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lundi 13 mars 2023

MAYOTTE ! un rapport explosif !

Révélé par Médiapart, un rapport si explosif qu'il est caché par le gouvernement depuis janvier 2022.

Un rapport intrinsèquement objectif... complètement à l'opposé de ce que pense et dit Edwy Plenel (mais nous ne sommes pas à une outrance près de sa part, quand bien même le ton serait départi, souriant, pédagogique même). Que dit-il ce monsieur invité par la télé bienpensante ? Dans l'esprit "On a volé un morceau à une entité, à l'archipel des Comores..." c'est tout sauf un argument... dans ce cas Gibraltar est un morceau volé à l'Espagne, les enclaves espagnoles des morceaux volés au Maroc, les Îles Anglo-Normandes devraient appartenir à la France et la Corse à l'Italie à en croire Mussolini ! 

Qu'est-ce qu'il raconte encore le trotskiste ? Que le territoire occupé par la France, parce que c'est l'Europe, attire l'immigration comorienne... certes sauf que les gouvernements successifs ont bien pris soin de transformer l'île en cul-de-sac : ce n'est pas un marchepied pour la Réunion, pour la métropole et l'UE, l'île est déjà un camp de rétention ! A quoi sert en même temps d'invoquer une solidarité nationale qui non seulement ne trouve pas à s'appliquer mais qui en plus, débouche sur de la non-assistance à territoire en danger ! 

Et avec ça ? plus grand chose comme il y a longtemps que je n'écoute plus ces émissions boboïsantes à tendance wokiste. Néanmoins, Joseph Krasny, le pseudo renié de Plenel, le solidaire de septembre noir dans l'assassinat, à Münich, en 1972, des sportifs israéliens, en tire des prolongements douteux lorsqu'il évoque un racisme anti-mahorais à la Réunion. Pourtant, en proférant "Band Komor", la Réunion n'est pas plus raciste et venimeuse qu'une France jacobine d'il n'y a pas si longtemps... même s'ils n'ont pas voulu donner de l'eau lors de la grave pénurie d'eau de 2017. Mieux que chez les Etatsuniens, le "melting pot " (que les profs propagandistes nous ont vendu sans bémols dans les années 60) consiste plus à vivre à côté qu'ensemble... Sinon, comme bien des Français, ils sont contre l'immigration.  

Du temps du gouverneur, ses mensonges et ceux de l'État étaient d'un autre ordre. Photo autorisée wikimedia commons

Alors, ce rapport qui ne permet pas à Plenel d'attaquer bille en tête ? Il suffit de le lire sans se dire de qui ça vient, vu qu'il sert autant les contre que les pour Mayotte française. 

Notons (je me permets de prolonger...) : 

* il émane des inspections générales de six ministères (santé, justice, éducation, affaires sociales, affaires étrangères, intérieur). 300 personnes entendues sur plusieurs semaines. 

* Mayotte, département le plus pauvre de France aux moyens plus faibles que dans les autres outremers (la dotation par élève, par exemple, ne faisait qu'à peine plus de la moitié de ce qui est la norme [je crois l'avoir déjà évoqué sur Avox). 

* l'État est débordé par une situation sur le fil du rasoir par rapport à l'acceptable, une offre de santé insuffisante et fragile (même avec le titre de première maternité de l'UE !), un problème migratoire submergeant les capacités de l'État, en retard de deux dizaines d'années, qui a failli à sa mission. 

* une insécurité grandissante avec des agressions mortelles (le 15 février dernier, un jeune de 19 ans  mort des suites d'une attaque avec barre de fer) (je ne fais pas le lien avec l'immigration...) 

* Dard Malin (pardon de garder des réflexes pour échapper à la censure facebouquienne (ils m'ont même interdit de dire "faux-jeton" ! faut pas dire non plus que les Français sont des moutons ou des veaux...) en premier, veut le cacher, ce rapport, lui qui pourtant s'est montré quelques fois dans l'île contrairement à d'autres (Vous le connaissez vous, le délégué aux Outre-mer ?). Sauf que le ministre de l'Outre-Mer est un peu tête en l'air... Quelle idée d'aller dire à la télé locale qu'on ne pouvait rien contre des mineurs ? Ce qui ne peut que conforter ceux qui n'avaient pas encore franchi le pas de la délinquance...  

* presque la moitié des logements sont illégaux avec les plus grands bidonvilles de France, qui plus est sur des zones à risques. 

*  80% de la population est en dessous du seuil de pauvreté. 

* 75 ans d'espérance de vie. 

* 1/3 actif au chômage...

* Mais comme c'est huit fois pire aux Comores (1/4 de la population en extrême pauvreté) le mouvement migratoire n'arrête pas malgré les conditions difficiles de traversée, la fermeté nouvelle des contrôles qui ajoutent aux infortunes de mer. Des centaines de gendarmes devraient arriver dès avril, pour renvoyer un maximum de personnes et en priorité celles versées dans la délinquance délictueuse.

* La situation est si alarmante que même l'INSEE n'appliquant que les subtilités de calcul qu'on lui ordonne habituellement (n'avait-elle pas pour consigne de ne pas recenser toute la population, en vue de faire des économies dans la dotation globale ?) prévoit près de 800.000 habitants en 2050 (deuxième parenthèse : est-ce que cela sous-entend que le chiffre officiel des 280.000 habitants actuels est sous-évalué ?).   

* les journalistes informant de ce rapport caché mettent l'accent sur l'enfance en danger dont au premier rang ceux qui sont privés d'école (les locaux n'étant pas à l'origine du manque de place, font passer les nôtres, bien que pénalisés par le surnombre, avec  une salle de classe pour deux divisions pet un niveau qui s'en ressent, par exemple, les 3/4 au collège ayant des difficultés de lecture [9 x plus qu'en métropole). 

* Inquiétude aussi, l'alimentation insuffisante nous ramenant à l'épineuse question des rythmes scolaires imposés de force sous un climat tropical... si encore c'était pour assurer aux enfants un minimum de nourriture, de protéines mais peut-être que les autorités préfèrent se faire valoir en aidant des pays tiers, il est vrai que l'exemple de Mayotte fait tache pour un pays qui se veut dans le peloton de tête des États évolués ! 

* les jeunes de l'île sont en moins bonne santé qu'ailleurs en France... une situation dont les effets se ressentent dans la délinquance violente (81 % de prévalence des mineurs dans les vols avec violence... ce n'est pas moi qui le dis !). Et une tendance à l'autodéfense quand les cambrioleurs sortent du commissariat avant le cambriolé embourbé dans la paperasse s'il porte plainte (le nombre de plaintes, en lui-même, ne veut plus rien dire.   

* en prime, une désorganisation des services, des personnels sans expérience, une faible attractivité du territoire. 

Tout va donc tourner autour du renvoi massif aux Comores...  

Merci Médiapart, merci Krasny Plenel, si ce rapport n'arrive plus à fourbir vos arguments contre Mayotte, merci d'avoir donné du grain à moudre à Mayotte française. 

Bien charitablement à vous qui ne dites rien sur la biodiversité perdue par le déboisement, sur le pillage des ressources halieutiques par les bateaux-usines... et pas que chinois, russes ou coréens... 

photo anonyme de 1975 parue dans le n°29 de 1993 Jana na Leo


  

vendredi 2 novembre 2018

A QUELLES & DANS QUELLES CONDITIONS DE TRAVAIL ET DE LOGEMENT ?



Les photos proviennent du fonds André Cros aux archives Municipales de Toulouse. A ce propos, voir le précédent article sur les travailleurs temporaires espagnols : VENDEMIOS… VENDIMIAS, vendimiadores / Les vendangeurs espagnols. 



A QUELLES CONDITIONS viennent-ils, ces vendangeurs ?
Un migrant, temporaire ou définitif, accédant à un autre pays, subvient mieux à ses besoins mais gagne moins que les nationaux si les montants légaux horaires ne donnent pas à s’appliquer, en cas de travail dissimulé notamment. 

En 1966 le salaire est de 3,5 Francs de l’heure avec 3 litres de vin pour les travaux d’hommes (soit 36,34 euros de 2017 + 3,60 € de vin sur la base du vrac à la coopérative) et de 2,75 Francs pour un travail de femme avec 2 l de vin (soit 28,55€ + 2,40€ de vin). Pour info, le kilo de pain est à 0,76F soit 0.99 € de 2017.  

En 2018, avec 30 % de plus par rapport à l’Espagne (9,88 €/h au lieu de 6,54 €) et des heures supplémentaires mieux payées, le travail en France reste intéressant.

1966 – 2018, difficile de comparer l’INSEE étant complètement à la botte du pouvoir… Juste pour nous donner à réfléchir… un comparateur d’inflation dit crument que les 78,80 € de 2018 ne correspondent qu’à 9 € de 1966… Les vendangeurs d’aujourd’hui seraient 4 fois moins payés qu’en 1966 ? N’en faisons pas une vérité même si la tendance est plausible avec la mondialisation, la planète se déclinant seulement par le fric qu’elle rapporte, qu’elle rapportait plutôt puisque nous avons entamé le capital début août cette année et que ce sera en juillet en 2019…   

Bénéficiant de salaires encadrés par la loi, une majorité satisfaite de vendangeurs passant les Pyrénées souhaite revenir travailler dans les vignobles français, d’après le syndicat UGT FICA. Mais combien viennent encore sans la protection apportée par des contrats en bonne et due forme ? En 1998, cette main-d’œuvre représentait encore le tiers des effectifs : sans contrat, sans Sécurité sociale, exclus des congés payés, ils se retrouvaient, qui plus est, sous-payés par des patrons malhonnêtes et sans scrupules ! La façon de les loger participe aussi des conditions qui leur sont faites. 



DANS QUELLES CONDITIONS SONT-ILS HÉBERGÉS ? 
Dans les années soixante, comme pour nous, une ampoule électrique blafarde et l’eau froide au robinet étaient la norme. Beaucoup se lavaient au puits et allaient chercher l’eau potable aux fontaines publiques.  

Dans Le Carignan j’avais noté  « Les vendangeurs, parfois logés à la rude, dans la paille », ce qui était le cas pour ceux de notre voisin d’alors, par ailleurs un brave homme.
Dans Caboujolette, mon père avait précisé :
« … Ce jour-là, le voisin préparait la paille pour ses vendangeurs. Il la montait à l’étage, portaillère grande ouverte. J’ai raconté cela à mon père (mon grand-père donc), qui l’a vivement critiqué :
« Traton lo mounde como de bèstios. Nosautris b’avem pas jamai fait. Los vendemiaires cochabon à l’ostal e manjabon amé nosautris. » (« Ils traitent les gens comme des bêtes. Nous autres, n’avons jamais fait ça. Les vendangeurs dormaient à la maison et mangeaient avec nous. »)
 Quand on se conduit comme il faut, on peut demander du bon travail… »



A Fontcouverte, chez le docteur Lignières (2013), des petites maisons individuelles jouxtent le château et chaque semaine, la patronne leur fournit un surplus de nourriture : riz, pommes de terre mais aussi poisson et viande…

A Rivesaltes, en 2014, un propriétaire souligne les complications contractuelles qui l’obligent, pour se protéger, à mentionner sur le contrat qu’il est interdit de vendanger pieds nus et de dormir à l’ombre sous le tracteur, et même qu’il ne faut pas mettre ses doigts entre les lames du sécateur. Il ajoute qu’aujourd’hui, si on logeait les vendangeurs comme dans les années 60, ce serait pour finir au tribunal tant les conditions devenues excessives contreviennent à de nombreux articles du Code du Travail ! Il finit en disant que tout doit être désormais cadré et que parallèlement on a perdu le bonheur des vendanges, qu’on ne chante plus dans les vignes, qu’on ne caponne plus les filles qui ont oublié un raisin (un garçon que l’usage autorisait à embrasser, lui barbouillait le visage avec la grappe qui devait compter un nombre minimum de grains !).

Le puissant syndicat UGT FICA conclut en définitive en critiquant l’agriculture en Espagne où des conditions indignes « étaient » faites aux travailleurs ! Aucun respect des conventions collectives, avec des contrats non valables, trop d’heures au rabais et certainement pire encore concernant la main-d’œuvre clandestine.
Nos vendangeurs viennent d’Espagne alors qu’à l’époque de Zapatero premier ministre (vers 2010), c’étaient des Bulgares et des Roumains qui récoltaient en Castilla la Mancha, dans ce qui est désormais considéré comme le plus grand vignoble du monde.  Grâce à Zapatero justement, des amendes sont tombées contre les gros propriétaires, ces caciques influents, ces exploiteurs continuant à recruter leur personnel au noir le matin sur la plaza, laissant les indociles sur le carreau dans un même mépris cynique que celui perpétué par la clique franquiste  !