mardi 18 octobre 2022

PRISONNIER DU MOT QUI FUYAIT...

1127 articles au-delà de cette crise fulminante qui me prit à 46 ans. En 1996, un jour pourtant comme les autres, pour une lettre sûrement, je me suis braqué contre un mot fuyant. Mais qui, vraiment, du mot ou de l'émetteur s'en trouvait empêché ? Prisonnier trois quarts d'heure, au bout de quelques kilomètres à force d'arpenter la varangue, je l'ai rattrapé, ce fuyard ! Et dire que je n'ai pas plus retenu ce mot réfractaire que la date ! Ne sachant pas quelles seraient les conséquences, le bouleversement que cette traque induirait, je n'étais pas en mesure d'évaluer la portée de ce qui ne me fit que l'effet d'une occurrence, d'une circonstance fortuite. Quant à réaliser le lien de cause à effet, j'ignore de quand date cette prise de conscience, le précipité en question, la vitrification du souvenir. 

Finalement, de chercher, même en ne réussissant qu'en partie, dans ma correspondance, dans mon métier, ma communication aux élèves, les plus adaptés des mots, ceux qui, même inconnus, insaisissables, brillent le mieux ou promettant de briller dans un cadre donné, est déjà une fin en soi, peut-être de l'art. 





Entre 1998 et 1999, à raison, au moins d'une page-livre par jour, j'ai écrit "Mayotte, cartes postales", à ce jour, toujours dans un tiroir. En 2008, à compte d'auteur, "Le Carignan",  une monographie sur Fleury-d'Aude, mon village natal, fut édité sous forme de diptyque, après avoir entraîné mon père dans l'exploration d'un passé remontant toujours plus loin : "Caboujolette", le sien de livre, en tant que second volet de nos pages de vie à Fleury, sur la même trame que le mien. 

Et maintenant, bien que me sentant calaminé sinon encalminé, je sens qu'il est grand temps de continuer vers l'évanescence d'un horizon toujours hors de portée... attraction-répulsion... Alors, tant que la motivation et la méthode Coué me maintiennent, à force de procrastination, à la longue, je viens de m'y atteler... Vanité ? Je ne pense pas... Seulement la prétention propre à l'Homme de garder vivant le passé, la lucidité quant à l'acceptabilité de l'inspiration artistique, la modestie dans la portée que je donne à la démarche : transmettre au moins à mes fils, à tous ceux que j'aime et qui m'aiment aussi. 

Tout semble couché sur l'écran, il y en a pour plus de 1000 pages sauf qu'il faut s'attaquer à des épissures, coudre ensemble, aller vers un patchwork si possible harmonique...       

LIMINAIRE :

Je vous le dis comme c’est venu. Finalement cela répond à une forme naturelle d’inspiration, suivant les saisons, peut-être aussi parce que la lune qui nous est presque aussi chère que le soleil, sera toujours là quand notre système explosera... L’inspiration on croit qu’elle vient à nous alors que c’est l’inverse, c’est souvent un trop plein qui doit sortir pour ne pas nous noyer, qu’on puisse se raccrocher à quelque chose pour pouvoir continuer. Sur la forme, pour le dire, je dois rappeler les conseils de nos professeurs de français : dans l’introduction partir des idées générales pour en venir au sujet bien cerné ; un autre nous avait présenté l’image de deux entonnoirs inversement symétriques pour conseiller une conclusion dans une dynamique inverse. Le dire pour surmonter. Moi, ma vie passée, celle de mon village, je ne sais vraiment plus où j’en suis. Ce que je sais est que mon affichage sur les réseaux dits sociaux juste parce qu’on se parle de loin, ce sont des photos de L’Ami, le cheval de travail de mon grand-père Jean, vendu au boucher comme tous les autres parce que le tracteur arrangeait trop bien la vie matérielle, quitte à enfouir des liens du cœur pourtant profonds comme des racines. L’Homme peut envoyer à l’abattoir un être si proche de sa famille pour ne pas dire plus. Brave bête, te voir partir c’est réaliser que notre destinée est comparable, que nous non plus ne pourrons y échapper, que nous ne valons pas mieux. (à suivre)


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