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mercredi 16 octobre 2024

PROVENCE RHODANIENNE (8) Pour solde de tous contes (1)...

Un huitième volet pour constater que les sept précédents auraient tout dit ? Serait-ce, au contraire, conclure avec des résidus sinon garder le meilleur pour la fin ? Il est vrai qu'après la géographie, l'Histoire, le Mistral, la mythologie, la religion, le roman, le gothique, les moutons, ânes, chevaux, les mules, malgré une présence plus marquée de Bosco et surtout de Daudet, c'est à peine si nous avons abordé le monde de la création, de l'art, l'unique dimension permettant de se dépasser, d'exalter l'homme jusqu'à un « H » majuscule si improbable tant sa nature profonde est vile... 

Alphonse_Daudet Domaine public Auteur Étienne Carjat (1828-1906)

Alors oui pour un huitième volet. Et puisque avec Robert Miras et Hugues Aufray, nous avons évoqué la chanson, (rabaissée au niveau de chansonnette par des débineurs élitistes agacés, fermons la parenthèse), comme nous avions relevé le petit cabanon ou l'adieu à la « Venise Provençale », 1934, de Vincent Scotto (1874-1952), « Magali », 1962, de Robert Nyel (1930-2016), avec le refrain en provençal « ... L’amour que pourra pas se taïre, e ne jamaï se repaua, Magali... ». Quelles paroles ensoleillées encore ? Qui encore ? Et qui aidera à étoffer le peu me venant à l'idée ? 
Gilbert_Bécaud_in_Rome 1972 Domaine public Auteur inconnu.

D'une manière générale, Mireille Mathieu (1946), Michèle Torr (1947), plus subjectivement, « Les Marchés de Provence », 1957, de Gilbert Bécaud (1927-2001) et Michel Sardou (1947) au moins pour « Je viens du Sud » 1981 (si bien reprise par Chimène Badi). 

Pour le reste, terme si euphémistique pour désigner les artistes, surtout en lettres, qui ont marqué de leur présence cette Provence du Rhône, de naissance et de vie sinon par choix personnel, pardon pour de si maigres ressources, déficientes, si subjectives, loin d'être exhaustives, là seulement manière de dédouaner, devant suivre un fil conducteur, faire illusion. 

Considérant en gros le Comtat depuis les enclaves aujourd'hui dans la Drôme, d'abord, proche de Valréas, le village de Grignan, à cause de la comtesse éponyme (1646-1705), restée dans les mémoires pour les centaines de lettres adressées par sa mère, Madame de Sévigné, la marquise (1626-1696) (Mère et fille décédèrent toutes deux à Grignan) ; une correspondance d'une rare modernité, ouverte sur le siècle du Roi Soleil. 

Max_Gallo salon du livre Paris 14_mars_2009 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Auteur ΛΦΠ

Max Gallo (1932-2017), atteint par la maladie de Parkinson, meurt à Vaison-la-Romaine. Sa vie, sa trajectoire peuvent se comparer à ce que la France a vécu. De parents pauvres immigrés du Piémont, à force de volonté, il illustre un ascenseur social qui ne progresse dans les étages qu'à condition de tirer soi-même sur la corde. Titulaire d'un CAP de mécanicien-ajusteur, il est passé au doctorat et à l'agrégation d'Histoire. Politiquement, suite à un moment communiste, il se révèle jusque dans les hautes sphères socialistes, auprès de Chevènement, de Mitterand, pour, finalement, soutenir Sarkozy en 2007... un passage peut-être sinon effectif entre les illusions de gauche et une réalité restée droitière... De l'auteur prolifique de plus d'une centaine d'ouvrages, romans, suites historiques, de l'académicien, je retiens le « vivre au pays », qui, dit-on, depuis le lycée où il était maître-auxiliaire, le faisait partir aux vacances pour une longue diagonale à destination de Nice, en vespa ! Et son séjour à Vaison, sa tombe à Spéracèdes auprès de ses parents, n'ouvrent-ils pas sur un questionnement à propos du Midi dans ses versions azuréenne sinon rhodanienne ? (à suivre)

dimanche 1 septembre 2024

INDIEN des vieilles LUNES, “ Tchécoslovaquie ” (30)

Rokycany, jamais ils n’avaient vu le parking du Kaufland si plein… est-ce afin que les gens puissent se libérer le week-end ? Ou sinon, comme partout, l’invasion automobile ? Stationnement obligé sur la zone urbaine… l’Indien a du mal, il lui faut du temps avec tout ce qui est nouveau, trop moderne, trop rapide, ici, le paiement à l’horodateur (heureusement que son fils est là ! / 1 heure… 10 KC soit 0.40 €, on en sourit). La banque de la petite place (Malé Náměstí) n’assure plus le change. Une dame les informe qu’un change officie au bout de cette artère centrale, traversant tout le centre-ville, presque jusqu’à l’entrée du sens unique vers la gare en direction de Prague. L’officine ne prend pas de commission mais applique un change plus coûteux que le cours officiel, faut bien qu’ils vivent (dans les 2% de commission, ce qui semble raisonnable). 
 
Carte postale ancienne... libre de droits, j'espère...

La Petite Place en 1980.

Rokycany pourrait n’être que sur la route de Prague et pourtant comme bien des localités, ici sur la voie royale, avec ses dispositions particulières, pour une bonne part liées au fond même de l’âme tchèque, elle a de quoi arrêter le voyageur. Bière, musique, chansons expriment, et c’est heureux, cette âme tchèque sensible à la beauté, à la poésie, baignée d'une  culture vivante car populaire ; habituellement elle se cache dans l’énergie au travail et cet état d’esprit à ne jamais laisser s'envoler le temps utile (alliée au système D, à une solidarité de classe résiliente, résistante face à l’arrogance politique de l'ordre ancien puis des apparatchiks du bloc de l'Est, inconditionnels d'un système leur assurant des privilèges). 

 

Le logo, l'insigne, le Pégase tchèque pour les stations d'essence d'État.

Sortir de la ville, c'est passer la Klabava, encore un affluent de la Berounka, au lit en dur sans doute afin d'évacuer au plus vite une montée des eaux ; à droite des immeubles d'habitation sans trop d'étages, à taille humaine ; en face, une vieille auberge, historique, réputée pour sa soupe aux tripes sous les voûtes moyenâgeuses ; en limite d'agglomération, la station d’essence est toujours au même endroit bien que d’une firme actuelle dans le bleu, tranchant avec les rouge et jaune d’antan datant du collectivisme (encore un signe apparent du temps qui est passé et pas que pour les autres). Dans un instantané de ce temps enfui passe une Dauphine pastel, bleue… ils sont six dans une si petite voiture et parce qu’un instant magique sinon un silence est tombé, quelqu’un a fredonné sans trop se demander si un chœur allait suivre : « Do Rokycan, cestičku znám,... »

« Do Rokycan, cestičku znám,... » (Pour Rokycany, la petite route, je la connais). Si les paroles se sont envolées, l’air est là ; alors il cherche avec les moyens de l’époque, l’Internet bien sûr. Fausse piste ? bonne pioche ? la recherche affiche « U Rokycan vesničku znám, » (Vers Rokycan, je connais un village), sur une mélodie semblable, un nombre de pieds équivalent. Le thème, éternel, du pays natal (sinon de celui qui a accueilli, ouvert ses bras). Rappel d'un bon moment au collège avec Joachim du Bellay « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage […] Et puis est retourné… ». Et ici, celui qui finalement se retrouve là où la région natale l’appela, le fit naître « … přece bych nakonec došel tam kde rodný kraj mě zval… », à entendre la musique il sait qu’il y est. Comme il s’agit d’une chanson, il se doit de retenir une larme  « … slza v oku zaleskne se…». Ne manque que la chaumière avec la fenêtre d’où maman faisait signe : dans ces chansons, figurent la mère sinon la fiancée tandis que dans les chansons à boire, hardies se font les paroles de séduction, à la limite de l'étreinte... Autour de la petite ville, de quel village parle-t-il, lorsque, marchant depuis la gare de Rokycany, il reconnaît le clocher de l’église puis les arbres familiers ? « Vidím už kostelní vížku, stromy mě vítají ». Ultime image avec sa note rustique, et qui revient dans le bonheur de retrouver les siens ou la fiancée, la fille, la femme aimée, ou parfois, à l’opposé, signe de rupture quand l’amoureux rend la clé, celle du portail ou portillon du jardin donnant sur la maison.

Toute vadrouille dans la campagne, toute traversée de village, entre l’église et l’auberge ne peut s’empêcher d’aborder ce thème déjà ancien, par certains aspects, universel.

Après Borek (et ses abords de l’étang qu’il serait intéressant de voir à condition de savoir par où accéder), Svojkovice et la descente vers le coin de baignade… (à suivre).  

PS : pardon pour les essais très approximatifs de traduction... toute proposition de correction sera positivement reçue...      

jeudi 20 juillet 2023

RESÈTE

Tiens, le stade s’appelle Louis Michel ? Louise, le prénom féminin est plus connu, même à Sète.

A proximité de la gare (« Terminus en gare de Sète »), le pont levant nous stoppe, l’occasion de dire un mot (on ne fait que ça !) sur ceux de la ville pouvant justifier une vision moderniste, très moderniste de « Venise méditerranéenne » loin de rappeler la Sérénissime. Cinq ponts tournent et se lèvent, afin et seulement pour quelques minutes, laisser passer les bateaux, pas les gros,  plutôt entre l’étang et la ville, là où les péniches du canal du Midi n’arrivent plus.

Autres personnalités liées à la ville :  

* Jean Rodor (1881-1967), parolier et chanteur. Son nom va avec celui de Vincent Scotto (Sous les ponts de Paris (1913), La Vipère (1921), Ramuntcho (1944), etc., ainsi que l'adaptation française de Reginella. Il meurt à Paris. 

* Louis Izoird (1886-1974), compositeur de La Caissière du Grand Café (1914) ; et avec Jean Rodor Le Légionnaire (1911).

Pas étonnant si Sète suivait assidûment les sorties de chansons à la TSF. Dans la famille Brassens, toute la famille chantait... Georges connaissait toutes les chansons de Charles Trenet (1913-2001)... Ils ont eu chanté ensemble mais ce n’est pas allé plus loin, l’entente, l’amitié n’ont pas pris... Ne seraient-ils pas spéciaux, ces quelques uns au-dessus du lot, suivis, imités, idéalisés ?  Ces célébrités ont quelque chose de plus que le commun des mortels, déjà le caractère pas toujours facile à suivre, sûrement. 

Charles_Trenet-1977 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic FileAlain Meilland Charles Trenet printemps de bourges 1977.jpg Paul kiujcom


Avec Ramuntcho, j’aimais écouter Les lavandières du Portugal, C’est l’histoire d’un amour (Gloria Lasso), les Gitans (Les Compagnons de la chanson). Et au milieu, mais sur des disques prêtés par les filles Comparetti (non, pas Italiennes d’origine, Corses par le papa, Sébastien, une belle personne qui m’a marqué, mécanicien de son état jusqu’au tour où il s’attelait à usiner les pièces introuvables), surtout Le parapluie de Brassens vers 1957-58, ce qui tendrait à prouver qu’il a percé et eu du succès malgré les radios, grâce aux récitals, aux tournées (on ne l’entendait pas sur les ondes d’État ; par contre les critiques agressives ne manquaient pas « toutes les chansons se ressemblent », « et dzin et dzin, comme Guy Béart », « il dit des gros mots », « Ièu te lou foutrio en tolo » lançait mon grand-père menaçant de la prison, mais pour rire, comme pour les chanteurs à cheveux longs)... Le p’tit ch’val dans le mauvais temps me touchait et continue de me toucher beaucoup (les chevaux, les ânes, mulets parmi nos animaux familiers, et les chats contre ceux qui, forts de leur domination, envoient leurs chiens attaquer).... Et « La Mer » de Trénet bien qu’avec les années, comme envers un versatile qui vous oublie puis tient à vous, j’ai eu et j’ai toujours un reproche à faire, oh juste pour un petit « des » mettant le « Golfe » au pluriel, aveu de sa part d’une fidélité relative au Narbonnais.  

Sardane et Gegants 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur photographe anonyme pour Canet-en-Roussillon

« La mer, qu’on voit danser, le long DES golfes clairs... », le Golfe du Lion, exclusif méritait qu’il chantât « DU »... mais prenez-le de la part de qui ça vient, d’un ver de terre mal sapious, qui s’en sait mal, trop susceptible bien que sous la semelle d’un géant (Trenet s’est quand même installé sur la Côte d’Azur et Brassens en Bretagne). Je l’adore pourtant, Charles Trenet, aimer étant accepter l’autre tel qu’il est... D’ailleurs, je ne sais plus où est passé le CD et ça me tarabuste, croyez-le bien... La sardane, Mes vertes années, Que reste-t-il..., Boum, Tombé du ciel... Une agante, j’en ai eu une aussi avec Brassens, avant de vite me raviser pour Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part : la différence entre ceux qui disent « Je suis de là et j’aime » et ceux qui impliquent agressivement leur lieu de naissance « Je suis de là et vous, pour cette raison, ne me valez pas ». 

vendredi 28 janvier 2022

...ASPERGES VERTES, AMANDIERS BLANCS...

Non, il n'y a pas de comparaison possible entre la flopée d'amis entre guillemets des réseau sociaux et les copains de toujours du réseau du cœur, du quartier, du village. Bien sûr que la vie, en plus de ceux qui s'aiment, sépare ceux qui ont fait un bout de chemin d'enfance ensemble. Pourtant, parfois, l'informatique permet de renouer avec certains de ses camarades d'école, de ses copains du quartier. 

Nous avons joué aux billes, refait le monde à la nuit tombante, et parlé des filles, aux abords du parc de Gibert, même en hiver quand plusieurs couches d'habits arrivent mal à empêcher la froidure du Cers de pénétrer...

"... Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli..."
chantait Montand dès le début des années 50.  

On a couru ensemble le coteau de Fontlaurier sans la peur mais sans trop approcher non plus la masure et le feu des gitans, sur l'aire devant. 

"... Chante gitan,
Ton château en Espagne.
C'est le chant des errants qui n'ont pas de frontière,
C'est l'ardente prière
De la nuit des gitans."
chantaient les Compagnons de la Chanson, et Dalida aussi (vers 1958). Je ne préméditais pas de raconter ces souvenirs en chansons mais comme elles accompagnaient et encadraient bien nos premières impressions et sensations ! 

Quelle magie quand on est gosse ! quelle impression de pays béni ce coteau de Fonlaurier ! En vis à vis, la colline du moulin, en limite le tracé ondoyant allant vers les quatre chemins, bordé tout le long, d'amandiers, de bouteilhetiers (azeroliers), de touffes de genêts, de mattes d'asperges. En haut une garriguette parfumée de thym. Tout au bout encore des moulins et le phare dans le souvenir des avions de l'Aéropostale !

Oui, il est entré loin en nous, ce coin qui nous a vu grandir. Nous y avons déterré les poireaux sauvages dans des vignes en larges terrasses, cueilli les asperges sauvages de ses hauts talus, goûté la magie de la fleur d'amandier qui réveille les abeilles pionnières et nos premiers émois d'adolescents... 

"Quand nous jouions à la marelle
Cerisier rose et pommier blanc
J'ai cru mourir d'amour pour elle
En l'embrassant..."
chantait André Claveau, toujours dans ces années 50.

Alors quand un copain de toujours, après les soixante et quelques années qui nous voient survivre aux rouleaux et remous de leurs vagues, publie, du premier bouton au diadème entier de la ramure, son premier amandier fleuri de 2022, sa première botte d'asperges, tous ces souvenirs reviennent fort : ce paysage, ses couleurs, son relief particulier, ce ciel toujours aussi bleu, l'ambiance de la vie d'alors... 

Merci Loulou de mon quartier pour ton partage sur l'Internet... On boira un coup, lou cop qué vèn, la fois prochaine, on revivra Fontlaurier, les gitans, les filles qui nous faisaient jouer à la marelle, la fleur d'amandier messagère des jours meilleurs, tant qu'on peut encore faire la nique à "la nuit froide de l'oubli"...    


Photo Loulou Jourdain (12 janvier 2022) Merci Loulou.

Photo Loulou Jourdain (12 janvier 2022) Merci Loulou.

Asperges sauvages 24 janvier 2022. Photo Loulou Jourdain aimablement prêtée comme celles qui précèdent. 


samedi 2 octobre 2021

LES VENDANGES EN FAMILLE / Fleury-d'Aude en Languedoc

"... Quand le raisin est mûr, par un ciel clair et doux,
Dès l'aube, à mi-coteau, rit une foule étrange..." 
Les Vendanges - Aloysius Bertrand. 
 
Bien sûr les chansons à boire aidant à cueillir, parfois grivoises, paillardes, dans l'excès pour masquer le naturel amoureux et charnel, l'attirance... En famille, c'est un autre registre, tout en retenue, d'autant plus que le jeudi ou en fin de semaine, les enfants mènent aussi la rangée. Et puis l'oncle Noé savait aussi jouer de charme et de tendresse...  
 
Chanson : 
"... « Michaëla la brune, Ce soir au clair de lune, Comme par le passé, Nous irons nous griser / De baisers » ? C’est « pâle de fureur : (qu’) Antonio le pécheur / luTT (à prononcer comme "luth", l'instrument NDM) ce mot qui lui brisa le cœur » après lui avoir impérieusement demandé : 
« Quel est donc ce billet / Entre tes seins cachés, / Michaëla ? » C’était aussi une chanson qui revenait régulièrement aux vendanges..." (1) 
 
A onze heures, le repas à la vigne : 
"... Nous avions sans doute au menu, mamé Ernestine et moi, une omelette avec des tomates en sauce, ou bien des pâtes – nouilles ou coquillettes – avec de petits morceaux de viande, je ne sais plus quel était le « plat de résistance ». Etienne, lui, avait surtout un long morceau de saucisse qui faisait envie. Mais ni gril, ni poêle. Pendant que le feu crépitait au-delà du chemin poudreux, dans le minuscule champ de luzerne qui séparait nos deux vignes, à quelques pas de là il s’était mis en quête, le long de la rivière voisine, d’une branche fourchue qu’il finit par trouver, une espèce d’Y énorme auquel il eut tôt fait d’appointer les deux branches à l’aide de son couteau de poche. La saucisse une fois piquée dessus, il tint quelques instants ce gril rustique au-dessus des braises, retourna le tout. Une bonne odeur vint nous caresser les narines tandis que les gouttes de graisse tombaient dans le brasier en grésillant, et il eut lui aussi un repas de roi..." (1)
 
"... 1939. 
En arrivant à « Joie », nous mangeons. Plat du jour : macaronis et confit de canard et de poule. Nous reprenons le travail à midi moins le quart. Le soir, nous remplissons 33 comportes..." (1) 
 
Des "voyages" de comportes : 
 "... Un chariot de comportes. Pour charger les comportes pleines sur le deuxième rang, on balançait aussi la comporte en comptant « un, deux, et trois). Et le 3 coïncidait avec l’arrivée de la charge sur le plateau. Un jour, Fernand Monbiéla (de Poitiers, mari de l’institutrice de l’école maternelle, par ailleurs comique troupier déjà apprécié dans ses chansons par papé Jean à une gare de triage durant la guerre 14-18), sans doute peu partisan de cette méthode, remarqua ironiquement : « Et si nous comptions jusqu’à mille ? » Cela aurait été beaucoup plus fastidieux que la situation enviable de ce jeune médecin qui conseillait à sa jolie patiente, en l’auscultant : « Respirez bien, mon enfant, et comptez jusqu’à mille ! »..."(1)
Coquet, le brave Mérens : "Nous l'avons sur des photos de vendanges..."

"Coquet. Le petit et vaillant cheval noir répondait au nom de « Coquet ». C'était un Mérens, petit cheval d'Ariège (le GDEL écrit même « race fçse de poneys (!) ») vaillant comme pas un. Un jour, racontait mon père, il avait fait quatre gros voyages de comportes (sans doute seize ou dix-huit chaque fois) de la Pointe de Vignard (notre vigne la plus éloignée, à quatre kilomètres du village), ce qui lui totalisait 32 kilomètres dont seize à pleine charge (3), avec les côtes de Liesse et de Fleury. Il a tenu le coup, mais en arrivant le soir, trop fatigué, il s'est couché au lieu de manger. Papé Jean racontait cela avec une admiration non dissimulée. J'ai connu ce cheval à l'écurie jusqu'en 1935 à peu près.(1)

(1) Extraits du livre "Caboujolette" François Dedieu 2008 autoédition. 
(2) traduction : "Ils traitent le monde comme des bêtes. Nous n'avons jamais agi ainsi. les vendangeurs couchaient à la maison et mangeaient avec nous."
Fermée généralement par deux volets, la pourtalièiro est la grande ouverture au-dessus du portail, souvent servie par uno carello (une poulie de fer aux montants scellés dans le mur) et permettant de monter la vendange, le foin, la paille. 
(3) 38 kilomètres, mesure prise sur Géoportail IGN. Donc 19 à pleine charge !

Dans le bleu du ciel, uno carrelo...

 
 
 

 

vendredi 3 septembre 2021

Saint-Pierre-la-Mer, un 3 septembre...

 
"J'avais dessiné, sur le sable..." Christophe 


 "... Mais en septembre
 Quand je reviens où je suis né
 Et que ma plage me reconnaît..." Gilbert Bécaud.


"... Là-bas, l'écume des vagues joufflues
Là-bas, traîne des prénoms disparus...Serge Lama


"... On a fermé ce matin tous les hôtels
Les jardins, le casino et le soleil..." Joe Dassin


"... La mer
Des reflets changeants 
Sous la pluie..." Charles Trénet

"... Il n'a plus que deux amies, 
Sa guitare et puis la mer..." Les Compagnons de la Chanson


 "... Je m'embarque dans tes yeux
Bleus, bleus, comme un ciel immense..." Marcel Amont
 


"... Le ciel, le soleil et la mer
Quelque part en septembre." François Deguelt. 
 

 "Je me souviens du bord de mer avec ses filles au teint si clair..." Salvatore Adamo
 
La mer dans les chansons, ce pourrait être encore : 

"Il y avait sur une plage une fille qui pleurait..." Pascal Danel 

"... La mer a ses amants qui s'enivrent de vent
La mer a ses amants qui se grisent à ses fêtes..." Alain Barrière.  
 
Zorba el griego lasmejorespeliculasdelahistoriadelcine
 

Et sur une plage de Crète, la Danse de Zorba, Anthony Quinn, en hommage à Mikis Theodorakis qui nous a quittés hier...  

Mikis_Theodorakis Hamburg 1971 wikimedia commons Author Heinrich Klaffs

 

mardi 5 janvier 2021

A la recherche du POUMAÏROL perdu (2) ...CHÂTEAUX PINARDIERS, CHANSONS A BOIRE /

 
 
Le diesel ronronne pépère, comme nos deux pépés qui haussent un peu la voix pour couvrir le bruit du moteur : 

"« Gastibelza, l’homme à la carabine,
Chantait ainsi :
« Quelqu’un a-t-il connu doña Sabine ?
Quelqu’un d’ici ?.." 

A Narbonne, ils ont acheté des huîtres, des moules, du fromage, du pain, du gros qui ne sèche pas au bout d'un jour. Même la blanquette de Limoux est au frais avec le vin blanc sec et la sangria à faible degré..."A tu moderaciou, t'aven pas attendut dempèi lou temps !" "bien sûr qu'on ne les a pas attendus ces pères-la-vertu qui nous ressassent "avec modération, avec modération, gnagnagnagna..." dès qu'on se met une gorgée derrière le gargaillou", tempête Serge qui poursuit "Tu la connais celle du jeune homme qui dit à son père qu'il va réveillonner ? 

- Et non, répond Roger, au volant... 

- Surtout soyez prudents, dit le père... 

Bien sûr d'ailleurs j'y vais avec parcimonie et à bon escient... continue Serge...

- Hé, mefi quand même, avertit le père... l'Arménien encore ça va mais le Corse... 

-  haha !

"... Dansez, chantez, villageois ! la nuit gagne
Le mont Falù.
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou ! » reprend Roger manière de réagir... avant de remarquer "... Heureusement que tu as pris du congelé que je n'ai pas pensé à mettre le frigo en marche..." 

- Le cassoulet, oui mais finalement je n'ai pas pris le bourguignon, j'ai pris du civet de sanglier... 

R. : Ma chère ! Super ! 

- Il n'y en a pas pour faire bombance mais pour nous deux et avec ce qu'il y a à côté... et ce poulet rôti qu'on vient d'acheter... 

R. : Écoute, en cette saison, ça ne risque rien... même si on rapporte des restes... 

- On ne risque rien tu dis... Hé, on sait jamais... Tout ça me rappelle un air du brave oncle Noé... lui c'était sur la route de Perpignan : 

"Sur la routo de Perpigna, 
On y perd et on y gagno aïe aïe aîe,
On y perd et on y gaagno.../... 
Dintreren dins un castel, 
I avio tres pitchounetos aïe aïe aïe
I avio tres ptchouneetos... 
Nous invitaroun a soupa, 
A soupa e coucha 'm ellos..."  

- Et ce ne sont pas les châteaux qui manquent sur la route du Poumaïrol poursuit Roger... 

- Ne rêve pas trop !

- Et si justement au moins rêver puisqu'il ne faut pas prendre son rêve pour la réalité ! 
 
Château de Lebrettes, dessin d'après photo, convertimage.

S. : à droite le château de Levrettes, Lebrettes... 

- Le "v" prononcé "b" comme chez nos voisins du Sud pour Barcelona et Valencia sauf que là ça peut tourner au "lividineux"... 

S. : qu'est-ce que tu dis ? "le vit du noeud" ? tu donnes dans les pléonasmes ! 

R. : tais-toi va que ce n'est plus de notre âge... En attendant, qui s'attendrait à un château de la Loire ici ? Tu sais que Jo y a travaillé du temps où c'était une institution pour enfants disons... retardés ? 

Château Le_Terral wikimedia commons Ouveillan Author Flolma

S. : Et non, sinon tu fais allusion à ces châteaux magnifiques avec des tours coiffées d'ardoise, datant entre cent et cent-cinquante ans et qui, pour les propriétaires ne coûtaient parfois que le tiers d'une récolte ! A Fleury L'architecture de La Négly a quelque chose de cette époque...
 
R. : m'en parle pas, ils avaient un singe qui t'approche tranquille puis d'un coup t'arrache la croûte d'un bobo, la sale bête ! Sinon, bien sûr, les "châteaux pinardiers" favorisés par les périodes de crise, l'oïdium, le phylloxera... le malheur des uns faisant toujours la fortune des autres... Au village, les maisons dites "de maîtres" ont peut-être la même origine... La route de Saint-Pons... Après le pont sur l'Aude elle est parallèle à la Cesse, du moins jusqu'aux premières garrigues... 

S. : Oui, cesse de ressasser ! La Cesse, dernier affluent rive gauche de l'Aude... On va la remonter jusqu'à sa source au pied du plateau du Poumaïrol... Je me suis toujours demandé comment faisaient les poissons pour vivre dans ce qu'il faut vite appeler des rivières si souvent à sec l'été ou vidangées brutalement par un aigat ! Des situations extrêmes !

Note : un site qui mérite le détour... la passion de connaître, des heures et des jours de recherche, l'envie de partager et pas grand' chose en retour (je connais)... Prouvez-moi que j'ai tort... 

https://ouveillanpatrimoine.blogspot.com/2019/03/les-chateaux-de-la-richesse-viticole-de.html