Affichage des articles dont le libellé est Jacques Lacarrière. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Jacques Lacarrière. Afficher tous les articles

mercredi 17 janvier 2024

VIE PASTORALE SUR LE CAUSSE.

 « ...depuis Mende, le visage des Français s'éclaire, les sourires apparaissent plus souvent, la méfiance recule et l'hospitalité se fait moins difficile...  » (p. 202, " CHEMIN FAISANT " Des Causses aux Corbières ", Jacques Lacarrière. 


Exactement ! Merci, monsieur Lacarrière. D'ailleurs, pas plus acariâtre que teigneux, bien au-dessus de la ladrerie mesquine de l'autorité, au nom de notre belle victoire du Larzac sur le gouvernement jacobin, avec le poème " Lou pastre " 1912, Pescalunetas, Antoni Roux (1842-1915), dans l'air pur du causse, c'est au souffle enivrant d'une qualité de vie que j'aspire... 

Causse de Sauveterre
Diapositive de juin 1979. 

"... E lou vèspre, am l’aver, content s’embarra au jas..." 

(Et le soir, avec le troupeau, content il se confine au bercail) / Diapositive de juin 1979. 


"...Quand reven lou printens et que la soulelhada (sourelhada)
Fa reverdir la terra et florir lo bartas, " 

(...Quand revient le printemps et que la soleillade 
Fait reverdir la terre et fleurir le buisson...) 
Diapositive de juin 1979. 

"... Sus lo causse auturòs qu’es coumo sa patrio,
Mestrejo son tropèl que s’augmenta dau creis..."

(Sur le causse orgueilleux qui est comme sa patrie, 
Il maîtrise son troupeau s'augmentant des naissances).
Diapositive de juin 1979. 

"... E pompant l’air tebés de la bèla natura,
Tot solet, luènh dau monde, amont se crei lo rei."

(Et pompant l'air tiède de la belle nature, 
Tout seulet, loin du monde, en haut il se croit le roi). 

Antoni Roux (1842-1915), né et mort à Lunel-Viel, vétérinaire de formation, ce n'est qu'à la fin de son engagement "politique", qu'il se consacre à la littérature :

« Per estre mèra de vilage
Fou avedre un famous courage. »

(c'est vrai qu'il suffit d'être deux pour générer tiraillements, disputes et dissensions !)

Vice-président du Félibrige Latin (qui, à l'initiative d'Alphonse Roque-Ferrier (1844-1907), occitaniste et linguiste de premier plan, pionnier, déjà en 1876, d'une orthographe commune aux déclinaisons locales de l'occitan, était partisan d'une union des pays du Sud de l'Europe), il est l'auteur de poésies dont ce sonnet " Lou Pastre " dans " Pescalunetas " (Petites Lunelloises), son recueil ultime paru en 1912. 

Source principale : Wikipédia. 

Ce poème, qui pour bien des raisons m'a littéralement ébloui, j'en dois la transmission à monsieur Couderc, Roger peut-être de prénom (comme le commentateur de rugby d'alors ?), professeur de français-occitan au lycée Lacroix de Narbonne. 

N.B. : ce poème figure dans ce blog et la page fb. 




vendredi 11 février 2022

LE POUMAÏROL (12) un fameux cassoulet !

Décembre 2020. Roger et Serge, copains de toujours, ont décidé de faire un pied de nez au covid. Ils ne sont pas à court d'idées quand il s'agit de partir quelques jours, en célibataires. Cette fois, c'est un article de 1974 de la revue Folklore, traitant du département de l'Aude et des contrées voisines, qui les a décidés pour un pays perdu dans les brumes, aux confins du Tarn, de l'Hérault et de l'Aude, le Poumaïrol. Les filles de là-bas, aussi pimpantes qu'exotiques, descendaient s'embaucher dans la plaine, des vendanges aux olives et au ramassage des sarments de vigne...  
 
Roger : et non... à la tienne, va, que je n'en reviens pas de ton blanc, bio et pourtant bon, même si les sulfites, à faible dosage, ne donnent plus le mal de tête comme avant...
Serge : c'est le nom je crois qui fait peur, je parle des sulfites... le Saladou c'est gentil, au début d'une boucle à l'ouest de Ferrals, comme un plateau d'où la vue donne sur les Corbières et jusqu'aux Pyrénées ! Passage, ensuite, par le Serre d'Alaric, pas l'Alaric de Gaston Bonheur, à portée de l'Aude, qui change le temps qu'il fait, pas loin de Carcassonne, dans le couloir du Cers... tu les a entendus ces couillons, se gargariser de longue avec la "tramontan" quand ça souffle à 120 km à l'heure ? 
Roger : moi je les collerais à l'oral, ces météorologues au rabais !
Serge : surtout que Météo France le reconnais, le Cers... un des plus vieux noms de vent en France quand même !  
Roger : oui mais ton Serre d'Alaric, il est au pays des filles ? 
Serge : tu es terrible, tu sais ! oui, en descendant de "la" Serre d'Alaric, plutôt, au féminin, je crois, pour dire la montagne, ça doit venir de l'occitan... on y arrive au pays du Poumaïrol, pour consoler tes pieds qui chauffent, et pas qu'eux, pour des rêves fantasmés !
Roger : à mon âge qu'est-ce qu'il me reste sinon des rêves qui font revisiter ma vie en mieux ? Quoique, tu sais, Lacarrière Jacques, cet auteur amoureux-fou de la Grèce et qui a écrit au moins deux versions de son livre "Chemin Faisant", des Vosges à Leucate, par le Massif-Central, justement, il a quand même eu au moins deux ou trois aventures amoureuses en route... je te dis pas la puissance érotique d'une rencontre dans la platitude désertique et glacée du Causse Méjean, quand il cogne à une maison, que c'est une femme seule qui lui ouvre et que tout est possible... au premier regard, ils ont su qu'il y aurait une suite...  
Serge : tu vas bien toi, il devait être bien plus jeune que nous... 
Roger : "ça c'est vrai"... 
Serge : ne nous refais pas la Mère Denis que cette pub nous ensuque d'un petit coup de vieux en prime !
Roger : si tu avais connu mamé Antoinette, une grand-mère formidable à Vinassan... un grand bol d'oxygène de penser à elle... avec son tablier, on aurait dit la mamé de la pub !
Serge : je comprends... moi j'ai eu un grand-père formidable, comme tu dis, qui finalement ne languissait pas trop de redescendre dans le Midi, la guerre finie, la première s'entend... Il racontait, m'oubliait tant il entrait dans les détails, parfois de ce qui se dit avec les yeux, mais finissait toujours par m'aviser : "Ne le dis pas à ta grand-mère !".
Roger : hum, ton cassoulet ! 
Serge : je m'y mets rarement mais si je me lance, tu me connais, il faut que ce soit bien ! D'abord tu fais tremper tes lingots toute la nuit... 
Roger : dans l'Ariège ils font avec des cocos, enfin, certains... sinon figure-toi que je me souviens d'un que je n'ai pas mangé, tellement mon père en a bien parlé, c'était à Sainte-Colombe-sur-l'Hers, un restaurant connu pour sa recette mais qui a fermé une paire d'années plus tard. Ils y sont allés pour, en janvier, enfin, en hiver... le feu dans la grande cheminée... on en oublie que le système et le foie sont devenus plus fragiles... Combien tu mets de haricots ? 

2006 photos familiales

janvier 2006. Photos familiales

janvier 2006. Photos familiales. Ste-Colombe-sur-l'Hers.

Serge : toujours pareil, que j'aie du monde ou que je congèle. Là c'est pour quatre personnes, 500 grammes de haricots. Pour la recette, que veux-tu, chacun a la sienne, je serais bien en peine de te dire si le mien rappelle Carcassonne, Toulouse ou Castelnaudary ! Dans l'eau de pluie je les laisse tremper ; le matin, je les cuis dans l'eau froide avec un pied de cochon, les couennes, un oignon piqué de clous de girofle, le bouquet garni ; quand ça a bouilli, une heure de cuisson encore, à petits bouillons... Ah, j'oubliais, je sale à mi cuisson. Ensuite je fais revenir la viande et les couennes du bouillon, je réserve, puis, dans la même cocotte, sans la laver, deux oignons hachés, quatre ou cinq gousses d'ail et les couennes ; je mets tout dans la cassole. Par-dessus,  les haricots, les tomates, quatre ou cinq, les viandes sauf les bouts de saucisse, je mouille en allongeant le jus de cuisson... au four, pour finir, à 180 degrés ; trois heures après, j'ajoute la chapelure, la saucisse et si j'y pense, je casse la croûte au moins une paire de fois. C'est comme pour la bouillabaisse, faut se lever matin !
Roger : c'est du boulot mais c'est bon... Qu'est-ce que tu as mis comme viande ? 
Serge : oh je le fais simple, sans être au top de la gastronomie, je m'arrange pour mettre un peu plus d'un kilo de viande, presque un kilo et demi disons : là je n'avais que des côtes dans l'échine et de la poitrine, pas de jarret, puis des couennes, du confit de canard, de la saucisse de Toulouse.  
Roger : avec ce rouge de Fleury, super ! 14 degrés quand même, c'est beaucoup et demain il pourrait rester des traces... En Europe de l'Est, la police contrôle de bon matin et certains sont loin du zéro réglementaire ! 
Serge : oui ! faut voir ce qu'ils picolent aussi ! Si ce n'était que la bière... et suite à une nuit courte, pardi ! 

Un petit tour du camion, sans trop s'éloigner, manière d'apprécier la nuit si tranquille dans ce coin perdu. Démarrage, au matin, vers neuf heures. Trois degrés au thermomètre : supportables. 
 
La route du Poumaïrol à la belle saison.

Serge : c'est beau, des arbres partout avec la route qui monte ! 
Roger : et là les bois sont nus ; en été par contre, quelle verdure !
Serge : et oui, à l'opposé du versant méditerranéen, ils nous étonnent ces grands arbres, un dépaysement complet... des séquoias même ! et de belle taille !
 

dimanche 24 janvier 2021

FEU & TISANO DE GAVELS / Feu de sarments et vin du Minervois

Serge : Hum, ces huîtres, c'est quelque chose... 

Roger : aphrodisiaques ! 

Serge : fallait me le dire dix ans en arrière ! 

Minerve et sa Tour wikimedia commons Author Commune minerve


Roger : Hé ! n'engoulis pas tout que je monte au Poumaïrol demain ! Et Lacarrière à Minerve, avec tout ça ? En premier lieu, la croisade des Albigeois, les 180 Parfaits qui préférèrent se jeter dans le feu plutôt que d'abjurer ; le site ensuite "... acropole au milieu des gorges...". Et quoi encore ? Que c'est désert en hiver mais pas mort comme La Couvertoirade ou Sainte-Enimie : une trentaine d'habitants encore en 1971, un petit musée, deux cafés ; dans le premier, une vitrine de livres sur l'Histoire, l'Occitanie ; il dit à la dame que c'est bien de proposer les livres à l'endroit dont ils parlent ; du coup, elle va bien vouloir le dépanner, quand son mari arrivera, même si les deux seules chambres disponibles sont occupées par les ouvriers qui travaillent au musée ; il est invité : 

"... je partagerai leur repas, arrosé d'un vin épais, rouge sombre mais délicieux  (que le vigneron vendange et fait lui-même) mon premier vin de vigneron du Minervois..." (1)

Minerve rue des martyrs wikimedia commons Author Commune minerve


Ils lui ouvrent une maisonnette de vendangeurs : 

"... un lit en fer, un évier et une grande cheminée..." 

Il va faire un grand feu et commencer "L'Histoire de l'Occitanie" d'Henri Espieux, acheté au café. 

"... je suis dans un lieu éphémère où pourtant je me sens chez moi.../... plus j'avance en pays d'oc, plus j'y trouve, avec la joie claire des sarments, ce pour quoi on part sur les routes : découvrir, rencontrer des inconnus qui, pour un soir, cessent de l'être..."

Feu de sarments wikimedia commons Author Olivier Colas

   

Serge :  un feu de sarments ne dure pas longtemps, c'est symbolique... et on faisait attention de ne pas provoquer de grandes flammes dans le conduit, des fois que la suie prenne... Les sarments ? il fut un temps où on les ramassait, où on les ramassait tous ou presque. D'ailleurs, après les châtaignes et les olives, les filles du Poumaïrol trouvaient à se faire embaucher pour les gavels et les boufanelos (sarments et fagots de sarments) :

 "... La récolte des olives était redoutée à cause du froid et celle des sarments aussi car le vent glacé de Cers balayait la plaine. Elles attachaient solidement "la caline" sur leur tête et glissaient sur leurs vêtements des blouses de grosse toile. Les voyageurs étrangers qui passaient, remarquaient avec étonnement ces femmes qui paraissaient en chemise, en plein hiver, dans les vignes... "

Roger : et oui, on dit "vestit coumo un poudaïré", habillé comme un tailleur puisque c'est un travail d'hiver à la vigne mais pour les ramasser aussi il fallait être bien couvert non seulement parce que le Cers fait pénétrer le froid mais aussi parce que les bises (les sarments) grafignent jusqu'au sang... 

Serge : on les ramassait, coupés sous bonne lune, sinon attaqués par les quessouns (insectes rongeurs) ils ne tenaient pas. Chaque famille avait sa provision de boufanelos pour les grillades... 

Roger : et quand il n'y avait que la cheminée pour se chauffer et cuisiner, ils prévoyaient même une réserve de petits fagots pour allumer le feu... je ne sais plus le nom...

Serge : puis, quand ils ne les brûlaient pas, ils les ont entassés au bord des vignes, on pouvait encore se servir... L'été, pour les grillades à Saint-Pierre, j'allais à Bouisset (2), à une vigne de Jeannot je crois... Puis ils les ont broyés manière de fumer la terre... Mon pauvre Roger, en racontant ça je me fais l'effet d'un préhistorique !.. Le temps passe vite et la vie nous presse d'aller de l'avant... 

"... Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !.." (3)

Sinon il est gentil avec nous ton Lacarrière... Tu me le prêteras ce livre...

Roger : plus il trouve cette hospitalité amicale, dans le Sud, tu veux dire, mais ça ne l'empêche pas de fustiger aussi le racisme lié au vin, les viandards... Ne va pas croire mais c'est un homme bon... tu sais combien j'y suis sensible... il est sincère, ses écrits traduisent bien qui il est... et si je critique c'est aussi pour intégrer et admettre qu'on me critique, ce que j'en dis rejoint ce que je te rappelais tout à l'heure sur Marcel Pagnol... mais tu le liras toi-même...

Serge : On verra, on a à découvrir en marchant... Ne traînons pas et puis mange tes huîtres, macarel ! que tout ce qui te monte à la tête te bouffe la testostérone... 

Roger : tu sais que même de ce point de vue, il nous en apprend Lacarrière... 

Serge : Oh ! c'est vrai ? 

Roger : qu'est-ce que tu veux, il marche, il rencontre des gens, il leur parle et parmi ces gens il y a des femmes pardi... alors... rien n'arrive et tout peut arriver...  

Serge : pas possible ! prête-le moi ce bouquin que j'ai envie de m'instruire !   

(1) et son cassoulet à Octon "arrosé du vin de sa vigne" ? ou alors c'est qu'il situe mieux le Minervois que lors de son arrivée sur les rives du lac de Salagou... 

(2) Bouisset est un tènement de garrigue mité de quelques vignes, en haut de la route en corniche des Cabanes-de-Fleury. 

(3) Tristesse d'Olympio.Victor Hugo.    


samedi 23 janvier 2021

A la recherche du Poumaïrol perdu (7). MINERVE, AVEC LACARRIERE et PAGNOL.

Minerve, une visite s'impose pour nos deux amis en goguette. 

Roger : écoute, il est encore tôt pour dîner mais rien n'empêche une collation, le déjeuner au travail, comme à la vigne, pour les vendanges, qui vaut pratiquement un repas. 

Serge : tu as raison, on a les huîtres, du pâté, du fromage... on peut même boire un peu puisqu'une marche de huit kilomètres nous attend. 

Roger : Regarde, le parking est vide... toute la place qu'on veut. Et les huîtres, même en hiver, vaut mieux pas que ça traîne ! Mais j'y pense, avant de mouiller mes doigts, laisse-moi chercher dans le casier des cartes, livres et papiers, un de mes bouquins préférés, "Chemin Faisant" de Jacques Lacarrière. A pied, au début des années 70, il a traversé la France depuis les Vosges, en quatre mois. Venant de Saint-Chinian, il est passé par Minerve...

Serge : Vas-y, regarde pendant que je les ouvre, les huîtres... 

Roger : Voilà, j'y suis, avec même un feuillet et des notes... Ah ! page 254, un contresens sur le Cers... C'est vrai que je m'en suis retrouvé désappointé, ennuyé vraiment. Que veux-tu, ce qui arrive quand quelqu'un dont tu admires l'intelligence se plante sur un sujet moins anodin qu'il n'y paraît. 

Serge : Ah ? Et qu'est-ce qui t'a contrarié ? 

Taille vigne wikimedia commons Author Véronique Pagnier


Roger : Il voit des vignerons qui taillent les vignes et entassent les sarments. Un vent du Nord penche les silhouettes, plisse les yeux et veut emporter les chapeaux ; ils se saluent mais les bourrasques emportent les mots : "... ce mistral qui, d'après les prophètes locaux, devrait souffler trois jours encore..." Alors le marcheur qui voyage aussi dans sa tête, déclame presque tous les noms de vents qui lui viennent... Passons sur les alizés, les zéphyrs, aquilons et autres tramontanes. Pour le mistral, c'est plausible puisqu'il parle du Salagou, du village d'Octon. Avec l'autan hou là là, il déraille, il le fait venir de haute mer, "embrun de l'infini", apportant "l'effluve salé"... Sauf erreur de ma part, aux abords de la Méditerranée, c'est du Marin qu'il s'agit, l'autan c'est à l'intérieur des terres, vers le Lauragais, l'Ariège ou le Tarn, une fois qu'il s'est délesté de son humidité ! Le Grec il aurait dû en parler, lui qui a tant aimé et tant écrit sur la Grèce. Et le Cers, on y arrive... "au lieu du cers, ce vent marin, doux et humide, qui apporte, l'hiver, aux Corbières, la tempérance de la mer, c'est le mistral qui m'emporte...". Comment laisser passer ? Enfin, le Cers petit frère du Mistral, généré de façon comparable et qu'on retrouve le long d'un autre grand fleuve l'Ebre ! Il en a parlé avec les gens ; la marche aide à communiquer sauf qu'il a mal compris, qu'il a noté de travers. Un piège classique pour ceux qui sont d'ailleurs... 

Serge : hé bé ! Et toi qui boycotte allègrement, tu ne l'a pas banni de ton panthéon ? 

Roger : Ah non ! Faut faire la part des choses ! sa peccadille n'a rien d'un cas pendable ! ce n'est pas comme ce Wilson fils dont le prénom à lui seul écorcherait mes lèvres depuis que, rouge de colère, cet imbécile a craché sur la Marseillaise, pour lui "raciste et xénophobe". Pauvre abruti imbu de théâtralité mais qui, coupable d'un contresens impardonnable, n'a rien compris au "sang impur" recouvrant les sillons. Ce n'est pas parce que le père lui a fait un nom que ce fils à papa a le droit d'étaler son crétinisme. Et le comble, faire du fric en se mettant dans la peau de De Gaulle parce qu'il a un pif compatible ! De Gaulle qui lui, oui, représente vraiment la France ! Là tu peux être sûr : je les ai dans le nez et Wilson et le film ! Déjà que comme acteur il ne m'a pas marqué... Est-ce que je suis teigneux ? Ou est-ce seulement essayer de rester lucide, de ne pas me retrouver une fois de plus, mêlé au bon peuple pêchant d'avoir la mémoire courte, trop groupie ou si crédule dans la virginité retrouvée des politicards qui le manipulent, enthousiaste bien que roulé comme toujours dans la farine ! 

Serge : Ho ! ne t'emballe pas ! bois un coup de vin blanc ! sinon tu ne lui en veux pas à Lacarrière ? 

Roger : et non, c'est juste humain de se planter... cela me refait penser à un petit garçon plaçant très haut son père, tu sais, Marcel magnifiant l'auteur de ses jours dans ses contradictions, fier de poser avec son doublé de bartavelles alors que pour son collègue paradant avec une rascasse énorme, il avait été pour le moins léger de juger : « Se faire photographier avec un poisson ! Quel manque de dignité ! »

Serge : Et alors ?

Roger : Et alors je me sens comme Pagnol qui aime son père, je reste tel que moi-même pour les gens que j’estime, surtout écrivains et artistes avec quelques exceptions politiques, je reste transparent pour ceux qui m'indiffèrent mais très réactif, tu me connais, si leurs mots les rend odieux, je pense à Séguela et à son rapport avec une montre de luxe... 

Serge : Séguéla... quand on est con on est con, le temps ne fait rien à l'affaire, chantait Brassens... 

Roger : Attends je me connecte pour te donner la phrase exacte, je l’ai commentée il y a peu sur internet... voilà, juste en tapant « Pagnol » : "... J'avais surpris mon cher surhomme en plein délit d'humanité : je sentis que je l'en aimais davantage..." Marcel Pagnol, La Gloire de mon Père, 1957.  

Serge : oui mais c’est bien une réflexion d’adulte dans la Gloire de mon Père et non une réaction de gosse... son point de vue a plus de soixante ans. Nos idées évoluent et mûrissent avec l’âge et de façon générale, va lire ce que tu écrivais à vingt ans et tu risques de ne pas te reconnaître. Quoi qu’il en coûte, le bon sens nous fait dire qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

Roger : Lacarrière a su aussi mettre des mots sur ces questions... il est venu jusqu'à nous parce que, avec la Grèce, nous avons la Méditerranée en commun et ses colonies d'Agathois et de Phocéens... Qu'est-ce qu'il faut être con ou malhonnête pour oser dire, comme Macron, que la colonisation est un crime contre l'humanité. Qu'est-ce qu'on ne clamerait pas pour se vendre au vote de certains... 

Serge : Laissons-le celui-là avec ses manigances... 

Roger : tu as bien raison. Plutôt ceux qui en valent la peine comme Lacarrière. Je serais curieux de savoir de quelle manière il a intériorisé le peuple grec mais là, on sent qu'il est tangent à ce que nous sommes. Déjà il situe le Minervois au lac du Salagou mais il a su saisir quelques traits qui nous sont propres et son témoignage sur Minerve doit valoir mieux que sa tirade malheureuse sur les vents locaux.  


 

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/05/15/31001-20140515ARTFIG00105-reponse-a-lambert-wilson-la-marseillaise-est-un-chant-de-guerre8230et-de-liberte.php