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lundi 9 juin 2025

« A Pentacosta, la guino gusta. »

« A Pentacosta, la guino gusta. », « À Pentecôte, goûte la guine », disait sa grand-mère Joséphine, comme aimait à le répéter mon père en première quinzaine de juin. 

Pas plus de descente de la côte que la route de Lauriole en Minervois qui fait semblant de monter alors qu'elle descend ou le contraire suivant le sens où on se met... Et quel pastis puisque la “ penta ”, c'est inventé, seuls « lo penjalut », « lo penjant » répondent à « la costa » ! Et puis, en grec, dans Pentacosta, Pentecôte (quelle idée aussi de nous embrouiller avec le chapeau sur le « ô », pas très orthodoxe tout ça) il y a l'idée de « cinquantième », on parle de jours... 

Guines

Autant parler des guines... Des « guignes » ? vous me reprenez ? c'est la poisse, encore une descente à monter... En Gascogne ils disent guindoul, guindoulh, guindoulot ; toujours d'après Mistral dans son Tresor dau Felibrige en Rouergue cela donne guindou, aguindou, guintou ; suit le proverbe « Rouge coumo un guindoul »... un effet bœuf chez les “ Ventres Jaunes ” du Ségala !    

« Per Pentacosta, lo guindol tasta »

Dans un certain Languedoc plutôt Haut que Bas à mon idée, pour cette cerisette aigre, on dit encore agrioto, guindoulo. Comme dans la chanson, elle pousse sur le guindoulié ou guindouliè (t'en souviens-tu), je préfère « guiniè » bien que « guinié » soit accepté aussi.   

 Un dernier truc et j'arrête avec les élucubrations :  Christian Horace Bénédict Alfred Moquin-Tandon (1804-1863), éminent scientifique connu aussi pour un canular littéraire sur un manuscrit de troubadour, titra « guindouleto, guindouletos » ses épigrammes et poésies, eu égard à sa naissance à Montpellier, à son travail à Toulouse (professeur d'histoire naturelle), à son rôle de rédacteur à l'Armana Provençau. 

Fini les confitures pour l'hiver !

Cette année encore, la pédale nostalgique, j'ai suivi les rives de l'Aude, plus de guines au bord de la rivière. À croire que comme le bocage de l'Ouest, ils s'en sont foutu le peilhot avec les haies débarrassées... Deux guines j'ai compté, et encore pas sur le même arbuste ! 

Aude
Exuvie
 
97

Mais j'y retournerai, quitte à pousser le vélo sur les chemins de terre, plus en amont, chez nos amis sallois. C'était mieux aujourd'hui : 97 guines au moins pour la photo et un signe de vie pas vu depuis 40 ans, une exuvie de couleuvre ! 

Pardon pour cet esprit taquin sinon malsain descendu sur moi pour Pentecôte... je n'en dirai rien à mamé Joséphine, mon arrière-grand-mère rappelant chaque année « A Pentacosta, la guino gusta » un dicton que suite à mon père, j'aime répéter à mes fils, en première quinzaine de juin. 

Joséphine Hortala née Palazy (19 mars 1874- 13 août 1958) 


samedi 17 mai 2025

La MONTAGNE NOIRE (4) Relief, pluie et vent.

Brodequins lacés, sac au dos, avec les David à l'horizon, la Montagne Noire s'offre entre le bassin de Castres et les plaines de l'Aude. 

Copié sur le travail de Roger Bels, instituteur / En pensant à mon prof de quatrième, Monsieur Sinsollier... La coupe part de Saint-Amans-Soult, kilomètre 0 et finit du côté de Pennautier. dans l'impossibilité de situer précisément les cuestas calcaires, je ne me suis pas risqué à faire figurer les points particuliers à cette coupe : Pradelles-Cabardès, le Mont Simel, La Combe-du-Saut, Villegailhenc,   

Au nord, le plateau chute brusquement sur la coupure du Thoré, bien arrosée par les pluies atlantiques, la pente porte de sombres et profondes forêts lui valant son nom ; le Sud, au contraire, au climat plus méditerranéen, offre un paysage de côtes exposé au soleil. À l'est, si André David mentionne le col de la Fenille (451 m. entre La-Bastide-Rouairoux dans le Tarn et Courniou dans l'Hérault), la vallée du Thoré, remonte, elle, au-delà des Verreries-de-Moussans. 
À propos du réseau hydrographique, le travail de l'auteur s'adresse comme pour le reste, aux spécialistes, référence faite à la géologie par exemple, aux cycles d'érosions. Rien n'empêche, néanmoins, d'en retirer une vulgarisation tous publics. 

Sur les 38 figures de l'ouvrage, les dessins au nombre de 19, sont du père Léo David. Ici la n° 17, la plaine éventrée de Castans. 

Relevé hydrographique d'André David. 


Dès lors, non s'en nous en excuser, comparons passé et devenir géologiques des reliefs et rivières par un biais anthropomorphique au vocabulaire déjà utilisé par David. Singulière, la ligne de partage des eaux raconte que, plus rapprochée du Nord, avançant plus loin, l'érosion méditerranéenne a fait gagner le Sud. Oui mais, partant du factuel, la science du jeune géographe est capable d'anticiper l'évolution d'une situation non figée. Le Nord reste cependant sur deux batailles gagnées, celles du Sor et de l'Arnette ; le Sor a capté les affluents du Lampy du coup raccourci, décapité ; de même, l'Arnette primitivement liée à l'Orbiel, a été capturée par le Nord. Sauf que, désireux de se venger, l'Orbiel annonce sa revanche prochaine... Déjà, tel un allié, le Clamoux (“ la ” pour l'IGN) a amputé l'Arnette de ses sources : le Sud est dans une dynamique de reconquête... Et la plaine de Pradelles-Cabardès étant appelée à disparaître, c'est à se croire dans l'épisode de l'enlèvement de la belle Hélène, prélude à la Guerre de Troie ! Chapeau l'artiste... je veux dire « André David » ! 
Pour ne rester que “ grand public ”, laissons le spécialiste à son talent d'enquêteur, retenons cependant que pour alimenter le Canal du Midi, les noms de Paul Riquet et Vauban sont liés aux Rigoles de la Montagne et de la Plaine (60 km environ pour l'ensemble), dédiées au captage des eaux nécessaires au Canal, entre les versants méditerranéen et atlantique. 

Relevé par André David. 

Pleuvait-il davantage, un siècle passé en arrière ? 
Lors de son étude, André David disposait de peu de ressources à propos de la pluviométrie ; c'est qu'à l'époque, l'appellation “ Montagne Noire ” va du Sidobre à Bédarieux, Avant-Monts compris. Si, à l'inverse du relief, les courbes se resserrent au sud, le plus étonnant relève du flou sur les abords de Nore où le schéma ne traduit pas l'abondance des pluies (le pic se retrouve souvent noyé de brume alors que le Cabardès est sous le soleil). 
Une vingtaine d'années plus tard, dans une étude sur « Les Conditions climatiques et la Végétation de la Montagne Noire » et des relevés plus étoffés, J. Dougados (1) note que les récoltes sèchent à Cabrespine « ...pendant que ceux de Pradelles maudissent les longues journées pluvieuses... ». 

Préfacé par A. Cuttoli, directeur de l'École Normale d'Instituteurs de Carcassonne. 

1966, le fascicule de haut niveau pour le public du primaire auquel il était destiné voit Roger Bels proposer une carte très lisible de la pluviosité annuelle du département avec les secteurs les plus arrosés du massif (entre 1300 et 1600 mm des secteurs de Laprade-Lacombe [dont la prise d'eau d'Alzeau à destination du Canal du Midi ], ainsi que celui de Nore entre Pradelles et Castans). 

Enfin, liés aux nuages porteurs de pluies, les vents. 

Comme c'est le cas pour le Cers qui se déleste dans les Corbières pour devenir la Tramontane (2) du Pays Catalan, André David mentionne ce vent amenant la pluie sur le versant nord de la Montagne Noire suivi d'une Tramontane en Bas-Languedoc. Sinon c'est le Marin humide et calme au sud devenant l'Autan violent, chaud et sec (E. de Martonne parle d'un effet de föhn). Le relief et la ligne de partage des eaux détermine cette réalité. Au début du XXème siècle, les vents d'ouest dominaient deux jours sur trois... Qu'en est-il à présent qu'une bascule semble avoir fait des vents venus de la mer des dominants... (Une quête vaine dit néanmoins [site de Montbrun-Corbières]que l'ensoleillement de la région narbonnaise dépasse les 3000 h/an alors qu'au dessus de 2800 h/an ne sont mentionnées que les villes de Marseille, Toulon et Nice...) Sur nos vents, faute d'éléments, ce n'est qu'un ressenti ; maintenant si quelqu'un peut préciser, son aide sera la bienvenue.   

(1) Pas moyen de faire la part entre Jules François Camille Dugados et François Jules Camille Dugados donnés pour être nés en 1855... un même ingénieur sorti de Polytechnique peut-être...  

(2) David met la majuscule aux noms des vents. 

Marcel Sinsollier (1932-2024)

En hommage à Roger Bels (1921 ?-2001 ? Carcassonne ?), instituteur, et toujours mon émotion pour Monsieur Sinsollier (1932-2024), Marcel de son prénom, la trentaine quand je l'ai eu en quatrième comme professeur d'Histoire-géographie et qui m'a instinctivement accompagné quand j'ai dessiné et colorié le schéma emprunté à R. Bels. 

mardi 15 avril 2025

BALADE à AUDE (5) jardins et gabions.

Horte d'Andréa pour inaugurer cette sortie du 30 mars, Horte de Lamy à présent (de par son origine « de Barthélémy », peut-être ainsi orthographiée), des maraîchages grâce à l'eau indispensable de la rivière ; sa proximité a favorisé cette activité plus professionnelle que vivrière aujourd'hui, avec des parcelles encloses où les rangs d'artichauts présentent leurs grosses inflorescences de chardons domestiqués ; des faisceaux de fèves semblant avoir surmonté les fortes séquences inversées de vent marin puis de Cers, un rang de blèdes ; des serres. Ce n'est pourtant pas cet enjeu économique qui nous vaut la quasi disparition des guigniers aux abords des berges, sinon est-ce seulement parce que les arbustes n'en sont encore qu'à bourgeonner ce dimanche 30 mars 2025 ? 
Adieu gelées et confitures d'un temps où mon arrière grand-mère aimait renouveler son « Per Pentacousto, la guino gousto », un dicton théorique (1) seulement mais relevant d'une pratique des cueillettes ouverte à ce que donnait la nature : poireaux des vignes, salade sauvage, prunelles...  la stricte propriété s'appliquant alors à ce qui était semé, planté, cultivé : asperges, câpres, arbres fruitiers. De nos jours, l'interdit généralisé s'impose ; il n'arrête pas les professionnels, pas même les voleurs ordinaires, souvent doublés de saccageurs pas occasionnels du tout, systématiques, sans scrupules ; les panneaux et indications usuelles ne dissuadent que le promeneur tenté par quelques guines ou une figue au bord du chemin (2). 
À côté des terrains acquis par des vacanciers, Robinsons de l'été, reste un jardin “ d'amateur ” éclairé, déterminé sinon acharné en dépit des risques inhérents à l'éloignement : contre les vols et les dégradations, contre les souffles violents aussi, il a clos son périmètre d'efforts d'un grillage doublé d'un rang de carabènes. Que cette vaillance (jadis partagée, au Puits-Sûr notamment, par bien des familles du village, moins exposée déjà grâce au nombre) ne soit pas mise à mal par un vandalisme hélas trop actuel ! 

Le pont autoroutier depuis celui de Fleury. 

Ce qui reste des gabions et de la route. 

Un peu en aval du pont de Fleury (3), la rive concave, déjà plus soumise à l'érosion, a vu ses gradins de gabions ainsi qu'une partie du chemin emportés... En amont, visible depuis le pont de Fleury, au milieu du lit, d'après notre ami Guiton, les piles du pont de l'autoroute sont directement impliquées dans une dégradation complète de la berge interdisant la circulation automobile (ce qui, entre nous soit dit, n'a pas que des inconvénients). 

Pourtant, les cancans et caquetages venaient bien de là...
  

Et les oiseaux ? À part les groupes joyeux de passereaux (je suis bien embêté pour en déterminer l'espèce !), à la vue de leurs becs recourbés, un vol de quatre ou cinq ibis à la plume sombre, remontant la rivière et plus loin, une bande caquetante de canards ou sarcelles, à l'oreille sans le moindre doute bien qu'invisibles malgré une incursion au bord de l'eau. 

(1) la floraison, la maturation des fruits suivent le rythme saisonnier alors que la  fête de Pentecôte tombe, suivant les années, entre le 10 mai et le 13 juin. Les deux calendriers pourraient concorder cette année sinon en 2030 ou 2038, qui sait ? 

(2) Faut avouer qu'avec Jo (1949-2024), dans une camaraderie synonyme d'amitié, de chasse, de course à pied, de belote, de pêche à Aude, de soirs de bals à St-Pierre-la-Mer, l'élevage de loisir des graines de vers à soie nous a fait prélever des rameaux de mûrier. On n'avait pas idée alors qu'on volait sûrement... Faute avouée...   

(3a)ainsi nommé non par chauvinisme mais parce qu'on devait ce passage historique aux dominicains de Notre-Dame-de Liesse autorisés à exploiter une barque pour les pèlerins venant de l'Hérault. À la Révolution, la vente de la chapelle à la famille Vaillant de Lespignan la préserva des déprédations. Elle ne fut donnée à l'Association diocésaine de Fleury que récemment, entre 1935 et 1949, durant la charge paroissiale de l'abbé François Gleizes... Moralité : le pont de Fleury est aussi le pont de Lespignan... (Sources : Canton de Coursan, Vilatges al pais, 2005, Francis Poudou / De Pérignan à Fleury, 2009, Les Chroniques Pérignanaises.) 

(3b) Une fois, en relevant les palangres, Robert le pêcheur m'a montré la tige d'un guignier de 3 ou 4 bons centimètres, cassée net certainement par un gros loup parti avec l'hameçon. On sait ce que valent les témoignages et souvenirs des pêcheurs ou chasseurs (« Cassaire, pescaire, toutis de blagaires »). Quoique, pour reprendre en gros le mot de Marie Mauron, ce n'est qu'un pêché véniel d'exagérer un peu par amour des gens, du pays... Maintenant certains y pêchent le silure au toc, et ça je l'ai de mes yeux vu... 

Gabion en état au pont du ruisseau du Bouquet. 

  

samedi 12 avril 2025

BALADE à AUDE (4), non-dits et fausses pudeurs...

Continuons avec la bordure nord de la Clape, notre montagnette que le fleuve a de toujours su contourner...   

Les prés, bordure nord de la Clape - Image d'archive. 

Petit pont sur le ruisseau du Bouquet. 

La longue ligne droite coupe dans les prés du Pastural et de Négo Saumo (une ânesse s'y serait noyée), longeant les Caudiès, étranges exsurgences d'eaux tièdes, du moins ne gelant jamais ; tout au bout, là où finit en beauté ce long de la rivière, avec un élargissement valant un plan d'eau, la confluence du Bouquet et son vieux pont en dos d'âne ; sur l'autre rive, de la campagne de la Bâtisse, la rangée sublime de pins, le toit éventré, d'un pigeonnier peut-être, complétant une vision des plus bucoliques. 

Je ne sais si le premier cabanon en contrebas de la garrigue appartenait au cousin Jojo, mais le second, si, je pense, en remontant alors le fleuve ;  Jojo Ferri (1942-2013) filleul et né un même 31 juillet, bien qu'à vingt ans d'écart avec son parrain, mon père (1922-2017). 

Archive. 


De beaux chevaux de demi ou de trait tournent la tête, l'un d'eux même se met de face, marquant un intérêt pas déplaisant. Vide en face, l'enclos où l'âne trop solitaire était accouru au grillage (ces animaux aiment le compagnonnage). C'était quand ? des années déjà... 
À peu de distance, le courant continue à ronger le chemin théoriquement réduit à l'état de sente sauf que les véhicules à quatre roues n'hésitent plus à passer à côté dans la friche, les traces encourageant sûrement ceux qui n'en savaient rien, à empiéter ainsi sur un terrain a priori privé (une des vignes jadis de mon grand-père Jean [1897-1967]). 
Du bel alignement de tamaris semi-aquatiques, ne reste qu'une paire d'exemplaires ; nous y descendions, non loin du cabanon de la Pointe, pieds nus dans l'eau, en bande, dont le copain Joseph (1950-2020), aimant à dire, au sujet des poissons à prendre grâce aux escabènes (arénicoles des pêcheurs), futurs appâts délogés de leurs conduits d'un substrat mélangé de sable plus dur sous la vase du fond, « anan sarcir lo croquet » : on va repriser, raccommoder l'hameçon ! J'ai longtemps cru entendre et comprendre “ farcir l'hameçon” ! 
Pas de chien au cabanon peut-être inhabité désormais tant il est vrai que ces abris à l'origine destinés aux chevaux et aux gens loin du village, ont donné envie d'un aménagement pour les vacances ou même dans le but d'y résider à l'année. 

Robert à l'Ayrolle 1978. 

En suivant, celui de la treille, n'en portant plus que le nom... Robert Vié (1927-2007) voisin, ami et pêcheur, avec son fils Claude, y treuillaient le globe, un grand filet entre les deux rives... Robert et Claude, toujours accueillants, prêts à plaisanter avec notre troupe d'enquiquineurs au lancer. 

Avec Joie, la campagne, un minimum de sens moral à ce jour commande de faire silence ; attendre que le temps débute son travail d'érosion, jusqu'à aplanir le saillant de la commotion : avant-hier, jeudi 10 avril 2025, une forte communauté villageoise portait en terre le viticulteur de Joie, 61 ans seulement. Quand Joie rime avec détresse, attendre que le temps de décence passe... 

La Barque Vieille archive. 
    

...Comme à la Barque Vieille avec toujours cette nostalgie d'antan qui s'autorise à refaire surface : une vigne à vendanger non loin d'une berge entre roseaux et peupliers ; les grands défendaient qu'on s'en approchât, de quoi au contraire éperonner l'imaginaire... La barque ? de Charon peut-être, le passeur étudié dans nos humanités ? Non, un bac, sûrement, pour l'autre rive... Un vieux pêcheur alors ? Jusqu'à braver l'interdit un jour, jusqu'à piétiner le sable et prendre des ablettes à la mouche de cuisine suite au plaisir des lignes dans « La Boîte à Pêche » de Maurice Genevoix manière de répondre à Robert faisant croire aux autres qu'avec les ablettes ou le silure je ne raconte que des histoires... Et un jour on apprend que notre rivière est une barrière empêchant une migration des espèces vers le nord, une frontière linguistique à propos de la prononciation de l'occitan, du vocabulaire aussi, en deçà et au delà du fleuve (à suivre). 


dimanche 6 avril 2025

BALADE à AUDE, vandales et infects (2)

 Laissons le cabanon abandonné, livré à quelque chemineau des temps modernes, de ces asociaux ou pas gâtés par la vie jusqu'à ces marginaux qui ont pu s'y abriter mais qui laissent des traces trop visibles de leur passage, de leur squat. Si n'étaient que les cendres d'un feu pour se réchauffer, pour cuire, souvent c'est souillé par des ordures, des inscriptions donnant plus l'idée d'une rancœur contre la société, d'une intolérance agressive plutôt que d'une empathie solidaire ; pour preuve, alors qu'on voudrait voir si un râtelier, une mangeoire, parlent des chevaux compagnons de travail, tant la souillure racle la gorge, le mouchoir sur la bouche, on craint même de passer le seuil d'un tel havre déserté... En outre, à propos d'autres, catégorie de ces nouveaux occupants, propriétaires, héritiers ou illégaux, leurs chiens, garderaient-ils des cambrioleurs, restent souvent libres de s'attaquer aux promeneurs, manière d'interdire le passage légal devant ces métairies. Aujourd'hui dans le rejet d'autrui, ces mas, ces granges d'une vie d'avant, restaient alors interdépendants du village, de toute une communauté connexe. 

L'Horte d'Andréa sous un angle du souvenir...  

L'Horte d'Andréa, justement, aujourd'hui fermée au regard par force tôles et panneaux de bois dépareillés, jadis avenante avec sa treille des beaux jours. Andréa venait régulièrement vendre sa production potagère au fond d'une maison donnant sur l'ancienne place du marché à Fleury (1). 

Au-dessus du portillon, en attendant les pétales blancs, l'habit vert du rosier rustique... et pour cause de soleil aveuglant quand l'âge infléchit la vision, mon empreinte digitale heureusement, seulement sur la photo...  

En revenant vers Notre-Dame-de-Liesse, pour ne pas dire vers l'autoroute qu'il faut longer, la grange encore mentionnée sur la carte IGN Béziers 7-8 (2) n'est plus. En reste le jardinet à l'étroit sur la rive, du temps de Cadène, et son rosier grimpant promettant des fleurs blanches, mais son terrain cultivé avec au moins un cerisier puis des melons d'été n'existe plus que dans le flou des mémoires. 


Avec José, mon pauvre ami parti le 26 février 2024, nous occupions régulièrement un coin de pêche au muge, bien caché sous des guigniers encore généreux en arrière-saison. Là encore, la rivière me laisse le choix ou non d'en garder le souvenir. Plus pitoyable, ce qui demeure du coin affouillé par les eaux mué en dépotoir... aux vandales de passage se joint l'inconscient ordurier ordinaire... 

Toujours sur ce retour, il me semble croiser Néné, ancien voisin de l'avenue de Salles, qui, avec les jeunes de sa suite, vient voir où en est l'immersion (3) destinée à contrer les remontées de sel dans les vignes de la plaine. (à suivre)  

Maison de l'ancienne place du marché à Fleury. Photo : Josette Saborit-Dolques.

(1) de ces maisons détruites pour mettre l'église en valeur et faire une grande place ouverte agrémentée de poires d'or (symbole du village Pérignan) sur des jeux d'eau certes raisonnables mais à sec depuis que les sécheresses affectent notre bordure méditerranéenne. Je dois à Josette les précisions sur Andréa et cette maison de village où son arrière-grand-père fut jardinier ; elle continue de cultiver et de partager ses précieuses connaissances sur la vie passée du village, présente aussi puisque ceux de son âge (classe 47) auront le plaisir de retrouvailles annuelles autour d'un repas bien partagé. 

Josette fut invitée un jour à entrer dans la demeure d'Andréa, bien arrangée. Mon ami Jean-Pierre, grand marcheur alors, m'a eu dit avoir parlé avec la femme du lieu (ce devait être Juliette, une des filles). 

Désolation, bien des années plus tard, à la vue de l'intérieur saccagé, des photos à terre et souillées, œuvre d'êtres infects ne respectant rien (témoignage de Josette).

(2) de 1972, correspondant alors à ce que nous appelions “ carte d'état-major ”. 

(3) Avant que le fleuve travailleur n'apporte petit à petit à son delta, ici était la mer autour de l'île de la Clape. 

lundi 17 mars 2025

FLEURY, balade en CHANSONS... (2)

 « ... Et sur ma route il y a des trous... », oui, des trous de mémoire, sûrement ou des trous d'air puisque ma vie a continué sous les tropiques de l'Océan Indien. 

Je n'ai pas vu «...tant de rues » et « tant d'églises », sauf peut-être à La Réunion... 



« ...Mais les plus belles étaient chez nous... », non, “ la plus belle ” c'est celle de Saint-Martin à Fleury, chez nous, plus chaleureuse qu'une cathédrale même si jadis, les logis accolés, la pissotière, l'abri pour les vagabonds, celui pour les feux d'artifice, lui donnaient l'air d'une grande... 

« Mon village est loin, à l'autre bout du Monde... », non, il est toujours resté là vu que les pensées, plus encore les mots échangés, le gardent à portée, lui, sa famille et les gens qu'on aime... 

Divergences ensuite, avec les paroles de Delanoé malgré « ... Les chemins qui mènent à nos collines Avaient des pierres douces à nos pieds... » 

Vite il faut le bâcler ce topo nombriliste, se mettre en cuisine, que le tripat, même en trichant à la cocotte, ça prend du temps. Et puis ce ne sont pas mes camarades qui m'ont oublié... ces choses-là ne se disent pas... la larme à l'œil, seulement seul, en secret... Que tous ceux qui font mon ciment me soient sauvegardés, trésors vivants qu'ils sont, puisque persistent en moi les copains trop tôt partis... proches sinon plus ou moins côtoyés, sinon par leurs parents et familles : Adrien, Alain, André, Antoine, Arnold, Bernard, Christian, Christophe, Claude, Daniel, Éric, Francis, Georges, Gérard, Gilbert, Guy, Henri, Jacky, Jean, Jean-Claude, Jean-Luc, Jean-Michel, Jean-Philippe, Jean-Pierre, Jean-Yves, Jérôme, Joël, Joseph, José, Louis, Marc, Michel, Norbert, Olivier, Pascal, Patrick, Paul-Serge, Philippe, Pierre, Raoul, René, Richard, Roger, Roland, Serge, Stéphane, Sylvain... les filles aussi Africa, Annie, Catherine, Chantal, Chloé, Colette, Danielle, Évelyne, Francette, Gisèle, Jackie-Jacqueline, Joëlle, Josette, Marguerite, Marie-Agnès, Marie-France, Marie-Josée, Marie-Thérèse, Martine, Maryline, Maryse, Mauricette, Michèle, Nathalie, Sylvie, Sylvette... pardon pour les prénoms oubliés mais que la rue, la maison, ponctuellement ne manquent pas de rappeler... une litanie telle celle de Marie Laforêt (1939-2019) « Anton, Ivan, Boris et moi Rebecca, Pola, Yohanna et moi... » : 

«... Sur le chemin de bruyères
Tout le long de la rivière 
On cueillait la mirabelle 
Sous le nez des tourterelles... » 
Paroles Marnay Eddy (1920-2003), compositeur Stern Émile (1913-1997). 



Mince, il faut rentrer, c'était juste pour le romarin et le thym du tripat, surtout que j'ai pris le temps d'une botte d'asperges. Au-dessus du talus où le vélo est caché, une vigne mais toute sèche, qui, lambrusque, n'ira pas courir dans la Montagne de Jean Ferrat (1930-2010), que le printemps ne viendra pas attendrir  : 

« ... Les vignes, elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré... »

Enfance, jeunesse, boulot aussi avec cette chanson idéale pour expliquer l'exode rural en classe de 4ème... Nostalgie multiple donc... Un chien costaud du museau passe sur la piste tracée désormais sur les friches, sans maître. Qu'il ne me sente pas malgré le Cers léger ; le coteau est devenu parcours pour les coureurs, les promeneurs, les baladeurs de toutous mais ce jour, heureusement, pas de moto tous terrains venue chambouler cette paix survivante (1)...  Et tant que nous sommes là, sous quinze degrés, malgré un ciel que le soleil n'a pas encore le courage de bousculer, ne suivons pas, finalement, les mots prémonitoires du parolier à l'intention de l'interprète :  

« ...Pas de discours et plus de larmes, 
Venez mes frères me dire adieu. » dans la bouche de Joe Dassin, devant mourir dans sa quarante deuxième année, si loin, à Papeete... 

(1) un jour j'en ai croisé un très prudent certes, attendant son petit garçon également sur un mini engin... je n'en pense pas moins que pour ces motos de mer au potin invivable... 

Ps : à propos des photos, commentez vous-mêmes que je suis enquiquiné : après 45 minutes, elles manquent de cuisson les tripes et j'ai dû les remettre sur le feu... 

Et les chansons, à la demande, vous saurez les trouver non ? 

FLEURY, balade en CHANSONS... (1)

Un petit plateau, rien du tout à vrai dire, à peine cinquante quatre mètres de haut... Et pourtant, mes huit ans, ce coteau n'étant qu'à deux pas du quartier avenue de Salles, de la maison, sont loin de l'inaccessible ; les vignes étagées, le lierre au vert d'hiver bon pour le moral, les talus aux amandiers, surtout quand ils fleurissent, les poireaux de quand les poisons n'étouffaient pas la terre, les asperges sauvages, au moins il reste ça... 


« D'où viens-tu gitan ? » chanson des Compagnons... 

L'appariteur en publiait quelques mesures pour l'arrivée sur la place du marchand de moules et de fruits de mer... Ils y avaient un cabanon ; un coin à éviter lorsque la différence est entretenue bêtement, à cause des rumeurs sur les voleurs de poules, voleurs tout court que la voyante ne prédira pas, et attention aux petits enfants, en prime, ils catafalquaient à l'argile les hérissons à rôtir... Vite, à la maison, au crépuscule, à l'heure qui les voit...  

« ...assis près de la flamme claire Qui jette à la clairière Leurs ombres de géants... » 

Tel Pascalet j'étais, l'enfant à la rivière d'Henri Bosco, parfois épiant de loin, caché, sans me douter qu'un jeune de ces Caraques, par compassion, m'aiderait à couper les raisins, à rattraper mes trois souches en arrière de la « colle » de vendangeurs. En demeure l'embarras, la gratitude, le regret de n'avoir pas dit bonjour, un jour aux gitans autour du feu... 

Voilà ce qui m'habite depuis, une fois adulte, la découverte de ce petit plateau, à présent que la dalle du toit a écrasé les murs du cabanon déserté ; au calcaire compact du Puech de Labade, notre sommet haut de 170 mètres (n'en souriez pas, de là haut on voit la mer !), au calcaire marneux de Tuffarel sinon aux grès verts de l'Oustalet (autant de lieux-dits, pas seulement de cailloux, avec des ruines ou toujours occupés sur le piémont oriental recherché pour la vigne) répond ce relief de galets (de lauzes en bordure) couvert de thym, de romarin, objets de ma balade en prévision d'un tripat. 


Encore à courir les marges, nos talus occitans, me défendrais-je de cette nostalgie aigre-douce, à la belle vue tous azimuts de mon village en bas, de ses collines aux moulins de part et d'autre (l'autre est aux voisins sallois), au pied de la Clape derrière, avec au fond la plaine de l'Aude, Vendres et son étang, Valras sa tour et encore la mer, me reviennent les paroles de « Mon Village du Bout du Monde », paroles de Pierre Delanoé (1918-2006), Joe Dassin (1938-1980) interprète.    

« Le vent s'engouffre dans ma valise... », oui, quand il a fallu quitter le pays, ce coteau... Ce n'était pas si loin, Lyon et puis des gens aimables disant en souriant que notre accent leur portait le soleil, mais... mais pour les vacances de Pâques par exemple, sur l'ensemble du parcours, nous passions seulement du velours des platanes au départ, au vert tendre des premières feuilles à l'arrivée, trois semaines de décalage. Et puis, un départ obligé pèse plus qu'un départ choisi... Tout n'est pas vécu en tant qu'exil... (à suivre)


dimanche 16 mars 2025

CARNAVAL, coutumes, croyances, interdits (4ème partie).

*24. À Rouffiac-d'Aude les nouveaux mariés sont tenus de monter un âne, tournés vers la queue ; plus nombreux, ils sont promenés dans une charrette tirée par l'âne, précédée par un masque qui, au bout d'une perche, présente des cornes que les femmes doivent baiser. 

Après le vol de la Joconde au mois d'août 1911  âne en cartonnage coiffé de la tiare de Saïtapharnès et portant le cadre vide de la Joconde, tirant le char des Gardiens du Louvre, char du Carnaval de Nice 1912, qui défile aussi ensuite à la Mi-Carême à Paris 1912. Domaine public Auteur anonyme

* 25. À Pezens les hommes mariés se liguent avec les jeunes pour faire monter à l'envers le dernier des nouveaux mariés, nanti d'une perche à cornes. Il s'agissait encore de prévenir contre la malignité du “ sexe dit faible ”, de la créature tentatrice... 
Les couples réfractaires à ces vexations faisaient l'objet d'un charivari, un tapage souvent nocturne pouvant durer jusqu'à contrepartie, à savoir l'acceptation de la vexation sur l'âne sinon un coup à boire en faveur des prétendus gardiens de l'ordre social... 
Ces veilleurs de la morale arbitraire n'hésitaient pas à rendre publique l'inconduite des filles et des femmes. 

*26. À Castelnaudary, la course de l'âne punissait les “ coupables ” d'adultères.  

romarin de la garrigue 13 mars 2025

*27. Les fêtes de carnaval  faisaient la part belle aux jeunes gens que l'attrait du sexe opposé, la testostérone rendaient despotiques et misogynes. Ils reprenaient pour leur compte les symboles de renouveau sinon de fécondité. Moins rêche, moins brutale, cette symbolique adoucie car plus juste à l'égard des femmes potentiellement mères, sera reprise plus concrètement encore lors des fêtes de mai. 
Veille du dimanche gras, les jeunes de Fabrègues, de Sain-Guilhem-le-Désert mettaient un bouquet (romarin, chou et farigoule)à la fenêtre des filles de vingt ans qui à leur tour, les invitaient le dimanche suivant. Ce cadeau du bouquet bien que de seul romarin, stimulant énergétique, existait ailleurs dans l'Hérault. 

Oreillettes de Laeti ma nabeude ! 

Oreillettes 2025 de ma sœurette ! 

*28. Pour carnaval, on se régale avec de pleines corbeilles d'oreillettes, pas de beignets comme partout ailleurs en France même si la pâte avec de la levure donne des oreillettes plus moelleuses, entre les craquantes et les beignets tels les bugnes du Lyonnais.  

*29. dans l'Ariège (Bélesta, Montségur, Dun), les jeunes filles devaient suspendre des fils obtenus au rouet autour de chaque arbre du verger afin de le rendre productif. À Lavelanet et Bélesta, le jour des Cendres, cela portait malheur de cuire le pain, de tremper le linge de la lessive. 

*29. pour carnaval et plus encore durant le carême on ne se mariait pas. (en raison d'un menu maigre pour les invités ?) 

*30. Carnaval juge et se débarrasse de l'hiver en maintenant l'élan viril, son rituel se complète avec les fêtes de mai plus valorisantes pour les femmes. 

Vrac de notes complémentaires (source principale « La France Pittoresque »).   

*31. Une brutalité pouvant aller jusqu'à donner du bâton, fût-il rembourré de paille,  sur l'assistance ou les passants ! 

*32. Carnaval, les masques, ont-ils un lien avec Janus le dieu aux deux visages ? 

*33. Exprimer la fête de carnaval par le biais des animaux : processions de l'âne, du bœuf gras avant son sacrifice, du renard... 

*34. Le renard est promené précédé par la volaille, habillé en ecclésiastique, un rapprochement des plus clairs quand mu par l'instinct, l'animal n'attend pas la fin de la procession lorsqu'il se jette sur les poules, en en tuant plus que besoin ! 

*35. Alors, quelle signification pour “ carnaval ” ? Enlever la viande pour le carême et aussi pour dire qu'on va manger le bœuf gras ? 

*36. Aux endroits où ils cuisaient des crêpes (pour rester en Occitanie, peut-être vers le nord de l'Ardèche), celle, celui qui la faisait tomber était contraint de la manger sans sucre. 

*37. Après les tristes années de la fin du règne de Louis XV mettant fin aux liesses du peuple, le carnaval reprend pour trois semaines sous Louis XVI. Par la suite, dès 1789, la Révolution interdit les masques en public ainsi que les bals masqués.   

samedi 15 mars 2025

FLEURY-d'AUDE, ramonétage, château et « tchi tchi » (fin)

Pas plus la “ Catarineta bella tchitchi ” de Tino Rossi que la blague terrible, dépassant le carnavalesque, du “ tchichi ” éculé ne faisant rire bêtement que la première fois, notre « tchi tchi tchi » parfois « tchi tchi » seulement, vient du ciel et s'ajoute pour la même raison, aux invitations sonores des passereaux. Tous, sédentaires et migrateurs, lancent au ciel l'espoir des jours meilleurs... Aux Pérignanais de cœur sinon de souche (minoritaires et de moins en moins nombreux) de constater que le retour de l'hirondelle ne viendra qu'après celui du faucon crécerellette, l'oiseau réintroduit dans la Clape autour des bergeries ruinées et qui se plaît dans le village, s'il reste des trous dans les murs ou des bords de toits de tuile canal ouverts, à partager avec le muralhèr (le moineau) et le faucilh, le martinet qui n'arrivera que plus tard. 

Madame se demande si monsieur se sent concerné... 

Désolé, je n'ai pas le matos, seulement les yeux, encore, à peu près... 


Ainsi, dans ma rue, pas encore à voler en Saint-Esprit mais presque, un de ces petits faucons reconnaissable à son « tchi tchi », du genre femelle, d'un habit camouflage plus sobre que celui du mâle, bleu-gris, un brin zinzolin (c'est exagéré mais les deux « Z » me plaisent trop) rappelant certain pigeon, a tenu à me faire savoir qu'ils étaient revenus. 

La fonction créant l'organe bien que plus lourde de 20 grammes que le mâle, la femelle n'en pèse que 160. 

Pour la France, l'oiseau rare est seulement présent en Occitanie au sens large, longtemps dans la Crau mais aussi davantage dans l'Hérault et un peu dans l'Aude, depuis la Clape, dans la plaine et ses villages environnants. Réintroduite entre 1982 et 1992, l'espèce en diminution compte 81 couples chez nous. 

Début mars (au tout début du mois nous précise A.-M., témoin privilégié pour habiter avec eux au château !) le mâle crécerellette qui trouve une cavité ou s'approprie un nichoir, surveille et vole vers la femelle qui passe, espérant que le logis lui plaira et que la suite, ponte, couvaison de 28 jours tour à tour, élevage de la descendance, ne leur sera pas défavorable. 

Preda_Falco_Grillaio en Basilicate (Italie du Sud) 2022 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Roberto Strafella

Gentils ? du moins aimables sinon dans la norme, sur une Terre régie par la formule “ manger ou être mangé ”. Au menu du petit faucon, surtout des insectes, un tout petit pourcentage peut-être aussi de colombrines (ne francise-t-on pas ainsi le nom du lézard de muraille ?). De l'installation à la ponte, étonnante pour qu'elle puisse paraître vu que nous la connaissons en tant que nuisible souterrain du potager, la chasse aux courtilières prédomine, suivie par celles des coléoptères et des scolopendres. La saison avançant, lors de l'élevage des petits, l'apport en criquets et sauterelles prédominera.  

Si la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) nous en parle en détail, c'est dommage que la révision du site les ai conduits à supprimer l'observation quotidienne si intéressante, notamment, lors des migrations ou pour prendre conscience de la pression négative sur le monde auquel pourtant nous appartenons...   

Et M., homme de la nature et du jardin, grand chasseur devant l'éternel, de me conter ses traques à la courtilière : d'abord celle au pied du pin surprise au ras de son trou... un coup de fourche pour retourner la terre suivi d'une course poursuite tranchante... enfin, celle du potager, là où sont les tomates, l'inonder faute de pouvoir chambouler le terrier puis lui abréger la vie après qu'elle soit sortie... Mais il y a longtemps que la taupe-grillon ne l'a plus embêtée... Pour la photo : under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Germany license.