Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
Affichage des articles dont le libellé est Fleury. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Fleury. Afficher tous les articles
vendredi 30 août 2019
mercredi 27 février 2019
COMME UN PARFUM D'AMITIÉ & DE PRINTEMPS... / Fleury-d'Aude en Languedoc.
Le soleil de février prenant sous sa coupe tout le ciel du Sud, des rives de la Méditerranée aux cimes des Pyrénées, promet déjà des jours meilleurs.
Merci à tous ceux qui savent voir et partager, à la mer, à la montagne ou dans les vignes...
Merci Roger-Marc, Alexia, St-Pierre...
Merci Laeti, Viviane...
Merci Bettina, Fabien, Gérard, Martine, Véronique...
Extrait Géoportail |
Merci à Émilien qui a retrouvé Caboujolette !
Merci Sylvain même si je te vois traumatisé par la raclée prise contre le XV d'Angleterre !
mardi 5 février 2019
LE TERRIBLE MOIS DE FEVRIER 1956 / Lou poudaire (fin)
Le poudaire utilise des ciseaux à tailler,
électriques ou pneumatiques tant il faut en avancer aujourd’hui. Dès le mois de novembre, pour ne pas se mettre en retard, et parce que tout a été fait pour ne plus embaucher de main-d’œuvre, ils doivent commencer même si les feuilles ne sont pas
tombées ! Avant les ciseaux à tailler, encore au XIXème siècle, on
utilisait la poda, un drôle d’outil en théorie ambivalent, d’un côté serpette,
de l’autre hachette mais qui avait l’avantage de laisser une coupe oblique
nette contrairement, par la suite à certains ciseaux qui écrasaient le bois. L’autre
outil pour éliminer le bois mort ou en trop est le rasséguet, la petite scie
(la rasso = la scie / Trésor du Félibrige / Frédéric Mistral). Tous les jours
le poudaire rentrait avec un sac de souquets, plus prompts à faire de la braise que les souches plus denses et épaisses... Sur la plaque de la cheminée attendait, toujours tiède, le café passé "à la chaussette".
Yves Boni, le pêcheur des Cabanes qui m'a offert de quoi écrire une quinzaine d'articles portant témoignage de la pêche dans une mer jadis si vivante ! Allez donc les relire, le témoin vaut vraiment le détour !
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/08/le-temps-pour-un-pecheur-du-golfe-vii.html
« … Sinon, ils regardaient toujours vers
l’Est, jamais dans l’autre secteur, pas du côté de l’Espagne car ce qui
arrivait de mauvais venait toujours de l’Est.
Une fois, avec cette neige du grec qui casse tout... je devais avoir 17 ans. Il a tellement neigé, la rivière était gelée, on pouvait pas aller jusqu’au pont de Fleury, comme d’habitude, et on est allé chercher du pain à Valras en passant par le bord de la mer. Il en était tombé 25 cm au bord de l’eau quand même ! J’avais jamais vu ça. c’était petit vent du nord, et l’eau des vagues se gelait. Quand nous sommes repassés il y avait 50 ou 60 centimètres de dentelle de glace... je m’en rappellerai toujours. Attends, pour geler l’eau de mer ! Tout le monde, avec des sacs ; entre ceux qui allaient gaiement et ceux qui marchaient moins vite, on était une trentaine pour rapporter du pain à tout le village.
Une autre fois, quand on a été au pont de Fleury, on voyait rien et il y avait tant de neige qu’on savait plus où était la route, et les caves (les fossés), à côté. Tu savais pas si tu étais sur la route ou dans une vigne. A des endroits on en avait jusqu’au ventre. Celui qui était devant était mouillé jusqu’à la taille. On se relayait, trempes comme des canards ! A la boulangerie, chez Vizcaro, enfin Fauré encore, Paul s’est étonné : « D’ount sortissès ? » (D’où sortez-vous ?) On était partis à 7 heures du matin, et le retour aux Cabanes, à 4 heures, avec le bateau. Je devais avoir 17, 18 ans. Quand il neigeait, couillon, c’était la catastrophe... »
Une fois, avec cette neige du grec qui casse tout... je devais avoir 17 ans. Il a tellement neigé, la rivière était gelée, on pouvait pas aller jusqu’au pont de Fleury, comme d’habitude, et on est allé chercher du pain à Valras en passant par le bord de la mer. Il en était tombé 25 cm au bord de l’eau quand même ! J’avais jamais vu ça. c’était petit vent du nord, et l’eau des vagues se gelait. Quand nous sommes repassés il y avait 50 ou 60 centimètres de dentelle de glace... je m’en rappellerai toujours. Attends, pour geler l’eau de mer ! Tout le monde, avec des sacs ; entre ceux qui allaient gaiement et ceux qui marchaient moins vite, on était une trentaine pour rapporter du pain à tout le village.
Une autre fois, quand on a été au pont de Fleury, on voyait rien et il y avait tant de neige qu’on savait plus où était la route, et les caves (les fossés), à côté. Tu savais pas si tu étais sur la route ou dans une vigne. A des endroits on en avait jusqu’au ventre. Celui qui était devant était mouillé jusqu’à la taille. On se relayait, trempes comme des canards ! A la boulangerie, chez Vizcaro, enfin Fauré encore, Paul s’est étonné : « D’ount sortissès ? » (D’où sortez-vous ?) On était partis à 7 heures du matin, et le retour aux Cabanes, à 4 heures, avec le bateau. Je devais avoir 17, 18 ans. Quand il neigeait, couillon, c’était la catastrophe... »
Un autre témoin, si attentif à la vie de son temps,si complice pour garder notre passé vivant... mon père qui me manque... François Dedieu :
« … Et nous reparlons du grand froid de
février 1956 […] Ici, à Fleury, les « moins vingt » furent chose
courante pendant des jours et des jours, les dernières olivettes disparurent, à
St-Martin-de-Londres dans l’Hérault la vigne, pourtant si rude, n’a plus
résisté à le température extrême de « moins vingt-neuf degrés ». Et
Julien de me dire que l’Aude était gelée sous une couche impressionnante de
glace, telle que Robert Vié avait poussé sa barque en la faisant glisser du
pont de l’Aude jusqu’aux Cabanes. La même année, Titou Maurel (Louis, l’aîné
[…]) était tombé dans l’eau à travers une glace qu’il avait cru plus épaisse, à
Pissevaches, et c’est Manolo qui l’aurait tiré de là – ils devaient chasser -.
[…] Tu me diras : c’est surtout du passé, et
je te réponds :
« Quand on aime la vie, on aime le passé, parce que
c’est le présent tel qu’il a survécu dans la mémoire humaine. »
(Marguerite Yourcenar.)»
François Dedieu / Pages de vie à Fleury /
Caboujolette / 2008 / Chapitre L’Hiver.
Diapos 3, 4, 5 : La neige à Fleury en 2006 / François Dedieu. |
Note : je dois les informations et l'illustration sur la poda au livre sur le canton de Coursan / Opération vilatges al pais / dirigé et mis en œuvre par Francis Poudou (2005).
mercredi 16 janvier 2019
DE CEUX QUI HONORENT LEURS PROMESSES, IL VA VENIR, C’EST SÛR ! / Fleury d'Aude en Languedoc.
Ne jouons pas les Nostradamus ! Plus facile d’énoncer une lapalissade, d’annoncer que le printemps viendra après l’hiver, pardi ! Il n’empêche, une petite voix me dit que les amandiers vont fleurir… C’est que les quelques jours frisquets de ce début janvier devraient avoir causé ce choc thermique indispensable à la floraison de l’amandier… Alors gageons, même si je Nostram’amuse, que l’amandier ne me fera pas attendre plus de quinze jours ! C’est entre lui et moi, en seriez-vous témoins… .
Il
va venir fleurir le coteau, le marge des vignes, houppe blanche de l’amande
douce, toupet rose de l’amère. Pastels de serments partagés ou trahis[1], d’alliances fécondes, le
message passe avec l’allant des jours plus longs, toujours plus engageants.
Préludant à la montée des sèves, il accompagne le poudaïre, le vigneron qui taille les sarments, souche après souche, (d’ailleurs, les amandiers cultivés sont eux aussi, traditionnellement taillés en gobelet, pour diriger la pousse des branches vers l’extérieur). Si le vigneron qui « poude[2] » est pressé par le printemps qui déjà s’impatiente, l’amandier, lui, est plus fougueux encore. Rebelle, bravache, il n’a de cesse que de contester l’hiver alors qu’imperturbable, la saison mauvaise et sans pitié, sûre de sa légitimité et du tribut qu’elle peut exiger d’une nature écervelée, lui fait souvent payer un optimisme aussi cabochard qu’incontrôlable à coup de gelées qui brûlent et font avorter des fruits au duvet naissant.
Est-ce le même arbre ? |
Je
suis du Sud et, n’en déplaise aux Jacobins centripètes, l’amandier participe de cet esprit plus
méditerranéen que français, avec la mer qui soumet à elle le Mistral et le Cers…
Oui le Cers, un vent auquel les Romains avaient même élevé un temple ! Fan
cagua les bobeaux esprits qui n’ont que la tramontane à la bouche ! Oui le
Cers, frère du Mistral, de ces grands vents qui donnent à l’air du Golfe du
Lion une lumière à part.
Par
une matinée claire et vivifiante, il n’y a rien de plus beau que les boules
fleuries des amandiers sur les laisses d’un coteau avec, en fond, par un ciel
pur et calme, le cône enneigé du Canigou… de quoi rendre jaloux le Fuji-Yama
qui doit attendre longtemps l’éclosion des cerisiers !
Dans certaines contrées abritées du Midi, il lui arrive de fleurir parfois pour Noël… C’est arrivé à Fleury… en 1916, 1921, 1975… En attendant, faudrait-il attendre jusqu’en février, tout le village se retient, impatient de s’ouvrir au chapitre qui vient. Ils le pressentent tous : le messager fidèle ne tardera pas ! Tous l’espèrent ! Un instinct du fond des âges fait guetter, au bord des vignes, des champs, dans la garrigue même, le long des laisses et des murettes abandonnées ! Chacun croit le voir, à s’en frotter les yeux tant il cèle en lui l’espoir de jours meilleurs.
Quand le porteur de lumière vient, de sa touche pastel, éclaircir la grisaille de l’hiver, c’est une renaissance, et celui qui en est témoin court vite vers les siens, coupe la parole pour la bonne cause, l’annonce de la bonne nouvelle... J’en parlais ainsi, en 2014… et j’en frissonne rien que de penser aux abeilles, aux bourdons, à tout ce petit peuple de pollinisateurs qui profite et donne à la fois pour que vive notre vieille Terre…
[1] Revenant de Troie, Démophon, fils de Thésée, roi
légendaire d’Athènes, un des guerriers enfermés dans le cheval de bois, fut jeté
sur la côte de Thrace. Phyllis, princesse du lieu, tomba amoureuse du bel
étranger. Ils se marièrent. Démophon, cependant, repartit pour Athènes et ne
revint pas, malgré sa promesse. Abandonnée, Phyllis se pendit à un amandier. Si
je retiens cette version d’une légende déclinée en maintes variantes, c’est que
l’arbre ne daigna fleurir que le jour où Démophon revint enfin…
[2] La "poudo" était l’outil employé pour tailler la vigne, serpette d’un côté,
hachette de l’autre, connu dès l’époque romaine, sera utilisé jusqu’à la fin du
XIXème siècle. (source photo « Canton de Coursan / Opération Vilatges al
Pais – Ciném’Aude 2000 / Francis Poudou
et les habitants du canton / 2005)
mardi 6 novembre 2018
EN PASSANT PAR RÉVEILLOU / Fleury-d'Aude en Languedoc
La route quitte la Combe Levrière. Après la trajectoire rectifiée de l'ancien tracé appelé les Esses, elle gagne le plat de Réveillou.
Réveillou : non loin de la mer, plutôt que l'installation un peu bohème des cabanons et des caravanes en plein clapas avec quand même une paire de maisons en dur, entre les deux vignes à gauche, une ruine. Une ruine si modeste qu'en la voyant de la route, une célèbre petite chèvre aurait pu s'exclamer dans son patois : " Que c'est petit ! [...] comment ai-je pu tenir là-dedans ?".
Alors que les domaines viticoles, les campagnes comme on dit, restent habités, seuls les éboulements et décombres, quand des vacanciers ne les ont pas acquis et restaurés, témoignent de l'occupation, encore un siècle en arrière, des anciennes métairies ou bergeries. Rien qu'aux abords de la route de Saint-Pierre, La Broute, Les Légers, Les Courtals, Crémat ou Naout, les Bugadelles,Tuffarel, Réveillou, étaient occupés. Sur le canton voisin, la Caune, la Pierre où habitait la famille d'un petit Jean, mon futur grand-père. Je le vois, passant tous les jours d'école, la barre des Karantes, la garrigue du Cascadel, un col de la Crouzette à 49 mètres d'altitude s'il vous plaît ! pour rejoindre la communale la plus proche, celle de Fleury... 16 kilomètres aller retour.
A Réveillou, c'est notre bon oncle Noé, jamais à court d'un mot d'esprit, d'une boutade ou d'une blague, qui se rappelle à notre souvenir :
"... Vesetz, vous voyez Réveillou, la ruine, mon ancêtre Andrieu y était installé à une époque où même les plus pauvres étaient accablés d'impôts (1), gabelle, cens et la dime, ce dixième de tout ce qui rentrait à la maison, qu'il fallait verser à l’Église... le curé devait faire le percepteur aussi... Et béh, mon ancêtre Andrieu, dix enfants dans cette ferme, une pièce unique, a eu l'idée de le porter son dizième pitchou, au ritou ! Il devait être gêné le curé ; c'était sûrement risqué de rouspéter atal, de se faire remarquer de la sorte. Heureusement, la Révolution était dans l'air du temps..."
(1) Je crois qu'il aurait fait le rapprochement, aujourd'hui, avec les taxes à tour de bras que nous impose le sieur Macron... une de ses expressions typiques émaillerait nos échanges " Mè, de qué fa lou gouvernomént ?!" (Mais que fait le gouvernement ?!).
lundi 5 novembre 2018
BALADE PERIGNANAISE / Fleury-d'Aude en Languedoc.
Le village de Fleury-d'Aude s'est longtemps appelé "Pérignan". Il en reste que les habitants préfèrent se dire Pérignanais que Fleurystes, serait-ce dit avec des fleurs... Et c'est si différent de "Perpignanais" pourtant à une lettre près seulement...
Au sixième rang dans le département, le territoire communal se diversifie entre les garrigues de la Clape, les coteaux, la plaine et le fleuve Aude, les marais d'eau douce, l'étang lagunaire de Pissevaches et plus de six kilomètres de sable pour les plages.
Au départ du village prudemment installé en hauteur hors de portée des crues furieuses, comme Salles à côté, en direction de Saint-Pierre-la-Mer, on longe d'abord l’Étang, une cuvette asséchée et drainée vers l'Aude par un souterrain. Tout au bout, la route serpente un peu pour monter dans la Clape.
Des vignes et quelques rares amandiers le long d'un accès en terre, hier...
... et à présent...
Plus loin, les pins ont effacé le travail de l'homme, comment deviner qu'à la place des arbres, des cistes et des champignons favorisés par les pluies d'automne, la vigne héritée par le copain de papa n'existe plus. Dans la barre rocheuse qui limite ce ravin de Combe Levrière, le travail antédiluvien des eaux courantes a creusé des marmites dans le calcaire, les anciens dont l'oncle Noé parlaient seulement des trous de renards. En quelques décennies, dans un mouvement de balancier, là où les bergers ratiboisaient, les résineux prennent une revanche : ils étouffent la murette censée préserver la terre des aigats subits.
Même en hauteur, c'est très difficile de rendre des trous de renards à un regard d'enfant.
Inscription à :
Articles (Atom)