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lundi 4 septembre 2023

Ariège, Montagagne, les diapos de septembre 1977, juste avant la rentrée.

Avec l'opportunité de disposer des diapositives pour les scanner, je reprends des extraits des articles de mars 2023 sur le Sérou, cette fois, avec les photos de 1977.  

L’école abandonnée avec encore une carte Paul Vidal de La Blache au tableau, les tombes du cimetière sans fleurs sinon celles en perles-de-verre des couronnes, dans les gris et les mauves, du cimetière, fanées qui plus est par le temps et les intempéries. Un autre couple de l’endroit, encore en forme, ouvert et hospitalier, les a menés dans le pré jadis de la famille... une verdure offrant un joli point de vue avec, en prime, la féerie de plusieurs centaines de papillons bleus. Dire que la moitié des papillons des prairies a disparu en 20 ans et que nous ne voyons rien, ni du mal, ni de la réaction susceptible d’y remédier... Au-dessus de toutes ces ailes bleues, le sentier vers le col des Marrous, la montagne de l’Arize. 




Nous sommes revenus à Montagagne, justement cette fois de 1977. Les paysans de 1968, ceux du pré aux papillons, nous ont accueillis presque comme la famille, ils nous ont même gardé à manger... Ah qu’est-ce qu’on a pu bavarder et rire ! Et dire qu’il ne me reste plus que le souvenir de cette belle rencontre, comme avec les vieux de Nescus à la vache si coquette. On n’apprécie pas ces choses-là à leur juste valeur, au moment où elles passent. 

 

Le fils de Toulouse qui passait lui aussi, m’avait bien laissé son adresse mais je n’ai pas écrit. Et lui, de son côté aurait-il pu le faire ? Je n’en sais plus rien. Que voulez-vous, il y a un âge pour tout et jeune, avec deux enfants rapprochés, la vie file à cent à l’heure. Ce n’est qu’après que nous réalisons qu’ils ont trop vite grandi. Ils partent sur leurs propres chemins, la vie nous coule comme du sable entre les doigts, les années se confondent, il ne nous en reste que des bribes, des débris difficiles à recoller... Ce n’est qu’avec l’âge que nous estimons à sa juste valeur ce que nous avions. Oh non, je ne suis pas en train d’abonder dans la rengaine du « c’était mieux avant » mais ce n’est pas pour autant que nous n’avons pas le droit de regretter une façon de vivre ouverte à l’autre, qui a été perdue depuis. Je peux quand même dire leur nom, à ces gens merveilleux, c’est la moindre des choses, Galy, la famille Galy, la dernière maison sur le chemin du col des Marrous, avant l’abreuvoir où un filet d’eau coulait jour et nuit... vous ne pouvez pas vous tromper. 




dimanche 12 mars 2023

PAYS de SÉROU ou PAYS SÉRONAIS ? (1)

 VERS LE PAYS SÉRONAIS.

Entre Foix et Saint-Girons, sur 44 kilomètres, la transversale Perpignan-Bayonne, ancienne nationale 117, longe les Pyrénées ariégeoises avec le Massif de l’Arize, déjà le Couserans comprenant au moins trois chaînons supplémentaires jusqu’à la ligne de partage des eaux avec l’Espagne, des crêtes au-dessus de 2500 mètres d’altitude et des cols à plus de 2000 m., le moins haut étant le Port de Salau à 2087 m..

A l’entrée de La Bastide-de-Sérou, il faut prendre à gauche, suivre et remonter la vallée de l’Arize. 

PAYS DE SÉROU ?

On lit « Sérou » pour La Bastide-de-Sérou, Esplas-de-Sérou, Sentenac-de-Sérou pour indiquer que nous sommes dans le Séronais, peut-être l’ancien pays des Sérones, des Celtes, des Gaulois. Par la lignée paternelle, ma famille directe descend de Montagagne, canton de La Bastide-de-Sérou.

Nescus :  A Nescus, en 1976 ou 1977, un vieux paysan labourait encore avec une vache au port de corne fringant, joliment voilée sur les yeux d’un « pare-mouches » aux couleurs vives d’un rideau de coton espagnol, de ceux qui fleurissaient l’été, chez nous, manière de laisser la porte ouverte et de favoriser le courant d’air. Une vache pleine de curiosité pour l’intrus à l’appareil photo, de bon accueil et comme complice de ses compagnons humains, des petits vieux restés alertes, si vivants. Oh ! comme ils le dirent avec gourmandise et non sans un brin de solennité, que chaque année ils engraissaient encore le cochon... Oh ! j’ai déjà raconté ça, pardon. C’est la moyenne montagne mais Montagagne est déjà à près de 800 m, deux fois plus haut presque que Nescus en bas dans la vallée. Nous y étions déjà passés, à l’occasion d’un périple à Lourdes, pour compenser auprès de ma grand-mère devenue veuve, manière de remonter aux sources de papé, de donner corps aux terres que les aïeux, du côté des hommes, avaient dû quitter à la fin du XIXe siècle. L’école abandonnée avec encore une carte Paul Vidal de La Blache au tableau, les tombes du cimetière sans fleurs sinon celles en perles-de-verre des couronnes, dans les gris et les mauves, du cimetière, fanées qui plus est par le temps et les intempéries. Un autre couple de l’endroit, encore en forme, ouvert et hospitalier, les a menés dans le pré jadis de la famille... une verdure offrant un joli point de vue avec, en prime, la féerie de plusieurs centaines de papillons bleus. Dire que la moitié des papillons des prairies a disparu en 20 ans et que nous ne voyons rien, ni du mal, ni de la réaction susceptible d’y remédier... Au-dessus de toutes ces ailes bleues, le sentier vers le col des Marrous, la montagne de l’Arize.  




Nous sommes revenus à Montagagne, justement cette fois de 1976 ou 77. Les paysans de 1968, ceux du pré aux papillons, nous ont accueillis presque comme la famille, ils nous ont même gardé à manger... Ah qu’est-ce qu’on a pu bavarder et rire ! Et dire qu’il ne me reste plus que le souvenir de cette belle rencontre, comme avec les vieux de Nescus à la vache si coquette. On n’apprécie pas ces choses-là à leur juste valeur, au moment où elles passent. (à suivre)

mardi 16 août 2022

DU CONFLENT au MASSIF DE L'ARIZE


Le Train Jaune, la route qui monte vers Mont-Louis, toujours Vauban ; le Capcir des premières descentes à ski aux Angles, piste verte ; les débuts de l’Aude, là-haut dans la montagne, qui, suite au Capcir, nous parle de petits pays attachants : le Donezan, Querigut, Le Pla et une main de villages rapprochés nous laissant croire que le plateau n’est pas morose, un pays audois en pratique puisque coupé de son entité administrative ariégeoise par le Port de Pailhères à plus de deux-mille mètres d’altitude, connu même pour le Tour de France.


La Cerdagne de Gastibelza l’homme à la carabine» (Brassens), Bourg-Madame, Puigcerda en Espagne voisine, le destin historique de l’enclave étrangère de Llivia alors que les villages voisins sont devenus français.

Plus haut, par des cols escarpés dans la rocaille, l’Andorre, l’exotisme, le particularisme encore, l’attraction de ce qui nous est étranger.

Ax-les-Thermes, l’embouteillage historique, pas d’une eau minérale mais celui de la descente automobile d’Andorre d’avant la voie d’évitement, ses eaux chaudes, le téléphérique vers Bonascre et le ski. Les vallées de l’Ariège, de l’Oriège, des chercheurs d’or. La vallée d’Orlu, un nom de montagne qu’on n’oublie pas : la Couillade des Bourriques. Sorgeat, un petit village sur la route du col du Chioula, à la mémoire gardée vivante par ceux qui ont à cœur de ne pas l’enterrer (ils ont même gardé un sermon de curé pas piqué des vers !).

Côté soulane la mine de talc de Tremouns, de l’autre, la beauté sauvage du Plateau de Beille ; entre les deux, au fond la vallée glaciaire où la circulation est dense, surtout le week-end, vers et au retour d’Andorre.

Les Cabannes, Tarascon-sur-Ariège, sa race de moutons peut-être liée aux foires de mai et septembre. A proximité, la grotte de Lombrives où cinq-cents hérétiques furent emmurés vivants par l’inquisiteur et futur pape benoît XII (1328), celle de Niaux renfermant des peintures de bisons, de chevaux et d’autres bêtes encore, sur les parois, celle de la Vache, elle, habitée (harpons, os et bois d’animaux sculptés)...

Plus bas dans la vallée, Foix et son château, de mille ans d’âge, symbole entre les XIe et XIIIemes siècles, d’une résistance culturelle occitane, lié au renom de ses comtes dont Gaston Febus (1331-1391) et Henri IV (1553-1610) qui apporta ses possessions au domaine de la couronne. Jamais pris, le château offre un cachet certain à la plus petite préfecture de France. Sa tour ronde de 32 mètres et ses tours carrées lui donnent l’allure d’un aïeul bien conservé. Il en impose. En haut, exposées, des pièces d’artillerie médiévale, à savoir, un trébuchet et une pierrière, arme de défense des femmes et des enfants (un des projectiles ainsi lancés causa la mort de Montfort [1150-1218] lors du siège de Toulouse). Le château appartint à Gaston Febus, comte de Foix mais surtout seigneur de Béarn... on lui devrait « Se Canto », la chanson avec les Pyrénées empêchant de voir l’aimée (exaltation peu sincère de sa part quand on sait qu’une sombre histoire de dot est à l’origine du rejet sinon de la répudiation de l’épouse). Dépassant cette réalité, la chanson est néanmoins considérée à présent en tant qu’hymne occitan.

L’Ariège des vallées montagneuses, au-dessus de l’Arize, Montagagne justement, le village perdu d’où descendent mes ancêtres, une histoire de malnutrition sinon de ventres creux, de « Demoiselles » en guerre contre l’autorité oppressive interdisant les forêts aux défavorisés. Mon patronyme y est commun, de la plaine aux Pyrénées ariégeoises, Couserans du Salat et de ses affluents, ses cascades, cirques et sommets, fromages, myrtilles, traces d’ours et de néo-ruraux.   

Montagnes occitanes avec plus à l’ouest la langue mise à l’honneur par Nadau, si fédérateur d’une identité occitane... La Haute-Garonne se résumera peut-être à une boîte de camembert Mariotte puisque, la faim qui vient en mangeant peut se prolonger en fringale de géographie. 

le cousin Baptiste 1968

Retrouvons la rivière, la plaine fertile le long de l’Ariège, le cousin Baptiste dans la plaine de Pamiers... C’est surtout le rugby, avec ses phases finales du championnat de France, qui m’a rendu boulimique de ces contrées lointaines : mes premières pommes dauphine au restaurant (Varilhes), mes premières vaches puisque à l’instar du camembert Mariotte, nos yaourts en pots de verre venaient de Rieucros.   

Et tous ces petits pays entre l’Ariège et l’Aude, la vallée de l’Hers en gros, le Pays d’Olmes, Montségur des Cathares,

Lavelanet du jais, de l’osier, de la corne, des laines, des noisettes et du gardien chauve de l’équipe nationale championne du monde, le Quercorbès, la Piège, le Razès (les amandiers en fleur d’Achille Laugé à Cailhau), la Malepère, toute une mosaïque de petits pays aux noms et à l’existence méconnus. 

lundi 8 août 2022

Ariège de mes racines (suite & fin).

Le Salat à Saint-Girons en 2020 / wikimedia commons / Auteur Olybrius. 
 

Pour rentrer de l'argent, on travaille parallèlement dans la petite industrie encore épargnée par la concurrence : drap à Lavelanet, papier à Saint-Girons, verre au Mas-d'Azil, clous de la vallée de l'Arget dans des forges catalanes actionnées par les torrents et dévoreuses de charbon de bois. Dans un même but, les Ariégeois rayonnent, depuis leurs montagnes, tant en France qu'en Andorre et en Espagne une première fois pour la fenaison, une deuxième pour la moisson, le décalage climatique leur permettant ensuite d'assurer ces mêmes travaux chez eux. En hiver aussi on descend se louer pour l'entretien des grands domaines, pour les olives... Des hommes travaillent dans les ports, des équipes œuvrent aussi comme forgerons... 

Vers 1850, les montagnes vont connaître un mouvement inverse et commencer à se vider. En plus d'une évolution humaine avec plus d'interdépendances, la fin des petites industries, des printemps pluvieux et des étés pourris provoquent de mauvaises récoltes céréalières et le mildiou détruit la quasi-totalité de celle de pommes de terre. La vie chère, le dénuement, le chômage, la disette provoquent encore des révoltes et les autorités doivent faire donner la troupe. 

La misère et le désespoir amènent l'exode et une baisse de la natalité. En 1854, la situation empire à cause des dégâts du choléra dans une population vivant à l'étroit au fond des vallées. Par la suite, alors qu'une normalisation des conditions rééquilibre les tensions, les Ariégeois continuent de se louer pour les moissons dans les plaines, les Mountagnols offrent leurs bras pour la vendange puis, le reste de l'année, pour les autres travaux nécessaires à la vigne. Dans le bas-pays, le développement du chemin de fer et le bâtiment emploient aussi de nombreux travailleurs. 

C'est aussi l'époque des montreurs d'ours jusqu'en Amérique et des colporteurs jusqu'en Bretagne : pierres à faux, objets de piété, eau de Lourdes, vanille ! 
Esplas-de-Sérou 2011

Esplas-de-Sérou 2011


Après 1886, c'est une véritable hémorragie, l'exode sans retour pour fuir la misère. Les jeunes sont les plus portés à franchir le pas. Mes arrière-grands-parents en étaient, partis de Montagagne, d'Esplas et Sentenac-de-Sérou (canton de La Bastide-de-Sérou), et peut-être même la génération précédente dont les parents d'un arrière-grand-oncle Pierre, né en 1872 (mobilisé à 42 ans en Alsace, blessé en 1915 par un éclat d'obus)... Les articles "Chemin d'école" les ont, ici même, déjà évoqués. 

Montagagne / avril 1968. L'école au second plan ; au fond à gauche, l'église et le cimetière.  



Alors, avec un respect aussi profond que viscéral pour la diversité de mes semblables, qu'on ne vienne pas me stigmatiser pour des pages sombres de l'Histoire, surtout de la part de ceux qui se présentent en tant qu'indigènes et qui, niant une évolution positive bien qu'imparfaite et inachevée, retournent un même racialisme contre des descendants qui n'ont rien à voir avec ce qui s'est passé. Quant à ces familles de Bordeaux, Nantes, la Rochelle, Saint-Malo etc, si des héritages les lient à la traite d'esclaves, dans quelle mesure peut-on demander réparation ? La question reste entière...     

L'Ariège de mes aïeux (1)

Dans les années 2000, un étudiant "de la diversité républicaine", virulent de l'anticolonialisme de par une réflexion aussi orientée que partiale, m'envoya un message violent sur mon héritage peu reluisant de colon esclavagiste. Heureusement, je m'étais intéressé à mon ascendance ariégeoise pour comprendre les raisons qui les ont poussés à descendre dans le bas pays, dans l'Aude. Aussi n'ai-je pas fait dans la dentelle en guise de réponse : 

"Espèce de salopard, à cause de la maladie des pommes-de-terre, mes ancêtres crevaient de faim en Ariège et ont dû émigrer ! Va voir plutôt les façades immorales jusque dans leurs sculptures, des trafiquants de Bordeaux, Nantes ou Saint-Malo avant de baver ta haine !" 

Avril à Montagagne : on plante les pommes de terre... (1968)

C'est trop commode de pointer du doigt, d'accuser tout un peuple autochtone et historique pour sa couleur de peau, surtout venant de nos égaux de la France ultramarine. Depuis, grâce au portail Persée et à deux articles "Disette et vie chère en Ariège à la fin de la monarchie de Juillet 1845-1847" par Philippe Morère 1920 (1) et "Le mouvement de la population en Ariège de l'an IX à 1936" de François Gadrat 1938 (2), j'en sais un peu plus sur le cas particulier que représente l'Ariège avec, en corollaire, l'émigration définitive de ma branche paternelle, trois générations en amont, entre 1870 et la fin du XIXe siècle.  

En 1845, en Ariège, 25.000 personnes sont sur le point de n'avoir plus d'aliments. En 1847 avec l'augmentation des céréales, la hantise de la famine se fait plus d'autant oppressante que les disettes chroniques de 1817 à 1837 marquent les mémoires... Plutôt voler quelques pommes de terre pour se retrouver en prison mais nourri ! 

Pour ajouter à un tableau de l'Ariège encore à contre-courant, quelques  indications. 
En 1846, le département nourrissait 55 hab/km2, dans la moyenne nationale sauf que les montagnes, moins productives, difficiles à vivre auraient dû baisser ce chiffre. Or, en 1806 c'est avec les Pyrénées que l'Ariège augmente sa population ! L'administration pense s'être trompée et refais ses comptes mais rien n'est plus vrai : les arrondissements de montagne, Foix et Saint-Girons, sont plus peuplés que la plaine !  Le montagnard s'avère être plus cultivateur qu'éleveur. Est-ce une conséquence du code forestier de 1927 réservant la forêt au charbonnier payé par les riches (alimentation des forges que possèdent ces derniers), l'interdisant au paysan qui doit garder ses bêtes à l'étable, ce qui ne peut qu'animer un cercle vicieux de mauvais rendements par manque de fumier. Aux disettes chroniques, aux mauvaises récoltes qui se répètent, s'ajoutent de fortes augmentations d'impôts. Le code forestier causa une révolte importante au point de prendre le nom de guerre (des Demoiselles 1829-1830 ), s'ensuivirent des soubresauts (1834, 1836, 1842, 1848). 


Vue de Massat et des Pyrénées depuis le col de Péguère commons wikimedia Auteur Daieuxet d'ailleurs

Mais comment pouvaient-ils vivre si nombreux (3) seulement au fond de vallées encaissées ? Sur les soulanes (à l'opposé de l'ombrée) les restes des terrasses montées à main d'homme (4) sont-ils encore visibles ? Comme partout alors à la campagne, il fallait subvenir à son besoin essentiel, l'alimentation, du sarrasin pour le pain noir, des choux, des blèdes et surtout des pommes de terre avec de la graisse, du lard ou un morceau de cochon. (à suivre)

(1) 1870-1926 naissance et décès à Mercus-Garrabet (entre Tarascon et Foix). Historien, professeur à Foix (son village natal ne le mentionne pas dans les personnalités liées à la commune). 

(2) 1891-1971, né à Foix, agrégé d'histoire et de géographie, grand blessé de guerre, professeur à khâgne Toulouse puis Paris, inspecteur général en 1945, historien de grande culture (la ville de Foix ne le mentionne pas dans les personnalités liées à la commune).   

(3) en dessous de quatre enfants, les couples "peu productifs" étaient raillés. 

(4) "... Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes 
Jusqu'au sommet de la colline..." Jean Ferrat "La Montagne" 
... et remonté la terre ravalée par les orages et intempéries.  






samedi 2 avril 2022

CHEMIN D’ÉCOLE (8) je fais du sur place.

Je n'ai plus rien ! Complètement dépouillé, par ma faute, qui plus est. Voilà plus d'un mois en arrière, alors que je me devais d'aller à la rencontre des miens (quelle petitesse de n'être pas motivé par l'importance de ceux qui, bien que disparus, restent une part de nous-mêmes... un critère marqueur de notre espèce je crois, même s'il n'a pas à nous rendre supérieurement prétentieux à l'égard des animaux), les miens donc, ces Peyre, ces Dedieu atterris je ne sais pas plus quand (vers 1890 ?)  que comment, en pleine Clape (ça je le sais) après avoir quitté la misère des montagnes d'Ariège trop lourdes d'enfants (ça j'en suis presque certain), j'ai perdu la fin, un paragraphe sur mon grand-père, un paragraphe que je pensais inspiré... Or il suffit parfois d'un "couper" non suivi, pour des raisons diverses, inadvertance, distraction, d'un "coller" pour perdre un paragraphe précieux. Enfin, cela conforte dans l'idée de ne pas seulement noircir la page blanche puisqu'il en coûte de coucher sur le papier... Pire, concernant mes pertes (c'est l'âge me diront les cruels...), alors qu'enfin, endossant la responsabilité, je ne refuse pas l'obstacle, force est de réaliser que j'ai perdu aussi mes notes, en particulier sur le domaine des Karantes, la propriété où mes Ariégeois arrivèrent. Pour voir si l'Internet peut y remédier, au moins en partie... Et puis il faut que je retrouve aussi le fil de mon propos... A tout à l'heure, donc, pour un point d'étape... 

C'est un petit vallon qui descend de la garrigue (voir Partager le Voyage: CHEMIN D’ÉCOLE (7) Depuis la côte cette fois... (dedieujeanfrancois.blogspot.com)), un thalweg qu'on oublie alors qu'il se confond avec  les étangs des Exals, en réalité des yeux-de-mer, cachant sous la surface des exsurgences karstiques. Il n'est pas inutile de le savoir à la vue de cette belle eau plus douce que salée, du moins en surface, même si la mer s'aventure jusque là pour le plus grand plaisir des pêcheurs de lisses ou dorades. (voir Partager le Voyage: CHEMIN D'ÉCOLE (6) Depuis la côte... (dedieujeanfrancois.blogspot.com)). 

Mais quel lien avaient mes aïeux, dont mon grand-père, avec la mer ? Je ne saurai jamais. Nous ne saurons jamais. Je ne peux qu'imaginer que, soumis à une vie rustique, les ressources du littoral à proximité (aide pour la pêche à la traîne, maraude en suivant le bord et visite des mares ou flaches passagères suite à un coup de mer) devaient être aussi appréciées qu'aléatoires. Et les garçons ne s'autorisaient-ils pas à être aventureux ? Dommage de ne pas romancer... 




 

Il faut laisser le grau, le chenal, les yeux-de-mer des Exals derrière, pour monter vers cette métairie, enfin, cette ou ces bâtisses où logeaient des ouvriers agricoles, du temps où la population rurale se comptait nombreuse. La vigne occupe le fond du vallon tandis qu'une profusion de pins s'est installée près des étangs. Tout autour et plus encore en pénétrant dans la Clape, par contre, seule une végétation rude et piquante de kermès et de romarin s'accommode des croupes calcaires déshéritées. Et s'il est possible de parler du cadre, du site, du paysage, c'est que, contrairement, côté Fleury, à l'impression cheval de frise, hérisson tchèque (la guerre en Ukraine infuse), du Courtal Naou-Bugadelles se défendant des "envahisseurs" avec du grillage et des panneaux tendancieux Partager le Voyage: CHEMIN D'ÉCOLE (2) Nantis, manants, chasse et culture... (dedieujeanfrancois.blogspot.com), le Château des Karantes n'étale aucune prétention de possédant ; à peine un panneau peu voyant sur un versant de colline. Ce n'est pas pour autant qu'on doit se comporter comme sur le domaine public, le Conservatoire du Littoral par exemple, à l'Oustalet, à l'autre bout de Saint-Pierre-la-Mer, raison pour laquelle j'ai à peine salué le groupe de promeneurs manquant de discrétion, parlant fort de divaguer où bon leur semble, comme en terrain conquis. Quitte à me méprendre (eux avaient peut-être acheté du vin...), marquant néanmoins la distance, je les ai laissés là où se vautrait le gros serpent d'irrigation au goutte-à-goutte. 




Je pressai d'autant plus le pas qu'au-dessus d'une légère montée, sur le bistre de la sécade, le jaune des fenouils et le vert des pampres, se dessinaient les contours un peu à contre-jour du gîte où la pelote familiale s'était jadis emmêlée en une perruque inextricable pour mieux résister au stress de l'exil. Après tant d'années d'une apparente indifférence, de l'écheveau j'allais enfin reprendre le fil que tirait mon père pour ne pas rompre une attache  à passer, un jour, à mes fils ou plus loin si la Terre ne nous a pas effacés de sa surface... 

mercredi 31 mars 2021

VOLEURS NATURICIDES, destructeurs et pollueurs / Ariège.

Ariège : plus de 300 chênes centenaires abattus sans autorisation dans les Pyrénées par des bûcherons espagnols

Plus de 300 arbres centenaires déracinés et coupés sur une dizaine de parcelles boisées de Perles-et-Castelet, une commune des Pyrénées ariégeoises. Les propriétaires, dévastés par l'action de bûcherons espagnols, montent une association pour porter l'affaire devant la justice.

Exit la forêt de chênes centenaires sur la commune de Perles-et-Castelet en Ariège. Elle n'est plus que souvenir pour les propriétaires des parcelles boisées qui ont été "exploitées" sans autorisation par des bûcherons espagnols.
Exit la forêt de chênes centenaires sur la commune de Perles-et-Castelet en Ariège. Elle n'est plus que souvenir pour les propriétaires des parcelles boisées qui ont été "exploitées" sans autorisation par des bûcherons espagnols. © Pascal Dussol / FTV

Des arbres abattus par centaines et des habitants abattus également devant l’ampleur du désastre. Les faits remontent à fin février 2021. Des bruits répétitifs de tronçonneuse attirent l’attention de Hélène Rameil, la propriétaire d’une parcelle sur laquelle se trouve une forêt de chênes centenaires. Elle et son mari sortent pour localiser l’origine du bruit et tombent sur des bûcherons espagnols en train de couper tous les arbres sur leur propriété. Le maire du village intervient et les hommes finissent par quitter les lieux. Au petit matin, le bois a disparu.

Hélène Rameil confie que ces chênes centenaires avaient été légués par les grands-parents de son époux. Au delà du préjudice financier, qui leur importe finalement peu, c’est surtout un préjudice moral pour leur famille.

On dirait qu’une tempête est passée, c’est un véritable « massacre à la tronçonneuse" ! Il y avait des chevreuils, des sangliers, des murs en pierre sèche construits par les ancêtres, il n’y a plus rien ! Cette nature ne nous appartient pas ! Elle doit être transmise à nos enfants.

Hélène Rameil, propriétaire d'une des parcelles de chênes centenaires

Un désastre écologique

Et au delà de cela, il s’agit aussi et surtout d’un gros préjudice environnemental. En effet, la zone a subi une grosse pollution au gasoil, des ordures ont été entassées, des murs en pierre sèche qui délimitaient les parcelles ont également été détruits, « les parcelles sont saccagées » comme le confie cette propriétaire emplie d’émotion.

Danièle Segato, une autre propriétaire de bois coupé et volé, confirme le « désastre écologique ». 

De la forêt entretenue par les propriétaires, il ne reste rien. Sauf l'impact écologique durable.
De la forêt entretenue par les propriétaires, il ne reste rien. Sauf l'impact écologique durable. © Pascal Dussol / FTV

Elle fait ainsi l’inventaire : « Certains arbres faisaient plus d’un mètre de diamètre. Le ruisseau a été dévié, il y avait des flaques de gasoil partout, des ordures laissées sur place. Ils ont tout détruit de manière inqualifiable. Et le pire, c’est qu’ils continuent à agir impunément dans l’Ariège et dans l’Aude »

En cause : une entreprise de bûcheronnage espagnole

Les auteurs des faits sont pourtant identifiés. Des bûcherons espagnols qui disent « ne pas parler français et obéir aux ordres de leur patron : tout couper ! ». Ce sont pas moins de 300 arbres qui ont été coupés sur une dizaine de parcelles en tout, même si toutes les parcelles sont impactées de manière inégale.

Danièle Segaro se confie, les larmes aux yeux et la gorge serrée : «cela fait 32 ans que nous entretenons cette forêt, que nous débrouissaillons, que nous faisons tout notre possible pour préserver la nature et aujourd’hui, nous sommes anéantis par ces actes »

La dizaine de propriétaires spoliés a décidé de monter une association « pour avoir plus de poids devant la justice et faire punir ces gens ». En attendant, le « saccage » continue sur d’autres communes, conclut-elle.

 

 

vendredi 29 janvier 2021

LE POUDAÏRE TAILLE LA VIGNE / Fleury-d'Aude en Languedoc

Il y a un an, nous parlions de Josep Salvat (1889 - 1972), l'abbé, pour son poème "Lo Podaire". Puda c'est tailler et plus particulièrement la vigne, pour la discipliner à donner de belles grappes. Le poudaïré s'y attelle entre décembre (à l'époque, la nature était plus respectée) et la reprise de la végétation. Penché sur la souche le poudaïre taille la vigne, il coupe les bizes destinées à être ramassées en fagots...

Moines de l'abbaye de_Fontfroide Auteur JPS68 via photoshop

A l'instar des vieux trublions qui aiment qu'à l'occasion d'un repas de famille, on leur redemande la récitation, la chanson, l'histoire, toutes tant de fois répétées mais dont on ne se lasse pas, je tiens à perpétuer cet art de vivre... N'était-ce pas une façon de s'inscrire dans le lignage, le cousinage ? N'était-ce pas l'occasion d'exprimer indirectement la force de l'amour de la part d'êtres pour qui dire "Je t'aime", en dehors de l'intimité du couple, relevait du tabou ? Et puis n'y avait-il pas une première fois pour une jeunette, un jeunot de la génération montante à initier ? Traduction dans la tradition des œufs au mimosa, de la langue en gelée, du loup ou du turbot sinon de la langouste pour marquer plus encore l'évènement, du civet ou salmis sinon le saupiquet, des pigeons, dindes et chapons et autres poules à la crème voire le cochon de lait, pour finir même sans vouloir s'appesantir (mais les menus gardés peuvent encore en témoigner), par la mousse au chocolat, le bras de Vénus, la bombe glacée, l'académique pièce montée... le tout arrosé de nectars éclipsant l'ordinaire des jours... 

Ciseaux à tailler forgés à Pézenas.

Tout ça parce que l'an passé je promettais la traduction du Podaire de l'abbé Salvat si l'article touchait vingt ou trente lecteurs... Tout ça parce que je n'ai pas encore tenu ma parole alors que l'article compte (79 vues sur blogger, 288 sur facebook) et parce que tout le monde s'en fout, qu'il n'y en a pas un pour me gourmander (ne cherchez pas le rapport avec nos menus gourmands !) et puis, parce que, l'hiver venu, l'image du poudaïre bravant la froideur du Cers, un amandier en fleur sur le marge derrière, me revient malgré moi, comme celle des premières pousses ou des pampres lourds de raisins aux vendanges quant à ne parler que de la vigne dont la verdure, même sous d'autres latitudes, me touche droit au cœur pour me l'avoir trop bien bercé, au pays, au village, depuis la maison natale, la même qui vit naître mon père vingt-huit ans plus tôt. 

C'est que j'allais remettre "Lo Podaire" et que personne n'allait m'en faire la remarque et à y être, me faire réaliser que j'ai l'âge désormais de répapiller, de radoter. 

Je vous laisse aller voir :

 https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2020/01/lo-podaire-sermon-de-labbe-josep-salvat.html

rivelpatrimoine.frlienshebergement

Josep Salvat, pour l'état-civil Joseph, l'auteur est né le 8 novembre 1889 à Rivel dans l'Aude, le pays des comportes et des sonnailles. Pauvre, sa famille compte sept enfants (1). Une fois prêtre et nommé au petit séminaire de Castelnaudary, il fonde, avec Prosper Estieu (1860-1939) (2), lou Collègi d'Occitania qui encore de nos jours assure des cours par correspondance (cycle d'études de 4 ou 5 ans). La même année (1927), il est élu Félibre Majoral. 

Déporté en août 1944 au camp de Neuengamme, il tient un journal de captivité qui ne sera pas découvert. Ce diurnal est vite écrit en occitan (3). Ce sont vraiment des notes à la signification souvent obscure. L'abbé a tenu à sa publication après sa mort...

https://www.cieldoc.com/libre/integral/libr0688.pdf 

Il a passé ses vieux jours à Surba dans l'Ariège, au bas de la route du col de Port, côté Tarascon, le village où il est inhumé.   

Et cette traduction promise ? Mais il faut que je vous dise celle du coiffeur ? Vous la savez ? Mais si... "Demain on rase gratis !" On fait comme ça alors !

(1) A-t-il été repéré par le curé du village qui a fait prendre en charge les frais de pension au petit puis au grand séminaire où seuls les meilleurs pouvaient entrer ? 

(2) poète audois d'expression occitane et française. 

(3) Je ne peux que penser à mon père au travail obligatoire à Dresde et qui écrivait suite, certainement, à la découverte de son carnet clandestin : 

"... je me trouvais à l'immeuble central de la Gestapo, derrière la Hauptbannhof, au troisième étage pour un interrogatoire en règle. Ils m'ont demandé pourquoi j'avais écrit à propos du débarquement allié en Sicile "Alors bonne nouvelle" pour une fois bien traduit "Also gute Nachricht", les trois mots qui me valurent trois semaines de cellule et ma signature au bas d'une feuille me signifiant que la prochaine fois, le camp de concentration, je n'y coupais pas. heureusement que ce que j'avais écrit de plus délicat l'était en occitan..."

Pas un mot de plus sur cette affaire. Sinon il a parlé une fois d'une gifle peut-être reçue pour avoir répondu qu'il avait le cafard...  

mercredi 2 décembre 2020

ROUZILHOUS & frescuro / lactaire délicieux et fraîcheur


Que ça vienne de Scandinavie ou du Groenland il va faire froid durant la première quinzaine de décembre. 

Hier, 1er décembre en fin d'après-midi, des flocons descendant à 500 mètres d'altitude dans la Montagne Noire, les Hautes-Corbières, et le Pays de Sault. On attend 5 à 10 centimètres de neige blanche vers le Pech de Bugarach, jusqu'à 15 cm dans le massif du Madrès, à Camurac et plus de 20 cm sur le Pic de Nore. L'épisode pourra s'accompagner de verglas. Et à Fleury un Cers froid et pénétrant fait sentir que la neige n'est pas loin. 

 

Cette année aura été une année à covid mais pas à champignons ! Et moi qui rêvais de rouzilhous, de ceux qui, en famille, marquent l'automne de leurs tons plus ou moins rosés, orangés, sanguins et veinés de vert-de-gris. Déjà que certains coins ont été scalpés pour servir de coupe-feu ! Es que fa maï fred que frescuro ! (C'est qu'il fait plus froid que frais)... Mais c'est la fête à Viviane (1) qui, entre parenthèses, ne s'est pas privée de nous faire saliver de loin, dimanche, avec les photos de la poêlée forestière accompagnant son poulet rôti ! 

Les photos justement, manière de se consoler de ces lactaires délicieux qui ne nous feront pas mal cette année... Non non, ne dites rien, surtout ne donnez pas vos coins et ne faites pas croire que vous en avez trouvé des kilos, ne faites pas comme ce Palajanais de la galéjade qui parlait de 20 cm de neige, hier, dans son village à portée de Carcassonne !

PS : et autour de chez nous, la météo ? 
Dans l'Hérault, le ciel restera couvert sur les reliefs avec des précipitations sous forme de neige à partir de 700 à 900m des Monts de l'Espinouse à la Seranne.
Dans le Gard Monique a cru voir une cordillère enneigée mais ce n'était qu'un édredon de nuages...   
Et plus loin mais c'est le pays de mes aïeux ! Dans l'Ariège, à Montagagne (800 mètres d'altitude environ), guère plus de 1 à 2 degrés aujourd'hui avec quelques flocons mais la nuit sera claire. (Météo France)
 
(1) a aussi fait passer des photos de neige à Belcaire.  




 
 

vendredi 27 décembre 2019

LE RETOUR DU LOUP / des nouvelles fraîches et une chronique du passé.

DES NOUVELLES FRAICHES. 

On ne le sait pas trop mais comme pour l'ours dans les Pyrénées, la présence du loup fait toujours réagir les populations qui admettent d'autant plus mal la mort liée à la prédation si elle est liée au carnage de brebis désarmées. 
Glané sur le Net, ces jours-ci, après la publication " Les loups et le violoneux".    

https://www.20minutes.fr/planete/2678823-20191219-ariege-apres-deux-attaques-brebis-presence-loup-bien-confirmee

Canis_lupus_Hellbrunn wikimedia Commons Mariofan13
La présence du loup est avérée à Campagna-de-Sault, au-dessus des gorges de l'Aude (route du Capcir).

 Dans notre département, plus au nord et plus précisément dans le secteur de la Piège et du Razès (entre Lauragais et Mirepoix dans l'Ariège) où est actée la présence permanente d'un individu qui a donné lieu à 21 constats en 2016 (13 000 euros versés aux éleveurs concernés), 21 autres en 2017 (17 380 euros) et 23 l'an passé malgré un nombre de victimes recensés en recul, passant de 90 à 50 entre 2017 et 2018.

https://www.lindependant.fr/2019/03/06/aude-les-degats-du-loup-en-baisse-en-2018-mais-des-eleveurs-toujours-plus-remontes,8053187.php

Le 4 mai 2019 à Fourtou (source de l'Orbieu la rivière emblématique des Corbières), neuf brebis mortes, deux devant être euthanasiées, d'autres blessées dont celles qui n'y survivront pas. Dans le but de les déstresser, les bêtes ont été rentrées à la bergerie mais il faudra les sortir dès que possible appels du printemps et de l'herbe nouvelle obligent... surtout que l'article le dit bien, les coupables sont des chiens errants.   

https://www.ladepeche.fr/2019/05/12/une-attaque-de-chiens-decime-un-troupeau-de-brebis,8195249.php?fbclid=IwAR3JEYijo7Q1EKbFFYi84pX0tQAUGs7kkirRwh1DqkITbe7_i6VAJxEDAiI

Un autre écho encore plus en plaine, dans le Gard : 
"Le résumé : Depuis le début d'année, selon la FDSEA, 53 brebis ont été tuées dans les Costières. Dont 4 attaques cette semaine.
23 attaques ont été recensées sur le plateau des Costières de Nîmes. Un territoire improbable sur lequel la présence du loup est avérée depuis mai 2017, notamment grâce à cette vidéo. Les éleveurs réclament l'intervention des lieutenants de louveterie afin d'effectuer un "prélevement" du loup, autrement dit, que le loup soit abattu. En 2018 dans le Gard, le loup est à l'origine de la mort de 170 bêtes et de 50 attaques."

https://www.occitanie-tribune.com/articles/12695/aude-aude-video-les-eleveurs-ovins-crient-au-loup-a-generac 

DU RÉCHAUFFÉ...

S'il nous arrive de revenir en arrière pour des pages de livre, cela semble plus compliqué concernant un blog même pour l'auteur des articles. Aussi ai-je repris plaisir à ce que j'écrivais le 30 décembre 2013... Je compte sur votre indulgence ! 

A la fin du 19ème siècle, la présence du loup était encore banale. Dans ma famille la tradition orale en atteste.   

LE RETOUR DU LOUP (publié le 30 décembre 2013)


Si un froid précoce interdit la sortie des rousilhous, le redoux qui alterne vient contrarier, aussi, cette envie de neige des gosses, quand, le nez sous l’édredon, alors qu’il gèle à pierre fendre, on aime se faire peur avec les loups des contes. Des contes et de la vraie vie aussi, pour un passé pas si lointain même si les grandes forêts ont disparu de nos paysages depuis près de mille ans.

La cuisinière ronflait tandis qu’un Cers sifflant décembre harcelait de ses bourrasques la souche de la cheminée. Certainement inspiré par cette atmosphère hivernale, l’oncle Noé, accrochant le tisonnier sur la barre après avoir garni le foyer, raconta comment notre aïeule qui partait à pied jusqu’à Narbonne, eut à se défendre un jour, entre Le Pech de la Pistole et le four à chaux de Mader, avec pour seule arme son bâton, contre les loups. Il restait encore des loups dans la Clape à la fin du XIXème siècle (1).

A propos de mon arrière-arrière grand-mère, mon père confirma :

« .. / .... Mais avant, sur la droite et en tournant à l'ancien petit jardin cultivé jadis par Pantazi (un minuscule triangle où poussait un figuier) et en montant jusqu'au point culminant cet ancien chemin de Narbonne, pris parfois par mamé Babelle pour aller voir sa fille Marie (sœur de mamé Joséphine et de tante Pauline la muette) quand elle était malade à Narbonne – mon arrière grand-mère, qui m'a raconté en languedocien un épisode du Roman de Renart alors que la fièvre due à la rougeole me clouait au lit métallique vert adossé à la cheminée du « salon » dans la chambre où je suis né et où devait mourir en février 1976, mamé Ernestine, mamé Babelle donc, épouse Paul Palazy, y allait à pied ! ... / ... » (2)

Le loup est revenu aussi dans le Jura et les Vosges. Aussi, les lignes de Louis Pergaud n'en semblent que plus proches encore :

« ... /... Et puis ce fut la nuit étoilée dans laquelle la pleine lune peu à peu monta. Une grande torpeur glacée pesait sur le canton ; dans les profondeurs de l'horizon, la bise, en courant sur les paillettes de neige, soulevait comme des sillons d'une écume diaphane. Rien ne bougeait par la campagne et le long des maisons, les chiens de garde, qui d'habitude aboyaient rageusement à la lune, grattaient aux portes avec frénésie et cherchaient coûte que coûte à se réfugier le plus près possible de leurs maîtres.

Alors au cœur de la nuit, au fond de la plaine triste et déserte, longuement retentit le hurlement lugubre et désolé d'un loup ... ; et un autre lui répondit au loin ... et puis un autre encore et ce fut bientôt, sur toute la campagne, le grand concert tragique des vieilles nuits d'antan.

Dans ses antiques domaines d'où l'avait expulsé l'homme, le maître était revenu et son retour proclamait sur ceux des bois, des champs et des maisons le régime implacable et illimité de la terreur... / ... » (3)

(1) En France, si les derniers ont été tués dans les années 1930, depuis 1990, on assiste au retour du loup venant d’Italie. En 2001-2002, certains sont même arrivés dans les Pyrénées après être passés par les Cévennes, la Montagne Noire et les Corbières.

(2) Caboujolette / Pages de vie à Fleury d’Aude II / 2008.

(3) L'arrivée du maître. - Paru dans Mélanges, pp, 15 à 20 ; puis dans Œuvres, t. Il, pp. 349-358. (Le mercure de France 1948) [source Sisyphe.com].
Disponible en e-book libre de droits (pour le lien, si nécessaire, me contacter par un commentaire). 

wikimedia Commons Illustration de 1764 Source Gallica

lundi 22 juillet 2019

LE TOUR DE FRANCE DANS LE COUSERANS (ARIEGE)

Petite chronique des années 40.

Le Tour de France passe souvent dans l’Ariège, le Port de Lers, le mur de Péguère sans parler cette année de ce final inédit à Foix avec le Prat d'Albis, à plus de 1200 mètres d'altitude.
Ils sont passés à Massat, non loin du pays de naissance d’Henri-René Garaud, l'avocat connu pour ses convictions très marquées. Il a défendu Christine Villemin.

Mon père ne manquait pas d'évoquer ce copain de 1947 à la fac de droit de Paris :

"... Nous avons échangé des lettres. Il est mort en 1972... il était pas vieux... je crois qu’il a été longtemps maire d’un petit patelin au-dessus d’Ax-les-Thermes. Il y est enterré..." 

 En 2011, l'étape du 16 juillet (St-Gaudens, Plateau de Beille), au contraire, descendait vers Vicdessos. 



 

jeudi 7 février 2019

L'AMANDIER / Terres du Sud.


Cette fois, ça y est, des échos viennent du pays, par mami et Laeti, pour me dire que le messager s'est annoncé, non dans un nuage de poussière mais par "un essaim de papillons blancs"...  

Ma « cueillette » de l'an passé mais intemporelle : 

« O vieux amandiers du pays,
Je vous aime et je vous vénère
Couverts de fleurs ou de glaçons,
Vous, dont plus d'un est centenaire,
Vous qui restez quand nous passons […]

Amandiers que l'Autan, dans sa rage jalouse,
Plume, pour étoiler les prés ou la pelouse
D'un essaim de papillons blancs… »

Pierre Marfaing Poèmes d’Ariège, 10 francs, FOIX Typographie Pomiès, Fra & Cie successeurs, 1930 (sur le site de Sorgeat décidément très vivace ! http://sorgeat.free.fr/mem.php). 


Le mont Canigou depuis le Barcarès author Leguy French Wikipedia.

Pyrénées Depuis les orgues d'Ille-sur-Têt, le Mont Canigou author Babsy
Ce piémont ariégeois fermé au midi par la superbe barrière enneigée des Pyrénées, une vision depuis le Pédaguès et l'Aganaguès, au-delà du Plantaurel et du Massif de l'Arize, belle et vive comme une truite, où on se prend à fredonner l'air de Gaston Fébus, SE CANTO, QUE CANTO, fédérateur de l'âme occitane : 

"... Dessús ma fenèstra
I a un ameliè
Que fa de flours blancas
Coumo de papièr

Aquelas flours blancas
Faràn d’amellous
N'emplirem las pòchas
Per ieu e per vous..."

(Au-dessus de ma fenêtre, il y a un amandier qui fait des fleurs blanches comme du papier,
Ces fleurs blanches feront des amandes tendres (1) qui rempliront nos poches pour moi et pour vous...).

Dernière idée liant malheureusement une histoire d'amour à la grande Histoire... 
Histoire d'amour pour un Gaston Fébus, moins doux et recommandable que ne le laisserait penser sa chanson, au regret d'avoir répudié et renvoyé sa femme Agnès pour une histoire de dot.

Toujours dans Se canto, que canto, la chanson devenue hymne de l'Occitanie : 
 
"... Aquelos mountanhos
Que tan nautos soun
M'empachoun de veïre
Mas amours ant soun..." (ma transcription en languedocien) 

(Ces montagnes Qui si hautes sont M'empêchent de voir Où mes amours sont).   

Histoire tout court, brutale, sanglante, qui, en février 1939, voit les Républicains espagnols passer la montagne pour se réfugier en France (La Retirada). 

Ces chroniques ont pour cadre les Pyrénées qui ne sont pas la barrière qu'elles semblent former, entre le Béarn et la Navarre, entre l'Aragon, la Catalogne, l'Occitanie et notre pays catalan. Il ne faut pas s'en tenir à une définition sans nuances puisque ces pays partagent le rouge et le jaune, le sang et or de leurs couleurs, des langues sœurs et imbriquées (Fenouillèdes, Val d'Aran), des vignes, des oliviers, des amandiers, des migrants d'une même maisonnée...  

Détail ultime cité par Mistral sous la dénomination "CH. POP." (chanson populaire) mais dont la scansion semble calquée sur Se canto, comme une variante (elles sont aussi nombreuses que les pays et terroirs occitans !) : 

"... Aquéli flour blanco
Sèmblon d'ameloun
Mai soun pas tan douço
Coume si poutoun..." 

(Ces fleurs blanches Semblent des amelouns Mais ne sont pas aussi douces Que ses baisers).  


(1) Frédéric Mistral (Trésor du Félibrige) parle de "petite amande, amande qu'on mange verte", peut-être pas encore à terme ("...L'amande verte désigne un fruit qui n'est pas mûr ou pourri, récolté en juin et juillet, d'aspect tendre et laiteux et de saveur délicate..." Wikipedia).
Les expressions citées par Mistral pour expliciter l'entrée semblent confirmer :
* Suça jusqu'à l'ameloun, sucer jusqu'à la moelle.
* gela coume un amelloun, gelé jusqu'aux os... (l'amande est la graine de l'arbre, issue de la fécondation du pistil, un carpelle entouré d'étamines. Cette graine parfois jumelle (philippin, philippine*), rarement triple ou même quadruple (porte-bonheur protégeant de la foudre et des... hémorroïdes !) se forme à partir d'une gelée originelle.  
* philippin, plilippine jeu qui consiste à partager l'amande bessouno, le premier revoyant l'autre gagne s'il salue d'un "Bonjour Philippine !)