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vendredi 19 juin 2020

UN BON REPAS / 1960, communion solennelle.

La vie, avec souvent à l'origine une implication religieuse, réunissait les familles élargies jusqu'aux amis intimes pour ce qu'on appelait "un bon repas". Le mot en lui même est plus que banal, d'ailleurs un bon repas peut être apprécié à la maison, en semaine. A propos de grand repas, on fêtait un baptême, une communion, un mariage, un anniversaire de mariage. Est-ce le prétexte religieux qui, dans un premier temps, retenait de dire qu'on allait faire bonne chère, bombance, ripaille, la noce, un gueuleton ? Une "bonne bouffe" ? Non, c'est trop actuel et dans un sens plus que familier...

Je parlais tantôt du menu pour le couronnement de la reine d'Angleterre (pourquoi ne dit-on pas "reine du Royaume-Uni" ?), le 2 juin 1953, sur le paquebot Alcantara auquel un concours de circonstances nous fit participer. Aujourd'hui, puisque juin est le mois des "menus", avec celui de la communion solennelle de Jenny, filleule de papa, comment ne pas ressentir un bouquet de bonheur. 



Trausse Tour Trencavel wikimedia commons Author ArnoLagrange. J'aurais aimé avoir une photo de l'église Saint-Martin-de-Tours où je fus embauché comme enfant de cœur de dernière minute... En fus-je pour autant plus près de lui ? Ce qui est certain est que nous gravitions dans l'amitié contagieuse de nos pères respectifs Yves et François... J'aurais aimé avoir une photo de la charmante chapelle Saint-Roch, entre vignes et garrigue où nous nous rendîmes pour vêpres, par une chaleur accablante... Ce dut être une épreuve, sur la digestion, pour les bonnes fourchettes et les grands gosiers ! Quant aux photos, ce sera l'occasion d'y retourner !
D'abord le plaisir de l'ailleurs même en restant au pays, de la diversité des territoires qui nous tiennent à cœur, dont le Minervois. Ensuite le bonheur de retrouver des amis avant de s'inscrire dans la tradition, au niveau religieux chacun restant libre de le vivre suivant ses inflexions intimes. Enfin, le renouvellement des complicités, l'entretien des sentiments en mangeant ensemble des plats sortant de l'ordinaire.


Et comme on n'a pas traduit les appellations dithyrambiques de l'inspiration gustative, comme on ne se souvient plus, comme c'est plus facile de se régaler que de savoir à quoi correspondent toutes les recettes proposées, l'envie de réveiller les papilles incite à se remettre à table.

Ce cornet périgourdin, du jambon garni de foie gras ? 
La langouste à l'américaine... il est dit parfois "à l'armoricaine". Une sauce à la tomate bien relevée de curry, avec du vin blanc et parfois une pointe de rouge pour la couleur...

La bouchée financière... des croûtes de pâte feuilletée (il faut deux ronds de pâte pour en faire une). Du ris de veau... peut-on en trouver suite à la crise de la vache folle ?  Le ris s'accompagne d'une garniture de champignons, de tomate, avec un fond de veau, des olives...

Les haricots maître d'hôtel, revenus au beurre avec citron et persil.

Canapé de pintade au genièvre : la pintade rôtie est servie sur des toasts imbibés d'une sauce forestière, des champignons associés à du pâté. 

La surprise de Jenny ? Après les desserts, peut-être une bombe glacée ou une tranche napolitaine... 

Pour accompagner tout ça, des vins du cru dont le très bon "Costos Roussos", objet d'une sélection dès 1937 ! Le Corbières aussi a dû réjouir langue et badigoinces, avant de s'envoyer dans le "gargalhou"... et "Major", loin de signifier que le vin est moins commun que "de table", renvoie à un terroir des Corbières entre Saint-Pierre-des-Champs, Saint-Martin-des-Puits, Villerouge-Termenès et Talairan... C'est que même les noms des villages se laissent gobeloter ! La Blanquette de Limoux au dessert, le cognac en guise de pousse-café... Certains ne l'ont pas oublié peut-être le chemin de la chapelle !

Pardonnez l'anachronisme de ma tirade gourmande. Comment apprécier en gastronome quand on n'a pas dix ans ? Malgré tout, l'habit du dimanche, la balade exotique en Minervois, l'ambiance de fête, la petite église au bord des vignes, le cérémonial ampoulé, mon renfort à l'office, le plaisir de se mettre à table (et d'en sortir, pour les enfants), ce soleil de juin et les premières chaleurs, la chapelle bucolique, participent d'un souvenir heureux, qui, plutôt que de faner, refleurit toujours en juin...    


     

dimanche 9 juin 2019

"PER PENTECOSTO, LAS GUINOS GOUSTO !" / Goûte les guines !

C'est mamé Joséphine, mon arrière-grand-mère qui aimait rappeler ce reprouverbis, ce proverbe qu'il faut apprécier dans l'esprit et non à la lettre ! 

"PER PENTECOSTO, LAS GUINOS GOUSTO !" 

Encore faut-il qu'elles soient mûres les guines qui se plaisent tant sur les berges de l'Aude, la rivière ! Or le dimanche de Pentecôte dépend  de celui de Pâques défini en 325 par le Concile de Nicée  en tant que 14ème jour de la lune atteignant cet âge le 21 mars ou immédiatement après ! 

A vos calculs, à vos calendriers ! 
La nouvelle lune du 6 mars à 16 h 04 en est à son 14ème jour le 20 du mois... ce serait donc celle du 5 avril à 8 h 50 qui donnerait le 19 avril avec le 21 le dimanche de Pâques... 

Pentecôte le 7ème dimanche suivant Pâques nous amène en ce jour du 9 juin. Mais où trouver les guiniers ? La plaine, c'est déjà une balade... Une possibilité aussi au phare, en haut de Font-Laurier, un phare pour les avions du temps de l'aéropostale des années 20 ! Mermoz, Guillaumet, Saint-Exupéry ! Et puis il y a le cimetière, le nouveau, avec un guinier sur le talus dominant l'entrée est. Il suffit d'un coup de vélo... même si ce mois de juin est loin d'être idéal...




     
 "PER PENTECOSTO, LAS GUINOS GOUSTO !" le dicton qu'aimait partager mamé Joséphine ne serait donc valable que lorsque la date de Pentecôte vient assez tard, fin mai si le temps et les températures y consentent, sinon début juin comme cette année. 

Avec les guines, c'est avant tout ce chaînage qui nous lie à nos chers disparus, qui réconforte, console et permet d'élargir au-delà de sa propre personne sur le sens supposé de la vie.  

Mamé Joséphine avait fait construire une pièce dans sa remise, une pièce à vivre simple, avec une cheminée et au fond une alcôve en guise de chambre, mais bien exposée au sud. Papa a fait mettre l'eau et l'électricité et nous nous y sommes réfugiés, de l'automne 1956 au printemps 57, quand, chez mon grand-père, la promiscuité a rendu la première famille installée chez les parents, agressive et moins solidaire. Qui plus est, ma tante venait même voler ouvertement les souches pour se chauffer que nous avions achetées à Gleizes...  Prescription ? Jamais ! 

Mais sans se laisser aller à de la violence en retour... car même si les mots restent des armes toujours affûtées, il faut s'attacher à cultiver le positif des souvenirs, à parler encore de ceux qui ne sont plus tant que leur mémoire demeure vive et à transmettre même si quelques facettes de leurs personnes sont blâmables... 

Joséphine Hortala (1974-1958), née Palazy, était veuve à son décès depuis cinquante ans. Alors, plutôt son sourire sur le bon temps des guines. Après celui des cerises vermeilles, des guines vermillon virant au carmin... Le premier mai 1989, sur les stands de la fête au stade de l’Étang, papa a photographié un tableau avec ces couleurs entre l'orangé et l'incarnat qui font qu'on ne confond pas les cerises et les guines...



Virginie a peint. Je ne sais rien de plus que le prénom de l'auteure. Tous mes mercis et mon émotion.