Affichage des articles dont le libellé est Les Compagnons de la Chanson. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Les Compagnons de la Chanson. Afficher tous les articles

vendredi 13 juin 2025

« Le But c'est le Chemin » Goethe.

Dans la tête ou le ventre, l'inspiration ? Ou alors les deux quand les scientifiques parlent d'un deuxième cerveau abdominal... De là à comparer avec un accouchement alors qu'on a le mâle rôle, faut pas exagérer ! N'empêche, faut pas la bloquer, elle ne repartirait plus, ça pourrait durer. Une seconde, elle a sa version des faits... ah oui... comme les gitans, vous savez, plus que les ou la roulotte de ce dernier cirque, fin des années 50 (il ne m'en reste qu'une dans le souvenir), ceux de la baraque de Fontlaurier sur le chemin du phare, en dehors du village. 

Alors, annonçant un marchand sur la place, une chanson lancée par l'appariteur captait l'attention de la population, une chansonnette pas plus loin que l'air du temps mais poussant parfois sans le savoir au delà des légumes, poissons, coquillages et saucissons, poussant l'horizon. Airs par-dessus les toits du village, couplets à la radio peut-être aussi, tout se confond à commencer par les « pommiers blancs » des « cerisiers roses »  (1950) jusqu'à une « Verte campagne » (1960) rêvée depuis nos herbes brûlées au soleil. Entre les deux, la possibilité de partir loin, très loin, histoire d'avoir « ...été à Tahiti » (1958)(1), ou de chanter « Hello le soleil brille » (1957) du pont de la rivière Kwaï sinon  « Mé-qué, mé-qué » (1953), « Les Marchés de Provence » (1957) ! ces deux dernières en remerciement à Monsieur Bécaud (1927-2001) ! En prime, le charme agit au ton bien français d'Yvette Giraud (1916-2014) « Avril au Portugal » (1950) ; au-delà, grâce aux accents si délicieusement étrangers encore dans ce pays mi Atlantique mi Méditerranée avec « Les lavandières du Portugal » (1955), sinon, de ces confins montueux indistincts, « L'Étrangère au paradis » (2) de l'hispano-franco-mexicaine Gloria Lasso (1922-2005) entre autres interprètes, Mélina Mercouri (1920-1994), en voisine de notre mer, avec « Les enfants du Pirée » (1960). 


Partir sans partir, vagabonder dans sa tête ? facile ! L'appariteur passait aussi « Je suis le vagabond, le marchand de bonheur, je n'ai que des chansons à mettre dans les cœurs... » (1959). Sauf qu'un chemineau reste l'un des nôtres tandis que les Gitans... encore par Les Compagnons de la Chanson en 1952, toujours en mouvement, « ...errants qui n'ont pas de frontière...» venant de quelque part, passant seulement vers l'ailleurs, sans le vieux bohémien qui trop vieux, reste ici... 

Crainte soudaine de l'impasse, phobie de la page blanche, sensation une seconde d'être vidé ; surtout ne pas s'affoler, la voie s'ouvre avec le paragraphe oublié sur la population et l'exode rural depuis la Montagne Noire et surtout la piste à remonter la Durance jusqu'aux vallées occitanes d'Italie (si tout va bien, dans le tome II « Un Languedoc Coquelicot »). 


Il en va de même pour l'évasion, l'inspiration, toujours en mouvement jusqu'à, comme il arrive à la vie, que mort s'en suive. Est-ce par ce bout que nous devons méditer « Le but c'est le chemin. », mot attribué à Goethe ainsi qu'aux gitans « Ce n'est pas le but du voyage qui compte, c'est la route » ? 

(1) chantée aussi par Henri Génès (1919-2005)... « Le facteur de Santa Cruz », « La tantina de Burgos ». 
(2) paroles en français de Francis Blanche (1921-1974). 

lundi 17 mars 2025

FLEURY, balade en CHANSONS... (1)

Un petit plateau, rien du tout à vrai dire, à peine cinquante quatre mètres de haut... Et pourtant, mes huit ans, ce coteau n'étant qu'à deux pas du quartier avenue de Salles, de la maison, sont loin de l'inaccessible ; les vignes étagées, le lierre au vert d'hiver bon pour le moral, les talus aux amandiers, surtout quand ils fleurissent, les poireaux de quand les poisons n'étouffaient pas la terre, les asperges sauvages, au moins il reste ça... 


« D'où viens-tu gitan ? » chanson des Compagnons... 

L'appariteur en publiait quelques mesures pour l'arrivée sur la place du marchand de moules et de fruits de mer... Ils y avaient un cabanon ; un coin à éviter lorsque la différence est entretenue bêtement, à cause des rumeurs sur les voleurs de poules, voleurs tout court que la voyante ne prédira pas, et attention aux petits enfants, en prime, ils catafalquaient à l'argile les hérissons à rôtir... Vite, à la maison, au crépuscule, à l'heure qui les voit...  

« ...assis près de la flamme claire Qui jette à la clairière Leurs ombres de géants... » 

Tel Pascalet j'étais, l'enfant à la rivière d'Henri Bosco, parfois épiant de loin, caché, sans me douter qu'un jeune de ces Caraques, par compassion, m'aiderait à couper les raisins, à rattraper mes trois souches en arrière de la « colle » de vendangeurs. En demeure l'embarras, la gratitude, le regret de n'avoir pas dit bonjour, un jour aux gitans autour du feu... 

Voilà ce qui m'habite depuis, une fois adulte, la découverte de ce petit plateau, à présent que la dalle du toit a écrasé les murs du cabanon déserté ; au calcaire compact du Puech de Labade, notre sommet haut de 170 mètres (n'en souriez pas, de là haut on voit la mer !), au calcaire marneux de Tuffarel sinon aux grès verts de l'Oustalet (autant de lieux-dits, pas seulement de cailloux, avec des ruines ou toujours occupés sur le piémont oriental recherché pour la vigne) répond ce relief de galets (de lauzes en bordure) couvert de thym, de romarin, objets de ma balade en prévision d'un tripat. 


Encore à courir les marges, nos talus occitans, me défendrais-je de cette nostalgie aigre-douce, à la belle vue tous azimuts de mon village en bas, de ses collines aux moulins de part et d'autre (l'autre est aux voisins sallois), au pied de la Clape derrière, avec au fond la plaine de l'Aude, Vendres et son étang, Valras sa tour et encore la mer, me reviennent les paroles de « Mon Village du Bout du Monde », paroles de Pierre Delanoé (1918-2006), Joe Dassin (1938-1980) interprète.    

« Le vent s'engouffre dans ma valise... », oui, quand il a fallu quitter le pays, ce coteau... Ce n'était pas si loin, Lyon et puis des gens aimables disant en souriant que notre accent leur portait le soleil, mais... mais pour les vacances de Pâques par exemple, sur l'ensemble du parcours, nous passions seulement du velours des platanes au départ, au vert tendre des premières feuilles à l'arrivée, trois semaines de décalage. Et puis, un départ obligé pèse plus qu'un départ choisi... Tout n'est pas vécu en tant qu'exil... (à suivre)