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vendredi 27 décembre 2019

LE RETOUR DU LOUP / des nouvelles fraîches et une chronique du passé.

DES NOUVELLES FRAICHES. 

On ne le sait pas trop mais comme pour l'ours dans les Pyrénées, la présence du loup fait toujours réagir les populations qui admettent d'autant plus mal la mort liée à la prédation si elle est liée au carnage de brebis désarmées. 
Glané sur le Net, ces jours-ci, après la publication " Les loups et le violoneux".    

https://www.20minutes.fr/planete/2678823-20191219-ariege-apres-deux-attaques-brebis-presence-loup-bien-confirmee

Canis_lupus_Hellbrunn wikimedia Commons Mariofan13
La présence du loup est avérée à Campagna-de-Sault, au-dessus des gorges de l'Aude (route du Capcir).

 Dans notre département, plus au nord et plus précisément dans le secteur de la Piège et du Razès (entre Lauragais et Mirepoix dans l'Ariège) où est actée la présence permanente d'un individu qui a donné lieu à 21 constats en 2016 (13 000 euros versés aux éleveurs concernés), 21 autres en 2017 (17 380 euros) et 23 l'an passé malgré un nombre de victimes recensés en recul, passant de 90 à 50 entre 2017 et 2018.

https://www.lindependant.fr/2019/03/06/aude-les-degats-du-loup-en-baisse-en-2018-mais-des-eleveurs-toujours-plus-remontes,8053187.php

Le 4 mai 2019 à Fourtou (source de l'Orbieu la rivière emblématique des Corbières), neuf brebis mortes, deux devant être euthanasiées, d'autres blessées dont celles qui n'y survivront pas. Dans le but de les déstresser, les bêtes ont été rentrées à la bergerie mais il faudra les sortir dès que possible appels du printemps et de l'herbe nouvelle obligent... surtout que l'article le dit bien, les coupables sont des chiens errants.   

https://www.ladepeche.fr/2019/05/12/une-attaque-de-chiens-decime-un-troupeau-de-brebis,8195249.php?fbclid=IwAR3JEYijo7Q1EKbFFYi84pX0tQAUGs7kkirRwh1DqkITbe7_i6VAJxEDAiI

Un autre écho encore plus en plaine, dans le Gard : 
"Le résumé : Depuis le début d'année, selon la FDSEA, 53 brebis ont été tuées dans les Costières. Dont 4 attaques cette semaine.
23 attaques ont été recensées sur le plateau des Costières de Nîmes. Un territoire improbable sur lequel la présence du loup est avérée depuis mai 2017, notamment grâce à cette vidéo. Les éleveurs réclament l'intervention des lieutenants de louveterie afin d'effectuer un "prélevement" du loup, autrement dit, que le loup soit abattu. En 2018 dans le Gard, le loup est à l'origine de la mort de 170 bêtes et de 50 attaques."

https://www.occitanie-tribune.com/articles/12695/aude-aude-video-les-eleveurs-ovins-crient-au-loup-a-generac 

DU RÉCHAUFFÉ...

S'il nous arrive de revenir en arrière pour des pages de livre, cela semble plus compliqué concernant un blog même pour l'auteur des articles. Aussi ai-je repris plaisir à ce que j'écrivais le 30 décembre 2013... Je compte sur votre indulgence ! 

A la fin du 19ème siècle, la présence du loup était encore banale. Dans ma famille la tradition orale en atteste.   

LE RETOUR DU LOUP (publié le 30 décembre 2013)


Si un froid précoce interdit la sortie des rousilhous, le redoux qui alterne vient contrarier, aussi, cette envie de neige des gosses, quand, le nez sous l’édredon, alors qu’il gèle à pierre fendre, on aime se faire peur avec les loups des contes. Des contes et de la vraie vie aussi, pour un passé pas si lointain même si les grandes forêts ont disparu de nos paysages depuis près de mille ans.

La cuisinière ronflait tandis qu’un Cers sifflant décembre harcelait de ses bourrasques la souche de la cheminée. Certainement inspiré par cette atmosphère hivernale, l’oncle Noé, accrochant le tisonnier sur la barre après avoir garni le foyer, raconta comment notre aïeule qui partait à pied jusqu’à Narbonne, eut à se défendre un jour, entre Le Pech de la Pistole et le four à chaux de Mader, avec pour seule arme son bâton, contre les loups. Il restait encore des loups dans la Clape à la fin du XIXème siècle (1).

A propos de mon arrière-arrière grand-mère, mon père confirma :

« .. / .... Mais avant, sur la droite et en tournant à l'ancien petit jardin cultivé jadis par Pantazi (un minuscule triangle où poussait un figuier) et en montant jusqu'au point culminant cet ancien chemin de Narbonne, pris parfois par mamé Babelle pour aller voir sa fille Marie (sœur de mamé Joséphine et de tante Pauline la muette) quand elle était malade à Narbonne – mon arrière grand-mère, qui m'a raconté en languedocien un épisode du Roman de Renart alors que la fièvre due à la rougeole me clouait au lit métallique vert adossé à la cheminée du « salon » dans la chambre où je suis né et où devait mourir en février 1976, mamé Ernestine, mamé Babelle donc, épouse Paul Palazy, y allait à pied ! ... / ... » (2)

Le loup est revenu aussi dans le Jura et les Vosges. Aussi, les lignes de Louis Pergaud n'en semblent que plus proches encore :

« ... /... Et puis ce fut la nuit étoilée dans laquelle la pleine lune peu à peu monta. Une grande torpeur glacée pesait sur le canton ; dans les profondeurs de l'horizon, la bise, en courant sur les paillettes de neige, soulevait comme des sillons d'une écume diaphane. Rien ne bougeait par la campagne et le long des maisons, les chiens de garde, qui d'habitude aboyaient rageusement à la lune, grattaient aux portes avec frénésie et cherchaient coûte que coûte à se réfugier le plus près possible de leurs maîtres.

Alors au cœur de la nuit, au fond de la plaine triste et déserte, longuement retentit le hurlement lugubre et désolé d'un loup ... ; et un autre lui répondit au loin ... et puis un autre encore et ce fut bientôt, sur toute la campagne, le grand concert tragique des vieilles nuits d'antan.

Dans ses antiques domaines d'où l'avait expulsé l'homme, le maître était revenu et son retour proclamait sur ceux des bois, des champs et des maisons le régime implacable et illimité de la terreur... / ... » (3)

(1) En France, si les derniers ont été tués dans les années 1930, depuis 1990, on assiste au retour du loup venant d’Italie. En 2001-2002, certains sont même arrivés dans les Pyrénées après être passés par les Cévennes, la Montagne Noire et les Corbières.

(2) Caboujolette / Pages de vie à Fleury d’Aude II / 2008.

(3) L'arrivée du maître. - Paru dans Mélanges, pp, 15 à 20 ; puis dans Œuvres, t. Il, pp. 349-358. (Le mercure de France 1948) [source Sisyphe.com].
Disponible en e-book libre de droits (pour le lien, si nécessaire, me contacter par un commentaire). 

wikimedia Commons Illustration de 1764 Source Gallica

mercredi 4 juillet 2018

UN MIREPOIX DE PETITS PAYS / Pays d’Olmes, Mirepoix, Razès, Piège.

Le Pays d’Olmes, 300 km2 seulement, mais multiple, avec la Montagne de Tabe (Pic de Saint-Barthélemy 2348 m., Pic de Soularac 2368 m.), la station de ski des Monts-d’Olmes[1]… le château de Montségur sur son pog où deux-cent-vingt Cathares et faydits choisirent le bûcher plutôt que de renier leur foi… 

Pic de Saint-Barthélemy Wikimedia Commons Author Pierre Benard
Le guide qui faisait visiter plutôt bien, genre beau-gosse-randonneur-alpiniste aux muscles fins et bronzés, suivi par l’admiration toute féminine de sa conquête, gâcha cette fois-là l’engouement respectueux de l’assistance, enfin, de ceux qui y furent sensibles, lorsqu’il eut la mauvaise inspiration d’appeler la montagne derrière, seule voie, très dure l’hiver, de ravitaillement des assiégés, « Saint-Bart ». L’irruption incongrue de l’île tropicale haut-de-gamme, la présence béate de sa compagne tout acquise, en auraient été presque risibles sans le respect dû à cette triste, austère et terrible page d’Histoire… Plutôt admirer les cycles étonnants, suivant que le siphon se remplisse ou se vide, de la fontaine intermittente et à fort débit de Fontestorbes alimentant l’Hers sorti des gorges de la Frau.  

Lavelanet Wikimedia Commons Author LucasD
Et le Doctouyré et le Touyré, ces eaux pures de montagne sans lesquelles le travail de la laine, hélas aujourd’hui presque oublié, n’aurait pas fait la renommée de Lavelanet du pays des noisettes... Ici aussi, le travail des peignes en corne, le polissage du jais. A propos de Lavelanet, une caméra nous a montré Fabien Barthès dernièrement, gardien de but champion du monde en 1998, désormais supporter des Bleus en Russie, se pliant, dans une tribune, à une séance de selfies. Il n’a donc pas piloté, cette année, aux dernières 24 heures du Mans… L’industrie n’est plus qu’un souvenir dans ce Pays d’Olmes. Point positif,  les truites sont revenues dans ces sous-sous-affluents de la Garonne depuis que les pollutions ont cessé.  
Cathédrale Mirepoix Wikimedia Commons Author Andy HM at Esperanto wikipedia
 
Alors, à Mirepoix peut-on à nouveau mirar lous peisses, mirer les poissons[2] ? Plus sûrement, les maisons moyenâgeuses à colombages, la cathédrale Saint Maurice. Son édification prit des siècles à cause des guerres, de la peste, de la nomination de Pierre Poisson, auteur des plans, comme cardinal, ce qui laissa l’édifice en plan. Elle reste remarquable pour son clocher (le plus haut d’Ariège), son impressionnant bourdon de deux tonnes, deux fois moins lourd toutefois que « François », celui de Montpellier ! Sa nef de 21,40 m. est la plus large du gothique languedocien. 

Achille Laugé / Route bordée de genêts voir source sur Wikimedia Commons
Le Razès, plus vers le levant, vers Carcassonne d’une part, avec les collines de la Malepeyre, Limoux de l’autre que nous avons liée à la vallée de l’Aude et qui aurait pu être considérée en tant que capitale de cet ancien Bas-Razès. Sous les collines boisées, cette zone de transition agricole voit les céréales remplacer peu à peu les dernières vignes. Achille Laugé a admirablement rendu sur ces toiles, ces paysages avec les amandiers ou les genêts en fleur. Des impressions justement, sur ce qui reste du Razès, des touches seulement par exemple sur la présence des loups jusque dans le Fenouillèdes ou encore, dans les collines, la silhouette de Philippe Noiret en promenade sur son cheval… 
Couronnée par le Lauragais, le Razès, le Mirepoix et l’Aganaguès[3], la Piège telle un œil-de-chat, jaune de son soja d’août. Collines maigres, combes seulement en culture, maigre productivité malgré le remembrement avec quelques « gros » cultivateurs seulement et pris en otage par une aberrante agriculture mondialisée. Le Garnaguès semble associé à la Piège[4], inclusion aussi mystérieuse que le pastel en cocagnes qui, entre Albi, Toulouse et Carcassonne, enrichissait les nantis en laissant à ceux qui pourtant avaient fait tous les efforts, seulement de quoi survivre… 



[1] Perrine Laffont, championne de la station, médaille d’or à Pyeongchang !
[2] Des érudits de l’étymologie disent néanmoins que Mirepoix signifie « qui regarde la montagne »… il y a pourtant une truite d’argent sur le blason de la ville ! 
[3] Le Lauragais s’appelait Auragès, en occitan Lauraguès, pays de l’aura (vent d’autan). L’Aganaguès fermé à l’est par les collines du Pédaguès anciennement Podaguès.
[4] La Piège est incluse dans la Garnaguès, quadrilatère irrégulier avec pour axes Cintegabelle-Fanjeaux et Mirepoix -Villefranche-de-Lauraguais. 

Photos autorisées Wikimedia Commons.