Affichage des articles dont le libellé est Claude Nougaro. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Claude Nougaro. Afficher tous les articles

dimanche 27 avril 2025

De FIL en AIGUILLE jusqu'aux VOLCANS de LA RÉUNION (1)

Se raccrocher à des hasards, des coïncidences... ce doit être pour demander que vous excusiez l'inspiration au nom de chacun de nos semblables, depuis qu'un mot de Jules Michelet éclaire soudainement de sa justesse, convainquant, en substance, que, par son contexte unique, chaque être est une humanité, une histoire universelle. 

Nous étions avec Nougaro et un ami réagit aux articles : il ajoute que l'artiste avait besoin d'un remontant avant de monter sur scène, tant le trac l'éprouvait. N'était-ce pas pour excuser son inspiration, parce que ce souffle créateur exhalé dit trop de la part d'intimité, de toute une impudeur, finalement, livrée au public ? Un artiste ne se met-il pas à nu devant la frilosité relative de rangs d'oignons à plusieurs peaux ? 

Le_Pont-Neuf_de_Toulouse 2014 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Didier Descouens. 
  

Nous étions avec Nougaro en concert. L'album live qui a suivi joue avec les mots « hombre et lumière » sauf que c'est bien « hombre » qui est écrit. Tant pour la musique que dans les paroles, l'inspiration de Nougaro bat souvent au diapason de Toulouse, Toulouse refuge de survie de la République espagnole après 1939. Ce concert se déroulait Port Viguerie, non loin du quai devant être dédié, en 2009, aux Républicains espagnols exilés. 

On se raccroche aux hasards, aux coïncidences qu'on peut ou alors, c'est que ces dernières sont des boules de bardane que le sort et les autres accrochent à nos basques. Chansons, Toulouse, Espagne, guerre civile, exil, Garonne, presque un champ lexical où s'ajouterait Montauban, pas loin de Toulouse... 

Montauban, nous y sommes avec Estèva Roda-Gil (1941-2004), né de parents catalans réfugiés à Montauban, encore la brûlure à vif de la guerre civile espagnole qui remonte. Et aussi qu'il faut vivre tant que la mort nous épargne... Étienne Roda-Gil est parti à 62 ans, comme son père Antonio Roda Valles (1908-1966). À Paris, ils eurent à affronter la xénophobie... Xénophobie ? un mal à ajouter à notre champ lexical ? 

Étienne Roda-Gil était un des paroliers attitrés de Julien Clerc ; en 1971, on lui doit la poésie du « Cœur Volcan », de quoi m'obliger à joindre “ destin ” aux hasards et coïncidences. C'est que la destinée m'a amené à passer des années à La Réunion, l'île volcan, dont trois juste au pied de la Fournaise, à Piton-Sainte-Rose... un chapitre qui, tel le magma 3000 km sous nos pieds, n'arrête pas de couver. Rien dans ce blog jusque là ; à croire encore que le temps reste devant soi alors que la camarde fauche sans discernement. Hier encore, avec un film et l'évocation de Marcello Mastroianni (1924-1996) elle a rappelé que pour tous, célèbres ou anonymes, le temps du rêve est compté et que si j'avais connu le sort de Marcello il y a longtemps que je ne serais plus. 

Piton_de_la_Fournaise éruption de 1981 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Auteur Jean-Claude Hanon

Alors cela devient fâcheux de toujours se hâter lentement, de patienter l'irruption éruptive sempiternellement latente, de se croire Piton de la Fournaise, rouge, pas à blanc, surtout pas en chandelles et bombes volcaniques de ces tueurs que sont les volcans gris. Qui plus est, de ne pas parler des larmes de la Terre (1) s'épanchant en fontaines, même en gerbes jaillissantes, découlerait d'une ingratitude alors qu'à la nuit tombée, depuis l'Enclos, jardin du géant, la vue peut donner loin sur les fontaines de sang et tout près sur la coulée qui barre la route, coagule mais ouvert de ses crevasses sur un flot rougeoyant. Et un regard sur l'assistance où badauds nous faisons corps, ouvre sur tout un peuple uni au spectacle. 

(1) on doit cette jolie image du volcan qui pleure au dessin d'un marmay (enfant) de là-bas... 





mercredi 23 avril 2025

DÉTOURS dans les CORBIÈRES pour NOUGARO (fin)

1962, une petite fille en pleurs, 1963, je sors du collège historique de Pézenas (1597) : mystère en dehors des remparts mais, dépassant le repli moyenâgeux du château à l'abri de ses murs, la résidence du domaine de la Grange des Prés, carrément en rase campagne, lui est antérieure. (Comme le prisme des violences actuelles et l'Histoire forcément condensée nous portent à croire que le passé n'était que sang et batailles). 

Pézenas Façade du vieux collège Henri IV, avec, au dessus de mon petit bouchon, la plaque honorant Paul Vidal de la Blache


De petites rues étroites donc, avec des petits balcons de faubourg espagnol, dont un échangeant presque avec celui en face... Par une fenêtre ouverte s'échappe « Cécile ma fille ». Nougaro a poussé à jamais ma porte. C'est sous ce balcon que je crois entendre aussi « Je suis sous », mystère encore puisqu'en 1964, à la sortie de la chanson, je ne suis plus à Pézenas. Mais quelle prétention à faire venir ainsi à soi un artiste majeur ! plus encore, si on me pousse, à bien vouloir le partager en dehors de l'Occitanie ! Vanités des vanités et omnia vanitas, quelle stupéfaction d'apprendre que Nougaro s'est trouvé un refuge dans les Corbières, lui qui dit « ... moi qui suis plutôt un nougarat des villes qu'un Nougaro des champs... » et moi, pauvre ver de terre en amour pour les étoiles, qui ose partager ce sentiment pour nos Corbières au motif que plus d'une vingtaine de mes articles cernent ce massif... Toujours cette prétention à se faire valoir par un meilleur que tous, que soi. Pour ce qu'ils valent, ces articles d'une vanité impuissante à me transformer un jour en ne papillon... 

Magne-Nougaro-Mones1980 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur LDME15 autre version File Michel Magne 1980
Michel Magne (1930-1984, ruiné, a mis fin à ses jours) a composé nombre de musiques de films célèbres (Wikipédia). À droite Bruno de Monès (1952-), photographe, a réalisé des affiches pour les concerts de Nougaro en 1981 ainsi que deux pochettes de disques dont « Chansons nettes » l'album de 1981. 

Nougaro (1929-2004), Claude de son prénom (avec “ Aude ” dedans, pas moyen de se guérir de l'impudence), a aussi su faire rimer rivière et Corbières, ces “ hautes ” terres souffrant avant tout du manque d'eau, d'un trop peu de pluies. Sacré Nougaro, “ Clode ”, qui, des Rimes au Verdouble, en passant par Cécile et Marie-Christine, me fait passer par tous mes états. Bien sûr il y a l'hymne « Ô moun pais, ô Toulouse », la Garonne à qui il a offert sa rivière du massif audois. 
« Rivière », un bien grand mot pour un ruisseau souvent à sec (2). Enfin, la poésie ne se discute pas... adhérer sinon passer son chemin... faut choisir, pas de juste milieu ! 
C'était un live, rive gauche, un concert port de la Viguerie, le 21 juillet 1998. Il a introduit sa chanson en évoquant les Corbières ; bien que prématuré, un Cers nocturne soulève les longs cheveux de son musicien aux claviers (3) alors que le poète poursuit avec « Beaucoup de vent » : un réconfort pour l'humain saturé de ville et qui peut enfin s'attarder sur la lune, les étoiles, la garrigue, le rocher, la vigne, les clochers avec, tant pis, la comparaison aux églises mexicaines, bien que surréaliste.        
Nougaro a eu la prudence de ne pas citer nommément Paziols (4), se contentant de faire rimer avec des bestioles : l'œil d'or des grenouilles, les poissons, les cigales et même l'hirondelle. 

Et hier, au-dessus du temps passé sur l'écritoire, de celui du néflier qui depuis décembre nourrit les fruits de ses fleurs, dans le bleu d'un ciel vierge, tout en haut, pour la première fois, une dizaine d'hirondelles, tout en bas les martinets fauchant l'air, criant si bien la vie, et entre les deux, le vol faussement nonchalant des crécerellettes. 

Faut vraiment grossir pour voir quelques oiseaux... finalement ce n'est pas plus mal... 

« Le ciel est, par-dessus le toit, si bleu, si calme... » Paul Verlaine. 
Le concert en plein air, Port de la Viguerie, a donné un album live « Hombre et Lumière », rime douloureuse, rappelant aussi la Retirada sous un ciel gris de neige, lui. « Hombre », homme d'Espagne, qui plus est pour Nougaro chantant sur ce « Quai de l'Exil Républicain Espagnol »... 

(1) Même l'Agly, fleuve côtier, ne coulait plus suite à plus de deux années de sécheresse avant qu'il ne reprenne, par le miracle d'un printemps 2025 plus arrosé. 
(2) membres de l'orchestre ne se cantonnant pas à accompagner, souvent impliqués pour la musique des morceaux : Nougaro ne manque pas, dans son tour de chant, de les citer
(3) entre curieux et autres paparazzi, de mentionner le village de Paziols aurait pu nuire gravement à sa tranquillité. Pas mariol du tout, il pouvait aller librement au café, échanger et y manger des sardines.   

DÉTOURS pour NOUGARO dans les CORBIÈRES (1).

Merci amie poésie nostalgie... Même si ta lame va cette fois trop profond, tu fais venir à moi des émotions dont l'Ia de fb, bien trop robotique, est incapable... 
Merci encore, tu es dans le vrai, les chansons font songer jusqu'à divaguer, partir ailleurs ou revenir sur le film de sa vie, du chemin qu'elle aurait pu prendre ; il s'en trouve toujours une qui soit vous oblige à fredonner, ou qui, sans rien de la musique, ne livre que les quelques pieds de mots triés par la mémoire ; rengaine en boucle mais cachotière si elle ne donne que son air, souvent en résonnance avec une affinité esthétique sinon une période de sa vie, un cap à passer ou indépassable ; taquine quand elle revient pour s'éclipser, en tac-au-tac à la flemmardise à noter, afin qu'on la mérite, augmentant la difficulté, sans laisser la moindre petite piste de trois notes, complice souvent d'un sentiment fort, d'émotion, de tristesse, d'amour ou parce qu'on s'imagine, manière de pimenter le train-train. 

Claude Nougaro, dernier concert dans le parc de Vincennes le 7 juin 2003 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Auteur Pkobel
  
Et toi muse, comme disait Claude qui lui n'en avait pas qu'une, ne te détourneras-tu pas de moi ?  Nougaro, ici cité pour m'avoir mis en tête une mélodie sans que je le veuille, à l'insu de mon plein gré (1). Lui en tant qu'auteur interprète, aucun doute... Donc, faut consulter la discographie, youtuber frénétiquement, limiter ou plutôt se laisser aller dans des échappatoires parfois sans issues, souvent digressives mais qui par chance permettent parfois de glaner par la même de nouveaux trésors... 

La chanson s'intitule « Rimes ». Ah ah ! l'ia de Qwant ne mérite pas ses majuscules, elle se plante en effet sur la date : « Rimes », pas de 1987 mais de 1981, album « Chansons nettes » ! 

« J'aime la vie quand elle rime à quelque chose... » voilà la pièce à conviction, par là que j'ai été harponné ; cette fois, derrière, pas plus un souvenir qu'un regret, qu'un remords d'amour, juste le plaisir esthétique ; pas de femme derrière enfin si, si on est fait pour vivre à deux, en ménage, en couple : 

« ...Rime, rimons tous les deux, 
Rime, rimons si tu veux, 
Même si c'est pas des rim' riches
Arrimons nous on s'en fiche... »

Fête foraine, Fleury-d'Aude 1990


Et ce brin de nostalgie accordéon, harmonica, quand on croit entendre l'orgue de barbarie d'une fête foraine :

« ...J'aime les manèges quand ils riment avec la neige... » 

Oui, ce côté bal populaire aussi, à chantonner sur une valse rapide peut-être. Et l'inspiration débordante de Nougaro, nous ouvrant sur ses muses, offrant ses muses, à 180 degrés, si fort qu'un tour complet fait suite, coupant un peu le souffle, centrifuge à en perdre la tête (dommage pour centripète... la rime). 

Y aurait tant à dire sauf que la nôtre de poésie intrusive n'a pas lieu de parasiter celle du poète à qui nous la devons. Alors parlons-en de façon plus neutre, l'exercice en resterait-il subjectif. 

Rue_Condeau,_vue_sur_le_clocher_des_Minimes_-_carré_(Toulouse) 2024 Auteur Abdoucondorcet


Dans ses rimes avec « chose », il y a « rose », « cause », « prose »... Sudistes, nous avons bien la chance redevable à un rejeton Nougaro agrafé au Sud jusqu'à sa quatorzième année, dans le quartier des Minimes à Toulouse, chez les grands-parents paternels. Ensuite Paris, Sorèze, Vence, Cusset, tous azimuts. Cela participe-t-il des métamorphoses obligées pour passer de la chenille à l'imago ? Pour un artiste désireux de reconnaissance, cela procède d'une ténacité hors normes... vingt années chrysalide avant de sortir papillon. Et quand un sudiste ouvrant tous ses « O » l'entend prononcer en bon français « chôse, rôse, côse, prôse », il ne réalise pas la chance de l'avoir pourtant gardé dans un cocon d'accent languedocien. (à suivre)    

(1) expression devenue célèbre par la voix de Richard Virenque minimisant sa culpabilité de dopage lors du Tour 1998. 


dimanche 10 mars 2019

LES ÉCHOS, LES MOTS DE FLEURY, TOUJOURS… / Fleury d'Aude en Languedoc

Un troubadour qui dit et chante pour nous le Sud, Nougaro, Claude. Sa vie, ses vers, son âme qui accompagnent… Cécile, sa fille, j’étais mainatge (loupiot, enfant, qui se dit aussi dròlle) à Pézenas. Le Verdouble, sa rivière « aux flots fous, aux flots flous » des Corbières. Son hymne qui serre la tripe et noue la gorge parce que chaque Languedocien peut le faire sien :

« …Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin
Parfois au fond de moi se raniment
L'eau verte de l’Aude, ma rivière
Et la blanche pierre de la garrigue…  
Ô mon païs, ô las vignos,  ôô Fleuris... »

Et plus loin son papa que je fais mien :

« … J'entends toujours la voix de papa
Du pays, du village en survie, c’était  mon seul écho… »

Un troubadour, un menestrel, un échanson, un poète, un père pour partager et transmettre… C’est brouillon, c’est confus mais si débordant intérieurement… C’est ainsi que je veux rendre, pour le revivre si fort, ce temps charnière entre sommeil et renaissance, entre hiver et printemps, dans le ciel de nos vents. 

Fleury d'Aude / Repas des seniors 2013.
Ses mots sont là, entre février et mars… Une petite voix, la tienne, papa,  m’a soufflé d’aller les chercher « Vai lous quère ! »

Objet :  Chandeleur  Reçu le :  dimanche 02 février 2003 à 13h54  Objet : Un dimanche à la maison.
Le bonjour de Fleury, où un beau soleil réchauffe l’atmosphère. De zéro degré le matin nous passons à six, et actuellement (midi juste) notre mercure de la cour indique pratiquement dix degrés, tandis que l’alcool teinté en rouge du thermomètre extérieur du premier donne 9°. Le radoucissement était prévu, et en allant chercher le pain, j’ai vu Juju Alvaredo se chauffant au soleil et à l’abri, tout seul, devant l’ex-épicerie Antoine Molveau devenue l’ex-charcuterie Puech, qui m’a dit, sur un signe de ma part : « Ici, il fait bon ». Il était tout de même chaudement vêtu.

Date : lundi 2 février 2004 18:20 Lou four de caus (lo forn de cauç)

Fleury-d’Aude, lundi 02 février 2004. 14 heures, ciel gris, brouillard qui empêche même de voir le moulin de ma chambre du second, mais temps très doux, 11 degrés ; les amandiers sont en fleur. 



TASSIN-LA-DEMI-LUNE. Nous sommes dans le grand LYON, à l’ouest de la grande ville, sur la « Nationale 7 » chantée par Charles Trenet. C’est tout près des « Trois-Renards », le terminus de la ligne de trolley en provenance de la place Bellecour. Un poste de gendarmerie semblable à beaucoup d’autres, possédant toutefois un magnifique chien policier qui mérite tous les égards et a déjà rendu d’éminents services. Il n’obéit vraiment qu’à son maître (voix, signes de la main, lumière dans la nuit). Chaque semaine, c’est l’entraînement dans un terrain spécialement conçu à cet effet : saut d’obstacles, murs de planches à franchir allègrement sans rechigner, attaque de mannequins capitonnés dûment protégés des morsures au bras qui tient une arme, voire à la gorge, selon le cas. Vraiment dangereux pour le novice. Mieux vaut ne pas avoir affaire à un tel animal, pourvu par ailleurs d’un vrai passeport où s’alignent, après les photos et l’empreinte de truffe d’Azor – c’est son nom – l’identité des délinquants, cambrioleurs et même assassins qu’il a permis d’arrêter.

            Le maréchal des logis chef de gendarmerie, au 108, Avenue de la République à La Demi-Lune, le margis-chef, en abrégé, c’est Etienne PEYRE, cousin germain de papé Jean et fils de mon parrain François, maître de chais à La Grange-des-Près proche de Pézenas, après avoir longtemps été garde-chasse aux Karantes, ce domaine de la commune de Narbonne rattaché pratiquement à Fleury. 

(à suivre).