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lundi 9 juin 2025

« A Pentacosta, la guino gusta. »

« A Pentacosta, la guino gusta. », « À Pentecôte, goûte la guine », disait sa grand-mère Joséphine, comme aimait à le répéter mon père en première quinzaine de juin. 

Pas plus de descente de la côte que la route de Lauriole en Minervois qui fait semblant de monter alors qu'elle descend ou le contraire suivant le sens où on se met... Et quel pastis puisque la “ penta ”, c'est inventé, seuls « lo penjalut », « lo penjant » répondent à « la costa » ! Et puis, en grec, dans Pentacosta, Pentecôte (quelle idée aussi de nous embrouiller avec le chapeau sur le « ô », pas très orthodoxe tout ça) il y a l'idée de « cinquantième », on parle de jours... 

Guines

Autant parler des guines... Des « guignes » ? vous me reprenez ? c'est la poisse, encore une descente à monter... En Gascogne ils disent guindoul, guindoulh, guindoulot ; toujours d'après Mistral dans son Tresor dau Felibrige en Rouergue cela donne guindou, aguindou, guintou ; suit le proverbe « Rouge coumo un guindoul »... un effet bœuf chez les “ Ventres Jaunes ” du Ségala !    

« Per Pentacosta, lo guindol tasta »

Dans un certain Languedoc plutôt Haut que Bas à mon idée, pour cette cerisette aigre, on dit encore agrioto, guindoulo. Comme dans la chanson, elle pousse sur le guindoulié ou guindouliè (t'en souviens-tu), je préfère « guiniè » bien que « guinié » soit accepté aussi.   

 Un dernier truc et j'arrête avec les élucubrations :  Christian Horace Bénédict Alfred Moquin-Tandon (1804-1863), éminent scientifique connu aussi pour un canular littéraire sur un manuscrit de troubadour, titra « guindouleto, guindouletos » ses épigrammes et poésies, eu égard à sa naissance à Montpellier, à son travail à Toulouse (professeur d'histoire naturelle), à son rôle de rédacteur à l'Armana Provençau. 

Fini les confitures pour l'hiver !

Cette année encore, la pédale nostalgique, j'ai suivi les rives de l'Aude, plus de guines au bord de la rivière. À croire que comme le bocage de l'Ouest, ils s'en sont foutu le peilhot avec les haies débarrassées... Deux guines j'ai compté, et encore pas sur le même arbuste ! 

Aude
Exuvie
 
97

Mais j'y retournerai, quitte à pousser le vélo sur les chemins de terre, plus en amont, chez nos amis sallois. C'était mieux aujourd'hui : 97 guines au moins pour la photo et un signe de vie pas vu depuis 40 ans, une exuvie de couleuvre ! 

Pardon pour cet esprit taquin sinon malsain descendu sur moi pour Pentecôte... je n'en dirai rien à mamé Joséphine, mon arrière-grand-mère rappelant chaque année « A Pentacosta, la guino gusta » un dicton que suite à mon père, j'aime répéter à mes fils, en première quinzaine de juin. 

Joséphine Hortala née Palazy (19 mars 1874- 13 août 1958) 


dimanche 9 juin 2019

DIMANCHE DE PENTECÔTE / Fleury-d'Aude en Languedoc.

Que fête-t-on pour Pentecôte avec en prime un lundi férié sinon les cinquante jours passés depuis Pâques ? 


Pourtant, voudrait-on effacer la religion du passé, de l'Histoire, comment ne pas ressentir le liant communautaire des villageois ? Le son des cloches par-dessus les maisons, les toits regroupés autour de l'église  me l'ont dit ce matin avec les martinets revenus plus nombreux, me semble-t-il, cette année...   

"PER PENTECOSTO, LAS GUINOS GOUSTO !" / Goûte les guines !

C'est mamé Joséphine, mon arrière-grand-mère qui aimait rappeler ce reprouverbis, ce proverbe qu'il faut apprécier dans l'esprit et non à la lettre ! 

"PER PENTECOSTO, LAS GUINOS GOUSTO !" 

Encore faut-il qu'elles soient mûres les guines qui se plaisent tant sur les berges de l'Aude, la rivière ! Or le dimanche de Pentecôte dépend  de celui de Pâques défini en 325 par le Concile de Nicée  en tant que 14ème jour de la lune atteignant cet âge le 21 mars ou immédiatement après ! 

A vos calculs, à vos calendriers ! 
La nouvelle lune du 6 mars à 16 h 04 en est à son 14ème jour le 20 du mois... ce serait donc celle du 5 avril à 8 h 50 qui donnerait le 19 avril avec le 21 le dimanche de Pâques... 

Pentecôte le 7ème dimanche suivant Pâques nous amène en ce jour du 9 juin. Mais où trouver les guiniers ? La plaine, c'est déjà une balade... Une possibilité aussi au phare, en haut de Font-Laurier, un phare pour les avions du temps de l'aéropostale des années 20 ! Mermoz, Guillaumet, Saint-Exupéry ! Et puis il y a le cimetière, le nouveau, avec un guinier sur le talus dominant l'entrée est. Il suffit d'un coup de vélo... même si ce mois de juin est loin d'être idéal...




     
 "PER PENTECOSTO, LAS GUINOS GOUSTO !" le dicton qu'aimait partager mamé Joséphine ne serait donc valable que lorsque la date de Pentecôte vient assez tard, fin mai si le temps et les températures y consentent, sinon début juin comme cette année. 

Avec les guines, c'est avant tout ce chaînage qui nous lie à nos chers disparus, qui réconforte, console et permet d'élargir au-delà de sa propre personne sur le sens supposé de la vie.  

Mamé Joséphine avait fait construire une pièce dans sa remise, une pièce à vivre simple, avec une cheminée et au fond une alcôve en guise de chambre, mais bien exposée au sud. Papa a fait mettre l'eau et l'électricité et nous nous y sommes réfugiés, de l'automne 1956 au printemps 57, quand, chez mon grand-père, la promiscuité a rendu la première famille installée chez les parents, agressive et moins solidaire. Qui plus est, ma tante venait même voler ouvertement les souches pour se chauffer que nous avions achetées à Gleizes...  Prescription ? Jamais ! 

Mais sans se laisser aller à de la violence en retour... car même si les mots restent des armes toujours affûtées, il faut s'attacher à cultiver le positif des souvenirs, à parler encore de ceux qui ne sont plus tant que leur mémoire demeure vive et à transmettre même si quelques facettes de leurs personnes sont blâmables... 

Joséphine Hortala (1974-1958), née Palazy, était veuve à son décès depuis cinquante ans. Alors, plutôt son sourire sur le bon temps des guines. Après celui des cerises vermeilles, des guines vermillon virant au carmin... Le premier mai 1989, sur les stands de la fête au stade de l’Étang, papa a photographié un tableau avec ces couleurs entre l'orangé et l'incarnat qui font qu'on ne confond pas les cerises et les guines...



Virginie a peint. Je ne sais rien de plus que le prénom de l'auteure. Tous mes mercis et mon émotion.