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samedi 22 novembre 2025

RETOUR À MAYOTTE, quitter son village (3)

Les mots en disent-ils plus, en disent-ils moins qu'une autre forme d'expression ? Au nom de quelle motivation s'expose-t-on ainsi ? il me semble m'être livré sur ce to be or not to be. La crainte est que cela ne soit aussi malvenu qu'une contradictoire publication de journal intime ; si c'est pour se mettre au niveau d'un auteur “ vergogneux ” manière de parodier son nom de famille, antipathique au possible pour avoir vilipendé, sali sa Corrèze natale arriérée d'où rien de culturel, d'esprit n'aurait su émaner, tandis qu'à Paris où l'homme a pu se réfugier... Paris... À cette bien piètre opinion, s'ajoute ma suspicion quant à l'édition des 1000 pages de son journal intime journalier. Diantre ! plutôt se passer de sa façon de penser, sinon du pipi-caca des contingences quotidiennes... pas de quoi se vanter du millier de feuillets ! 
Sauf que toute cette préparation au départ, au voyage, ne relèverait-elle pas du mien de pipi-caca ? Ne suis-je pas fourré dans une position d'arroseur arrosé ? Je me rassure, cela ne ressort pas du déroulé d'une journée ordinaire, ce n'est pas tous les jours qu'une telle perturbation affecte. 

Plage de Tambau non loin de Joan Pessoa, janvier-février 1955.

Et puis ce n'est qu'une proposition, rien d'imposé, peut-être un témoignage pour plus tard comme s'agissant des lettres de papa suite à notre voyage en paquebot de 1953 à travers l'Atlantique, l'océan au parfum perdu depuis sept décennies...   

Gisèle_Pineau_et_Jacques_Lacarrière-FIG_1998 Archives St-Dié-des-Vosges under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Source scan de la photo originale.

Pardon, rapport aux détours et divagations, le plaidoyer de mon défenseur, s'agissant d'un écrivain de ma “ pléiade ”, n'en sera que plus approprié. Par une échelle meunière, malgré ses 78 printemps, il débouche dans sa mansarde de Sacy ; sur le bureau bien rangé, le papier : 

« Assez Dedieu, tes complications embrouillent, voilà si tu en es d'accord, ça manque d'effet de manches mais je viens, je vois, je vais à l'essentiel j'espère :  

« La vie et l'écriture. L'amour et l'écriture. L'ailleurs et l'écriture. 
Pas d'ambition. Pas de concessions. Peu d'argent. Beaucoup d'amour. Beaucoup d'amis. Pas de calculs. 
Refus des gloires enviées. Des itinéraires préparés. Des chemins publics. Des compromissions. Des institutions. 
Écrire seulement pour être. Pour s'engager. Vers les autres. Avec les autres. Écrire pour dériver de l'homme ancien. Écrire pour dériver vers l'homme à naître. Rien d'autre."
Jacques Lacarrière (1925-2005) / Sourates, Ed. Fayard. 


Plus prosaïquement, il va être 18 heures ce dimanche de novembre au jour qui déguerpit tel un voleur. Pas tant de rasonaments, raisonnements, philosophies, ce n'est vraiment pas le moment. 
Revenir, continuer, ranger, nettoyer le vieux frigo une fois vidé. Repartir chez les miens, confier mon véhicule usagé aux bons soins du beau-frère, embrasser ma vieille maman, cent-un ans bientôt, trouvant que la séparation aligne trop de kilomètres, en rien convaincue si j'avance que cela ne correspond qu'à trente ou trente-une heures de “ distance ”. (à suivre). 


mardi 18 octobre 2022

PRISONNIER DU MOT QUI FUYAIT...

1127 articles au-delà de cette crise fulminante qui me prit à 46 ans. En 1996, un jour pourtant comme les autres, pour une lettre sûrement, je me suis braqué contre un mot fuyant. Mais qui, vraiment, du mot ou de l'émetteur s'en trouvait empêché ? Prisonnier trois quarts d'heure, au bout de quelques kilomètres à force d'arpenter la varangue, je l'ai rattrapé, ce fuyard ! Et dire que je n'ai pas plus retenu ce mot réfractaire que la date ! Ne sachant pas quelles seraient les conséquences, le bouleversement que cette traque induirait, je n'étais pas en mesure d'évaluer la portée de ce qui ne me fit que l'effet d'une occurrence, d'une circonstance fortuite. Quant à réaliser le lien de cause à effet, j'ignore de quand date cette prise de conscience, le précipité en question, la vitrification du souvenir. 

Finalement, de chercher, même en ne réussissant qu'en partie, dans ma correspondance, dans mon métier, ma communication aux élèves, les plus adaptés des mots, ceux qui, même inconnus, insaisissables, brillent le mieux ou promettant de briller dans un cadre donné, est déjà une fin en soi, peut-être de l'art. 





Entre 1998 et 1999, à raison, au moins d'une page-livre par jour, j'ai écrit "Mayotte, cartes postales", à ce jour, toujours dans un tiroir. En 2008, à compte d'auteur, "Le Carignan",  une monographie sur Fleury-d'Aude, mon village natal, fut édité sous forme de diptyque, après avoir entraîné mon père dans l'exploration d'un passé remontant toujours plus loin : "Caboujolette", le sien de livre, en tant que second volet de nos pages de vie à Fleury, sur la même trame que le mien. 

Et maintenant, bien que me sentant calaminé sinon encalminé, je sens qu'il est grand temps de continuer vers l'évanescence d'un horizon toujours hors de portée... attraction-répulsion... Alors, tant que la motivation et la méthode Coué me maintiennent, à force de procrastination, à la longue, je viens de m'y atteler... Vanité ? Je ne pense pas... Seulement la prétention propre à l'Homme de garder vivant le passé, la lucidité quant à l'acceptabilité de l'inspiration artistique, la modestie dans la portée que je donne à la démarche : transmettre au moins à mes fils, à tous ceux que j'aime et qui m'aiment aussi. 

Tout semble couché sur l'écran, il y en a pour plus de 1000 pages sauf qu'il faut s'attaquer à des épissures, coudre ensemble, aller vers un patchwork si possible harmonique...       

LIMINAIRE :

Je vous le dis comme c’est venu. Finalement cela répond à une forme naturelle d’inspiration, suivant les saisons, peut-être aussi parce que la lune qui nous est presque aussi chère que le soleil, sera toujours là quand notre système explosera... L’inspiration on croit qu’elle vient à nous alors que c’est l’inverse, c’est souvent un trop plein qui doit sortir pour ne pas nous noyer, qu’on puisse se raccrocher à quelque chose pour pouvoir continuer. Sur la forme, pour le dire, je dois rappeler les conseils de nos professeurs de français : dans l’introduction partir des idées générales pour en venir au sujet bien cerné ; un autre nous avait présenté l’image de deux entonnoirs inversement symétriques pour conseiller une conclusion dans une dynamique inverse. Le dire pour surmonter. Moi, ma vie passée, celle de mon village, je ne sais vraiment plus où j’en suis. Ce que je sais est que mon affichage sur les réseaux dits sociaux juste parce qu’on se parle de loin, ce sont des photos de L’Ami, le cheval de travail de mon grand-père Jean, vendu au boucher comme tous les autres parce que le tracteur arrangeait trop bien la vie matérielle, quitte à enfouir des liens du cœur pourtant profonds comme des racines. L’Homme peut envoyer à l’abattoir un être si proche de sa famille pour ne pas dire plus. Brave bête, te voir partir c’est réaliser que notre destinée est comparable, que nous non plus ne pourrons y échapper, que nous ne valons pas mieux. (à suivre)