Le poudaire utilise des ciseaux à tailler,
électriques ou pneumatiques tant il faut en avancer aujourd’hui. Dès le mois de novembre, pour ne pas se mettre en retard, et parce que tout a été fait pour ne plus embaucher de main-d’œuvre, ils doivent commencer même si les feuilles ne sont pas
tombées ! Avant les ciseaux à tailler, encore au XIXème siècle, on
utilisait la poda, un drôle d’outil en théorie ambivalent, d’un côté serpette,
de l’autre hachette mais qui avait l’avantage de laisser une coupe oblique
nette contrairement, par la suite à certains ciseaux qui écrasaient le bois. L’autre
outil pour éliminer le bois mort ou en trop est le rasséguet, la petite scie
(la rasso = la scie / Trésor du Félibrige / Frédéric Mistral). Tous les jours
le poudaire rentrait avec un sac de souquets, plus prompts à faire de la braise que les souches plus denses et épaisses... Sur la plaque de la cheminée attendait, toujours tiède, le café passé "à la chaussette".
Yves Boni, le pêcheur des Cabanes qui m'a offert de quoi écrire une quinzaine d'articles portant témoignage de la pêche dans une mer jadis si vivante ! Allez donc les relire, le témoin vaut vraiment le détour !
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/08/le-temps-pour-un-pecheur-du-golfe-vii.html
« … Sinon, ils regardaient toujours vers
l’Est, jamais dans l’autre secteur, pas du côté de l’Espagne car ce qui
arrivait de mauvais venait toujours de l’Est.
Une fois, avec cette neige du grec qui casse tout... je devais avoir 17 ans. Il a tellement neigé, la rivière était gelée, on pouvait pas aller jusqu’au pont de Fleury, comme d’habitude, et on est allé chercher du pain à Valras en passant par le bord de la mer. Il en était tombé 25 cm au bord de l’eau quand même ! J’avais jamais vu ça. c’était petit vent du nord, et l’eau des vagues se gelait. Quand nous sommes repassés il y avait 50 ou 60 centimètres de dentelle de glace... je m’en rappellerai toujours. Attends, pour geler l’eau de mer ! Tout le monde, avec des sacs ; entre ceux qui allaient gaiement et ceux qui marchaient moins vite, on était une trentaine pour rapporter du pain à tout le village.
Une autre fois, quand on a été au pont de Fleury, on voyait rien et il y avait tant de neige qu’on savait plus où était la route, et les caves (les fossés), à côté. Tu savais pas si tu étais sur la route ou dans une vigne. A des endroits on en avait jusqu’au ventre. Celui qui était devant était mouillé jusqu’à la taille. On se relayait, trempes comme des canards ! A la boulangerie, chez Vizcaro, enfin Fauré encore, Paul s’est étonné : « D’ount sortissès ? » (D’où sortez-vous ?) On était partis à 7 heures du matin, et le retour aux Cabanes, à 4 heures, avec le bateau. Je devais avoir 17, 18 ans. Quand il neigeait, couillon, c’était la catastrophe... »
Une fois, avec cette neige du grec qui casse tout... je devais avoir 17 ans. Il a tellement neigé, la rivière était gelée, on pouvait pas aller jusqu’au pont de Fleury, comme d’habitude, et on est allé chercher du pain à Valras en passant par le bord de la mer. Il en était tombé 25 cm au bord de l’eau quand même ! J’avais jamais vu ça. c’était petit vent du nord, et l’eau des vagues se gelait. Quand nous sommes repassés il y avait 50 ou 60 centimètres de dentelle de glace... je m’en rappellerai toujours. Attends, pour geler l’eau de mer ! Tout le monde, avec des sacs ; entre ceux qui allaient gaiement et ceux qui marchaient moins vite, on était une trentaine pour rapporter du pain à tout le village.
Une autre fois, quand on a été au pont de Fleury, on voyait rien et il y avait tant de neige qu’on savait plus où était la route, et les caves (les fossés), à côté. Tu savais pas si tu étais sur la route ou dans une vigne. A des endroits on en avait jusqu’au ventre. Celui qui était devant était mouillé jusqu’à la taille. On se relayait, trempes comme des canards ! A la boulangerie, chez Vizcaro, enfin Fauré encore, Paul s’est étonné : « D’ount sortissès ? » (D’où sortez-vous ?) On était partis à 7 heures du matin, et le retour aux Cabanes, à 4 heures, avec le bateau. Je devais avoir 17, 18 ans. Quand il neigeait, couillon, c’était la catastrophe... »
Un autre témoin, si attentif à la vie de son temps,si complice pour garder notre passé vivant... mon père qui me manque... François Dedieu :
« … Et nous reparlons du grand froid de
février 1956 […] Ici, à Fleury, les « moins vingt » furent chose
courante pendant des jours et des jours, les dernières olivettes disparurent, à
St-Martin-de-Londres dans l’Hérault la vigne, pourtant si rude, n’a plus
résisté à le température extrême de « moins vingt-neuf degrés ». Et
Julien de me dire que l’Aude était gelée sous une couche impressionnante de
glace, telle que Robert Vié avait poussé sa barque en la faisant glisser du
pont de l’Aude jusqu’aux Cabanes. La même année, Titou Maurel (Louis, l’aîné
[…]) était tombé dans l’eau à travers une glace qu’il avait cru plus épaisse, à
Pissevaches, et c’est Manolo qui l’aurait tiré de là – ils devaient chasser -.
[…] Tu me diras : c’est surtout du passé, et
je te réponds :
« Quand on aime la vie, on aime le passé, parce que
c’est le présent tel qu’il a survécu dans la mémoire humaine. »
(Marguerite Yourcenar.)»
François Dedieu / Pages de vie à Fleury /
Caboujolette / 2008 / Chapitre L’Hiver.
Diapos 3, 4, 5 : La neige à Fleury en 2006 / François Dedieu. |
Note : je dois les informations et l'illustration sur la poda au livre sur le canton de Coursan / Opération vilatges al pais / dirigé et mis en œuvre par Francis Poudou (2005).
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