Troisième semaine de blocage à Mayotte. La population proteste en premier
contre l’insécurité (l’INSEE publie une baisse de 9 %, répétée à l’envi par le
préfet et nos ministres, sauf que ce beau monde feint de ne pas savoir que les
gens ne déposent plus plainte par lassitude). L’éducation, la santé, la justice
souffrent également du mépris toujours ambiant de la part de Paris. Les
palanquées de fonctionnaires (surtout « hauts » et particulièrement à l’Éducation), porteurs de civilisation se croient en terre de mission mais
viennent surtout parce que Mayotte est un marchepied dans leur plan de carrière…
Et à Paris, même passé sous la phalange du gros orteil, Mayotte reste encore un
caillou dans le soulier français.
INSÉCURITÉ, c’est d’abord vivre en cage sur sa varangue et derrière des
barreaux et des portes en fer la nuit. L’insécurité, c’est cette policière
réveillée dans son sommeil par des jeunes, tee-shirt sur le visage qui attaquent un
volet en bois et reviennent la nuit suivante avec un pied-de-biche ! La
femme d’un sous-préfet aussi a été attaquée chez elle. Un jeune que les voyous
ont fait tomber pour son scooter et qui est hémiplégique depuis. Un
entrepreneur tailladé à coups de machette il y a peu. Un gardien de nuit dont
on a coupé deux doigts ! S’il y a toujours des réseaux complices de
Mahorais pour tous les trafics vers Anjouan (magasins
« Marchandises de Mayotte »), la surpopulation d’émigrés clandestins
pèse dans cette délinquance que les grévistes voudraient qualifier de
« terrorisme ». Le problème est là, non seulement on se fait
dépouiller mais une violence extrême atteint au lynchage.
Une insécurité du quotidien s’est introduite dans les transports et les établissements
scolaires. Les transporteurs étaient en grève une semaine avant les congés pour
des caillassages répétés. La préfecture met un policier dans certains bus comme
elle le fit pour accompagner des randonneurs regroupés du dimanche (les plages
désertes sont fortement déconseillées, même en groupe). Les personnels des
lycées de Kahani et de Tsararano exerçaient leur droit de retrait encore veille de
ces 15 jours de vacances scolaires. La police, la gendarmerie font le maximum
avec 40 % des effectifs affectés aux établissements.