Référence à Gaston Fébus (1331 - 1391) (Fébus avec un "F" : le "ph" n’existe pas en occitan) qui parlait lé béarnais mais écrivait
en principe en français (« Livre de chasse »). On lui attribue les
paroles en langue d’oc de « Se canto »
« …
Dessús ma fenèstra
I a un ameliè
Que fa de flours blancas
Coumo de papièr… »
Au dessus de ma fenêtre il y a un
amandier qui fait des fleurs blanches comme du papier… Des paroles qui fondent
l’arbre emblématique de l’Occitanie, l’amandier qui fleurit comme a pu
prospérer, au XIVème siècle, jouant des rivalités entre France et Espagne,
l’apanage de Gaston Fébus, comte de Foix, vicomte de Béarn, viguier d’Andorre,
accessoirement et très temporairement lieutenant du roi en Languedoc – gouverneur-.
L’Occitanie a donc adopté l’amandier de sa partie alors indépendante. Laissons
là la référence tant historique qu’institutionnelle pour ne garder de
l’amandier qu’un symbole de renaissance culturelle. Après le long sommeil de
l’hiver, une explosion de ces fleurs ne peut que traduire avec force
l’impétuosité du flux printanier ébranlant la nature jusque dans la sève des
hommes.
Qu’il est bon de courir alors les
chemins qui rayonnent vers des lieux-dits aux noms fleuris, des tènements aussi
multiples et changeants que les enfants d’un même foyer, de la garrigue aux coteaux,
vers la plaine pour finir par ce piémont tourné vers les étangs et la mer au
loin… Courir pour voir les premiers rameaux aux bouquets roses ou blancs
suivant que les amandes seront amères ou douces. L’exploration, la découverte
commencent sur le seuil des maisons !
« … Regardez les
branches,
Comme elles sont
blanches.
Il neige des
fleurs… » Théophile Gautier (1811 - 1872).
Ensuite des milliers de corymbes aux
ramures habillées de pastels ,
c’est un feu d’artifice qui éclate sur les talus, les chemins, la marge des
vignes, le sempervirens de la garrigue. Une beauté assistée par le
bourdonnement des abeilles. Une symphonie suspendue dans le temps, avec, au
fond les Pyrénées blanches de neige, avant qu’un vent fougueux, de terre et ami
du soleil, le Cers, n’effeuille les fleurs sous ses rafales brutales, en une
giboulée de flocons…
« … Lorsqu’on
voit, s’effeuillant comme des destinées,
Trembler au vent des
Pyrénées
Les amandiers du
Roussillon,
Je t’adore
Soleil !.. » Edmond Rostand (1868 - 1918).
Ou alors c’est un vent aussi fort,
marin lui, sinon le Grec, plus gris encore, poussant ses nuées chargées
d’humidité, qui décroche les pétales lourds et mouillés, cristaux fondants
d’une neige de fleurs.