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lundi 16 septembre 2024

Le CERS ? qu'es aco ?

 
Windy: Wind map & weather forecast

Lundi 16 septembre 2024, 10 heures : remarquable, instructif, faute de pluie, le site Windy apporte du vent au moulin. 

Incontestable, cette carte montre les puissances du Mistral, des Cers audois et de l'Èbre, même si une tramontane catalane tient à se greffer sur ce “ selfie ”.   

Tout est dit et c'est bien pour ce motif que les images et commentaires météo des chaînes d'info, des journaux télévisés, avec seulement « Mistral et tramontane » à la bouche, sont plus que coupables d'une dérive dépassant leurs intentions. Disant cela, que peuvent évoquer ces journalistes aussi proches et appréciés du public que les présentatrices-présentateurs des journaux ?
Le Sud, le Midi, un rituel de vacances, de Méditerranée, de plages peut-on s'avancer à penser... apologie d'un art de vivre de classe aisée même s'il est fait état des risques, des incendies et si, marronnier de la rentrée, ils nous montrent ces enfants défavorisés qui ont pu passer une journée à la mer.
Rien d'anodin en cela, tout est politique, ceux qui apparaissent ne doivent surtout pas dévier de ce qui est autorisé officiellement sous peine d'exclusion sans autre forme de procès. Aucune trace internet de cet animateur météo de FR3 viré du jour au lendemain pour avoir dépassé le cadre dévolu. Ainsi, en interne, la censure, l'autocensure, la mise sous le tapis voire aux oubliettes, font toujours figure d'épée de Damoclès ; pour le public, le paternalisme, la fausseté, le choix de ce qui est bon ou non à entendre, chapeautent des médias “ pour le système ”, qu'ils soient publics ou privés, cachés derrière un concept global de démocratie, de bien contre le mal, au sujet desquels il ne faut pas faire allusion à la dominance autoritaire de Paris faussement « main de velours » et très « gant de fer ». 

En conclusion, défendre le Cers, nom d'un des plus vieux vents de France, rappelons-le, artificiellement opposé à des tramontanes, vents descendants, est l'expression d'une résistance politique, ici occitane, à un pouvoir central aussi tentaculaire qu'exclusif, contradictoire à toujours nier toute identité culturelle autre que francilienne et dans l'acceptation (est-ce sincère ?) des différences individuelles... le communautarisme serait-il en cause.   

vendredi 5 avril 2024

Marcel Scipion (1922-2013) / 2. La Montagne se meurt.


« Si vous mangez le pain blanc avant le pain noir c'est difficile d'y revenir ».

Serre_de_Montdenier, le pays de Scipion, vu_de_Majastres 2013 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Sébastien Thébault

Les hameaux déchus de la montagne enrichissent la plaine comme la Durance enrichit la Crau. Les petits-fils auront-ils seulement à cœur de s’intéresser à la vie des leurs, avant ? Les descendants ne reviennent plus. Ce serait difficile de revenir en arrière ; si la ferme a l'électricité, l'eau provient d'une source... il n'y a pas de toilettes pas de salle de bains. 

Son hameau de Vénascle, à 950 mètres d’altitude, a été colonisé par les Belges. Son voisin qui ne vient jamais a acheté 800 hectares... 

Comme c'est le cas concernant nos vignerons du Midi, il tient à redresser un a priori tenace sur ces « fainéants » de méridionaux, qui, à partir de dix heures, discutent en groupes, ou jouent aux boules en buvant le pastis. Conçoivent-ils qu'en plein été, si la journée de travail commence à 4 heures, vers 11 heures, la journée dite “ de longue ” ou coupée en attendant que passe le gros de la chaleur, est loin de faire d'eux des oisifs ? 

Les Parisiens pourtant, tout comme chez nous les touristes en général, à l'exception de quelques énergumènes, Scipion ne leur fait pas mauvaise figure, plein de pitié qu'il est pour ceux qui vivent dans la capitale. Mais lui ne se trouve pas bien à Paris. 
« Il faut savoir ce que l'on aime... » La Montagne, J. Ferrat, 1967. 

On monte chez les rares paysans qui restent. 
Une fois, des randonneurs s'exclament : 

« Regarde, il la prend par derrière ! 
— Et comment voulez-vous qu'il fasse, réagit Scipion, à propos du bélier dans ce que les gênes ont commandé à la bête de faire. » 
Les échanges profitent à tous ; il leur vend du miel, ils sont contents, cela lui a donné des contacts avec toutes sortes de gens, même hauts placés. 

Haute vallée_de_l'Ubaye,_Maurin, hameau de Maljasset, 2013 the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Anabase4

Plus gravement, Marcel Scipion s’inquiète de la montagne qui se meurt, des gouvernants qui laissent faire. « La vallée de l'Ubaye je n'y étais plus allé depuis vingt ans, les hameaux abandonnés, les maisons, quelques estivants de Marseille et d'ailleurs. Faut l'aider, la montagne, permettre de vivre de la terre, la montagne réservoir de produits naturels qui permettraient aux hommes des villes, anémiés, détraqués, de se remettre. Faut un certain courage à vivre là. Il faut des paysans mais instruits c'est mieux. Le député est un avocat, les élus ne sont pas des ruraux... il faut que les agriculteurs s'impliquent parce qu'ils savent... restructurer, aménager la montagne... (pardon pour les répétitions mais c'est de l'oral retranscrit). 

Un demi-siècle en arrière, rien que pour la montagne, Scipion n'aurait pu se figurer la perte des prairies, des fleurs sauvages, les dégâts induits par la suppression des haies et bocages... Ah ! le remembrement, une sacrée bonne idée ! Et pour ses abeilles, pouvait-il anticiper le varroa, le frelon asiatique, tout ce que le mondialisme apporte de “ si bon ” et ce, de plus en plus...  

Cette prise de conscience ne date pas d'hier. Il y a bien cinquante ans qu'elle s'est formée. Avec le témoignage de Scipion, l’inquiétude dépasse ce qui n’était qu’extravagance de nantis au début, et qui, petit à petit est devenu une obligation sans quoi nous allons à une catastrophe de plus en plus annoncée. Opposants systémiques, ne racontez pas d'histoires, la nature n'opère pas d'elle-même des changements aussi rapides et brutaux ! 

Pelotes de chanvre filées en 1826, musée de St-Paul-sur-Ubaye 2006 the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur JYB Devot

De timide, le changement de cap devrait se préciser avec moins de bagnole, moins de produits venus de l'autre bout du monde. Fichtre, des fraises du Chili en décembre ! surréaliste ! Plus de proximité, finie l'obsolescence programmée (un moyen de museler un capitalisme aussi fou que meurtrier). 

Cinquante ans ont passé... S'il faut en arriver à un siècle de tergiversations, ce n'est plus la peine, c'est foutu...  

mercredi 16 janvier 2019

DE CEUX QUI HONORENT LEURS PROMESSES, IL VA VENIR, C’EST SÛR ! / Fleury d'Aude en Languedoc.


Mon premier, de 2017, entre le moulin et  le coteau de Fontlaurier.

Ne jouons pas les Nostradamus ! Plus facile d’énoncer une lapalissade, d’annoncer que le printemps viendra après l’hiver, pardi ! Il n’empêche, une petite voix me dit que les amandiers vont fleurir… C’est que les quelques jours frisquets de ce début janvier devraient avoir causé ce choc thermique indispensable à la floraison de l’amandier… Alors gageons, même si je Nostram’amuse, que l’amandier ne me fera pas attendre plus de quinze jours ! C’est entre lui et moi, en seriez-vous témoins… . 
 


Il va venir fleurir le coteau, le marge des vignes, houppe blanche de l’amande douce, toupet rose de l’amère. Pastels de serments partagés ou trahis[1], d’alliances fécondes, le message passe avec l’allant des jours plus longs, toujours plus engageants. 





Préludant à la montée des sèves, il accompagne le poudaïre, le vigneron qui taille les sarments, souche après souche, (d’ailleurs, les amandiers cultivés sont eux aussi, traditionnellement taillés en gobelet, pour diriger la pousse des branches vers l’extérieur). Si le vigneron qui « poude[2] » est pressé par le printemps qui déjà s’impatiente, l’amandier, lui, est plus fougueux encore. Rebelle, bravache, il n’a de cesse que de contester l’hiver alors qu’imperturbable, la saison mauvaise et sans pitié, sûre de sa légitimité et du tribut qu’elle peut exiger d’une nature écervelée, lui fait souvent payer un optimisme aussi cabochard qu’incontrôlable à coup de gelées qui brûlent et font avorter des fruits au duvet naissant. 

 
Est-ce le même arbre ? 




Je suis du Sud et, n’en déplaise aux Jacobins centripètes,  l’amandier participe de cet esprit plus méditerranéen que français, avec la mer qui soumet à elle le Mistral et le Cers… Oui le Cers, un vent auquel les Romains avaient même élevé un temple ! Fan cagua les bobeaux esprits qui n’ont que la tramontane à la bouche ! Oui le Cers, frère du Mistral, de ces grands vents qui donnent à l’air du Golfe du Lion une lumière à part.



Par une matinée claire et vivifiante, il n’y a rien de plus beau que les boules fleuries des amandiers sur les laisses d’un coteau avec, en fond, par un ciel pur et calme, le cône enneigé du Canigou… de quoi rendre jaloux le Fuji-Yama qui doit attendre longtemps l’éclosion des cerisiers ! 





Dans certaines contrées abritées du Midi, il lui arrive de fleurir parfois pour Noël… C’est arrivé à Fleury… en 1916, 1921, 1975… En attendant, faudrait-il attendre jusqu’en février, tout le village se retient, impatient de s’ouvrir au chapitre qui vient. Ils le pressentent tous : le messager fidèle ne tardera pas ! Tous l’espèrent ! Un instinct du fond des âges fait guetter, au bord des vignes, des champs, dans la garrigue même, le long des laisses et des murettes abandonnées ! Chacun croit le voir, à s’en frotter les yeux tant il cèle en lui l’espoir de jours meilleurs.

Quand le porteur de lumière vient, de sa touche pastel, éclaircir la grisaille de l’hiver, c’est une renaissance, et celui qui en est témoin court vite vers les siens, coupe la parole pour la bonne cause, l’annonce de la bonne nouvelle... J’en parlais ainsi, en 2014… et j’en frissonne rien que de penser aux abeilles, aux bourdons, à tout ce petit peuple de pollinisateurs qui profite et donne à la fois pour que vive notre vieille Terre…    




[1] Revenant de Troie, Démophon, fils de Thésée, roi légendaire d’Athènes, un des guerriers enfermés dans le cheval de bois, fut jeté sur la côte de Thrace. Phyllis, princesse du lieu, tomba amoureuse du bel étranger. Ils se marièrent. Démophon, cependant, repartit pour Athènes et ne revint pas, malgré sa promesse. Abandonnée, Phyllis se pendit à un amandier. Si je retiens cette version d’une légende déclinée en maintes variantes, c’est que l’arbre ne daigna fleurir que le jour où Démophon revint enfin…       

[2] La "poudo" était l’outil employé pour tailler la vigne, serpette d’un côté, hachette de l’autre, connu dès l’époque romaine, sera utilisé jusqu’à la fin du XIXème siècle. (source photo « Canton de Coursan / Opération Vilatges al Pais – Ciném’Aude 2000  / Francis Poudou et les habitants du canton / 2005)

dimanche 17 décembre 2017

« ... ENFANT, J’ETAIS BILINGUE, OCCITAN-FRANCAIS… » / En bas des châtaigniers, la vallée des cerisiers.

« … Fasen un traouc a la nèit, la fenno, per veïre si dema i fa journ. »
 
 
Jean-Claude Carrière de Colombières-sur-Orb annonce la couleur ! C’est dit sans fioriture, avec l’accent de ceux qui l’ont en partage, ça fout un pic d’amour-propre à faire gonfler le jabot ! On rayonne d’avoir l’occitan en plus grand commun diviseur ! En flagrant délit de vanité, on se prend à penser que cet homme remarquable est des nôtres, qu’il boira son verre comme les autres !

Remarquable, Jean-Claude Carrière l’est avant tout pour la démarche foncière qui le fait toujours s’effacer par rapport au sujet de sa réflexion ; il fait tout pour que son questionnement, son cheminement intellectuel, l'objet de son intérêt détournent les lumières de sa personne. Mais en se voulant ordinaire, accessible, ni snob, ni star, le résultat va complètement à l’encontre de son obsession. Pourquoi s’auto-amputer lorsque le talent, l’originalité de l’approche, la curiosité, le doute, le travail surtout justifient l’ascendant sur ses tenants, ses partisans ? 
Qui serait assez fou pour nier l’héliocentrisme ? Qu’il se rassure : ni guide, ni berger, il est de ceux qui vont plus loin, qui savent exprimer ce qui est ressenti et partagé par tant d’autres. 

Pardon de me laisser embarquer ainsi… et si j’apprécie l’adhésion qu’il sollicite, sa curiosité tous azimuts, je l’aime pour « Le Retour de Martin Guerre » (Nathalie Baye, G. Depardieu, Bernard-Pierre Donnadieu dans l'Ariège), pour ses souvenirs du « Le Vin bourru », pour notre langue d’Oc en héritage, parce qu’il honore de sa présence la Mirondella de Pézenas et qu’il est de chez nous, macarel ! 
Pardon d’être ignare parce qu’il y a tous ses livres, ses scenarii, ses essais philosophiques (dernièrement sur la croyance, sur la paix), sa controverse de Valladolid (la voix grave et chaude de Jean-Pierre Marielle dans le rôle de Bartolomé de las Casas !), ses collaborations avec Buñuel, Forman, Schondorf, entre autres, ses accointances, ses conversations sur l’invisible, menées depuis trente ans avec des astrophysiciens... Mais ça c’est son côté érudit, parisien, international, à partager avec tous ! Laissez-moi le méridional, celui qui revendique la défense culturelle du Sud :
  
 « … depuis trente ans je préside le Printemps des Comédiens à Montpellier, j’ai animé beaucoup de rencontres dans les villages, nous sommes ici dans le Midi, le pur Midi de la France… »

https://www.youtube.com/watch?v=73TSvLNDDAc

Écoutez-les les deux minutes de la vidéo, regardez-le dire

« … nous avons un lien particulier avec la terre où nous sommes nés […] on peut dire simplement  que si ce n’était pas là, ça manquerait… »

« … Quand j’étais enfant, j’étais bilingue, occitan-français… »

Cet imparfait répété n’exprime-t-il pas la réserve viscérale de l’auteur … contrebalancée aussitôt pourtant par l’affirmation nette d’un bilinguisme avec l’occitan comme première langue. Et cette allégorie magnifique du couple de paysans s’interrogeant sur le mystère du jour succédant à la nuit ? N’y retrouve-t-on pas l’esprit même des contes des petits vieux et du haricot géant ? Est-ce intentionnel de la part de Carrière ? Mais l’image est symbolique de sa quête, de la mise en relation des mythes et de la science, de ses « conversations sur l’invisible » avec des astrophysiciens de renom. Elle en appelle une autre, une gravure sur bois attribuée à l’Allemagne médiévale mais marquant plutôt le renouveau de la Renaissance, la remise en question de l'obscurantisme, des diableries et autres tabous religieux comme la Terre plate ! 
  
L’homme de la gravure de Flammarion, dite aussi « du pèlerin », passe sous la voûte céleste et montre sa surprise à cause de ce qu’il trouve derrière, exactement comme ces deux qui veulent déchirer la nuit !     
Et puis vous l'avez, la traduction de ces quelques mots d’occitan :

« Faisons un trou à la nuit, la femme, pour voir si demain il fait jour »

L’occitan, il en parle Jean-Claude Carrière dans « Le Vin bourru » (2000) : sept pages magnifiques grâce à l’originalité de l’approche, à la précision du vocabulaire, au rejet de tout artifice académique.

Si la quatrième de couverture relève une rare imp(r)udence sous sa plume, la suite du paragraphe demeure conforme à ce qu’il est :

« … je mesurais pour la première fois la quantité étonnante de choses que l’on m’avait apprises et qui plus tard ne m’ont servi à rien. Car, né dans une culture, j’ai vécu dans une autre. De là mille questions sur ce qui nous fait et nous défait. Sur ce que nous avons perdu, gagné, sur ce qui nous reste… »

Jean-Claude Carrière de la vallée souriante, de la montagne belle, du pays des châtaignes et des cerises tient à ses racines. Contrairement à ces renégats montés à Paris et qui, vergogneux, regardent leur berceau de haut et considèrent la maison natale avec condescendance et mépris, Jean-Claude Carrière est resté des nôtres sauf qu’ici nous ne cultivons pas ce complexe de supériorité qui fait toujours tirer la couverture à soi ! On en laisse aux autres, nous... 
 
A propos, c’était pour savoir si on tuait le cochon, au village de Jean-Claude, petit garçon qui n'a plus goûté le vin bourru à partir de 1945. Mais comment passer à Colmbières sans dire que sa présence nous fait du bien ?  

crédit photos commons wikimedia : 
1.  Colombières-sur-Orb église St-Pierre auteur Fagairolles 34. 
2. Jean-Claude_Carrière_à_la_BNF Author Roman Bonnefoy
3. gravure de Flammarion ou "du pélerin" Author Heikenwaelder Hugo, Austria. 

dimanche 29 octobre 2017

LE CHOLERA, PUISQU'IL FAUT L'APPELER PAR SON NOM... / France, Midi...

"Un mal qui répand la terreur..." Si La Fontaine a travaillé le thème de la peste chez les courtisans du grand roi, il ne pouvait le faire avec le choléra. Ce terrible mal, en effet, endémique de l'Inde depuis la haute antiquité n'est arrivé en Europe qu'à partir de 1817. Terrible, vidant les malades en quelques heures (1), il provoque une cyanose terrifiante restée dans l'expression courante "une peur bleue".
La France fut touchée en 1832 par la deuxième pandémie (1829-1837) puis par la troisième (1840-1860).
 

A l'été de 1853, la maladie est arrivée par les ports de la Baltique et de la Mer du Nord. Elle gagne Paris en avril et mai 1854. A partir de ce même mois de juin, le mal fait tache d'huile entre Paris et l'Alsace (Meuse, Aube, Yonne, Côte-d'Or), favorisé par la nouvelle voie ferrée Paris-Strasbourg,  tandis qu'un autre foyer irradie depuis la côte méditerranéenne vers les Alpes, la bordure méridionale du Massif-Central (Aveyron, Tarn et jusqu'au Lot), les Pyrénées, Perpignan et le Roussillon, la Haute-Garonne et surtout l'Ariège.

Concernant notre Midi, on doit ce foyer infectieux aux 30.000 soldats descendus s'embarquer vers les Dardanelles et la Crimée (guerre contre la Russie). 
Le département de l'Ariège a payé un lourd tribut au choléra (surmortalité de 366 % !). D'abord, la montagne ne pouvant nourrir une population en excès, le pays a compté de nombreux colporteurs et autres montreurs d'ours partis courir les routes. Une situation aggravée par la disette due à la maladie de la pomme de terre en 1846. Les saisonniers aussi, partis moissonner (2) dans les plaines qui, retournant chez eux pour rentrer le seigle, amenaient la contagion.
  

Fleury n'a pas été épargné, les décès de l'année 1854 en attestent. Dans le cadre plus resserré du village, considérons maintenant les chiffres rassemblés par Monique Pédrola, d'une famille pérignanaise et qui est à l'origine de la rédaction de cet épisode historique. (à suivre)         

(1) diarrhée aqueuse brutale (de quelques heures à quelques jours), vomissements, déshydratation aigüe (4 à 20 litres perdus/jour).
" Filippo Pacini, né le à Pistoia, Toscane, mort le à Florence, était un anatomiste italien, devenu célèbre après sa mort pour avoir isolé le bacille du choléra (Vibrio cholerae) en 1854, une trentaine d'années avant que Robert Koch ne refît cette découverte avec un beaucoup plus grand succès dans l'opinion." Wikipedia. 
(2) avant les Espagnols, ils sont les "Mountagnols" qui descendront pour les vendanges quand la vigne s'imposera. 
Crédit photos commons wikimedia 
1. Choléra de 1832. Author Nass, Lucien, b. 1874.
2. Couverture du Petit Journal 1912.

Sources : wikipedia

http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1978_num_33_1_293912# 
(Patrice Bourdelais, Michel Demonet, Jean-Yves Raulot)

https://etudessorguaises.fr/index.php/economie/232-une-peur-bleue-epidemie-de-cholera-en-1854

vendredi 19 août 2016

TOUR DE L’ÉTANG DE VENDRES (I) / de PÉTASSUS vers VENUS ! / Fleury d'Aude en Languedoc

Plaisir du grand air quand Cercius sorti des foudres cyclopéens aquitains reste frais. Plaisir des platitudes lagunaires entre la mer, la Clape et le Crès avec le fleuve dans sa trouée, apportant l’eau douce et la vie. Plaisir gâché par ces possédants accapareurs toujours en attraction-répulsion vis à vis du touriste, une contrariété amenant à douter de l'administration du bien public. Que font-ils ? Et s'ils font, pourquoi ne daignent-ils pas communiquer ? 

L’Étang de Pissevaches où jadis pissaient les sources avant que ne viennent les vaches. L’Étang de Pissevaches avec quelques pins, en bosquets, sur quelques oasis gagnées sur le milieu salin. L’Étang de Pissevaches avec ses oiseaux marins dont les flamants roses, et ses pistes, entre les salicornes,  marquées par les sangliers. Après les campagnes de l’Oustalet, de Boède et l’accès à Moyau où solitaire, résiste le dernier des grands pins centenaires, prendre à droite la route de la Grande Cosse, accessoirement camping naturiste. A gauche, un peu avant, une piste mène vers la route des Cabanes, entre le lieu-dit la Guirlande et la propriété des Salins du Midi, Saint-Louis d’Aude. Une chaîne barre le passage et, faute d’indications, l’accès sur le côté peut faire plus l’effet d’une entrée que d’une intrusion. Hélas, au moment de reprendre l’ancien lit de l’Aude, en guise de réponse, sans autre forme de procès, un large et profond fossé arrête même les piétons... Une eau brune refoule et un alignement de barbelés révulse. Du coup, ces barrières lointaines mais agressives des ranches ou des haciendas reviennent à l'esprit. Faut revenir, faire demi-tour, Florian contre le vent en perd sa casquette. Après la station d’épuration qui accueille nombre de migrateurs mais qui pue si fort en amont (ce n’est pas la dernière que nous rencontrerons lors du périple (1)), moins salés qu’annoncés sur la carte d’état-major, les marécages où pointent les tamaris se parent de roselières, de massettes ou de carabènes. Quelques hirondelles en chasse virevoltent. Par cette route des marais, nous passons au large des campagnes de La Négly, Gaysart, Anglès et Cabibel (2) non sans faire une pause au caudiè (3) d’Anglès où l’eau pompée reste d’une utilité certaine. 



Quelques vaches noires ou fauves, une paire de chevaux cherchent l’ombre sous les petits frênes.
Au carrefour, une benne ferme la circulation (sauf pour les vélos !) par les chemins de la plaine en remontant vers l’axe Fleury-Lespignan : a priori une bonne chose avec l’interdiction de stationner dès que les grosses chaleurs en plus de la sécheresse augmentent les risques d’incendies. Sur la route des Cabanes, nos premières saladelles (de la balade) dans des prés sinon pelés. On dit que, depuis la mise en fonction du barrage anti-sel, cette route s’inonde... Le changement climatique n’y serait-il pas aussi pour quelque chose ? En attendant, s’ils ont remblayé les bords avec un ruban de goudron, c’est vraiment salopéjé, plein de trous et de bosses ! Un manque de considération évident pour l’usager qui paie doublement ! Déjà qu’ils rognent sur la signalisation (bandes blanches et d’accotement) ! A vélo, c’est terrible quand il faut se tenir à droite !.. Comme si on avait à raquer pour un dieu Pétassus (4) ! L’héritier de François II le Piteux fera-t-il pire ? (à suivre)      




(1) Entre Fleury et Vendres, autour des étangs et lagunes, nous en avons croisé au moins trois.
Il faut revenir surtout sur le problème de l’eau, besoin vital et néanmoins privatisé. Une eau désormais facturée deux fois, d’abord propre au robinet et ensuite, plus chère encore, en tant qu’usée et à traiter !!!
Est-il loin, le temps où il faudra payer pour l’air qu’on respire tandis que les vampires du fric étudient la possibilité de nous mettre un compteur pour le soleil ???
(2) Pour les trois dernières, les dénominations ont changé, soit, respectivement, Anglès, Rivière-le-Bas et Mire l’Étang.... Allez donc savoir pourquoi...   
(3) source ? résurgence d'eau toujours tempérée même en hiver d'où son nom occitan évoquant la chaleur ? 
(4) le verbe pétasser est accepté en français alors qu'en occitan, le pétas, le pétassage font partie d'un vocabulaire courant.