Suite et fin du post du dimanche 10 mars : LES ÉCHOS, LES MOTS DE FLEURY, TOUJOURS… / Fleury d'Aude en Languedoc.
Etienne des Karantes, gendarme à Tassin-la-Demi-Lune :
"...Étienne prend lui aussi, comme les autres gendarmes qu’il dirige, son tour de
garde, et il connaît, lui aussi, ses heures d’astreinte. Tout dernièrement,
vers une heure du matin, un chauffeur de trolleybus s’est présenté au poste :
il voulait , après une journée bien remplie, garer son véhicule au dépôt voisin
des « Trois-Renards »… et un énergumène pris de boisson refusait obstinément de
descendre et de quitter les lieux. Etienne attache le chien à sa laisse (il
l’écoutera peut-être pour ce petit service) et les voilà en direction du
dernier trolley. L’individu est toujours là et lance ses menaces d’ivrogne : «
C’est pas ton képi qui va me faire descendre. Je veux rester là ! » Un signe :
« Azor, fais-le partir d’ici. » L’homme s’est levé, empêtré dans ses jurons. La
bête est passée derrière lui et lui mordille les fesses d’une manière
convaincante. Étonnement, un peu de peur, pas de résistance possible, il faut
avancer. Allez, allez, plus vite !… Et le tour est joué. Le chauffeur remercie,
il pourra enfin aller dormir chez lui. Quant au clochard, il ira jusqu’à l’aube
cuver son alcool sur le banc du poste,
sans bouger d’un iota, surveillé de près par Azor qui grogne méchamment au
moindre mouvement de son prisonnier, lorsque le patron s’est absenté dans son
appartement du premier pour boire un café bien mérité.
Ce jour-là, Étienne règle un peu la
circulation sur cette route alors importante qui traverse la localité. Les
camions se suivent, avec leurs charges diverses. On a demandé, pour la forme, à
certains conducteurs, « papiers du véhicule » et « documents » précisant la
nature et le poids du contenu. Soudain, un long camion-citerne immatriculé dans
l’Aude : le 11 apparaît en fin de plaque.
Notre cousin gendarme de faction fait le signe habituel : le gros
véhicule, en provenance de Narbonne, s’est bien garé sur la droite.
Après les premiers propos d’usage, le conducteur se voit demander son
permis de conduire. Nom : SIRVEN ; Prénom : René , Lieu de naissance :
Fleury-d’Aude (Aude). Et une petite conversation s’engage. – Vous venez d’où ?
– De Narbonne – Et comme ça, vous allez jusqu’à Lille, livrer tout cet alcool ?
– Oui, comme cela m’arrive assez régulièrement. Il m’arrive aussi de
transporter du vin, avec un autre camion et pour d’autres destinations. Je
roule beaucoup et je sillonne pas mal de régions. – Bon, tout est en règle. Et
dites-moi, vous êtes de Narbonne ? – Oui. – De Narbonne même ? – Non, un
village voisin, Fleury, où je me suis marié. – C’est juste à côté ? – Oui, oui,
Narbonne est notre chef-lieu d’arrondissement, avec la sous-préfecture.
- Mais
entre Fleury et Narbonne, vous avez d’autres villages, non ?
Ah ! il faut passer par Coursan, c’est le canton. –
Et entre Coursan et Fleury, rien ?
Et mon Sirven de se dire : voilà un gendarme bizarre
et plutôt curieux : s’attacher à ces détails !!
– Si, bien sûr, nous avons
Salles, mais les deux villages se touchent presque, ils sont à peine séparés
d’un kilomètre.
-
Ah ! ça se touche ? Alors entre Salles
et Fleury,…
-
Là, vraiment, nous n’avons rien.
- Et
lou four dé caous ?
- Oh !
mais vous connaissez bien les parages !
- Je
suis né aux Karantes, vous connaissez sans doute ? Et mon école, à partir de
huit ans, c’était à Fleury. On y allait à pied à travers la garrigue, avec mon cousin Jean, Jean Dedieu, vous devez
le connaître.
-
Naturellement ! Dans un village, on se connaît pratiquement tous, vous
savez.
Stupéfaction de l’ami René. La conversation
continuera quelque temps devant le pot de l’amitié, consommé – avec modération
– dans le voisinage.
Ces deux petites histoires me furent racontées par Étienne lui-même, toujours attaché à ses racines… et à son enfance..."
Lou four de caous, une chronique de François Dedieu.
– Si, bien sûr, nous avons Salles, mais les deux villages se touchent presque, ils sont à peine séparés d’un kilomètre.