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lundi 24 avril 2023

ENCORE UNE CROISADE

Si l'Histoire les retient en dehors des Guerres Saintes, la Reconquista notamment, les Croisades marquent un affrontement entre Chrétiens et Musulmans. Nous pouvons aussi en parler en inversant l'ordre des belligérants. Sans qu'on ait à les nommer, les Croisades n'en finissent pas d'opposer deux visions du monde qu'un système économique mondialiste trop sûr de lui n'arrive pas et n'arrivera pas à niveler, à étouffer. 

Pardon d'avoir parlé de ce biais à propos d'un autre problème, bien moins sanguinaire, lié surtout à la culture et au respect des différences identitaires.. L'expiration du ressenti, bien que révélatrice d'un certain inconscient laisse parfois à désirer (je la vis souvent comme une maîtresse autoritaire qui me domine...) m'a fait violemment réagir, ce matin, aux écrits laconiques d'un rédacteur de Wikipedia disant que si les Romains ont appelé Cers un certain vent du Languedoc, en fait ils ne faisaient que parler de Tramontane ! 

E o ! cal pas que s'i amuse ! Il ne faut pas qu'il s'amuse à ce jeu ! (le " Y " n'existe pas, à ma connaissance... Jean de Siran peut-être ? Guy, cher copain de toujours et guide fondé à nous éclairer, corrigez svp si besoin). 

D'où ma croisade matinale macarel ! À la place j'ai mis : 

"  Il diffère de la Tramontane. Apparenté au Mistral par sa nature catabatique de vent de couloir, son emprise s'élargit au niveau du Golfe du Lion entre Agde au Nord, Port-la-Nouvelle au Sud. Le Cers d'un nom de vent peut-être le plus vieux de France, se retrouve, toujours par l'entremise des Romains, désigné aussi au niveau de l'Èbre. De grâce, rendons à César et sans lui en vouloir aucunement, laissons la Tramontane partout où elle voudra et où les présentateurs du temps, pas plus météorologues que vous et moi, veulent bien la coller pour les touristes, par parisianisme. Qu'elle souffle son joli nom ailleurs mais pas dans le Narbonnais. "  

Fleury-d'Aude. Les Pins de Barral non traumatisés mais penchés par le Cers, vent dominant. Pour ceux qui connaissent, au fond, Lespignan et vers nous, touchant les pins, la vigne de Noé.  Diapositive 1963


Est-ce trop réagir ? Suis-je sanguin et invivable comme ce Cers qui souffle trop fort et rend fou dit-on ? Il y a 2140 ans que les Romains l'ont honoré dans le Narbonnais vu qu'il assainissait l'air du tout au tout... et étymologiquement le mot " Tramontane " n'apparaît qu'en 1210. Tout est dit non ? 

Qu'on suive la bannière ! En chantant " Non non non non, le Cers il n'est pas mooort car il b... encore, car il buffe encore... " (buffa = souffler en languedocien). Sus aux Jacobins ! La jacobinite ne passera pas ! 

mercredi 15 juin 2022

"Per Pentocousto, la guino gousto" / Pour Pentecôte la guine goûte.

Mamé Joséphine. 

<< Per Pentocousto la guino gousto >>* ! disait mamé** Joséphine (Pour Pentecôte goûte les guines). 

~~ E ho ! répondait l'oncle Noé, i pas poussiplé ! Lou qué se passéjo, souben trapara parès ! Es qué cal coumta amé lou coumpeut (Et oui ! ce n'est pas possible ! Celui qui se promène souvent ne trouvera rien ! c'est qu'il faut compter avec le Comput). E ho, es pas atal, cal coumta cinquanto jour dempèi Pasco ! (Et oui ! c'est pas comme ça, il faut compter cinquante jours depuis Pâques !) e am aquèl coumpeut as de guinos ou as de flours ! (et avec ce Comput, soit tu as des guines soit tu as des fleurs) >> 

Ce qui n'est pas facile non plus est de trouver le nom de ce petit cerisier autrefois favorisé en bordure des vignes, surtout dans la plaine, sinon plutôt sauvage Mais vous allez m'aider, m'éclairer !  

Prunus_fruticosa_(Zwerg-Weichsel)_IMG_2184 wikimedia commons Auteur HermannSchachner. Au fruit on s'y tromperait mais les guiniers du Midi n'ont pas les mêmes feuilles. 

En français il y a bien la guigne, fruit du guignier, autre nom du merisier (wiki) guignier cerisier qui porte les guignes (prunus avium juliana).

D'après le site sensagent, la guigne est une  petite cerise rouge à longue queue et très sucrée. Le littré précise que sa forme est semblable au bigarreau, plus petite, très sucrée, avec une chair d'un rouge noir.  

Le Centre national de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) dit la même chose mais cite "guynier", variété de cerisier, 1508 ainsi que "en a. prov. on trouve guinier dès 1350" (impossible de trouver la traduction des abréviations).

"La vie secrète de la nature" (Atlas) mentionne que c'est Lucullus*** qui rapporta un prunus avium dont la forme sauvage, (le merisier) ne porte que des petits fruits à gros noyaux de peu d'intérêt bien que le bois soit prisé par les forestiers. Avec les merises, on fait le kirsch, le marasquin dans le Sud-Est, le ratafia à Grenoble sinon le guignolet (avec les fruits ? avec les feuilles ? les recettes sont plurielles)... Le guignolet nous remet sur la piste du guinier. 

Les merisiers ont donné une première catégorie de cerisiers à fruits doux dont les fameux bigarreaux avec la variété Burlat. Dans la deuxième catégorie, on trouve les griottes (jus foncé) et les amarelles (jus rosé), appréciées outre-Rhin... parfois dans la recette de la forêt-noire. L'ancêtre serait le prunus cerasus originiare du SE de l'Europe ? Cultivée, cette variété qu'on trouve aussi en Italie fonce et devient plus sucrée. 

Les planches de Gründ indiquent que, contrairement au cerisier, le griottier est sans feuilles à la base des ombelles. 


Suite à cette approche franque des "cerasus" classés "prunus", et qui plus est avec l'homonymie malvenue de la guigne en tant que déveine, malchance, je n'ai trouvé de réconfort qu'en espépissant**** ce qu'il me reste de langue occitane dans sa déclinaison languedocienne. Et voici lou guiniè, cerisier à fruits acides et encore l'agrioutiè donnant des agriotos (d'où le nom griotte). Sont encore mentionnés dans le Trésor du Félibrige de Mistral : guindouliè et guindoulo, cerise aigre en Languedoc... Aïe voilà que Béziers s'en mêle pour nous compliquer le propos vu qu'ils disent guindoulo pour la jujube ! Laissons ! 

Alors, les guines qui, dans les petits profits tirés de la nature, apportaient un plus à la vie rustique de nos aïeux, viendraient, non sans évoquer le cerasus fruticosa, ce cerisier nain des steppes peut-être en rapport avec la cerise naine d'Europe, du "cerasus vulgaris" subspontané dans le Midi. J'en ai cueilli quelques unes, pour Pentecôte et mon arrière grand-mère Joséphine, manière de marquer le coup comme on dit ! 

<< Per Pentocousto la guino gousto >>

Bien sûr, ce propos reste ouvert à toute proposition voire contradiction... vos remarques étant toujours les bienvenues !    

* mentionné dans le Trésor du Félibrige de Frédéric Mistral. 

** on dit mamé même pour l'arrière-grand-mère Joséphine Palazy épouse Hortala. 

*** peut-être à l'occasion des guerres contre Mithridate jusqu'en Arménie...   

**** ou espupissa, littéralement s'épouiller en parlant des poules, enlever les duvets après avoir plumé un volatile et, partant, "... éplucher, trier, scruter, examiner minutieusement..." (Trésor du Félibrige, Frédéric Mistral). 






vendredi 1 mai 2020

L'HENRIC das BARRIS / L'HENRI des faubourgs

 Jadis la petite maison d'Henri dans la rue des Barris partant de la ligne des remparts disparus, soulignée par le tracé courbe du boulevard. Merci Geoportail.

Juste parce que le français s'imposait au languedocien ravalé à l'état de patois, en revoyant sa rue située hors les remparts, et parce que nos migrateurs reviennent instiller la vie et l'espérance en ce temps calamiteux de peste noire, pardon de covid 19, le souvenir et la voix d'Henri le mécanicien nous reviennent sur un air "d'hirondelle des faubourgs".   

"... Hé... O exprimo te coumo cal, se saves pas as qu'à te caillar. Ah beleu saves pas parlar francès. Ah bé tan pis parlo como vouldras... (1)

Au théâtre ce soir. 

Rares sont ceux qui se souviennent encore de la gaieté et de la joie de vivre qui présidait aux représentations de la troupe théâtrale pérignanaise en 1938. Et pourtant, en 1938, si on y regarde de plus près, n'est pas tellement loin, ce n'était déjà plus la Belle Epoque mais ce n'était pas encore la Drôle de Guerre. A Fleury, on pensait à bien s'amuser, de temps en temps et la troupe de théâtre forte de nombreux acteurs exclusivement masculins, malgré la tenue de certains sur notre photo, regroupait dans la cour de l'école la population de Fleury pour des spectacles en langue occitane fort appréciés nous a-t-on dit. 

Avant le spectacle  un tour de ville derrière la clique était organisé,
une clique réduite à sa plus simple expression : André Fountic au tambour et Marius Calmet au clairon.
Mais c'était le signal et on allait voir  "lous proufitaires", "Coucoudou", "lou pèis d'Abrial", "lou "rémé" Piroulet" (2) et "lous maridaires" interprétés par 
Maurice Barthe, Louis Gimat, Antoine Gélis, Auguste Fital, Auguste Rouquié, Victor Sirven, François Gervais, Joseph Sabatier, Jules David, Marius Calmet, Germain Anguille, André Fountic, Laurent Calvet, Gaston Pujol, Albert Mazoni, François Coural, Léon Coural, René Jean, Yéyé Bertoli, Marcel Cadène, Louis Biau et Jules Alibau. 

Après les représentations tout le monde se retrouvait sur la place du marché, au café Gazel  où se déroulaient d'ailleurs les répétitions. Le juge, le soldat, le voleur, le gendarme, le voisin, sa femme se rinçaient le gosier à coups de mandarin-citron ou citron-bière, de trois quarts... 

Oui, aco se pasabo a Fleuris, en 1938." (3)
L'Henric das Barris. 

(1) Oh, exprime-toi comme il faut, si tu ne sais pas, tu n'as qu'à te taire. Ah peut-être tu ne sais pas parler français. Et bé tant pis, parle comme tu voudras. 
(2) Les profiteurs.../... le poisson d'Abrial, lou raumé ? le rhume ? lou rèimé ? variété d'olivier ? / les marieurs ou futurs époux ?  
(3) Oui cela se passait à Fleury, en 1938. 

Cette chronique d'Henri Andrieu, le mécanicien, figure originellement sur une cassette audio. Après bien des procédures de béotien il ne me reste qu'un fichier son wave. Si quelqu'un me fournit une façon de faire, il me sera possible de joindre le contenu de la bande originale. 
La photo détaillée par Henri figure dans le livre "De Pérignan à Fleury" par les Chroniques Pérignanaises, page 172. Elle m'a permis de corriger certain patronymes et même un "Joseph" plus commun que le "Jaurès" que j'ai cru entendre... ma fibre politique sans doute. 

lundi 27 mai 2019

mardi 21 mai 2019

LA BICISCLÉTO (2) / en languedocien.

Papa a repris le sketch de cette biciscléto pour divertir ses amis de table. Suite à la première feuille, format A5, il a continué à taper à la machine mais sur un A4 paysage, d'un air de dire "Si vous voulez copier, donnez-vous en la peine..." 

Il ne me reste plus qu'à pianoter sur le clavier : 

"... i a un paral de rodos "qu'elles sont bien rondes" ; soulomen lou marchand m'a enganat ; a uno i mancavo tres reyouns e  a la plaço a abio mes d'aran 

"mais c'est une jolie vicisclette quand même. Elle a un guidon avec le tintin." I a dos frins, "et le cadre, si vous voyiez le cadre ! elle est bien encadrée tê " 

I a tout, vous disi... E las pedalos, ah ! il y a une pire de pédales qu'elles ont l'air de quunque chose, e la cadeno, elle a une cadène qu'elle est toute neube.

Mè ço que me la faito croumpar es la poumpo "si vous voyiez ça !"es poulido, marcho pas mais es poulido quand memes, i a memes uno placo "elle est de 1935" mè i a uno placo, sei en règlo; Et puis il y a la selle, parfaitement : on peut aller à la selle. Eri fiert d'ave fait aquel afaire e sei tournat a l'oustal, lou rei èro pas moun cousi, mè las fennos on bous coumpren pas, c'est vrai "on vous comprend pas. Es quand on crei que nous anas coumplimentar es alabets que reboustègoun : "vous réboustéguez toujours !"

La méouno m'a passat quicon, m'a pas apelat "perlou", m'a balhat un autré noum e m'a dit : " mè ses fol, de qué menès aqui ? 
- E c'est une vicisclette que je viens de cromper. 
- Quicon de frec, ban creirelou mounde que l'as raubado : ils vont croire que tu l'as raubée. 
- E per dé qué ? i disi. 
Elle me répond : 
- Tu ne vois pas comme elle est mal peintrée ? 
- Perloto, sespas que la pinturo que te tracasso, sara lèou fait ! I avio d'omes que goudrounavoun la routo... et ils ont une jolie peintrure. Sei dabalhat amé la biciscléto e uno bouteilho de vin : paouré moundé, aquel ome quand a vist la bouteilho, d'un paouc mai me pintravo a ièou tambes. M'a dit "posez-la là, la bicisclette". Abio uno espeço de sulfatuso, te m'i a foutut uno chinchado de premièro. Si vous aviez vu ça : elle avait sangé de mine, elle relusissait cunque chose, ero uno poulido vicisclèto, la meteri à secar..."

... Une traduction est disponible si quelqu'un demande... 

Non, ce n'était pas celle-ci qui n'est que des années 60...

  

LA BICISCLÉTO / en Languedocien

Depuis belle lurette, les agapes communautaires prennent le pas sur les repas festifs, ces véritables festins en famille à l'occasion des communions, baptêmes et noces jusqu'à l'Or. Avant la bouillabaisse de l'été nous reviendrons sur ces menus et tout ce qu'ils pouvaient porter comme signification... 

Je parle, je parle mais comme ma nebeude a trouvé un papier dans un livre de son grand-père, un de ces papiers qui évoquent les chansons et les rires devant aider à la digestion de ces repas jadis gargantuesques, avec le café et le pousse-café...

Partageons : 

  
à suivre ! 

PS : n'hésitez pas, faut demander si vous voulez la traduction ! ce sera avec plaisir !

mercredi 24 avril 2019

Lou BOUTEL, la GARGOULETO, el BOTIJO, lou PEGAU : le pot à eau / Fleury-d'Aude en Languedoc.

Boutèls ou botijos ? Collection Teteu Fleury. Je voulais juste mettre cette photo et j'y ai passé la journée avec le cyclone Kenneth croisant à proximité...

A propos du boutèl, boutèu, le site "étymologie occitane"  ne retient que la racine "bout" signifiant tonneau, outre, du latin populaire buttis (sorte de vase pour liquides ou solides venant du grec bouttis, récipient en forme de cône tronqué). La langue d’oïl ne reconnaît que le dérivé butticula, bouteille. 

 http://www.etymologie-occitane.fr/?s=bout

Sur le "Trésor dou Felibrige" de Frédéric Mistral

Gargouleto : cruchon, alcarazas, hygrocérame v. Gourgoulino


„Se sabiès, bello gargouleto,
Coumo t’aimi, quand vèn l’estiéu :
En bevènt toun aigo fresqueto,
Mi sèmblo de larmo de diéu !" 

(Si tu savais, belle gargoulette, comme je t'aime quand vient l'été. En buvant ton eau fraîchounette, je crois boire des larmes de dieu).


Louis BORGHERO, fils d’un marin italien, (Marseille 1857 - 1930). Courtier et journaliste, il fut gérant de L’Armana dei bastido e dei cabanoun (1895).


A l'entrée "Gourgoulino" : cruchon, alcarazas, petite cruche de terre où l’on tient l’eau fraîche. 


„Elo, à dès ans, viret l’esquino
A l’ourjou, à la gourgoulino,
Pèr poutouneja lou pegau.“ 

(Elle, à dix ans, tourna le dos à la cruche, à la gourgoulino, pour embrasser la carafe.)

Jacques ROUDIL (1612 - 1659) auteur de 62 sonnets, la plupart en occitan (Obros mescladissos d'un baroun de Caravetos).


Ourjou, arjol : espèce de cruche en forme d’urne antique que les femmes portent sur la tête ou sur la hanche. Ne pas confondre avec l’orgelet

Languedoc : comme cruche, le boutèl méditerranéen, ventru mais refermé du col. L'eau qui sue à travers l'argile en entretient la fraîcheur. Son contenu serait le bouteillat. (Les mots des régions de France / Loïc Depecker / Belin 1992).
Lou boutèl, la gargoulette sont bien liés à la Méditerranée :
„Fernande apporta l’anisette, deux verres, la gargoulette d’eau fraîche“, Albert Camus

Méditerranée avec, des Pyrénées à l'Andalousie, "el botijo", toujours la gargoulette... Le botijo, la gargoulette espagnole, un récipient en terre cuite pour contenir de l'eau ou du vin (régions méditerranéennes) / viendrait du provençal gargouleto pour un cruchon. 
Utilisation du botijo : soulever la gargoulette par l’anse, presque à bout de bras, plaquer l’autre main bien à plat sous sa panse fraîche, pencher vers soi, s’arranger pour que le trait d’eau s’en aille gouleyer dans le gargaillou, à la régalade, comme avec le porro catalan... ou la pichara, comme il me semble qu’on appelait la gourde en peau. Pour finir, passer le dos de la main sur les lèvres, plus pour suivre un rituel que pour essuyer une maladresse.  

William-Adolphe_Bouguereau_(1825-1905) Wikimedia Commons Cllectio author unknown
 

Photo : Pas étonnant,  qu’une connotation sexuée soit associée à la gargoulette avec la bouche pour remplir, le ventre pour garder, le bec pour vider... et toutes les déclinaisons que la libido peut imaginer...  

Pegar cruche du Pays Basque Wikimedia Commons Asp.

Pegaus, Pichets de Marseille Wikimedia Commons Author Rvalette


Au Pays Basque c'est le pegar, lo pega en gascon, issu du pegau, sorte de pichet courant dans l'Europe médiévale méditerranéenne entre le XIIIème et le XIVème siècle (Wikipedia).


Au hasard des recherches, bien des sites listent les bienfaits du boutèl, de la gargoulette, de la gourgoulino, du botijo, du pegau :  

* Le refroidissement de l’eau est dû à l’évaporation de l’eau à travers la texture poreuse du pot.

* L’eau stockée dans un pot en argile contribue à réduire l’acidité du corps et à soulager les troubles gastriques. L’argile agirait comme un antidote à l’acidité des aliments, neutralisant ainsi l’équilibre du pH. Une sauce tomate, naturellement très acide, sera d’une douceur naturelle une fois cuite dans un pot en argile.

*  L’eau fraîche est moins agressive pour la gorge que l'eau trop froide ou glacée du réfrigérateur.

* L'argile soigne par les minéraux qu'elle apporte : les éléphants d'Afrique et les aras d'Amazonie le savent. 

A propos de boisson fraîche, si le frigo est petit, si vous êtes nombreux, si vous n'avez pas un puits à disposition, si vous n'avez pas pensé à faire de la glace, laissez balancer à l'ombre, sous l'arbre, une bouteille habillée de tissu qu'on mouille régulièrement... 






 

mardi 5 février 2019

LE TERRIBLE MOIS DE FEVRIER 1956 / Lou poudaire (fin)

Le poudaire utilise des ciseaux à tailler, électriques ou pneumatiques tant il faut en avancer aujourd’hui. Dès le mois de novembre, pour ne pas se mettre en retard, et parce que tout a été fait pour ne plus embaucher de main-d’œuvre, ils doivent commencer même si les feuilles ne sont pas tombées ! Avant les ciseaux à tailler, encore au XIXème siècle, on utilisait la poda, un drôle d’outil en théorie ambivalent, d’un côté serpette, de l’autre hachette mais qui avait l’avantage de laisser une coupe oblique nette contrairement, par la suite à certains ciseaux qui écrasaient le bois. L’autre outil pour éliminer le bois mort ou en trop est le rasséguet, la petite scie (la rasso = la scie / Trésor du Félibrige / Frédéric Mistral). Tous les jours le poudaire rentrait avec un sac de souquets, plus prompts à faire de la braise que les souches plus denses et épaisses... Sur la plaque de la cheminée attendait, toujours tiède, le café passé "à la chaussette".   



Yves Boni, le pêcheur des Cabanes qui m'a offert de quoi écrire une quinzaine d'articles portant témoignage de la pêche dans une mer jadis si vivante ! Allez donc les relire, le témoin vaut vraiment le détour ! 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/08/le-temps-pour-un-pecheur-du-golfe-vii.html
 

« … Sinon, ils regardaient toujours vers l’Est, jamais dans l’autre secteur, pas du côté de l’Espagne car ce qui arrivait de mauvais venait toujours de l’Est.
    Une fois, avec cette neige du grec qui casse tout... je devais avoir 17 ans. Il a tellement neigé, la rivière était gelée, on pouvait pas aller jusqu’au pont de Fleury, comme d’habitude, et on est allé chercher du pain à Valras en passant par le bord de la mer. Il en était tombé 25 cm au bord de l’eau quand même ! J’avais jamais vu ça. c’était petit vent du nord, et l’eau des vagues se gelait. Quand nous sommes repassés il y avait 50 ou 60 centimètres de dentelle de glace... je m’en rappellerai toujours. Attends, pour geler l’eau de mer ! Tout le monde, avec des sacs ; entre ceux qui allaient gaiement et ceux qui marchaient moins vite, on était une trentaine pour rapporter du pain à tout le village.
    Une autre fois, quand on a été au pont de Fleury, on voyait rien et il y avait tant de neige qu’on savait plus où était la route, et les caves (les fossés), à côté.  Tu savais pas si tu étais sur la route ou dans une vigne. A des endroits on en avait jusqu’au ventre. Celui qui était devant était mouillé jusqu’à la taille. On se relayait, trempes comme des canards ! A la boulangerie, chez Vizcaro, enfin Fauré encore, Paul s’est étonné : « D’ount sortissès ? » (D’où sortez-vous ?) On était partis à 7 heures du matin, et le retour aux Cabanes, à 4 heures, avec le bateau. Je devais avoir 17, 18 ans. Quand il neigeait, couillon, c’était la catastrophe... » 

Un autre témoin, si attentif à la vie de son temps,si complice pour garder notre passé vivant... mon père qui me manque... François Dedieu :



La neige à Pézenas / Diapos François Dedieu 1963


« … Et nous reparlons du grand froid de février 1956 […] Ici, à Fleury, les « moins vingt » furent chose courante pendant des jours et des jours, les dernières olivettes disparurent, à St-Martin-de-Londres dans l’Hérault la vigne, pourtant si rude, n’a plus résisté à le température extrême de « moins vingt-neuf degrés ». Et Julien de me dire que l’Aude était gelée sous une couche impressionnante de glace, telle que Robert Vié avait poussé sa barque en la faisant glisser du pont de l’Aude jusqu’aux Cabanes. La même année, Titou Maurel (Louis, l’aîné […]) était tombé dans l’eau à travers une glace qu’il avait cru plus épaisse, à Pissevaches, et c’est Manolo qui l’aurait tiré de là – ils devaient chasser -.

[…] Tu me diras : c’est surtout du passé, et je te réponds : 
«  Quand on aime la vie, on aime le passé, parce que c’est le présent tel qu’il a survécu dans la mémoire humaine. » (Marguerite Yourcenar.)»

François Dedieu / Pages de vie à Fleury / Caboujolette / 2008 / Chapitre L’Hiver.   



Diapos 3, 4, 5 : La neige à Fleury en 2006 / François Dedieu.
Note : je dois les informations et l'illustration sur la poda au livre sur le canton de Coursan / Opération vilatges al pais / dirigé et mis en œuvre par Francis Poudou (2005).