Concernant Duilhac (1), n’oublions pas la mention « sous-Peyrepertuse » pour le château que la commune entretient et fait visiter. Elle contribue également à la restauration des vestiges (État 50 %, région 15 %, département 15 %, commune 20 %).
Dans les gorges, sur le site de l’ancien moulin à blé de Ribaute, les cascades se visitent et la baignade est surveillée sur le plan d’eau aménagé pour un prix raisonnable (4€ le parking gardé)... Dommage les témoignages négatifs et peut-être excessifs sur Tripadvisor (mauvaise humeur de la préposée au paiement, passerelle enlevée quand personne n’est là pour les billets)... Quoi qu'il en soit, la manne touristique n'est pas sans inconvénients : l’afflux sinon l’invasion et le manque de tranquillité pour celui qui vit dans un « village-musée-zoo » !
Et puis ne vaut-il pas mieux rester caché pour vivre heureux ? Nous avons laissé les petits villages du haut Verdouble, apparemment oubliés, parcourus seulement par quelques originaux irréductibles ou par des originaires revenus pour les vacances. Déjà que l’administration fiscale, elle, ne les oubliera pas de sitôt (la faute surtout aux maires trop dépensiers !), surtout qu’ils n’envient pas trop les animations festives de Duilhac, le voisin ! Parce qu’au pied de Peyrepertuse, « fils de Carcassonne » les impôts (237) et surtout la dette (10904) s’élèvent à 11163 €/habitant et que chaque Duilhacais est endetté d’autant (10904) soit 20 fois ce que paie un Estagellois à l’autre bout du Verdouble (2014 année de référence) (2) ! Un abîme de prélèvements, autre acception de l’appellation « Citadelles du vertige » (1966), de Michel Roquebert, pour ces châteaux de la frontière. Ah, il a l’air malin le jeune maire dynamique, pavanant devant la caméra, style « jeune dynamique gérant le patelin comme une entreprise » (3) ! Entre la génération trop entreprenante pour se faire une place au soleil et l’État, ce vieux barbeau refusant de réduire un train de vie dispendieux , il n’y a apparemment pas de place pour une gestion en "bon père de famille" ! « Quaucun pagara ! », Quelqu’un paiera !
Pour être de Fleury, station balnéaire, je crois pouvoir dire qu’en contradiction avec la réputation a priori de territoire riche, une commune touristique brasse un grand flux d’argent qui ne profite malheureusement qu’à une petite minorité alors que la grande majorité des contribuables paie l’addition. Si les premiers se tiennent les coudes et comptent leurs sous, les seconds laissent faire, plaie d’argent n’étant pas mortelle. Ces petits villages, dont Cucugnan aussi, qui feraient vivre ces Corbières déshéritées, ne dérogent pas à la règle ! Et nous n’avons pas évoqué la spéculation immobilière causée par la renommée (un certain snobisme aussi) et qui, faisant grimper les prix, interdit à des locaux de rentrer au pays ! Est-ce que les résidences secondaires, fermées une grande partie de l’année, sont un pis-aller pour maintenir la vie dans ces pays reculés ?
Et dire que nous étions là pour un bol d’air et de fraîcheur ! En contrebas de Duilhac la source de la Trincade nous ramène à l’eau, élément vital. Celle-ci est réputée pour enivrer d’amour... « "Quiconque en boira, qu’amoureux il devienne" Ronsard » dit l’inscription apposée. La qualité de cette eau qui, jusqu’en 1921, actionna les meules du moulin à huile était si appréciée qu’on venait de Paziols et même de Tuchan où deux moulins tournaient pourtant.
«... Le village conserve son centre médiéval appelé le "Fort"... » nous apprend encore le site de la mairie.
Même incognito, sous un béret trop voyant, derrière des lunettes de soleil, les écouteurs enfoncés, oserai-je, après ce que j’ai dit, m’y promener en touriste curieux, en voyeur ? Les écouteurs, je vous rassure, c'est pour écouter Nougaro...
« Il scintille le Verdouble
Mais le cours de son argent
Ni les dollars ni les roubles
Ne te le paieront comptant... »
Claude Nougaro. Le Verdouble
... Les artistes, à l’instar des lichens pour la pollution atmosphérique, possèdent ce don d’alerter, de mettre l'accent avant que l’opinion, toujours en retard d'une bataille, n’en convienne... Tandis que, depuis peu, certains retournent leurs poches percées, le Verdouble, lui, depuis longtemps, contourne Peyrepertuse, la « peiro pertuso », la pierre percée qui a donné son nom au château, sentinelle de la frontière et surtout gardien de notre passé.
(1) Duilhac-sous-Peyrepertuse par arrêté préfectoral des années 70-80... Le château médiéval attire près de 100.000 visiteurs par an (10ème place des 200 sites nationaux préférés des Français (110.000 déjà en 2004 ?)
http://www.lindependant.fr/2016/03/14/peyrepertuse-dans-le-top-10-des-sites-preferes-des-francais,2170032.php)
(2) http://www.contribuables.org/argus-des-communes/
(3) http://www.chateau-peyrepertuse.com/french/entretien-avec-sebastien-pla-maire-de-duilhac-sous-peyrepertuse,43,51,section,modules,contenu-mc.html
photos autorisées
1. Château de Peyrepertuse Duilhac-sous-Peyrepertuse Prost.photo
2. Corb Carte_des_Corbières.svg auteur Boldair