prouvant aux simplistes partiaux que la couleur de peau, la religion, ne peuvent piquer qu'au ras des sensitives. Des chatouilleuses pour repousser les envahisseurs, des agitateurs, des orateurs pour mener le peuple, des leaders parce que pour eux, rester français c'est être libre. Une lutte de 55 ans pour arriver au département, le 101e ! Dans les lacets de cette montée au surnom plaisant de "Tourmalet" (70 m seulement mais un mur et cinq têtes d'épingles !), montant sur le plateau de Barakani, dans les bambous et la majesté des frondaisons, ils restent présents, ils vivent en nous. Il faut le dire à nos enfants !
Dimanche, cela fera peut-être une trentaine de fois que la route me fredonne tout ça, et pour cette énième fois, plutôt que de se soumettre à la force de l'habitude, le murmure deviendra grondement jusqu'au plus profond de mon être parce qu'une petite voix me force à l'écrire et que même ébranlé, j'ai un peu la naïveté de croire que ça peut me guérir. Le col d'Ongojou, là où la route passe un des rachis volcaniques coupant l'île en petits bassins. Au levant le versant à l'alizé, au couchant, l'autre plus gras des vents de mousson. Des deux côtés, le lagon, pour la joie des enfants mais sur les plages fréquentées seulement. Plus question, en effet, de chercher la crique pour Robinson ou celle des amoureux. Dans les phases aigües, l'insécurité violente a même amené les gendarmes à accompagner des groupes constitués de promeneurs invités à faire connaître à l'avance leur balade.
Ongojou : là-haut, le vieil Ali fait corps avec son champ. Ses ylangs alignés embaument mais la fleur se ramasserait à perte, d'ailleurs il a démonté les rigoles de bambous pour l'eau de l'alambic, il a vendu les cuves. Qu'importent ces quelques sous, l'inquiétant est qu'on ne vit plus en paix dans ce paradis perdu. Une année on lui a razzié les vaches, quelques mois en arrière, ce sont les chiens errants qui lui ont dépecé un veau vivant, régulièrement des cocos, des régimes de bananes disparaissent, il y a quelques jours un grand avocatier a été dépouillé, des fruits par la suite vendus au bord de la route. J'en oubliais la phalange qui lui manque, alors qu'il gardait un lotissement de wazungus, de Blancs... cela marquait les débuts d'une violence parfois sanglante (années 2000), l'insécurité des braves gens qui se mettent en cage derrière des barreaux aux fenêtres, des portes en fer, les descentes en brousse de bandes de voyous, les attaques, la nuit, des barreurs de routes, les enfants des rues en maraude qui deviennent de jeunes adultes meurtriers comme ces chiens errants. Sur la parcelle mitoyenne issue du partage, son frère presque aussi âgé, ce ne doit être qu'une coïncidence mais qui vient de perdre son fils d'une quarantaine d'années, tué à la machette par une meute d'enfants-loups. Est-ce par fatalisme que ces faits plus que divers n'entament pas une dignité non seulement sans haine mais silencieuse qui plus est. Et s'ils aiment la France, c'est malgré nos dirigeants politiques pourtant si imparfaits. Un Etat si déloyal envers ses gens simples et respectables et trop enclin à servir les gros intérêts... (à suivre)